Calme. Silencieux. Un havre de paix.
Le manoir Keller pouvait de temps à autre revêtir l’aspect d’un domaine apaisant et reposant, loin des crimes abjects dont la bâtisse avait été témoin, très loin même des horreurs qui s’y tramaient encore actuellement. Il s’agissait des fruits de l’héritier du lieu. Celui-ci faisait de son mieux et parvenait avec succès d’ailleurs à dissimuler ses desseins mais l’endroit était loin d’être le charmant et paisible manoir empli de rires, de joie et de bonheur qu’il avait été autrefois.

L’accalmie apparente n’était qu’un simulacre qui ne faisait que rarement son apparition ces derniers temps.
Cependant ce matin-là, Ulrich était le seul -  à l’exception de sa mère dans son boudoir comme à l’accoutumée -  de la fratrie à être présent.

Aux aurores, le jeune homme était descendu consulter ces dossiers dans sa salle personnelle située dans ce qui auraient dû être les combles de la demeure familiale.  Alors qu’il l’avait soigneusement classé, le dossier de la famille de sa défunte fiancée ainsi que celle-ci avait dû être ressorti. Peut-être avait-il manqué des liens par le passé que les énièmes plongées dans les pensées de son frère aîné sauraient mettre en lumière. Le visage de la jeune fille, Cécilya, lui avait rapidement fait face ainsi que les photos prises sur les lieux du massacre.  Même maintenant, l’ancien Serpentard se souvenait encore parfaitement dans les moindres détails de la disposition des meubles à celle des corps. La dernière avait été celle qui lui avait été promise. Rusée, cynique, blessée, enragée et … atrocement courageuse pour une serpentarde, la jolie blonde avait vainement tenté par deux fois de lui lancer un impardonnable. Le plus impardonnable des impardonnables : l’avada. Risible quand on savait qu’elle avait ainsi gâché non pas une fois mais deux fois une chance de s’en sortir. Ne s’était-il pas montré clément en lui permettant de l’attaquer trois fois sans esquisser le moindre mouvement ? Et dire que cette idiote les avait ainsi utilisés !

D’un mouvement sec et brusque, Ulrich avait finalement refermé le dossier qu’il avait laissé là. Un coup d’œil à l’horloge lui avait appris qu’il était l’heure pour lui de regagner l’étage supérieur pour le petit déjeuner. Sa cadette n’aurait pas manqué de s’inquiéter à tort et à travers de son absence. Remonter à l’heure et être présent lors de ce type de moment étaient devenu une routine pour le jeune homme. Même lorsqu’il quittait sa demeure, il ne manquait aucun des événements habituels. Ca lui évitait les questions et les craintes que la jeune femme aurait tôt fait d’avoir.

Une fois les jumeaux partis, le jeune homme s’était dirigé vers la crypte familiale.  Ce jour-là était l’un de ceux de repos qu’il avait à disposition. Bien que peu enclin à les utiliser à la légère, Ulrich avait cependant choisi de s’en octroyer un. Ces dernier temps, un courrier important devait arriver. Connaissant son interlocuteur, il en avait déduit que la missive lui parviendrait sans aucun doute ce jour et il tenait à être là pour la recevoir. Son cadet ne se serait pas risqué à ouvrir son courrier personnel. Il connaissait trop bien le tempérament de l’ancien Serpentard et ce qui en aurait découlé s’il s’y était essayé. Ce n’était cependant pas toujours le cas de Kathrina. Même si la jeune femme avait appris à éviter de se mêler de ses affaires au risque de provoquer une colère qu’elle ne supportait pas de voir tournée vers elle, il lui arrivait encore parfois lorsque la tentation était trop forte et l’écriture de l’expéditeur inconnue de se permettre une vue sur ses correspondances ce qui ne manquait pas d’attiser une colère grandissante du brun.

Après avoir rendu une visite à Susan, Ulrich avait donc regagné le salon où Kratos, leur elfe de maison, l’attendait muni d’un parchemin cacheté. Nul doute que son intuition avait été la bonne.
Remerciant la créature qu’il congédia d’un signe de tête, le seau fut rapidement brisé tandis que ses yeux sombres parcouraient avec avidité le contenu.

 -  Il refuse de me donner le moindre nom de loup-garou ? Craindre d’être inculper ?, s’écria-t-il avec colère.

Son correspondant dont il attendait visiblement un nom précis lui permettant de préparer la mise à exécution de son plan visant à le transformer en semi-loup, s’était rétracté, craignant visiblement de tombé dans un piège du Magister qui l’accuserait et le condamnerait.

 -  De gré ou de force, j’aurai ce nom…, éructa-t-il en lançant le parchemin dans le feu.

Car de gré ou de force, cette transformation en semi-loup lui semblait nécessaire ! Devenir loup-garou avait bien trop de désagrément pour l’intéresser. L’être à moitié, par contre, revêtait, à ses yeux, des avantages certains. Le tout était de trouver un loup capable de se contrôler assez pour le transformer.
Kathrina n’y verrait que du feu comme tous les autres d’ailleurs…

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