Innocence once lost can never be regained
« Il y a l’enfance et les rêves. Evanescents et pourtant presque tangible. C’est l’âge de l’innocence L’âge des rires. Les moments infinis ou rien ne semblent avoir de conséquence. Il y a l’espoir rêves dans lesquels on croit aveuglément. Les mensonges qu’on se murmure le soir en sachant qu’au petit matin ils deviendront réalité. »« Ou est-ce qu’on va ? » Pas de réponse. Sa voix résonne dans l’air épais. Elle se penche sur la droite. Cherche du regard la grande silhouette de sa mère. Ne rencontre qu’un regard froid. Un peu perdu aussi peut-être. Comme traversés soudainement par un flot de doute et de peine. Pas celui de sa mère mais de cet homme qu’elle ne connait pas vraiment. Il dit être son père. Rhiannon ne sait pas. Elle ne dit rien parce qu’elle à peur. Mais au fond elle veut crier. Et Rhiannon s’interroge. Relève la tête. Pourquoi partir maintenant ? En plein milieu de la nuit ? Elles n’ont pratiquement rien avec elle. Rien d’autres que quelques affaires empilées dans une valise qu’il a récupéré dans la chambre de Rhiannon avant qu’ils ne s’enfuient précipitamment. Ou plutôt avant qu’il ne la pousse à l’accompagner. Les doigts de Rhiannon se lèvent. S’accrochent au tissu doux d’une robe de sorcier. Un tissu qui lui semble aussi étrange que familier. Stoppent la marche effrénée de l’homme qui dit être son géniteur. De celui qu’elle croit.«Est-ce que maman viendra avec nous ? Je pourrais la voir ? » Un arrêt brusque. Et les yeux bleus si semblables aux siens, ces traits si forts et réconfortants qui deviennent soudain aussi durs qu’une lame. « Elle ne vient pas avec nous. Et tu ne la reverras pas. » Sa main s’attache à celle de Rhiannon qui se débat sans comprendre pourquoi.
Sans savoir vraiment ce qu’elle doit faire. Elle est si jeune. Rhiannon peut lutter. Rhiannon peut lutter. Rien ne peut plus changer. Elle à laissé son géniteur l’emmener sans hurler subjuguée par la présence d’un homme dans ce lieu réservé aux vélanes. A voulu le connaitre au lieu de fuir vers sa mère. Son erreur. Sa punition.
Et les la Ténèbres les engloutit. Avale le père et la fille. Vole les pleurs et le bonheur. Comme pour effacer toute trace de leur passage la neige se met à tomber. Et même leurs silhouettes disparaissent. Lentement. Absorbés par le blanc qui tombe du ciel. Elles s’effacent doucement. Comme si elles n’avaient jamais même existées. Comme dans une autre réalité.
Ca c’est l’un de ses premiers souvenirs. Celui d’avoir été emmenée loin du monde qu’elle avait toujours connue. Emmenée par son père en un mélange de coercition et de persuasion. Fragile petite fille. Ballotée comme un paquet de linge. On lui a
pris son enfance Rhiannon. Sans lui laisser le choix. Il est si simple de disposer d’un enfant. De son âme. De son esprit. Sans laisser ni espoir ni merci. Façonner un enfant comme on façonne une arme. Tellement plus facile. C’est comme cela que Rhiannon est passée des bras de son père à ceux de sa mère. Parce que sa mère était une vélane.
Vénéneuse. Sensuelle. Sauvage. Parce qu’elle l’a utilisé lui. Le séduisant, lui susurrant de délicieux mots doux. Sulfureuse. Et lui il est tombé. Bien évidemment. Que peut un simple homme face à une pure vélane ? Si peu. Quasiment rien mis à part se couler dans leurs bras et tout oublier dans des vapeurs parfumés jusqu’à ce qu’elles les rejettent finalement lassée avant de se tourner vers quelqu’un d’autre. Et cela à été pareil pour lui.
Sauf qu’il était amoureux lui. Pauvre sot de penser qu’une vélane pourrait l’aimer. Il s’est laissé piéger. Alors quand il s’est levé un matin, seul sans rien d’autre que le souvenir de son odeur sur sa peau il a vu rouge. Mais il aurait pu oublier. Apprendre à vivre sans. A sécher les larmes. Seulement en se documentant sur les vélanes il à compris. Compris qu’il avait été utilisé. Qu’il n’était qu’un choix parmi tant d’autre. Un homme qui pouvait donner à la vélane ce qu’elle recherchait. Mais qui ne verrait jamais son enfant. Même s’il en mourrait d’envie. C’est pour se venger qu’il à emmené sa fille. Pour punir cette mère qui avait osé se jouer de lui et le priver de son enfant.
Seulement il ne restait que l’amertume au fond de son âme … et comment peut-on aimer alors ? There is no sweeter innocence than our gentle sin
« Quand l’âge des rires est passé il ne reste plus que les larmes et l’amertume. La triste prise de conscience que le monde ne pardonne pas. Et le temps devient long. Rallongé par la perte de l’espoir qui semble devenir une blessure sanglante qui ne partira jamais. Une inscription au fer rouge sur une peau trop fragile qui craquèle l’âme et amène des soupirs empoisonnés aux relents de souffre. Quand le temps de l’innocence finit trop tôt tout est douleur. Souffrance. Et pourtant il n’y aucun moyen de faire sans. Il faut réapprendre à rêver. Rêver qu’un jour tout cela sera terminé. »Sa main est posée contre le verre glacé de la fenêtre. Ses ongles crissent soudain sur le rebord se serrant en une sorte de griffe plutôt qu’en un poing. La colère ravage son cœur. La douleur son esprit. Elle à envie de hurler alors elle mord violemment ses lèvres jusqu'à ce qu’une goutte de sang en sorte. Si rouge sur la peau si pale. Elle roule lentement le long de son menton. Caresse son cou délicatement. Juste avant de s’écraser contre sa poitrine et de continuer sa route sous la longue robe noire qu’elle porte. Mais
Rhiannon s’en moque. En réalité la douleur physique parvient même à la soulager. Comme une façon d’extérioriser la souffrance qui la ravage de l’intérieur. Une souffrance qu’elle ne comprend pas.
Après tout elle n’a rien pour être malheureuse. Au contraire. Sa vie est censée être belle. Elle à un père qui l’aime plus que tout. Même si il ne sait pas le montrer. Il est trop stricte certes. La transforme peu à peu sans qu’elle s’en rende compte en détruisant l’ancienne Rhiannon. Mais il le fait de manière si douce. Si subtile qu’elle ne devrait même pas s’en rendre compte. A lors non. Le problème n’est pas là. Il vient d’ailleurs. De cet étrange appel qu’elle ressent de plus en plus dans son corps. Des étranges pulsions qui naissent en elle et la déchirent. Au point parfois de la faire crier. Son père dit que c’est à cause de l’espèce maudite dont elle est issue. Qu’elle doit lutter. Pour lui. Et Rhiannon l’aime. Alors elle essaye. Si désespérément. Si violemment. Mais une part d’elle se languit du toucher. De sensations que Rhiannon ne connait même pas et qu’elle ne comprend pas. Trop jeune pour cela peut-être. Après tout Rhiannon n’est rien d’autre qu’une adolescente.
Mais son corps se rebelle contre elle. Veut lui montrer une autre direction que celle qu’elle souhaite emprunter. Un soupir flageolant s’échappe de ses lèvres alors qu’elle tombe sur ses genoux. S’écorchant au passage. Le pire sont les rêves. Provoqués par sa mère d’après son paternel. Des rêves qui la forcent à se tourner en direction de la maison. Qui lui donne l’envie de fuir pour retrouver des bras qu’elle imagine accueillants. Heureusement qu’elle n’est pas seule. Sinon Rhiannon aurait depuis longtemps cédé. Couru vers l’endroit qui jadis fut sa maison et qui désormais n’est plus qu’un territoire qui lui semble inconnu. Mais son père est toujours à ses côtés. Toujours. Au moindre souffle. Au moindre cri il apparait près à la défendre.
Il la protège tellement. Et Rhiannon lui en est si reconnaissante. Car il lui apprit la vérité à propos des vélanes. Lui a montré la monstruosité qui réside sous leur beau visage. Sous des visages comme le sien. C’est pour cela qu’il n’y a pas de miroir dans la chambre de Rhiannon. Elle ne supporte pas de se regarder. Car elle sait. Il lui à dit que les vélanes n’étaient que noirceur et impureté. Sans émotions et sans cœur. Uniquement attaché à faire souffrir les hommes. Superficielles. Sales. Et Rhiannon ne veut pas devenir comme elles. Alors elle s’acharne. Se déteste en silence. Refuse de se regarder dans une pathétique tentative pour oublier qu’en elle court le même sang. Sa manière à elle de lutter contre un héritage qu’elle n’a pas souhaité.
Mais parfois c’est si dur. Des pulsions l’envahissent soudainement. Comme la dernière fois. Quand elle à vu un enfant blessé. Elle l’a soigné. Et son père l’a giflée avant de s’effondrer en pleurant. De murmurer qu’il ne voulait pas qu’elle s’en aille. Comme sa mère. Alors elle fait de son mieux Rhiannon. Parce qu’il à besoin d’elle. Autant qu’elle à besoin de lui. Pour lui elle souffre en silence. S’exècre. Déteste chaque goutte de sang vélane qui coule dans ses veines. Elle ne veut pas le laisser seul. Il semble si fragile parfois. Quand il pense qu’elle ne le regarde pas. Elle voit cette douleur infinie dans ses yeux. Une douleur causée par sa mère. Alors Rhiannon s’acharne à réparer ses torts. Pour se prouver quelque chose. A elle et au monde.
Elle peut être différente. Elle peut changer. Etre meilleure. Lutter contre son héritage. Etre l’enfant que son père veut qu’elle soit et non pas la monstruosité qu’elle devait devenir …. He smiled and his face was like the sun
« Puis revient l’espoir. Plus tard. Lorsque la lumière se lève. Que l’obscurité semble enfin s’en aller pour de nouveau permettre la venue d’un nouveau jour. Le ciel semble s’ouvrir de nouveau et avec lui souffle un vent de renouveau. Les souvenirs de peines et de douleurs sont relégués au fond de l’esprit. Car l’esprit tente toujours d’oublier ce qui lui fait mal. Pour se concentrer sur le bien. Alors l’espoir s’embrase de nouveau. En une flamme plus belle et plus grande que ce que nul ne pouvait espérer. Car même les plus profondes ténèbres doivent passer pour offrir un soleil plus éclatant que jamais. Du moins c’est ce qu’un humain espère … »« Tout ira bien. » Un murmure que sa bouche délivre. Un mantra qu’elle se souffle à elle-même. Pensant que si elle le répète assez souvent il deviendra réalité à ne pas en douter. Peut-être est-ce enfantin. Ou même stupide. Mais Rhiannon est finalement à deux doigts du bonheur. Si elle tends la main un peu plus elle est sûre de l’effleurer. Mais elle à peur. Peur que l’obscurité qui se trouve juste derrière elle ne vienne la reprendre au moindre faux pas. Parce qu’elle ne le tolérerait pas. Plus maintenant. Pas après tout ce qu’elle à vécu. Gagné et perdu. Après tout elle à réussi. Réussi à conserver sa part sorcière et amoindrir sa part vélane. A n’être plus qu’une demi-vélane au lieu d’une pure vélane. A résister à sa propre nature et aux songes que lui envoyait sa mère. Et pour cela ne mérite-t-elle pas d’être heureuse ? Mais bien sûr elle n’est pas en position d’ordonner quoi que ce soit. Elle peut juste se contenter de prier. Et attendre.
Ses grands yeux bleus se posent sur un cadre photo. Celui de son mariage. Et elle y à l’air radieuse. Même Rhiannon qui déteste tout ce qui lui rappelle la beauté qu’elle possède. Issue de la part la plus détestable de son héritage. Ne peut s’empêcher d’aimer cette photo. Car elle irradie le bonheur. Pour la première fois, ce jour-là, Rhiannon n’avait ni doutes ni peurs. Et rien n’aurait pu l’arrêter. Même son père avait été ravi ce jour-là. Pour lui le mariage de sa fille avec un homme prouvait qu’il avait réussi à écraser sa part vélane. A la détruire. Puisqu’aucune vélane ne se serait jamais marié. Trop volages. Trop avides de sensations qu’un seul homme n’aurait pu leur apporter. Mais sa fille à lui avait vaincue. Avait juré fidélité à un seul homme. Et jamais plus. Il avait gagné donc. Sa fille était libre. Pure.
Et sans doute Rhiannon s’est-elle mariée en parti pour lui faire plaisir.
Ou même tenter d’éloigner en vain sa part vélane. Sans doute. Comme une dernière injure à l’encontre de sa mère. Celle qu’elle avait rencontrée à sa majorité. Juste une fois. Pour être sûre. Et elle l’avait découverte en tout point semblable à ce que son père lui avait dit. Une créature impure. Superficielle. Manipulatrice. Séductrice. Incapable d’éprouver de l’amour. Rhiannon avait été horrifiée. S’était haïe encore plus. Avant de se promettre que jamais elle ne deviendrait semblable à ce genre de créature. Alors oui. Sans doute s’est-elle mariée pour se prouver à elle-même qu’elle était capable de jurer fidélité à elle-même. Même si les pulsions qu’elle ressentait parfois la poussait à se demander le contraire. Mais dès qu’elle avait rencontré Eorl tout était devenu différent. Parce que lui l’était.
Parce qu’il n’avait jamais prêté attention à son côté vélane. Comme si ça n’avait pas d’importance. Alors qu’en général les hommes ne la cherchaient que pour cela. Et c’était pour cette raison qu’elle l’avait aimée. Simplement parce qu’il voyait la personne en elle et non pas le physique qu’elle haïssait tant. Mais pas seulement pour cela. Il lui avait appris à s’accepter elle-même. Sa part vélane autant que sa part sorcière. Il l’avait poussé à tenter d’apprendre à maitriser son don de guérison qu’elle ne contrôlait absolument pas et qui avait déjà faillit lui coûter la vie plusieurs fois depuis le moment ou elle avait commencé sa carrière de médicomage à St-Mangouste. Il l’avait acceptée. Pleinement acceptée. Pour tout ce qu’elle était et tout ce qui lui manquait. Pour ses défauts comme ses qualités. Il avait appris à supporter ses brusques sautes d’humeurs. Sa jalousie. Et il l’avait toujours encouragée. Protéger du mieux qu’il pouvait. Qu’aurait-elle pu demander de plus ? Rien. Parce qu’Eorl lui avait donné … lui donne toujours tout ce dont elle peut rêver. Quand il se tient à ses côtés Rhiannon n’a plus peur de tomber. Car elle ne sera jamais seule pour se relever. C’est pour cela qu’elle s’est marié avec lui. Parce que pour la première fois tout à changé.
Pour la première fois elle à eu l’espoir de pouvoir commencer une nouvelle vie. Une vie ou il n’y aurait plus ni douleur ni souffrance. Where’s the Good in goodbye ?
« Et il ne reste que la douleur. Lancinante. Le genre de douleur qui transperce l’âme au point de la mutiler. D’y distiller un venin pernicieux qui finit par laisser le cœur en lambeaux. Il y a les larmes et les cris des nuits qui semblent désormais trop longues lorsque le lit est vide et froid. Trop grand pour contenir un corps brisé. Et il faut avancer. Marcher sous un soleil de cendre et des arbres qui semblent soudain dépérirent. En attendant un éventuel salut. Une fin qui semble trop longue à venir. Seule la peine demeure jusqu'à que même celle-ci finisse par s’évanouir pour ne laisser derrière que du vide.»Le jour se lève. Et pourtant autour d’elle tout semble sombre. Comme une nuit qui n’en finit pas. Elle frissonne alors que le vent souffle sur ses bras nus. Ses vêtements blancs semblent presque briller dans l’obscurité ambiante. Elle à froid. Il n’y aucun bruit. Comme si le monde s’était arrêté de tourner. Ni branche qui craque ni oiseaux. Juste elle et le silence. Elle et la noirceur. La pureté au milieu des ténèbres. Elle retient d’abord son souffle. Puis exhale. Elle se penche lentement et sa robe vient faire craquer les feuilles mortes sur le sol. Un bruit qui résonne comme un coup de canon dans les environs. Sa main pâle et tremblante se pose sur la pierre. Glacée. Trace du bout des doigts les lettres d’un prénom. Une épitaphe. Une larme coule doucement le long de joue. Vient glisser sur la pierre tombale. Comme un au revoir.
Eorl est mort. Eorl est enterré sous cette pierre tombale haïssable. Son corps gît sous la terre gelée. Son esprit ne peut trouver le repos. Rhiannon tombe lentement à genoux, ses cheveux si noirs recouvrant soudain sa peau presque translucide. Sa robe de velours s’étale doucement autour d’elle. Dispersant lentement les feuilles mortes. Et elle relève soudain la tête. Dans l’espoir de trouver quelque lumière qui lui ferait oublier. Retrouver espoir. Mais il n’y en a aucune. Depuis la mort de son époux le monde lui-même semble avoir perdu de sa lumière. De sa chaleur. Rhiannon frissonne doucement. Ses lèvres exsangues forment un pauvre sourire en se rappelant de son amour. Tué pour avoir défié le Magister. Parce qu’il était Insurgé. Elle n’en savait rien elle. Ils l’avaient mis sous Veritaserum mais elle ne savait rien. Même aujourd’hui elle se demande pourquoi il ne lui à rien dit.
Sans doute pour la protéger. Une pointe de peine s’enfonce soudain dans son cœur avec le tranchant d’une lame de couteau. Si noble Eorl. Prêt à tout pour la protéger. Pour s’occuper d’elle. Son poing se fracasse soudain sur sol gelé en un bruit mat alors que la colère l’envahit. Il aurait du rester. Ne pas se mêler de politique et faire comme les autres moutons de sa famille. Se contenter d’apparaitre dans des évènements mondains et de faire semblant d’acquiescer. Ainsi il serait toujours en vie. Et elle serait toujours heureuse. Mais au lieu de cela elle est seule et détruire parce qu’il à décidé de se battre. Abandonnée. Ses lèvres tremblent doucement.
Malgré tout elle le comprend. Après tout elle est désormais elle collabore avec les insurgés elle aussi. Du mieux qu'elle peut. Elle profite de l’influence de sa belle-famille au ministère pour retirer des informations. Soigne les blessés. Tout cela en mémoire de l’homme qu’elle à aimé. Elle poursuit son combat pour le venger. Pour les faire tomber. Pourtant elle sait Rhiannon. Que cela ne calmera pas la douleur. Que cela ne l’aidera pas. Mais elle s’en moque. Pour continuer à vivre. Pour ne pas complètement s’effondrer il lui faut un but. Et c’est le bien le seul qu’elle ait trouvé. Pour ne pas oublier. Pas lui. Ses yeux se ferment un instant. Elle à si mal. Tellement mal. Sans lui pour lui montrer le chemin elle se sent si perdue. Comme si tout espoir avait disparu de ces terres. Elle peut se battre pour lui. Peut rassembler toutes les informations qu’elle veut. Il ne reviendra jamais.
Et Rhiannon devra vivre seule. Jour après jour. Jusqu'à ce qu’enfin la mort l’emporte à son tour dans un voyage sans retour. Un long chemin l’attend. Si long. Si difficile. Et chaque pas lui semble déjà plus lourd que le premier. Mais elle ne peut s’arrêter. Plus maintenant. La vengeance ou la mort. C’est bien les seules options qui lui restent. A genoux sur le sol, ses mains tremblantes apposées le long de la pierre gelée, elle semble devenir figée. Une de ces statues belles et éplorées qui semble aussi fragile que le verre soufflé. Car fragile elle est. Aussi légère qu’une feuille morte. Doucement Rhiannon ferme les yeux. Laisse le vent glacée faire couler les larmes sur ses joues. Elle n’en a plus que faire.
Et lentement Rhiannon se penche en avant. Effleure de ses lèvres la pierre pour former un baiser ou se mêlent les larmes et le sang.