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sujet; (elphaba & davius, #1) 30 mars 2002; i thought you were dead

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Un dessin. Il a de la difficulté à dire ce que ledit dessin représente, licorne, Palomino ailé, ou un peu des deux, mais il le fascine. Ce livre n'a pas réagit depuis décembre. Aucune ligne, aucune réponse, et s'il a craint, d'autres préoccupations sont rapidement venues envahir son esprit. Pourtant, cet après-midi, il a relu certains de ses contes favoris et un dessin est apparu. Un dessin enfantin de licorne.

Alors il a prit sa plume. A longuement hésité. Finalement, il couche sur le papier ses premiers mots depuis des mois, dans le secret d'où il se cache. « Quelle est la forme que prend mon Patronus ? » Il veut en dire plus, bon sang, s'exclamer, se réjouir, s'inquiéter, se réchauffer, mais la crainte que la personne à l'autre bout du livre ne soit pas la bonne reste forte. Omniprésente. La voix d'Alastor Maugrey hurle dans son crâne et il l'ignore à moitié, gardant seulement ce qui l'arrange. Davius s'en mord les lèvres au sang d'anxiété. Alors il attend la réponse.


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« Quelle est la forme que prend mon Patronus ? » Sur la page, l'encre absorbée et reformée, du dessin aux mots. Elle a retiré des mains de la fillette le livre enchanté. Elphaba avait presque oublié l'existence de cet exemplaire d'édition limitée, ensorcelé dans le secret, lié à d'autres. Une oeuvre à messages. Les souvenirs se heurtent au vide, au silence. Il y a un trou, dans sa mémoire. Il y a un vide. Pourtant elle s'installe au bureau, prend la plume, comme si ses doigts étaient doués d'une vie propre, et trace de son écriture ronde et douce : « Une chouette hulotte. » D'où ça vient ? C'est à peine perceptible, à peine palpable dans la mémoire. Pourquoi, déjà, ce livre est-il apte à transmettre les messages ? Mais qui, qui est de l'autre côté ? Impossible de remettre une histoire là-dessus. Impossible de remettre les évènements en ordre. Elle sait, vaguement, qu'elle aimait bien ce genre de jeu. Un jeu dangereux. L'autre elle, celle d'avant, celle qui était dans l'erreur. Est-ce un insurgé ? A-t-elle pactisé, avant.. avant quoi ? Elle ne sait pas. « Mais.. » La page, de l'autre côté, indique l'hésitation, l'encre bouge près des points de suspension. « Qui êtes-vous.. ? »
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« Une chouette hulotte. » Immédiatement, le soulagement. C'est elle. Une joie inattendue apparaît en sourdine, sournoise, alors qu'il va pour répondre avec empressement, mais le « Mais... » qui vient décorer la page retient sa plume. À peine sa pointe effleure-t-elle le papier, y laisse-t-elle un point d'encre suspendu ? « Qui êtes-vous ..? »

Il se retrouve déstabilisé par cette réponse. Il ne lui a jamais révélé son identité, jamais clairement, et qu'elle pose cette question est surprenant. Peut-être joue-t-elle ? Un jeu étrange, après tout ce silence. Davius décide de ne pas répondre. « Je vous pensais morte. Il hésite encore. Ses lettres longues, son écriture nette, tracent de nouveaux mots, timides. J'ai eu peur pour vous. Regard furtif par-dessus son épaule. Il est toujours seul. Que craint-il ? Votre silence était inhabituel. »


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w/Correspondant mystère
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« Je vous pensais morte. » Ca remue quelque chose, loin. Tellement loin. Et sa mémoire n'y trouve pas de mots, que le coeur du vide, que le battement du noir. Le mur de l'absence. Elle fronce les sourcils. Un accident, elle a bien eu un accident, avec le piano. Elle a frôlé la mort mais comment cet inconnu pourrait-il, comment dit-il ? Avoir eu peur. Est-ce qu'elle connaissait un fanatique ? Est-ce qu'elle écrivait à un déluré un peu trop collant ? Foutue amnésie ! Elle sait bien qu'elle a oublié quelques morceaux de vie, après la disparition de son époux, après que Lazarus Carrow lui ait sauvé la vie. « J'ai eu peur pour vous. » Un drôle de sentiment. Quelqu'un a peur pour elle. Quelqu'un qu'elle ne connait pas. Aucune réponse. Que dire ? « Votre silence était inhabituel. » Ca veut dire qu'il y avait une habitude. Ca veut dire qu'il y avait un échange régulier, dont les pages ne témoigneraient pas, absorbant l'encre pour ne jamais recracher les mêmes messages, jamais. Une minute s'écoule. « Je ne me souviens pas de vous. » Cruelle vérité. Elphaba espérait qu'ils ne soient pas vraiment proches. C'est étrange, tout de même, un correspondant sans identité. « Un accident. J'ai oublié beaucoup de choses. » Autant être honnête. De façon inexplicable, elle craint de l'avoir vexé, ou blessé. Est-ce que c'était important, l'impact ? Pas vraiment, normalement. Est-ce qu'Alexander l'avait détestée, les derniers temps, parce qu'elle avait un amant ? Il ne lui semblait pourtant pas être ce genre de femme. Et puis le gouvernement n'approuvait pas les personnes dissimulées.
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Le temps s'écoule. Une minute. Il mordille le bout de sa plume, guettant la page. « Je ne me souviens pas de vous. La joie se mue en déception. Elle ne se souvient pas de lui. Un accident. J'ai oublié beaucoup de choses. » Rien pour le rassurer. On n'oublie pas beaucoup de choses par accident, au hasard d'une journée. Davius est méfiant, il n'aime pas cela. Elle a oublié beaucoup de choses, mais pas son Patronus.

« Oh. » Subitement, il se sent stupide. Elle ne se souvient plus de lui. Peut-être peut-il lui dire quelque chose pour la rassurer quelque peu face à lui ? « Je suis un ami. » Pas proche, non. Il lui a dit bien des choses, mais elle se s'en souvient plus. Il doit cesser de se focaliser sur ce détail, qui l'obsède déjà. Il mâche sa langue, pensivement, retenant des questions plus incisives, et il passe à un autre sujet. « Avez-vous recommencé à écrire ? » Il sait que la chose était plus difficile, avant le long silence. Même s'il ne lit pas ses livres, difficile pour un insurgé de se procurer les dernières nouveautés littéraires, il s'informe. Il veut la connaître. À nouveau.


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« Je suis un ami. » Ca n'a absolument aucun sens. Ca n'est pas logique. Et, forcément, elle ne sait pas ce qu'il convient de répondre. Ouf, ce serait tout de même un brin.. désagréable, pour lui, non ? Elsa, qui se glisse près de toi, dessine un papillon rose en bas de la page. Au moins, ça fait patienter. Espérons qu'il ne songe pas qu'Elphaba ait régressé à ce point. Est-ce qu'elle lui a dit, qu'elle avait une fille ? « Avez-vous recommencé à écrire ? » Ca, au moins, elle sait y répondre. « Oui. Le gouvernement en a besoin. » L'écriture est légèrement différente, plus raide, moins ronde, comme une résistance inconsciente à l'idée même d'aider le gouvernement. « Le gouvernement a besoin qu'on porte son message. » Ca n'est pas elle. Ca n'est absolument pas ce qu'elle a pu évoquer, ce qu'elle a pu laisser entendre auparavant, dans ses textes, dans ses échanges. Elle était la princesse rebelle d'un peuple qui avait appris à l'aimer. Et quoi ? Ca ! Cette aberration totale ! « Vivez-vous à Londres ? » L'idée même que ce soit un insurgé n'est pas intégrée. Ou du moins, elle refuse d'être intégrée. « Vous écrivez sur un vieil exemplaire, c'est étrange. » Tant que ça, Elphaba, vraiment ? Le travail d'effacement bâclé semble faire lutter la formation de ses lettres, plus ou moins rondes. Londres, c'est à la limite de pencher, ça frôle l'italique.
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Un papillon rose se dessine dans le bas de sa page - Davius laisse un sourire attendri décorer son visage, tout à fait incongru sur ce faciès qui semble ne jamais sourire. Elle lui a parlé, à demi-mots, de sa fille, sans jamais la nommer clairement, sans jamais trop en dire, assez pour qu'il sache (elle avait peur, Merlin, peur qu'il arrive quelque chose à sa fille plus qu'à elle).
(ses filles aimaient dessiner sur tout, sur ses rapports et comptes-rendus, il se retrouvait à remettre des rapports décorés de hiboux et de châteaux à ses supérieurs, sans jamais prendre la peine de les retirer)
Il déglutit nerveusement - « Oui. Le gouvernement en a besoin. » Il ne comprend pas. « Le gouvernement a besoin qu'on porte son message. » Il en vomirait. Cette personne n'est pas Elphaba Duchannes. Elle ne peut pas l'être.
(elle a oublié beaucoup de choses)
(un accident)

« Vivez-vous à Londres ? Ça va le rendre dingue. Le papillon rose s'est effacé tout à fait. Comme toutes leurs conversations. Vous écrivez sur un vieil exemplaire, c'est étrange. » Il n'habite nulle part depuis longtemps. Il ne peut plus lui révéler autant de choses (ce n'est pas Elphaba - d'où te vient cette certitude, Davius ? tu ne la connais pas, après tout). Il ne dit pas donc pas où il habite. « J'ai beaucoup d'attachement envers cette édition. C'est mon seul moyen de vous parler. » Soyons clairs. Elle va comprendre. Peut-être ? Il n'est sûr de rien. Cette instabilité lui donne presque envie de pleurer. De hurler également. « Vos poèmes français sont mes favoris. »



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« Sos. » Sa main a agit seule. Comme quand on est perdu dans des pensées lointaines, comme quand on griffonne des formes sans signification. Elle ne l'a qu'entrevu, le mot sur le papier, sitôt bu, comme une précipitation du papier. Quel était le but de ce sortilège, déjà ? Elle ne sait plus. Il a l'air de traduire l'urgence, parfois. Pourtant il n'y a pas d'urgence. « J'ai beaucoup d'attachement envers cette édition. C'est mon seul moyen de vous parler. » Mh. C'est un homme. Il n'a pourtant pas ces horribles manies qui l'agacent souvent, chez les hommes : la drague lourde ou la volonté de passer directement à plus intime. Vendre, être connue, c'est aussi être une sorte de prix de loterie. Elle se met à penser que c'est sans doute la raison pour laquelle elle échange avec lui, personnage sans nom, sans visage. « J'en conclus que vous êtes timide. » C'en est affligeant. L'esprit bute, encore. L'esprit se heurte. L'oiseau moqueur a été enfermé, on lui a coupé le sifflet. « Vos poèmes français sont mes favoris. » « Ni le français ni la France ne méritent plus qu'on s'y attache. » Vincianne serait folle, de lire une chose pareille. Ses parents seraient déçus. Ils le sont sans doute. « Des menteurs idéalistes. » Menteurs, ce sentiment qui ronge d'avoir été trahie. Elle croit vaguement que la trahison est un thème récurrent dans les textes écrits en français. Oui, c'est ça, elle a évoqué, longuement, ce motif littéraire. En poème ou dans les contes. « Dites.. vous n'avez pas froid, au moins ? » Le peuple ne va pas bien, à cause des insurgés. Le peuple a froid, a faim. Le Magister fait ce qu'il peut mais il faut bien payer les frais. Elan de générosité, un sursaut d'autrefois noyé dans les préoccupations engluées et décriée d'aujourd'hui, d'un désormais trop ancré.  
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Il l'a presque raté, le Sos tracé délicatement qui s'est effacé à peine l'a-t-il aperçu. Il ne sait pas que le geste est involontaire - il peut seulement conclure qu'elle a besoin d'aide. Est-elle surveillée ? Y a-t-il quelqu'un qui pourrait la surprendre ?

« J'en conclus que vous êtes timide. » Cette fois, Davius pouffe un peu. Timide. Étrange mot pour le qualifier. Il ne s'est jamais appliqué à lui. Étrange façon de le décrire. Timide. En même temps, elle ne le connaît plus. « Mystère. » Celui qu'il apprécie, celui qu'il est, le jeu qu'ils jouent. Que du mystères.
« Ni le français ni la France ne méritent plus qu'on s'y attache. Ce commentaire sec le refroidit et il n'ose rien y répondre. Ni à ça, ni au commentaire qui le complète. Des menteurs idéalistes. » Vincianne est une menteuse. Une Française menteuse. Idéaliste monarchiste aux mille visages. Elle mérite pourtant qu'on s'y attache (et il ne lui dira jamais ça, la langue lui arracherait probablement). Il ne doit pas s'attarder plus longtemps à ce qu'il ne comprend plus.

(beaucoup de choses)
(SOS)

« Dites... vous n'avez pas froid, au moins ? Moins. Le printemps me réchauffe. C'est bientôt son anniversaire. Qu'est-ce qu'il est vieux. Épuisé. Les temps ont déjà été plus difficiles. » Il tente une question plus intime, plus incisive, subitement. Inspiré par cet agacement, cette méfiance, qui résonne dans toute sa tête. « Est-ce que votre accident est de SA faute ? » Le SA en majuscules. Il vise l'époux. Reid.

(SOS)



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« Moins. Le printemps me réchauffe. » Le printemps le réchauffe. Et il ne répond jamais, sur le gouvernement, sur l’époque, la politique ou le pays. « Les temps ont déjà été plus difficiles. » Plus difficile que ça ? Plus difficile que la faim, les attentats ? Elle a l’air d’ouvrir un peu les yeux sur ce qu’il se passe : elle ne discute pas avec un malheureux civil, elle discute avec.. un rebelle. Plus rien. Pas d’encre sur le papier, elle éloigne Elsa, lui donne d’autres feuilles, carnets inoffensifs. Elle ne doit pas.. c’est dangereux. Quand elle revient devant le livre, qu’elle reprend sa plume, le tremblement secoue sa mémoire. « Est-ce que votre accident est de SA faute ? » Flou. Flou, brutal, douloureux, les larmes, le sang. Elle sent le sang sur sa tempe. Celui qui n’est plus depuis décembre mais dont la sensation s’est gravée, indélébile. « Je.. » ne sais pas. Elle a parlé d’Alexander à cet homme ? Elle a écrire à propos de son mari avec un inconnu, une personne mystérieuse, peut-être un psychopathe. Qu’est-ce qu’elle a dit ? « Je suis tombée contre l’angle du piano. » Je suis tombée. Il saura, lui, que ça n’était pas un accident, que ça n’en était jamais mais Elphaba restait dans ce brouillard de violence incertaine. Le souvenir des hurlements et du bruit sec des touches sous ses doigts tentant de s’y accrocher. « Pourquoi vous faites ça ? Pourquoi vous communiquez avec quelqu’un qui ne partage pas vos idées ? » C’est plus frontal, comme question, bien que les termes restent dans la cordialité. Verbalement, c’aurait peut-être été différent. Ou ça n’aurait jamais eu lieu. Elphaba Duchannes, celle d’aujourd’hui, n’aurait pas adressé la parole à Davius Llewellyn. Celle d’avant y aurait pris un malin plaisir.  
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