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sujet; "C'est une taverne, pas une fête foraine!" (Hécate Shacklebolt / Anna Grimaldi)

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Le chaudron baveur était relativement calme. Hécate avait pris son unique jour de congé en pleine semaine et profitait donc du fait que la clientèle habituelle de l'établissement se trouvait à ce moment sans doute occupée à trimer derrière un bureau.
Dire qu'elle n'appréciait pas ce petit moment privilégié aurait été mentir. Assise à une petite table dans le fond de la grande salle, dos au mur, elle regardait la cuillère de sa tasse de café tourner sur elle même pour y mélanger le sucre et le lait alors qu'elle passait une main dans ses cheveux encore légèrement humides.

Il pleuvait.
Pour changer.

Avec une moue appréciative, elle s'étira doucement, comme un chat puis sortit de son sac l'objet qui demandait ce jour là toute son attention. Elle avait l'habitude de traficoter divers artefacts sous le nez de la patronne de l'établissement, laquelle lui jetait toujours un regard réprobateur auquel Hécate répondait par ce sourire qu'elle utilisait peu mais qui avait le don d'amadouer ses aînés plus efficacement que n'importe quel filtre d'amour.
Elle ne faisait presque rien de mal.
En outre, jamais elle n'aurait ramené dans une taverne un artefact potentiellement dangereux. Elle ne faisait ici qu'examiner et remettre à neuf une acquisition faîte au marché noir quelques semaines auparavant et dont elle n'avait pas eu le temps de s'occuper. Les papiers pour la mort de Léda, l'enterrement, la visite qu'elle avait rendu à Virgile et son travail l'avaient maintenus dans une sorte d'effervescence salutaire dont elle voulait désormais s'extirper.
La magie et les expérimentations étaient une manière comme une autre d'y parvenir.
Hécate examina donc l'objet de sa convoitise, le faisant passer d'une main à l'autre, les sourcils froncés.

Il s'agissait d'une sphère de bois qu'il était visiblement possible d'ouvrir en deux pour y placer des ingrédients ou des mixtures. du sommet de la sphère émergeait une aiguille dorée de belle taille. les inscriptions qui ornaient le bois étaient presque effacées et les deux moitiés tenaient mal ensembles. Hécate lâcha un juron à voix basse:

-Un vrai travail de sagouin...bon voyons voir.

Dégainant sa baguette et la pointa vers l'artefact.

-Lumos

La lueur lui permit de constater l'ampleur des dégâts et elle estima qu'il faudrait bien le reste de l'après midi et de la soirée pour parvenir à quelque chose de potable. A moins qu'elle ne soit frappée d'un éclair de génie. On pouvait toujours rêver.
Faisant craquer les jointures de ses doigts, la jeune femme remonta ses manches, attacha ses cheveux en hauteur puis prit sa baguette.

-Incendio. ordonna-t-elle.

Le bout de l'arme émit un sifflement et soudain, laissa apparaître une flamme blanche et chuintante, assez chaude pour souder ou graver n'importe quel matériau. Hécate posa la sphère devant elle et se mit à repasser les inscriptions et runes presque effacées afin de leur redonner leur lustre d'antan, une opération qui à elle seule lui prit trois bonnes heures et un mal de tête qui la força à demander deux autres cafés.
Des clients allèrent et vinrent pendant ce laps de temps mais elle ne leur prêta aucune attention.

Elle était occupée et telle les enfants, elle avait fermé les portes de son esprit aux perturbations extérieures. Penchée sur la table, elle avait l'air concentré et sa posture n'avait rien à voir avec celle qu'elle adoptait au ministère. Jamais elle ne se serait avachie de la sorte sur son lieu de travail ou devant son père. Jamais elle n'aurait débarqué au département de la justice vêtue d'un pantalon de jean et d'une tunique brodée de fils d'or et de perles. Jamais elle n'aurait porté les bracelets, colliers et bagues qui scintillaient contre sa peau sombre.

6 jours par semaine, elle se devait de bien présenter. Mais ce jour là, elle pouvait laisser libre court à ses passions et à la flamme qui animait son esprit depuis le jour de sa naissance. La mort de Léda avait atténué cette flamme, mais rien ne pouvait l'éteindre et il valait mieux la mettre au service d'une activité productive que d'un deuil stérile, comme le faisait son idiot finit de père.

A cette pensée, Hécate fronça encore plus les sourcils et reposa la sphère, désormais ornée de gravures noires presque encore fumantes et en inspecta l'aiguille. Elle était en bon état. Ne restait plus qu'à placer les ingrédients à l'intérieur et à essayer.

La jeune femme posa sa besace sur la table et en sortit un assortiment de bocaux et de petites fioles qui fit soupirer la gérante, Mme Pavott. Cette dernière vint à sa rencontre, le chiffon à la main et mit les mains sur les hanches.

-J'imagines que pour ça aussi, vous avez une bonne explication.

Hécate lui sourit et leva l'index avant d'employer un ton doctoral dont elle savait qu'il ferait rendre les armes à la patronne de la Taverne.

-Je suis heureuse que vous veniez vous inquiéter de mon travail. Et vous avez raison, j'ai une parfaite explication pour ce...
-Laboratoire clandestin?
-C'est une manière de le dire, bien qu'extrême, admit Hécate avec une moue, disons plutôt...atelier d'arts manuels et scientifiques.

Mme Pavott haussa un sourcil.

-Si la Brigade débarque et vous voie en train de traficoter cette chose, je vous dénoncerai sans la moindre pitié.
-Ils ne viendront pas. C'est Samedi et ils ont de plus gros chats à fouetter qu'une jeune fille en train de réparer un percolateur épidermique magique.
-Un quoi je vous prie?
-Un....peu importe. C'est inoffensif. Regardez.

Hécate prit la sphère et la lança dans les airs avant de la faire léviter avec sa baguette. Mme Pavott, ulcérée par ces démonstrations d'impertinence, finit par lever les bras au ciel.

-Parfait, parfait! donnez vous en à coeur joie mais si je trouve une seule fiole, un seul résidu de votre bricolage sur ma table et vous deviendrez persona non grata dans cet établissement jeune fille!
-Vous dîtes ça à chaque fois.

La patronne s'empourpra.

-Eh bien je le redis!!

D'un geste furieux de baguette, elle envoya la serpillière astiquer le fond de la salle et repartit en ruminant. Hécate savait qu'elle ne l'expulserait pas. Elle appréciait la compagnie de la jeune femme et son franc parler, qui tranchait nettement avec les murmures étouffés de la plupart des clients.

Hécate commença à piler ce qui semblait être des écailles de crocodile, avant d'y ajouter de la poudre d'os et le contenu d'une  bouteille sur laquelle était écrit "sang alligator et personnel. Fermentation: 6 mois. mélangeant le tout à l'aide de sa baguette, elle ouvrit prudemment la sphère en deux, versa la décoction à l'intérieur et y ajouta de l'encre noire avant de continuer à agiter le tout. Quand tout lui parut bon, elle referma la sphère et vérifia que l'encre gouttait bien à travers l'aiguille.

Puis, elle inspira profondément.

-Allez. Ca ne doit pas être bien compliqué.

Levant une main, elle souffla:

-Inko solépo aho soulésan poha kebrin. Ahigato sango emeho por mahko etenela.

La sphère s'éleva dans les airs, se mit à vibrer et s'illumina brièvement.

-Ca marche! s'exclama Hécate.

C'est précisément à ce moment qu'il y eut un sifflement de mauvaise augure et que la vibration se transforma en tremblement.

-Oh oh.

SPLASH

-VOUS VOUS FICHEZ DE MOI JEUNE FILLE?! cria Mme Pavott.

La sphère venait d'exploser en deux, projetant son contenu partout aux alentours et en premier lieu au visage d'Hécate. Trempée d'encre, assise au milieu du carnage celle ci se tourna vers Mme Pavott, lentement, prudemment.

-...La science est souvent le résultat de nombreux essais infructueux.
-NETTOYEZ MOI TOUT CA! VOUS CAUSEREZ MA MORT JE VOUS LE JURE!
-....totalement inoffensif.

Mme Pavot la regarda comme pour la mettre au défi de rajouter un mot de plus et Hécate se rendit, levant les mains en signe de paix. Asticoter la vieille femme lui faisait plaisir au fond, elle lui rappelait sa grand mère et était ce qui se rapprochait le plus de ce qu'elle avait toujours connu et qui lui manquait tellement.

Avec un sourire insolent destiné à faire bonne mesure, elle agita sa baguette et lâcha:

-Evanesco...tu parles d'un "article de premier choix". Va falloir des heures pour réparer tout ça.

Avec un grommellement, Hécate se remit au travail. Elle était tétue et cette fichue babiole céderait avant elle.
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WIZARD • always the first casuality
Anna Grimaldi
Anna Grimaldi
‹ inscription : 07/06/2015
‹ messages : 1824
‹ crédits : mathy.
‹ dialogues : #e95353.
"C'est une taverne, pas une fête foraine!" (Hécate Shacklebolt / Anna Grimaldi) Tumblr_odns43L5A91vc5ojjo3_r1_400

‹ âge : trente-quatre
‹ occupation : guérisseuse au service d'infection par virus et microbe magique et co-présidente de l'association "Rosier's Disease Research Trust".
‹ maison : Serdaigle
‹ scolarité : 1980 et 1987.
‹ baguette : est en bois de charme, contient une plume de phénix et mesure 26,4 centimètres.
‹ gallions (ʛ) : 5574
‹ réputation : je suis fragile et que j'ai été manipulée par mon compagnon.
‹ particularité : occlumens.
‹ faits : je suis de sang pur, que je fais partie de la famille Grimaldi, que je suis d'origine italienne, que j'adhère aux idées insurgées mais que je me suis résolue à ne jamais les rejoindre pour le bien être de ma fille, que je suis une ancienne guérisseuse et que je sais donc comment soigner les gens de diverses pathologies, que je me défends en duel, que j'adore lire, que j'apprécie les jolies choses.
‹ résidence : dans un petit studio sur le chemin de traverse que le gouvernement a bien voulu me donner pour mon implication de guérisseuse durant la guerre. La demeure des Grimaldi à Herpo Creek ainsi que mon appartement à la Bran Tower avaient été saisis. Je dispose toujours d'une résidence secondaire et tertiaire à Brighton (maison d'été) et à Florence (terres italiennes).
‹ patronus : un lapin, patronus de Thomas
‹ épouvantard : un entassement de corps, celui de mes enfants et des êtres qui me sont chers.
‹ risèd : ma famille heureuse et recomposée.
http://www.smoking-ruins.com/t1958-anna-loooove-me
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Anna and Hecate
The important thing is not to stop questioning.
Curiosity has its own reason for existing.



Lorsqu’elle n’était pas au ministère, penchée sur des dossiers et exténuée par tout ce que ses plans impliquaient, Anna aimait s’enfermer dans sa chambre du Chaudron Baveur avec un livre emprunté dans la bibliothèque de son père. Aujourd’hui était son jour de repos, habituellement, c’était le dimanche, mais cette semaine, elle avait malheureusement des responsabilités avec ses compatriotes italiens, ainsi, demain, elle devrait être à Rome et non pas avachie devant un roman ou allongée sur son lit à faire la grasse matinée. Depuis le décès de tous ses proches, Anna n’avait pas pris beaucoup de congés ou de vacances, on peut sûrement même dire qu’elle n’en avait jamais pris. Elle préférait s’occuper l’esprit avec diverses choses : des dossiers plus qu’ennuyants, des voyages à l’étranger organisés pour sympathiser avec les autres pays et garder de bonnes relations avec l’international, des soirées mondaines qu’elle détestait plus que tout, un livre … De cette façon, elle n’avait pas à penser au vide à l’intérieur d’elle, ce vide qui paradoxalement prenait de plus en plus de place …

Cette semaine donc, elle avait posé son jour de congé hebdomadaire le samedi et vaquait à ses occupations usuelles. Elle avait troqué sa robe de sorcière professionnelle pour un jean usé et un tee-shirt bien trop large pour elle. En temps ordinaire, elle aurait dû rendre visite à ses parents et son frère à la demeure des Grimaldi, mais elle n’en avait pas vraiment envie. Elle ne supportait plus de voir le visage décomposé de sa mère, le sourire forcé et les yeux brillant de larmes de son père, la culpabilité de son frère … Tout ça était trop dur pour elle. Et là-bas, il y avait cette présence aussi, cette sensation qui lui rappelait l’absence de Thomas à ses côtés. C’était insupportable. Elle passerait demain, ou un autre jour, aujourd’hui, elle n’en avait juste pas le courage. Elle attrapa donc son livre sur la table de chevet, et se jeta à plat ventre sur le lit, accoudée sur son oreiller, la tête sur les mains, elle poursuivit sa lecture de « Objets anciens et artéfacts d’Europe occidentale ».
Lorsqu’elle lisait, Anna était imperturbable. Le bruit, le froid, les cris, rien d’autre ne résonnait en elle que les mots posés sur le papier. La lecture était son échappatoire, ça l’avait toujours été. Elle lisait de tout. Des livres d’aventure, des œuvres d’anticipation, des manuels de cours, des documents scientifiques – aussi scientifique que peut être la magie – elle s’est même essayée aux romans moldus et il faut l’avouer, ils étaient plutôt bons et appréciables. Elle aimait lire les mythes et mystères que les moldus évoquaient sur ce monde magique qui leur est inconnu, elle essayait d’imaginer ce que sa vie aurait été si elle avait été un de ces moldus, et que pour elle, la magie n’existerait que dans les livres. Anna souriait à cette pensée, les choses auraient-elles été plus faciles ? Aurait-elle perdu moins de personne qu’elle aimait ? Elle en doutait. Les moldus avaient leur propre guerre, ils participaient même à celle des sorciers sans le savoir, ils étaient pantins de cette situation … Malheureusement.

Au moment où elle leva la tête de son bouquin, la pluie battait contre les fenêtres sales et abîmées de sa chambre. Elle avait dû passer plusieurs heures à lire, sans ressentir la moindre fatigue, la moindre faim, la moindre soif, elle s’était nourrie de tout ce contenu et était plutôt satisfaite de tout ce qu’elle avait obtenu. Faisant un demi-tour sur son lit, elle s’allongea de tout son long, écarta les bras et s’étira, évinçant, par la même occasion, son livre sur le sol. Elle fixa alors le plafond, réfléchissant aux données qu’elle venait d’acquérir, et fut étonnée de ressentir une folle envie de partir à l’aventure, loin d’ici, pour explorer des objets divers et variés. Elle ne s’était jamais vraiment intéressée à cela avant, mais sa curiosité était sans limite, et lorsqu’elle découvrait quelque chose de nouveau, elle était capable de lire tous les livres en rapport avec le sujet en moins d’un mois. Un bâillement vint interrompre son raisonnement, suivit de quelques gargouillis, il était peut-être temps pour elle de sortir de sa tanière et d’aller se nourrir. Elle se leva, loucha sur le désordre de sa chambre et haussa les épaules ; elle rangerait ce soir, parce que le désordre provoquait en elle un sentiment de claustrophobie. Elle se dirigea vers la salle de bain. Douche, jean propre et chemisier, queue de cheval et quelques traits de maquillage pour cacher ses marques de fatigue … Elle devait être un minimum présentable lorsqu’elle quittait sa chambre. Elle ramassa son livre, glissa sa baguette dans sa poche et sortit. En parcourant le couloir, elle salua quelques voisins de chambre avec ce sourire quasi faux, quasi naturel et poursuivit sa route.

Elle descendit jusqu’au rez-de-chaussée et s’installa au bar. « Bonjour ! Comment allez-vous aujourd’hui ? Qu’est-ce que je peux vous servir ? » Anna sourit. Elle vivait ici depuis un moment maintenant, et la gérante la connaissait plutôt bien. Elles avaient pris l’habitude de discuter lorsqu’il n’y avait pas beaucoup de client et qu’Anna venait manger. « Donnez-moi une assiette du plat du jour, et puis un grand verre d’eau, je vais éviter l’alcool aux vues de ce qu’il m’attend demain ! » Elle tapota ses doigts sur le comptoir en attendant que la responsable revienne avec son assiette. Elle jeta un coup d’œil à la salle ; elle était à moitié vide à cette heure-ci. Elle remarqua juste une jeune femme, au fond de la salle, qui semblait extrêmement concentrée sur un objet qu’Anna ne réussit pas à discerner. Plus curieuse que jamais, elle se leva, se mit sur la pointe des pieds pour essayer de mieux voir, mais cela ne l’aida pas. Elle se rassit et lorsque la gérante revint, elle l’interrogea. « Dites, qui est cette jeune femme ? Et que fait-elle ? » Elle remarqua l’air déconfit de son interlocutrice qui ne semblait pas vraiment heureuse de la présence de cette femme. « Je ne sais pas, elle vient régulièrement maintenant avec ses ‘machins’ qui ont le don d’éclater, de salir, de faire du bruit et toutes ces choses bien désagréables que les clients n’apprécient pas ! » Anna s’esclaffa. « Il semblerait que vous ne l’appréciez pas vraiment ! » La gérante hocha de la tête avec sérieux. « Je vais aller lui faire la conversation. Vous permettez ? » Un geste de la main lui donnant la permission, Anna se leva, prit son assiette, sa fourchette et son verre et s’approcha de l’inconnue à l’objet intéressant. En arrivant à sa hauteur, elle inspira et commença. « Excusez-moi. Permettez-vous que je m’assieds à côté de vous ? Je vous observais du bar et ce que vous faites m’intéresse particulièrement … » Elle fit ce grand sourire qu’on lui connaissait si bien, ce sourire de sympathie. « Je suis en fait curieuse de savoir à quoi sert cet objet. Je suis justement en train de lire un livre sur les objets anciens et artéfacts d’Europe occidentale. » Son assiette toujours dans la main, elle but une gorgée d’eau et attendit.
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Hécate avait à peine finit de se débarbouiller quand une jeune femme aussi rousse qu'elle était brune et aussi pâle qu'elle était mate, vint s'asseoir en face d'elle. Son premier réflexe fit d'afficher une moue entre la surprise et l'irritation.
Envahissement de l'espace vital repéré.
Parée à répliquer en conséquence.
Double clé enclenchée, remarque acide armée.
En joue, visez, f....

« Excusez-moi. Permettez-vous que je m’assieds à côté de vous ? Je vous observais du bar et ce que vous faites m’intéresse particulièrement … Je suis en fait curieuse de savoir à quoi sert cet objet. Je suis justement en train de lire un livre sur les objets anciens et artéfacts d’Europe occidentale.»

Hécate en fut coupée en plein élan. Elle n'avait plus l'habitude de parler aux inconnus, alors que son caractère enjoué avait fait le bonheur de ses voisins jusqu'à ses vingt ans et elle avait donc naturellement prévu d'envoyer bouler l'inconnue avec autant de délicatesse qu'un ours affublé d'une migraine mais les mots de cette dernière la prirent au dépourvu. Personne ne s'intéressait jamais à ce qu'elle faisait. Personne, sauf peut être Mme Pavott, pour la sermonner et sa cousine, Ettie.

Elle jaugea la nouvelle venue du regard et la détailla sans manquer un détail avant de prendre la sphère et de recoller ensembles les deux parties ensembles d'un coup de baguette. Elle la posa sur la table.

-Cet objet n'est pas occidental, fit-elle remarquer d'un ton calme, il vient des régions Kabyles de l'Algérie. Il a ensuite été exporté vers les régions sub-sahariennes de l'Afrique et vers le continent Américain durant l'ère du commerce triangulaire. Ce que vous voyez là c'est un percolateur épidermique magique...ou autrement dit, une machine à tatouer.

Hécate eut un sourire involontaire en voyant les yeux de son interlocutrice s'agrandir de surprise.

-"Une femme sans tatouages n'est pas une femme". C'est ce que disent les berbères des montagnes. Les sorcières se marquaient autrefois le visage, le cou, les bras afin de repousser les esprits et d'apporter sur elles et leurs proches la bénédiction de la magie et des esprits. Le signe importe en fait moins que l'encre que l'on utilise ou que la personne qui pratique le rituel. Regardez...on met les ingrédients dans la calebasse...

Joignant le geste à la parole, elle mit un peu de sa mixture d'encre, dos et de sang dans une moitié de la sphère avant de refermer le tout et de secouer l'objet.

-On agite et on lit ces mots.

Elle fit tourner la sphère pour montrer à Anna les marques brulées sur le bois.

-Ce modèle vient des Amériques, la formule est donc en langue noire. Correctement prononcée, elle active la sphère et celle ci fait le travail toute seule selon ce que vous lui demandez.

Amusée, elle posa la sphère et la regarda presque avec amour.

-Les méthodes de tatouage ont changées mais il n'y a qu'avec ce genre de choses que l'on peut obtenir des marques investies de réels pouvoirs...si l'on excepte bien sur la technique employée par le Magister. Je n'ai jamais su comment il s'y prenait  ...c'est un mystère. Enfin bref: le fait est que cette chose est plus qu'une machine à vous gribouiller sur l'épiderme. Elle vous insuffle du pouvoir sous la peau. Tous les grands dirigeants de mon pays recoivent un tatouage magique lors de leur accession au trône des clans...un dessin gigantesque, à l'effigie de leur animal esprit. Vous appelez ça des patronus. Quand tout leur fait défaut sur le champ de bataille, ils peuvent invoquer l'esprit emprisonné dans leur chair afin que celui ci leur porte secours. Je ne sais pas si vous avez déjà vu un ours sortir de la peau de quelqu'un, mais c'est un drôle de spectacle.

Elle s'interrompit. Par Merlin, d'où lui était venue cette diarrhée verbale? où était donc passé son sens de la mesure? de la prudence? son sacro-saint "Vade retro satanas qui que vous soyez" ? Hécate se dit qu'elle devait être bien plus seule et désespérée qu'elle l'avait cru si elle en arrivait à "tailler le bout de gras" avec tous les clients désoeuvrés de la taverne. Embarrassée, elle regarda l'inconnue qui l'écoutait toujours. Un air sincèrement curieux et calme était peint sur ses traits et Hécate eut le sentiment fugitif qu'elle avait absolument tout retenu de ce qu'elle venait de lui dire, jusqu'au moindre détail, un élément qui suffit à piquer sa propre curiosité. Elle attendit un moment mais voyant que la jeune femme en face d'elle semblait attendre une nouvelle cargaison de "connaissances académiques et informations diverses" en babioles du monde, elle ajouta:

-Je recevrai ma propre marque un jour, si la vie le permet. Ce n'est pas gagné, je le concède, mais j'ai bon espoir de posséder un jour tout ce qui me revient.

Elle se moquait bien de la dose d'arrogance que pouvait contenir ses paroles. Elle se sentait d'humeur maussade et amère. En regardant la machine posée devant elle, elle imaginait l'alligator qui aurait déjà du s'enrouler autour de son corps et l'orner comme un bijoux et une preuve de son rang. Mais sa peau était toujours vierge et sa condition sociale presque inexistante.

Shacklebolt.

Elle en était venue à haïr ce patronyme, à en détester la moindre sonorité, comme si le mot constituait un fiel acide se déversant dans ses tympans et jusqu'au plus profond de son estomac. Elle ne se reconnaissait pas dans les tableaux de ses ancêtres, dans les augustes histoires passées de sa dynastie, marquées par la résistance durant la première guerre des sorciers et bien avant cela même, par des siècles de combats humanistes et d'opinions chevaleresques. Toute cette dorure lui faisait une belle jambe désormais et elle savait que l'or le plus fin ne valait pas le fer le plus résistant. Son monde était de fer, d'os, de sang. Elle n'avait rien à voir avec les mondanités de cette famille qui avait été incapable de garder ses propres enfants en sûreté.  

Ces pensées la firent jeter un regard dégoûté à l'artefact. Elle n'avait même plus envie de le réparer désormais, il ne faisait que lui rappeler ce qui aurait du être sien et lui avait été arraché. Tout ce qu'elle avait perdu et qu'elle ne récupèrerait que difficilement, ou même jamais car si l'on pouvait grimper la pyramide marche après marche à la sueur de son front, on ne ramenait pas les morts grâce au sel de ses larmes.

-Oubliez ça, corrigea-t-elle d'un ton sombre, je me suis laissée emporter.Cette vieille babiole ne vaut pas un clou de toute façon, elle est cassée. Trop vieille. Je n'arriverai pas à en tirer quoi que ce soit.

Ulcérée mais faisant de son mieux pour ne pas le montrer, elle repoussa la sphère vers un bord de la table et se força à sourire à cette étrange femme rousse, dont le visage lui était inconnu mais étrangement sympathique. Il y avait dans ses yeux comme une sorte de malice prudente, une ruse faîte pour assurer la survie. Elle ne fuyait pas le regard d'autrui mais son esprit fuyait, une nuance dure à comprendre mais qui pour Hécate sautait aux yeux. Elle la jaugeait, elle aussi, la jeune femme le sentait. Elle se serait presque crue disséquée aimablement sur place par les yeux clairs de l'inconnu, un sentiment qu'elle n'apprécia pas particulièrement.

Impatiente de mettre un terme au silence qui s'était installé, elle demanda:

-Je vous ai vu descendre de l'étage. Vous êtes de passage à Londres ou...résidente permanente? Si c'est le cas, j'ai une question pour vous: j'ai entendu dire qu'un vampire avait élu domicile dans le grenier de l'auberge, est ce que c'est vrai?

Si oui, elle devrait faire son rapport à la BPM. Les vampires devenaient de véritables nuisances publiques ces temps çi et il fallait plus que des gousses d'ail pour se débarrasser de ces sangsues.
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‹ âge : trente-quatre
‹ occupation : guérisseuse au service d'infection par virus et microbe magique et co-présidente de l'association "Rosier's Disease Research Trust".
‹ maison : Serdaigle
‹ scolarité : 1980 et 1987.
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‹ particularité : occlumens.
‹ faits : je suis de sang pur, que je fais partie de la famille Grimaldi, que je suis d'origine italienne, que j'adhère aux idées insurgées mais que je me suis résolue à ne jamais les rejoindre pour le bien être de ma fille, que je suis une ancienne guérisseuse et que je sais donc comment soigner les gens de diverses pathologies, que je me défends en duel, que j'adore lire, que j'apprécie les jolies choses.
‹ résidence : dans un petit studio sur le chemin de traverse que le gouvernement a bien voulu me donner pour mon implication de guérisseuse durant la guerre. La demeure des Grimaldi à Herpo Creek ainsi que mon appartement à la Bran Tower avaient été saisis. Je dispose toujours d'une résidence secondaire et tertiaire à Brighton (maison d'été) et à Florence (terres italiennes).
‹ patronus : un lapin, patronus de Thomas
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Anna observait la jeune femme de ce regard doux et empli de gentillesse. Elle accordait très peu sa confiance aux gens depuis que le Magister avait pris le pouvoir, mais elle n’en restait pas moins une personne pleine de compassion, d’écoute et de sympathie. Elle jugeait rarement des personnes au premier regard, elle s’en faisait bien une idée, mais elle n’allait jamais au-delà en décidant si elle devait aimer ou détester un individu simplement par son physique, sa tenue, ses mots ou sa démarche. Elle était très attachée à ses idéaux qui lui disaient qu’il y avait du bon en tout le monde, même si cela l’avait souvent mis en danger. Elle n’en restait pas moins extrêmement prudente lorsqu’elle faisait la rencontre de quelqu’un, et son premier réflexe était bien évidemment de fermer son esprit à toute intrusion malvenue. Ainsi, en attendant une réponse de la part de cette inconnue, elle bâtit dans sa tête un mur de brique comme elle avait pris l’habitude de le faire, cette méthode de visualisation qu’elle expérimentait et utilisait depuis plusieurs années à présent lui avait toujours permis de garder ses pensées et émotions en sécurité. Les connaissances et la pratique lui avaient permis de monter ce mur avec beaucoup plus de rapidité et d’aisance qu’à ses débuts. Et puis les attaques intempestives qu’elle subissait depuis quelques mois au ministère l’avaient complètement préparée à des situations moins brutales, plus calmes telles que celle-ci. La sécurité avant tout …

Concluant que la permission avait été donnée lorsque son interlocutrice avait commencé à exposer ses explications à propos de l’objet, Anna posa délicatement son assiette sur la table en bois, son verre le plus loin possible des affaires de l’experte pour éviter de les abîmer par mégarde. Elle attrapa ensuite sa cuillère et écouta toutes les paroles déblatérées en mangeant silencieusement. A plusieurs reprises, elle voulut intervenir pour poser une question ou faire une remarque, mais la jeune femme ne lui en laissa pas l’occasion, trop absorbée par ce qu’elle disait. Elle ne respirait même pas, tellement elle était passionnée. Anna ne voulait surtout pas l’interrompre, de peur de s’attirer les foudres de cette étrangère dont elle ne connaissait pas encore le caractère. Elle l’écouta donc attentivement, avec le regard rempli de curiosité, de soif de connaissance et d’envie. Car oui, elle enviait cette inconnue de pouvoir toucher à ces objets, de comprendre ces objets, de découvrir toutes ces choses dont Anna n’avait pas suspecté l’existence une seule seconde jusqu’à aujourd’hui. Elle buvait chacune des paroles de son interlocutrice sans en perdre une miette, retenant chaque mot important, les rangeant dans un coin de sa tête et poursuivant son écoute. Tout ce qu’elle entendait lui donnait encore plus envie de lire des livres sur les objets rares qui existaient en ce bas monde, elle n’aurait jamais pensé qu’elle trouverait autant d’intérêt à ces choses.

Lors que la femme à la peau mate marqua enfin un temps de silence, Anna ne trouva plus rien à redire, elle était trop obnubilée par l’objet, sa forme, son utilité et l’usage qu’on en faisait, qu’elle en restait bouche-bée. Elle n’était déjà pas très bavarde à l’origine, mais après un exposé aussi long et aussi intéressant, elle se devait de digérer les paroles et de trouver des choses intelligentes à dire, sans quoi elle passerait pour la dernière des imbéciles. Elle prit donc une cuillère du contenu de son assiette, elle la mit dans sa bouche et mâcha lentement pour se donner une raison de ne pas parler. Elle avait beau réfléchir, elle ne trouva pas quelque chose de suffisamment plaisant ou captivant pour attirer l’attention de son interlocutrice et égaler son savoir. Donc elle préféra se taire, espérant du plus profond d’elle-même que l’autre femme romprait ce silence, ce qu’elle fit à plusieurs reprises. Elle l’écouta parler de ce qui lui avait été promis, ce qu’elle devait avoir, cette même marque dont elle venait de lui parler, il semblerait qu’elle était aussi destinée à en avoir une. Cependant Anna décela quelques instants après, une certaine tristesse et un peu d’amertume – ou était-ce de la lassitude ? – dans les yeux de la femme. La petite flamme qui brillait dans son regard durant tout son discours s’était éteinte. Sa dernière phrase à propos de l’objet suffit à détruire toute la passion et l’envie qui avaient grandi en elle. Anna regarda l’objet être déplacé en bout de table et être abandonné à son triste sort. Elle ne ressentait évidemment pas de l’empathie pour l’objet, mais elle était malgré tout triste de voir que tout le rêve qu’il aurait dû apporter était réduit à néant.

Les deux jeunes femmes se jaugèrent encore quelques instants, Anna la fixant seulement parce qu’elle ne savait pas où poser son regard sinon. Elle ne cherchait pas vraiment à la défier, à se faire une idée d’elle ou à la rendre mal à l’aise, elle regardait seulement, comme elle regarderait une jolie chose. Son interlocutrice parla alors de l’auberge et de vampire, Anna se sentit tout à coup plus à l’aise, apte à répondre à une question du genre … ou presque. Elle posa sa cuillère dans son assiette, but une gorgée d’eau, se racla la gorge et finit par répondre. « Je vis ici depuis quelques temps maintenant, j’y ai mes habitudes, j’y suis bien. Mais à vrai dire je n’ai jamais entendu parler de vampire dans le grenier. Ce ne sont que des rumeurs je pense. » Anna sourit avec sincérité. « En tout cas, votre exposé était très intéressant ! Je serai curieuse de voir quels autres objets pourraient passer entre vos mains ! Vous semblez être une grande connaisseuse ! Si un jour on venait à mieux se connaître, je serai vraiment intéressée pour vous suivre lors de vos acquisitions. Cela dit, je ne veux pas être un fardeau. On pourra toujours en discuter en temps voulu. » Elle pencha la tête légèrement de côté, sourit à nouveau, pinça les lèvres et tendit la main vers son interlocutrice. « On pourrait commencer maintenant. Je m’appelle Anna. »
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Pas de vampire dans le grenier donc. C'était un bon point car Hécate avait à peu près autant envie de rapporter cette nouvelle à la BPM que de s'empaler sur un pieu, sans mauvais jeu de mots. Elle écouta son interlocutrice parler sans la couper mais eut un léger mouvement de sourcils quand cette dernière lui présenta sa main, avec une invitation évidente à la serrer.

Hécate la jaugea du regard sans même s'en cacher et l'espace d'un instant, eut très envie de transplaner. La pauvre jeune femme n'avait rien fait pour mériter un tel traitement mais Hécate avait depuis longtemps perdu ses instincts de sociabilisation et les récents événements - notamment ses interactions avec son nouveau mentor le directeur Lestrange - lui donnaient des poussées de misanthropie. Serrer la main d'une personne signifiait accepter le commencement d'une relation, quelle qu'elle soit, et une relation impliquait la mise en jeu de sentiments. Hécate aurait voulu croire qu'il y avait dans cette ville des personnes désireuses de nouer avec elle des liens plus profonds et épanouissants que des relations de travail et hiérarchiques mais elle en doutait et regardait donc la main d'Anna avec circonspection.

Cette jeune femme semblait intelligente, curieuse, sympathique. Mais la sympathie n'était que rarement gratuite par les temps qui couraient. On attendait toujours quelque chose de l'autre: faveurs, protections, alliances, réseaux et passe-droits. Le monde des sorciers n'était plus qu'une immense Agora où les compliments et les saluts s'achetaient, se vendaient, comme les sentiments. Un marché où l'amitié et l'amour n'étaient que des denrées quantifiables, échangées dans l'optique de la survie.

Hécate n'aimait pas cette nouvelle manière de penser qui comme un poison s'insinuait en elle. Elle savait que ce qui parlait en elle était l'amertume et la frustration accumulées au cours des dernières années et notamment des dernières semaines. Avec horreur, elle se rendit compte que l'Angleterre commençait à déteindre sur elle: son coeur devenait aussi dur que les pierres de la capitales, ses pensées aussi grises que les nuages qui la surplombaient et ses sentiments aussi troubles que l'eau de la Tamise. Elle se perdait. Hécate, la petite fille caïman, s'effaçait derrière Mademoiselle Shacklebolt et l'espace d'une seconde, elle ressentit une bouffée de panique.
La comédie qu'elle jouait devenait peu à peu la réalité, le masque qu'elle portait se fondait dans son visage et bientôt, elle serait exactement ce qu'elle avait jusque là prétendu être pour survivre: une statue vêtue de noir, aux yeux froids et au coeur scellé par des chaînes d'acier.

Toutes ces pensées s'accumulèrent et filèrent au travers de son esprit en un temps incroyablement court mais ce fut comme si elle s'était évadée du monde réel pour une demi-heure. Hécate frissonna légèrement et reporta son regard sur la main d'Anna puis, lentement, la prit dans la sienne, ses bracelets d'or tintant doucement. Elle portait à l'index la chevalière offerte par sa grand mère, un anneau patiné en argent massif orné d'ambre Vert. cette vision acheva de la sortir de sa torpeur et elle s'éclaircit la voix avant de parler:

-Hécate Shacklebolt.

Elle prit la sphère entre ses mains et commença à la manipuler distraitement.

-Ces objets ne sont pas vraiment courants dans le secteur...il faut souvent utiliser des chemins de traverse pour se les procurer, si vous me pardonnez l'expression. Ces chemins sont rarement des sentiers battus.

Elle ne voulut pas en dire plus. Cette jeune femme n'avait pas besoin de savoir les endroits qu'Hécate fréquentait une fois la nuit tombée, ni la faune qu'elle y rencontrait. Sans doute n'aurait-elle pas apprécié de le savoir et après tout rien ne disait qu'elle ne ferait pas mauvais usage d'une telle information. Hécate la regarda brièvement et finit par ajouter:

-Vous ne m'avez pas dit votre nom de famille.

Ce n'était pas un fait commun ces jours çi. Donner son nom de famille permettait souvent de "purifier l'atmosphère" dès le début d'une conversation, énoncer son pedigree permettait de montrer patte blanche et de s'éviter des questions embarrassantes sur le statut de son sang ou son rang social. Quiconque se présentait sous son seul prénom était inévitablement regardé avec suspicion car comme le dit l'adage "qui n'a rien à cacher parle sans peur".

La vie au chaudron baveur, l'esprit fuyant, cette absence de patronyme...cela commençait à faire beaucoup, même pour Hécate qui n'avait pourtant pas le culte de la généalogie. Elle savait parfaitement qu'à sa place, ses collègues du niveau 2 auraient cuisiné la pauvre jeune femme jusqu'à lui tirer les vers du nez de gré ou -en cas d'acharnement à la non-coopération - de force. Mais elle ne s'en sentait pas l'envie ni l'énergie. Son instinct ne la titillait en outre pas encore, et elle ne ressentait aucun danger à se trouver en présence de cette inconnue. Un bon point pour cette dernière. Hécate avait tendance à éliminer les menaces de son champ de vision jusqu'à qu'il n'en reste pas même les os.
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Anna Grimaldi
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‹ inscription : 07/06/2015
‹ messages : 1824
‹ crédits : mathy.
‹ dialogues : #e95353.
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‹ âge : trente-quatre
‹ occupation : guérisseuse au service d'infection par virus et microbe magique et co-présidente de l'association "Rosier's Disease Research Trust".
‹ maison : Serdaigle
‹ scolarité : 1980 et 1987.
‹ baguette : est en bois de charme, contient une plume de phénix et mesure 26,4 centimètres.
‹ gallions (ʛ) : 5574
‹ réputation : je suis fragile et que j'ai été manipulée par mon compagnon.
‹ particularité : occlumens.
‹ faits : je suis de sang pur, que je fais partie de la famille Grimaldi, que je suis d'origine italienne, que j'adhère aux idées insurgées mais que je me suis résolue à ne jamais les rejoindre pour le bien être de ma fille, que je suis une ancienne guérisseuse et que je sais donc comment soigner les gens de diverses pathologies, que je me défends en duel, que j'adore lire, que j'apprécie les jolies choses.
‹ résidence : dans un petit studio sur le chemin de traverse que le gouvernement a bien voulu me donner pour mon implication de guérisseuse durant la guerre. La demeure des Grimaldi à Herpo Creek ainsi que mon appartement à la Bran Tower avaient été saisis. Je dispose toujours d'une résidence secondaire et tertiaire à Brighton (maison d'été) et à Florence (terres italiennes).
‹ patronus : un lapin, patronus de Thomas
‹ épouvantard : un entassement de corps, celui de mes enfants et des êtres qui me sont chers.
‹ risèd : ma famille heureuse et recomposée.
http://www.smoking-ruins.com/t1958-anna-loooove-me
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Anna and Hecate
The important thing is not to stop questioning.
Curiosity has its own reason for existing.



Le bras toujours tendu au-dessus de la table, elle remarqua que son interlocutrice hésitait à la serrer. Cette réticence ne dura que quelques secondes ou peut-être une minute, mais ce fut suffisant pour qu’Anna se retrouve gênée à l’idée d’avoir proposé qu’elles fassent, toutes les deux, plus amples connaissances. D’ordinaire, Anna n’était pas ni vraiment sociable, ni vraiment associable. Elle avait un nombre assez conséquent d’amis et de connaissances, au vu du statut de sa famille, de son nom et de son caractère. Mais elle savait aussi qu’il ne fallait pas accorder sa confiance à tout le monde et que la sociabilité existait là où le danger et la manipulation s’arrêtaient. Elle a toujours su s’entourer des personnes de confiance – tout du moins elle le croyait malgré la trahison de Thomas et de Tessa – elle voyait toujours le bon en tout le monde avant de voir le mal, ce qui était vraisemblablement une logique à ne pas adopter en situation de guerre. Cependant, elle était comme ça, préférant le blanc et la pureté, au noir et à la violence. En réalité, elle préférait le gris, excluant de ses idéologies toute pensée manichéenne qui réduirait une personne qui fait du mal au mal lui-même.

Durant les longues secondes d’incertitude, Anna alterna son regard entre sa main et le visage de la jeune femme. Elle essayait de lire dans ses pensées pour comprendre ce qui la dérangeait. Mais avec un peu de perspicacité, elle en déduit que l’environnement actuel n’était pas enclin à la confiance et aux nouvelles rencontres, et que l’inconnue se demandait sûrement si Anna avait de mauvaises intentions ou si elle était sincère. Au fond, notre petite rousse la comprenait, elle aussi aurait pu réagir ainsi face à quelqu’un qu’elle ne connaissait pas, elle avait simplement une autre conception du risque. Elle s’apprêtait à baisser sa main et à abandonner lorsque la jeune femme tendit à sa main en faisant tinter ses bijoux et serra celle d’Anna. Rassurée par ce geste, on put remarquer le corps tout entier d’Anna se détendre et être parcouru par un sentiment de satisfaction tout relatif. Hecate Shacklebolt … Anna connaissait ce nom de famille, il était connu parmi l’Elite, une des « 28 sacrés ». Elle comprit beaucoup mieux la peau métissée et l’intérêt pour les objets anciens ; ces deux caractéristiques décrivaient bien les membres de la famille Shacklebolt. Anna n’avait absolument rien à reprocher à cette famille, et fut même satisfaite de ne pas être tombée sur n’importe qui ; une relation, quelle qu’elle était, avec un membre d’une famille de sang-pur était toujours plus acceptable qu’avec un tout autre individu, aux yeux de la société. Il fallait l’avouer, Anna avait beau se rebeller contre les idéologies de sa famille qui ne concevaient pas que la lignée puisse être un jour ‘salie’ par du sang moldu, elle en faisait pas moins très attention aux apparences, ces derniers temps. Sa famille avait connu beaucoup trop de déboires avec la justice magique à cause de Teresa et Thomas, elle se devait de ne pas y ajouter des relations douteuses avec des sang-de-bourbes – le seul fait de penser à ce mot la révulsait.

Anna posa ses coudes sur la table – si sa mère avait été présente, elle l’aurait immédiatement réprimandée – entrelaça ses doigts et posa sa tête dessus. Elle regarda la dénommée Hecate reprendre l’objet entre ses mains et lui expliquer de manière assez mystérieuse et détournée que ces objets s’obtenaient de manière plus ou moins légale et que cela impliquait des promenades dans des lieux assez peu fréquentables. Elle haussa les épaules, peu inquiète du genre de personnes qui pouvait grouiller en ces lieux. Elle savait se protéger face au danger, même si elle ne connaissait pas tous les types de danger, elle n’avait pas vraiment peur de ça, les maux de la vie l’avaient empreinte d’une certaine audace et l’avaient quelque peu anesthésiée de la peur. L’inconnu la poussait à avancer plus qu’il ne l’effrayait. Cela dit, elle ne chercha pas à contredire Hecate, elle ne la connaissait toujours pas assez pour donner son avis sur des sujets tels que sa capacité ou non à supporter des excursions dans les bas-fonds de ce monde. Elle préférait passer pour l’instant pour la petite fleur délicate que tout le monde pensait qu’elle était.

C’est à ce moment-là qu’Hecate remarqua qu’Anna ne lui avait pas donné son nom de famille. Cette dernière n’avait pas vraiment fait attention. Cette manie de ne pas parler de son affiliation aux Grimaldi dès les premiers mots, était restée ; et encore plus aujourd’hui, son nom de femme était un nom qu’elle se forçait à ne plus du tout prononcer, de peur que les gens ne fassent le lien entre la trahison de Thomas et elle. Qui était-elle ? En fait, elle ne savait même plus. Pour elle, le plus simple c’était de dire qu’elle était Anna, mais quelle Anna était-elle ? Cette question existentielle devenait vraiment déconcertante. Anna fit de tout petit mouvement de tête de droite à gauche, comme pour refuser de se farcir la tête de problème existentiel, au moment où elle avait des problèmes bien plus importants à régler. « Euh oui, désolé, mauvaise habitude. Grimaldi … Anna Grimaldi. » Elle sourit pour apaiser le doute qui s’était installé. « Et je vois venir la question que la plupart des gens me pose : Que faites-vous ici au Chaudron Baveur alors qu’une villa vous attend à Herpo Creek ? » Elle eut ce petit ton malicieux pour essayer de détendre l’atmosphère entre Hecate et elle. « Je répondrai en deux mots : détente et calme. Je ne sais pas s’il vous est arrivé de vous rendre à des fêtes de l’Elite, mais je peux vous dire que dans ces moments-là, je regrette le calme du Chaudron Baveur – aussi calme puisse-il être –  . » Elle pinça ses lèvres à travers un petit rictus et se tut. Elle prit son verre d’eau, vida son contenu dans sa bouche et posa le verre sur l’assiette avant de se lever. « Excusez-moi deux petites secondes, je vais ramener sa vaisselle à la propriétaire avant qu’elle ne suspecte que je ne les vole. » Elle aurait pu utiliser un petit sortilège de lévitation pour les déposer sur le comptoir, cependant, elle connaissait bien la gérante de l’auberge maintenant et elle savait pertinemment que cette dernière détestait le bruit de vaisselle cassée, donc pour parer à tous les risques, Anna préférait donner le tout en main propre. Elle remit donc tous les objets dans les mains de la propriétaire, elle la remercia pour le repas et retourna vers Hécate. « Je peux me permettre de vous demander si vous avez d’autres objets du genre à me présenter ? Je suis vraiment curieuse d’en apprendre plus sur tout ça. Mon frère a beaucoup voyagé et a aussi eu l’occasion d’avoir entre les mains des objets assez rares, mais il m’en parle très peu. J’ai l’impression que vous avez une connaissance bien plus accrue de ces choses. » L’avidité s’entendait dans le ton employé par Anna. Elle voulait sincèrement connaître le domaine d’expertise d’Hecate.
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Grimaldi. Hécate réfléchit une petite seconde, son esprit faisant le lien entre la jeune femme, la dynastie dont elle provenait et les derniers incidents rapportés à son niveau. Repassant en revue tous les dossiers, fiches et avis de décès concernant les insurgés lui étant passés entre les mains depuis son arrivée au ministère, Hécate finit par hocher imperceptiblement la tête. Il y avait bien eu une affaire un an auparavant, peut être deux, impliquant une certaine Theresa Grimaldi. La trahison de cette dernière avait fait bruisser les couloirs du niveau 2 pendant près de deux semaines et chacun y était allé de son anecdote, de son avis, sur la prestigieuse lignée italienne désormais assez peu prisée de l'élite.

Hécate eut la présence d'esprit de ne pas montrer à Anna qu'elle avait fait le lien entre elle et la défunte Thérésa. Au vu du physique de son interlocutrice et des photos de l'ancienne insurgées agrafées aux dossiers, il n'était pas bien compliqué de déduire leur lien familial et amener ce sujet dans la conversation aurait été du plus mauvais goût.

En outre, si Hécate vouait une haine sans bornes aux insurgés, elle avait appris au fil des années passées sur le sol Britannique à distinguer les membres d'une même famille et à diriger sa haine vers ses ennemis directs et eux seuls. Les liens du sang ne semblaient signifier que très peu en Angleterre et ne déterminaient nullement les allégeances, un fait impensable en Louisiane où chaque clan combattait génération après génération sans plier, sans trahir, sans reculer. Ici, chaque être semblait pouvoir devenir à n'importe quel moment un éléctron libre décidant de son propre destin au détriment du bien commun et de la pérennité du clan. Thérésa avait mis sa famille en danger au mépris de toutes les règles familiales connues d'Hécate. Anna avait du en payer lourdement les conséquences, aussi Hécate décida-t-elle de ne pas la juger à l'aune de ce que sa soeur, désormais tristement connue dans le milieu judiciaire, avait pu commettre. La jeune femme aurait probablement haït Thérésa et toute sa clique de révolutionnaires en perdition. Mais elle ne connaissait pas Anna et pour cela, elle était prête à lui accorder le bénéfice du doute.

« Je peux me permettre de vous demander si vous avez d’autres objets du genre à me présenter ? Je suis vraiment curieuse d’en apprendre plus sur tout ça. Mon frère a beaucoup voyagé et a aussi eu l’occasion d’avoir entre les mains des objets assez rares, mais il m’en parle très peu. J’ai l’impression que vous avez une connaissance bien plus accrue de ces choses. »

Hécate se sentit flattée de cette attention portée à ses connaissances. Car si la jeune femme engrangeait depuis sa prime enfance des connaissances aussi hétéroclites qu'inconventionelles sur les magies dites "alternatives", elle ne rencontrait que rarement des personnes prêtes à s'y intéresser sans ironie ni mépris. Pour beaucoup de sorciers, la mondialisation des connaissances avait aussi apporté une uniformisation des références et des pratiques, reléguant les vieilles traditions au rang de "coutumes folkloriques" voire d' " usages barbares". Hécate avait pourtant appris à s'intéresser à toutes ces magies laissées sur le carreau, sur le banc de touche: tout savoir connu de peu d'individus pouvait se révéler mortel pour l'adversaire et la connaissance n'était elle pas mère du pouvoir?

Elle sourit, pour la première fois depuis le début de la conversation et leva l'index en l'air pour indiquer à Anna de patienter puis fouilla dans sa besace. Il y avait à l'intérieur un objet qui ne manquerait pas de l'intéresser si toutefois elle était aussi curieuse qu'elle le paraissait. Il n'avait certes pas grand intérêt d'un point de vue tactique, mais pourquoi se refuser le plaisir d'un peu de beauté en ce bas monde?

La jeune femme farfouilla dans le sac et finit par en sortir un globe de cristal lisse qu'elle posa sur la table. Translucide, il semblait abriter en son sein un univers miniature tant les fractures de la gemme et ses volumes iridescentes semblaient créer un ciel nuageux et mordoré en son sein. Seules certaines opales pouvaient ainsi donner l'illusion d'avoir figé à l'intérieur d'elles des mondes entiers, que ces derniers soient aquatiques, aériens ou même végétaux. Plus rares encore étaient les opales extraites à la pleine lune dans les grottes d'Ethiopie et transformée en "porte-rêves".

Voyant les yeux verts d'Anna s'agrandir à la vue de la fabuleuse gemme dorée, Hécate sourit et la caressa du bout du doigt, provoquant une faible luminescence lorsque sa peau effleura la pierre.

-Ceci est un Porte-Rêve. On raconte qu'une seule opale sur un million et plus encore naît assez massive et pure pour constituer un artefact de cette sorte. L'opale doit être extraite une nuit de pleine lune et placée dans une potion de Lux Occulis pendant un mois. Le liquide permet de la concentrer en énergie mystique et d'en faire un prisme par lequel faire passer des pensées, des rêves, des images, pour les partager. Regardez.

Elle leva sa baguette et fit léviter l'opale avant de la placer devant ses yeux et de fermer les paupières. La gemme se mit à luire et soudain, éclata en milliers de fragments qui s'assemblèrent dans un ballet d'étincelles et de lueurs jusqu'à créer un paysage monochrome, pailleté d'or, mais criant de réalisme.
Dans la lumière d'une après midi d'été, des arbres se penchaient au dessus d'une rivière à la surface de laquelle voletaient moustiques et libellules. Un saurien se prélassait sur la berge, offrant le cuir de ses écailles à la chaleur du soleil, l'oeil immobile et le corps à l'affut. Un cri d'animal retentit au loin, dans les profondeurs de cette forêt qui semblait être une jungle et effraya une flopée d'ibis royaux qui s'envola des branchages avant de sélancer vers l'horizon jusqu'à se fondre dans la lumière du soleil, parfais disque d'or scintillant. Au moment où le dernier bout d'aile disparut, une forme se profila à l'horizon et un banc de baleines émergea des nuages, nageant paisiblement dans les immensités du ciel. Sur la terre, les arbres perdaient à présent leurs feuilles comme par magie et sur l'eau dansait un petit être ailé semblable en tous points à une fée. A chaque seconde, le paysage devenait plus fantasmagorique et poétique, si bien que ce qui avait été presque banal au début de la vision se transforma rapidement en un tableau aussi fabuleux qu'improbable.

Hécate ouvrit alors les yeux et la poussière de roche brillante se dispersa en un instant avant de reformer l'opale, qui luit encore un moment puis redevint inerte sur la table.

Les rares clients présents dans l'auberge et même Mme Pavott avait cessé d'astiquer ses assiettes pour observer ce qui se passait, abasourdie par cette magie. Hécate poussa l'opale vers Anna et dit doucement:

-Ce que je vous ai montré n'est pas un souvenir, mais une invention de mon esprit. Une pensine contient et retransmet des souvenirs précis et détaillés, aussi biaisés et tronqués soient-ils, le porte-rêve montre une chose qui ne fut jamais sinon dans notre imagination. Il est une entrée vers ce que nous avons de plus précieux: notre monde secret. J'aurais certes pu vous montrer  quelque chose de plus fantaisiste qu'un paysage, mais je crois que notre chère Madame Pavott m'aurait mise à la porte.

De nouveau, elle sourit et poussa l'opale vers Anna, doucement, comme une invitation.

-Essayez si vous voulez. Montrez moi quelque chose, n''importe quoi. Si vous parvenez à fixer votre esprit sur un vision...si vous parvenez à la voir...je la verrai. Faîtes moi confiance et contentez vous d'imaginer.

Imaginer et rêver était certes devenu un exercice difficile pour la plupart des gens depuis maintenant un long moment, mais certains conservaient envers et contre tout une formidable capacité de mobilisation de leur esprit. Ils pouvaient encore façonner tels des architectes talentueux, des mondes utopiques et des univers colorés tels qu'ils n'en avaient jamais connus eux même ici bas, sur la terre des vivants. L'esprit humain avait cela de fascinant qu'il pouvait tirer des empires du néant et donner la vie à des êtres jamais nés. Issus de la frustration de ces hommes et de ces femmes à l'imagination débordante, des ambitions de ces créateurs intarissables, les porte-rêves permettaient de partager dans toute sa richesse la constellation de pensées et de sensations qui faisaient l'esprit d'un homme ou d'une femme.

Hécate était désormais curieuse de savoir ce que l'esprit d'Anna Grimaldi révélerait et offrirait au monde si l'espace d'un tout petit instant, il se mettait à caracoler au gré de ses propres images et couleurs.


Dernière édition par Hecate Shacklebolt le Dim 5 Juil 2015 - 17:29, édité 1 fois
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‹ âge : trente-quatre
‹ occupation : guérisseuse au service d'infection par virus et microbe magique et co-présidente de l'association "Rosier's Disease Research Trust".
‹ maison : Serdaigle
‹ scolarité : 1980 et 1987.
‹ baguette : est en bois de charme, contient une plume de phénix et mesure 26,4 centimètres.
‹ gallions (ʛ) : 5574
‹ réputation : je suis fragile et que j'ai été manipulée par mon compagnon.
‹ particularité : occlumens.
‹ faits : je suis de sang pur, que je fais partie de la famille Grimaldi, que je suis d'origine italienne, que j'adhère aux idées insurgées mais que je me suis résolue à ne jamais les rejoindre pour le bien être de ma fille, que je suis une ancienne guérisseuse et que je sais donc comment soigner les gens de diverses pathologies, que je me défends en duel, que j'adore lire, que j'apprécie les jolies choses.
‹ résidence : dans un petit studio sur le chemin de traverse que le gouvernement a bien voulu me donner pour mon implication de guérisseuse durant la guerre. La demeure des Grimaldi à Herpo Creek ainsi que mon appartement à la Bran Tower avaient été saisis. Je dispose toujours d'une résidence secondaire et tertiaire à Brighton (maison d'été) et à Florence (terres italiennes).
‹ patronus : un lapin, patronus de Thomas
‹ épouvantard : un entassement de corps, celui de mes enfants et des êtres qui me sont chers.
‹ risèd : ma famille heureuse et recomposée.
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Curiosity has its own reason for existing.



Anna était autodidacte, elle apprenait beaucoup par elle-même. Que ce soit grâce aux livres, aux expériences qu’elle avait vécues ou simplement par ce qu’elle entendait d’autrui – sans que ce soit dans une situation de cours magistral – elle avait rempli sa besace de connaissance à ras-bord et elle n’en était jamais totalement rassasiée. Dès son plus jeune âge, elle avait montré une curiosité toute particulière pour son environnement. Dès lors qu’elle sut marcher, lorsque sa gouvernante l’emmenait en promenade dans le jardin des Grimaldi ou dans le potager, elle observait les lieux avec des yeux pétillants. Elle marchait lentement, parcourant des petites distances, se baissant pour toucher à tous les brins d’herbe, tous les fruits et légumes, toutes les fleurs et toutes les couleurs qui peignaient ce paysage. Grandissant, elle acquit des bases de lecture avec son professeur particulier et put parfaire ces qualités de lectrice seule. Très vite, elle découvrit la gigantesque bibliothèque de son père, et elle se mit en tête de lire chacun de ces ouvrages avant de mourir. Ainsi, les livres étaient devenus son échappatoire mais également la source de toutes ses connaissances. La plupart des choses qu’elle savait, elle les avait apprises dans ces pages blanches ou jaunies calligraphiées : histoire, botanique, sortilèges … Cependant il y avait tellement de domaine qu’elle n’avait pas encore eu l’occasion d’étudier …

Notamment ça ! Elle fixait encore la sphère qu’Hecate lui avait présentée, elle aurait tellement aimé voir l’objet à l’œuvre simplement pour se rapprocher d’une culture qui lui était inconnu. C’est pourquoi lorsqu’elle vit son interlocutrice – qui lui rendait pour la première fois un sourire – répondre à sa demande en fouillant dans son sac, ses yeux se mirent à pétiller. Ce même regard brillant d’envie, ce regard qu’un enfant avait au moment où on lui promettait une surprise. Elle aurait pu être impatiente, partir dans une crise d’euphorie, vouloir attraper le sac de la jeune femme et le vider sur la table pour qu’elle retrouve l’objet plus facilement ; mais non, son éducation et son caractère avaient fait d’elle une fille posée et patiente aussi avide que pouvait être sa curiosité. Elle fixait la main d’Hecate qui cherchait toujours aveuglement quelque chose, elle entendait les bracelets tinter lorsqu’ils rentraient en collision les uns avec les autres ou lorsqu’ils rencontraient un objet dans le sac. Quand enfin, la sphère de verre, translucide sortit de son écrin, un ‘o’ de surprise et d’intérêt se dessina sur les lèvres de notre jolie rousse. Elle ne se rendit même pas compte de sa réaction pouvait être affiliée à celle d’un enfant. Elle examinait l’objet dans toute sa splendeur. Un mystérieux contenu mordoré semblait s’épanouir dans la sphère, prenant des formes presque réelles. L’espace de quelques secondes, Anna se demandait si elle rêvait, si cet objet était réel ; il libérait dans l’atmosphère une sensation d’irréalité. Elle avait beau être une sorcière, ce qui aux yeux des moldus était la chose la plus étonnante et mystérieuse au monde, elle avait l’impression d’être à leur place en ce moment-même devant cet objet. Elle écouta soigneusement les explications d’Hecate et déjà dans sa tête résonnait en écho les paroles de l’experte : Porte-Rêve, opale, pleine-lune, potion, mystique, pensée, rêve, image …

Anna regarda avec attention Hecate faire une démonstration sous ses yeux. Elle fit chaque parcelle et chaque détail des pensées d’Hecate. C’était un paysage … En premier lieu si réel : Anna avait l’impression qu’elle pouvait le toucher, qu’elle pourrait s’y trouver si la monochromie de l’espace ne lui rappelait pas l’aspect chimérique de l’environnement. Petit à petit, le dessin, la sculpture se modifiait. Anna comprit rapidement que l’œuvre s’adaptait à ce qu’en faisait l’artiste et, il fallait l’avouer, elle était plutôt impressionner par ce dont était capable un objet si simple – une simplicité par sa forme, son visuel et non par la façon dont il avait été produit – et pourtant si précieux … Lorsque la métissée rouvrit les yeux, le paysage tout entier se brisa comme l’on déversait des grains de sable sur des dunes sahariennes. Anna suivit chacun des mouvements de l’objet jusqu’à ce qu’il reprenne sa forme initiale. Quand l’opale redevint ce qu’elle était, on entendit un long soupir ; elle ne s’en était pas rendue compte, mais durant toute cette expérimentation, elle avait retenu sa respiration et était restée bouche-bée devant la magnificence et la somptuosité de la scène. Dans l’auberge, plus personne ne parlait, plus aucun bruit ne perturbait le calme ambiant. Ce fut son interlocutrice qui rompit le silence en débitant à nouveau des explications qu’Anna avala sans même se plaindre. Elle était encore tellement impressionnée par ce qu’elle venait de vivre quand l’experte en objets anciens poussa devant elle l’opale. Essayer ? Elle bouillonnait d’envie. Son cœur battait la chamade. Arriverait-elle à reproduire quelque chose d’aussi prodigieux qu’Hecate ? Le doute s’immisça, calmé rapidement par des explications sur l’utilisation de l’opale. Fixer son esprit sur une vision. Elle connaissait vraiment bien cette façon de faire. C’était un peu comme si elle voulait produire un patronus, mais en plus compliqué. Elle prit une profonde inspiration et frotta ses mains sur ses genoux pour se donner du courage. Hésitant quelques secondes, elle plongea ses yeux dans ceux de son interlocutrice. « Vous êtes sûre ? Je ne voudrais surtout pas abîmer votre objet ! Je ne saurais même pas comment en trouver un pour vous le remplacer ! » Hecate la regardait avec assurance et acquiesçait. De fait, Anna fixa l’objet qui se mit à léviter devant ses yeux et elle baissa ses paupières, en miroir à ce qu’elle venait d’observer.

Cet exercice était bien plus simple qu’elle ne se l’imaginait au départ. Elle n’était pas surdouée ou destinée à faire marcher cet objet, non, elle était seulement entraînée. Ses exercices sur l’esprit, sur les pensées et la structure de ceux-ci qu’elle avait répétés durant des mois et des années afin d’atteindre sa capacité d’occlumens, lui serviraient aujourd’hui d’une autre façon. Elle était surprise, excitée et heureuse que ces pratiques passées ne soient pas uniquement un ‘moyen’ d’être occlumens, qu’elles étaient aussi une ‘chance’ de montrer des choses aux autres, de belles choses. Se concentrant sur ses pensées, ses poings fermés et serrés se détendirent doucement sur ses genoux. Dans sa tête, son esprit tout entier se structurait, rangeant dans un coin sombre les secrets qu’elle gardait depuis un moment à présent, poussant dans un espace éloigné de son esprit les influx nerveux et les perceptions liées à l’environnement dans lequel elle était en train d’évoluer, balayant les pensées inutiles et vidant ainsi tout son esprit. Elle enleva alors doucement les briques de son mur mental et les déplaça un peu plus en arrière. Toute cette étape dura quelques secondes à peine, tellement la pratique avait gravé en elle des réflexes. Puis, lentement, elle imagina une masse volumineuse, dont les traits commençaient à dessiner une silhouette : une tête, un cou, un corps, des membres. D’abord diffuse, la pensée prit forme, les contours se précisaient : une petite tête ronde, un crâne sur lequel des cheveux s’éparpillaient en petits épis, des paupières closes, un petit nez, une bouche aux lèvres fines, un menton arrondi … Anna sentit son corps vaciller et les émotions l’envahir, mais elle concentra de toutes ses forces et rejeta tous ces sentiments pour poursuivre sa sculpture. Elle dessina les mains, des tout petits doigts, un ventre arrondi, deux jambes dodues, des petits genoux et de minuscules pieds, des orteils aussi ronds que des billes. Elle fixa son esprit sur cette image encore quelques secondes, observant en son for intérieur sa création en sachant pertinemment qu’elle ne verrait pas l’image mordorée qu’Hecate ou le reste des clients de l’auberge auraient vu. Puis elle lâcha prise, ouvrit les yeux et baissa la tête. Elle était encore parcourue par l’adrénaline et l’excitation. Mais c’était surtout la satisfaction d’avoir réussi à produire quelque chose qui l’envahissait. La concentration ne l’avait pas totalement quittée. Elle regardait ses genoux sans vraiment savoir pourquoi, elle vit alors une petite goutte d’eau apparaître sur son jean. Pensant d’abord à une fuite d’eau, elle leva les yeux au plafond, avant de comprendre que la goutte avait coulé de son visage. Durant toute son expérience, elle ne s’était pas laissée submergée par la tristesse, mais à présent que tout était fini, elle ressentait un vide en elle, encore plus grand que celui qu’elle avait déjà connu. Elle ne saurait décrire ce qu’elle ressentait, mais elle balaya rapidement les larmes d’un revers de la main et plongea à nouveau ses yeux dans ceux d’Hecate. Elle avait été totalement déconnectée pendant tout ce temps, oubliant même la présence de cette jeune femme face à elle. Elle ne voulait tromper personne, elle savait qu’Hecate avait vu les larmes, mais elle s’en fichait, elle n’avait pas d’explication à donner. « C’était comment ? Vous avez vu quelque chose ? » Anna s’imaginait déjà que la masse diffuse était restée un gros tas de sable durant toute son expérimentation et que tout ce qu’elle avait tenté de faire était un échec complet. Elle parcourut la pièce à 180° pour voir si les gens réagissaient à ce qu’ils avaient vu, mais tous avaient surmonté la curiosité et l’étonnement de la première image pour retourner à leurs occupations, ils avaient sûrement tous montré leur désintérêt pour ce qu’Anna avait à montrer. Elle prit un air désolé. « L’objet n’est pas abîmé j’espère ! Dites-moi que non ! » Elle était inquiète et gênée à la fois.
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Hécate ne sut pas quoi répondre dans un premier temps. Ses yeux noirs passaient de l'opale à Anna et vice versa, dans un lent mouvement pensif.
Elle avait bien vu quelque chose mais pas ce à quoi elle s'attendait.

La plupart des personnes essayant de manipuler un porte rêve pour la première fois ne parvenaient pas à créer d'images cohérentes. L'esprit, tel un tigre, se doit d'être dompté pour être  maîtrisé correctement et la première utilisation d'un artefact tel que celui çi se soldait généralement soit par un cuisant échec - l'esprit étant trop mouvant pour se fixer sur une vision - soit par une sorte de déchaînement psychédélique d'images et de lumières. Hécate appelait cela le capharnaüm du débutant. Elle même avait produit de véritables horreurs enfant, son esprit bondissant d'une pensée à l'autre comme un cabris fou et l'empêchant de concrétiser ce qu'elle voulait montrer au monde extérieur. Ce n'était qu'à l'âge de 10 ans, après trois années d'entraînement, qu'elle était parvenue à charpenter et bâtir une scène ayant la moindre cohérence.

Mais cette femme en face d'elle n'avait eu besoin que de quelques minutes pour parvenir à un exploit que certains n'arrivaient à accomplir: transmettre le contenu de leur royaume le plus intime. Ceci ne pouvait qu'indiquer une maîtrise exceptionnelle de son esprit, de la manière dont elle l'assemblait, la visualisait. Anna Grimaldi était visiblement une architecte de génie quand il s'agissait de la pensée et Hécate en fut impressionnée, elle qui avait du trimer sous l'égide de ses aînés pour parvenir à forger la mécanique intellectuelle qu'elle possédait à ce jour.

Mais à l'admiration se mêlait un autre sentiment dans le coeur d'Hécate. Les visions avaient toutes leurs significations, certaines étaient conscientes et préméditées, d'autres venaient du plus profond du coeur et s'exprimaient avec la force que possèdent les désirs les plus vifs enfin autorisés à se montrer en pleine lumière. Hécate avait choisit de montrer à Anna une vision prudente, une simple image de cette Louisiane fantasmée dont elle se souvenait, baignée par le soleil, et d'y ajouter un peu de piment. En retour elle avait observé une chose sortie des tripes de la jeune femme.

Un bébé.

L'image du visage rond de l'enfant s'était gravé sur la rétine d'Hécate, elle pouvait presque revoir avec exactitude son petit nez frémissant, ses cheveux fins et clairs, ses pieds agités de sursauts et sa poitrine se soulevant doucement. Un enfant était toujours un symbole très fort et quand Anna rouvrit les yeux, les joues humides de larmes, Hécate eut la confirmation que ce qu'elle avait vu était plus qu'une simple pensée. C'était un désir, un besoin, un rêve avorté mais toujours présent.

Baissant les yeux sur l'opale, Hécate la prit dans ses mains et remarqua soudain une légère fêlure sur le côté droit de la pierre, une marque qui ne s'y trouvait pas quelques minutes auparavant. La petite fracture s'ajoutait aux dizaines d'autres déjà présentes à l'intérieur de la gemme et lui donnait de nouvelles iridescences dorées. La jeune femme passa le bout de son ongle sur la craquelure et regarda Anna avec calme, presque avec compassion. Les opales magiques ne se brisaient pas sous la force des marteaux ou celle des sortilèges. Seule la force violente d'une émotion telle que le regret, le désespoir ou la haine pouvait endommager la gemme, lorsque celle çi se trouvait en état de surchauffe et incapable de retranscrire ou de canaliser les émotions qui accompagnaient une pensée.

Cet enfant qu'Hécate avait vu...avait-il existé? était-il jamais né, ou ne constituait-il que la vision fantasmée d'une femme ayant du être mère et s'étant vu arracher son trésor avant même de le contempler de ses yeux?
Dans tous les cas ce bébé n'était plus, de cela, Hécate était certaine, et elle sentit soudain une profonde empathie pour la jeune femme assise en face d'elle. Elle savait ce que signifiait perdre un enfant car même si Léda n'avait pas été issue de sa chair, la jeune femme avait pris soin de sa cadette comme une mère.

Elle l'avait tenue dans ses bras lors de sa naissance, alors qu'elle même était déjà âgée de 15 ans. Elle l'avait bercée et changée aux côtés de sa mère, accompagnée lors de ses premiers pas. Hécate avait appris à Léda à nager au cours d'après midi ensoleillés puis l'avait initiée à la glisse sur les vagues de Californie lors de leurs vacances annuelles en famille. Elle l'avait consolée, écoutée et serrée dans ses bras des nuits entières, protégée tandis que ses parents se déchiraient et rassurée quant à leur avenir, son avenir.

La jeune sorcière se souvenait encore du jour où elle avait accompagné Léda au chemin de Traverse pour qu'elle y trouve sa baguette. La petite avait revêtu sa robe favorite, une adorable petite pièce jaune poussin, et avait orné ses cheveux de barrettes décorées de tournesols, voulant être élégante pour ce grand jour. Arrivée  chez le marchand, Léda avait bien essayé une dizaine de baguette avant que l'on ne lui en présente une lui convenant. D'un bois presque blanc, fine, le manche incrusté d'ivoire, elle contenait un cheveux de Vélane. Léda n'avait jamais été aussi heureuse et la vision de cette magnifique baguette sur l'âtre de sa cheminée rappelait tous les jours à Hécate ce qu'elle avait perdu, et ce pour quoi elle se battait désormais aux côtés du gouvernement.

Qui que l'on soit et où que l'on se trouve, rien n'est plus atrocement douloureux, plus injuste, que la mort d'un enfant. Et l'absence, souvent rendue moins dure lorsque l'on se souvient de la vie bien remplie d'un défunt, devient intolérable quand le disparu était encore à l'aube de sa vie.

Hécate approcha sa main de celle d'Anna et la posa par dessus, leurs peaux et la couleur de leurs bijoux contrastant avec force.

-Vous vous en êtes très bien sortie. Vous avez un don naturel pour ce genre d'exercice.


Souriant, elle prit l'opale et la remit dans son sac patiemment avant de réfléchir un moment. Puis, après une légère hésitation, elle demanda:

-Que diriez vous de vous joindre à moi ce soir pour dîner? j'habite dans l'Allée des embrûmes. Si vous me faîtes ce plaisir, je vous montrerai d'autres objets susceptibles de vous intéresser. En outre... vous semblez avoir besoin de compagnie et je...n'ai pas eu l'occasion de partager une conversation digne de ce nom avec qui que ce soit depuis un moment. L'Angleterre ne me réussit pas et ses coutumes non plus.

Elle dit la dernière phrase avec un demi-sourire sans humour et prit une gorgée de son café. Hécate était parfaitement consciente de prendre un risque en invitant une parfaite étrangère à son domicile, mais ce bref entretient avait été pour elle aussi étrange que réconfortant. Les yeux d'Anna Grimaldi avaient une douceur qu'elle ne connaissait presque plus, une intelligence qu'elle appréciait et un calme apaisant. Peut-être avait-elle une part de mystère, c'était même d'ailleurs une évidence, mais tout le monde avait ses secrets, ses squelettes enterrés sous les massifs de fleurs, et Hécate en avait peut être plus que la majorité des individus. Elle aurait été bien incapable de juger Anna sur cette base. Elle sourit, plus aisément que la première fois et reprit la parole devant l'air incertain de son interlocutrice.

-Je serais ravie de vous accueillir. J'insiste.
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WIZARD • always the first casuality
Anna Grimaldi
Anna Grimaldi
‹ inscription : 07/06/2015
‹ messages : 1824
‹ crédits : mathy.
‹ dialogues : #e95353.
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‹ âge : trente-quatre
‹ occupation : guérisseuse au service d'infection par virus et microbe magique et co-présidente de l'association "Rosier's Disease Research Trust".
‹ maison : Serdaigle
‹ scolarité : 1980 et 1987.
‹ baguette : est en bois de charme, contient une plume de phénix et mesure 26,4 centimètres.
‹ gallions (ʛ) : 5574
‹ réputation : je suis fragile et que j'ai été manipulée par mon compagnon.
‹ particularité : occlumens.
‹ faits : je suis de sang pur, que je fais partie de la famille Grimaldi, que je suis d'origine italienne, que j'adhère aux idées insurgées mais que je me suis résolue à ne jamais les rejoindre pour le bien être de ma fille, que je suis une ancienne guérisseuse et que je sais donc comment soigner les gens de diverses pathologies, que je me défends en duel, que j'adore lire, que j'apprécie les jolies choses.
‹ résidence : dans un petit studio sur le chemin de traverse que le gouvernement a bien voulu me donner pour mon implication de guérisseuse durant la guerre. La demeure des Grimaldi à Herpo Creek ainsi que mon appartement à la Bran Tower avaient été saisis. Je dispose toujours d'une résidence secondaire et tertiaire à Brighton (maison d'été) et à Florence (terres italiennes).
‹ patronus : un lapin, patronus de Thomas
‹ épouvantard : un entassement de corps, celui de mes enfants et des êtres qui me sont chers.
‹ risèd : ma famille heureuse et recomposée.
http://www.smoking-ruins.com/t1958-anna-loooove-me
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Anna and Hecate
The important thing is not to stop questioning.
Curiosity has its own reason for existing.



Anna observait toujours la gemme avec une certaine prudence. Elle avait dans l’espoir que ses émotions n’avaient pas endommagé cet objet qui semblait beaucoup compter pour son propriétaire. En arrière-plan, dans le fond de son esprit, les briques se remettaient à leur place en premier plan, dissimulant toutes ses pensées et toutes ses émotions … Mais cette image, cet enfant qu’elle avait imaginé et dessiné sous les yeux d’Hecate n’arrivait pas à quitter son esprit. Elle tentait de le graver dans sa mémoire en sachant pertinemment que sans l’usage d’une Pensine pour lui rappeler ce souvenir, elle n’arriverait pas à visualiser à nouveau ce corps et ce visage. Cela lui était déjà arrivé, malheureusement … Elle ne se le pardonnera jamais, mais elle a oublié le visage de son enfant, elle n’a jamais réussi à photographier cette image clairement, ces yeux, ce nez, cette bouche … Tout et rien à la fois, elle pouvait bien les imaginer, mais elle savait que cela ne correspondrait jamais vraiment au visage d’Andrea. Andrea … Le prénom de son fils, parce qu’il était né, mais qu’il n’a vécu que quelques heures. Toutes les choses dont elle se rappelait à propos de lui étaient purement théoriques. Elle se souvenait du moment où elle avait appris qu’elle était enceinte, les émotions, les pleurs, la joie qu’elle avait ressentis. Elle se rappelait des premiers examens qu’ils avaient effectués et des tests qui avaient décelé chez cet enfant une malformation congénitale irréversible, une cardiopathie … Elle se rappelait avoir pleuré jour et nuit en comprenant qu’elle avait déjà perdu son enfant alors qu’il n’était pas encore né. Elle pouvait encore représenter dans sa tête les émotions qu’elle avait ressenties lorsqu’Andrea avait bougé la première fois dans son ventre, de l’espoir qu’elle avait eu, cette chance aussi minime soit-elle que ces mouvements soient suffisants pour qu’il survive. Elle ne pouvait oublier le rouge écarlate qui avait tâché ses draps blancs, la douleur qu’elle avait ressentie dans son ventre, le regard de Thomas lorsqu’elle s’était évanouie sous ses yeux. Elle ne pouvait oublier l’annonce de son collègue, la froideur dont elle avait fait preuve en acceptant cette extraction d’urgence, son refus catégorique de voir l’enfant une fois sorti « Emmenez-le quand il aura quitté mon ventre, je ne veux pas le voir, je ne veux pas m’attacher … » avait-elle dit. Elle ne pouvait oublier la façon dont ses collègues avaient bravé son interdit et lui avait posé son enfant prématuré dans ses bras. Elle ne pouvait oublier l’innocence des yeux clos de l’enfant, son immobilité, sa respiration si lente contre sa poitrine. Elle ne pouvait oublier la légèreté de ce petit corps contre elle, des yeux baignés de larmes, de l’angoisse et de la peur dans ceux de Thomas. Il était parti dans ses bras, mais la dernière image qu’elle gardait de lui était floue. Elle n’arrivait plus à se représenter le visage de son enfant, elle avait tout gardé en mémoire, sauf ça, sauf le plus important. A peine quelques heures après qu’il soit parti, son cœur avait déjà effacé de son esprit toute existence de ce petit être, emportant par la même occasion une part d’elle. Le lendemain, elle voulait retourner au travail, oublier, oublier la douleur, le vide et la culpabilité, mais on l’en empêcha, on l’interna même quelques temps, l’obligeant à discuter avec un psychomage. De ces séances, elle n’en avait rien tiré ; aujourd’hui, elle n’en gardait que cette chronologie macabre et la petite fiole dans sa malle qui contenait ce liquide brillant typique des souvenirs : le visage d’Andrea vu à travers le regard de Thomas. Anna n’a jamais trouvé le courage d’ouvrir cette fiole et d’en observer le contenu. Non ! Elle préférait s’imaginer ce qu’Andrea aurait pu être, cette vie gâchée, si tôt, cette vie perdue …

Le contact de la main d’Hecate sur la sienne finit de la ramener à la réalité. La peau sombre de la jeune femme détonnant avec celle pâle d’Anna. Elle observa quelques instants ce geste, et ressentit un certain réconfort au fond d’elle. « Merci. » Elle n’avait pas envie de parler d’Andrea, c’était son secret, sa douleur. La preuve, tout ceux qui avaient su à un moment qu’elle était enceinte pensait qu’elle avait fait une fausse couche, que l’enfant était mort en couche. C’était plus simple ainsi, pas d’explications à donner ; tout ce qu’ils avaient à savoir c’était qu’Andrea n’était plus là et que ce vide, cette absence était le sentiment le plus horrible que pouvait ressentir une mère et qu’Anna ne le souhaitait réellement à personne. Anna porta son autre main à son cœur, et ravala ses sanglots, elle ne voulait pas se montrer faible, elle avait trop à perdre. Elle inspira profondément, fixa sa main et celle d’Hecate réunies, quelques instants, et son interlocutrice finit par l’enlever, pour ranger soigneusement l’opale dans son sac. La proposition qui arriva ensuite eut le don de surprendre Anna. Elle ne s’attendait vraiment pas à ce qu’une personne, aussi inconnue était-elle il y a à peine une heure, lui propose de se rendre chez elle pour dîner. Devait-elle se méfier ? Elle n’avait pas vraiment peur de ce qui pouvait l’attendre, et elle trouvait Hecate fort sympathique à présent mais le risque était toujours là, dans cet environnement propre aux batailles, aux révoltes et aux meurtres. Anna ne s’était plus battue en duel depuis bien longtemps, et même si elle se défendait extrêmement bien, elle ne voulait surtout pas se risquer à combattre ce soir alors qu’elle avait une réunion très importante demain. On comptait vraiment sur elle pour rallier les italiens à la cause du gouvernement. Elle poussa un soupir discret et répondit. « C’est avec un réel regret que je vais devoir décliner pour ce soir. J’ai des affaires à préparer car j’ai un voyage important demain pour le ministère. Mais ce serait avec un réel plaisir que je viendrai chez vous à un autre moment, si vous êtes d’accord évidemment et que l’offre tiendra toujours dans quelques jours, voire une semaine ! Dimanche prochain peut-être ? Ou quand vous avez le temps. Je serai vraiment ravie de voir ces autres objets dont vous disposez. » Anna sourit avec douceur. « Votre compagnie ces quelques instants m’ont déjà fait énormément de bien. Je vous en remercie. » Elle pinça les lèvres, fixa Hecate quelques secondes et finit par repousser sa chaise. « Cette opale, prenez-en soin, c’est une merveille. J’ai l’impression de rêver simplement avec ces deux objets que vous m’avez présenté. J’espère vraiment avoir l’occasion d’en voir d’autres. Elle rangea soigneusement son siège et se pencha au-dessus de la table pour chuchoter. « Je toucherai quelques mots à – elle fit un signe de tête en direction de la propriétaire de l’auberge – elle m’aime bien. Elle arrêtera peut-être de vous chercher des ennuis ! » Elle sourit à nouveau, déterminée à accorder sa confiance à Hecate.
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