cheer up & tell me (hedley)

cheer up & tell me

It's easier to run, replacing this pain with something numb

La connexion se brise. Les détails du paysage claquent. Et me reviennent en pleine face brutalement. J’ignore ce qui m’a interrompu. Le bruit n’est pas en cause cette fois. C’est toujours sa faute. Mais pas cette fois. Il n’y a que le bruit lointain d’un courant. Le reste de la forêt est plongé dans le silence. Et la puissance de l’eau n’est pas assez forte pour m’interrompre. L’écoulement est constant. Tel un bourdonnement. Non, seuls les bruits brusques coupent le lien de traçage. Enfin, au moins dans mon cas. Ça et le manque d’énergie. Voilà ce qui a cassé la liaison. J’y suis depuis plusieurs heures. Non stop. Tout talent à ses limites j’imagine. Tant pis. Le craquement d’une branche me sort de mes pensées. Un insurgé ? Un né-moldu ? Mes doigts se resserrent sur ma baguette. Alors que je pars déjà à la poursuite de l’ombre fugitive. Je perds finalement sa trace. Trop rapidement. Ayant trop puisé dans mes ressources pour maintenir la connexion le plus longtemps possible. Je me résigne difficilement. Une traque ratée. Je m’apprête à transplaner pour rentrer au ministère. Avant de voir une silhouette au milieu du courant. Je ne m’étais pas rendu compte de m’être approché du ruisseau. Je ne m’étais même pas rendu compte de la présence de quelqu’un. Je fais quelques pas en avant. Et finit par ranger ma baguette. C’est juste gosse. Juste un gosse. Avec la même expression collée sur le visage que j’avais il y a longtemps. La même. Les traits crispés. Trop tendus. Pour se forcer à rester concentrer. Le même minois de gamin tordu par l’effort. Qui ne sait pas comment s’y prendre correctement. Je connais trop bien ce rictus. Pour l’avoir moi-même subi. Avant que mon père me corrige. Encore et encore. Je connais trop cette expression pour passer à côté. Pour rester indifférent. Je me rapproche silencieusement. Traverse le courant pour venir le rejoindre. Ignorant la fraîcheur et l’humidité qui traverse mes chaussures. Je m’assoie sur le roché en face de lui. Comme si on se connaissait. Comme si je n’étais pas un étranger. Un inconnu au milieu du bois. Comme si je ne pouvais pas l’effrayer un seul instant. Mais je ne sais pas comment m’y prendre avec les gamins. Je n’ai jamais eu de frères ou de sœurs. De nièces ou neveux. Mes cousins sont plus âgés. Seule Pansy est plus jeune. D’à peine quelques années. Je n’ai jamais tenu de bébé dans mes bras. Je ne me suis jamais occupé d’un enfant. Jamais. Donc, non je ne sais pas comment m’y prendre avec les gamins. Comment le pourrais-je ? On ne m’a jamais appris. Pourquoi on l’aurait fait ? C’est inutile. Mon père ne le sait pas non plus. Et pourtant, il a l’air de s’en porter très bien. « Tu sais, il faut que tu te détendes un peu plus, si tu veux maintenir la connexion. » Qu’est-ce que je suis en train de faire au juste ? Pourquoi est-ce que je m’attarde ? Pour un gosse. Juste un gosse. Au milieu de la forêt. N’ai-je pas mieux à faire ? Comme mon compte rendu au ministère ? J’ignore ce qui me pousse à rester. A m’intéresser à lui. Le don de traçage évident ? Est-ce suffisant ? Il faut croire que oui. Je suis toujours là. A essayer de faire la conversation à ce gosse. Qui devrait pourtant m’être indifférent. « Tu voyais quelques choses d’intéressant ? » Je continue. J’insiste. Je tente de lui faire comprendre que je sais ce qu’il faisait. Qu’il peut me faire confiance. Est-ce qu’un enfant peut accorder sa confiance aussi aisément ? Je n’en sais rien, je n’y connais rien. J’imagine que oui. C’est ça, ou il prend la fuite, n’est-ce pas ? « Avant de voir les silhouettes magiques parfaitement formées, je ne voyais que de la fumée bouger. Tu en es là aussi ? » Est-ce que je suis maladroit ? Ou est-ce que je m’y prends bien ? Bordel, ça ne devrait pas être aussi compliqué d’approcher un gamin.

Le bruit du ruisseau imprègne ton esprit. Cela te détend quelque peu. Peu importe que tes vêtements finissent trempés, peu importe que tu prennes froid, tu es décidé à rester assis au milieu du ruisseau jusqu'à ce que tu ais obtenu un résultat convainquant. Quel résultat ? Ton don. Apprendre seul n'est habituellement pas un problème mais tu n'as que peu d'informations sur la manière de t'entraîner et cela n'est pas suffisant pour te permettre de progresser. Alors tu te vois obligé de faire de fréquents essais, rarement constructifs. Tu as compris que la concentration était le mot clé pour te focaliser sur une trace. Voir plusieurs traces n'est guère compliqué mais lorsqu'il faut se contenter d'une seule, l'épuisement a tendance à te gagner avant même que tu ais réussi à établir la connexion. Sans compter tous les bruits qui te déconcentrent. C'est pour cette raison que tu es installé là, dans un espace moyennement silencieux mais loin des autres sorciers qui se demanderaient ce que tu fais. Tu n'aurais pas dû t'éloigner des autres, tu le sais bien, mais tu n'as pas prévu d'être absent bien longtemps. Juste le temps de réussir à établir une connexion une bonne fois pour toutes. Tu as choisi un endroit où quelqu'un est passé il y a relativement peu de temps, histoire de t'aider. Et te voilà, jeune adolescent, seul au milieu d'un ruisseau, les traits crispés par la concentration. Quel curieux tableau offres-tu là. Toujours est-il que tu essayes de plus voir qu'une seule trace...

Tout concentré que tu es, tu n'entends pas que quelqu'un s'approche de toi. Tu n'entends pas l'homme passer sur les pierres jusqu'à venir s'installer sur un rocher en face de toi. Alors quand quelqu'un prend la parole, tu reprends brusquement contact avec la réalité en sursautant. Tu manques d'ailleurs de glisser dans l'eau mais, par bonheur, cela n'arrive pas. Ton regard bleu se pose sur l'homme qui vient de parler et tu pâlis. C'est un inconnu. Qui te donne un conseil que, sur le coup, tu ne comprends pas. Il faut que tu te détendes un peu plus si tu veux maintenir la connexion ? Mais de quoi parle-t-il ? Il te demande aussi si tu voyais quelque chose d'intéressant. Petit à petit, tu comprends. Il a l'air de savoir ce que tu faisais. Tu secoues alors la tête, envisageant très franchement de prendre la fuite. Mais au moment de te relever, quelques chose t'arrête. Voir des silhouettes magiques parfaitement formées. Fumée. Tu en es là aussi ? Tu secoues une nouvelle fois la tête.

-Je... Je ne vois pas de quoi vous parlez. fais-tu, dans un vain espoir qu'il te laisse.

Sur ces quelques mots tu te relèves. Tu ne dois pas faire confiance aux inconnus. Tu n'es même pas censé leur parler ni répondre à leurs questions. Ce sont les règles élémentaires de prudence et elles sont d'autant plus vraies aujourd'hui, maintenant que tu es chez les insurgés. Il ne faut pas que tu te fasses attraper par les rafleurs. Et pourtant, les mots qu'il a prononcés t'interpellent. Ces mots te parlent. Connexion, silhouettes, fumée. C'est la même chose que ce que tu fais lorsque tu essayes d'utiliser ton don. Sauf que toi, tu ne vois pas grand chose. Tu n'as pas le temps de voir quoi que ce soit d'ailleurs, étant donné que lesdites connexions ne durent jamais plus d'une seconde. Cela puise bien trop de ton énergie pour que tu puisses la maintenir plus longtemps. Allez, pars. Tu dois le laisser, tu dois t'en aller. Tu ne sais même pas s'il est un ami ou un ennemi.

-Qui êtes-vous ? Et qu'est-ce que vous me voulez ?

Tu ne devrais même pas demander, tu en es parfaitement conscient. Mais tout en toi indique que tu es inquiet. Ton regard n'est pas fixe, cherchant un moyen quelconque de fuir sans qu'il puisse te rattraper. Ta baguette est dans ta poche mais tu doutes de parvenir à battre un adulte en duel. Pas sans une préparation mentale importante et face à quelqu'un qui n'hésiterait probablement pas à te tuer. Quoique... S'il avait voulu le faire, il l'aurait sans doute fait. Ou alors il ne sait pas que tu es un insurgé. Oui, c'est très certainement cela : il ne sait pas que tu es un insurgé. Pourquoi penser qu'il est un ennemi ? Parce qu'il vaut mieux envisager le pire et avoir une bonne surprise que l'inverse. Dans quoi t'es-tu encore fourré ?

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