‹ occupation : criminel, propriétaire déchu du Centuries.
‹ maison : Serpentard.
‹ scolarité : 1977 et 1984.
‹ baguette : brisée.
‹ gallions (ʛ) : 5330
‹ réputation : il n'est plus rien, l'héritier réprouvé d'une famille presque extincte, indigne de toute confiance et bon à moisir dans les geôles d'Azkaban.
‹ faits : toujours considéré comme une ordure remplaçable, dans le clan désuni de Voldemort, Rosier est désormais perçu comme un lâche ayant déserté avant la bataille finale. Un monstre qui a abusé de la confiance d'une sorcière honnête (Anna), et un père indigne par-dessus le marché. Nombreux sont ceux qui auraient aimé maintenir la peine de mort jusqu'à ce qu'il y passe.
‹ résidence : Azkaban.
‹ patronus : un vague filet argenté, sans forme ni consistance.
‹ épouvantard : un précipice.
‹ risèd : une plage, avec Anna et Charlotte.
turn down for what
Evening came To the corners of my mind again, Cold and clean, A ringing on an open plain, But it seems so long, my friend, My memory is all but gone, Back to my whispering mind
« Est-ce que tu peux arrêter de cracher putain ? Qu’il beugla enfin, après s’être pincé l’arête du nez. – Désolé. – Tu fais chier. Franchement. » Tout le monde le faisait chier, depuis quelques temps. Les livreurs, à la bourre, alors qu’il avait eu la politesse de s’extirper de son matelas aux aurores. Julian, à la bourre, avec sa gueule de bois. Ce hibou qui avait manqué de l’éborgner, en déposant son Daily Prophet sur le comptoir de la cuisine. Un vague « ok » se fit entendre, mais les mâchonnements reprirent de plus belle ; et plutôt qu’éructer son exaspération, il préféra inspirer une goulée d’air vicié par les émanations de sa cigarette. Sa main en tremblait. À moins que ce ne soit le Navitas qu’il avait pris avant de transplaner. Derrière son épaule, Julian chiquait du tabac depuis dix insoutenables minutes et projetait ses glaviots sur l’asphalte sans s’inquiéter le moins du monde de l’agacement croissant de son patron. Raide à s’en péter la colonne vertébrale, Rosier et sa mine revêche contemplaient le déchargement d’une cargaison de boissons alcoolisées : une suite de cartons flottant les uns à la suite des autres, entrant et sortant de l’entrée de service du Centuries, surveillés du coin de l’œil par deux employés. À cette heure-ci, le nightclub voyait sa splendeur crucifiée par la réalité dont il condamnait l’entrée, et l’établissement n’était alors rien de plus qu’une façade sinistre, devant laquelle il buvait son café matinal, à moitié somnolent. « T’as une sale gueule, » lança distraitement Julian. Il haussa les épaules, trop absorbé par la livraison pour se fendre d’une réplique cinglante. Le masque altier ne s’était que trop fissuré, les cernes se creusaient, le visage s’émaciait, et l’adonis vieillissant affrontait les marques de l’addiction, la boursouflure invisible de l’alcool ; alors oui, il avait une sale gueule. Le constat le laissait désormais de marbre. Comme le reste. Du café qu’il buvait à la clope qu’il fumait, en passant par le whisky qu’il avait versé dans le gobelet fumant ; tout ça, ça n’avait qu’un goût dégueulasse – âcre à en vomir, s’il lui restait encore quelque chose dans l’estomac à régurgiter. Les yeux dans le vague, le prince, autrefois outrecuidant au possible, luttait pour ne pas s’affaler quelque part, et attendre que le temps passe. « Hey, Rosier. » Une paire de doigts claqua sous son nez, le tirant d’une léthargie dans laquelle il ne se souvenait pas avoir sombré. Julian avait cessé de mastiquer et se tenait devant lui, dubitatif. « Ils ont fini. » Oh. Ils ont fini, répéta une voix familière, dans un coin de sa boîte crânienne. « Cinq minutes, dit-il en agitant sa clope, et je te rejoins en haut. » L’autre acquiesça de la tête, non sans une dernière œillade préoccupée, et se dirigea vers l’entrée avant de refermer la lourde porte sur lui. Le silence urbain était réconfortant. À quelques mètres de là, dans son champ périphérique, il distinguait quelques passants rejoignant l’allée principale du Chemin de Traverse. Son mégot moldu – il avait égaré son dernier paquet de cigarettes sorcières – tomba à ses pieds avant d’être écrasé (littéralement ratatiné) par le bout de son boot noir. Sa main vint fourrager ses épis ébène, quand son regard s’accrocha à une silhouette, au bout de la rue. Ses calots azurs se plissèrent, et il crut… il crut le reconnaître. De si loin que son cœur en manqua un battement. Elias. Pendant un instant, son talon se décolla de la bordure du trottoir sur lequel il chancelait, prêt à rejoindre un parfait inconnu et… Fuck. Ses paupières papillonnèrent. L’illusion avait disparu. Envolée, à l’instar de quelques unes de ses cellules grises. Ce n’était pas la première fois que son esprit fracturé se jouait de lui, et il ne parvenait même pas à se convaincre qu’il souffrait d’hallucinations. Non. Jamais. Il était sain, quoiqu’exténué. Son psychomage avait évoqué des symptômes dépressifs, et le brun avait balayé le diagnostic d’un rictus narquois, arguant qu’il était insomniaque, qu’il était trop occupé pour se permettre de déprimer. Sa mauvaise foi avait cloué le pauvre type sur sa chaise. Claquemuré dans le déni, Rosier refusait d’admettre que quelque chose s’était brisé, demeurant inchangé, insensible à ses démons, à ce vide qui le dévorait, et bien qu’une rage muselée gronde dans ses entrailles, il la noyait d’alcool dans l’espoir de la réduire au silence. Machinalement, sa main se glissa dans la poche intérieure de son cuir élimé pour s’emparer d’une flasque métallique, dont il dévissa hâtivement la capsule. Une gorgée de pur-feu plus tard, il était bon pour la route.
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Il avait quitté le Centuries en début d’après-midi, et après un obscur passage chez lui, un rail hybride de Navitas et de potion énergisante, il avait affronté trois meetings avant d’atterrir chez des amis qui l’avaient invité à visiter leur nouvel appartement, perché au sommet de la Bran Tower. Il avait hoché la tête pendant une dizaine de minutes, plus que jamais certain de ne pas vouloir y emménager. Les brusques embardées de l’ascenseur l’avaient traumatisé. Il ne s’était pas approché, de près ou de loin, du projet de la Bran Tower. Certains disaient que l’immobilier était une valeur sûre, mais il s’était gardé d’investir, ou même d’acquérir un appartement. Si l’idée de la proximité immédiate d’un voisinage lui filait la nausée, celle de croiser des êtres humains dans un environnement qui se réclamait privé le révulsait. Rosier habitait le même loft depuis presque six ans, et bien qu’il se fût intéressé à l’inauguration du complexe, il n’en admirait que l’architecture. Sous les pieds des plus riches gisaient la misère des pauvres ; c’était davantage par intérêt personnel que par indignation qu’il s’était empêché de céder au démon du gallion. Et c’est en entendant le nom de Malfoy, bien-aimé cousin, qu’il se souvint que le jeune homme avait élu domicile dans l’un des spacieux logements de la tour. L’occasion était trop belle – la tête de Draco était probablement l’une des raisons de sa supposée dépression. En supposant que le retour d’Astoria ne se soit pas soldé par des retrouvailles passionnelles et de nouveaux projets de mariage, il eut l’idée que seule une mauvaise influence pouvait avoir. S’amuser. « T’as une gueule d’inferius, » qu’il déclara en guise de salutations, après avoir martelé son impatience contre la porte. Rosier était de ceux qui n’avaient pas besoin d’une raison valable pour sortir. En l’occurrence, il appréciait la compagnie de Draco quand il s’agissait de boire quelques coups ; voire davantage, ces derniers temps. Le blond s’était décoincé, et il ne s’en plaignait pas. « Quel foutoir, » se contenta-t-il de marmonner, le bras négligemment appuyé contre l’embrasure. Ses yeux sautèrent d’un carton à un autre, s’attardèrent sur des malles à peine déballés, et détaillèrent l’aménagement pratique du mobilier, à mesure que ses sourcils s’arquaient sous le coup de la surprise. L’appartement avait le mérite d’être relativement accueillant, et éclatait d’une somptuosité presque obscène. À l’image de cette jeunesse dorée. La sangle défaite de l’un de ses boots traînait sur le sol et cliquetait à chacun de ses pas mesurés, allant de concert avec la chaîne de sa montre à gousset, attachée à sa ceinture. Quand les sorciers de son rang exhibaient fièrement leurs valeurs traditionnelles, couverts de capes et sobrement vêtus, il osait un accoutrement moderne, parfois trop désinvolte pour ses pairs. Les mains dans les poches, il flânait là où il pouvait mettre les pieds, veillant à ne pas renverser des babioles à peine rangées, et s’aventura même sur le balcon, après avoir prudemment enjambé une succession de boîtes. « Ça vaut le coup d’organiser une pendaison crémaillère, » remarqua-t-il, en se penchant par-dessus la balustrade, curieux d’admirer l’étendue de la vue. Évidemment. L’invitation n’avait pas pour vocation d’être subtile. « D’ailleurs– il extirpa un sachet de sa poche arrière et le lança en direction de Malfoy, considère-ça comme mon cadeau, tu sembles en avoir plus besoin que moi. » Et quel cadeau. Du Navitas fraîchement traité, pas de la came arrachée aux ruskovs du coin. « Tu comptes faire quelque chose avec tes cheveux aussi ? » L’humoriste au rictus gouailleur s’échoua dans l’un des fauteuils, la jambe à moitié jetée sur l’accoudoir, et se contorsionna pour atteindre une autre poche (décidément), où il avait fourré son tabac à rouler. « T’as quelque chose de prévu ce soir ? J’ai embauché de nouvelles danseuses. » You don’t say. Il égrenait adroitement des miettes sur sa feuille, et coinça les bouts entre ses doigts, avant de lever le nez vers Draco, faussement inquisiteur. Il connaissait déjà la réponse.
Dernière édition par Simon Rosier le Dim 5 Juil 2015 - 18:57, édité 1 fois
‹ occupation : ancien langue de plomb (spécialisé dans les expérimentations magiques) ; fugitif et informateur de la RDP entre le 26.05.03 et le 08.12.03 ; condamné à 22 ans à Azkaban pour terrorisme, au terme d'une assignation à résidence et d'un procès bâclé, tenu à huis-clos.
‹ maison : Slytherin — “ you need a little bit of insanity to do great things ”.
‹ scolarité : entre 1991 et 1997.
‹ baguette : un emprunt, depuis qu'il est en fuite. elle n'est que temporaire et il ne souhaite pas s'y intéresser ou s'y attacher, puisque la compatibilité est manquante.
‹ gallions (ʛ) : 14294
‹ réputation : sale mangemort, assassin méritant de croupir à vie en prison pour expier ses crimes et ceux de ses ancètres.
‹ particularité : il est occlumens depuis ses 16 ans.
‹ faits : Famille.
• Narcissa (mère) en convalescence. sortie de son silence depuis peu pour réfuter l'annonce de son décès ; reconnue martyr. lutte pour que le jugement de son fils soit révisé.
• Lucius (père) mort durant la tempête du 03.03.2004.
Spoiler:
• Aramis est plus un frère qu'un cousin par alliance, de ces relations précieuses qui se consolident au fil des épreuves.
• Nyssandra, marraine de Scorpius, et cousine par alliance depuis qu'épouse Lestrange. Un moyen légal d'officialiser le fait que plus qu'une amie, elle a toujours été un membre de la famille, de cœur sinon de sang.
• Severus, en sa position d'ami de longue date de la famille, a joué auprès de moi le rôle de précepteur, puis d'enseignant, de protecteur. Je ne lui ai pas toujours fait confiance, à cet étrange personnage pétri de mystères, mais le Serment Inviolable qu'il a accepté de formuler à la demande de ma mère il y a quelques années m'a poussé à me tourner vers lui au moment de choisir un parrain à Scorpius. Je ne sais toujours pas à l'heure actuelle quel est son réel camp, mais il est assurément un allié redoutable.
• Gwen... Gwen. Usurpatrice Lestrange, Black insoupçonnée. J'ai perdu une cousine pour en gagner une autre, et si les faits prouvent à présent que le sang nous lie, je ne sais si je l'aime ou si je la hais pour ses mensonges. Son existence remet en doute de trop nombreux principes: pourquoi n'ai-je pas décelé qu'elle était différente, sang-mêlée, si le sang est si crucial et le mélange inadmissible ? Je ne supporterais pas de la perdre, mais lui faire face est encore trop... déboussolant.
• Simon, canaille défraichie, cousin décadent. Notre entente est vache est étrange, mais le sang l'emporte souvent - même sur les différences. Il a été, étonnamment, le plus apte à me fournir des échappatoires, qu'il s'agisse d'Orviétan, d'alcool de choix à consommer sans modération ou de planque relativement imprenable.
• Sansa, traitresse. La baguette qui s'érige, qui frémit, qui s'abaisse au creux de phalanges crispées, et la rancoeur qui salit des années de complicité.
• Hestia, cousine & partenaire de crime. Elle est étrange, creepy, et c'est sans doute ce qui fait son charme. Nous avons plus ou moins grandi ensemble, élevés pour tisser des ententes et projets dans l'ombre en quête de plus de pouvoir. Mais à présent, il est surtout question de survie.
• Flora, cousine. Elle a changé, c'est un fait, victime du brainwashing imposé par le gouvernement aux dissidents. Et notre alliance d'origine lutte, mais ploie sous l'intensité de sa nouvelle allégeance au Magister.
• Nephtys, cousine Shafiq, victime d'un don... malédiction. Elle est l'une des raisons pour lesquelles soutenir de régime a été plus difficile d'escompté ces dernières années. Le moins que l'on puisse dire est qu'il est un Maître ingrat, et Cissy et Nephtys ont été des martyres, sacrifiées sur l'autel de ses ambitions cruelles.
• Andromeda, tante. Reniée, (re)trouvée... je ne sais pas ce qu'elle m'inspire. De la consternation, peut-être; elle a toujours été une idée, un souvenir, l'ombre d'un passé révolu, et la voilà qui surgit à présent du néant, tangible. Traître à son sang. Mon statut d'extrémiste ne m'a toutefois guère porté plus de chance que le sien, et l'existence de son petit-fils... de mon cousin, ne peut me laisser indifférent, en dépit de son ascendance peu flatteuse.
A protéger.
• Âme-sœur de toute une vie - ou de plusieurs. Rien n'a jamais été réellement simple entre nous et pourtant elle a toujours été une évidence, un essentiel. Le sentiment s'étend à ses filles, que j'en viens parfois, souvent, à considérer comme les miennes.
• Nott est un ami d'enfance. Malgré la distance imposée à l'adolescence par son refus de se trouver rabaissé au rang de sous-fifre, le lien a perduré, latent. Il est ce frère auquel il n'est pas toujours nécessaire de tout dire, dont je m'éloigne souvent, mais que je retrouve inexorablement - et vice versa.
• Loony persiste à nous prétendre amis et peut-être ses délires ne sont-ils plus si faux à présent... elle est en tout cas une alliée précieuse et s'est révélée étonnamment loyale. Et tenace. Les réminiscences de vies antérieures me poussent d'ailleurs à croire qu'elle a été une présence récurrente au fil des siècles, et dans cette vie comme dans les autres, elle semble partager les instants les plus sombres de mon existence.. et inversement.
• Astoria m'a offert ce que j'ai de plus précieux: un fils. C'était une erreur et Merlin sait qu'elle nous a coûté cher, mais il reste ce qui nous lie aujourd'hui, la principale raison pour laquelle je ne laisserais rien lui arriver.
• Greg a d'abord été un banal sous-fifre, avant que la soif d'émancipation puis la mort de Vince ne bouscule notre dynamique. C'est une... amitié particulière, à tendance haineuse sur les bords, car des années d'entente mêlée de mépris ne s'effacent pas aisément. Pas plus que la colère qu'il nourrit à mon encontre depuis la mort de son comparse - mon ami d'enfance. Reste qu'il fait partie de cette poignée de sorciers dont la présence dans mon existence est non négociable. Frère d'arme.
• Chang, partenaire sur le terrain, entente masquée en public sous des couches d'agacement mutuel, chaleur humaine et réconciliations fiévreuses en privé. On s'est plus d'une fois retenus de sombrer, sauvés, mais l'équilibre fragile est à présent vicié par le brainwashing qu'elle a subi.
• Ardal est une connaissance de longue date, mais aussi le cousin de Pansy - celui qui n'hésite pas à me faire part de sa façon de penser lorsqu'elle a des raisons de plainte à mon sujet. C'est assez agaçant, à vrai dire, que d'avoir laissé à quelqu'un suffisamment de marge pour écoper de remarques lorsque mon attitude lui déplait - mais il a eu la décence de ne jamais en abuser, plus ami que moralisateur.
Compliqué. Susanna, il y a eu la passion, les tensions, la séparation, la fureur, le manque. L'étape suivante aurait dû être la réconciliation - j'étais prêt à l'épouser. C'était avant qu'on ne la découvre coupable de trahison, avant qu'une vision d'Aramis ne révèle sa relation, avant que la dénonciation à laquelle j'ai consenti ne lui coûte la vie. Déchiré entre colère et regrets, j'ai fait le choix d'effacer les sentiments qui perduraient pour ne conserver que la haine. Rien d'autre que la haine.
• Granger est infecte - mais la fréquenter est utile. C'est ce qu'elle est: une partenaire forcée, une alliée de poids, un point d'interrogation sur l'échiquier de mes vies antérieures et actuelle. Lui laisser percevoir mes failles est insupportable, mais je sais pourtant qu'elle restera une tombe et ne saurait me trahir: à défaut de confiance et d'entente, nous avons un pacte.
• (Tracey, amie proche d'Astoria - et de Susanna, autrefois. Elle n'a pas cautionné notre rapprochement et notre entente, depuis, a été étrange, ambivalente. Mais cordiale. Avant, du moins, qu'elle ne devienne une mangemort fanatique.
• Blair. J'ai aidé cette gamine à échapper à la rage des Carrow, autrefois, et détourner leur attention m'a valu des maléfices mémorables. Ce qui m'y a poussé ? J'en doute encore aujourd'hui - la compassion n'a jamais compté au nombre de mes défauts. Mais les révélations de Beltane me poussent à croire que nos âmes liées m'ont influencé: elle a été ma sœur, dans une autre de ces vies qui ne cessent de resurgir aux moments les plus inappropriés.
• Winchester est la marraine de Teddy, la responsable de la quête au bout de laquelle je les ai cherchés, sa grand-mère et lui.
• Darja et moi, on formait une paire efficace en laboratoire, seul cadre dans lequel elle s'illuminait par ailleurs. Et nous est arrivé de nous inquiéter l'un pour l'autre sous nos masques de mangemorts; mais elle est insondable et je ne prendrais pas le risque de la sous-estimer si je la croisais baguette au point, fort de mon nouveau statut de prétendu traître.
• Avery était un allié de père, subissant comme lui les griefs des mangemorts ayant été fanatiques au point de gâcher des années de vie derrière les barreaux. Il est sans doute un dangereux ennemi, à présent.
A enterrer.
• Potter, foutu sauveur à deux noises. Il m'a imposé une dette de vie, le plus lourd fardeau qu'il m'ait jamais été donné de porter. Il est la cause de l'entente avec Granger, mais aussi un élément récurent de tous les évènements négatifs de ma vie. Plus récemment, il m'a dérobé un bien que je ne savais même pas en ma possession: la mythique Baguette du Pouvoir. Je suis supposé le prévenir, mais la haine qui nous sépare a toujours été trop intense pour favoriser les compromis.
• Zabini, allégorie de la trahison, de la confiance brisée ; même le temps n'allège pas l'intensité de ma rancoeur, et pour cause: il était le dernier de la part de qui je me serais attendu à recevoir un sort dans le dos. Le rituel qui nous lie rend son absence pénible, physiquement douloureuse, mais si nous nous recroisions les différends se règleraient à la baguette et aux poings.
• Weasley - tant Fred que Ronald et le reste de leur smala dépeuplée, je ne lèverais pas le petit doigt s'ils brûlaient dans un Feudeymon. Bien au contraire, je me délecterais du spectacle.
• Matteo, bel emmerdeur, journaliste rapace - de cette engeance qui se nourrit des déboires d'autrui. Je préfère prétendre que cette St-Valentin 03 et l'intoxication à l'Amortentia n'a pas eu lieu. Jamais.
• Rabastan. Les Malfoy et les Lestrange n'ont jamais été faits pour s'entendre - à vrai dire la jeune génération constitue l'exception. Mais si les tensions étaient jusqu'alors mesurées, masquées, elles ont atteint leur paroxysme lorsque Rabastan a contribué à l'enlèvement de ma mère.
• Wyatt, cette ordure, ce fumier. Il était l'image même du père et du futur beau-père idéal, avant que l'arrivée de Scorpius ne fasse surgir au grand jour sa véritable nature. Ses tentatives de meurtre avortées n'ont fait qu'exacerber la haine mutuelle, et son rôle dans l'enlèvement de Mère a été la goutte de trop. Il est intouchable, en odeur de sainteté auprès du Lord. Et d'une puissance non négligeable. Mais si je venais à le croiser sur un champ de bataille, je prendrais le risque d'extérioriser la soif de sang qu'il m'inspire, quitte à y périr.
• Rookwood. Ancien mentor imposé par le Maître. craint et respecté à la fois, pendant un temps. Je ne serai jamais à la hauteur de ses critères en terme de cruauté, mais ses prétentions me hérissent. Il n'est après tout qu'un sang-mêlé désireux d'exterminer sa propre engeance.
(d-e, wiz, ins, rdp, hun)
‹ résidence : emprisonné à Azkaban depuis le 06.01.04. en fuite depuis le 08.05.04.
‹ patronus : inexistant.
‹ épouvantard : l'éxécution de juillet 02, ses proches en guise de victimes: leurs regards vidés par l'Imperium, la baguette de Draco dressée, les étincelles vertes des AK et leurs cadavres empilés comme de vulgaires déchets.
‹ risèd : un portrait de famille idéal, utopique.
turn down for what,
Everything that drowns me makes me wanna fly
19 MAI 2002 & SIACO
La réalité devenait trop pesante pour être affrontée en toute sobriété. Parfois, il était aisé de faire abstraction des faits dérangeants – l’Occlumencie aidant, Draco classait ses émotions comme d’autres trieraient des dossiers : de façon froide, méthodique, trop détachée pour être honnête. C’était sa façon de garder le cap, de ne pas perdre pied, d’assumer ses actes sans se laisser briser par eux. De prétendre que rien n’allait de travers, alors même que le monde ne tournait plus correctement sur son axe depuis des années déjà. Parfois c’était tolérable, tout à fait gérable. Il s’acharnait à refouler, encore et encore, parce qu’il n’avait pas le temps de se soucier d’un quelconque mal être, comme tous les sorciers vivant sur cette foutue terre viciée sans doute.
Et à d’autres occasions, même ses barricades mentales le trahissaient, cédant face à l’avalanche d’incertitudes qui grondaient dans chaque parcelle de son esprit. Fort heureusement, c’était assez rare, fruit de l’épuisement surtout, et peut-être en partie des substances sur lesquelles il commençait lentement mais sûrement à trop se reposer. Mais quand ça surgissait des tréfonds de son être, il éprouvait tout bonnement l’envie de se fendre la boîte crânienne contre la surface solide la plus proche afin d’en extirper de force, et définitivement, les causes de ses tracas. Aujourd’hui était l’un de ces jours sans – et tout était de la faute de Scorpius, really. « Elle vient quand, Sue ? » La question avait été posée dès le matin, au réveil, et avait annoncé les couleurs de la journée à venir. Comme Draco s’y était attendu, Scorp avait refusé de se contenter de ses réponses évasives et l’avait littéralement harcelé tout au long des heures qui avaient suivi.
L’occurrence était fréquente et dérangeante – assez pour l’avoir poussé, trois jours plus tôt, à allez jusqu’à rédiger un courrier à Miss Eris afin de bénéficier d’un avis extérieur sur la meilleure stratégie à adopter. Devait-il opter pour une réponse définitive quitte à blesser son fils ? Vapid était le premier mot que lui inspirait miss Burke, mais le reste de la communauté sorcière ne tarissait pas d’éloges sur la rubrique qu’elle rédigeait, les conseils qu’elle distillait, et le blond était parvenu à se convaincre (brièvement) que vérifier la théorie ne pouvait faire de tort. A présent que l’attente d’une réponse se prolongeait, il commençait à douter sérieusement de l’intérêt de la démarche. La pseudo conseillère demeurait muette et de son côté, il était toujours aussi régulièrement confronté aux crises d’un Scorpius de plus en plus rancunier, qui s’était convaincu que la disparition soudaine de sa chère Sue était forcément dû à Draco. Foutaises – le blond ne s’estimait pas coupable. Il avait tout fait pour la retenir, elle était à ses yeux celle qui avait persisté à tout ruiner. Fais-toi une raison : elle n’a quel faire de toi, s’était-il retenu de justesse d’asséner à l’enfant. Au lieu de quoi il avait encaissé la tornade et les reproches, avait misé sur l’autorité pour mettre une halte au caprice du môme, et avait prétendu encaisser sans broncher l’accusation sur laquelle s’était achevé le débat : Tu fais fuir tous ceux qui m’aiment. C’était l’une de ses pires craintes exprimée en sept mots, concentrée en une phrase – depuis la naissance de Scorpius, il redoutait le jour où celui-ci l’accuserait d’avoir fait de lui la triste ombre du petit garçon qu’il aurait dû être. Malheureux et esseulé. Le morveux s’était excusé plus tard, et Draco avait sèchement hoché la tête avant de lui annoncer qu’il était temps pour lui de rentrer au Manoir, puis de l’y conduire. Mais le mal était fait et, une fois de retour à l’appartement, il s’était cloisonné dans son travail pour repousser les démons qui l’assaillaient.
Il n’était pas fait pour les attaches.
L’évidence s’imposait à lui avec une douloureuse acuité – sous les traits de Blaise d’abord, puis de Susanna, de Lucrezia ; d’autres faciès s’y ajoutaient, mais ceux-là étaient les plus cuisants, ceux qu’il s’efforçait habituellement de maintenir tabous. Scorpius avait raison : ceux qui comptaient finissaient toujours par tourner le dos, laissant derrière eux les stigmates douloureux de leur passage trop intense. S'ajoutait à cela l'étau de la culpabilité – envers Narcissa, principalement – parce qu’il était aussi incapable de protéger ceux qu’il aimait.
Ça le rongeait.
Grattant quelques observations sur le parchemin qui lui occupait partiellement l'esprit, Draco se servit un verre du spiritueux qu’il avait récupéré avant de mettre le nez dans ses dossiers ; cette bouteille ci lui venait de Simon, et avait dormi dans son bar depuis que Rosier avait acquis le Centuries et l’avait propulsé au rang d’incontournable. Avec les compliments de la maison, avait-il glissé, moqueur. A l’époque, Draco n’était guère porté sur ce genre d’échappatoires. Mais depuis des mois, c’était son remède contre la morsure déplaisante de ses préoccupations ; réconfort liquide dont il ne se séparait plus. On commençait à murmurer sur son passage qu’il entretenait une relation de plus en plus étroite avec le Firewhisky depuis sa rupture avec Carrow, qu’elle lui avait brisé le cœur. Rumeurs à la fois tellement exagérées et paradoxalement si véridiques qu’il rechignait à trop se pencher sur la question. Quant au retour d'Astoria, qui lui avait valu d'être épié, il s'était bien gardé d'y accorder un intérêt manifeste. Comme il se plaisait à le faire savoir à quiconque avait l’audace de le mettre en garde de vive voix, tout. était. sous. contrôle.
Les sorts de protection s’activèrent et, perdu dans les méandres de ses réflexions arrosées, Malfoy les sentit s’altérer pour appréhender une nouvelle présence à l’étage qu’il occupait avec Nott. Le blond demeura un instant immobile et silencieux en souhaitant que l’intrus le pense absent, mais les coups frappés à la porte reprirent sans discontinuer et l’obligèrent à se trainer jusqu’à la porte qu’il ouvrit en prenant soin d’afficher sa mine la moins amène. Autant pour l’insistance avec laquelle sa mère lui avait toujours recommandé de son montrer bon hôte en toutes circonstances. « T’as une gueule d’inferius », fut la première phrase dont le gratifia Simon lorsque le battant s’ouvrit devant lui. Malfoy lui répondit par un rictus mauvais. « I should just kick you out », marmonna-t-il en s’écartant pourtant pour le laisser passer. Et le brun de commenter le foutoir qui régnait à l’intérieur. Difficile de nier cet état de fait – Draco shoota vaguement dans un carton pour l’écarter de sa route en émettant un son guttural qui pouvait autant être un acquiescement que signifier « va te faire voir ». Un peu des deux. Oh, il était loin d'être énervé. D’aussi loin qu’il s’en souvienne, ça avait toujours été leur façon de communiquer. « Fais comme chez toi, surtout », ajouta-t-il sarcastiquement, arquant un sourcil en voyant le brun slalomer à travers les obstacles encombrant la pièce pour voir à quoi ressemblait son intérieur. Quoi qu’il en dise, le plus jeune s’appuya d’une fesse sur le dossier du canapé et le regarda faire, attendant un verdict, un poil nerveux sous ses airs renfrognés. L’aménagement était loin – bien loin – d’être achevé mais il était malgré tout très satisfait de cette nouvelle acquisition. « Ça vaut le coup d’organiser une pendaison crémaillère. » Ce n’était pas tout à fait un compliment, mais ça restait loin du « comme toujours, tu brilles par ton acharnement à dilapider ton temps et ton argent dans des investissements aussi douteux qu’inutiles », que lui avait servi son père en courbant les commissures avec dédain. Draco chassa la remarque de ses pensées et se fendit enfin d’un demi-sourire, narquois. « How convenient » ; Simon ne passait jamais à côté d’une opportunité de faire la fête. Jusqu’à peu, il ne s’y prêtait que dans une certaine mesure, acceptant quelques boissons et se prêtant aux jeux sans jamais verser dans les excès, qu’il considérait avec un mépris affiché. Ces derniers jours par contre…
Draco attrapa le sachet au vol et l’entrouvrit pour se verser une pincée de Navitas au creux de la paume ; l’Orviétan dansait entre l’épiderme et sa peau, paillettes d’or à peine animées mais certes pas immobiles. Il fit rouler l’infime dose sous la pulpe de son index puis la porta à son nez pour l’inspirer, testant la qualité d’un air appréciateur. « Comme quoi, te subir est parfois avantageux », badina-t-il en s’éclipsant dans sa chambre pour ranger ce qui était vraisemblablement un cadeau approprié pour un emménagement, aux yeux de Simon. Well, ça le changeait certainement des vases et autres bibelots précieux que lui avait adressé le reste de son entourage pour l’occasion. La remarque de son impertinent cousin à propos de ses cheveux lui parvint à travers la porte ouverte et cette fois, il grimaça en passant une main dans sa tignasse fluide mais toujours trop longue, bien loin des coupes précises qu’il avait entretenues avec application jusqu’à ces dernières semaines. « Il vaudrait mieux, oui. J’ai l’impression que mon allure passablement débraillée me vaut de plus en plus d’invitations à finir mes soirées à ton bordel. » Cela dit, il s’accordait une marge ne négligerait plus la tâche très longtemps : les cheveux trop longs lui faisaient ressembler à son père. Et actuellement, il n’avait aucune envie de lui ressembler.
Sachant pertinemment comment tournerait la visite, il se rendit plus présentable avant de retourner au salon. Et comme de fait, aborder le sujet Centuries remit l’incontournable invitation sur le tapis, et de façon directe cette fois, précisément au moment où il réapparut – en tenue et armé d’une fiole dont le liquide émeraude était plus que reconnaissable. « T’as quelque chose de prévu ce soir ? » « Je suis un homme occupé », rétorqua-t-il en se penchant pour repousser ses dossiers abandonnés (rien de trop sensible ou d’outrageusement confidentiel – il n’aurait pas eu l’autorisation de les traiter à domicile sinon, malgré les sorts qui les cryptaient) à l’autre bout de la table basse, loin du micmac que triturait Rosier. Pour la crédibilité, il récupéra le whisky sorcier qui trainait encore là et la posa au sol derrière le meuble, certains que Simon ne manquerait pas l’occasion de se gausser en faisant remarquer qu’il semblait très sérieux et productif en effet. « J’ai embauché de nouvelles danseuses. » Autrefois, Draco lui aurait ri au nez. « Hm. » Il s’appliqua à sembler relativement détaché. « Et je ne dois pas manquer le spectacle parce que… ? » Les nouvelles recrues étaient généralement l’argument qui faisait se presser les mâles aux portes du Centuries, et à présent qu’il bénéficiait d’un célibat auquel il n’avait pas réellement goûté depuis plus de quatre ans, il se montrait moins dédaigneux que dans ses (plus) jeunes années. « Y’a un thème précis ce soir ? » Les soirées à thème du Centuries étaient fameuses, toujours attendues avec empressement par les habitués – c’était l’une des particularités qui avaient rapidement éclipsé le souvenir, pourtant marquant, du Royals. Déjà, Draco récupérait ses clés, remettait droit quelques objets de façon plus compulsive qu’utile, puis récupérait la bouteille écartée plus tôt. Il la leva en direction de Simon en une proposition muette, puis s’en fit couler un doigt dans lequel il dilua la moitié de la fiole d’Excess. La dose, minime mais concentrée, fut ingurgitée cul-sec et le fond du verre claqua sèchement sur la surface de la table lorsqu’il l’y reposa. « J’espère qu’elles valent le coup d’œil, tes protégées. Transplanage ou cheminée ? » Il était loin d’être assez entamé pour devoir éviter le transplanage (de son point de vue du moins), mais ne serait pas contre l’idée de se laisser simplement porter jusqu’à sa destination, et de pouvoir mesurer la température des lieux, du haut du bureau du patron, avant de s’y mêler.
‹ occupation : criminel, propriétaire déchu du Centuries.
‹ maison : Serpentard.
‹ scolarité : 1977 et 1984.
‹ baguette : brisée.
‹ gallions (ʛ) : 5330
‹ réputation : il n'est plus rien, l'héritier réprouvé d'une famille presque extincte, indigne de toute confiance et bon à moisir dans les geôles d'Azkaban.
‹ faits : toujours considéré comme une ordure remplaçable, dans le clan désuni de Voldemort, Rosier est désormais perçu comme un lâche ayant déserté avant la bataille finale. Un monstre qui a abusé de la confiance d'une sorcière honnête (Anna), et un père indigne par-dessus le marché. Nombreux sont ceux qui auraient aimé maintenir la peine de mort jusqu'à ce qu'il y passe.
‹ résidence : Azkaban.
‹ patronus : un vague filet argenté, sans forme ni consistance.
‹ épouvantard : un précipice.
‹ risèd : une plage, avec Anna et Charlotte.
turn down for what
Evening came To the corners of my mind again, Cold and clean, A ringing on an open plain, But it seems so long, my friend, My memory is all but gone, Back to my whispering mind
Un sourire aigre tordit ses lippes, brouillonnant sur ses traits fins une expression vaguement satisfaite – il ignorait quel besoin, malsain ou pathologique, l’incitait à entraîner Draco dans son sillage infernal. Si encore il s’était posé la question – était-ce moral, de pervertir autrui ? À moins qu’ils ne soient tous voués à tremper leur détresse émotionnelle dans du Firewhiskey bon marché pour soulager leurs névroses, ou se souvenir qu’à une époque, ils étaient au sommet de la pyramide sociale, narguant de leur piédestal la populace qui continuait de morfler, guerre ou pas. Non – réflexion faite, il s’en foutait. Comme il se foutait du chemin escarpé qu’avait décidé d’emprunter son pauvre cousin (allait-il commencer à plaindre la jeunesse dorée ?), comme il se foutait de l’état de ses poumons, de son foie, ou de ce qui s’infiltrait dans ses veines ; comme il se foutait éperdument de tout. Et des qu’en dira-t-on, dont il se gaussait, et de son éthylisme, qui n’était plus à prouver, et de sa mélancolie, étouffée par les excès. Agglutinée à ses boots usés, sa nuée de démons silencieux et de promesses condamnées le suivait fidèlement, en sempiternels compagnons de route, envenimant toujours plus son esprit d’obscurs desseins ; certains avaient la déchéance dans le sang, et il était de ceux-là, parce que c’était ainsi, parce qu’il n’y avait rien à justifier. « Me subir, » répéta-t-il à mi-voix. Ses billes azures roulèrent dans leur orbite, tandis qu’il donnait un coup de langue contre la feuille de papier pincée entre ses doigts, tassant une dernière fois le cylindre nouvellement formé. Il tâtonna la poche intérieure de son cuir pour en extraire une boîte métallique, y rangea la grossière cigarette, et le balança sans ménagement sur un des parchemins tapissant la table basse. Oh, il appréciait Draco (du moins, autant que lui permettaient ses capacités affectives, malheureusement limitées), et ces joutes verbales n’étaient jamais plus qu’un rappel de la familiarité régnant entre eux ; une marque de sympathie. Mais il l’appréciait encore plus lorsqu’il succombait (avec une facilité déconcertante) à la pernicieuse tentation que représentait le Centuries. « J’ai l’impression que mon allure passablement débraillée me vaut de plus en plus d’invitations à finir mes soirées à ton bordel. » Fucking please. Malfoy et les apparences. Un pan de sa chemise dépassait de son pantalon, et il était négligé. Ce souci d’être constamment tiré à quatre épingles pour exhiber sa caste, le torse bombé de noir et le cheveu élégamment gominé, était à ses yeux le concept le plus abstrait qui soit, et dont il piétinait sans vergogne les principes, en arborant barbe mal taillée et fringues douteux. Un contre-exemple qu’il revendiquait, par goût de la provocation gratuite et sans demi-mesure. Plus amusé qu’irrité par la remarque (cinglante ? pour un peu, il aurait décelé un soupçon de reproche), il haussa mollement les épaules, les commissures tombantes. « Déjà, » commença la mauvaise influence, du fond de son fauteuil, « je gère un établissement de qualité, » (autant dire que Merlin était l’inventeur des patacitrouilles) « ensuite, même si le proxénétisme est très rentable, » (son sens de l’humour, controversable, aurait pu être appréciable s’il n’était pas constamment badigeonné de cynisme) « je traite mes employés avec dignité. » Il affirmait cela comme une vérité immuable, alors qu’il n’était pas fichu de différencier lesdits employés de ses clients et ne s’occupait pas du recrutement – sauf si celui-ci impliquait une audition de danseurs. Rosier gratta distraitement sa mandibule râpeuse, tandis qu’il détaillait le séjour avec une attention feinte, son micmac tabagique sur le bassin. « Si l’un ou l’une d’entre eux veut offrir des services qui ne sont pas officiellement stipulés dans leur contrat, c’est une décision que je respecte. » Que ceux qui n’avaient pas cédé au charme de ses danseurs osent lui jeter la première pierre – il n’avait pas acquis le Centuries pour en faire un club d’abstinence. Et il en abusait allègrement. « Anyway, murmura-t-il, coupant court à ses élucubrations. Comme si j’allais laisser entrer des gens mal sapés. » La qualité de sa clientèle contribuait à la renommée de l’établissement, d’où la cruelle épreuve de la sélection. Simon s’invitait parfois à l’extérieur pour observer la file interminable se languissant devant les double-portes, puis il pointait sa clope vers un groupe de filles hystériques que les cerbères de l’entrée allaient extirper de la foule. Il lui était arrivé de refuser l’entrée à ses congénères élitistes, pour la publicité qui en découlerait. « Je suis un homme occupé. » Il leva les yeux au ciel, sans mot dire. Occupé. Ils l’étaient tous, occupés. Il l’était, lui, occupé. Qu’imaginait le blond, qu’il lui foutrait la paix en s’excusant platement de l’avoir dérangé ? Merlin. « Right, » marmonna le gosse trentenaire, avant de le vriller de deux billes azures, rougies de fatigue. La contemplation ne dura qu’un dixième de seconde, pendant laquelle il devina aisément que Draco avait déjà bu – pas assez pour s’étourdir, mais trop pour quelqu’un sans autre compagnie que de la pénible paperasse. Désormais affalé, l’échine brisée par une position en apparence confortable – mais qui ne manquerait certainement pas de le tuer lorsqu’il se déciderait à redresser sa carcasse malingre – Rosier avait arrimé le talon de sa godasse sur le rebord de la table basse, sans se préoccuper le moins du monde des dossiers l’encombrant déjà. Le regard terne, il effilochait son tabac, un filtre coincé entre les lèvres, et s’abstint de tout commentaire quant à la bouteille de whiskey (tristement entamée) que Draco s’était empressé de planquer, comme un enfant pris sur le fait. Le geste, qu’il se doutait être entaché d’embarras, ne lui arracha même pas un rictus railleur. « Et je ne dois pas manquer le spectacle parce que… ? » « Parce qu’aux dernières nouvelles, tu n’as plus personne, je me trompe ? » répondit-il du tac au tac, sans détacher ses billes azures de son ouvrage. Ou avait-il manqué un autre article du sublime torchon à vocation féministe qu’était Witch Weekly ? Il avait ouï dire, sans questionner le principal intéressé, que Malfoy avait mis fin à sa relation avec une des filles Carrow. Laquelle, il ne se rappelait plus. Un gloussement, un rien moqueur, s’échappa subrepticement de sa gorge défoncée. (Un son infâme.) Rosier était une campagne ambulante de glorification du célibat, après tout. Et très honnêtement, il savourait les quelques velléités de résistance que déployait Draco. « Y’a un thème précis ce soir ? » Bingo. « Casino, » lança-t-il, monotone – comme une évidence. Cette lubie lui avait coûté cher, mais les rentrées d’argent seraient, selon ses estimations, colossales. Le Daily Prophet avait beau clamer tous les jours que la banqueroute pendait au nez du vénérable Albion, il y avait toujours de l’argent à dépenser inutilement dans l’alcool et l’orviétan. Qui plus est, Simon était on ne peut plus au courant du vilain penchant de son cousin pour le jeu (qu’il avait dû arracher à la génétique des Rosier). « J’espère qu’elles valent le coup d’œil, tes protégées. Transplanage ou cheminée ? » S’il avait été d’humeur plus festive, il aurait volontiers éclaté de rire (mais il n’éclatait jamais de rire). Il se redressa, récupéra son étui à cigarettes, rangea ses affaires dans les milles et une poches que semblait lui offrir son attirail et, quand il eut fini, ne put retenir un « You’re so fucking weak » aux accents sardoniques. « Cheminée, » qu’il enchaîna, en dépliant finalement sa colonne vertébrale. Le trajet vers l’âtre fut digne d’un parcours du combattant – cartons et malles jonchaient le sol, et un minimum de savoir-vivre l’empêchait d’écraser sa semelle sur les obstacles entravant son chemin. « Après toi. »
Ladite cheminée le recracha dans le bureau hermétique aux nuisances sonores. Aussi silencieux qu’un cimetière. C’était d’autant plus terrible de constater que la pièce circulaire ne correspondait absolument pas aux rumeurs que l’on colportait sur son compte – pas de filles nues endormies sur le divan, pas de cadavres de bouteille abandonnés par terre, ni de fontaines de gallions… Quelques mégots pourrissaient dans un cendrier, mais à quoi bon s’en formaliser. L’ordre dans le chaos. Il se délesta de sa veste en cuir et la jeta sur le dossier d’un fauteuil, avant d’allumer la cigarette ô combien attendue. Machinalement, il tendit l’un de ses chefs-d’œuvre roulés à Draco (ou plutôt, l’obligea, sans pression aucune, à s’emparer du cylindre de nicotine qu’il lui présentait), et se dirigea vers un tableau dont la toile, vide, présentait seulement une porte assez dadaïste, le personnage étant allé gambader vers d’autres contrées picturales. Il pointa sa baguette sur la serrure factice et glissa ses doigts derrière le cadre de bois pour en faciliter l’ouverture, révélant à son invité une très (trop) impressionnante collection de sirupeux en tout genre. Autant dire que ce coin de mur valait son pesant de gallions – il y avait là des bouteilles plus vieilles qu’eux deux réunis. « Private collection, » se contenta-t-il d’expliquer. À l’instar des tableaux exposés, des sculptures, des fresques, du moindre élément de décoration dont il avait gratifié le Centuries – des pièces personnelles. Deux verres flottaient désormais à ses cotés, tandis qu’il examinait les multiples carafes alignées sur les étagères. Simon attrapa finalement une bouteille de Berry Ocky Rot (presque vide), inspecta l’étiquette – concentré, à en juger sa cigarette, prisonnière de ses lippes, et ses sourcils froncés – puis vida ce qu’il en restait dans les verres ; celui qu’il destinait à Draco se faufila dans les airs, sans que l’épais liquide ne se renverse sur l’épaisse moquette, et il attrapa le sien, après avoir replacé le tableau. Sa chevalière martelait cadence imaginaire contre le récipient. « Je devrais ouvrir un vrai casino. » La confidence n’était probablement pas destinée à être entendue, mais le laissait rêveur. À croire que son antre des excès ne lui suffisait plus, il fallait qu’il aille conquérir d’autres territoires connus. Avec peu d’élégance, et se gardant d’humer le vin, il porta le verre à ses lèvres et en vida l’intégralité en quelques gorgées, la tête renversée et la gorge déployée. Rosier était (un) alcoolique (mondain) – c’était un fait avéré, que seul lui s’entêtait à ignorer. Il y avait, dans sa consommation, un acharnement muet à s’exorciser de quelque démon (belle ironie) ou un refus opiniâtre d’accepter la réalité. « Il y aura de l’orviétan en bas, je n’ai plus rien ici. » Merlin, était-ce seulement possible. Et ne retardant pas davantage l’échéance, il ouvrit la porte de son bureau, invitant les basses tonitruantes à saccager la quiétude de son espace privé. De son étage, l’on pouvait contempler la fosse et le Core qui, à l’occasion, avaient subi des modifications drastiques dans leur installation. Un genou coincé entre les balustres, Simon pointa du doigt ce qu’il avait réorganisé pour cette soirée spéciale. « Exceptionnellement, ils ne peuvent pas danser ici, on y a placé les tables de jeu, et j’ai dû réquisitionner du personnel en plus. Le Cloaque est privé ce soir, mais j’ai oublié le nom du groupe qui joue. » À mesure qu’il parlait, la cendre de sa cigarette s’était détachée dans le vide. « Come on. » L’étape suivante intéresserait sans doute Draco – Simon avait beau connaître son club dans les moindres recoins, il se rendait uniquement dans le Core, si l’envie le prenait de se mêler à la foule, ou organisait des soirées (ultra) privées dans son bureau. (Asocial au possible.) « Girls, Draco, Draco, the girls, » lâcha-t-il en accompagnant les « présentations » d’un vague geste de la main. The girls. Devant eux, des filles. À moitié à poil, la poitrine comprimée dans des brassières taille enfant. De mignonnes à sublimes, elles arboraient des moues espiègles et des sourires taquins – en ces temps difficiles, elles gagnaient probablement mieux leur vie que le sorcier lambda, tout le monde avait un gallion à leur glisser dans le soutien-gorge quand elles se dandinaient pour le plaisir des yeux. « Vous vous souvenez de Draco Malfoy ? » Elles piaillèrent. « Il se remet d’une rupture difficile. » (Ooooh, poor dear !) (Une rupture dont il ne savait rien, du reste.) « Il a besoin de réconfort. » À son tour d’afficher un rictus narquois, alors qu’il se tournait vers la nouvelle attraction de la soirée (malgré lui), manifestement satisfait de lui-même.
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