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Like crazy.



« What is strange is that we may remember what we have done, but not always why we did it. » ♱
- Gregory Maguire.

Il la tente. Encore. Toujours. Il joue avec sa faiblesse, avec leur luxure, ses envies. Elle essaye de se concentrer mais sa main joueuse la déroute. Le dévorer. Un peu de self-control, que diable. Il faut le libérer de son corps, le libérer de ce moment si doux et si peu profitable pour leur cause respective. Il est un indésirable recherché. Elle est une collaboratrice. Ils ne sont pas compatibles, pas.. assortis. Si mal assortis. Si bien sur ce canapé, pourtant. Tout le monde est en danger et elle est là, contre lui, contre un homme que rien ne la prédestinait à rencontrer, tout le monde risque sa vie et elle ne trouve rien de mieux à faire que frôler le bas de son dos du bout des doigts, tracer le contour de sa taille, ses yeux pâles plantés dans les siens. Tension, encore. C’est palpable. Tenter d’enfoncer les portes ne vaut pas la saveur d’une promenade sur sa peau. Elle n’écoute pas, ou peut-être n’y arrive-t-elle pas. Il a joué dans son cou, elle joue sur son épaule, de sa bouche gourmande. « Vous n’avez rien mangé.. » glisse-t-elle alors que les plats sont toujours là, rafraîchis et conservés par un sortilège tenace. Elle se penche et glisse le doigt dans la chantilly d’un gâteau pour le porter à ses lèvres à lui, l’y faire goûter. Saveur crémeuse pour un homme affamé. « Tu as encore faim ? » murmure-t-elle près de son oreille, mutine. Double-sens. Toujours assez de force pour le taquiner, semble-t-il. Pas assez pour laisser encore les ecchymoses qui s’envolent. Goûter la chantilly dans un baiser. Profond.

Un tremblement de sa main indique sa lutte. Elle recommence à lutter contre son esprit, contre les fils invisibles qui la manipulent. Un froncement de sourcils. Aide-moi.. Elle ferme les yeux, un instant. A quoi bon ? A quoi bon se heurter à ce qui est plus fort qu’elle. Au moins, là, dans la langueur de leur échange, elle n’a pas besoin de réfléchir, juste savourer. D’habitude, elle se laisse aller, s’offre littéralement, sans rien dire, sans vraiment s’impliquer. Cette fois c’est différent. Il lui a donné la douceur de l’envie, le feu d’une passion interdite, qui brûle encore.

« Mangez quelque chose. » Elle alterne. Tu. Vous. Comme une incertitude, comme témoin de l’ambiguïté de leur relation. Elle ne le connaissait que comme un lecteur, comme un homme posé tranquillement, le nez dans un recueil de contes. Rien de cela, pourtant, puisqu’il est en fuite, puisqu’il a plus l’allure d’un combattant que d’un intellectuel enfermé au sein d’une bibliothèque. Un loup. Calée contre lui, elle ne semble pas particulièrement décidée à bouger, remontant la couverture sur son corps trop dénudé, le dérobant un peu à sa vue. Elsa flotte dans ses pensées. Est-ce qu’elle dort ? Et elle s’envole aussitôt, éloignée par la chaleur de l’épiderme. Se défaire du souvenir de l’homme entre ses bras lui est difficile. S’y accrocher pour ne pas oublier.

« Je crois que ma famille me manque. » Ca s’extirpe comme une vérité involontaire tandis qu’elle fixe le vide, la tête contre son coeur, écoutant les battements. Boum, boum, boum. Elle ne pense pas souvent à sa famille, pleine de rancoeur et d’amertume à leur égard. Et elle a du mal à reconstituer les traits de Rosaline Duchannes, le sourire de son père. Le prénom de son frère refuse de revenir sur le bout de sa langue. Un clignement des yeux, elle revient à la réalité, à l’instant présent. Dans cet état, elle ne peut défoncer aucune porte à coups d’épaules. Elle veut juste de la tendresse. Du contact. De l’amour et dormir. Dormir beaucoup.

* ; français.
(c) AMIANTE

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Ses mots glissent sur elle comme l'eau sur les écailles d'une sirène. Elle est partie. Son attention n'est plus là. Le sort a repris le dessus. Un léger accent de déception dans son soupir, teinté pourtant plus de désir quand elle embrasse encore ses épaules. Ça aura bien été la peine de remettre son pantalon... « Vous n'avez rien mangé... Il hausse un sourcil amusé. Ah ? Ce n'est pas le souvenir que j'aie de cette nuit. » La voix un peu lente, savourant le sous-entendu, le rire chatouillant sa gorge. Il n'est pas sage, et elle non plus, ma foi, quand elle porte à ses lèvres un doigt couvert de chantilly, qu'il déguste avec plaisir. Encore fraîche, la chantilly, préservée par la magie. L'appétit, bien physique cette fois, qui se réveillé, couplé à un autre appétit qui apparemment n'a pas encore trouvé satisfaction. Comme lisant dans ses pensées, Elphaba vient ronronner à son oreille : « Tu as encore faim ? » En réponse, un long baiser et sa main qui prend la sienne pour en apaiser le tremblement, la lutte qui recommence. Doux.

« Mangez quelque chose. » Il n'est pas le plus maigre, mais il sait bien qu'il n'est plus l'homme qu'il était. Plus mince. Trop mince, pour un homme de sa taille – quoiqu'il n'est pas le plus maigre. Il obéit, donc, se relève légèrement pour attraper une pâtisserie, recouverte de chantilly et de framboises. Beaucoup de sucre, dès le matin. L'idée lui lève étrangement le cœur, mais il mord dans la pâtisserie sans broncher. Savoureuse, encore, moelleuse. Il mâche lentement, tentant de retenir un sursaut écoeuré, chaque bouchée avalée avec patience. Mangeant toujours comme s'il ne savait pas quand il allait manger à nouveau.
C'est le cas, n'est-ce pas ?
La couverture cache un peu plus le corps d'Elphaba. Froid peut-être ? Ou est-elle gênée ? Ce qui serait bien inattendu. Lui-même n'a pas de pudeur physique, n'en a jamais réellement eu, considérant son corps comme une carte, un outil, un instrument de sa victoire, marqué de toutes parts. Autant par les cicatrices que par les rides, par la fatigue, par l'argent qui commence déjà à orner ses tempes. Il vieillit trop vite. De l'homme plus posé, plus tranquille, que reste-il ?

(un animal)

Il termine la pâtisserie et se jure de ne pas en prendre une autre. Autant de sucre, quand on en a perdu l'habitude, c'est difficile sur un estomac. « Je crois que ma famille me manque. » Ça lui semble involontaire, irréfléchi, une vérité passant ses lèvres sans qu'elle y prenne garde. Aucun autre mot ne suit la phrase, comme si elle avait déjà oublié. Shh. « N'y pensez plus. » Elle doit déjà avoir oublié. Ne pensez plus à ce qui s'est effacé. Ce n'est pas le moment. (ta famille aussi te manque, Davy)(n'y pense pas, ce n'est pas le moment) Il embrasse son front, relève sa tête pour capturer ses lèvres. Sa main se glisse sous la couverture, revenant caresser le corps nu blotti contre le sien, à moitié vêtu. Il sourit, canaille, d'une patience qui ne lui ressemble pas. Les doigts joueurs, le cœur recommençant à battre trop rapidement. « Vous avez raison... j'ai encore faim. » La voix rauque, encore tendue de désir.

Il ne partira pas.
Ils ont le temps.

(sujet terminé)
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