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Augustus ∞ Mary-Jane
Une vie de livres, une vie de mots. Elle était tellement loin désormais, les mots étaient brûlés, déchirés, spoliés, il ne lui restait plus rien. Rien, à part les ténèbres. Elle, l’historienne de la magie, elle la née Moldue, elle la Sang de Bourge, elle avait été faite prisonnière, il y avait un mois de cela. Trahie par un proche, elle s’était battue du mieux qu’elle pouvait, à une contre trois, mais la capture était inévitable. Interrogée inlassablement, durant la première semaine, la jeune femme avait été mise en prison. La terrible Azkaban, cette haute tour sombre, au milieu de la Mer du Nord. Battue par les vents. Hantée par les Détraqueurs, la prison était digne de l’Enfer, telle une tour au centre du Styx, qui accueillait les âmes maudites, les privant à jamais de la paix des Enfers d’Hadès et de Perséphone.
Les Détraqueurs, ces créatures effrayantes, qui faisaient vivre à leurs victimes, leurs pires cauchemars, ils devaient subir, rester forts, ou bien devenir fous. Elle ne cessait de les voir passer, dans leurs grandes capes noires, sans jamais voir leurs visages. Ils gardaient les âmes, les collectionnant, pour mieux les dévorer au moment propice. Elle tentait de survivre, de penser aux mots qu’on lui à retirer, à la guerre, qu’elle ne pouvait plus écrire pour la postérité. Elle pensait à sa plume de paon à la pointe d’or, un cadeau de la regrettait Bathilda Tourdesac, une autre victime de cette maudite guerre.
Mary-Jane ne savait pas ce qu’elle deviendrait, elle restait là, mais les rumeurs disaient que les Sangs de Bourbe, les traîtres pouvaient finir dans des camps, pour apprendre à devenir des esclaves. Les camps. Ce mot était synonyme d’arrêt de mort, elle avait en image les camps de concentration allemand, durant la Seconde Guerre Mondiale. Elle revoyait les images qu’elle avait étudié, les cadavres, les corps nues dans les fausses, la malnutrition. Une nouvelle fois se jouait l’impossible, contre un sang, contre un ennemi qui n’avait rien fait, qui ne demandait qu’à vivre. Les mots pour qualifier cette nouvelle page de l’Histoire tourbillonnaient dans son esprit. Parfois, elle pleurait en pensant à ce monde en perdition. Parfois, elle pensait à la mort, à sa propre mort, quand elle entendait les cris de ses voisins. Mourir, survivre, elle n’avait d’autre choix de de choisir l’un ou l’autre schéma, mais dans les deux cas, elle allait devoir prendre le chemin de la souffrance.

Recroquevillée dans sa cellule, sur une vulgaire paillasse, elle laissait défiler ces noires pensées, selon les dires de certains prisonniers, c’était le seul moyen de survivre. La douleur lui permettait le repos et la tranquillité des Détraqueurs qui se nourrissaient de la joie et du bonheur. Elle n’avait plus de moments heureux et ses souvenirs étaient plein d’amertume. Ses parents étaient morts, assassinés avant même qu’elle n’ait pu les sauver, par pure vengeance contre elle. L’amour, elle ne l’avait jamais connu et ses brèves relations connaissaient soit la même situation qu’elle, soit elles étaient mortes ou elles lui avaient tourné le dos. Elle n’avait plus rien, elle était seule et cette solitude la brisée à petit feu. Il lui manquait une plume, du parchemin, de l’encre. Elle voulait écrire, laisser les mots d’écouler et être apaisée de cette peine. Si elle n’était pas là, qui témoignerait, qui pourrait rendre des comptes aux Mangemorts une fois qu’ils seront vaincus ? Le schéma était le même, cela pouvait prendre un an ou cent ans, mais un jour, l’empire que Voldemort était en train de construire se détruirait. Les Romains, Napoléon, Hitler, les empires ne duraient guère avec le temps et celui-là ne serait pas différent. Les tyrans perdaient, les tyrans mourraient  et un jour, elle voudrait être celle qui le raconterait. Elle ne pouvait plus donner de l’espoir aux Sorciers, mais un jour, elle sortirait et elle raconterait à tout le monde cet impossible, pour que plus jamais il se produise.

Une porte qui claque, des cris. Elle se redresse, une oreille tendue, cherchant à percevoir les voix, les bruits, un indice. Les pas du bourreau s’approchaient, claquant contre les dalles noires du couloir. Il venait pour une personne, comme à chaque fois, une porte grinçait. Aujourd’hui, c’était la sienne.
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