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MessageSujet: PREDATOR   PREDATOR EmptyMar 19 Mai 2015 - 23:29

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Le 13 mai 2002
Manoir d'Ypsös Burke

Vincianne lui a parlé de la chasse sorcière.

Il se souvient de leur conversation sur ce sport apparemment typiquement français, ou à tout le moins abandonné en Angleterre avec la mort bien lointaine des Rois Sorciers, d'autres loisirs prenant le pas sur celui-ci. Bien qu'il ait été fasciné par cette perspective, il a poliment décliné son offre de venir un jour, en France, s'initier à la chasse. Il n'est pas un chasseur de créatures magiques, ce n'est pas son genre, il préfère nettement vivre et laisser vivre les créatures, surtout ne pas les tuer pour le plaisir de la chose. En vérité, il n'a pas été formé à cela.

Davius ne chasse pas les créatures.
Davius est un chasseur d'hommes.

Ils n'ont pas les mêmes serments, Vincianne et lui. Pas le même entraînement. Ils n'ont pas le même métier, pas les mêmes objectifs. Ils n'ont pas la même vocation. Pourtant, en eux deux vit le même animal, le même prédateur, avide de chair et de sang, celui qui se déchaîne seulement quand on lui laisse la liberté de le faire. Cette nuit en est une. Une nuit où le loup pourra enfin se repaître – où il vibrera en harmonie avec les cicatrices laissées là où seule la magie peut les percevoir, vibrera avec ces notes discordantes qui soudainement chanteront. Il en a faim, il en a soif.

La nuit, encore. Elle est son élément bien plus que le jour, surtout en tant qu'insomniaque chronique qui voit toutes les heures de la journées, de la semaine parfois, quand le sommeil se fait peuplée de monstres. Il a transplané non loin du village sorcier, à l'abri d'une clairière, et surtout non loin du manoir anciennement moldu qu'il vise. Ce manoir et cette clairière. Cette nuit, il chasse un chasseur et l'excitation du sport, du défi, fait bouillir le sang dans ses veines. L'Auror espère grandement que l'homme sera à la hauteur de ce qu'il attend de lui et qu'il reviendra de cette nuit marqué, sanglant, en deux morceaux pourquoi pas, juste parce que c'est ce qu'il veut. Le sort de Désillusion le cache des regards trop curieux alors qu'il s'avance vers le manoir, les yeux pourtant fixés sur les bois qui l'entourent, forment une barrière derrière sa figure imposante. Un chasseur de créatures magiques, qu'il est venu tuer, ce soir, dans une chasse sorcière inversée – le chasseur est le chassé, ne serait-ce que parce qu'il a rencontré son seul prédateur.
Pourquoi celui-ci en particulier ? Parce qu'il faut bien commencer quelque part. Parce qu'en vérité, Ypsös Burke n'est pas important pour l'instant et qu'isoler le pouvoir se fait en coupant les racines d'un arbre. Si la tête est trop forte, il faut couper le corps. Il faut détruire l'arbre en commençant par ce qui le soutient. Que fera donc Voldemort sans son armée de soldats décérébrés, de chiens minables et obéissants ? Qui l'aidera à asseoir son illégitime pouvoir, ses idéaux meurtriers ? Qui soutiendra ses politiques honteuses ?
Alors Davius a choisi d'éliminer Ypsös Burke, parce que celui-ci n'est encore qu'un pion plus ou moins dangereux sur l'échiquier du Lord et que c'est aux noirs de jouer. Ça fait trop longtemps qu'il attend de faire quelque chose.

Il arrive eux abords de l'habitation, à une distance prudente, sa baguette traçant en silence des sorts de détection. À peine de quoi avertir que des lapins passent non loin. Le manoir doit être ensorcelé dès le pas de sa porte. C'est à lui qu'il convient, donc, d'attirer Burke à l'extérieur, pour ne pas être piégé entre ces murs.

C'est sans peur qu'il s'enfonce donc dans les bois, fixant une dernière fois les fenêtres du manoir. Une courte distance, assez pour voir encore la porte, avant qu'il sorte un explosif d'une poche intérieure de son pardessus. Emprunté à Hank – légué par Hank, surtout. Il n'a pas précisé pourquoi il en avait besoin, mais son ami sait bien que les questions sont parfois inutiles avec lui. Le fonctionnement est simple et c'est donc de quelques gestes de la baguette seulement qu'il l'active et le balance plus loin, une explosion retentissante se faisant entendre dès que l'objet touche le sol. Un feu commence même à naître, chaleur supplémentaire dans son dos, et l'Auror se camoufle derrière un arbre. Attendant. Il n'a pas à attendre longtemps que la porte du manoir s'ouvre à la volée sur l'homme en train de passer un pantalon. Le feu vient souligner ses traits réguliers, un peu ébahis, alors qu'il court jusqu'à la forêt, la baguette en main. Ses yeux se plissent quand il se dirige dans la pénombre, une lueur le précédent. Une cigarette trône encore entre ses lèvres, mais son odeur se perd dans celle du feu qui brûle dans son dos. Davius attend qu'il soit devant le feu et que celui-ci soit bien éteint pour sortir et pour jeter un sort au Mangemort – un sort dévié de justesse, entendu par l'oreille affûtée du chasseur, qui se retourne en vitesse, les deux pieds dans les cendres encore chaudes au sol. « Llewellyn. » Son nom lâché en signe de reconnaissance – et la réponse du Llewellyn est un autre sort, également dévié, forçant l'homme à reculer dans la forêt. Il le veut . Il ne parlera pas, il ne lui accordera pas la grâce de sa voix autrement que pour le mettre à mort. Il n'a rien à dire à ce chien de Mangemort.
Les sorts déjà fusent, s'évitent, et le chasseur recule encore, cherchant une porte de sortie. C'est sa forêt, n'est-ce pas ? Il en connaît tous les recoins, c'est son terrain de chasse, son terrain privilégié, où il est pourtant pris au piège. Il pourrait transplaner, mais il ne le fait pas. La chance de tuer l'indésirable n°4, ou mieux, de le ramener vivant, est là – et ô comme cet exploit pourrait le faire accéder à la place qu'il désire, si près de son Maître. Entend-il les créatures qui grondent, qui surveillent, qui attendent le moment pour se jeter sur eux ? Le Burke est vif – il suffit d'un sort trop fort, encaissé par le Llewellyn, pour qu'il réussisse à s'enfuir, se réfugiant plus profondément dans les bois, jusqu'à ce qu'il n'entende plus rien que son cœur qui bat à ses oreilles.

Il a perdu sa trace. La douleur le vrille, brûlante, mais pas encore handicapante – suffisante pour lui donner un coup de fouet supplémentaire. Il a le souffle court. Il s'appuie contre un arbre pour le reprendre, aux aguets, et c'est finalement un parfum qui vient chatouiller ses narines, l'avertissant que sa proie n'est pas loin.

Black Jealousy.

Une odeur qui le ramène loin, qui le ramène à Poudlard, aux cigarettes grillées en cachette avec Hank et Jillian – une odeur qu'il peut humer avec tant de précision, qui ne veut pas partir de ses nerfs olfactifs, qui colle, qui s'englue dans son système. C'était ce qu'il fumait. Il ne le perdra pas. La prudence est encore plus de mise alors qu'il se dirige presque à l'aveuglette dans ces bois devenus encore plus sombres, encore plus noirs, sous les branchages serrés qui cachent la lune. Un craquement de branches à sa droite, un bruissement de feuilles à sa gauche. Il retient son souffle et ferme les yeux. Il doit se fier à son instinct.
(la magie d'Ypsös, la magie noire, celle qui émane de lui, celle qui répond aux failles dans son aura, à ses blessures, comme une silhouette, une ombre dans les bois, une présence)
Davius bifurque brusquement et bondit, presque littéralement sur Ypsös (tous crocs dehors), qui l'accueille d'un sort rapide, mal dirigé, qui le rate et qui vient s'échouer contre un arbre. La riposte est brutale et c'est là, réellement que le duel s'engage. Trop rapidement pour que son esprit l'analyse – il est dans son élément, il rage, il bute, ses pieds se prennent dans les racines sans que sa baguette tremble, le blond lui renvoie les sorts, le touche, le rate, recule, avance, ils dansent la mort jusqu'à ce que l'autre soit le dos acculé à un arbre deux fois plus large que lui. Il respire la fumée (il y a le feu ?), le sang (il est blessé ?), la sueur (qu'est-ce qu'il a chaud). La douleur semble s'être effacée, anesthésiée. Un sort vient méchamment entailler le cou du Burke, qui y porte la main pour tenter d'en contenir le sang qui commence à en sortir à bouillons nourris – c'est le moment, le moment d'agir, il est prêt, il peut le tuer maintenant, c'est le bon moment. C'est maintenant et il n'a pas peur, il est prêt.

Il doit le dire.

On ne peut pas ne pas prononcer ces sorts.

(lamortdeJilllamortd'AvalamortdeGemmalamémoireeffacéed'Elphaba
LucreziaRowleHarryPotterlamortdeTonksRemusAlastorsamaisonbrûlée
sescicatricessescrissespleursSamenrebutJuneenrebutSeverusSnape
AliceetFranklesLestrangeLazarus)

« Avada Kedavra ! »

Il frappe le Mangemort de plein fouet, l'expédiant plus loin sous la force du sort. Le Burke retombe au sol comme une poupée de chiffon.
(lui a encore porté la main à son cœur, sans le savoir, sans en prendre conscience – une des blessures s'est peut-être rouverte, il ne sait pas, la mort, le sortilège de mort, ce sang qui coule, il sent la magie pulser jusqu'au bout de ses doigts)
Quelques minutes passent, le temps qu'il reprenne son souffle. Le corps au sol ne bouge pas, mais cela ne signifie pas nécessairement qu'il est mort. Il y a si longtemps... si longtemps... depuis la première guerre, depuis que Crouch... Il sent quelque chose couler sur son menton; du sang, qu'il voit sur sa main quand il l'essuie. Il claudique jusqu'à la forme allongée dans les feuilles et la terre, son pantalon se trempant plus sûrement d'un rouge sombre, d'un liquide poisseux. Le genou complètement éclaté. Julian va lui gueuler dessus. Encore. Du pied, il retourne le cadavre de l'homme, confrontant son regard vide. Absent. Par précaution, il prend ses signes vitaux, les doigts appuyés contre la chair tendre du cou (là où la chair est encore intacte et non pas si profondément lacérée), déjà devenue plus élastique, désagréable au toucher. Le verdict est final, incontestable.

Mort.

Ses mains viennent fouiller le corps, en récupèrent la baguette et quelques papiers inutiles, qu'il brûle aussitôt. Pour le reste, rien, il l'a surpris, donc rien d'important. Son souffle est court, saccadé, mais son esprit néanmoins plus calme. Tué. Il l'a tué. Un de moins. Un Mangemort de moins. Il fixe le manoir d'un œil torve, toujours méfiant, silhouette désormais abandonnée entre les arbres. Doit-il le brûler ? Non, pas celui-là. Ce n'est pas le manoir d'Elphaba. Ce n'est pas la même chose. L'impératif ne brûle pas en lui de la même façon. Il ne veut pas non plus nécessairement qu'on sache tout de suite ce qu'il a fait. Il signalera aux autres de fouiller la place, si ça leur chante, mais il n'a pas envie d'avoir à faire avec Ypsös Burke plus longtemps. Les créatures des bois le dévoreront sûrement, se nourriront à même la chair de celui qui les a emprisonné ici. Une perspective qui ne lui fait rien, étrangement, qui accentue seulement le goût de sang sur sa langue.

(la chose ronronne encore)

Un regard à sa montre au bracelet de cuir usé. 23 H 53. Oh. C'est encore l'heure. Il sourit pour lui-même, de ce sourire fatigué qui est le sien. 13 mai, 23 H 53. Quarante-deux ans. « Joyeux anniversaire, vieux loup. »
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