Le désir te colle à la peau. Il dépasse tous les mots, tous vos maux. Grignotant de ses mains toutes ses suppliques, tous les interdits. Ce matin, on vous offre l'éternité. Ce matin, on ne vous offre pas de fin. Les doigts embrasent, chassent l'horreur, les douleurs. Il n'y a qu'elle. Il n'y a que vous. Les jeux d'enfants ont été balayés, renversés par les vies adultes, par tes mains qui ne cessent de s'émerveiller, de l'aimer. Tu décris les courbes, les blessures de guerre, l'enfer de cette terre. Elle n'a pas ses mains trop longues, écrasés par le poids des duels, des combats sans fins, sans matin, contre tes recherches.
Tu n'en as pas aimé tellement.
Tu n'aimes qu'elle. Tu n'as pas peur. Tu n'auras plus jamais peur contre son cœur. Les rancœurs se terrassent, se crevassent. Elles déversent leur poisons dans la rivière de l'oubli, elles se soûlent de l'ivresse de tes doigts qui paressent. Tu as toute la journée.
Tu as l'éternité. La goûter, la sentir, vous guérir. Le jeu de tes mains s'égare, c'est bien de ça dont tu as envie, non ? Colmater les plaies, chasser le sel sur les mots injurieux, orduriers. Elle griffe, elle abîme,
elle t'excite. L'ordre la fait crever ta peau de ses ongles. Et tu gémis sous les crocs de ses mains, sous ses marques rougeoyantes qui s'impriment, se dessinent.
Oh bordel, elle va te tuer.
Les grognements roulent, le pantalon roule aussi. C'est facile, imbécile. C'est ainsi entre vous. C'est toujours ainsi. La simplicité se glisse, s'immisce dans la complexité, crevant, tuant tous les travers, tous orgueils, les écueils de la haine souveraine, sans cesse reine.
Merlin, tu l'aimes. L'impatience la jette contre toi. Et elle s'enroule à toi, dans un gémissement. Les mains s'égarent sur ta peau, les jambes assassinent de leur étau ton cœur, les bras s'enroulent à toutes tes erreurs. Et tu sombres en elle. Tu n'es plus que l'ombre de toi-même. Il ne reste que vous dans la gourmandise d'un baiser qui s'échappe, qui dérape. La faim est grande,
franche. Elle attaque, elle désarme, elle t'arme. Et l'ivresse est fulgurante, fascinante, laissant traîner les plaies lancinantes de vos mémoires, de votre histoire. «
Je suis à toi. », dans un murmure, dans la chaleur du baiser échangé, dans la fièvre passionnée. L'imperfection vous rend à la passion. L'imperfection vous rend beaux, dans ses corps qui fusionnent, s'étonnent de se compléter, d'aimer.
Et le plaisir fauche. Il traîne ses doigts dans tes gémissements, tes couinements.
Merlin, c'est
si bon. Tes hanches se sont perdus entre les siennes. Et ça monte, ça t'inonde d'un besoin sale, écarlate. «
Aramis » , ton prénom lèche les accents du plaisir, de tous les désirs, crapahutant sous les douleurs qui la rendent belle, tellement belle. Et elle t'entoure, elle est tous les atours. Sa chaleur glisse entre lenteur & lourdeur, t’asphyxie du corps au cerveau. Tu te casses de la gueule au cœur, dévasté, terrassé, tyrannisé. Les mots te manquent, les mots se bloquent. Ta gorge rester nouer, alors que tes doigts osent pousser le vice. Au bord du monde, son prénom se perd sur le bout de ta langue. Au bord du vide, tu vacilles dans le choc de vos baisers. Tu veux terrasser la douleur, ne laisser que la douceur. «
Pour toujours ... A toi.. » , et tu oses dans la course de tes reins. Prince des caprices, des supplices, tu te fais bourreau d'amour & de velours, perdant tout dans la courbe de ses yeux fauve. Tout pour elle. Tout pour ses désirs, ses plaisirs. Vos doigts se mêlent, s'entremêlent. Tu es là, tu n'abandonnes pas.
Tu n'abandonnes plus. Et elle agresse, elle oppresse de la caresse de ses reins la fureur, la rancœur des amours volés, arrachés. Tu as demandé & elle esquisse de tout son corps la réponse, la passion. Et tu réponds, tu donnes. Ton corps la trouve, la retrouve dans le choc, dans cette mer agitée. Le vertige s'amorce & tu désarmes. Tu es l'animal contre sa peau. Tu es l'animal qui courent dans son cou, contre sa gorge, laissant les traces bleutés de possessivité.
A toi, rien qu'
à toi.
Les paroles se disloquent, sans sens, sans volonté, brisé entre baisers pressés & raison ravagée. Les mots se perdent à ton tour. Tu ne vois qu'elle, n'entend qu'elle dans la course folle. Tu perds l'haleine, convoitant la reine, piétinant, sans mesure, ton rôle avec démesure. Et le paradis s'égare. Le plaisir avale. Les prénoms se perdent, et tu files, files, files à sa rencontre. Tu montes sans t'arrêter, sans le pouvoir, ni le vouloir. A ses «
encore », tu donnes le monde dans les mouvements brisés, écrasés. Tu grognes, tu t'abandonnes. Tu n'as pas peur, tu serres sa main plus fort. La chute est belle. La chute est souveraine. Des «
toujours » sonnent comme des promesses, des ivresses complémentaires, prisonniers de ce besoin en overdose, en apothéose. Tu gémis lorsque tu entends son «
j'ai tellement besoin de toi » . Tu ne parviens plus à garder le nord, tu perds pied, tu te tords. Et tes ongles crissent, tu t'emballes, t'égarant plus, toujours plus. «
Moi aussi », jappes-tu contre elle, dans le bleu peureux contre le brun aventureux des yeux.
Et dans le désordre, l'apologie au terrorisme des émotions explose.
Et tu
oses, tu t'imposes.
Elle se serre, t'enserre dans sa chair & tu laisses le monde valser, valdinguer, vaciller. Elle te happe & te dévaste. Et tu cris ou gémis. Tu ne sais plus bien, tu ne sais plus rien. La jouissance prend tout, ravage, déglingue le reste de tes neurones. Et c'est bien, c'est tellement bien lorsque tu te retiens pour ne pas l'écraser dans ses yeux écarquillés, privés, étonnés de tant donner, de ne rien casser. C'est foutu, vous êtes foutus. Le rire te crevasse, te terrasse. Le souffle est court, fatal, animal. Tu te presses à elle, anéanti, vidé, exténué. L'indécence vrombit, vomit dans vos ventres & tu souris. Elle est tellement belle, la gamine. Elle s'est offert le festin de ton cœur. Et tu sais, en lenteur, en douceur, que vous avez trompés, abusés, chassés le destin dans un dernier baiser.
Et le froid t'assaille, entaille quand tu oses te séparer d'elle dans un grognement de voix éraillé, dévasté. Et puis, soudain, la peur. Et puis, soudain, tu réalises. Et si elle te laissait ? Et si elle t'abandonnait encore ? Le corps s'enroule au sien & tu murmures, gamin sans lendemain, sans destin ; «
Tu ne me laisses pas, hein ? ».
Question sans fin, sans réponses.
Lorsque tu t'endors, blotti dans son corps.
- FIN -