Le corps immobilisé ne t'empêche pas de réfléchir. De penser. Tu passes par tous les états possibles, attendant avec une impatience difficilement contenue le verdict du jury. Mais tu sais que tu dois d'aborder passer les témoignages, dont celui de Marcus. Celui qui fût ton ami. Mais cette amitié a été brisée, broyée par tes poings et tes sortilèges. Torturée par le doloris que tu as vainement tenté de lui lancer, alors que tu tanguait tel un navire en perdition entre tes deux personnalités. Tu n'éprouves pourtant aucun regret, aucun remord quant à tes actes. Ils ne sont pas de toi, tu n'as rien fais. Et cette idée seule te permet de ne rien ressentir par rapport à lui. Aucune culpabilité ne t'habite, et tu ne sens pas ce poids indescriptible qui assaille habituellement les accusés présents sur ce siège. Seule les démangeaisons dans tes membres te gênent et te mettent mal à l'aise. Tu détestes être enchaîné comme un animal, incapable de redevenir maître de tes mouvements. Ces chaînes te maintiennent au fond du fauteuil, te paralysent bras et jambes. Te rendent malade. Tu bouillonnes, tu veux être libéré de cette prison inhumaine. Incapable de comprendre leur utilité. Sans baguette, sans magie, que craignent-ils ? Tu n'aurais jamais le temps de te précipiter sur eux. Pas plus que tu n'en n'aurais la stupidité. Ton cas est perdu, et tu veux pas aggraver la sentence en les attaquant. Pourtant, ils sont là, à te fixer comme une bête de foire. A te juger comme une vulgaire vermine à éradiquer. Comme tous les autres. Tu n'es rien de plus qu'une vermine, une mauvaise herbe qu'il faut à tout prit retirer. Tous. Marcus, son père, ces sorciers, tout le monde. Et tu te jures de le leur rendre. Dès que tu pourra reposer la main sur une baguette.
L'entrée de Marcus interrompt ta pensée. Ca y est. Son discours va commencer, et tu sais déjà ce qui sortira de sa bouche. Il a voulu mentir pour toi. Et tu as refusé cette aide. Comment peut-il t'aider, de toute façon, alors que d'autres témoins viendront tour à tour polluer l'air de leurs paroles stériles. Tu lui as demandé de ne dire que la vérité. Sans préciser qu'aucune mention ne doit être faite du doloris, ou de ton escapade nocturne à leur fenêtre. Ou du sort lancé par son propre paternel. Tu ne le lâches pas des yeux tandis qu'il s'avance à côté de toi et se dirige jusqu'à sa place. Il n'a aucun regard pour toi, et ignore totalement ces yeux qui le fixent inlassablement. Sans doute ne glissera-t-il aucun mot pour toi, conformément aux instructions de son père. Tu tentes un regard derrière toi, étirant les muscles de ta nuque jusqu'en avoir mal. Mais la porte est déjà refermée, et tu ne peux pas voir ce foutu paternel Flint que tu imagines pourtant aisément derrière cette barrière de fer. « Vous êtes bien Marcus Flint, domicilié à Herpo Creek, Wiltshire ? » Il acquiesce, le regard braqué sur le président. Alors que tu restes silencieux, débarrassé de tous les regards. Marcus est maintenant le centre de l'attention, et tu peux désormais détailler librement les membres du magenmagot. Tentant de trouver ceux qui paraissent les plus faibles, ceux qui subiront d'abord ta colère. Mais les regards reviennent rapidement vers toi, lorsque le serpentard commence à dévoiler les faits exacts aux membres du tribunal. « Wayland et moi étions dans la volière. On essayait de faire sortir les chouettes pour s'amuser. » Un sourire s'étire sur tes lèvres. Visiblement, il respecte parfaitement tes consignes – et celles de son père – en racontant tout depuis le début. Quitte à s'attirer les foudres de ce vieux sénile lors de son retour à Poudlard. Tu n'écoutes toutefois pas la suite de l'histoire. Tu la connais déjà, et il te semble inutile de revenir dessus. De toute façon, tu n'as aucun droit à la parole désormais. « Avez-vous subi le sortilège Doloris ? » Tu relèves les yeux vers le président. Il le sait. De la bouche même de Marcus, certainement. Tu es persuadé qu'il a déjà parlé de tout ça, lors d'une pré-audience ou quelque chose du genre. Pourtant, cette phrase sonne bizarrement dans ton esprit. Tu as lancé – ou du moins tenté – de lancer un Doloris sur Marcus. Mais tu ne sais plus pourquoi. Ni même pourquoi il n'a pas fonctionné. Tu sentais pourtant toute la haine, toute cette volonté de faire souffrir qu'Il ressentait à ce moment-là. Es-tu responsable de l'échec ? Ton manque de volonté a-t-il joué dans la balance ? Tu étais pourtant en retrait à ce moment-là, incapable de faire quoi que ce soit, te contenant d'assister à l'horreur que tu perpétrais. « Il me semble. Je n'ai rien senti. Je pense néanmoins avoir entendu Wayland prononcer la formule. » Tu lâches un léger soupire, sans doute passé sans être remarqué. Stupide. Tu l'es. Pour ne pas lui avoir précisé de ne pas en parler. Attaquer est une chose, lancer un sortilège impardonnable en est une autre. Et il l'est tout autant. Pour ne pas avoir réfléchi à ça avant d'en parler.
« Confirmez-vous que M. d'Anjou est coupable des attaques ayant eu lieu à Poudlard le 19 mai dernier ? » Tu souris intérieurement. Tu connais sa réponse, il a ton aval. Et celui de son père. Il ne peut de toute façon pas le nier, pas après avoir déclaré que tu l'as effectivement frappé et attaqué, lui ainsi que deux autres élèves. « Oui. » Tu restes silencieux, tandis que Marcus est congédié. Aucun regard dans ta direction, tandis qu'il quitte la salle pour faire place à un nouveau témoin. Que tu ne connais pas, et que tu ne veux de toute façon pas connaître. Alors tu baisses la tête, attendant simplement que passe le temps. Mais il ne passe pas aussi rapidement que prévu, et l'ennuie t'atteint vite tandis que s'enchaînent les témoins. Chacun t'enfonce plus que l'autre, et tu comprends au fur et à mesure qu'aucun espoir n'est permit. Tu t'étais fais à l'idée, mais il restait jusque là un fin espoir. Qui disparaît petit à petit, jusqu'à ne rien laisser. Pas même les cendres de cette folle utopie. « M. Wayland d'Anjou. Maintenant que le passage des témoins est terminée, nous allons procéder au jugement. La proposition est la suivante : votre baguette sera détruite, vous n'aurez aucun droit d'en acheter une et ce même votre majorité passée, et vous resterez en isolement chez vous. » Ou alors c'est Azkaban dès le jour de ma majorité. Le choix n'est pas si difficile à faire. « Désirez-vous ajouter quelque chose ? » « Non. » réponds-tu directement. Tu n'as de toute façon aucun choix, aucune marge de manœuvre. « Bien. Qui est pour la mise en place du jugement? » La levée de main est unanime. Visiblement, Azkaban n'aura pas l'honneur de t'accueillir parmi ses clients. Et tu te prends un lâcher un soupir de soulagement. L'option de l'internement n'a même pas été abordée. « M. d'Anjou, vous pouvez disposer. » Et sur ces mots, les chaînes te libèrent enfin. Te laissant seul dans une salle désertée par les membres du tribunal.
Le parchemin se froisse. Entre mes doigts crispés. Alors que la colère pointe. Coule rapidement dans mes veines. Parcourent les vaisseaux sanguins dans une allure folle. Jusqu’à atteindre le cœur. Dans un électrochoc violent. Tordant ce palpitant d’adolescent dans des battements brusques et frénétiques. La lettre chiffonnée tombe mollement sur le sol de ma chambre. Pendant que mon pied détrône la chaise du bureau. Elle percute le mur. Et tombe lourdement sur le parquet. « Marcus ? » J’ignore l’appel de ma mère. Restée cette après-midi au manoir. Je soupçonne mon père de lui avoir demandé de me surveiller. De me faire rester sagement au foyer. Se doutant très certainement où je passe la plupart de mes journées d’été. Préférant braver ses ordres plutôt que de faire sagement les devoirs imposés. Mais il ne peut pas le faire lui-même. Non. Me retourner le cerveau. M’imposer ses règles ridicules. Me bourrer ses idéologies dans le crâne. Tout ça, oui. Il peut le faire. Il joue ce rôle très bien même. Mais assumer physiquement son rôle du père normal. Sans que ses ambitions le freinent. Non. Il ne peut pas le faire. Alors il exige de sa parfaite petite femme soumise d’endosser cette corvée pour lui. Pantin éduqué par ses soins. Entre deux passages éclairs du ministère. Ou il doit se pavaner fièrement pour un rien. Mettant son nez arrogant dans les affaires des autres. Pour voir s’il n’a rien à se mettre sous la dent. Et dans la poche.
J’ouvre brutalement la porte de ma chambre. Et descend les escaliers en bois d’un pas pressé. Je ne jette aucun regard sur ma mère dans le hall. Elle ne m’arrête pas. Se contente de m’observer, muette, sortir du manoir. Elle n’est bonne qu’à ça de toute façon. A faire la potiche. A être aussi inutile qu’aux bras de mon père qu’à l’intérieur de ce foyer qu’on lui a interdit de gérer. Je lui en veux. Autant qu’à mon père. Autant qu’à Wayland. Autant qu’au reste du monde. Je maudis chaque personne de mon entourage. Pendant que je traverse rapidement les rues d’Herpo Creek. Le temps ensoleillé et la chaleur ont fait sortir les habitants. Profitant ridiculement d’un temps clément. Il me faut peu de temps pour arriver chez les d’Anjou. Je pousse nerveusement le portail de l’entrée. Avant de pénétrer dans leur jardin aussi grand qu’extravagant. Ils ne connaissent pas la modestie ces saletés de français. Ils n’ont aucun sens de réserve. De pudeur et de réserve. Se faire bien voir. C’est tout ce qui compte. Et pourtant leur fantaisie est presque trop bien cachée. Faire connaître la richesse. Mais ne pas l’afficher ouvertement. Tout est question de subtilité décalée. Je hais la France. Je hais ses progénitures arrogantes. Egocentriques et insolentes.
Je contourne la maison. Jusqu’à retrouver la fenêtre qui donne sur la chambre de Wayland. « Des insultes ? » Je hurle. Jusqu’à m’en irradier la gorge. Jusqu’à m’en cramer les poumons. Je crache ma haine. Je déverse ma fureur. « Sors de là ! » Je sais qu’il m’entend. Il ne pourra pas m’ignorer longtemps. Il doit même se douter de ma venue. S’il me connait un minimum. Il sait que je ne peux pas rester indifférent longtemps. Face à sa connerie affichée. « Des insultes ? Après t’avoir couvert ? » Après avoir essayé par tous les moyens de sauver ce crétin égoïste. Tenté de recoller une amitié qui me tenait à cœur. Après avoir fait quasiment l’impossible pour rattraper ses conneries. Après avoir continué à le voir après le procès. Pour le sortir de sa solitude morbide. Par peur qu’elle affecte un peu plus son cerveau malade. J’ai défié l’autorité de mon père pour lui. A plusieurs reprises. Je suis resté à ses côtés. Alors que tout le monde me sonnait de ne pas le faire. Et il ose m’envoyer une lettre d’insulte. Déplacée. Complètement injustifiée. Basée sur quoi au juste ? Je ne fais pas ce qu’il faut ? Je n’agis pas comme il le souhaiterait ? Mais qu’est-ce qui ne tourne pas rond chez ce con ? Son abus me crève l’estomac. Crispe chaque parcelle de mon épiderme. Il fait ressortir la violence. Une partie obscure. Encore partiellement enfouie. Qui ne t’ardera pas à s’exprimer librement dans quelques années.
Mes phalanges attrapent une pierre sur le sol. Et la lance contre la vitre. Celle de la chambre de Wayland. Brisant le verre qui le protège. « Montre-toi fils de … » « Marcus ! » Voilà que la gouvernante se mêle encore de nos histoires. Qui ne l’ont jamais concernée. Incompétente et tout aussi inutile que ma mère. Affolée mais prudente, elle ne s’approche pas plus. Elle reste plantée là. Et je ne m’attarde pas un instant de plus sur cette vieille française qui n’a jamais fais l’effort de parler correctement la langue anglaise. « Alors Tolly ? Tu peux attaquer des élèves ? Tu peux lancer un sortilège impardonnable ? Et tu n’es pas capable de sortir de chez toi et enfreindre une nouvelle règle ? » Qu’il sorte. Qu’il m’attaque de nouveau. Qu’il m’injure encore. Je n’attends que ça. Je m’impatiente de son retour. Je m’impatiente de voir son visage de gamin insolent. Hautain. Se croyant au dessus de tout le monde. Je m’impatiente de croiser ses prunelles qui brûlent de supériorité non méritée. « Lâche ! » Il se cache derrière des mots. Derrière un parchemin. Qu’attend-il pour faire éclater une nouvelle crise ?
Le temps défile, inlassablement. Tu perds la notion du temps, à force d'être enfermé dans cette maison devenue trop étroite pour toi. Plus rien ne se passe, plus rien n'existe en dehors de ces murs. Ceux qui jadis furent réconfortants deviennent aujourd'hui une prison dont tu rêves de t'échapper. Tu pensais que rester serait facile, que de toute façon, t'y cloîtrer ne changerait pas ta vie. Tu ne vois personne, tu ignores tout le monde, et l'isolement te permet de faciliter tout ça. Mais tu te rends compte aujourd'hui qu'il n'y a rien de plus difficile. Revoir chaque jour le même visage, celui de ta gouvernante, entendre sa voix à toute heure de la journée... Elle te donne envie de la frapper, jusqu'à ce que son visage soit enfin méconnaissable. Jusqu'à ce que sa voix se taise définitivement. Jusqu'à ce que la paix t’irradie enfin, ne laissant plus qu'un vide dans ton esprit. Jusqu'à ce que tout disparaisse, jusqu'à ce que tu ne sois plus qu'une coquille, attendant l'heure à laquelle elle pourra enfin te libérer de son emprise. Mais ce scénario n'existe que dans tes pensées, et tu te contentes de subir, jour après jour, la solitude et les reproches de cette bonne femme incapable de comprendre ce que tu traverses. Elle n'est bonne à rien. Tout juste capable de faire le ménage et la cuisine. Ce qu'un elfe de maison pourrait très bien, sans réclamer tout l'argent qu'elle réclame. Tes pensées divaguent, courent d'un point à l'autre sans se soucier de la transition. Personne n'est là pour te parler, pour essayer de te comprendre. Et tu n'as plus besoin d'ordonner tout ça, alors tu laisses le tout dans un bordel immense, sans même savoir toi-même la suite logique de tout ça. Rien n'est plus difficile que l'isolement. Hormis la Mort.
Ta chambre ne ressemble plus à grand chose. La poussière s'accumule sur les meubles, les livres submergent le bureau dont on ne voit plus la surface. Elle ta ramène autant de livres que possible, pour t'aider à passer le temps. Mais rien ne semble suffisant pour canaliser ton esprit. Il se laisse aller. Semble s'amuser de disparaître pour Lui laisser la place. A cette créature incapable de ressentir la moindre émotion, si ce n'est la colère et la violence. Vous vous ressemblez, et pourtant, tu n'oses pas faire le dixième de ce qu'il fait. Attaquer à vue, torturer... tuer. Tu n'es jamais passé à l'acte, et lui non plus. Mais cette envie te brûle l'estomac, accélère ton pouls, et te donne une excitation telle que l'idée en devient obsessionnelle. Tu sais que tu devra de toute façon tuer un jour, sans le moindre regret. Car l'horcruxe le demande. Mais tu ne franchis toujours pas le pas, hésitant encore sur le sacrifice nécessaire à sa création. Tuer n'est pas suffisant, tu le sais. Tout le monde pourrait alors en créer un, et il ne bénéficierait pas de cette aura malsaine, noire, pire que toute autre forme de magie. Mais tu es incapable de trouver le chaînon manquant, celui qui te permettra un jour de parvenir à tes fins, de devenir immortel. Je deviens fou. Comme si tu ne l'étais pas déjà. A tourner en rond dans cette chambre étroite, froide comme la pierre, sans aucune décoration. Tu ne te l'ai jamais appropriée, et tu ne le fera sans doute jamais. Pourquoi ? Qui sait. Rien ne dit que cette chambre sera encore la tienne dans quelques années, que cette maison sera encore entre les mains de ta famille. Peut-être tes parents mourront-ils bientôt. Peut-être devras-tu un jour déménager, aller vivre ailleurs. Retourner en France ? Tu y penses. Cette idée ne te lâche pas, s'accroche à toi comme une moule à son rocher. Une fois libéré, tu ira y vivre. Personne là-bas ne sait que tu es malade. Tu y as encore de la famille, sûrement. Prêts à t'héberger peut-être. Ou pas. Que ferait ta petite sœur sans toi ? Elle maintient ce qui reste de ta normalité à flot. Elle t'empêche de devenir totalement fou, de faire quelque chose que tu regretterais. Tu ne peux pas l'abandonner. Pas elle, alors qu'elle est la seule à te voir régulièrement. Pas Aliss. Ni même Marcus. Qui ne vient te voir que lors des vacances. Trop occupé à Poudlard, avec sa petite Susanna chérie. Trop occupé pour se soucier de toi. Il ne vient que pour mieux énerver son paternel. Que pour mieux l'éviter. Il ne l'a jamais aimé. Et tu n'es rien de plus qu'un prétexte pour alimenter leur petite guerre.
Ton esprit marche à plein régime, mais ton corps lui reste parfaitement immobile. Installé sur le lit, les genoux contre ta poitrine. Attendant que l'heure tourne. Ne quittant ta chambre que pour aller manger, et y retourner immédiatement après. Ton immobilisme t'affaiblit, tu le sens. Ton corps est traversé de fourmis. Tes articulations deviennent douloureuse, et tu maigris. Jour après jour, tu maigris. Trop occupé à réfléchir pour te nourrir correctement et bouger. Tu ne veux rien faire d'autre que lire, réfléchir, et attendre. Attendre que la peine soit levée, attendre de pouvoir enfin sortir de chez toi. Et vivre à nouveau. « Des insultes ? » Le cri t'extirpe de tes pensées. La sortie est violente, imprévue, et te laisse silencieux sur ton lit. Tu ne reconnais pas immédiatement la voix. Et elle t'irrite, t'énerve. Te donne la nausée et cette envie de cogner. Tu ne sais pas qui il s'agit, ni de quoi il parle, mais tu sens déjà cette envie de le frapper jusqu'à ce qu'il se taise. Comme cette vermine de gouvernante. « Sors de là ! » Marcus. Tu le reconnais. Cette voix si familière. Est-ce déjà les vacances ? Tu n'en sais rien. Tu n'as plus la notion du temps. Quel heure est-il, quel jour est-ce... Rien de tout ça ne t'atteint désormais. « Des insultes ? Après t'avoir couvert ? » Tu restes immobile, silencieux, alors que des éclats de verre retombent ta chambre, encerclant la pierre qu'il a eu l'audace de lancer. Tu n'as aucune envie de le voir, de lui parler, ni même d'entendre ses justifications pour cette attaque contre ton domicile. Tu sens la colère filtrer dans chacune de ses paroles. Et tu sais pertinemment qu'elle ne fera qu'engendrer la tienne. Et provoquer une nouvelle crise. Depuis le procès et ton isolement, tu n'as jamais lutté contre Lui. Contre ses apparitions. Et tu crains aujourd'hui de le laisser s'exprimer face à Marcus. La dernière fois fut difficile, presque impossible, à calmer. Cette fois risque d'être pire, tu le sais. Et tu ne veux toujours pas le tuer, malgré cette haine qui commence à te nouer l'estomac. « Montres-toi fils de... » « Marcus ! » La voix de ta gouvernante stoppe sa phrase. Mais tu connais la fin. Tu sais parfaitement ce qu'il a voulu dire. Et il n'aurait jamais du avoir l'idée de prononcer ces mots. Tu sais que la gouvernante n'intervient que pour éviter d'empirer une situation déjà délicate. Que t'attirer l'attention du Ministère pourrait t'envoyer à Azkaban en septembre, dès le jour de ta majorité. Mais tu ne veux rien savoir de tout ça. Seuls compte désormais les mots de cet abruti. Son insulte, qui s'infiltre dans ton esprit malade et le pousse à se révolter. Il ne peut pas rester impuni. Et il est chez toi.
Tu ne prends pas la peine d'écouter la suite. Tu ne veux rien entendre de lui. Seulement éclater tes poings sur lui. Déverser toute la fureur qui t'habite, et que tu as besoin de laisser échapper. Puisqu'il fait tout pour que cela retombe sur lui, tu ne comptes pas le priver de ça. Puisqu'il tient tellement à être battu de nouveau, tu répondra à sa demande. Mais tu ne le traînera pas jusqu'à chez lui comme il a pu le faire pour toi. Obéissant tel un chien docile aux ordres de son père. Tu quittes la maison par la porte arrière, te retrouvant face à lui. Ignorant totalement cette gouvernante qui t'intime de retourner à l'intérieur. « Tu ne devrais pas être en train de faire des devoirs de vacance, sac à merde ? » L'insulte est française. Il en connaît, à force de te fréquenter. Mais certaines sont restées hors de ses oreilles, et celle-ci en fait partie. Tu sais qu'il déteste ne pas comprendre ce que tu dis. Et aujourd'hui, tu veux le faire sortir de ses gonds. Voir ce qu'il est réellement capable de faire. Voir que cette amitié soit-disant importante à ses yeux n'est qu'une fumisterie. Une illusion dans laquelle il se berce vainement. « Pars, si tu veux vivre. » dis-tu en montrant ouvertement le couteau présent dans ta main. Tu as l'impression d'entendre au loin le cri de la gouvernante, dépassée par les événements. Comme elle l'est toujours. Mais cette fois, tu ne veux pas t'arrêter au milieu. Comme lorsque le doloris l'a atteint sans lui causer le moindre mal. Cette fois, tu comptes bien Lui laisser carte blanche. Qu'Il fasse ce qu'il veut à Marcus, tu n'as désormais plus rien pour lui.
Dernière édition par Wayland B. d'Anjou le Lun 26 Jan 2015 - 15:20, édité 1 fois
Il sort enfin. L’air arrogant affiché. Aussi agaçant que dans mes souvenirs. Il ignore la gouvernante. Qui tente de lui faire signe silencieusement à l’autre bout du jardin. Pour que bébé Wayland retourne à l’intérieur. En sécurité. Loin des ennuis que je suis susceptible de lui apporter. Loin du collimateur du ministère. Qui se contente de simples visites régulières. Il peut sortir. Il peut s’en aller. Tant qu’il est là avant eux. Tant qu’il reste discret. Personne ne peut prouver qu’il ne respecte pas son confinement. Il est presque trop libre. Pour ce qu’il a fait. Il mérite d’aller à Azkaban. Maintenant qu’il est majeur. C’est là bas qu’il devrait être. Isolé et confronté à lui-même. Avec pour seule compagnie le froid, le vide et les détraqueurs. Jusqu’à anéantir son cerveau déréglé. Il ne devrait pas être là. Il ne mérite pas autant de clémence. « Tu ne devrais pas être en train de faire des devoirs de vacances, sac à merde ? » Il utilise le français. Il se cache encore. Il se croit malin. Persuadé d’être le plus fort. Je ne comprends pas totalement l’insulte. Même si je saisis très bien le sens du dernier mot. Combien de fois Wayland l’a prononcé devant moi ? Il s’amuse. Trouve-t-il la situation drôle ? Il s’en fou. Que je sois en colère. Que je puisse lui en vouloir. Il ne doit même pas être capable de ressentir quelconque émotion. Avec ce cœur souffrant qui irrigue mal sa cervelle de gosse. Parce que ce n’est pas sa faute. Ce n’est jamais la sienne. C’est toujours quelqu’un d’autre qui interfère. Empire la situation. Non, c’est trop compliqué d’assumer ses actes. « Au moins, je ne suis pas reclus chez moi. Presque interné, comme un fou. » J’insiste sur le dernier mot. J’accentue. Je hausse le ton. Je crache. Je cris. Je tonne. Je grogne. J’aurai du lui dire qu’il l’était. Fou. Lorsqu’il me l’a demandé. J’aurai dû avouer à l’audience sa maladie. Son état irrécupérable. Tout le monde devrait le savoir. Qu’il est instable. Qu’il est perdu. Que rien ne changera ça. Qu’il faut l’enfermer pour de bon. Ou l’envoyer chez ces copains les toqués moldus comme lui. J’aurai dû le détruire lorsque j’en avais l’occasion.
« Pars, si tu veux vivre. » Il montre le couteau dans ses mains. Il l’affiche. S’en vante. Les rayons solaires s’éclatent contre la lame. Pour n’attirer qu’un peu plus mon intention. Pour ne nourrir qu’un peu plus ma colère. La peur n’arrive pas. Non. Un adolescent enragé. Pas moins. Presque aussi inconscient que ce con. Sa dague ne me fait pas reculer. Ses menaces ne me font pas prendre la fuite. Non. Son arrogance me fait avancer. Alors que les cris de la gouvernante brisent le silence. Alimentant un peu plus l’adrénaline qui secoue mon cœur. J’avance. J’avance. Je cours. Je fonce sur la maigre silhouette de Wayland. Heurte son corps frêle. Avant qu’il ne puisse réagir. Je projette cette masse insignifiante. Elle s’écroule. S’écrase contre l’herbe sèche. Allongé durement sur le dos, il ressemble à un gosse ridicule. Je profite de sa position pour lui retirer le couteau des mains. Sa poigne se serre contre le manche. Mais il a passé trop d’heures enfermées. Une année entière à l’intérieur a été suffisante. Pour lui ôter le peu de force qu’il avait. Je réussis à lui prendre le couteau. Avant de le jeter plus loin sur la pelouse. Avant que mes doigts empoignent l’encolure de son t-shirt. Pour soulever sa tête du sol. Pour mieux abattre mon poing contre sa mâchoire. Une fois. Deux fois. Le flanc de mon avant bras plaque son crâne contre la terre. Ecrase sa gorge. Il s’enfonce dans sa trachée. J’entends trop bien son étranglement. Où sont passés les cris de la vieille française ? Où est-elle passée ? Ce moment d’inattention profite à Wayland. Qui se dégage. Et me repousse. Prêt à ramper jusqu’à la lame échouée à quelques mètres. Il n’y arrive pas. Je le stoppe avant. Mes phalanges agrippent son t-shirt. Ses bras. Pour le relever. Mon genou frappe son estomac. L’obligeant à se plier en deux. De se tordre face à moi. « Arrêtez ! » La gouvernante est revenue. La baguette levée sur nous. Je lâche l’étoffe. Un goût amer dans la bouche. Le souffle saccadé par l’effort. « Rentre chez toi, Marcus. Maintenant. » Les pensées reviennent enfin. La fureur n’a pas disparu. Mais elle n’aveugle plus. Elle reste là. Brûlant mes muscles raidis pour continuer le combat. Mais ma raison la bloque. Le frapper. Le cogner. Lui casser ses os friables. Lui déchirer l’épiderme. Tordre son ventre. Couper l’oxygène de ses poumons. Mais pour quoi au juste ? Pour le tuer ? Non. Je n’en suis pas encore là. La haine ne suffit pas encore.
« Au moins, je ne suis pas reclus chez moi. Presque interné, comme un fou. » Tu feins un sourire. Il s'imagine t'affecter, te torturer avec ses mots. Encore une preuve qu'il ne comprend rien à qui tu es, à ce que tu vis. A cet éloignement constant que tu ressens envers les gens. A l'habitude que tu as désormais d'être insulté, traîné dans la boue. Tu te contentes seulement de lui présenter ton sourire le plus hypocrite, le plus détestable. Puisque c'est ce qu'il semble vouloir de toi en cet instant. Tu sais le combat inévitable, et tu sais déjà perdant. D'où la présence d'un couteau au creux de ta main. « Tu ne connais pas les dernières nouvelles ? Voldemort de retour... Crois-tu que ta mort passerait inaperçue à côté de ça ? » Un sourire élargit tes lèvres, découvre tes dents blanches. Ta démence n'atteint aucune limite. Dépasse toutes les règles dictées par la morale. Tu te fous de la morale. « Pars, si tu veux vivre. » Mais tu n'as pas le temps d'en dire qu'il fonce sur toi. Te prend au dépourvu. Il te plaque au sol, te retire le couteau des mains malgré ta résistance. Et te soulève la tête par le t-shirt avant de te frapper.
Le poing s'abat contre ta mâchoire, faisant parcourir un frisson de douleur dans chacun de tes nerfs. Et tu n'as pas le temps de réagir, ni de prononcer un seul mot, avant que le second coup ne suive le premier. Un goût étrange t'arrive sur les pupilles. Un goût que tu n'as jamais connu jusque-là, et qui te semble étrangement doux. Comme un verre de vin chaud. Mais tu sais qu'il ne s'agit pas de vin. Que tu es en train de boire ton propre sang, provenant de tes gencives abîmées, torturées. Mais tu ne cries pas, ne donnes aucune impression de panique. Tu ne veux pas lui donner cette victoire, à ce serpent venimeux qui montre enfin son véritable visage. Que tu as été idiot, toutes ces années, de croire en cette amitié superficielle. Dans laquelle ni lui ni toi ne faisiez réellement attention à l'autre, vous contentant de vous retrouver pour des plaisirs futiles, de gamins. Tu ne sais pas ce qui t'a causé ce déclic. Peut-être ces deux années passé seul, ou le procès. Ou l'audience, en septembre dernier, qui devait déterminer si oui ou non tu devais aller en prison. Ou plus simplement, peut-être est-ce les coups portés à ton encontre qui te rafraîchissent l'esprit, te libèrent de ces illusions utopiques. Un sourire se dessine sur tes lèvres, avant que son bras ne se pose contre ta gorge, empêchant l'air de filtrer jusqu'à tes poumons. Te causant pour la première cette frayer indescriptible. Celle de mourir. De disparaître, sans ne laisser aucune trace. Tu ne peux pas mourir. Pas maintenant. Pas alors que tes recherches n'en sont qu'à leurs débuts. Tu es trop loin de la réussite pour te laisser tuer maintenant. Et cet idiot de vert ne peut pas être celui qui causera ta mort. Trop faible. Trop attaché à des notions puériles et vaines. Peut-être que finalement, ces principes ne sont aussi que des mensonges ? Il n'est plus à ça près. Et semble pencher d'avantage vers ta mort, tant son bras s'enfonce contre ta trachée. Paralysant les dernières traces de souffle au creux de ta gorge. Tu tentes tant bien que mal de l'éloigner, sans réussite. Tu n'es physiquement pas à sa hauteur, tu le sais. Seule la magie te permet d'avoir un ascendant sur lui. Mais tu ne peux plus en faire, pas depuis que tu as perdu ta baguette et ton seul moyen de dévoiler l'étendue de tes talents. Alors tu restes là, petite marionnette docile entre les mains de son bourreau. Incapable de te défendre, de le mettre à terre. Tandis que tout son poids repose désormais sur ta gorge frêle.
Une libération. Un souffle d'air bienvenue s'infiltre dans tes poumons. Il lâche la pression, et ne se concentre plus sur toi. Tu ne prends pas le temps de réfléchir, de chercher à comprendre les raisons de son arrêt. Il ne te laissera pas d'autre chance, tu le sais bien. Et puisqu'il a voulu te tuer, il ne te laisse d'autre choix que de faire la même pour lui. Œil pour œil. Sans lui laisser le temps de se focaliser de nouveau sur toi, tu parviens à le repousser d'un coup de genou dans les côtes. Un coup faible, qui ne laissera aucune trace. Mais qui te permet de sortir de son emprise. Pour te laisser une chance de récupérer le couteau jeté plus loin. Ta main arrive à quelques centimètres du manche. Mais elle ne parvient pas à l'attraper. Il t'arrête dans ton mouvement, pour te relever. Tout se passe trop vite pour ton cerveau endolori qui n'arrive pas à suivre. Un coup de genou dans tes côtes te plie en deux. La souffrance est grande, et tu ne peux t'empêcher de laisser échapper un filet de vomi lorsque les effets du contact se font sentir. Et tu attends. Qu'un nouveau coup arrive. Encore et encore. Jusqu'à te laisser là, comme un pantin désarticulé, ton sang tâchant l'herbe verte du jardin. Mais rien ne se passe, et il te semble entendre au loin la voix de la gouvernante. Les yeux brouillés par la douleur, tu ne vois pas bien ce qu'elle fait. Mais elle tient sa baguette, ou quelque chose y ressemblant. Voilà donc ce qui explique son absence alors que les coups pleuvaient contre toi, faisaient vibrer chacun de tes os au rythme de ses poings.
Tu t'effondres aussitôt, lorsque les mains de Marcus lâchent ton vêtement. Tu n'as plus la force de tenir debout par toi-même, encore trop endolori de la correction que tu viens de recevoir. Il ne cherche plus à t'attaquer, ni même à s'approcher de toi. Trop effrayé par la baguette de la gouvernante. Couard. Lâche, faible. Trop effrayé à l'idée de recevoir un sort. Comme à Poudlard, où il n'a finalement rien tenté pour t'arrêter. Il répond présent pour venir t'attaquer au moment où tu es le plus faible, mais reste pétrifié devant une baguette. Stupide gamin, encore bloqué par la Trace. Tu te doutes qu'il n'a même pas pensé à prendre sa baguette avec lui. Sans savoir que tant qu'un adulte est là, il peut lancer tous les sorts qu'il veut. « Rentres chez toi, Marcus. Maintenant. » Tu restes au sol, incapable de te lever. Et tu laisses malgré toi échapper un rire. Plus rien ne t'atteint désormais, si ce n'est cette folle envie de rendre au centuple chaque coup que Marcus t'a donné. Tu as enterré depuis bien longtemps votre amitié, laissant les morceaux à terre sans chercher une seule à les recoller. Au contraire de lui. Mais le voilà aujourd'hui qui brise à nouveau ce qu'il s'entêtait à reconstruire. Résigné face à l'ampleur de la tâche. « Lèves-toi Tolly. » Elle se dirige lentement vers toi, la baguette toujours pointée en direction de Marcus. Elle ne le laissera pas t'approcher un peu plus. Trop préoccupée à l'idée qu'il puisse réellement te tuer. Mais est-elle seulement capable de te défendre, malgré sa baguette ? Sans doute que non. Toi, tu l'es. Et tu te dois de te défendre toi-même. Tu te dois de montrer que tu n'es pas dépendant d'une bonne femme. Que tu es capable d'agir par toi-même. Tu profites de sa main bienveillante, de sa concentration portée sur Marcus. Le geste est rapide, même s'il t'arrache une grimace de douleur. Et en quelques secondes, la voilà poussée à terre. Et toi debout, tenant difficilement sur tes jambes, sa baguette à la main. Un sourire fou aux lèvres.
Il reste immobile. Paralysé face à la baguette que tu tiens. Personne n'ose bouger. Pas même la gouvernante, restée au sol, le regard fixé sur toi. Elle a peur de toi, tu le sens. Et ce sentiment te procure une joie incroyable, presque irréelle. Tu es tout puissant, une baguette à la main. Nul n'ose se mettre en travers de ta route. Pas même Marcus. Je suis le prédateur, ils sont les agneaux. Et tu as tout pouvoir sur eux. Celui de leur faire ce que tu veux. « Episkey. » Tu pointes la baguette vers toi, réparant la côte endommagée. Qui t'arrache une nouvelle grimace. « Tu sais, j'ai beaucoup réfléchi... Je voulais savoir pourquoi le sort n'a pas fonctionné la dernière fois, et j'ai trouvé une réponse. » Tu n'es plus toi-même. Tu le sais, tu le sens. Mais cette fois est différente des précédentes. Cette fois, tu ne veux pas Le retenir. Qu'il fasse souffrir Marcus si cela lui chante, tu es désormais indifférent à son sort. Qu'il meurt, si cela peut Lui faire plaisir. « Maintenant je sais comment le faire fonctionner. Endoloris ! » Une cri de douleur brise le silence. Sans qu'aucun voisin ne pointe le museau hors de chez lui. Sans doute pensent-ils à une nouvelle attaque. Maintenant que le Seigneur des Ténèbres est de retour. « Endoloris ! » Un nouveau flash quitte ta baguette. Augmente l'intensité des cris, à mesure que la puissance du sort augmente. Tu ne souffres plus d'aucune entrave, plus d'aucune limite. Le gouvernement ne s'intéresse plus à toi, petit être devenu insignifiant à côté du grand Lord Voldemort. Et tu es à présent libre de tes mouvements, avec cette baguette qui n'est pas la tienne. Mais qui te permet tout de même de ressortir tes folies les plus sombres.
Son rire me retient. M’empêche de partir. Il s’infiltre dans mes oreilles. Et paralyse chacun de mes muscles. Il me retient. Je ne prends pas la fuite. Alors que je devrais. Je suis assez lâche pour ça. Mais je m’attarde un instant de trop. Les prunelles rivées sur le visage de Wayland. Un gamin qui se tord dans sa folie. Rien de plus. Rien qu’un fou. Un aliéné longtemps caché. Rien de plus. « Lèves-toi Tolly. » Rien de plus. Rien de plus. Où est passé mon meilleur ami ? Où est passé cet adolescent joueur ? Parfois inconscient, mais toujours à la limite de raisonnable. Où est-il passé ? J’assiste passivement à la scène. Lorsqu’il arrache la baguette de la gouvernante. Je comprends naïvement la suite des évènements. Je connais le déroulement. Même si j’ai l’impression de ne plus connaitre mon meilleur ami. Je comprends très vite. Ce qui peut bien se manigancer dans son cerveau malade. Il se répare avec la baguette arrachée. Je me contente de l’observer. D’observer passivement les limites dépassées. Depuis cette après-midi là à Poudlard. Pour en arriver aujourd’hui. Dans son jardin. Deux ans plus tard. Qui n’ont rien changé. Absolument rien. Je ne recule pas. Même si je sais très bien ce qui m’attend. Je ne peux pas m’enfuir. Je ne veux pas prendre mes jambes à mon cou. Il veut me faire du mal. J’en ai conscience. Pleinement conscience. Mais je ne lui offrirai pas ce plaisir. Que je m’enfuie ou non, le sortilège m’atteindra quand même. Je ne peux plus effacer sa détermination. Rien que je puisse ou dire ou faire ne le fera changer d’avis. Plus personne ne le peut. Il aura la satisfaction de voir mon corps se tordre de douleur. Ce sera tout ce qu’il aura. Pas plus. « Tu sais, j’ai beaucoup réfléchi …Je voulais savoir pourquoi le sort n’a pas fonctionné la dernière fois, et j’ai trouvé une réponse. Maintenant je sais comment le faire fonctionner. » Qu’il m’épargne son discours inutile. Ca ne m’intéresse pas. Je veux juste qu’on en finisse.
Le premier sortilège frappe ma poitrine. Déchire mes muscles. Non. Il détruit mes muscles. Il broie mes nerfs. Comprime mes poumons. Jusqu’à étouffer. Jusqu’à les faire disparaître. L’air qui manque irradie tout. Tout à l’intérieur. Tout à l’intérieur est en train de brûler. Il n’y a plus de cœur. Plus d’estomac. Plus d’entrailles. Seulement un feu qui ravage tout. Des flammes à l’intérieur. Des flammes qui lèchent les parois. Qui crament mon épiderme. Je suis à terre lorsque le deuxième sort me heurte. Je crois que je suis à terre. Je crois que je suis en train de crier. Je ne sais pas. Il n’y a que ce feu. Qui s’agrandi. Qui s’intensifie pour mieux calciner ce qui reste du corps tordu par la douleur. Il n’y a que ce feu. Mes prunelles fixent le ciel. Essayent de se raccrocher à autre chose. Que cette putain de réalité. Et ce putain de feu. Mais le ciel s’embrume. Il devient flou. De plus en plus vague. Ce n’est plus qu’une tâche bleue. Mais il y a ce feu. Cet incendie qui s’amplifie encore. Je veux que ça s’arrête. Je veux que tout s’arrête. Je veux qu’il m’achève. Putain qu’il me tue. Qu’il le fasse. Que cette douleur s’envole. Pitié. Qu’on fasse éteindre les flammes. Et la souffrance s’amenuise. Légèrement. Je retrouve peu à peu la vue. Pour mieux observer le visage brouillé de Wayland au dessus de moi. Les flammes meurent. Doucement. Mais elles meurent. Avant la fissure. Le déchirement. Qui commence entre les clavicules. Et descend au milieu du torse. Une coupure. Une entaille. Non plus que ça. Une véritable ouverture. Qui s’enfonce et laisse échapper le sang. Trop de sang. Je le sens couler à travers mon T-Shirt déjà trempé. Le sang. Et l’électricité. Qui parcoure tout mon corps. Déchire et tord ce qu’ont laissé les flammes. Le sang et l’électricité. Le sang et l’électricité. Et cette impatience. De perdre connaissance. De mourir. Pour que tout cela stoppe. Stop ! Bordel, stop. Mais l’ouverture creuse. Glisse jusqu’à ma gorge. Qui se noie sous le sang.
J’attends. Mais rien ne vient. Aucun sortilège. Aucun coup. J’entends des cris. Pas les miens. Je n’ai plus la force pour ça. Je n’ai plus l’énergie pour faire fonctionner ce corps torturé. J’abandonne. Je ne veux pas savoir ce qu’il se passage. Je veux simplement accueillir la faucheuse. Elle se laisse désirer. Alors que le sang continue de s’échapper. Une voix. Féminine. Connue. Qui s’approche. La mort peut-elle parler ? Oui visiblement. Une chaleur. Douce. Réparatrice. Une voix féminine. La fin a quelque chose de réconfortant. « Reste avec moi Marcus. » Ma mère. Je la reconnais maintenant. Je ne pensais pas que ce serait elle. Que mon cerveau imaginerait si proche du trépas. « On ne dira rien à ton père. Reste avec moi. » Et la chaleur. Tendre et agréable. Les muscles se détendent. L’électricité s’envole. Les battements redeviennent irréguliers. « Il n’a pas besoin de savoir. Viens. » Une main se glisse sous ma nuque pour la soulever. M’aider à me redresser. Le brouillard se dissipe. Pour faire apparaître le visage inquiet de ma mère. Ses prunelles embuées. Désespérées. Qui contrastent avec la haine bloquée au coin de ses lèvres. Elle me prie de faire doucement. De rentrer. Elle m’indique qu’elle a refermé. Refermé quoi ? L’ouverture sûrement. Je ne sens plus la déchirure. Seulement l’engourdissement. Et cette crispation à l’intérieur. Mes jambes sont molles. Lorsque je me mets enfin debout. Les paumes de ma mère sur mes bras ont quelque chose de revigorant. J’aperçois Wayland ligoté. Suspendu en l’air par les poignets et les chevilles. Par des lianes magiques. Mais je n’arrive pas à distinguer son expression. Je m’en fous maintenant, non ? Et il est la dernière chose que je vois. Avant de me laisser emporter par le transplanage de ma mère. Il est la dernière chose que je vois. Avant que l’indifférence s’installe.
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