« What is strange is that we may remember what we have done, but not always why we did it. » ♱ - Gregory Maguire.
« Le dangereux criminel qui a su séduire la blanche... rouge... sorcière ? » Blanche ? Une inspiration, profonde, et le rouge devient blanc, et le feu incandescent se couvre sous la neige blafarde au clair de lune. Un sourire en coin, une moue mutine. Une envie grisante, une stabilité difficile. Blanche. Ca ne tiendra pas longtemps sous les assauts, juste un jeu, comme un défis relevé. Son cou qui se penche légèrement, dégagé pour y laisser passer la main, qui descend, se promène, et plus le contact descend, moins le blanc se fait présent, laissant à nouveau sa place au rouge. Sang. Non, il ne regrettera pas. Non, parce qu’il est prisonnier, désormais. Ont-ils encore le choix ? Chaque fois que sa peau se pose sur la sienne, elle frémit, grisée. Elle est ivre d’une envie qui étouffe la peur en sourdine. Pas question de s’enfuir et pourtant crainte de rester. Les doigts sur le cou, en arrêt. Au fond, tout au fond, elle attend qu’il serre. Elle ne sait pas pourquoi mais il y a une tension, juste là, près de son épaule, qui signale l’animal aux aguets, la biche affolée. Son coeur bat vite, mais on peut l’attribuer au désir. Est-ce qu’elle sait encore désirer sans frôler l’arrêt terrorisé d’un myocarde piétiné ? « Je vous veux à tous les services. » Il va la manger. Affamé. Elle a tenté le diable, elle a croqué dans la pomme. L’Eden, elle en est privée depuis longtemps, c’est avec le démon qu’elle aime flirter. Et son regard dans le sien, son souffle qui se veut mesuré, si artificiel. Elle aurait pu dire prenez, servez-vous, mais rien entre ses lèvres closes. Juste ses yeux dans les siens, qui fixent, qui parlent pour elle. Envie, folie, oubli.
Il a grogné, plus tôt. Il est aussi expressif qu’elle est silencieuse. Il est aussi insurgé qu’elle est collabo. Il est si lui qu’elle n’est personne. Quand il se redresse, son index vient suivra la ligne d’une cicatrice. Fascination. Elle a penché la tête sur le côté, comme si, un instant, elle était déconnectée de la passion échangée, vers des pensées plus profondes et lointaines - elle est délicate, dans ce contact, c’est une caresse, une tendresse, sur les lignes que son corps à elle aurait effacé mais que le sien est obligé de garder. Elle sent que la robe remonte, elle cligne des yeux, s’échappe du détail pour revenir à la globalité de la scène. Alexander n’avait pas de cicatrices. Alexander n’avait pas tant d’expérience. Un baiser pressé. Elle essaye de le retenir, elle sent bien qu’elle a mordu, comme un vieux réflexe défensif. Pardon se lit dans ses yeux qui se baissent. Elle a bien trop conscience que quelque chose cloche. Elle ne met pas les mots dessus mais son coeur hurle au danger quand le reste ne s’exprime qu’au corps. Faux accords. « Enlevez ça... avant que je la déchire... » entend-elle, et avant d’avoir intégré, avant d’avoir réfléchi, elle a obéit. Elle a fait glisser le tissu vers le haut, se cambrant légèrement contre lui pour se défaire de l’élégante prison de dentelle. De la dentelle sous la dentelle. Lingerie fine, toute de noir, d’encre. Les longues mèchent rouges viennent jouer du nouveau contraste, dans son dos, sur son épaule. Il est rieur, plus si seul que dans les mots, que dans leurs correspondances.
Cette peau trop parfaite. Elle a l’air encore plus jeune, encore plus irréelle. Un vague air de.. n’a-t-elle pas un personnage, comme ça ? Comme une variante d’elle-même, sortie tout droit d’un vieux rêve. C’est pourtant bien elle, dans ses traits, elle en est sûre, elle n’a pas senti son corps jouer la pâte à modeler, mais d’un oeil extérieur, qu’est-ce que ça donne ? Est-ce que la dame de rouge est indésirable, repoussante ? Sa respiration va plus vite. Prudemment, elle entreprend de le défaire de sa chemise, le geste un peu raide. Elle va sûrement le rendre fou, avec ses paradoxes. Il y a de l’assurance dans la main qui est collée contre son torse et une sorte de méfiance dans le bras qui termine de le libérer du tissu. De toute façon elle n’aime pas cette chemise, elle sonne faux. « C’est votre dernière chance, monsieur, de vous défiler. » Elle a l’air joueuse, pourtant il y a du vrai, dans le timbre employé. Il peut encore fuir, il peut encore décider qu’elle ne lui plaît pas, que toutes ces couleurs, tous ces changements, c’est pas pour lui. Alexander aurait frappé pour retrouver le bleu criard de son regard, le brun de sa crinière. Frapper et prendre.
La robe s'enlève – le rideau se lève, semble-t-il, sur la pièce, sur le drame de la nuit, ce qui sera joué en ces murs. Il est (abasourdi) en admiration. La robe a laissé place à de la nouvelle dentelle, encore plus délicate, encore plus fine, élégants motifs sur la peau pâle. Elle est si menue, si... jeune. Le mot revient dans son esprit. Elle lui semble irréelle, comme si elle n'était pas réellement là. Il préfère le rouge au blanc – il a sourit, il a été surpris, il a été amusé – et la couleur tranche joliment sur la peau, sur la lingerie. Davius reprend conscience de son corps et vient effleurer son ventre, sa taille, avec douceur, comme hésitant (pas même de vergetures de sa grossesse)(un détail insignifiant qui lui chatouille l'esprit – il se souvient des marques sur le corps de Jillian, des fines lignes blanchâtres qu'il a embrassé si souvent, parcourant son ventre de sa langue – et qu'il chasse aussitôt)(ce n'est pas important), encore prudent.
Il s'écarte du canapé pour pouvoir tout à fait retirer la chemise, complètement déboutonnée et repoussée par Elphaba. Exposé. La longue brûlure qui s'étend sur tout le bas de son dos, jusqu'à la moitié de ses omoplates. Les cicatrices qui tracent des mots, illisibles désormais, recouverts de d'autres marques, effacés par ses soins, cassés par une dague tenue par sa propre main. « C’est votre dernière chance, monsieur, de vous défiler. » Se défiler ? Quelle drôle d'idée. Il n'est pas homme à se désengager. Ses mains agrippent la jeune femme à la taille pour la rapprocher, ses lèvres venant embrasser la peau tendre et douce au niveau de ses côtes et de son abdomen. La sorcière est tendue, frissonnante sous son contact, et s'il se satisfait de cela (quel effet lui fais-tu, Davy), une autre reste étrangement sur ses gardes. Comme elle. Comme si elle le craignait. Craignait ses gestes. Comme elle s'est protégé le visage de son bras, plus tôt, puis de ses mains – comme elle s'échappe, parfois, file entre ses doigts. Aidez-moi. Les dents mordent légèrement, le visage se relève. « Je ne me défile jamais. » La voix est rauque. La réplique amusée, sincère, s'applique à chaque aspect de sa vie.
Davius fait basculer la jeune femme sur le canapé, en position assise. Il se relève, déboucle sa ceinture, l'air étrangement nonchalant pendant une brève fraction de seconde, avant de s'agenouiller devant Elphaba. Devant la sorcière rouge. L'expression est malicieuse. Il la tire vers lui, presque au bord du canapé, loin du dossier, et écarte ses cuisses d'un même geste. Si menue, si délicate, sa main est aussi large que sa cuisse. Sans doute peut-il englober ses seins dans ses paumes sans difficulté. Si petite, si facile à empoigner, soulever, obliger, forcer, blesser. Sa barbe vient râper une cuisse, la gauche, les doigts se font étrangement plus patients alors qu'ils viennent défaire les attaches des bas. Sienne (à lui) pour la nuit. Pour l'instant. Immatérielle, insaisissable, pourtant sienne. Subitement si réelle. Les mots se sont fixés sur la page. Un bas est défait; le deuxième suit rapidement. Ne plus être collé contre elle lui a permis de reprendre son souffle, une mince contenance, mais son désir se fait lancinant, presque douloureux. Il s'entend souffler contre sa peau, alors qu'il commente, la voix basse et vibrante : « Vous pouvez, vous aussi... Ses dents viennent doucement mordre l'intérieur d'une cuisse à la couleur de la porcelaine. Il s'attend presque à la voir se fissurer (les bleus, les cicatrices, comme à Godric's Hollow). ... arrêter. » N'importe quand, quand elle veut. Si elle veut cesser, il cessera. Il n'est pas comme ça. Pas lui. Seulement, vaut mieux qu'elle le lui dise maintenant, si ses désirs vont au contraire des siens. Une autre morsure, plus haut encore, alors que l'alliance brûle à son annulaire (il y a longtemps qu'elle n'a pas fait cela avec tant de vigueur), que le salon lui semble devenir une véritable fournaise alors qu'il écarte ses dentelles délicates de ses doigts ambitieux, fureteurs, explorateurs. Il la désire tellement qu'il en a mal.
« What is strange is that we may remember what we have done, but not always why we did it. » ♱ - Gregory Maguire.
Il ne se défile jamais. Et elle est une poupée entre ses doigts. Une poupée de porcelaine. Il pourrait la briser, la casser, l’écraser entre ses mains fermes, délicieuses, douloureuses. Il pourrait faire d’elle un vulgaire objet, qu’elle ne dirait rien. La fougueuse Gryffondor était peut-être morte sous la brutalité vorace d’Alexander Reid. L’ombre de la rébellion s’était éteinte, comme un fantôme qui, parfois, surgit de nulle part pour mieux s’échapper. Et quand elle se tend sous ses doigts, quand il effleure et qu’elle frémit, la raideur persiste. Fidélité. La chemise n’est plus. La peau se dévoile dans toute sa complexité, il a autant de marques que de vies, se dit-elle. Il a autant de cicatrices que de batailles. Elle se dit qu’elle aimerait en tracer chaque contour, en goûter chaque parcelle pour faire passer le passé, pour apaiser l’esprit, pour offrir, un instant, de doux voyages sur ce qui fut tempêtes et combats, survie. Mais la pensée s’envole lorsqu’il la fait basculer. Poupée. Elle le suit de ce regard pourpre, sans s’affirmer. La boucle de la ceinture, et l’homme à genoux. Se laisser faire. Elle se laisse glisser vers lui, elle se laisse aller à sa volonté, encore, toujours, dans cette tension ambigüe. Est-ce qu’elle a peur, est-ce qu’elle aime ça ? Frémissements.
La barbe sur la cuisse gauche. Et ses doigts habiles, trop habiles, qui détachent les bas. Fidélité. « Vous pouvez, vous aussi… » Quoi ? Les dents sur sa peau et le soupir qui s’extirpe d’entre ses lèvres, ses lèvres à elles qui se murent à cet inquiétant silence. Elle a appris le silence. Son corps parle pour elle, sa main qui se crispe sur le bord du canapé. Il est vieux ce canapé, elle peut bien y planter les ongles, pour résister. « ... arrêter. » Oui. Non. Peut-être. Non. Brûlure, désir. Une morsure plus haut. Aidez-moi. Elle voulait dire quelque chose, elle était venue lui parler, lui demander.. chaleur. Elle ne se souvient pas. Son coeur chavire. Son corps, plus que son coeur. Pour un coeur il faut savoir aimer. Le sceau sur sa volonté. Il joue, explorateur. Et elle se cambre, sans volonté. Aidez-moi. Elle a fermé les yeux et elle ne s’en rend compte qu’après les avoir rouvert, pour le regarder, pour.. encore. Son visage a dit non. Elle a refusé d’arrêter, de cette tête auréolée de rouge, les cheveux suivant le mouvement, fluides. Elle sort d’un conte horrifique. Et sous ses billes à lui, seulement les siennes, se dévoile une marque violacée le long de la cuisse tendrement mordue. Il n’y est pour rien, ça n’est pas lui, c’est l’autre. Et c’est si furtif qu’il pourrait penser avoir rêvé. « Vous me faites languir. » Besoin d’aide. Besoin de supprimer cet incendie, d’assouvir l’envie, surtout. Chasser les questions, les doutes et les peurs. Elle se penche, malgré tout prudente, et doucement elle vole un baiser. Douceur. Elle se fait tendresse, délicatesse. Fruit défendu. Rouge, comme cette pomme de la connaissance qu’il croque sans le savoir. Elle se livre, abdique. Sa main, toujours crispée sur le cuir du canapé, l’autre se posant sur sa joue, approfondissant. Langoureuse. Il n’est plus question de se défiler. L’encre se fige sur le papier. Sa bouche dans son cou, la langue joueuse, jusqu’à son oreille, un souffle tout près, un murmure où ronronne l’accent français : « Vous jouez.. ? » Echec et mat ? Lequel cède plus que l’autre ? Est-ce qu’elle le provoque ? Douterait-elle de sa capacité à gagner, à vaincre à cette bataille trop charnelle ?
Cette nuit, elle dort auprès d’un autre. Et le fantôme d’Alexander n’y peut plus rien. Le souvenir ne peut pas lutter contre la vérité brusque, la pulsion des sensations. Diable de mari enfoui si pieds sous terre. (Vincianne rirait sans doute - il n’est pas sous terre, tout droit dans la Tamise.) Et la demoiselle pourpre l’ignore. Ce qui la hante, c’est l’absence, l’idée qu’il puisse revenir, qu’on n’ait pas trouvé son corps car, quelque part, un homme à demi-mort ronge une colère féroce. Cette nuit, le mari n’est plus. Elphaba Duchannes est une vile séductrice. Elle a, de nombreuses fois, glissé dans les affres de l’amour passager pour oublier, seulement, c’est différent. La collaboratrice se noie au jeu des voluptés d’un homme recherché. Elle le veut. Lui. Faisant fît des lois. Cette fois, ce qu’elle fait, elle le veut. Accrochée à ses doutes, vertiges de ses désirs. Cette nuit, elle s’en fout. Et peut-être à l’aube, le sortilège aura-t-il plus de pouvoir que les doigts d’un homme.
Davius écoute. Il observe. Il est aux aguets. Pas qu'il craigne qu'on les interrompe. C'est elle qu'il écoute. Sa respiration, ses soupirs. Le bruit fin de ses cheveux quand elle se cambre, venant à sa rencontre – il sourit, content de son effet, s'enhardissant du même coup. Pas de gémissement, de geignement, rien que son souffle qui s'accélère, qui se bloque, comme si elle se retenait. S'empêche-t-elle d'en profiter ? « Vous me faites languir. » Au moins en a-t-elle envie... Il la fait languir parce qu'il la veut, plus que jamais, parce qu'il ne veut pas qu'elle parte, qu'elle s'enfuisse. Il veut qu'elle fonde, qu'elle s'offre. Il se redresse quand il la voit se pencher lentement, pour venir cueillir ses lèvres. Le baiser est doux, presque trop. La retenue et la prudence sont encore de mise, alors que le sorcier se retient. Il se sent à nouveau trembler, d'anticipation et de désir, et Elphaba prolonge le baiser, l'approfondit, sa main chaude posée sur sa joue. Depuis combien de temps n'a-t-il pas touché le corps d'une femme ? Depuis... des mois. Lors du duel avec Vincianne, ça faisait déjà longtemps, et les événements avaient définitivement joué contre lui, par la suite. Ce n'était pas la première fois qu'il faisait face à une si longue abstinence, la vie d'insurgé n'était définitivement très fructueuse en ce qui concerne la vie sexuelle, mais c'était comme si, subitement, tout ceci devenait trop. Trop fort. Trop long. Trop de désir. Un murmure à son oreille : « Vous jouez..? » Joue-t-il ? Oui et non. Il est sérieux. Il joue tout de même. Ses doigts laissent ses cuisses, ses dentelles, viennent entourer son visage pour la garder à son niveau. Un nouveau baiser, pressé, plus brusque. Impérieux. L'accent français a ronronné à son oreille et c'est sa propre voix plus pleine que jamais de son accent gallois qu'il répond : « Jamais. » (nêfêrrr) Jamais de jeu.
Le reste n'est pas dit. Pas besoin de mots.
(ce soir, vous êtes à moi)
Il n'a pas dormi. Parfois somnolé, il en est certain, le corps plus détendu, mais dormi, non. L'insomnie est forte, chez lui. Et comment dormir avec une femme contre lui ? Il y a si longtemps... et son alliance est encore chaude à son annulaire, continuant de mordre dans la chair faible, dans le corps traître. La douleur a été lancinante toute la nuit, l'empêchant de glisser dans le sommeil, le laissant à la contemplation patiente d'Elphaba. Il l'a réveillée, une fois, à trop embrasser ses épaules délicates, et dans son demi-sommeil, dans sa propre somnolence, il lui a fait l'amour une autre fois. Pour lui arracher encore des frissons, des frémissements, pour encore la faire vibrer. Si elle est ensuite retombée dans le sommeil, lui est resté obstinément éveillé. Il a observé le rouge glisser des cheveux de la sorcière, devenir plus sombre, plus pourpre, tendre vers le violet, vers le brun ensuite, revenir au pourpre. Ses doigts ont effleuré ses courbes, les cicatrices révélées par le sommeil, par le don qui se repose, qui se laisse aller. Tant de choses cachées, camouflées. Pas de blessures, si ce ne sont celles qu'il a laissé, cette nuit. Une main qui s'est serrée trop fort autour d'un poignet, ses doigts d'y imprimant en rouge, puis en ce violet pâle. Des dents qui mordent avec trop d'entrain, marquant l'intérieur des cuisses, la base du cou, l'épaule. Marques discrètes. Peut-être les imagine-t-il. Effets de son esprit embrumés, comme alcoolisé malgré tout.
Le soleil se lève. Il passe par les hautes fenêtres du manoir et glisse jusqu'à eux, encore couchés sur le canapé, lovés l'un contre l'autre. Le feu est mort dans la cheminée, depuis longtemps. Il a fait apparaître une couverture, pour les couvrir. La jeune femme n'a pas eu froid, il lui semble. Il va devoir partir. Leur étreinte doit rester au cœur de la nuit, la laisser voir la lumière du jour n'est pas raisonnable. Ses doigts viennent tracer la courbe d'un sein, ses lèvres se déposent sur la joue d'Elphaba. « J'aimerais vous aider, Elphaba... je veux vous aider. Un chuchotement (euannâ hêlp yoi). Comprendre et savoir. Ce qui est arrivé à Alexander et... à vous. Ce qui vous est arrivé. Faites-moi confiance. Je veux seulement... que vous me fassiez confiance. » Il réussit à se lever, après ces quelques mots – la maison est froide, le fait frissonner, alors qu'il enfile lentement ses vêtements, silhouette sombre dans le soleil levant.
Dernière édition par Davius Llewellyn le Jeu 11 Juin 2015 - 1:36, édité 1 fois
« What is strange is that we may remember what we have done, but not always why we did it. » ♱ - Gregory Maguire.
Elle n’a pas froid. Elle croit même pouvoir dire qu’elle s’est sentie bien, entre ses bras. Il a brisé la lutte de son esprit, il a cassé ces pensées lancinantes l’obligeant à collaborer continuellement. Elle l’a aimé, vraiment. Elle s’est laissée aller à exprimer des sentiments dans ses gestes, de la tendresse, ses doigts dans ses cheveux, de la passion, ses ongles dans son dos. Une fois, elle a mordu. Ses dents se sont imprimées dans l’épaule, dans un geste purement défensif, dont son esprit ne s’est plus souvenu la minute suivante. Elle l’a marqué dans un accès de terreur vive, un courant d’air dans les méandres de son esprit trop longtemps malmené. Mais elle l’a aimé, le reste du temps, peut-être de la même façon qu’elle aurait aimé Alexander s’il avait été doux avec elle - peut-être comme elle l’a aimé, au début. Elle a été plus épouse qu’aucune autre fois dans sa courte vie, attentionnée, réceptive. Et elle sait, au fond, qu’elle n’avait jamais ressenti ça. Pas une fois on ne l’a vraiment écoutée. Pas une fois, elle n’a vraiment été autre chose qu’un ornement pour l’égo, la réalisation d’un fantasme ou un pari idiot. Et si un seul homme depuis l’accident a tenté, alors elle n’a pas su apprécier, falsifiée jusqu’au bout des ongles.
Infidélité. Savourée. Elle n’a pas su mentir, elle n’a pas su jouer la mascarade, contre sa chaleur, contre ses lèvres, sa peau, son corps. Elle s’est révélée vraie, peut-être comme il l’imaginait, parfois rieuse ou maladroite, passionnelle et taquine. Blessée, surtout lorsqu’enfin elle s’est endormie, lorsque la conscience s’est éteinte sous ses soupirs. Davius était parvenu à la libérer, quelques heures, dans cet échange trop désiré. Elle s’est brusquement sentie revivre, les éclats de couleur dans ses cheveux moins inquiétants, la raideur moins présente. Elle a eu besoin de lui jusqu’à ce que chaque muscle se relâche. Elle a eu envie de lui jusqu’à ce que l’épuisement l’emporte. Que Merlin lui pardonne sa faiblesse. Elle s’est lovée entre ses bras, peut-être en songeant à un passé oublié. Elle se souvient de ses baisers, qui l’ont extirpée de son sommeil trop paisible, si inhabituel. Encore, dans sa semi-conscience. Elle aurait voulu avoir assez d’énergie pour ne pas l’abandonner ainsi, lâchement, lui plaire encore, toujours, jusqu’à l’aube. Elle aurait aimé tant de choses surréalistes, la paix sous ses doigts. Un charme magnétique.
« J'aimerais vous aider, Elphaba... je veux vous aider. » Une crispation de sa main. Elle est si loin, si enfoncée dans ce sommeil. Pourtant, cela doit faire une longue heure qu’elle lutte, coincée dans ce cauchemar terrible, lancinant. Le don se repose et n’a laissé que les rares marques persistantes sur sa peau - la vraie -, une cicatrice fine, à peine perceptible, à gauche de sa taille, et une autre, en bas de son dos. De loin, personne ne les verrait, mais l’insurgé a pu la contempler, l’insurgé à pu savourer chaque parcelle de son épiderme, avec délice. Il s’extirpe du canapé. Ca la dérange. Elle a froid. Un gémissement. Une angoisse, la crispation de tout son corps. La peur. Elle n’est pas sortie de ce cercle vicieux, de la douleur qui revient, du souvenir qui la hante. « Aid..* » ez-moi. Les mots hachés, du français et un sursaut. Elle s’est redressée, brusquement, assise, le souffle court, les mains tremblantes. Hantée. Elle a revu son visage empreint de rage, ses lèvres s’emparer, de force, de sa bouche, elle a senti ses mains s’imposer, l’obliger. Elle a revu Alexander dans toute l’horreur de sa nature. Coupable. Infidèle. Le sanglot au fond de sa gorge. Il n’y a plus de malice, plus de jeu, plus de mensonge. Il est trop tard ou trop tôt, elle ne sait plus. C’est l’instant de latence. La nuit, elle a toujours plus de mal à oublier.
« Me laissez pas seule.. il va.. il va me tuer.. il.. » Le tremblement de ses doigts et ses mains sur son visage. Elle s’est repliée, les genoux ramenés contre sa poitrine et la couverture ne suffisant pas à calmer la morsure du froid, pas le vrai mais celui, bien plus intérieur, d’un passé mortifère. « Me laissez pas ici.. » Pitié. Ca n’est plus le fantasme, c’est la femme-enfant, la demoiselle en détresse. Elle a aimé Davius, elle l’a aimé jusqu’aux limites de la tolérance et son esprit a heurté les incohérences, les blancs, les vides, les souvenirs, les falsifications. Elle est perdue, elle a peur et elle tremble.
Ses doigts passent sur la morsure imprimée sur son épaule et il ne peut empêcher un sourire un peu bête d'étirer ses lèvres, alors qu'il inspecte le relief des dents d'Elphaba, bien marqué dans sa peau. Il aime l'idée d'être marqué. Ça et les lignes roses qui doivent traverser son dos, comme elles traversent ses épaules, temporaires, marques de la nuit. Il s'étire comme un chat, joue des épaules pour détendre ses muscles, avant d'enfiler son pantalon et se rattraper sa chemise, balancée plus loin. « Aid-ez-moi. » Davius se retourne vivement. La jeune femme s'est redressée sur le canapé, subitement, et son expression est celle de la terreur. Il l'a déjà vue, cette expression, et il peut seulement interrompre son habillage pour revenir à elle. Elle cache son visage dans ses mains tremblantes, se dérobant à lui, frissonnante.
« Me laissez pas seule.. il va.. il va me tuer.. il.. » Il passe son bras autour de ses épaules et la rapproche de lui, des shh shh passant entre ses dents, pour calmer les pleurs qui menacent de naître. Elle semble plus jeune que jamais, encore plus petite contre son torse, alors qu'il tente de l'apaiser. « Me laissez pas ici... » Son étreinte se resserre un peu plus et il appuie son front contre la tête d'Elphaba, respirant son parfum. Elle sent encore les fleurs, les fruits, mais également la sueur et sa propre odeur à lui, son parfum de forêt et de terre. Doux mélange. Il laisse un peu de temps s'écouler, le temps qu'elle se calme, que les battements de son cœur s'apaisent, que les tremblements s'adoucissent, avant de parler : « Tout ira bien, Elphaba... tout va bien aller. » Il ne peut pas promettre. Il ne peut plus promettre. Il a déjà promis que tout irait bien, à deux jeunes filles qu'il a déjà enlacé ainsi – et rien n'est bien allé. Elles sont mortes toutes les deux et celle blottie entre ses bras a également peur de mourir. Cette peur de trahir sa parole, de trahir ce qu'il dit... Davius promet encore, mais jamais que les choses iront bien. Alors qu'Alexander Reid ne la tuera pas. Ne se relèvera pas d'entre les morts pour la frapper, pour l'obliger. Alors qu'il n'est plus là. Seulement, il n'est pas le seul prédateur, pas le seul vautour à tourner au-dessus d'elle. (une visite à Lazarus) Il prend les mains d'Elphaba et les abaisse, vient embrasser ses joues avec tendresse. Sa barbe a gagné encore plus de terrain sur son visage, encore plus piquante et râpeuse. L'alliance a recommencé à chauffer, à son doigt, réaction instantanée à cet instant de réconfort qui n'a rien de désintéressé. Parce que la Française lui plaît. Parce qu'elle lui plaît depuis des mois et que cette nuit, si elle a su apaiser certaines tensions, n'y change rien. Ne lui laissera aucun repos. Il sait bien qu'il va en vouloir plus. D'autres baisers, légers, sur ses joues, son nez, ses lèvres, un dernier sur son front, plus appuyé. Sa main gauche repose sur la nuque de la sorcière, sous les cheveux lourds et chauds.
« Je ne vous laisserai pas. Ni ici, ni... »
(nêfêrrr)
Le mot a refusé de sortir – son alliance a brûlé tellement fort qu'il en a eu un sursaut. Il s'est étranglé sur sa langue, dans sa bouche, mais la phrase est restée à compléter. « Vendez ce manoir. Il est malsain et Alexander ne reviendra pas. » Leur nuit n'a pas réussi à effacer l'ambiance du lieu et même le soleil ne chasse pas le parfum morbide qui chatouille sa peau. Ses doigts glissent sous le menton d'Elphaba et il cueille encore une fois ses lèvres. « Partons. » Il ne la laissera pas seule ici, se réveiller et s'habiller dans ce manoir détestable.
Dernière édition par Davius Llewellyn le Lun 4 Mai 2015 - 20:35, édité 1 fois
« What is strange is that we may remember what we have done, but not always why we did it. » ♱ - Gregory Maguire.
Sa chaleur ne suffit pas à apaiser l’angoisse. Sa présence ne calme pas les tremblements de la sorcière, parce qu’elle sent la mort, elle sent le fantôme, le danger. Elle perçoit plus que jamais combien elle est dans l’erreur, combien quelque chose ne va pas. Son esprit heurte les flous, les barrières. Mal effacée. Mal falsifiée. Et quand il vient près d’elle, elle tente de cacher son visage contre son épaule, son torse, de s’y fondre, de ne pas pleurer. Le don ne fonctionne plus. Au bord de la rupture, épuisée, il n’y a plus d’énergie à fournir dans le contrôle et elle n’est alors plus qu’une jeune femme au regard fatigué, aux gestes hasardeux, à la longue chevelure brune et, surtout, aux yeux ternis par les années. C’est tout ce qu’il y a à montrer. Pourquoi le bleu est-il toujours si intense, d’habitude ? Pour cacher qu’il est éteint, depuis l’accident. Son corps, sa peau, expriment mieux qu’aucun autre les aléas de la vie. Fatiguée, pitié. Il n’y a plus le rouge de la passion, une mèche blanche perdue, sur le devant. « Tout ira bien, Elphaba... tout va bien aller. » Non. Elle fait non de la tête. Elle a tellement peur. Et lui, il lui prend les mains, il lui embrasse les joues, avec sa barbe râpeuse. Les joues, le nez, les lèvres, la main sur sa nuque. Tremblante. « Je ne vous laisserai pas. Ni ici, ni... » Elle geint, crispée. Elle n’a pas vu, elle n’a pas perçu qu’il souffrait, focalisée sur sa douleur à elle, sur sa terreur. L’angle du piano. « Vendez ce manoir. Il est malsain et Alexander ne reviendra pas. » Non. Non. Non. Elle doit garder le manoir, elle ne sait pas pourquoi mais elle doit, c’est vital, il y a toute sa vie, ici. Toute sa vie. Toute.. c’est quoi, sa vie ? Les doigts sous son menton et un baiser. « Partons. » Rester. Elle attrape ses lèvres, elle s’accroche à lui. Elle a besoin de lui. Qu’il ne l’abandonne pas, qu’il ne la laisse pas. Tristesse, abandon, peur, mort.
L’angle du piano. Le regard vide. Le souffle sur la peau de Davius. Elle cherche son cou, l’embrasse, longuement. Il y a les traces du tourbillon émotionnel. Il y a ses gestes fébriles, les mots coincés sur sa langue. Encore. Elle voudrait se perdre mille fois contre son corps. Un peu d’amour, encore, un peu de sécurité. Llewellyn est sécurisant, elle a la sensation qu’il pourrait la protéger. Oui, la protéger de lui, du monde. De.. la marque sur son poignet est encore là, légère. Il pourrait la garder, là, faire barrière contre sa hantise. Elle bouge. Elle se tourne, s’agenouille sur le canapé, la couverture glissant dans son dos. Elle s’en fout. Elle cherche un peu de.. le terme ne vient pas. Tout lui échappe, jusqu'à ce qu'elle fait, sauf ses mains sur son torse, sauf sa propre peau qui cherche la sienne. On sent son coeur battre vite, fort, en alerte. On sent la lutte intérieure jusque dans la profondeur du baiser qu'elle glisse, toujours là, nichée contre son cou, contre lui, contre, toujours contre. Se fondre. Elle était si bien, fondue dans la passion avec lui.
L'angle du piano. Elle souffle, sans le savoir, toute sa terreur. Elle ne perçoit pas son rythme cardiaque perdu dans une fuite frénétique. Est-ce que l'amour physique aussi, est une fuite ? Elphaba est une femme qui a appris le silence. Et quand sa bouche se délie de cette peau délicieuse, c'est pour déverser ce vrai que, dans quelques heures, elle aura oublié. « On a volé ma vie, Davius.. je vais t'oublier, tu.. tu vas être effacé, comme chaque ..» Elle a tellement de mal à le prononcer, comme si sa langue devenait pâteuse, lourde, empêtrée dans ses incohérences. « Aide-moi. E-Efface-moi. » Les bleus, ils reviennent. Elle ne peut pas expliquer, elle n'y parvient pas, alors sa peau le fait, lui montre. Son corps nu, les ecchymoses. La joue, la cuisse, le bras, une longue marque dans son cou, le coup, l'angle du piano près de sa tempe. Horreur. Elle a eu une grande faculté de régénération, durant son mariage, presque rien n'est resté à l'état naturel. Mais montrer, ça fatigue et elle se laisse aller dans ses bras. Cette nuit, elle a dormi auprès d'un autre. Infidèle. Le Magister la tuerait. Il faut, oh s'il a pitié, qu'il l'efface, qu'il la défasse de tout ce passé qu'elle se traîne comme des chaînes, un passé morcelé. Davius, je ne sais plus écrire. Elle a abandonné ce "vous" impersonnel, pour l'heure. Elle y reviendra, plus tard. Aurait-elle un grand ennemi du Lord pour amant ?
Elle devrait être morte. L'état du corps qu'elle lui dévoile, dans l'entièreté, même s'il n'est plus vrai, même si elle ne ressemble pas vraiment à cela, que ce fut étalé sur des mois, jamais tout ensemble, jamais autant d'un coup, n'est pas viable. Il signifie que son esprit, ressemble à ça, que c'est ainsi qu'elle se voit. Elle devrait être morte, détruite, brisée, pas à jouer la princesse revêche, marionnette des idéaux de celui que beaucoup nomment désormais « maître ».
Avide. Frénétique. Elphaba l'embrasse une nouvelle fois, puis laisse sa bouche trouver son cou. Les mêmes saccades effrayées dans ses gestes qu'au début de leur rendez-vous interdit, comme si elle recherchait quelque chose. Davius est un peu étourdi, s'accroche à elle comme elle le fait à lui, comme elle laisse ses mains le caresser encore, ses lèvres lui arracher des baisers fougueux et pourtant tremblants. La couverture a glissé, elle est à nouveau complètement nue contre son corps, et il s'en veut presque d'y réagir aussi spontanément, de laisser échapper ce grondement appréciateur – ce n'est pourtant pas le moment, ce n'est pas cela qu'elle recherche. C'est plus empressé. C'est presque avec désespoir. Il pose une de ses mains sur sa poitrine, où serait placé son cœur, comme pour l'écouter, le sentir, en percevoir la cavalcade effrénée.
« On a volé ma vie, Davius.. je vais t'oublier, tu.. tu vas être effacé, comme chaque .. » Enfin. Elle l'a dit. Effacé. Elle a été effacée. Sa mémoire ? Sans doute. Qui ? Qu'est-ce qui a été effacé, surtout ? Il ne peut pas aller chercher lui-même. « Aide-moi. E-Efface-moi. » La langue est trop pâteuse, elle a de la difficulté à s'exprimer, et le regard encourageant du sorcier n'y change rien. La chose est plus profonde – l'Imperium, encore, peut-être, cet Imperium qui n'en est pas. Alors le corps s'exprime, encore, comme l'autre fois. Le corps est toujours un traître. La chair est faible. Alors elles reviennent. Les ecchymoses. Les marques. Les cicatrices. Tout ce qu'il n'a pas fait – ce que l'autre a fait. Une telle quantité que son épiderme s'est brusquement obscurci, la porcelaine devenant marbrée, et ses yeux se fixent surtout sur la marque à la tempe. L'angle du piano. Un accident. Effacer tout cela... comme son corps l'a fait. L'effort semble la terrasser et elle s'effondre contre lui, fatiguée malgré la nuit. Fatiguée de cet aveu qui passe par-dessus tout ce que la personne qui a effacé sa mémoire a pu y remettre. Il est horrifié. Il ne comprend toujours pas pourquoi on a voulu effacer sa mémoire, la manipuler elle, précisément, mais il saura. Il trouvera.
(si facile de chercher dans sa tête, Davy)
Facile, mais non. Dommageable. Il ne peut pas le faire – il la blesserait. Elle a été assez blessée. Et lui n'a pas aidé la chose... La marque sur le poignet. Celles, plus effacées, sur les épaules, le cou, les cuisses. Il y a contribué. Son alliance chauffe doucement, reproche discret, rappel incessant de ce qu'il a fait cette nuit, mais qu'il ne regrette pas. Pas du tout. Surtout après tout ce qu'elle lui a dit, tout ce qu'elle lui a montré. Davius caresse prudemment les cheveux d'Elphaba, les longues mèches brunes (et une blanche), les shh passant sa bouche sans qu'il y prenne garde. Shh, calme-toi. Shh. Ça va aller. Comme il console Sam, comme il a consolé ses filles. Passer de l'amant au père dans le même moment, c'est déstabilisant – son sourire est sombre, quand il y pense, un peu mélancolique. « Vous ne m'oublierez pas, Elphaba. » Il ne sera pas effacé comme les autres, comme le reste de sa vie. Il va y veiller.
(une visite à Lazarus Carrow) (et ce manoir)
Les idées ont germé, dans son esprit, et il se promet d'y réfléchir quand il sera revenu chez les insurgés. Dans la forêt. Les Loups ne le cherchent pas, mais il ne peut s'absenter trop longtemps. Il n'a pas envie de revenir. Le silence. Chopin s'est arrêté, pendant la nuit, quand il est arrivé au bout de ses nocturnes. Il n'y a pas porté attention avant maintenant. L'Auror redresse un peu la jeune femme et vient embrasser sa tempe, où la blessure du piano est encore visible, puis ses lèvres. Elles aussi sont marbrées, se rappellent d'un coup. Ça lui fait mal. Il est brusque, il est violent, il le sait, mais jamais il ne frapperait quelqu'un qu'il aime. Pas... comme ça. « Je vous ai promis de vous aider. Je ferai... tout ce que je peux. » Ils doivent partir d'abord. Se séparer. Sa bouche traîne jusqu'au cou, jusqu'aux clavicules, descend entre les seins, les mains penchent le corps pour qu'il puisse l'embrasser jusqu'au nombril joliment dessiné. Tendresse plus que voracité. La chair rassure la chair. « Tout ira bien. » Davius a appris à réparer. À régler les problèmes. Pour cela... il aura bien quelques choses à faire flamber. Un sourire à lui-même. Une lueur dangereuse dans ses yeux.
(un loup)
Dernière édition par Davius Llewellyn le Jeu 11 Juin 2015 - 1:35, édité 1 fois
« What is strange is that we may remember what we have done, but not always why we did it. » ♱ - Gregory Maguire.
Diable d’homme. Ange d’insurgé. Elle frissonne quand il pose sa main contre son coeur. Il bat un peu plus vite. Le grognement appréciateur lui indique qu’elle lui plaît encore, que malgré la nuit, il n’est pas insensible, il n’est pas totalement, définitivement rassasié. Sa fatigue ne lui permet pas vraiment de poursuivre. Elle a bien songé, à continuer, à l’embrasser, recommencer, glisser ses mains sur sa peau. Pensée fugace. Insatiable. Ca n’est pas ce qu’elle veut. Non, elle veut parler, elle veut lui dire tout.. tout ce qui la tourmente. Langue pâteuse. Se laisser aller contre lui. Il est apaisant. Non, ça n’est pas le mot. Le bon mot lui échappe. Encore, toujours, ça la rend folle. Une auteur sans mot. Et quand toute sa peau se marbre des douleurs passées, elle s’attend à ce qu’il recule, à du dégoût. Il avait vu ça, à Godric’s Hollow, mais elle était vêtue, elle était décente, la révélation limitée. Davius Llewellyn ne fuit pas et Elphaba ne comprend pas.
Shh. La caresse dans ses cheveux. Elle est appuyée contre sa peau, elle a la main perdue près de son épaule, telle une enfant. Il a des enfants. Elle en est certaine mais ne l’exprime pas, elle sait que ça ne la regarde pas, elle sait que cette relation clandestine n’a aucun avenir, aucune légitimité pour qu’elle se mette à poser des questions personnelles. Et elle le sait, à sa façon de la consoler, qu’il a au moins une fille. Qu’il l’a sans doute bercée de la même façon. Elphaba, tu es une dépravée. Il n’est pas si vieux. Elle voudrait se dire que ses actes ne sont pas moralement condamnables, que du haut de ses maigres vingt-quatre années, elle peut être assez intéressante pour que ça ne soit pas son physique, qui ait compté. Elle sait que c’est faux. « Vous ne m'oublierez pas, Elphaba. » Elle sait que rien de tout ceci ne devait arriver, qu’elle a fait une erreur et qu’elle le paiera. Pire encore, elle n’a pas oublié que tout, entre eux, n’était qu’encre et papier. Si ça a déraillé, c’est parce qu’elle a joué, c’est parce qu’il l’a vue. Comme les autres hommes. Croquer la pomme et partir. Davius n’a pas demandé à ce qu’elle change, il l’a acceptée dans tout son éventail de couleurs. Il est là, tendre et réconfortant. Mais Elphaba bloque sur l’idée : un jour, lui aussi te fera mal.
Le baiser sur sa tempe et la marque s’efface. Sur ses lèvres, et elle tente de l’y retenir. « Je vous ai promis de vous aider. Je ferai... tout ce que je peux. » Un soupir sous sa bouche qui se promène. Elle se laisse entièrement faire, marionnette sans résistance, la peau reprenant son aspect de porcelaine sur le chemin qu’il trace. C’est doux. Mais elle vibre encore de cette angoisse trop présente. Jouer jusqu’à son nombril. De grâce, qu’il efface de son corps chaque trace. Et plus son don s’active, alerte, plus il lui prend d’énergie. Elle voudrait.. elle voudrait l’arrêter, que plus rien ne se métamorphose, garder son apparence première pour pouvoir se reposer mais chaque émotion en secoue les pigments. Délicieuse indécence. « Tout ira bien. » Elle revient tout contre lui, entoure son cou de ses bras fins, renouant, peau contre peau. Fatiguée, envieuse. Paradoxes. Rien n’ira, ça tourne en boucle dans sa tête. Sa main vient jouer sur son ventre, caresse mutine sur sa peau à lui. Une dépravée, Elphaba. Seulement ça lui délie les sens, à défaut de délier ses muscles, ses peurs, la boîte de Pandore de son âme. « Elsa serait en danger. » Ca passe la barrière avec difficulté. En profiter, car dans une heure, elle aura oublié. Peut-être qu’elle ne se souviendra plus de l’extase, du plaisir, des étreintes. « Ne partez pas.. » Ses doigts le long de sa nuque, jusque dans ses cheveux. Son nez qui vient frôler le sien. S’il faut mourir, autant vivre à en crever.
« Je.. je ne sais plus écrire. » Ses billes d’un bleu pâle dans les siennes. Ce qu’elle dit est sérieux, quand bien même elle soit complètement nue contre lui, quand bien même elle joue de tentations. Elle se sert du contact pour s’exprimer, focaliser son esprit sur l’envie pour que la résistance de sa langue soit moins forte, moins entêtée. Elle doit lui parler. « Je n’ai plus le droit d’écrire.. d’écrire ce que je veux.. » L’embrasser, encore, jusqu’à perdre haleine. Sh, tout va bien aller. L’amant, le protecteur, le père. C’est compliqué. Aurait-ce été différent s’il avait été plus jeune ?
La chair redevient pâle et immaculée à chaque baiser, à chaque coup de langue, le don revenant camoufler les marques impies et passées. Celles qui ne disparaissent pas sont celles de son fait, sont les souvenirs de la nuit. Il continuerait, bon sang, il a bien envie de continuer, mais les bras d'Elphaba se nouent autour de son cou et il cesse son exploration de son corps, encore, cette redécouverte quand la lumière du soleil. Elle lui semble un peu plus paisible, même si ce n'est sans doute qu'une façade, appuyée contre lui. Ses doigts viennent caresser son ventre. « Elsa serait en danger. » C'est le pire. Il sait. Il sait tellement cette peur, cette sensation d'impuissance face aux êtres aimés. Surtout quand ce sont les enfants. (Papa !) « Tout le monde est en danger », qu'il répond avec tristesse, dans un chuchotement distant. Tout le monde est en danger, en ce moment. Elle n'est pas sauve, cette enfant de quatre ans, même avec sa mère qui collabore (une collabo, Davy)(tu tuerais quiconque ferait la même chose que toi). Ce n'est pas dans ce pays, qu'elle devrait grandir. La caresse dans ses cheveux le fait doucement soupirer. « Ne partez pas... » En réponse silencieuse, il la serre un peu plus contre lui. Il ne partira pas, si c'est ce qu'elle désire. Il n'a pas envie de partir. Ils ont encore le temps. Rien ne l'attend. Il n'a pas dormi cette nuit et cet instant de repos, encore hors du monde et de ses soucis, lui fait du bien. Le détend plus que toutes ces heures où il est incapable de dormir et où il attend que le jour se lève.
« Je... je ne sais plus écrire. » Des baisers volés entre chaque phrase, presque entre chaque mot. Les iris sont pâles, se frappant au bleu froid de ses propres yeux. Un bleu délavé pour Elphaba, qui s'efface chaque fois, s'enfuit toujours. Tirant vers le vert. « Je n'ai plus le droit d'écrire... d'écrire ce que je veux... » Effacée. Il embrasse encore son cou, chaque ecchymose qui y est encrée, à la recherche d'une façon de les effacer, elles. On la manipule. Pas besoin d'un Imperium, quand on efface la mémoire, quand on modifie les souvenirs pour les faire correspondre à ce que l'on désire. Qui donc est spécialiste de ces activités ? Modifier les esprits est toujours délicat, précautionneux, et celui qui a fait cela n'a pas fait le travail correctement. Sinon, il n'y aurait pas tant de failles pour faire passer la lumière. Il enfouit son nez dans ses cheveux et ferme les yeux. Les fleurs, la sueur et la terre. « Pourtant, vous êtes ici... » … et vous faites ce que vous voulez. C'est ce qu'il pense, mais ne dit pas, de peur peut-être qu'elle le détrompe à ce sujet. À la fois pensif et lascif – content de cet état de fait, réfléchissant aux mystères qui ont conduit Elphaba Duchannes jusqu'ici sans qu'elle avertisse tous les Mangemorts du pays au passage. « Continuez d'essayer. Vous n'avez pas été complètement effacée. Chaque tentative fait craquer quelque chose, agrandit les failles. Sa main s'égare sur le ventre de la jeune femme, remonte jusqu'à un sein, le taquinant prudemment (n'es-tu pas repu, Davy ? ou le loup est-il encore affamé ?). Un faible sourire aux lèvres, bête, rêveur. Ce n'est pas correct, d'être aussi bien. Il ne devrait pas. Vous tentez d'enfoncer une porte à coup d'épaule. Chaque coup fait mal, mais la porte faiblit aussi chaque fois. » Jusqu'au jour où elle défoncera la porte. Il va tenter, lui, de l'affaiblir. D'en briser les gonds et les serrures, de déverrouiller la porte avant que l'un d'eux se tue à tenter de la détruire. Parce qu'il l'aime bien, Elphaba. Même s'il ne doit pas y penser.
#EVENTS & #MISSIONS. NE MANQUEZ PAS LA WIZPRIDE (rp et hrp) !#SCRYNEWS. refonte du ministère (plus d'infos) & nouveaux procès de guerre (plus d'infos)#FORUMATHON.