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sujet; In the heat of the moment [feat Hank Pepper]

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Il était stupide.

Il était joyeux de nature et par définition la Joie était stupide. Elle s’offrait facilement, se donnait sans réserve ni rempart. De toute les émotions, elle était la plus reconnaissable, la moins perfide dans sa simplicité. On la trouvait dans ses sourires -même timides- dans la découverte un peu niaise de se savoir plus léger sur le moment.

Ron Weasley n’avait aucune raison de se sentir joyeux mais chassez le naturel et il revient sur son Eclair de Feu. Le jeune gryffondor avait perdu père, mère, frère, amis ; il avait cotoyé la mort bien trop souvent (comme les autres) ; et pourtant…
Devant le spectacle incongru d’une gamine faisant mimi cracra dans les flaques d’eau avec son chien, le roux arborait un large sourire amusé qui faisait pétiller l’azur des yeux sous la mèche flamboyante rangé sagement sous le bonnet sombre.

Un rire extraordinaire et discret qui lui avait laissé une mine amicale et sympathique sur la bouille.

La colère était un sentiment plus simple encore, évidemment. Elle faisait bouillir le sang, maintenait l’échine droite, gardait vivant en tout cas d’aussi loin que les fantômes pouvaient l’être. Ron connaissait les deux : la joie et la colère. Elles se mêlaient intrinsèquement au creux de son ventre, gardant au chaud tout ce que le cadet des Weasley pouvait produire de plus énergique.

Ron effleura l’intérieur de son avant bras droit dans un geste quasi doux. Le renflement rassurant de sa baguette glissa sur le bout de ses doigts. ‘Vigilance Constante’ clamait ce bon vieux professeur Fol’œil.  Il rirait bien maintenant en voyant ce qu’étaient devenus la plupart de ses élèves de l’époque. Quoique… il n’avait jamais vraiment enseigné n’est-ce pas ? Encore un coup de Tu-sa… Voldemort.

Peu importe.

Machinalement, l’homme aux membres trop longs passa ses doigts arachnéens sur la poignée du bois en saule et détourna son regard de la gamine en bas de la rue pour l’horizon gris au dessus des toits des bâtiments urbains. L’inaction le tuait. Littéralement. Il s’était proposé pour assurer la ronde du matin autour du pôle ambulant des Audacieux. Des regards entendus entre certains membres qui faisaient qu’il savait que même s’il était apprécié, ne plus l’avoir sur le dos à grommeler était aussi la bienvenue. Va faire un tour Weasley, ça fera du bien à tout le monde..

Le soleil s’était déjà levé plongeant la ville dans sa nervosité hebdomadaire. Si la fatigue tendait ses traits et crispait ses muscles, il n’y prêta guère attention. Ron réfléchissait (cela arrive ^^) .

A Ginny.

Quelque part, sa petite sœur était retenu prisonnière et il commençait à en avoir plus qu’assez d’attendre. On lui avait parlé de diplomatie. Ce mot atroce ! On ne discutait pas de la guerre, on la faisait, voilà tout.
Il y avait pensé cela dit, malgré lui, à s’échanger contre sa benjamine adorée. Mais rien ne lui disait qui il y avait de l’autre côté. Est-ce que Ginny était avec des mangemorts ? des sorciers ? les rebuts étaient devenus à la mode. Trop.

La colère revenait, battant inlassablement à ses tempes comme un marteau fou. Il farfouilla dans son sac pour en tirer un paquet de tabac bon marché et des filtres. Des gestes instinctifs : palper légèrement sa baguette, regarder autour de lui, puis, il abaissa son attention et se mit à rouler une clope.

Le geste était sur, presque suavement lent. Un sourire qui trahissait son âge et son naturel puis Ron tendit la cigarette artisanale vers celui qui se tenait nonchalamment sur le fronton.

« J’aime bien les faire mais c’est con quand même… je fume pas. »

Parfaitement inutile quoi. Comme son existence en ce moment si vous vouliez son avis.

Ron leva les yeux vers le ciel, enfonça son bonnet sur ses cheveux bien trop visible sinon, avant de prendre une pause similaire à son camarade insurgé. « C’est calme ce matin. »
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Rien n'était jamais facile, bon Dieu. Hank Pepper ne rêvait pas de grands chose. D'une vie peinarde à la campagne, entre autre. Ce n'était pas un homme compliqué. En réalité, c'était même un homme très simple. Il aspirait à vivre en paix avec tout le monde. Il ne possédait pas le caractère belliqueux qui pouvait caractériser certains de ses anciens collègues aurors. Au contraire, la violence était un extrème qu'il répugnait très franchement à employer : le fait d'être passé des simples feux d'artifices à la fabrication de bombes artisanales le mettait parfois, et même souvent, mal à l'aise. Il se rassurait, ou pas, en se disant qu'il n'avait pas réellement le choix. Un mal nécessaire...il n'aimait pas l'expression. Le fait de tuer des gens restait le fait de tuer des gens. Il aurait préféré éviter. Il évitait quand il pouvait. Il l'avait toujours fait : en tant qu'auror, il essayait au maximum de capturer vivants les mangemorts. C'était de toute façon plus intéressant, car cela permettait d'obtenir plus d'informations. Maintenant, il fallait bien les arrêter. Il fallait bien sauver sa peau. Mais sa peau, on ne pouvait pas dire que Hank s'y intéressait beaucoup, mis à part pour Juliet. Sa fille, il y tenait, et il tenait le coup pour elle, surtout. Il ne savait pas ce que deviendrait une gamine de dix ans dans ce monde si étrange et si violent.

Mais en ce qui concernait sa propre personne, s'il n'y avait pas eu Juliet, non, il n'avait plus peur. Il pouvait partir. Il ne lui restait plus rien, plus rien qui vaille la peine de s'y intéresser. Il n'y avait plus qu'à se battre. Il ne savait pas renoncer. Il ne savait pas ignorer l'injustice. C'était sans doute parce que Hank était irlandais, il avait vu ce que c'était la misère, la cruauté, et la tyrannie. Il ne voulait pas que ça recommence. Il ne le laisserait pas faire, jamais, plus jamais, et s'il n'y avait pas eu Juliet, il y serait allé, jusqu'au bout, sans jamais se rendre, parce qu'il était trop têtu pour ça, aussi, de toute façon.

Son père et sa mère lui avaient appris que la famille était ce qu'il y avait de plus précieux. Il n'abandonnerait pas Juliet et bien sur, il y avait Morris. Mais pour son frère, il avait fait ce qu'il pouvait. Il se demanda ce qu'il devenait, ce crétin. Passé dans tous les camps, disparu depuis longtemps, terminé, envolé... Hank avait bien essayé de rentrer en contact avec lui, bien sur, mais non, pas moyen. Morris avait disparu dans la nature. La dernière fois qu'ils s'étaient parlé, il était camé à l'Orviétan jusqu'aux yeux... c'était il y a plus de vingt ans, avant même la naissance d'Archie. Il serra les poings, à l'évocation de son neveu. Qui n'était pas son neveu, mais qui s'en souciait ? Hank était bien le seul à comprendre cette histoire. Morris s'était évidemment une junkie dans le même genre que lui, et la fille se tapait bien sur cet enfoiré de Lazarus Carrow sur le coté. Du coup, elle était tombée enceinte de Carrow mais avait fait passé le fils pour celui de Morris. Celui ci, pas complètement con, l'avait découvert...et c'est là qu'on perdait sa trace. Etait-il vivant ? Mort ? Il devait aller voir Carrow pour s'expliquer, mais rien ne prouvait que Carrow l'avait tué. Rien ne prouvait non plus que Carrow ne l'avait pas tué cela dit. Dans tous les cas, la fille avait refilé le gosse à Hank. Et Carrow devait avoir découvert la vérité, parce qu'il avait enlevé Archie...depuis, Hank essayait de le retrouver.

Il n'avait pas la haine, jusqu'à là. Il faisait ça par devoir, parce qu'il y croyait. Mais maintenant, il avait la haine. Il commençait à l'avoir. Ca devenait peut-être trop personnel. La colère prenait peut-être trop le dessus. En réalité, Pepper avait l'impression d'avoir été trahi. Il ne détestait pas Carrow, pas au départ. A Poudlard il le connaissait un peu. C'était un sale gosse de riche, mais il y avait quelque chose en lui, il ne savait pas quoi, qui le rachetait un peu. Lazarus Carrow était un flambeur.

Il fallait se méfier des flambeurs. Voilà ce qu'il en avait conclu. Les gens qu'il aimait, en qui il croyait, n'étaient pas des flambeurs. Hank soupira. Comme la nuit dernière, la mission de surveillance qu'il avait accompli n'avait rien donné, tant pis. Il rentra au qg des Nocturnes dans un esprit mitigé. Il pensait à toutes sortes de choses quand il arriva, et manqua de renverser sur son passage – enfin, renverser était un bien grand mot. Hank mesurait à peu près un mètre soixante-treize, autant dire qu'il se serait plutôt fait renverser qu'autre chose, d'autant qu'il devait bien être immobile sur la terrasse depuis cinq minutes à ruminer. – Ron Weasley. « Tiens, grand-chef. De sortie de bon matin ? » C'était Potter, le chef, ici. Normalement. Mais il aimait bien Weasley – Harry Potter ne devait jamais avoir réalisé à quel point il pouvait être intimidant pour un type comme Hank, déjà pas mal intimidé par le père de celui ci en son temps, James. Puis il aimait bien Weasley. Paumé, peut-être, un peu, maladroit aussi, comme il avait été paumé et maladroit en son temps. Il lui rappelait Love, il lui rappelait Archie, puis tous les gamins qu'il avait pris en main depuis qu'il était devenu prof. Il essayait de les aider. Il essayait. Pas qu'il réussissait toujours, mais il filait un coup de main. Discrètement. Il savait que c'était dur, il savait que ça faisait mal de perdre quelqu'un alors il était là. Ce n'était pas pour rien que les Audacieux se foutait de sa gueule en le surnommant « p'pa ». Et c'était vrai que pour ce qui concernait la plupart, il avait pas loin de l'âge de leurs pères.

« Les meilleurs barmans ne boivent pas. Je suppose que c'est un peu la même chose. Merci. »
Il alluma la cigarette et sourit d'un air un peu désabusé. « Au moins tu chopperas pas un cancer. » Il baissa les yeux avec une grimace un peu désabusée. «  Remarque, c'est pas comme si le cancer en avait quelque chose à foutre que tu fumes ou pas. » Il n'aimait pas parler de la maladie de sa femme, de la façon dont elle était morte, mais ça, franchement, il ne le digérait pas. « La vie est une petite pute, pas vrai ? » 

Le sourire était amer, le rire jaune. Mais c'était tout de même un rire, même douloureux. Il y arrivait. Il avait surmonté ça. Il pouvait le faire, en tout cas. Il approuva ce que disait Ron : « En manque d'action ? Moi aussi, je crois bien. » Les belliqueux faisaient plus. Parfois ils le faisaient mal, mais tout de même ! « J'ai l'impression que je vieillis, que je vais avoir soixante balais demain et qu'on aura rien foutu. »
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Le syndrome des knackis d'Herta frappait les deux types présents dans ce qu'il y avait de plus limpide et pour Hank et pour Ron: un gout immodéré pour la simplicité.

Car Ron appréciait quand l’ennemi était peinturluré de vert et d’argent, quand Hermione lui souriait, quand Harry dormait sans faire de cauchemars, quand son frère inventait une farce sans danger. Il aimait avant tout ce genre de choses. Pas d'embrouilles, pas de blessures liés à d’éventuels trahisons, pas de nécessité de réfléchir à ce qui est bien et ce qui ne l'est pas, à essayer enfin parfois de comprendre l'ennemi.
Des serpentards chez les Insurgés, Hermione qui le fuyait, Harry en sueur la nuit, son frère inintelligible au-dessus d’une bouteille ? trop compliqué.  Il n’aimait pas. Les choses se devaient d’être un peu manichéenne pour notre bon rouquin « sinon les gens risquaient d’exploser avec toute ces émotions ».

Littéralement parlant pour l’explosion.

C’était confus cette guerre. On perdait facilement pied.  Ron s’était retrouvé chef un peu malgré lui. Un peu uniquement parce qu’il était le meilleur ami d’Harry Potter. Le grand Harry Potter. Celui qui avait survécu à Vous-savez-qui. Ça imposait le fromage sur la pizza direct. Hermione n’était pas plus douée que lui à cette histoire de commandement mais elle avait son savoir pour elle. Ron avait juste ses capacités à voir le Grand Jeu comme sur un plateau d’échec. Il n’y avait –en tout cas selon lui- pas de pièces inférieurs ou supérieurs. Il y avait un volume de tâches à effectuer en vue d’un objectif simple et justifiable : échec et mat à la fin de la partie.

Il aurait été aisé de demander à Ron pourquoi il faisait des tournées dans les rues de la ville surtout lorsqu'on était aussi recherché (et il l'était uniquement pour atteindre Harry, il le savait). Les horcruxes allaient pas tomber du cul des poules comme ça non plus et s'il employait le gros de son temps à ça avec ses deux amis, il aimait aussi l'approche du terrain qui lui permettait d'évacuer le stress. Sauf que la guerre contre Voldemort s’était étendu à autre chose, une guerre contre une idéologie poisseuse qui contaminait un par un –par la peur ou par conviction- les sorciers du monde entier.

Tout était devenu plus compliqué.

Le QG des Insurgés était un bon centre nerveux. Ron y plaçait son pouls frénétique comme tempo de base et il savait bien qu’il fallait ménager, économiser les forces, prendre exemple sur un gars comme Hank Pepper qui fumait son clou-de-cercueil avec une coolitude jamais atteinte (même par Cedric Diggory en son temps). Il fallait faire tout ça et plus.

Hank, à bien des niveaux, étaient un type qui impressionnait le Weasley. La force tranquille à bien des égards. Le type qui en a vu de toutes les couleurs et qui tient. Un peu comme Maugrey Fol-œil, un peu comme Arthur… Si Ron savait que pas mal d’Audacieux lui donnait du « Ppa » avec cette chaleureuse conviction qu’Hank était increvable et que plus tard -quand la Victoire aura souri- ils pourront tous en rire de ce surnom autour d’une bonne bière, Ron ne l’avait jamais fait. Il avait perdu son propre père encore trop récemment mais ça on en parlait pas.

Taboo.

La discussion coula teinté d'amertume. Mi-figue, mi-pépin. Ron eut une moue perplexe et le bleu une teinte surprise devant l'expression typiquement moldu que venait d'employer l'irlandais.

« Tu vas avoir soixante balais? Mais tu vas en faire quoi? C’est pour les Audacieux? Soixante… ce sont des Nimbus 2002? »  Ron fronça le nez constellé de taches de rousseur. « On serait pas obligé de se cacher comme ça on aurait pu se faire un petit match. J’étais gardien à Poudlard…. pas très bon mais c’était fun.  Des balais… »

Le grand roux regarda la rue puis le ciel avant de ranger une mèche rousse s’étant échappé du bonnet.

« Faut qu’on fasse quelque chose. Ouais ok, y’a du risque mais les risques sont fait pour être pris et ma sœur est quelque part dans cette ville. »

Un léger silence confortable s’installa et surement, parce qu’il s’agissait d’Hank et que la matinée était tranquille, que tout semblait encore possible, et surtout facile, Ron enchaina d’une voix mesurée.

« C’est mon père qui disait ça : aller au risque c’est emprunter la voie la plus dure, mais elle emmène quelque part. Les voies faciles ça conduit à rien. Le néant. » Ron zyeuta le sorcier près de lui et ajouta de son sourire espiègle et communicatif : « Bon évidemment, si ça conduit aux araignées faut réfléchir un peu avant. »

Question de priorités comme dirait Hermione !
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