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sujet; connected by blood (juliam) |
| 1er mai 1998, poudlard Tout devenait soudain d'une importance capitale. Juliet avait les sens à vif, elle se sentait électrisée, mais pas forcément de la manière la plus agréable qui soit. L'adrénaline, le sang dans ses veines, le surplus d'informations (visuelles, auditives et même olfactives) lui donnaient le tournis, comme si elle se retrouvait dans un parc d'attraction moldu, ou sur un nimbus 2000 complètement détraqué. Elle aurait aimé mettre sur pause, arrêter le temps d'un coup de baguette magique, voir revenir en arrière. La discutions avec Priam, moins de 24h plus tôt, avait été une épreuve... Et la décision qui en avait résulté n'avait pas été facile à prendre. Ils avaient pesé le pour et le contre, se plaçant l'un après l'autre comme avocat du diable, prêchant pour une paroisse qui n'était pas la leur. Ils avaient essayé de trouver une autre solution, une autre alternative. Sans résultat. Ils n'avaient rien trouvé de mieux que ça et Juliet était morte de trouille. Elle n'en avait même pas honte, la honte n'entrait plus en ligne de compte : pas quand une bataille meurtrière se profilait à l'horizon et que toutes les vies du château étaient mises en péril - la vie de ses amis, de ses professeurs, des gens qu'elle estimait. La vie de Samwell, de Timothy, de Florie... La vie de Priam. Elle n'avait pas dormi depuis plus de 24h parce qu'à chaque fois qu'elle fermait les yeux, des images tout droit sortie de son imagination, venaient envahir son esprit et elles avaient toutes le même sujet : la perte d'un être cher. Et l'idée même de perdre Priam la tuait. Elle sentait son cœur plonger dans sa poitrine et cela venait alimenter davantage ses sensations de vertige. Elle était morte de trouille.
J'vais pas y arriver, j'vais jamais y arriver. Ça va mal tourner... Et elle tournait sur place, encore et encore, comptant ses pas pour ne pas s'entendre penser, pour ne pas penser. A l'angle d'un couloir, quelque part au septième étage, elle attendait son frère. Dans ses poches, deux fioles de polynectar - elle ne le savait pas encore, à cette époque, mais son don pour les potions leur sauverait la mise bien plus d'une fois. Elle avait pris soin de ne pas se trouver trop prêt de la Salle sur Demande pour éviter de croiser un membre de l'Ordre du Phénix. Personne ne devait savoir qu'elle était ici, que Priam était ici. Dans ce contexte, ils étaient prêt à passer pour des lâches et des foutus partisans... C'était une question de vie et de mort, bien sûr, mais aussi une question de projet futur. Tout était parfaitement millimétré. Ils en avaient parlé pendant des heures, se torturant l'esprit, planifiant tout de A à Z. – Mais qu'est-ce que tu fous, Priam, putain ? Sa voix tremblait tellement qu'elle décida de ne plus prononcer un mot. Elle se sentait fébrile, malade. C'est normal, putain, qui ne le serait pas ? On aurait du se tirer, c'est de la folie... Bien sûr, elle ne le pensait pas. Enfin, pas totalement. Son dilemme était plus complexe que la simple peur de mourir contre le fait d'essayer de sauver ses amis. Mais c'était sa façon à elle de gérer - un bien grand mot pour la situation actuelle.
Alors qu'elle en était au soixante-dix-huitième pas, elle perçu un mouvement dans la périphérie de son champs de vision et leva vivement la tête, un sort de défense sur le bout de la langue. Quelqu'un arrivait du bout du couloir, la capuche de sa cape rabattu sur la tête. Juliet eut une demi-seconde de doute avant de reconnaître la démarche de son frangin et la baguette qu'il tenait entre les mains. Elle poussa un soupir de soulagement. – T'es obligé d'arriver en mode détraqueur, sale gnome ? J'ai failli dégainer... Malgré ses propos, elle était immensément heureuse de la voir enfin et, si la situation n'avait pas été aussi grave et flippante, elle l'aurait probablement pris dans ses bras. Mais le programme était tout autre et elle plongea la main dans la poche de sa cape pour frôler le cristal froid de ses fioles jumelles.
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| Ils avaient décidé d’arborer l’habit des opportunistes. Durant leur scolarité, imitant presque religieusement leurs parents, la transparence était devenue leur credo. Ils avaient décidé d’adopter un profil bas, de voiler leur position bien qu’à faire un choix, ils se rallieraient à l’Ordre du Phénix plutôt qu’à celui qu’ils nommaient « Seigneur des Ténèbres. » Jamais je ne pourrais cautionner ce régime sanguinaire, sectaire, méprisable. Toutefois, je ne faisais pas non plus partie de ceux qui se jettent sans hésiter au-devant de la scène, plongent dans les tranchées des batailles et scintillent sur les lignes de front. Avec ma sœur, nous nous complaisions à agir dans l’ombre, à peser le moindre de nos agissements et ne jamais réagir subitement. Nous élaborions des plans en vue de nous protéger ainsi que préserver ce qui nous était cher : la famille. Nous étions inaptes à regarder le monde sombrer devant nous les bras croisés, toutefois, nous n'étions pas non plus ces cœurs-de-lion prêts à mourir en héros.
Néanmoins, le monde s’obscurcissait au fil des jours, des heures. Les murs tremblaient des menaces et les conditions de vie se détérioraient promptement. La Mort planait au-dessus de la tête de certain, telle une épée de Damoclès prête à les happer cruellement, jouissant d'un statut frisant l'omniprésence. Et pourtant, malgré les émotions que ce climat terrifiant invoquait, nous nous étions juré de toujours nous retrouver pour planifier notre avenir. Car malgré tout, cela semblait inconcevable que j’avance sans ma sœur, et vice versa. Je ne pouvais concevoir ma vie sans elle, la prochaine heure sans sa présence, son influence sur mon existence. Une misérable année nous séparant, faisant de nous presque des jumeaux irlandais, et des jumeaux quasiment par proximité. Nous avions passés nos premières années de scolarité dans la même maison, nous avions été élevés de la même façon, nous avions partagé les mêmes amis, établis les mêmes coups fourrés. Certes, nous étions différents sur plusieurs points de vue, nos personnalités divergeaient parfois. J’étais celui qui parvenait à charmer son chemin vers la réussite, ou du moins, vers l’absence de punition. J’avais obtenu l’insigne de Préfet-en-chef, je n’avais jamais fait perdre le moindre point à ma maison, mon relevé de notes représentait l’excellence. J’avais été ambitieux, d’une certaine manière, mais surtout, je me plaisais sur cette voie-là. Je me sentais confortable menant cette vie, suivant les règles tel un bon petit garçon scolaire, tout en aussi prévoyant des mauvais coups et faisant des entorses au règlement pour me divertir. Pousser parfois mon jeu de comédien pour sortir ma propre personne ou mes proches des griffes d’un professeur prêt à les punir. Manipuler les gens sans scrupule, mais avec considération. Par Merlin que ces petits jeux semblaient insignifiants désormais, que ce temps semblait lointain.
J’enfonçais ma capuche sur ma tête, mystifiant mon identité. Comme convenu la veille, je devais rejoindre Juliet qui avait dû user de son talent inné pour les potions en vue que nous complétions le plan que nous avions élaboré. On l’avait mis en doute un millier de fois, tenté de trouver des alternatives, et pourtant, au creux de nous, nous savions que c’était le mieux, que c’était notre destinée, d’une certaine façon. Que ces rôles que nous avions opté, nous étaient collés à la peau depuis plus longtemps que nous voulions le croire. Je me déplaçais rapidement dans les murs de ce château détenant tant de souvenirs, tant d’innocence. Mon pas léger frisait l’inaudible, et bientôt, j’apercevais la silhouette de ma sœur. Je la sentais se retourner, ses traits tirés dans une expression de crainte, d’appréhension. Toutefois, une lueur de joie étincelait dans ses yeux à ma vision, faisant écho à mon propre regard. « – T'es obligé d'arriver en mode détraqueur, sale gnome ? J'ai failli dégainer... » Mes lèvres s’étirèrent en un large sourire. Je m’entendais répondre, taquin : « Je testais tes réflexes. Mon constat ? Peut mieux faire. » Mais l’heure n’était pas à la plaisanterie. Bien vite, l’éclat malin s’évaporait de mes iris qui ne pouvaient s’empêcher de fixer ma sœur, la peur de la perdre tiraillant mes entrailles. Une partie de moi était pétrifié à l’idée que ce soit la dernière fois que je la voyais, tandis que le reste de mon être repoussait ce pessimisme de toutes ses forces. J’avais envie de la serrer dans mes bras et de lui promettre le futur, notre futur, mais ce genre d’illusions semblaient déplacées, dans de si lourdes circonstances. Ainsi, le ton plus grave que je ne le désirais, je m’entendais questionner, faisant référence à la potion qu’elle avait dû concocter, à sa part du plan : « Tu as bien fait tes devoirs ? » |
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