LUCREZIA ROWLE & FRED WEASLEY #3 JUNE 7th, 2002 && DAEVA FOREST
I
l ne sait pas. Il ne sais pas ce qu'il fait là, comment il a fini là et ce qu'il cherche là. Tout ce qu'il sait, c'est qu'il a besoin d'être là. Viscéralement besoin.
Ils étaient sortis aujourd'hui, poussés par la nécessité de récolter plantes et ingrédients qui donneraient une réalité plus physique à leurs inventions. Luce, jamais loin, était toujours à portée de murmures, à portée de bras. La peur de la perdre toujours en arrière-pensée, Fred ne voulait jamais qu'elle s'éloigne trop (et tant pis si ça prenait plus de temps). Elle ne semblait pas vraiment s'en offusquer et acceptait les excès de prudence du Gryffondor.
Puis il avait vu la silhouette en contrebas, il avait entendu la voix plus bas. Lysander Selwyn. Depuis il ne savait plus.
Mu par un instinct puissant, le corps s'était élancé à la poursuite du connard, et si Luce avait dit quelque chose, il ne l'avait pas entendue. Il n'entendait plus rien que les battements lourds de son propre coeur, et le monstre de glace, dans ses tripes, qui réclamait tue-le, tue-le, tue-le.
C'est ça. Il est là pour tuer Lysander Selwyn.
Sous ses pas, la terre humide s'effondre et les pierres roulent. L'équilibre de sa course furieuse est précaire, il manque de tomber une fois - peut-être deux. Mais sa baguette dans sa main le démange, sa magie crépite déjà dans son sang en étincelles de fureur. Il n'a plus le temps pour la prudence, pour la patience. Il a déjà trop attendu. Quatre ans de cauchemars, quatre ans de remords, de douleur, de culpabilité. C'est aujourd'hui que ça finit. Aujourd'hui, il expie et Lysander expire.
L'éclair d'un Informulé fuse droit dans le dos du second Mangemort qui s'écrase dans un gémissement contre un arbre sous la force du sort. Mais Fred s'en désintéresse aussitôt, il ne cherche même pas à savoir s'il est vivant ou mort. « Glaciecrus ! » Crache-t-il, visant les jambes de Lysander qui s'est tourné vers lui en entendant le cri de son compagnon, et déjà l'humidité se cristallise en glace autour des jambes du Mangemort, ralentit ses mouvements et fragilise ses chairs. Tue-le tue-le tue-le. Fred s'approche, les réflexes du duel lui viennent, gravés dans les muscles par Davius. Enfin enfin enfin. Un Sort Tranchant mal dévié, mal évité vient mordre la tempe parsemée de rousseur et loupe les yeux quand Fred se jette hors de la trajectoire. Mais c'est à peine s'il s'en soucie. Tue-le tue-le tue-le, urge la voix du monstre de glace qui le bouffe. Et c'est tout ce à quoi il peut penser tout de suite. Se venger. « Je devrais tuer ta fiancée, Selwyn. » Oh. Il devrait tellement. Faire subir au Mangemort une perte égale à celle que l'autre lui a fait subir en faisant barrage tandis qu'il voulait faire cesser les cris de George. Rétablir la balance. Mais il sait déjà qu'il ne pourra pas laisser le Mangemort s'en sortir - c'est trop tard, trop tard. Fred ne peut plus faire machine arrière. Il n'entend plus que les battements furieux et désespérés de son coeur, que les pleurs enragés de son âme et la voix dans ses tripes qui réclame le sang. Les sphères enflammées d'un Globus Flammarum sont invoquées et vont s'écraser contre les mollets de Selwyn qui en hurle sa douleur quand les os se brisent comme cristal sous l'effet combiné de la glace et du feu. Sous son pied, une branche fait le même bruit que les os du connard. « Déjà, Selwyn ? » La voix est basse, grognement d'un animal sur le point d'abattre sa cible. « Crea Speculum. » Et sous le sort personnel, il signe la condamnation du cousin de Luce et le bouclier invoqué renvoie à l'envoyeur le Scindendae Corpus qui lui était destiné.
Devant Lysander, il ne s'embrasse pas d'un sort. Son pied tape dans la main et brise la précieuse baguette de l'autre. « Regarde-moi, Selwyn. C'est George Weasley qui vient se venger. Quel effet ça fait ? » Il s'agenouille devant le supplicié sans se soucier de la fumée qui l'étrangle et empêche les mots de sortir. « Réponds-moi, connard. Ou tu veux vraiment que j'aille saigner ta fiancée et l'enfant qu'elle porte ? » Tuer la Rosier ne serait pas suffisant. George était ta chair, ton sang et ton âme, susurre la voix glacée. Et la baguette de noyer embrasse la carotide. « Toujours lâche, toujours égoïste. Tu l'étais déjà avec Luce, pas vrai ? Les morts de ta fiancée et de ta progéniture ne t'importeraient même pas. Y a que ta putain d'existence qui compte, pas vrai ? » Tue-le tue-le tue-le. « Avada Kedavra. » A peine une lueur verte qui écarquille de terreur les yeux du Mangemort.
Et ...
Rien rien rien. Quelque chose se brise en lui.
Il n'y a rien. Pas l'ombre d'une vie chez le Mangemort. Mais pas l'ombre d'un soulagement dans le coeur de Fred. Putain. Pourquoi est-ce qu'il n'y a rien ? Pourquoi est-ce qu'il ne se sent pas mieux ? « REPONDS-MOI, CONNARD. » Sans qu'il y réfléchisse, sa baguette a été glissée dans sa manche et ses doigts se serrent sur le col du cadavre. « T'ES MORT. » Je devrais aller mieux. George devrait reposer en paix. Mais il n'y a pas de paix. Que le vide, encore, toujours. Un putain de vide plus glacé que jamais. Il va en crever de froid et George ne reposera toujours pas en paix. « T'ES MORT. MORT. QU'EST-CE QUE T'AS FOUTU ! » Le poing s'abat dans la mâchoire inerte. « T'es pas vraiment mort, c'est ça ? » C'est pour ça que ça ne va pas mieux. Selwyn a trouvé le moyen de survivre. Et les phalanges s'abattent, encore, et encore, et encore. Contre le visage, contre la pierre autour. Le soulagement n'est qu'un acide sous sa peau. « T'as pas voulu crever sous l'Avada, pauvre con. Mais c'est pas grave, je vais te crever autrement. » Siffle-t-il, la rage au ventre et le désespoir en bandoulière - il va gagner, il va l'avoir sa revanche, c'est pas la mauvaise volonté de Selwyn à payer son tribut qui va empêcher ça. Et ses doigts s'enroulent autour d'une pierre plus grosse avant de l'abattre contre le visage.
Dernière édition par Fred Weasley le Sam 26 Sep 2015 - 23:23, édité 2 fois
« A strong realization hits me. Any of us could die at any minute. In a second... we could die. Fall apart. Gone. » ♱ - Simone Evanadet - Shadow Dream by Kylee Carrier.
Et le roux s’efface, laissant à nouveau place à la blondeur caractéristique ; Rowle. Il t’a échappé, il s’est évadé, sans te laisser le temps ni de voir ni de comprendre, abandon soudain que ton esprit n’a pas su intégrer. Tu n’as pu que sentir la chaleur vive à ton annulaire, la morsure de la détresse aux crocs d’émeraude. Il a besoin de toi. Et tes pas ont suivi les siens, dans cette course folle trop vite avortée : Mangemorts. Tu n’as pas réfléchi. Tu as vu le corps éjecté du second comparse, celui dont l’insurgé s’était trop vite désintéressé, s’écraser contre un arbre dans un grondement contrarié. Et tu n’as pas pu poursuivre. L’affolement de ton coeur tambourinant contre ta poitrine obstruait toute pensée logique, parce que Fred était en danger, parce que Fred allait faire quelque chose de fou dont tu ignorais les ressorts, les motivations. Eliminer la menace. Il t’avait reconnue.
Ton index se pose sur tes propres lèvres, indiquant avec un sourire malicieux à l’homme tentant de se relever qu’il valait mieux pour lui qu’il se taise, qu’il ne tente pas de donner l’alerte. N’étais-tu pas portée disparue ? « Rowle ! » a-t-il eu le temps d’exprimer, entre surprise et méfiance : c’était quoi ce délire ? « T’es sûr ? Moi je crois que la douleur te fait perdre la tête, cher collègue. » Il ne fallait pas laisser de témoin, pas vrai ? « La dou- » « Acidum Anguis. » La baguette de prunellier ne s’est pas faite prier et, à peine le sortilège lancé, la douce mélodie de la souffrance s’est faite entendre. Vieux souvenir d’un temps perdu. Attaquer les jambes pour immobiliser. Peut-être un peu les doigts, pour qu’il ne riposte pas. Tu ne sais plus vraiment jusqu’où tu es allée, à quoi tu as joué avant que le lien magique entre les bijoux ne te rappelle à l’ordre : Fred a besoin de toi.
« Serpensortia. » La longue créature tombée à tes pieds, tu lui as sifflé quelques ordres, Daeva étant trop loin pour donner l’alerte si des renforts avaient la brillante idée de vous interrompre. Tu devais retrouver le rouquin avant que ça ne dérape. Bill ne te le pardonnerait pas s’il arrivait quelque chose à son frère. Tu ne te le pardonnerais pas s’il arrivait malheur à son frère. Il y avait eu George, il n’y aurait pas Fred, même si tu devais y passer pour t’en assurer.
« Avada Kedavra. » Figée. Tu as vu le regard de Lysander se vider de son éclat, tu as vu la vie s’éteindre comme on souffle la flamme d’une bougie. Les liens du sang assassinés par les liens du coeur. Tu es restée silencieuse, à distance, dans son dos. Il venait de tuer ton cousin et ton âme ne portait que le deuil de l’enfance, le deuil de l’illusion. Ca n’était plus un petit garçon.
« REPONDS-MOI, CONNARD. » C’était un jeune homme. Un jeune homme brisé noyé dans sa rage, dans cette insupportable perte, un jeune homme dont on avait arraché l’indispensable reflet. « T'ES MORT. MORT. QU'EST-CE QUE T'AS FOUTU ! » La carapace de la maîtrise lorsque le poing rencontre la peau du cadavre. « T'es pas vraiment mort, c'est ça ? » Et ça cogne, encore, encore et encore, de son impuissance, de la tienne aussi. « T'as pas voulu crever sous l'Avada, pauvre con. Mais c'est pas grave, je vais te crever autrement. » Pas de réponse. Lysander n’est plus depuis de longues minutes déjà, et cette pierre n’y change rien. La mort ne calme pas la douleur. Elle ne peut laisser que ce grand vide, ce néant glacial qui creuse la poitrine. Que tes ancêtres pleurent la perte du digne héritier, aucune larme pour lui dans la clarté de ton regard.
Tu t’avances, prudente, rangeant ta baguette dans la poche intérieure de ta cape. « Fred.. » Juste un murmure avant que tes doigts ne se posent tendrement sur son épaule. « C’est fini. » Fini pour lui, pour votre dualité, pour le prestige d’une lignée. Quelque part au coeur de Londres, un enfant perdait son père, une femme enceinte perdait son amour, un fils rejoignait son défunt géniteur. « Fred, s’il te plaît.. regarde-moi.. il faut.. » Partir. Mais ta voix se brise.
Fred Weasley n’était plus un enfant. Il avait l’âme bordée d’ombre, les mains ensanglantées. Un jumeau sans double, un reflet cassé. Il était ta raison de vivre et tout ce qu’il te restait. Les liens du sang sacrifiés sur l'autel des liens du coeur.
LUCREZIA ROWLE & FRED WEASLEY #3 JUNE 7th, 2002 && DAEVA FOREST
L
es cris de rage se perdent au rythme des os qui craquent. Le coeur se brise comme ce visage martelé par la roche. Le désespoir perce, coule comme le sang sur ses doigts. Pourquoi est-ce qu'il ne ressent rien, putain. Pourquoi est-ce que ça ne suffit pas, putain. Pourquoi pourquoi pourquoi.
« Fred.. C’est fini. » Le contact des doigts de Lucrezia sur lui est comme une agression (elle veut te voler ta vengeance, glisse la voix glacée dans des relents d'alcool) et aussitôt, l'épaule se dégage, la main écarte. Ce n'est pas fini. Rien n'est fini parce que rien n'a changé. Il a toujours froid, bordel. Il a encore mal. Rien n'est soulagé, rien n'est plus léger. Les givres dans ses tripes le mordent plus fort que jamais, et les cris de George résonnent à nouveau dans ses oreilles. « Fred, s’il te plaît.. regarde-moi.. il faut.. » Il faut que tu le détruises. C'est ça, il faut qu'il tue Lysander. Qu'il soit certain que le Mangemort ne puisse pas relever. Et la pierre s'abat, encore et encore. Et le sang coule, macule ses mains. « Il va crever. » Il l'a juré. Il l'a promis. Si souvent, si longtemps. Il ne peut pas laisser passer cette chance (il est à toi, à toi, à toi). « J'ai juré. » Il doit venger George. Sinon ... (sinon George ne te pardonnera jamais jamais jamais) « J'ai juré à George. » « Fred.. On doit partir. » A nouveau, la main et encore l'agression. (voleuse voleuse voleuse) Ses propres doigts, calleux et pleins de sang, s'enroulent trop fort autour le poignet. Il veut la dégager, qu'elle arrêter de le déranger. (tu n'as pas besoin d'elle, tu n'as pas besoin de partager avec elle - tu ne partages qu'avec George) « CASS- » -SE-TOI, veut-il cracher, mais son cri se perd dans le craquement du transplanage qu'elle force sur lui, qui le jette, genoux à terre, sur la plage devant Shell Cottage.
Loin de sa vengeance. Loin de tout espoir de paix.
Se relevant, ses mains s'aggripent aux frêles épaules et il la secoue sans ménagement, sans considération. (elle n'en a pas eu pour toi quand elle t'a privé de ta rédemption, susurre la voix des givres et des hivers qui le bouffent, qui le cassent) « Il était à moi. » Le grognement est féroce, il racle contre les cordes vocales, les déchire presque dans un élan presque animal. Lysander Selwyn était à lui. Sa carcasse, elle était à lui. (à toi pour saigner, à toi pour déchirer, à toi pour tuer - elle te l'a volé) « Fred.. des sorciers arrivaient. » Tente la blonde, timidement. Habituée aux rouages savants, elle essaie la raison, donne des raisons. Mais elle ne voit pas que, chez le roux, la mécanique déglinguée s'effondre, se disloque sous le besoin de vengeance et la morsure du froid. Elle ne comprend pas les logiques émotionnelles. « Il était à moi ! » Et à cause d'elle, il l'a perdu, incapable qu'il est de savoir où ils étaient, où il peut retourner finir son office. « Je voulais juste - » « Quoi ? » « - te sauver. » Mais elle n'a rien sauvé, tout a empiré. Le Weasley a l'impression qu'il va crever de désespoir, que le froid va le bouffer et ne plus jamais le lâcher. « Arrête de tenter des choses hors de ta portée. » Les mots cruels peignent cette réalité qu'il lui impose sans cesse. Il n'y a rien à sauver. (tu es déjà mort mort mort) Il ne fait que prendre un peu de temps pour disparaître, il attend d'avoir accompli sa vengeance avant de reposer en paix. « Lysander est mort, Fred .. » « IL N'EST PAS MORT. » Il aurait moins mal, moins froid si c'était le cas. Il n'aurait pas les cris de George dans les oreilles, si elle ne mentait pas. « Fred, je- » Ses doigts se tendent vers lui, vers sa joue où traîne la plaie mal croûtée, mais il recule d'un pas. Pour la première fois, il fuit, il évite son contact. (ne la laisse pas te toucher, ne la laisse pas t'amadouer - elle dit t'aider mais elle t'a trahi) « DEGAGE. » Mais c'est lui qui tourne le dos. C'est lui qui s'en va en grandes enjambées nerveuses. Rageuses. « Tu en as assez fait. » Les paroles sont jetées derrière lui, bientôt emportées par le reflux des eaux salées, bientôt naufragées sous le poids de la rancœur et de la colère.
Et tant pis s'il regrette ses mots. Tant pis s'il ne le pense pas totalement. Il s'excusera demain.
Pour l'instant, il a mal. Pour l'instant, il crève.
(Il ne se rappelle plus que les pardons ne résolvent pas tout)
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