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sujet; les oiseaux en cage
MessageSujet: Re: les oiseaux en cage   les oiseaux en cage - Page 2 EmptySam 4 Avr 2015 - 20:08

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Il voit le changement dans son visage, dans ses yeux devenus violets, dans le brun de ses cheveux qui vire brusquement de ce même violet agressif – comme si elle est devant un fantôme, non, un monstre. Ce qu'il voit dans ses yeux alors qu'elle s'écarte brusquement, c'est la terreur, la peur. Il peut la toucher, la prendre. Les notes du piano tremblent, ratent, fausses notes qui marquent cet instant où la femme s'enfuit pour aller se réfugier dans son verre de whisky, sous son regard atterré, surpris. Il n'a pas tenté de la retenir. Ça aurait été inutile.
Elle tremble de tous ses membres, alors qu'elle se sert un autre verre, et Davius reste immobile, loin d'elle, près du piano, à la regarder faire. La musique a repris son rythme, plus doucement cela dit, plus bas encore, comme si le volume avait été subitement baissé. Par prudence, il reste loin. « Vous ne pouvez pas. La connaître ? Que ne peut-il pas ? E-Excusez-moi. »

Pas d'autres bruits dans la maison que sa voix incertaine, que le piano, que son souffle désordonné. Pas de bruit de pas, pas de petite Elsa inquiète. Ils n'ont pas réveillé la petite.

C'est seulement une fois qu'elle est assise qu'il se rapproche, reprenant son verre en main au passage. Ses bras croisés sur sa poitrine; position de protection. Elle a encore peur, même si la chose est moins vive. C'est à elle d'être un animal aux aguets. Il se pose dans le canapé avec prudence, proche d'elle cette fois-ci. Il termine son verre, s'en ressert un autre, verse un peu d'alcool dans le verre d'Elphaba. Même si elle vient de se vider un verre et demi de whisky à une vitesse plutôt admirable. Sans sourciller, en plus. « Vous devez être déçu. » Un hochement de tête négatif comme réponse. Déçu n'est pas le mot. Fâché, oui. Fâché qu'il soit arrivé quelque chose, il en certain, et que ce quelque chose, cet accident, ait eu tant de répercussions. Sans qu'il sache tout à fait exactement lesquelles, ni la réelle nature de l'incident. La frustration de celui qui n peut pas avoir de réponses à ses questions. Qui ne se doute même pas de ce qui est arrivé. « J'ai gâché le romantisme. » L'accent est plus fort – il est français, voilà, c'est Vincianne qu'il entend rire avec ce même accent, dans ses souvenirs, et il s'en veut de ne pas l'avoir reconnu plus tôt. Seulement, chez l'insurgée, l'accent est affiché avec fierté – chez Elphaba, il est effacé, avalé, caché sous l'accent britannique parfaitement assimilé. Avec seulement cette pointe qui le rend juste assez étranger. « Vous n'avez rien gâché du tout. »

Il regarde le fond de son verre. L'instant s'est rompu, il est vrai. Ce n'est pas plus mal, cela dit... il avait l'impression que son cœur allait arrêter de battre à force de se débattre. Il a déjà moins chaud, même si ses paumes le démangent encore. « C'est plutôt moi qui ait gâché votre soirée avec votre fille. » Même si elle est habillée pour sortir et non pas pour jouer. Davius relève les yeux, les laissant tomber sur la robe noire, sur les talons hauts, sur (les jambes, les bras, la poitrine cachée, le cou gracieux, les poignets minces, la bouche en moue gênée et nerveuse) son visage finalement. Ses yeux, encore. Toujours violets, ses iris. « Vous savez désormais qu'en plus d'être idiot et orgueilleux, je suis égoïste et irréfléchi. » Un rire un peu incrédule. Joli combo. Il n'a définitivement rien pour lui. « Je devrais... partir. » Il a eu sa danse, après tout, il a obtenu ce qu'il n'était pas du tout venu chercher, le fruit d'une inspiration subite. Le sorcier en est heureux, malgré la fin de leur danse en queue de poisson. Il aurait aimé la terminer convenablement, mais il n'y a rien de bien convenable cette nuit.
Davius doit partir. Il n'aurait jamais dû venir.
Il ne parvient pas à le regretter.
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MessageSujet: Re: les oiseaux en cage   les oiseaux en cage - Page 2 EmptyDim 5 Avr 2015 - 13:52

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Les oiseaux en cage



« Wherever there are birds, there is hope » ♱
- Mehmet Murat ildan.

« Je devrais... partir. » Elle n’a rien dit, repliée sur ses pensées tortueuses dont il la sort par son rire. Depuis combien de temps n’avait-elle pas entendu le rire d’un homme, un rire non-feint pour lui plaire ? Il est nerveux. Pourquoi ? Elle ferme les yeux. Ca dure une longue minute. Une longue minute avant que le mauve et le blanc ne s’effacent pour retrouver le brun que n’importe qui qualifierait de naturel. Un naturel qui n’est évidemment pas le sien ; elle n’avait pour nature que l’absence, désormais. Elsa témoignait d’un naturel plus coloré, excentrique, comme elle autrefois, petite fille. « J’ai oublié qui je suis. » Ca n’est pas une réponse, c’est un constat et, en quelque sorte, une opposition à son départ. Elle serre ses doigts autour du verre. « Vous savez, vous, qui je suis ? » Il avait l’air plus conscient de son propre esprit qu’elle-même.

Une gorgée, et le verre sur la table basse. Ses yeux bleus sur son visage. « On dit que je suis une séductrice.. » Que son sourire malicieux les fait fondre, que son minois est aguicheur, toujours. On dit beaucoup de choses sur l’auteure, lui inventant un bonheur inexistant qu’elle ne dément jamais, parce que c’est inutile, parce qu’elle préférait taire les douleurs, finalement réduites au silence par l’amnésie. Elle se lève, va finalement s’installer près de lui, trop près. Un baiser sur sa joue. « Est-ce que je suis une mauvaise personne ? » Ses doigts autour de ceux de l’homme, une recherche de contact, de vérité. Ou une seconde nature, charmer pour se protéger. Charmer pour ne pas vraiment se dévoiler, ou plutôt ne dévoiler que ce qu’elle entend offrir, jamais plus. Jeune dame sans visage, sans vrai visage, sans cesse falsifiée, remodelée, cachée derrière les masques de mensonges désormais trop nombreux.

« Quelqu’un vous attendrait-il, dans le camp opposé ? » Il a dit être veuf mais rien ne prouvait qu’il n’ait pas une histoire, récente, des projets, un nouvel amour, une connerie du genre. L’amour n’existe pas vraiment. Il est toujours souillé, un jour ou l’autre, comme elle, abîmée. Elle retourne la main masculine pour en trouver la paume, suivre les lignes de la peau. « Rosaline, ma mère adoptive, adorait lire le destin des gens sur leur épiderme. » Un art approximatif que la pauvre femme ne maîtrisait pas, qu’elle se plaisait à pratiquer pour les mondanités, amuser, échanger. « Voyons un peu.. »

Une caresse le long des lignes, ses doigts se promènent avec habileté, douceur aussi. La métamorphomage esquisse un sourire, taquine, tentant peut-être de détourner la gêne de cette danse avortée. Quelle idiote, accorder une danse près de ce piano maudit. Perturbée par un simple instrument de musique. « Je vois.. que vous allez rester dîner. » Et ça n’était pas négociable. Absolument pas. Le contact se rompt, lui permettant de se lever, dans un frottement de tissu, témoignage s’il en fallait de l’aspect onéreux de sa tenue ; elle était vêtue pour dîner, elle allait donc suivre les apparences. De plus, Llewellyn devait avoir faim.

Il avait écrit sur la page ensorcelée, elle lui devait assistance.
Elle savait cuisiner, pas par passion mais par obligation, parce qu’Alexander l’avait ordonné, parce que son éducation avait fait d’elle une petite dame. Une petite dame qui terminait sa vie dans une soumission permanente à des convictions, des conventions qui ne voulaient pourtant rien dire à ses yeux, des paradoxes. S’étant dirigée vers la cuisine, plus équipée que nécessaire, elle entreprend de cuire un peu de viande et du riz, songeant que ce serait plus consistant et utile que des légumes. Soyons pratiques. Il ne pourrait pas fuir cette proposition, si ? Quand bien même elle se mettait en danger. Il n’avait pas l’air sur le point de l’égorger, quoi qu’il en soit.

« Voulez-vous sortir le vin ? » Derrière le bar élégant et noir du salon. Autant ne pas faire les choses à moitié, même si l’aspect raisonnable s’était envolé après les dernières gouttes de whisky. Le vin, c’était mieux pour un repas.

* ; français.
(c) AMIANTE

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MessageSujet: Re: les oiseaux en cage   les oiseaux en cage - Page 2 EmptyDim 5 Avr 2015 - 19:08

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Davius a observé avec fascination le retour au brun des cheveux d'Elphaba. Il a déjà vu Vincianne changer d'apparence (comme la fois dans la forêt, quand elle avait pris ton visage, Davy), mais c'était instantané, en un clin d’œil de malice; Elphaba, quant à elle, se concentre réellement. Comme si cela lui demandait un effort supplémentaire. Le triste constat que la jeune femme fait le sort de sa contemplation : « J'ai oublié qui je suis. Vous savez, vous, qui je suis ? Je ne sais plus. » L'Auror n'a jamais su. Peut-être ne saura-t-il jamais ?

« On dit que je suis une séductrice. » Aucune réponse ne vient accueillir cette hypothèse. Il n'a pas de difficultés à la croire. Il est sur ses gardes quand elle se lève de son fauteuil et qu'elle vient s'asseoir près de lui, juste à côté. Un baiser sur sa joue – un frisson le parcourt aussitôt, faisant se hérisser les cheveux courts sur sa nuque. Les doigts qui se glissent dans les siens n'arrangent rien, alors qu'il n'ose aucunement se séparer de cette main (comme si tu le voulais). « Est-ce que je suis une mauvaise personne ? Non. » La réponse est étranglée, murmurée. Impossible de produire un son plus audible que cela. Est-il intimidé ?
C'est sans aucun doute ridicule, mais il est tant pris au dépourvu qu'il ne sait plus quoi faire, comment réagir. Davius a eu le dessus en venant ici sans prévenir, en lui proposant cette danse si près du piano (un accident), mais les rôles se sont inversés et c'est désormais Elphaba qui mène la danse.
Il serre les doigts minces entre les siens. Réflexe. Contact doux et chaud. « Quelqu'un vous attendrait-il, dans le camp opposé? Personne. Nulle part. » Pas dans ce sens-là. Personne qui puisse réchauffer un lit, ou un cœur. Des amis, certes, des ennemis, même, des alliés, mais quelqu'un... certes non. Certes pas. Sa main est retournée, la paume exposée – ses lignes creuses, les marques discrètes de brûlure, les cicatrices, les écorchures, les cals de celui qui vit de ses mains. « Rosaline, ma mère adoptive, adorait lire le destin des gens sur leur épiderme. Voyons un peu... Je vois... que vous allez rester dîner. » Dîner ? Elle se lève, délaissant sa main et ses caresses, disparaissant à la cuisine dans le frottement de sa robe. Il baisse la tête pour se regarder, tentant d'évaluer s'il est présentable – s'il peut dîner, dans ces circonstances. Comme si cela importait en un quelconque sens. Il décide que sa chemise est assez propre, malgré les traces de sang qui ont refusé de partir du col, que son pantalon est peut-être le moins usé qu'il a dans ses effets personnels, que ça va, il peut dîner avec une femme dans ces circonstances.
Impossible de refuser, de toute façon. C'était une déclaration, pas une proposition. Il dînera, donc.

La voix de la jeune femme lui parvient : « Voulez-vous sortir le vin ? » Du vin. En plus du whisky. Il tient l'alcool, mais il a maigrit, depuis le temps, il n'a plus la tolérance d'avant, et il mange si peu. Possible que la chaleur qu'il ressent depuis tantôt soit cette fois imputable à l'alcool qui fait son effet.

Il se lève posément, termine son verre de whisy d'une traite et sort une bouteille de vin du bar élégant – la viande fait remuer son estomac (bon sang, qu'est-ce qu'il a faim) et il penche pour un rouge. Toujours plus consistant, solide, qu'un blanc. Il accompagnera mieux la viande (et le riz, n'est-ce pas cela qu'il sent ?). Un Accio coupes de vin fait venir à lui deux coupes et il débouche la bouteille avec habileté, sans y réfléchir, pris d'anciens réflexes (comme si rien n'avait changé, comme si tu étais chez toi). À peine un fond dans sa coupe, pour qu'il goûte le vin. Excellent. Comme si une seule bouteille dans ce manoir pouvait être mauvaise... Davius remplit les deux coupes. Il sifflote, suivant les notes du piano, et apporte son verre à Elphaba, le déposant sur le comptoir, à portée de ses doigts. Sa main glisse, effleure la taille de la jeune femme, se pose dans le bas de son dos, caresse furtive avant qu'il la retire, gêné par sa propre audace. Davius Llewellyn, timide ? C'est rare.

« Vous êtes surprenante. C'est le moins qu'il puisse dire. C'est quelque chose qu'il apprécie. Et séductrice... c'est à vous de décider si vous l'êtes. Tentez-vous de me séduire ? » L'idée lui paraît tellement improbable, mais son sourire s'est élargi. Amusé, séduit, peut-être, charmé, sans doute. Davius est un idiot qui n'a jamais su mentir, qui n'a aucun contrôle sur ses sentiments, sur ce cœur qu'il veut dur et qui n'est que trop ouvert, que trop avide de retrouver tout ce qu'il a perdu. L'alcool lui rend définitivement la tête légère. « Vous me plaisez. Vous me surprenez. J'avais... envie de vous rencontrer depuis des mois. Je ne suis pas déçu. » L'alcool le rend bavard. Tendre.
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MessageSujet: Re: les oiseaux en cage   les oiseaux en cage - Page 2 EmptyLun 6 Avr 2015 - 3:19

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Les oiseaux en cage



« Wherever there are birds, there is hope » ♱
- Mehmet Murat ildan.

Personne ne l’attend. Nulle part. Ca trotte dans sa tête tandis qu’elle entreprend de cuisiner quelque chose de consistant et, si possible, agréable à manger. Perdue dans ses pensées, elle ne l’entend pas approcher, pas plus qu’elle ne peut anticiper un mouvement ; le contact sur sa taille lui arrache un sursaut d’angoisse, la poussant à se refermer, à lâcher tout semblant de contrôle. La peur, celle dont on a l’habitude, celle qui neutralise la raison, entraîne l’obéissance. La peur de l’animal maltraité. C’est ce qu’elle est, par tous les pores de sa peau, jusqu’à la racine de ses cheveux : une créature retranchée dans ses instincts de survie les plus primaires. Ca n’est pas Alexander. Respire, ça n’est pas lui. Le souvenir est trop présent, quand bien même elle ait changé de demeure, quand bien même elle n’ait jamais vécu avec lui dans ces pièces, c’est comme si elle y avait traîné son fantôme. Mais elle se redresse, inspire, ne laissant pas l’ombre peindre ses traits trop longtemps : cacher, ça faisait aussi partie de l’exercice. « Vous êtes surprenante. » Ah bon ? Peut-être. Elle ne sait pas vraiment. Alexander disait, au travers du flou de sa mémoire, qu’elle était surtout déviante, les principes mal assimilés, l’éducation à refaire. Mais peut-être qu’il lui avait affirmé la même chose, au début, avant le mariage, avant Elsa ; qu’elle était surprenante, si peu commune. « Et séductrice... c'est à vous de décider si vous l'êtes. Tentez-vous de me séduire ? » « Vous êtes un homme peu fréquentable.. » Sa voix a tremblé. Elle la voulait mystérieuse, joueuse, mais l’accent a trembloté dans son timbre, dans son intonation. Trahie par ses sens, par sa parole. Remets toi, ça n’était qu’une impression. « Vous êtes peut-être mon type d’homme.. » Là, c’est mieux. Plus naturel, l’accent plus effacé, le corps à nouveau dompté. Elle ne veut pas qu’il voit, elle ne veut pas que son passé lui crève les yeux. Pas elle, pas cette jeune femme si sûre, si mutine, qui ment au monde entier sous les flash des photographes. Alors elle fait comme si de rien n’était.

« Vous me plaisez. Vous me surprenez. J'avais... envie de vous rencontrer depuis des mois. Je ne suis pas déçu. » Pourquoi est-ce qu’elle lui plaît ? Elphaba se pose la question. C’est étrange, de plaire à quelqu’un, comme ça, qui ne sait rien au fond, de soi. Une drôle de sensation, lointaine, qui la pousserait presque à en jouer, si elle n’était pas occupée avec la viande, avec le riz. « Parce que j’écris bien ? » Objectivement, sans orgueil aucun, elle écrivait bien. Ca l’embêtait un peu, d’ailleurs, car beaucoup ne se rendaient pas compte qu’elle n’était pas juste ces mots sur ces pages, juste ces personnages romanesques, tragiques, beaux ou détestables. Elle était quelqu’un dans la vie, pas le reflet d’un fantasme. A moins que le fantasme ne soit devenu elle. Il n’y a pas de photo de son enfance, elle n’est pas certaine que son visage ne soit pas celui qu’a désiré Reid, une fois propriétaire de son être tout entier.

Les plats sont posés sur la table grise, stratifiée, elle place les couverts avant de finalement consentir à le regarder. Elle avait retrouvé sa contenance, ses esprits, elle pouvait donc replacer ses pions sur l’échiquier de leurs échanges. « Est-ce que c’est parce que je suis interdite, que je vous plais ? » Interdite, c’est vrai. Comme il lui est interdit, par ailleurs. Deux camps, une collabo, un indésirable recherché, une partie de cartes dangereuse. Parce qu’il est là, tout l’intérêt : ce danger. L’idée même est déjà un danger. Elle s’approche, le contourne, le frôle même mais s’échappe calmement vers le salon où elle récupère son carnet noir et sa plume à papote ; elle ne s’en sépare jamais, au cas ou, si quelque chose d’important était à noter pour ne pas oublier. Elle joue sans doute sur la corde de la frustration par nature, parce qu’elle a toujours été un peu comme ça, taquine et infernale, joueuse et aguicheuse, provocatrice et grinçante. Une teigne. La France exportait les teignes. La teigne d’avant le mariage, cela dit, car avec la gente masculine, la corde au cou l’avait assagie : le risque de mourir sous la jalousie avait été trop grand. Quelle colère n’avait-elle pas essuyé après avoir osé un brin de proximité, pour l’image, pour les médias, un collègue, un concurrent, un journaliste ? Il voyait toujours l’infidélité où n’était que le marketing, car bien que tentatrice, Elphaba n’avait jamais été infidèle. La plume et le carnet posés, elle attrape son verre de vin, un sourire au bord des lèvres. Alors, monsieur Llewellyn, aurez-vous la bonne réponse ? « Mangez, vous en avez besoin. » souligne-t-elle en prenant place. Heureusement qu’elle n’avait pas encore pris de repas, c’aurait été gênant de le regarder, seul avec une assiette. Et un tellement moins bon prétexte.

* ; français.
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MessageSujet: Re: les oiseaux en cage   les oiseaux en cage - Page 2 EmptyLun 6 Avr 2015 - 15:08

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L'alcool lui fait la tête légère, mais l'accent français est trop audible dans la réponse d'Elphaba (« Vous êtes un homme peu fréquentable ») pour qu'il l'ignore. Une carapace. Un moyen de défense. Il ne peut pas croire à sa reprise. À son « Vous êtes peut-être mon type d'homme », qui sonne si peu vrai lorsque prononcé avec son accent typiquement londonien. Il n'est pas dupe. Réchauffé, c'est certain, joyeux, bien sûr, mais les réflexes ne sont pas encore tout à fait émoussés.

La jeune femme dresse les assiettes, il se force à ne pas les regarder avec un air d'animal affamé. Pourquoi lui plaît-elle ? « Parce que j'écris bien ? C'est un élément de réponse. Incomplet. Entre autres. » Davius n'a jamais été un grand amateur des monologues et des discours, des explications non plus, mais il sait bien pourquoi cette femme lui plaît. Même si, dit ainsi, il y a toujours ce sous-entendu physique qui l'agace. Ce n'est pas... ça. Non ?
Les assiettes sont placées sur la table, fumant, et le tiraillement de son estomac se fait plus présent, jusqu'à être réellement douloureux. « Est-ce que c'est parce que je suis interdite, que je vous plais ? » Oh, Merlin. Non... tout de même pas. Non ? Davius veut penser qu'il est plus adulte, mature et avancé que cela, mais qu'elle l'ait dit le pique légèrement. Comme si elle avait raison. Il s'y refuse. Merlin. Le frôlement le fait frissonner et il va s'installer de lui-même à la table, la coupe de vin dan sa main – il emporte la bouteille et la dépose entre eux, incitation à la terminer. Il devrait arrêter de boire tout de suite, avant d'être malade (ne jamais boire sur un estomac vide), ou d'être complètement défoncé.

La brune revient, finalement, et prend place à la table. Tant mieux. Manger seul... non merci. Il le fait bien assez. « Mangez, vous en avez besoin. » Il a tellement faim. La dernière fois qu'il a mangé ce qui s'apparente à un vrai repas, à quelque chose de préparé pour lui, qui tient un tant soit peu... c'est chez Nyssandra. Les sandwichs au saumon, les scones tartinés de confiture, le thé chaud avec une lampée de whisky. Souvenir qui le réchauffe avec contentement, alors qu'il prend une première bouchée de riz.

Nyssandra. Une réelle alliée.

Davius se force à penser à la Ollivander pendant qu'il coupe la viande, pendant qu'il la mange avec prudence, comme si elle était empoisonnée, alors qu'il a bien vu Elphaba la préparer. À leur échange dans le cottage de Lake District. Une réelle alliée. Ce que la Française n'est pas. N'est plus, se corrige-t-il. Elle l'a déjà été, son esprit ne lui a pas joué de tels tours pendant des mois, mais elle ne l'est plus, pour une raison ou pour une autre. Est-ce la proximité de cette plume à papote qui le rend à nouveau nerveux ? Ses yeux pâles se posent sur l'objet, y rattachant (Rita Skeeter, cette harpie qui détestait avec tant de vigueur le bureau des Aurors et qui était infoutue d'écrire son nom correctement, y ajoutant des R et des L en pagaille) des souvenirs peu agréables. La plume n'écrit pas, ne trace aucune ligne sur le carnet fermé. Il reste tendu, les épaules crispées. La viande est bonne, le riz également, la fourchette tremble entre ses doigts. Il mange poliment, pas trop vite, chaque bouchée calmant son corps. Sa voix, aussi, plus paisible et maîtrisée, plus proche de son ton habituel : « Vous me sembliez être une personne audacieuse et frondeuse, des qualités que j'ai toujours apprécié. Intelligente. Réfléchie, pour une femme aussi jeune, même si... impertinente. Le mot n'est pas une insulte, pourtant, un simple constat. Vincianne est impertinente – non, Vincianne est irrévérencieuse, une vraie emmerdeuse, mais il l'apprécie bien quand même, alors l'impertinence est du pipi de Fléreur à côté d'elle. Je ne suis pas quelqu'un qui s'arrête à l'interdit, depuis quelques années. » L'interdit ne le dérange plus – les Impardonnables ne sont pas dans la même catégorie et de ces réflexes, de certains axes de sa moralité, il n'a pas réussi à se départir. Ce n'est pas la même chose. Même si cette affirmation a quelque chose d'un mensonge dans sa bouche.
Il s'arrête à l'interdit. À l'impardonnable. À l'immoral. Il tue, oh oui, il détruit, il brûle, il est en fuite, en chasse, il est un ennemi public, mais ses barrières ne sont pas entièrement tombées. Même les Mangemorts n'ont pas réussi à tout détruire.
Le presque mensonge a fait prendre à son visage une expression un peu terreuse, absente, et les dents de sa fourchette chassent les grains de riz sans qu'il le voit. C'est après un silence, quelques bouchées bien mâchées, bien avalées, et une longue gorgée de vin, qu'il se reprend : « Je ne peux jamais résister à un défi. » Comme pour le rappeler. À elle comme à lui. Comme une vraie réponse. Le regard s'est éveillé à nouveau, le sourire est à nouveau une ombre (un animal qui n'est pas encore en sommeil, qui veille, la surveille, attend le moment pour bondir, réagir).

Aucun contrôle. Sur rien.
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MessageSujet: Re: les oiseaux en cage   les oiseaux en cage - Page 2 EmptyLun 6 Avr 2015 - 17:06

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« Wherever there are birds, there is hope » ♱
- Mehmet Murat ildan.

« Vous me sembliez être une personne audacieuse et frondeuse, des qualités que j'ai toujours apprécié. Intelligente. Réfléchie, pour une femme aussi jeune, même si... impertinente. » Elle veut bien le croire. Avant, avant, toujours avant. Oh bien sûr, pour les médias, elle n’a pas changé de caractère, elle a toujours les mots pour les journalistes, ça fait partie d’elle, ça fait partie de ce qu’elle est, son image. Quelle image ? Si elle savait. Sa fourchette dans le morceau de viande, qu’elle mange d’un air distrait. Elle essaye de se souvenir pourquoi tout ça. Parfois, elle a l’air de complètement déconnecter de la réalité. Elle a envie de demander si il connaît Vincianne. Maman, l’est où tante Vinci-anne ? Mais elle ne veut pas. Elle ne veut pas qu’il la voit comme elle, qu’il lie les françaises, qu’il comprenne. Elle ne veut pas se mettre en danger car, pour la Lancastre, rien ne valait plus que la fidélité à son pays ; Elphaba avait trahi la France. Ca non plus, elle ne sait plus pourquoi. C’est bizarre, elle était pourtant sûre d’avoir songé à rentrer et finalement.. stop. Le mur flou se dresse entre elle et sa mémoire. « Je ne suis pas quelqu'un qui s'arrête à l'interdit, depuis quelques années. » Son regard est blanc, dérangeant, si délavé qu’on supposerait presque une absence totale de couleur - une sorte de gris extrêmement pâle. Sa métamorphomagie ne cesse de témoigner du trouble, elle en a une meilleure maîtrise, d’habitude ; cet homme la perturbe. Manger le riz, sans vraiment y faire attention. Manger, pour faire quelque chose, pour avoir l’air d’être là, au moins physiquement.

« Je ne peux jamais résister à un défi. » Il a raccroché son attention, avec son sourire ombrageux. Attraction. Et ses pupilles redeviennent bleues. Un tableau, elle est indéniablement un tableau. Peinture imparfaite. « .. Un défi.. Mh. » Sa jambe qui glisse, sous la table. Frôlement. Est-ce qu’elle le défi de résister ? Ou, au contraire, d’attraper la perche ? Son escarpin contre la jambe, mutine jusqu’à son sourire en coin, jusqu’à cette fourchette qui vient glisser entre ses dents. Elle retrouve toutes ses couleurs, tout son éclats ; vilaine fille.

Trouvez-moi.

Dans quel sens ? Dans quel but ? Son époux est décédé depuis décembre et elle n’a fréquenté que la haute société, les dignes partisans du Lord, de ce Magister de talent. Est-ce que son coeur bat juste de défis ? Elle aimait les hommes. Les femmes pour jouer, mais beaucoup plus les hommes. Il avait la carrure, le petit truc en plus. Le petit détail sombre qu’il dégage. L’interdit, le danger. La solitude, le vrai. L’éclat des jours heureux, empreints de liberté. Deux abandonnés sur les rivages de la guerre, la moitié d’eux-mêmes arrachée sans pitié - quoi qu’une délivrance, pour elle, malgré sa difficulté à accepter qu’elle n’était pas vraiment heureuse, juste.. soumise. Objet de ses désirs à lui, à lui. Elsa n’avait été qu’un déclencheur, un explosif dans son existence, révélatrice des travers d’un mari incapable d’accepter, de tolérer - il n’avait pas supporté les inconvénients de la grossesse comme il n’avait pas supporté, au changement de gouvernement, de n’être qu’un vulgaire sang-mêlé. Peut-être aurait-il été autre, sans tout ça. Il l’aimait, avant, n’est-ce pas ?

« Comment dit-on.. ? Self-control ? » Elle le nargue. Diablement. Le contact s’efface, elle retire sa jambe, la croise sur l’autre, par réflexe - on est féminine ou on ne l’est pas. Un repas presque calme, une gorgée de vin, la plume immobile, le carnet fermé - ça n’est qu’une assurance, pour se calmer, pour être sûre d’avoir de quoi noter si ça tournait mal ; pas comme la dernière fois, l’angle du piano. « Être insurgé en demande, je me trompe ? » Taquine. Jusqu’où pousser le vice ? Elle oscille entre deux personnalités distinctes, entre l’Elphaba originelle et les traumatismes latents. De quoi lui faire perdre le fil.

* ; français.
(c) AMIANTE

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MessageSujet: Re: les oiseaux en cage   les oiseaux en cage - Page 2 EmptyLun 6 Avr 2015 - 20:57

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Les yeux redeviennent d'un bleu éclatant – il est désormais sûr et certain que ce n'est pas leur réelle couleur. Qu'elle s'efforce de la prendre par habitude, comme un masque qu'on enfile sans y penser. Elle ne la perdrait pas si rapidement, sinon. « ... Un défi... Mh. » Commentaire qui n'en est pas un. Le contact de son escarpin contre sa jambe le surprend, mais il retient son sursaut – crispe ses main sur les couverts, dans un geste qui n'a absolument rien de naturel. Il se force à ne pas réagir. À ne pas laisser autre chose qu'un sourire plus franc apparaître sur ses lèvres.
Elle joue. Il aime jouer. Il y a tout de même quelque chose qui sonne faux (et le piano de manquer une note, à ce moment, comme l'esprit de Davius).
« Comment dit-on..? Self control? » Self control. Deux mots qui n'ont jamais su s'accoler à son nom, à sa personne. Il était meilleur, jadis, quand il était plus jeune, quand tout était en ordre. Même sa magie. Capable de se passer de sa baguette. Maintenant... bon à rien. Il en a l'impression, parfois, l'impression d'avoir horriblement régressé, de devoir tout recommencer. Une frustration de plus. Il hausse un sourcil amusé, prend une autre bouchée de viande pour ne pas penser à ce pied qui l'effleure et qui finalement se retire. Il ne réagit pas pour lui montrer qu'il peut tout à fait ne pas réagir. Jouer avec elle.
Rapace solitaire et nocturne. Prédateur sans en avoir nécessairement l'air. Vulnérable malgré tout. Que cette lueur maligne dans le regard, cet instinct infaillible, ces sens aux aguets, ces muscles prêts à bondir.

« Être insurgé en demande, je me trompe ? » Du self control ? Oh. Si elle savait... Cette fois, Davius ne peut définitivement pas retenir un sourire amusé, malicieux, qui le rajeunit brusquement. Pour ne pas décimer la poignée d'imbéciles qu'il se colle, oui, ça prend beaucoup de contrôle sur soi. Pour ne pas effectuer que des actes suicidaires également. « Je suis très loin d'être un modèle. »

Par Merlin, il a déjà coupé le bras de quelqu'un qui l'agaçait.
Et foutu un coup de pelle au visage d'une personne qui est une de ses très proches alliées, une des meilleures, sans doute même sa préférée.
Qu'on ne vienne pas lui parler de contrôle.
Si elle savait.

Il se verse à nouveau du vin, remplit la coupe d'Elphaba. Il a la main lourde sur l'alcool. Il l'a toujours eue, avouons-le, et n'a jamais refusé un verre de whisky, une bière ou une coupe de vin. Contre ses principes, qu'il a toujours blagué. Cette soirée ne change pas. « Ça demande surtout du cœur. Beaucoup. Presque trop. Du cœur au ventre, du cœur à l'ouvrage. Du front, de l'audace... mais du contrôle ? » Le front, l'audace. Comme il a mentionné apprécier. Ce n'est pas pour rien. Le sorcier se trouve soudainement bien loin de son hôtesse de la soirée, ainsi en face d'elle, à peine de biais. Ce serait étrange, de changer de place... Il le fait, pourtant. Il a terminé de mangé (ça l'a calmé) et il se permet donc de déplacer sa chaise jusqu'à se rapprocher d'elle, prenant une posture plus détendue une fois qu'il est à nouveau assis. Une gorgée de vin, sa coupe dans sa main; l'autre vient se poser, comme si de rien était, sur le  genou de la jeune femme, avant de légèrement remonter sur sa cuisse. Sa paume est brûlante, sa température corporelle n'a en aucun cas baissé. Le contact des bas est surréel sous sa peau, mais il se force à ne pas retirer sa main tout aussi vivement. « Il faut bien plus de contrôle pour survivre dans cette société, Miss Duchannes. » Un ton naturel, détaché. Le regard toujours brillant. La chair de poule visible jusque sur son cou.


Dernière édition par Davius Llewellyn le Ven 17 Avr 2015 - 2:52, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: les oiseaux en cage   les oiseaux en cage - Page 2 EmptyMar 7 Avr 2015 - 0:45

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Les oiseaux en cage



« Wherever there are birds, there is hope » ♱
- Mehmet Murat ildan.

Le bleu n’est pas naturel parce que ça n’est pas vraiment le sien, ou disons qu’elle n’a jamais vraiment fixé la nuance. Oui, petite, tout était bleu, de ses cheveux, de ses yeux, de ses cils, mais avec des nuances différentes, comme si rien ne pouvait les décider. Elle avait les yeux ciel, moins intenses que le masque qu’elle avait adopté, en fin de compte. L’état émotionnel actuel soulignait simplement la faille, le mensonge. Diable, rappelle-toi de tes leçons. Il se déplace, la rejoint. La main sur son genou, chaude, qui remonte sur sa cuisse. « Ça demande surtout du cœur. » a-t-il dit. Elle n’est pas certaine d’en vouloir à son coeur, en l’état. Est-ce que les hommes avaient vraiment un coeur ? Son père avait un coeur assez grand pour supporter sa mère mais ça n’était pas ses parents biologiques, ça n’était pas les mêmes moeurs, c’était la France. Les anglais avaient moins de manières. Davius n’était pas comme Alexander, à écouter son accent. « Du front, de l'audace... mais du contrôle ? » avait-il ajouté, peu avant de se déplacer. S’il n’avait pas de contrôle, est-ce qu’elle devait fuir, est-ce qu’elle devait se méfier de lui ? Pouvait-il lui faire du mal ?

« Il faut bien plus de contrôle pour survivre dans cette société, Miss Duchannes. » Un soupir. La société, oui. Le reste du monde. Ce monde qu’elle trahissait, là, en restant en contact rapproché avec l’indésirable recherché n°4. On lui avait raconté le duel avec le Magister, elle s’en souvient maintenant. C’était lui, qui avait osé. Elle ne s’était pas déplacée, elle ne savait plus pourquoi. « Elphaba. » le reprend-elle calmement. C’est à elle, de se contrôler. A elle, de se maîtriser. « Duchannes n’est pas vraiment un nom que j’affectionne. » Sa biographie officielle ne mentionnait pas l’adoption, pas plus que les véritables circonstances de son arrivée à Poudlard - on disait que sa lignée avait fait en sorte de l’envoyer dans la meilleure des écoles, parce que l’Angleterre s’enorgueillit vite des petits prodiges. Prodige de l’écriture, pas des notes, au vu de sa scolarité avortée avant la fin. Duchannes, elle l’avait gardé parce qu’elle n’avait pas les réponses à ses interrogations, à ses origines et Reid ne la satisfaisait pas. Pas pour sa profession, parce qu’elle n’avait pas voulu être la femme de cet homme jusqu’entre les lignes de ses romans.

« C’est de la folie. » Oui. Une véritable folie. Sa main sur sa cuisse, elle est chaude, elle est paradoxalement plutôt rassurante. Quelque chose la rassure. Quelque chose de lointain dans cette chaleur. Elle tourne les yeux vers lui. Il a quoi.. dix ans de plus qu’elle ? Vingt ans ? Elle n’arrive pas à savoir. Il a l’air d’avoir vécu tant de vies. Est-ce qu’on appelle ça l’expérience ? Elle a toujours préféré les hommes plus âgés, Alexander était son aîné de quatre ans, ça n’était presque rien en soi, seulement il était visiblement plus mûr, plus ambitieux, foncièrement plus avancé qu’elle ; un ambitieux gravitant autour des sommets de la société. Il avait la classe et le prestige. Davius Llewellyn avait l’obscurité inquiétante et les instincts. Est-ce que c’était l’obscurité ? Si son jugement n’était pas altéré, elle aurait considéré les faits sous un autre angle, plaçant ces deux hommes à l’exact inverse, Alexander vers la noirceur, Davius pour la bataille juste, la lumière.

Elle n’a pas bougé, l’a laissé reposer sur sa cuisse, comme si ça ne la gênait pas. Elle est un peu plus tendue, pourtant. « Mon mari m’aurait.. » Vide. Elle déconnecte. Encore. Elle donne l’impression d’être victime d’un sortilège défectueux et c’est un peu le cas : elle déconnecte dés qu’elle tente des révélations, dés qu’elle évoque ce qu’aurait fait ledit mari.. dés qu’elle entre en contradiction avec ses soi-disant principes. « Vous voulez un café ? » La jeune auteure ne paraît pas réaliser qu’elle n’a pas terminé sa phrase. Elle lui sourit, chaleureuse. Du grand n’importe quoi. Un automate dont les fils s’emmêlent pour rapidement être rééquilibrés. « Tout cet alcool, ça pourrait finir par vous obliger à rester vous reposer, ça n’est vraiment pas prudent. » Ouh. Visiblement, ça ne l’empêchait pas de jouer avec le feu.

* ; français.
(c) AMIANTE

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MessageSujet: Re: les oiseaux en cage   les oiseaux en cage - Page 2 EmptyMar 7 Avr 2015 - 1:56

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Sa main n'est pas chassée, mais la jeune femme est plus tendue. Il s'attendait à ce qu'elle se défile. Il n'en aurait pas été surpris. Qu'elle le laisse s'avancer ainsi, cela dit... « Elphaba. Oh. Il a donc désormais droit à son prénom. Duchannes n'est pas vraiment un nom que j'affectionne. » Un hochement de la tête, pour marquer sa compréhension. Il ne le fera plus. « Davius. » Comme il lui a dit dès qu'il a mis les pieds dans ce manoir – comme elle l'a demandé sur la page ensorcelée. Un prénom contre un autre.

« C'est de la folie. » Oh, ça... il ne peut certainement pas la contredire. Ses doigts tracent des cercles patients sur les bas, réchauffant la peau dessous, mouvements légers, effleurements qui n'osent pas remonter plus, même si l'envie est indéniablement présente. De plus en plus. Une nouvelle faim a pris la place de l'autre, plus sourde cette fois, une mélodie encore capable de se cacher sous les autres, qui n'a pas pris le contrôle de tout. Davius soutient son regard, comme s'il tentait d'y lire, mais il en est bien incapable. « Mon mari m'aurait... » L'absence, subitement – trop subitement. Au point que le sorcier lâché son verre de vin (l'alcool se répand partout, sur la table, son pantalon, sa chemise, le plancher) et sort sa baguette, par réflexe, la pointant vers un endroit où il n'y a personne. Où il pourrait y avoir un manieur de l'Imperium, un sorcier caché, quelqu'un qui les surveille, prêt à intervenir, où il a calculé qu'un homme, un policier, une femme, n'importe qui, serait.
Il n'y a personne. Ils sont tous les deux, seulement tous les deux. Son cœur bat vite, sa vision un peu embrouillée par l'alcool s'est brusquement éclaircie. « Vous voulez un café? Il tourne le visage vers Elphaba, encore déstabilisé. La baguette encore en main, en remplacement de sa coupe. Elle ne semble pas comprendre du tout. Ne semble s'être aperçue de rien. Son sourire est chaleureux, encore mutin. Qu'est-ce qui ne va pas avec elle, par Salazar ? Tout cet alcool, ça pourrait finir par vous obliger à rester vous reposer, ça n'est vraiment pas prudent. »

Elle doit être de mèche. Il ne voit rien d'autre. Il n'y a pourtant personne. Il n'a vu personne dans la maison, personne d'autre, il n'a pas rêvé non plus. On l'aurait attaqué bien avant, dès son apparition dans ce manoir. Il l'aurait senti.

L'Auror regarde sa baguette, toujours confus, se sentant idiot, sans répondre à l'offre de café. Non. Whisky, vin, café, non. Trop pour lui. Pas envie d'être malade. Un moulinet du poignet et le vin disparaît des différentes surfaces, mais il sait bien que sur ses vêtements, il va devoir le faire une fois de retour au campement. Quelque chose s'est brisé. Pas seulement sa coupe, qu'il répare d'un autre geste de sa baguette – il n'a même pas entendu le bruit du verre brisé. « Désolé. J'ai crû... … un geste de la main, avant qu'il range sa baguette à nouveau. ... rien. Pas de café. » Il n'est pas encore saoul. Une chance que son verre s'est renversé, en fait. Qu'il a mangé. La main baladeuse remonte plus haut sur sa cuisse, cette fois, vers son extérieur, puis vers son intérieur. Il inspire longuement, pour retrouver un calme qu'il avait enfin atteint, masse ses tempes de sa main libre, les yeux fermés. L'animal gronde. Il a bien faillit mordre, attaquer, il se retrouve sans proie, sans rien à attaquer. Que la faim qui reste, qui s'affirme. Ses yeux bleus se rouvrent pour se fixer sur la cuisse dénudée, la robe qui a remonté avec sa main, les bas toujours là, si mince rempart.

Il se rapproche d'elle, encore, la main se serrant sur sa cuisse. Son visage près du sien, ses lèvres près de son oreille, un souffle chaud. Le parfum de ses cheveux. Les frissons encore. Violents. L'accent se fait presque trop fort dans sa voix, dans son murmure caressant, autant que ses doigts brûlants trop hauts sur sa cuisse : « Votre mari est mort, Elphaba. Et j'ai envie de vous. Rauque. Le désir vibrant dans sa voix. Franc. Je ne joue plus. Je dois partir. » Laissez-moi partir. Je ne suis pas un homme de contrôle.
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MessageSujet: Re: les oiseaux en cage   les oiseaux en cage - Page 2 EmptyMar 7 Avr 2015 - 17:55

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« Wherever there are birds, there is hope » ♱
- Mehmet Murat ildan.

Contact chaud. Coeur qui cogne, qui cogne dans la poitrine. Mélodie languissante. La main sur sa cuisse, qui remonte. Elle n’a pas bien compris sa soudaine agitation, le verre renversé, la baguette en défense et à vrai dire, brusquement, elle s’en fiche. Il n’y a que la main qui remonte sur sa cuisse, la robe qui glisse, le contact plus ferme. Pas de café. Non. Un autre genre de dessert. Elle oublie ses principes, ses devoirs, ses obligations. Elle efface le monde dans la clarté des billes masculines qu’elle soutient sans trop de mal mais.. elle n’est qu’une enfant. Une femme-enfant, une femme-féline, une femme-joueuse, tout de même une femme si jeune, pour lui. Contrôle. « Votre mari est mort, Elphaba. Et j'ai envie de vous. »

Le changement est plus progressif, plus la proximité est grande, plus elle teinte, d’un rose foncé, un rose désir. Elle est trahie par son corps tout entier, par ce qui vient pulser contre son myocarde affolé, tenté, séduit. Le souffle contre l’oreille. Faiblesse. « Je ne joue plus. Je dois partir. » Elle penche la tête et la cascade rose glisse le long de son épaule, dégage son cou. Elle change de position, subtilement, sans un mot, sans protestation, glissant son autre jambe sur la main soudain emprisonnée. Elle le piège, là, contre la douceur de ses bas. « On n’a pas retrouvé le corps. » La réponse est indécente parce que ce qu’elle fait l’est, l’association de la mort et de ce désir avec lequel elle joue sans vergogne est indécent. Eros et Thanatos. « Vous êtes seul. » Qu’est-ce que ça veut dire ? Tout est rien. Il est seul prisonnier de son jeu, de cette toile dans laquelle, malgré tout, elle s’enferme, se piège. Il est seul dans la vie, surtout, plus susceptible de céder alors qu’elle n’est sans doute pas son genre. Non. Elle li lui imagine des femmes plus expérimentées, plus mûres, plus fortes, loin de cette tentatrice-soumise qu’elle est, en secret. On la pense plus libérée qu’en vérité. Plus assumée, en fin de compte.

Elle se penche, sans relâcher la main, sans laisser aux doigts baladeurs l’occasion de fuir, accentuant la cambrure de son dos par son geste - c’est compliqué, sujet à tension, de rejoindre son oreille. Il avait l’air plus près. Alors elle place sa paume sur son épaule, vient glisser, d’un murmure : « Vous êtes seul mais vous voulez vous échapper. » De la folie. Une folie trop primaire. Elle ne pouvait tout de même pas se laisser aller si facilement à des plaisirs interdits, à même ces lieux encore empreints des fantômes du passé, si ? Température en hausse. « Est-ce le rose, qui vous déplaît ? » La senteur de pêche de ses cheveux doit chatouiller ses sens. Elle sent le fruit, peut-être le bonbon, la sucrerie délicate. Résister. Elle ne bouge plus, s’y refuse, maintenant cette proximité dérangeante par les sensations qu’elle éveille. Dire qu’elle était une collaboratrice fidèle. Dire qu’il pourrait être n’importe quel homme bien et, qu’au lieu de ça, sans vraiment savoir pourquoi, elle se laissait aller à un tel jeu dangereux. Elle ne le connaît pas. Elle le connaît moins lui qu’il ne la connaît elle. Devoir assistance.

Elphaba n’a aucun moyen de nier l’effet qu’il lui fait, affiché par sa métamorphomagie, comme défaillance de la soirée. Il est tard, elle a un peu bu - un peu trop - et n’a pas la faculté de concentration nécessaire à être autrement. Elle voudrait bien changer, être une blonde ou une rouquine, comme il préfère, se perde comme une autre personne, s’oublier, sans visage, contre lui. Elle pourrait, si elle retrouvait son intégrité psychique. Elle pourrait, si elle retrouvait les morceaux éparpillés de son apprentissage. « Vous êtes libre de partir. » Mouvement. La prison de soie libère l’homme, et ce sont ses lèvres qui viennent tisser un autre jeu. Un jeu d’adieux ? Un baiser au coin de ses lèvres, doux. Elle est douce, Elphaba. Elle montre de la tendresse, de la délicatesse. Elle n’a pas la sauvagerie féline qu’on pourrait imaginer à une demoiselle aussi libre de ses mots. Elle ne blesse pas, elle attire par l’effleurement de sa bouche sur l’épiderme. Quelque chose chercher à se réveiller, s’échapper du verrou, sans réel succès. Vous pouvez partir.

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