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sujet; Do I wanna know ? [Laddie] |
| Combien de temps depuis sa rencontre avec la jeune femme sur laquelle il promenait doucement ses doigts ? Alan n'avait qu'une vague notion des dates, ne se référant qu'aux journaux sur lesquels il pouvait poser la main, mais il lui semblait que cette fois où il avait failli mourir carbonisé remontait à environs un mois et demi. Un mois et demi donc qu'ils se revoyaient régulièrement, au moins une fois par semaine, pour se trouver un endroit où partager des étreintes passionnées, des baisers enflammés, un corps à corps fougueux provoqué par le désir qui s'enflammait dès que Alan repensait à cette femme.
Un mois et demi qu'il parcourait son corps, le découvrait, l'apprenait, l'embrassait et le caressait, au point de le connaître par cœur, de pouvoir retracer la moindre de ses courbes les yeux fermés sans se tromper, d'être capable de retrouver ses endroits sensibles sans même y penser, mais toujours délectation et ce soir, alors qu'ils reposaient l'un à côté de l'autre, repu de leur partenaire, Alan se rendait compte que ce corps était la seule chose qu'il connaissait de la personne allongée à côté de lui. Ça et son nom.
Peut-être était-ce pour le mieux. Peut-être valait-il mieux ne pas se mettre en danger l'un l'autre en apprenant plus qu'il n'en fallait. Surtout pour elle. Elle habitait toujours dans le Londres magique, elle était une civile. Si un jour les mangemorts découvraient quelle savait des choses sur un insurgé qui avait un peu d'importance, elle ne sortirait jamais de leurs griffes. Sans parler de ce que son groupe risquait si jamais des infos fuitaient du côté du Gouvernement. Cependant, Alan avait envie d'établir un dialogue avec elle ce soir. De parler un peu, d'entendre autre chose que des cris et des gémissements sortir de ses lèvre. Il s'éclaircit la gorge.
-Le surnom que tu me donnes, il veut dire quoi ?
Il en changeait régulièrement semblait-il. Il ne lui avait jamais donné son prénom, ni son surnom chez les insurgés qui deviendrait sans doute un peu plus répandu à leur prochaine action, du coup elle l'affublait à chaque fois d'un surnom dans une langue inconnue, la sienne, mais ne lui en disait jamais la signification. Il faut dire aussi que Alan ne la lui demandait jamais. C'était d'ailleurs étrange de s'entendre lui parler aussi banalement après avoir fait l'amour. En général il se contentait de s'étendre l'un à côté de l'autre pour s'endormir.
Il roula légèrement sur le côté pour revenir au dessus d'elle et commencer à embrasser son dos, sans prendre en compte sa barbe qui devant sans doute lui piquer et gratter sa peau délicate alors qu'il l'embrassait. Il n'en avait jamais assez d'elle, de son corps, de son contact. Lorsqu'ils se voyaient, il lui faisait l'amour comme s'il n'avait jamais rien voulu d'autre dans sa vie que de s'oublier un peu entre ses bras. Elle n'avait sans doute pas idée d'à quel point simplement la retrouver et penser à tout sauf la guerre et les insurgés ou les mangemorts lui faisait du bien.
-Et pourquoi est-ce que tu en changes à chaque fois qu'on se voit ?
Il avait murmuré ça une fois avoir atteint la nuque de Ladáh, puis s'était à nouveau allongé à côté d'elle, de façon à lui faire face cependant, admirant la courbe que son dos formait jusqu'à ses fesses. Il ne pensait pas lui avoir déjà dit qu'il la trouvait belle, mais c'était pourtant le cas. Une autre question le tarauda alors et lui fit froncer les sourcils.
-Attend, tu as quel âge ?
C'était déjà plus de questions qu'il avait l'habitude d'en poser. Elle allait sans doute penser que quelqu'un d'autre avait prit son apparence pour parler à sa place si ça continuait. |
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| ❝ | AMOUR : nom masculin ; Sentiment d'affection, d'attirance sentimentale et sexuelle entre deux personnes. « Ce que l'amour peut faire, l'amour ose le tenter » |
SOUPIRS, DÉRIVE, et tant d’autres noms que la jeune femme ne savait jamais à quelle émotion se fier lorsqu’elle se trouvait dans les bras de l’homme qui lui permettait d’oublier la vie qu’elle menait contre son gré. Peut-être tout cela était-il éphémère, un rêve oublié dans un recoin, revenant inlassablement une nuit par semaine, au même jour, à la même heure. Instant hors du temps, elle ne réalisait sa réalité qu’au lendemain, lorsqu’elle s’éveillait dans les bras de son inconnu, ce malchanceux qui avait changé de statut. Toujours au même endroit, toujours dans les mêmes circonstances, la surprise à peine voilée dans le regard innocent. La seconde rencontre avait été un choc, une inquiétude qui s’était avérée infondée sitôt que leurs lèvres s’étaient rejointes. Depuis, la surprise laissait place à l’impatience, bientôt rejointe par la passion puis la tendresse, inlassablement, garde-fou dont elle ne pouvait plus se passer malgré le raisonnement sensé qu’elle s’était promis de suivre. Ils ne devaient pas se revoir, l’affaire s’avérait bien trop dangereuse. Mais y renoncer semblait plus que compromis, plus encore lorsqu’elle se découvrait sous ses paumes, que ses lèvres se laissaient tenter par les siennes.
Cette nuit encore, elle tomba à la renverse sous ses baisers et la danse de leurs corps, conséquences inexistantes, seulement des étoiles dans les prunelles couleur de l’acier, de la glace. Achevée et sur le ventre, ses paumes replaçant l’oreiller pour être à son aise. La routine était inlassablement la même. D’ici quelques minutes, l’amante retournerait dans les bras de son compagnon pour s’y endormir, sans qu’aucun mot ne sorte de sa bouche. Ils n’étaient rien de plus que des amants, se connaître ne semblait pas utile. C’était même dangereux. L’un et l’autre le savaient parfaitement, accord tacite qui avait prit corps à la minute même où ils s’étaient rencontrés. Ladáh n’avait parlé de lui à personne, secret gardé jalousement, et ses excuses pour ses nuits passées ailleurs que dans sa demeure ne trouvaient jamais rien à redire. Ses frères la savaient capable de se défendre, et n’étaient pas assez discret pour qu’elle ne les repère s’ils tentaient un jour de la suivre. Pour l’instant tout du moins, l’imprudence se marquant par le simple fait de se retrouver au lit avec un homme qu’elle n’envisageait autrement que recherché. Était-ce pour cela qu’elle se compromettait avec lui ? Pour l’excitation de l’interdit ? Elle demeurait persuadée que non. Autre chose était à l’œuvre, un intérêt bien plus humain.
Le raclement de gorge fut suffisant pour l’inciter à ouvrir les yeux qu’elle venait de clore, savourant le silence qui s’était instauré. Tournant légèrement le visage vers celui de son compagnon, elle savoura les traits de son faciès, se surprenant à l’apprendre par cœur pour le retracer plus tard. Etait-ce bien raisonnable de s’abandonner à ce genre d’activité ? Si un legilimens venait à fouiller son esprit, il trouverait bien trop facilement ces traits, et la raison pour laquelle elle les connaissait. Aussi baissa t’elle les yeux, peut-être trop vivement, reportant son attention sur le montant du lit. Quelle était la question déjà ? Oh, la signification du surnom qu’elle lui donnait à chaque fois qu’ils se rencontraient. Elle se souvenait parfaitement de la première fois qu’elle lui avait donné un titre. Malchanceux. C’était ce qu’elle voyait en lui alors. Puis, étrangement, elle l’avait fait évoluer, parce qu’elle ne connaissait pas son prénom, parce qu’elle ne voulait surtout pas le connaître. Celui du jour n’était rien d’autre qu’une marque d’affection, mais il n’était jamais prononcé dans la langue locale, un moyen sans doute d’en préserver la signification, de se protéger, de ne pas comparaitre devant le ridicule. Alors que sa bouche s’ouvrait pour répondre, ce fut un soupir d’aise qui s’en échappa, l’infâme prenant à parti de lui arracher des frissons sous ses lèvres. Elle ne sentait réellement que cela, ne se préoccupant jamais de sa barbe qui était un détail qui lui plaisait chez cet homme, lui donnant un air de maraudeur, un air de danger.
L’attaque était d’une traîtrise sans nom, la jeune femme incapable de se défendre autrement qu’en cambrant légèrement sa colonne, prête à fondre plus encore qu’elle ne pouvait le faire. D’autres mots, d’autres baisers, avant l’abandon et la sensation de froid glissant sur sa peau nue. Dès lors qu’il s’éloignait, elle ne ressentait jamais rien d’autre que le glacial et le vide, l’obligeant maintenant à se pencher légèrement sur lui pour se faire payer d’un baiser, puis de plusieurs autres. La rançon de la résignation. « C’est affectueux. Il a seulement évolué avec le temps. » Une pause, sa main profitant de ce laps de temps pour se poser sur le torse de l’amant, dérivant ci-et-là, caresse indomptée. « La première fois que je t’ai rencontré, je t’ai surnommé malchanceux, parce que c’est ainsi que je te voyais. » Aujourd’hui, il ne subsistait que des cicatrices de cette rencontre, qu’elle pouvait sentir sous la pulpe de ses doigts lorsqu’elle passait la main, des marques qui se liaient à d’autres qu’elle apprenait à chérir sous ses caresses, sous ses lèvres. L’homme était un combattant, elle le savait, et c’était sous cette forme qu’elle se surprenait à l’aimer, d’une certaine façon. « Si je devais te donner une traduction de ton surnom de ce soir, il me semble que ça voudrait juste dire “mien“, que je te considère comme mon homme. » Une marque de possessivité ponctuelle, occasionnelle. Elle aurait été naïve de croire que ce genre d’histoire pouvait durer, la russe était trop lucide pour cela : l’amour était un luxe en temps de guerre, on ne pouvait que se contenter de moments précieux mais brefs.
Puis soudain, le rire franc franchit ses lèvres, la surprise de la dernière question passée, l’amusement en bannière. Elle ne s’était pas attendue à ce que ce genre de détails puisse avoir une quelconque importance après un mois et demi à partager le même lit. Se redressant et quittant sa position initiale, Ladáh se plaça à califourchon sur son amant, cherchant sa chaleur en se blottissant contre lui. « J’ai l’âge… » La voilà qui vole un baiser dans un souffle, ses paumes glissant sur ses joues, sa barbe, remontant finalement dans sa chevelure. « …de t’accueillir dans mon lit sans me soucier de ce que les autres penseront d’une telle attitude. » Un nouveau baiser, de nouvelles paroles. « J’ai l’âge de voter, de travailler… » Et finalement, ses lèvres qui dérivent à son oreille droite, un murmure, tel un secret. « On ne demande jamais l’âge d’une femme, mais à toi, je vais le dire… J’ai vingt-quatre ans. » Et enfin, se redresse, avant de froncer un sourcil. « Et puisque tu joues les curieux ce soir, je te retourne la question. »
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| La seule réponse qu'il obtint en posant ses questions fut un soupire de contentement dû à ses lèvres sur son dos. Alan avait déjà remarqué une sensibilité particulière sur la nuque de son amante régulière et prenait toujours soin d'y accorder l'attention qu'elle méritait, simplement pour pouvoir en apprécier les effets sur Ladáh. Il était toujours un peu étonné de pouvoir provoquer autre chose que des exclamations de douleur ou des regards de reproches provenant d'autres personnes. Il ne vivait pas vraiment au milieu d'un troupeau pacifique, les belliqueux se rapprochant plus de la meute de loups que la soif de sang et de vengeance aurait rendu fou.
Bien qu'ayant profité de Ladáh plus que raison ce soir, la cambrure qu'elle lui offrit en réaction à ses baisers faillit raviver en lui ce brasier qui le poussait à vouloir la posséder encore et encore. Il aurait pu la prendre ainsi, dans son dos, l'attraper par les hanches pour l'empêcher de se retourner et la soulever juste assez pour s'insinuer en elle à nouveau. Elle protesterait, il en était sûr. Ladáh aimait autant que lui être maîtresse des choses, mais sa résistance n'aurait pour effet que d'exciter un peu plus le désir qu'il éprouvait pour elle et le plaisir qu'il prenait à l'avoir à sa merci.
Il avait donc décidé de se pousser pour ne pas abuser, mais les lèvres de Ladáh retrouvèrent alors les siennes, brièvement, mais à plusieurs reprises, lui arrachant un sourire. Ça ressemblait fort à un reproche, mais il s'en fichait bien. Ladáh lui appartenait tant qu'ils étaient dans cette chambre et il en allait de même pour lui vis-à-vis d'elle. Enfin, satisfaite, sa voix s'éleva alors pour exprimer autre chose que du plaisir, sonnant étrangement aux oreilles de l'insurgé qui ne releva pas.
L'explication pour son surnom était simple, en vérité. Elle ne connaissait pas son vrai nom et avait choisi de lui donner une appellation affectueuse et évolutive, comme elle le lui annonça avant de poser sa main sur son large torse pour le caresser. Malchanceux, voilà un surnom qui pourrait lui aller. Sans doute ses alliés s'en amuseraient-ils s'il décidait de se faire appeler comme ça, mais ils s'étonneraient aussi de ses nouvelles connaissances en langue de l'est. Ladáh était son petit secret, tout comme il s'imaginait être le sien.
-Pourtant j'ai pas été si malchanceux de tomber sur de l'aide aussi vite, ce jour là, fit-il remarquer de sa voix rauque.
Quant au surnom du soir, il arracha un léger sourire, sous les poils de sa barbe. Tout comme lui, elle considérait qu'il lui appartenait, au moins pour cet unique soir qu'ils passaient ensemble chaque semaine. Il se demandait jusqu'à quelle mesure elle le considérait à lui. Il se demandait si tout comme lui, elle le faisait sortir de sa tête une fois la porte de l'hôtel franchie, ou bien s'il restait dans ses pensées jusqu'à leur rencontre suivante. Il se souvenait qu'elle lui avait affirmé ne pas faire ça en règle générale, mais il se demandait également si elle avait d'autres amants à part lui, sans qu'il ne puisse lui en vouloir pour cette idée.
Son rire le sortit de ses pensées et il fut forcé de basculer sur le dos lorsqu'elle voulu s'asseoir sur lui, remettant en contact deux zones qui s'appréciaient décidément beaucoup. Ses mains retrouvèrent les hanches de Ladáh, puis ses fesses alors qu'elle l'embrassait en caressant son visage, puis ses cheveux qu'il avait beaucoup plus courts que lors de leur première rencontre. Ses paroles le rassurèrent, bien qu'il se doutait déjà qu'elle était majeure. Cependant, son souffle sensuel contre son oreille ne purent diminuer le choc qu'il reçu en entendant son âge. Il se redressa en position assise, sans la lâcher, ni la laisser s'éloigner.
-Vingt-quatre ans ? balbutia-t-il.
Elle était encore un bébé, ou presque. Il ne se souvenait même plus d'à quoi ressemblait ses propres vingt-quatre ans, c'était une autre époque, un autre lui dont il ne supporterait pas le regard aujourd'hui. Le regard légèrement effaré qu'il lui adressa fut quelque peut gâché par l'une de ses mains qu'il ne pu s'empêcher de faire remonter jusqu'à ses seins.
-Tu es jeune, j'ai presque dix ans de plus... murmura-t-il. J'ai trente-trois ans.
Il n'était pas sûr que « les autres » comme elle les appelait, pourraient avoir un avis positif sur cette relation malgré tout. Ladáh couchait avec un homme un peu trop vieux pour elle, même d'après son propre avis. Cette histoire était de moins en moins raisonnable, décidément. Un détail de ses propres vingt-quatre ans lui revint alors en mémoire, lui faisant froncer les sourcils.
-Louer autant de chambres dans le mois ça ne te ruine pas ?
Il n'avait jamais eu le budget de ce permettre ce genre d’excentricités. Il lâcha ses hanches et ses seins pour s'accouder sur le matelas, se laissant aller légèrement en arrière sans être totalement allongé sur le lit. Il restant au fond de lui un peu de cette bienséance qui le caractérisait à l'époque d'avant la guerre et qui le rendait légèrement réticent à coucher avec une femme aussi jeune, bien qu'adulte elle aussi. Néanmoins il s'imaginait que le choc devait être légèrement plus grand pour elle. Il avait l'avantage dans cette histoire. Ou du moins c'est ce qu'il s'imaginait. De toute façon, ils avaient déjà suffisamment couché ensemble pour que ce genre de considération soit un peu trop tardive pour y changer quoi que ce soit. |
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| Il lui semblait que chaque baiser était une torture délicieuse destinée à détourner toute son attention vers l’homme qui lui prodiguait félicité et autres émotions. Étrangement, elle ne laissait jamais personne d’autre tenter ces astuces, faisant de son inconnu, seul maitre de son squelette de chair, magister de ses désirs. Aucun autre homme ne trouvait véritable grâce à ses prunelles, nul ne la fascinait autant que celui qui était couché à ses côtés. Secret étant, elle n’en avait soufflé mot à son amant, se contentant de maintenir ce mystère autour d’elle, ou d’en conserver la réponse jusqu’à ce que la question soit posée de vive voix. Jusqu’à cette heure, elle pouvait se contenter des non-dits, et de s’abaisser à se soumettre à l’abjecte attraction qu’exerçait son inconnu aux multiples surnoms sur elle. Comme une évidence, Ladáh se doutait parfaitement que la réaction provoquée par les lèvres et la barbe de son amant lancerait les premières notes d’une nouvelle danse charnelle, et prétendre qu’elle ne souhaitait pas qu’il en fut ainsi aurait été un mensonge éhonté : il n’était pas l’amant privilégié pour rien. Cependant, aucune autre caresse ne rendit hommage à l’appel de la chaire, les deux séducteurs se contentant d’un instant de paix et de repos, teinté d’une tendresse certaine.
Ses lèvres sur les siennes, la poupée russe en retirait une satisfaction manifeste, savourant les papillons s’agitant sous sa peau. Cette sensation était toujours aussi énigmatique, mais lui plaisait assez pour avoir envie de la provoquer de nouveau. Ce faisant, elle lui volait la chaleur nécessaire pour survivre à son absence, quand bien même il ne se trouvait qu’à quelques centimètres d’elle. Bientôt, elle se noierait dans ses yeux tranchants, pour être certaine d’y rester définitivement. Une pensée étrange, mais qui sonnait bien dans son esprit, petit piège indicible se refermant lentement, mais un peu trop sûrement. La faute à qui ?
Sous ses doigts, elle apprenait les lignes de son amant, veillant un éventuel changement, une cicatrice de plus… Elle ne s’attardait jamais sur ces dernières, se contentant de les frôler, pour mieux dériver ailleurs. C’était ce qu’elle aimait le plus chez cet homme sans prénom : tout son être possédait des histoires à raconter, des secrets bien gardés. Il n’appartenait qu’à lui de les lui raconter, s’il la jugeait digne de confiance tout du moins, là se trouvait le détail majeur de leur propre histoire. Seules les cicatrices sur son flanc droit n’avaient aucun secret pour elle. Le rappel de ce passage eut l’effet d’un étirement de lèvres à la fois contrit, mais amusé. « Il fallait être suffisamment malchanceux pour tomber sur moi. Tu as beaucoup souffert cette nuit-là, et je suis responsable de la moitié de cette douleur. » L’autre moitié, elle se doutait du genre d’individu à qui il la devait. Mais pour une fois, elle ne faisait pas partie de ceux-là, son rôle était tout autre.
D’un battement de cils, elle dégagea la pensée de son esprit, se concentrant de nouveau sur l’instant de repos. Dans ce lit, il était totalement à elle, sans qu’elle ne cesse pourtant de se poser des questions à son sujet. Il y avait un tas de choses qu’elle ignorait sur lui, qu’elle ne souhaitait pas connaître d’autre part, pourtant, certaines trouvaient plus d’importance que d’autres. Était-il réellement sien en ces quelques nuits, où n’était-elle qu’un réceptacle pour remplacer l’image d’une autre ? Savait-il qui elle était sous l’image de l’amante ? Elle prenait toujours garde à ne rien dévoiler de préjudiciable, l’hideuse marque était toujours cachée sous un bracelet suffisamment gros et serré pour ne jamais être remarquée, son visage n’était pas connu malgré son titre. Le reste de ses secrets était trop bien caché pour qu’une personne lambda les découvre. Mais s’il était legilimens ? S’il lisait dans son esprit depuis le début ? Gifle mentale, elle ne voulait pas commencer à douter de son amant. Pas maintenant, pas alors que ses propres lèvres lui avouaient la portée de la considération qu’elle possédait pour lui. Il était à elle, pas comme une proie, pas comme une victime, mais comme l’autre partie à laquelle elle était reliée.
Elle pouvait le sentir alors que leur deux êtres de nouveau se trouvaient, sans pourtant se lier, appréciant le contact de ses mains sur sa peau, quand elle-même s’emmourachait de son visage. Elle retint à grand-peine un gloussement de surprise quand il se redressa, abasourdi par la nouvelle de son âge. La russe ne faisait pourtant pas vieille, plus jeune que son âge parfois. Sa vue était-elle si mauvaise qu’il ne s’en soit rendu compte ? Allait-il la repousser maintenant qu’il connaissait son âge ? La chaleur se diffusant sur l’un de ses seins rejeta l’éventualité. On ne rejette pas quelqu’un en profitant de son être. Elle ne put s’empêcher de rouler des yeux lorsqu’il lui avoua son propre âge. « Par la barbe hirsute de Raspoutine ! Un vieillard ! » Une boutade, alors qu’elle reculait légèrement. Était-elle vraiment choquée par cette révélation ? En aucune façon. Ladáh s’était toujours doutée que son amant était plus vieux qu’elle. S’il ne l’était par l’âge, alors par l’esprit. Son corps entier était suffisamment marqué pour qu’elle comprenne qu’il ne possédait plus l’insouciance dont elle-même jouissait encore. Aussi se contenta t’elle d’hausser les épaules, s’emparant machinalement du drap pour en entourer une bonne partie de son corps, loin de la pudeur, mais pour préserver la chaleur qui lui faisait défaut. « Est-ce vraiment si important cette différence d’âge ? » murmura t’elle, glissant son visage sur le côté, signe qu’elle réfléchissait elle-même à la question. Si elle n’avait été fiancée à Âqen par son frère, son père aurait certainement conclu une alliance avec un autre homme, l’âge n’entrant pas en compte tant qu’elle pouvait accueillir la semence d’un mâle afin d’engendrer un héritier, et que les contreparties s’avéraient généreuses. On pouvait aussi bien la donner à un sexagénaire.
Hélas, le froid semblait s’être abattu sur la chambre, l’obligeant à respecter cette nouvelle distance. Par respect pour son amant, elle se défit de leur étreinte, se positionnant à ses côtés, tout en restant face à lui. Il semblait que depuis le début de leur relation, une réelle discussion était en train de se mener, ce qui n’était pas déplaisant finalement. Aussi secoua t’elle la tête négativement à la question posée avant de lui adresser un regard quelque peu gêné. L’argent n’était pas un problème, ne l’avait jamais été. Bien que née en troisième dans la branche principale, la nature de son sexe en avait fait une privilégiée discrète : unique fille dans une fratrie composée uniquement de mâle, certains membres de sa famille s’étaient assurés de faire en sorte qu’elle ne soit jamais dans le besoin. D’autre part, elle travaillait au ministère : elle n’avait vraiment pas de quoi se plaindre. « C’est le changer contre de l'argent moldu le plus compliqué. » avoua t’elle, haussant de nouveau les épaules.
Puis soudainement, le retour de cette question, la mauvaise, la perfide. « Est-ce que tu es marié, ou engagé envers quelqu’un ? » Elle ne tenait pas au rôle de maitresse, aucune femme n’y tenait vraiment, mais l’abandon qu’il mettait lorsqu’il lui faisait l’amour était aussi troublant que l’idée qu’il ait choisit de la revoir, elle.
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| Les traits de l'insurgé se tordirent en une sorte d'expression légèrement dédaigneuse lorsqu'elle parla de la malchance qu'il avait eu de la rencontrer alors qu'il était dans un état aussi critique. La douleur avait été réelle, il était vrai, mais il valait mieux ça que de mourir dans une rue pleine de moldu, oublié de tous. La douleur était une chose éphémère, il l'avait suffisamment éprouvée lorsqu'il était au service d'Owen Avery pour le savoir. Un nom de plus à éradiquer, tout simplement. Lui et tout ceux qui avait réduit ses compagnons en esclavage. Lui et tout ceux qui osaient s'appeler l'élite et qui ne valaient pas mieux que le plus crasseux des trolls des montagnes.
Sa mâchoire se serra alors que cette haine qu'il ressentait chaque jour de sa vie s'emparait à nouveau de son être. Il n'avait même pas envie de les tuer à coup de sortilèges, ils ne le méritaient pas. Ils méritaient de mourir comme des moldus, découpés à l'arme blanche, ou bien à l'aide de ces choses que les sans magie utilisaient pour s'entre-tuer. Leur opulence écrasante le dégoûtait, le luxe dans lequel ils vivaient l'opprimait, souvenir de la prison dans laquelle on l'avait jeté une fois l'avoir tiré d'Azkaban. Peut-être les insurgés devraient-ils tout simplement leur enfoncer de l'or en fusion dans la gorge jusqu'à ce qu'ils en crèvent, puisqu'ils aimaient tant ça.
La voix de Ladáh le tira une fois de plus de ses sombres réflexions, transformant son expression en moue boudeuse sous l'insulte qu'elle lui adressait. Non, il n'était pas si vieux que ça tout de même. Il était même encore considéré comme jeune, d'un certain point de vue. Trop jeune pour mourir. Trop jeune pour subir ce qu'il avait subit. Assez vieux pour se battre, cependant. On était jamais trop jeune ou trop vieux pour se battre. Pas dans ce genre de guerre en tout cas. Lorsqu'elle pencha la tête sur le côté, Alan ne résista pas à l'envie de poser ses lèvres sur sa mâchoire une fois de plus, comme pour retrouver un goût qui lui ferait oublier toutes ces pensées négatives qui quittaient son esprit lorsqu'il était entre ses bras.
Voilà pourquoi il était revenu vers elle, la seconde fois. Voilà pourquoi il avait fait disparaître son air apeuré sous ses lèvres avides d'abandon. Voilà pourquoi il revenait encore et encore la chercher après sa danse, pourquoi il ne pouvait déjà plus se passer de son corps, de ses mains sur lui, de sa langue contre la sienne, de sa bouche là où les lèvres d'une jeune femme ne devraient pas s'aventurer lorsqu'il s'agissait d'un inconnu. Le pire était qu'avant de la connaître, il vivait avec cette haine sans en être dérangé, y puisant sa force, mais à présent qu'elle la lui avait faite oublier, ne serait-ce que temporairement, Alan avait désespérément besoin de ressentir à nouveau cette sensation d'oubli.
-Plus maintenant, déclara-t-il alors qu'il s'allongeait totalement sur le matelas, regrettant malgré tout que Ladáh ne soit pas restée sur lui.
Elle lui avoua alors que l'argent n'était pas un problème pour elle, provoquant chez lui un deuxième froncement de sourcils. Une jeune femme provenant d'un milieu assez aisé pour que le seul problème qu'elle rencontrait dans ce genre de location soit la change avec l'argent moldu. Ferait-elle partie de cette élite qu'il détestait tant ? Pour la première fois depuis sa sortie d'Azkaban, Alan fit preuve de lâcheté et décida de ne pas lui poser la question. Il savait qu'elle était riche désormais, cette connaissance lui suffisait. Il ne voulait pas étendre sur elle ce dégoût assumé qu'il ressentait contre tout ce qui touchait à ces ordures de sang-pur de l'élite.
Puis soudainement, les rôles s'inversèrent et d'inquisiteur, il se retrouva lui-même à la question. Cependant la question qu'elle lui posa était si inattendue qu'il ne pu s'empêcher d'éclater de rire en la regardant d'un air incrédule. Pourquoi s'en souciait-elle ? Elle était jeune, quand bien même aurait-il effectivement quelqu'un, c'était également trop tard pour s'inquiéter de ce genre de considérations. Ils avaient déjà couché ensemble plus de fois qu'il n'en faut pour faire quelqu'un cocu.
-Est-ce que j'ai l'air de quelqu'un qui a le temps pour ça ?
Il devait avoir l'air d'un mercenaire, d'un type qui passait plus de temps sur les routes à chasser des têtes qu'à s'occuper d'une petite femme dans un foyer avec une vie tranquille, bien qu'il ne soit ni le mercenaire, ni l'homme de famille. Il était un soldat, à cela près qu'il n'était ni nourri, ni logé par le Gouvernement. Il était le soldat du peuple. Le pion de la liberté et de la justice rancunière, celle qui demandait le paiement pour tous les crimes commis et les intérêts.
Joueur, il roula sur le ventre et se rapprocha d'elle, retournant s'allonger sur elle, mais laissant cette couverture séparer leur corps pourtant si avides l'un de l'autre. L'une de ses mains remonta sur sa nuque, puis dans ses cheveux alors que ses lèvres s'emparaient à nouveau de celles de Ladáh, tout son corps se pressant contre le sien pour sentir la chaleur de son amante, lui faire partager la sienne alors que leurs langues se rencontraient à nouveau dans un baiser presque trop passionné pour qu'il ne puisse se retenir de faire plus. Lorsque le baiser cessa, il se souleva juste assez pour se glisser sous cette couverture qui les séparaient avant de lui emprisonner les poignets pour ne pas qu'elle ne puisse profiter de lui.
-Je crois bien que tu m'as pour toi toute seule, lui avoua-t-il avec un sourire mutin en embrassant son cou.
Une gêne sous sa main, un regard pour en découvrir l'origine et ses yeux se posèrent sur le poignet emprisonné entre ses mains épaisses. Ce bracelet qu'elle portait à chacune de leur rencontre, cet objet dont elle ne se séparait même pas pendant qu'ils s'abandonnaient l'un à l'autre.... Alan avait commencé à se faire une petite idée de ce qu'il pouvait représenter pour elle. Si l'idée qu'elle soit elle-même engagée à quelqu'un ne le gênait pas en soit car elle préférait visiblement passer son temps avec lui qu'avec l'autre, Alan n'aimait pas l'idée qu'elle soit assez dévouée à une autre personne que lui pour porter sans arrêt un cadeau qu'on lui aurait offert. Il fusilla le bracelet du regard et raffermit un peu plus sa prise sur elle.
-Même si je n'ai pas l'impression que ça soit totalement réciproque. À qui es-tu engagée, Ladáh ? C'est lui qui t'a offert ça ?
Sa voix avait claqué avec sécheresse alors qu'il libérait ses poignets, mais sans retirer son poids d'elle, utilisant au contraire ses mains pour écarter ses cuisses à nouveau. |
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| Guettant les réactions de ce qu’elle se doutait être un ancien rebut, Ladáh laissa sa main glisser le long d’une cicatrice, comme si ce simple contact pouvait effacer les souvenirs néfastes qui l’accompagnaient. Elle était bien consciente que ce ne serait jamais suffisant, qu’elle n’était peut-être pas la mieux placée pour apporter ce genre de réconfort. N’était-elle une enfant d’argent ? Un membre à part entière de cette élite au sang aussi bleu que celui des rois ? L’unique satisfaction de la jeune femme résidait en cette simple vérité : sa famille, aucun membre de la CЕМЬЯ, ne s’était prêté au jeu de la vente des rebuts de la société, de l’acquisition d’esclave. Pas en cette époque, ni en ce pays, car il allait sans dire que dans un temps plus anciens, les Zaïtsev, comme bon nombre de compatriotes slaves, avaient dédaigné les Droits Universels du Sorcier en achetant des nés-moldus pour leur compte. Temps révolus, anciens. Aujourd’hui, aucun fils, ni fille de cette famille ne s’abaisserait à cette ignominie, une assurance vie certainement : n’importe qui peut chuter, tout n’est que question de temps.
Fatalité que tout Zaïtsev guettait du coin de l’œil : lorsque l’on s’élève trop haut, la chute est bien plus vertigineuse. Était-ce pour cela qu’ils veillaient à tout bon détail ? Qu’ils créaient des alliances indéfectibles, semées d’assurances certaines ? L’aîné du clan veillait au bien-être de chacun de ses frères, s’assurant d’une position durable plutôt qu’enviable. N’était-ce pour cette raison qu’il avait contracté des fiançailles pour sa cadette ? Ladáh pouvait bien repousser l’éventualité par tous les pores de la peau, jamais elle ne trouverait de meilleure proposition que celle-ci. Si elle se permettait de la refuser, un autre prendrait sa place, bien moins agréable que l’actuel parti qu’on lui proposait. Et pourtant, elle la repoussait, se faufilant dans les bras d’un autre dont elle ignorait tout, plutôt que de laisser la fatalité lui dicter sa conduite. Ce petit bout de paradis était tout ce qu’elle pouvait s’offrir, quand sa famille dirigeait tout le reste, jusqu’à sa personnalité déjà suffisamment paradoxale.
Le geste de tendresse lui réchauffa le cœur, la confortant dans cette confidence qu’elle se faisait : l’homme en face d’elle était un bon choix, représentait une liberté qu’elle ne pouvait pas laisser derrière elle sans la regretter. Entichée, sous sa coupe, elle ne regrettait jamais de l’avoir rencontré, de lui avoir succombé, de le faire encore. La russe avait trouvé une autre raison de se rendre de l’autre côté, une raison autre que les pointes délaissées dans son sac. Il ne faisait aucun doute que cette relation était aussi dangereuse que salvatrice, qu’elle ne mènerait nulle part, qu’elle était éphémère… Mais elle en avait besoin, comme on a besoin d’oxygène pour respirer. Il était bien plus que cela, garde-fou, constat humain des dégâts que les personnes comme elle pouvaient engendrer. Ce n’était que lorsqu’elle le quittait qu’elle haïssait ce que son frère l’avait obligé à porter comme fardeau. Il n’y avait rien hélas, qu’elle ne pouvait faire sans en subir les conséquences elle aussi, elle qui était déjà en danger si l’on découvrait son secret.
Troisième réaction, Ladáh détourna le regard, comme si la honte s’était généralisée. Elle ne doutait pas un instant que les plus démunis ne pouvait que haïr ceux qui se portaient bien, elle pouvait supporter ce regard de la part d’un autre, mais pas de sa part. Hélas, elle ne pouvait se départir de ce qu’elle possédait, ne connaissant que cela, élevée de la sorte. Quand bien même n’en faisait-elle étalage, avait apprit à ne pas dépenser pour du futile, Ladáh vivait depuis trop longtemps dans le luxe pour s’en défaire aussi facilement. Cette chambre d’hôtel était une concession qu’elle pouvait faire une nuit par semaine, deux avec de la chance, mais elle sentait parfaitement qu’elle ne pouvait en accepter d’avantage. Peut-être était-il temps qu’elle quitte la demeure familiale pour un appartement qui lui soit propre et lui ressemble ? Un endroit sécuritaire pour l’homme qui lui faisait face… Seconde gifle mentale. Impossible.
Le rire vint la prendre au dépourvu. C’était la première fois qu’elle l’entendait, et elle en aimait le son. Elle aurait dû se vexer de la tournure des évènements, et pourtant, elle se contenta de sourire, ramenant ses genoux vers elle pour poser sa tête dessus. L’ours était en train de redevenir un homme, et il n’y avait pas meilleure vision que celle-ci. Sa question trouva un nouvel haussement d’épaules, signe qu’elle mettait fin à cette conversation-là. Il n’avait personne qu’elle pouvait remplacer, c’était suffisant pour ses oreilles, réconfortant pour les papillons qui s’agitaient de nouveau. Ses lèvres seules s’étirèrent de satisfaction, s’étirant plus encore sitôt qu’il revint vers elle, savourant à la fois la vision de l’amant nu, puis son contact contre elle. Elle aurait put prier le ciel de faire durer cet instant plus longtemps.
Sitôt que ses lèvres retrouvèrent les siennes, elle sentit la chaleur envahir de nouveau ses entrailles. Ses mains se firent baladeuses, l’une d’elle caressant sa nuque, quand l’autre se plaisait à glisser le long de sa colonne. À mesure que le baiser se prolongeait, elle pouvait sentir tous les changements s’opérer dans son propre corps et celui de son amant. Et Raspoutine, comme elle pouvait aimer ces sensations ! Ce fut plus grisant encore lorsqu’il se glissa sous le drap, se serrant contre elle, sans qu’elle ne lui offre pourtant la satisfaction de s’ouvrir à lui. Pas encore, petite fierté dont il connaissait l’usage.
Fierté se craquelant pourtant sous l’aveu qui ne pouvait lui faire plus plaisir, lui arrachant un souffle brûlant et une légère cambrure, indice pertinent du plaisir qu’il lui prodiguait juste par les mots. Prisonnière de sa personne, elle ne pouvait en faire plus, savourant ses lèvres, fermant les yeux, oubliant une fois de plus qui elle était dans ses bras. Jusqu’à ce qu’une prise plus ferme ne l’oblige à rouvrir les yeux, ancrant son regard dans celui de l’homme qui la maitrisait, et dont la voix s’était faite plus sèche qu’à l’accoutumée, ou plutôt, comme à son habitude. À croire que l’ours n’était jamais très loin. Question piège la troublant, jusqu’à ce qu’elle porte le regard sur le dit bracelet. Elle ne pouvait pas lui dire la vérité, pas toute entière, ou seulement déguisée. Elle se sentit libérée de sa poigne, mais pas de son poids. Pis encore, elle sentit les vagues du désir tenter de l’assommer quand elle sentit ces mains rugueuses indiquer ce que lui souhaitait. Elle ne pouvait lui dire non, pas quand elle désirait qu’il la possède, qu’il fasse d’elle sa femme, la sienne, comme il était son homme. Mais elle se tut, se concentrant sur la réponse qu’elle lui devait. La vérité, ou une part de cette dernière. « À un homme que je ne veux pas épouser. » Vrai. Elle appréciait Âqen, mais elle ne parvenait pas à l’imaginer comme un époux. « Serait-ce de la jalousie ? » Susurra t’elle, sa main glissa de nouveau sur sa peau marquée, incitation à prendre ce qui lui appartenait, puisqu’elle le lui donnait. « Ce n’est pas un cadeau de sa part. » C’était bien plus que cela. C’était une protection, une sécurité pour elle comme pour les autres. C’était le pansement de la cicatrice qu’elle ne supportait pas de voir, le bandage contre le maléfice qui rongeait sa peau. « Qu’aurais-tu fait si c’était le cas ? »
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| Le corps de Ladáh se cambre contre le sien et un soupir lui échappe en réponse à ses paroles. Alan ne pouvait s'empêcher de réagir en sentant son souffle dans son oreille sa présence si sensuelle sous son corps ferme et encore imprégné de son odeur suite à leurs premiers ébats. L'empêcher de bouger provoquait en lui une sensation de puissance grisante qui continuait de faire monter en lui un désir profond et violent pour la jeune (presque trop jeune) femme qu'il avait à sa merci. Il n'avait qu'une envie, la soumettre à nouveau à son plaisir sans rencontrer de résistance.
La soudaine prise de conscience sur son bracelet ne diminua en rien cette envie qui se contenta d'être renforcée par une forme de colère totalement injustifiée à son encontre. Évidemment qu'elle avait le droit d'avoir autant d'amants qu'elle le voulait. Alan s'en moquait totalement, mais qu'elle parade avec le présent d'un homme pour qui elle ressentait de l'affection et réciproquement, ça il n'était pas prêt à le supporter. Quand elle était avec lui, elle n'était qu'à lui. Tout comme il n'était qu'à elle lorsqu'ils étaient ensemble. La voir porter cette chose en la présence lui donnait simplement envie de lui prouver encore qu'elle n'était qu'à lui dans ces moments là, qu'elle avait beau en aimer un autre, cet autre ne lui procurerait jamais le genre de sensation qu'il lui donnait et que c'était vers Alan qu'elle reviendrait toujours pour chercher son plaisir.
Ses mains écartèrent ses cuisses, premier geste pour amorcer ce qui allait se transformer en leçon si elle lui confirmait ce qu'il pensait. Elle se laissa faire une envie visible, mais ne répondit pas tout de suite à sa question, comme si elle réfléchissait à ce qu'elle devait lui dire. Il en profita pour avancer son bassin contre le sien, prenant plaisir à la sentir humide sur lui, pour lui, mais ne lui faisant pas la grâce de la prendre tant qu'il n'aurait pas la réponse à sa question, malgré ses caresses l'incitant à le faire. Elle lui avoua alors être promise à un homme qu'elle ne souhaitait pas épouser, sans doute soumise à des pression sociales qui ne pouvaient trouver qu'une seule explication, si on l'ajoutait à son aisance budgétaire.
Ladáh faisait donc partie de cette élite tant détestée par l'insurgé. La colère ne descendit pas en entendant ce qu'il considérait comme une traîtrise, ni son désir pour cette femme qui savait le combler comme il ne l'avait sans doute pas été depuis une quinzaine d'année. La punir par jalousie n'était plus d'actualité, mais la punir pour cette situation sociale qu'il détestait tant lui semblait être une perspective séduisante. N'était-ce pas ce que ces bâtards au sang-pur appliquaient comme philosophie ? « Dommage, tu n'es pas né avec le bon sang, tu ne mérites pas la considération qui nous est dû ! »
Que dirait sa famille si elle se rendait compte que leur fille se faisait régulièrement prendre par un malpropre, un insurgé, un homme impur qui n'hésitait pas à baiser leur sang sans aucune protection ? Comment réagiraient-ils en la voyant aussi désireuse de le retrouver chaque semaine dans ses draps, de retrouver la sauvagerie presque animale avec laquelle il s'oubliait en elle ? Son désir était toujours aussi fort et toujours aussi visible malgré tout. Soudainement, il adorait l'idée de souiller cette femme dont le sang était prétendument supérieur au sien. Sa bouche retrouva son oreille qu'il mordit un peu plus fort qu'il ne l'aurait du, puis il déclara :
-Je t'aurais fait oublier son existence.
Elle pouvait le prendre comme une menace, ou pas, mais dans tous les cas cette affirmation n'était pas dénuée de violence à cause de la façon dont il s'exprimait. Alan aurait bien entendu été capable d'effacer d'elle toute trace de souvenir d'un homme, c'était autrefois son métier, de faire oublier les choses aux gens. Cependant elle pouvait aussi le prendre comme une promesse d'ébats plus intenses, de rapport qui seraient pour elle si bon qu'elle en oublierait son affection pour un autre.
Peut-être que savoir des choses sur elle était une mauvaise idée finalement. Peut-être aurait-il voulu rester dans l'ignorance de sa situation sociale et maritale. Il ne savait pas s'il pouvait lui pardonner d'appartenir à une classe dont il haïssait jusqu'à l'existence. Il ne savait pas s'il pouvait lui pardonner d'avoir ce genre d'obligation et d'avoir sans doute grandit dans un environnement où le statut du sang et la fortune importait autant.
-Je ne suis pas jaloux, mais quand tu es avec moi tu es à moi, murmura-t-il d'une voix rauque.
Un aveu formulé comme un ordre, comme une loi, mais un aveu toujours réel. Elle était à lui, l'impur, fier de l'être et sans en tirait-il encore plus de satisfaction malgré cette colère sourde, latente, qu'il pouvait ressentir à son égard désormais. Cependant, il ne voulait pas lui laisser le plaisir de pouvoir le regarder dans les yeux pendant qu'il la prenait, cette fois-ci. L'une de ses mains fit le chemin depuis son bas-ventre jusqu'à son cou d'une caresse ferme et lente, s'arrêtant sur sa nuque alors que ses lèvres retrouvaient une nouvelle fois les siennes pour un baiser passionné, son bassin avançant contre le sien sans la pénétrer.
-Retourne toi.
C'était un ordre, un ordre perdu au milieu d'un baiser qui lui laissait entrevoir toute l'étendue de son envie pour elle. Un ordre qu'il lui glissait de façon à ce qu'elle ne puisse pas le refuser malgré son côté rebelle qui s'exprimait parfois contre l'autorité dont il faisait preuve dans ces moments intimes passés avec elle. Il se détacha de Ladáh et se redressa avant de se saisir de ses hanches pour l'inciter à obéir à son ordre, la poussant à se retourner. C'est comme ça qu'il voulait faire cette fois.
-Je n'ai pas envie d'être tendre. J'ai trop envie de toi pour ça, prévint-il avec une certaine rudesse, mais uniquement dans la voix. |
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| Observatrice, la sorcière plissa à peine le sourcil devant la mine de son amant, dénotant chez lui ce quelque chose qu’elle ne lui connaissait pas encore. Chacune de leur rencontre était propice à apprendre à le connaître, à savoir ce qu’il aimait entendre, voir, sentir, ou non. Visiblement, les quelques paroles échangées, rare dialogue, ne plaisaient pas à l’homme d’âge mûr. Mais que pouvait-elle y faire ? Il ne lui plaisait pas de mentir, et elle n’en disait pas assez pour être parfaitement en danger. Et si danger il y avait réellement, elle aimait manifestement s’y frotter, fermant les paupières à l’instant même où il se glissa entre ses cuisses offertes, sans même se donner la peine d’assouvir le besoin qu’il lui faisait ressentir. C’était étrange d’être dépendante de la sorte, mais c’était bien le cas. Prisonnière de son poids, de ses mains, elle ne pouvait jouer que d’un morceau de chair pour le tenter, pour l’inciter à assouvir le désir manifeste. Il n’y avait rien qu’elle puisse faire contre cela, rien qu’elle n’ait envie de faire non plus. Avec les semaines, elle avait apprit à apprécier l’homme pour ce qu’il était, s’emmourachant de sa personne toute entière, mais plus encore de son regard. La dureté dont il faisait preuve par l’acier de ses prunelles lui rappelait ce froid glacial de sa contrée. Sa poigne était semblable à celle que possédaient les hommes de chez elle. Être dans les bras de son amant revenait presque à se sentir comme chez elle finalement. Sans doute était-ce pour cette raison qu’elle y revenait sans cesse, sans jamais s’en lasser, poussant plus loin que jamais l’expérimentation d’une relation impossible.
Impossible, car il ne faisait nul doute que sa famille la tuerait si son écart de conduite était découvert. Elle, fiancée, engagée à un sang-pur de bonne réputation, déshonorant sciemment le contrat établi pour quoi ? Pour un homme dont elle ignorait tout. Et pourtant, Ladáh s’en moquait. Elle se fichait de connaître le statut du sang de son unique amant, il était à elle, le confirmait sous ses lèvres, c’était suffisant. Bien sûr, elle était curieuse de le connaître d’avantage, de connaître son prénom, son métier, ses pensées. Plus tard, lorsqu’il serait vraiment possible de le faire. Cette conversation était suffisante pour ce soir, quand bien même elle semblait dévier, teintée d’une jalousie qu’elle pouvait reconnaître entre mille, sans même montrer à son amant qu’elle « savait », qu’elle en avait perçu les effluves.
Ses ongles s’enfoncèrent dans la chair de son amant sitôt qu’elle sentit la douleur à son oreille, morsure plus marquée qu’à l’accoutumée, confirmant ses pensées, mais n’empêchant pas la surprise dans son regard. La menace était marquée sous les mots qui franchirent les lèvres du sorcier. Silencieuse, elle préféra ne pas rétorquer, devinant la nature de l’homme pour lequel elle craquait totalement, sans jamais le lui avoir susurrer à voix haute. Peut-être était-il temps de le faire. Ne venait-il pas de formuler ce qu’elle rêvait d’entendre quelques minutes plus tôt ? Ne continuait-il pas de le faire sous cette jalousie à peine contenue ? Ces quelques mots possédaient un réel impact sur elle, la faisant à la fois fondre, et l’effrayant par la même occasion. Ladáh n’avait aucun doute sur la nature de son amant : sauvage. Ondulant des hanches, elle marqua une nouvelle fois son intérêt pour l’homme, ses lèvres baisant la peau de son visage, cherchant à apaiser son mâle. « Je suis à toi même quand tu n’es pas là. » souffla t’elle, aveu qui ne demandait qu’à franchir sa langue. Il pouvait ne pas la croire, mais depuis qu’elle le connaissait, nul autre homme n’avait réussi à attirer son intérêt, pas même ce fiancé avec lequel elle risquait de passer le restant de ses jours.
L’air sembla s’alourdir plus que jamais, la russe se vautrant plus que jamais dans sa prison, le cœur s’accélérant sous la possession de l’insurgé. Son baiser lui fit perdre la tête, perdre ses défenses, et tout en elle ne voulait plus exister que par lui, par la cadence de son être contre le sien. « шахта. » murmura t’elle sitôt qu’elle récupéra son souffle, paupières closes, paumes figées. « À moi. » préféra t’elle traduire dans la foulée, inspirant la peau de son amant, fragrance partagée, son propre parfum et le savon de l’hôtel. Il ne lui répondit que par un ordre, deux mots glissés entre lèvres collées. Comment pouvait-elle lui refuser cela ? Il lui semblait qu’elle n’avait pas envie de se rebeller maintenant, dévorant une dernière fois ses lèvres tout en lui tournant le dos, repoussant sa chevelure sur le coté pour qu’il s’empare de sa nuque, la caresse et cache en même temps la marque de sa famille. Peut-être lui donna t’elle son assentiment en esquissant un signe de tête, se laissant posséder sous un souffle rauque, le regard fixé sur le drap défait. « Ne m’en veux pas pour ce que tu sais. » lâcha t’elle au premier coup de reins, clôturant ce premier dialogue pour laisser place à ce faux silence. Elle n’aimait pas la colère de son amant, mais il était doué pour la rendre attirante.
Il la brûlait de l’intérieur, la marquant au fer rouge, brusquant sa naïveté, sa candeur. Il pouvait le lui répéter, elle lui appartenait entièrement, avec gré, le lui confirmant sous chaque souffle qu’elle expirait, s’appuyant sur ses paumes pour tenir face à son ardeur, sa possession mécanique. Et là, au fond d’elle, elle sut. Il était à elle, rien qu’à elle. « Dis-moi ton nom. » gronda t’elle entre deux échos provoqués, balayant d’un revers de main la peur de posséder cette information.
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| Quelques mots qui s'égarent entre leurs lèvres scellées et c'est Alan tout entier qui s'embrase, qui s'enflamme. La joie féroce qu'elle lui procure en avouant être à lui, peu importe s'il était présent ou pas, cette folie douce qui prend la place de cette fureur propre à l'homme qu'il est grâce à cet aveu... Alan en voulait toujours plus. Il n'oubliait pas le sang trop « pur » de la (trop) jeune femme, au contraire et cette envie qu'elle avait de lui appartenir, ce fait qu'elle n'était qu'à lui ne pouvait lui faire connaître autre chose qu'une félicité sans bornes. Il se demandait jusqu'où elle serait capable d'aller pour lui. Jusqu'à quel palier de trahison elle pourrait se hisser s'il le lui demandait. Écarter les cuisses, le soigner, lui le malpropre, lui l'insurgé, étaient déjà des crimes trop gros pour pouvoir s'attirer l'indulgence des sang-pur régnant sur son pays écorché par la guerre.
À elle ? Oui, il l'était aussi. Il l'était lorsqu'il était dans ses bras, il l'était lorsqu'il était en elle et lorsque ses pensées s'égaraient sans son accord pour la rejoindre. Le reste du temps cependant, il n'était qu'à sa cause, entièrement, sincèrement, avec plus de passion qu'il ne pourrait en avoir pour n'importe quoi ou envers n'importe qui. C'était une passion lourde, contraignante, obsessionnelle, il ne pouvait s'en libérer qu'avec l'aide de cette tierce personne entrée dans sa vie au hasard, littéralement au détour d'une rue alors qu'il s'attendait à voir le mal s'abattre sur lui.
Comme pour lui prouver qu'elle lui appartient, qu'elle est à lui, presque sa chose, elle accède à son ordre et provoque en lui une montée d'anticipation qui le pousse à se crisper et fait accélérer sa respiration, si bien qu'en les voyant on pourrait se demander si c'était effectivement lui qui décidait où s'il n'était pas plutôt à la merci de ce que Ladáh pouvait lui offrir. Sans doute l'était-il. Jamais il n'était allé trop loin avec elle, malgré ses crises de violence qui effleuraient la surface de ses nerfs et le poussaient parfois à lui vouloir du mal. Jamais encore il n'avait cédé car il la considérait à l'image d'un être sauvage qui s'enfuirait pour ne plus jamais revenir à la première preuve qu'il pouvait représenter un réel danger pour elle.
Sans plus attendre, il prit ce qui lui appartenait, la pénètre suite à son invitation, à son injonction. Comme il le lui avait annoncé, il ne se montra pas tendre avec elle, pas cette fois. Il n'était qu'une enveloppe charnelle assouvissant son désir le plus primaire et elle était l'élément indispensable à son plaisir. Il lui faisait l'amour comme s'ils étaient les deux parties d'un tout qui essayaient rageusement de se réunir, de se fondre l'un dans l'autre dans une tentative désespéré pour être entier à nouveau.
Il n'hésita même pas lorsqu'elle lui demanda de lui donner son nom, lorsqu'elle donna l'ordre de lui cracher son patronyme. Parce que même maintenant il ne pouvait pas se le permettre. Parce que si quelqu'un retrouvait son nom dans son esprit et comprenait la fréquence de leur rendez-vous, ce quelqu'un pourrait lui tendre un piège parfait auquel il ne pourrait pas échapper. Pas de nom. Pas son surnom d'insurgé. Juste ces mots dans une langue inconnue qu'elle utilisait pour lui.
-Non, jamais mon nom.
Peut-être n'en saisissait-elle plus l'importance, dominée comme elle l'était par le plaisir que lui procurait ses coups de reins, mais Alan ne pouvait pas perdre de vue les raisons de son silence. Se penchant sur elle, se bouche s'empara de sa nuque et de son cou qu'il couvrit de baisers fiévreux sans ralentir la cadence. L'une de ses mains quitta ses hanches pour remonter le long de son ventre jusqu'à sa poitrine, autant de distraction pour qu'elle oublie sa demande et qu'elle ne pense plus qu'à l'instant présent. Elle n'avait pas besoin de son nom.
Lui non plus n'aurait pas eu besoin de son nom, il ne ferait aucune utilité de son identité tandis que la sienne pouvait changer la vie de sa compagne à jamais à partir du moment où on la saurait en possession de ce genre d'information. Ils n'avaient pas besoin de se connaître. Ils n'avaient pas besoin de partager leur vie malgré son envie d'en savoir plus sur elle. Ils avaient juste besoin de savoir quand et où se retrouver, à quel moment s'embrasser, se toucher, se réunir dans la passion et la luxure pour un soir avant de se séparer et de recommencer.
Alan ne savait pas s'il serait encore vivant demain, il ne savait pas si ce soir était le dernier qu'il passait avec Ladáh, mais il savait qu'elle serait certainement l'ultime personne avec laquelle il pourrait ainsi échanger autre chose que des coups, des sortilèges ou des paroles acerbes. Il éprouvait pour elle une affection sincère malgré son attitude rude et ses gestes parfois brusques avec elle. Elle avait de l'importance et cette importance la rendait dangereuse pour lui. Il n'avait pas le droit de se permettre d'avoir une faiblesse. Pourtant il se le permettait.
Mais ses pensées se faisaient de plus en plus brouillons alors que les minutes passaient, qu'il était de plus en plus conscient de ce qui se passait entre eux, que son être commençait à se résumer à l'acte charnel qui se déroulait entre eux. Bientôt, il lui sembla que même son esprit se détachait de son corps pour enlacer celui de Ladáh, que tout son univers se résumait à la jeune femme dont le dos était pressé contre son torse, celle qui l'avait un jour soigné et qui lui avait permis de continuer ce combat qui lui tenait tant à cœur tout en lui apportant le réconfort de ses bras. |
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| Jamais son nom. Elle se fit furieuse intérieurement la russe, pinçant les lèvres sous le contrordre, sous le refus de lui accorder ne serait-ce qu’un bout de lui. Mais pouvait-elle lui en vouloir ? Aucun des deux n’était réellement libre de dévoiler ses secrets à l’autre, malgré leur proximité, malgré ce qui les unissait chaque fois qu’ils se voyaient. Et pourtant, Ladáh espérait une marque de confiance de son amant, quelque chose auquel elle aurait pu se raccrocher, tout en comprenant la dangerosité de ce qu’elle demandait alors. Un nom, ce n’était pas rien finalement. Elle accepta la soumission, une fois de plus, sans prononcer un mot, respectant la volonté de son amant, fermant les yeux sous les efforts de distraction qu’il mettait en place pour qu’elle oublie ; hélas, c’était bien mal connaître la jeune héritière que de croire qu’elle pouvait oublier. Mettre de côté seulement, mais oublier ? La sorcière était bien trop rancunière pour cela. Aussi se contenta-t’elle de mettre momentanément son grief de côté, accédant au désir de son amant. Il était sien après tout durant ces quelques instants, présent avec elle, jamais ailleurs, pas même en pensée. Pour cela, elle lui était reconnaissante, débridant sa retenue, tournant le faciès vers le sien pour s’enticher de ses lèvres afin de faire durer leur instant par quelques détours, quelques ruses, planifiant un changement dans leurs ébats pour ne jamais être la simple poupée, mais aussi l’amante dévouée. Elle lui laissait l’accès à chaque parcelle de sa chair, jouant pourtant de quelques mouvements pour le mener là où elle le voulait, car après tout, malgré le temps passé ensembles, il ne connaissait pas son corps aussi bien qu’il pouvait le croire.
Lui laissant son instant de gloire, elle ne lui permit pas l’apogée, s’extirpant de sa poigne pour lui faire face, l’obligeant à garder ses positions pour le capturer de nouveau, entièrement, passionnément, et sans aucune forme de concession. Il la connaissait suffisamment maintenant pour savoir qu’elle ne lui laisserait jamais entièrement le contrôle, mais lui donnerait satisfaction. Quand elle accueillie les derniers instants de leur plaisir mutuel, elle refusa instinctivement de se détacher de l’ours métaphorique qu’il était, calant son visage contre son épaule, inspirant l’odeur de savon et de parfum qu’elle lui laissait sur la peau. Ladáh s’apaisait dans ses bras, caressant du bout des doigts la peau de son dos, zébrée par les cicatrices qu’elle avait fini par apprendre par cœur. Elle savait qu’elle n’était pas responsable de celles-là, ni d’aucune sur cette peau : elle se souvenait toujours des visages de ses propres victimes, et celui-là n’en était pas.
« Je n’aime pas cet endroit. » déclara t’elle finalement, tout en conservant sa position, puis en frissonnant contre son amant. Parlait-elle de l’hôtel ? En surface seulement. Il représentait l’éphémère. Au delà, il y avait la ville en elle-même, qui n’était que cendres et malheurs sous ses allures parfaites. « Mais j’aime assez que tu sois là. », avec elle. Était-ce un côté fleur bleue qui faisait son apparition ? Se redressant, Ladáh planta ses yeux céruléens dans ceux de l’homme, fronçant légèrement le sourcil sous la réflexion qu’elle se faisait. « Je sais que tu me trouves trop jeune pour toi et je veux que tu saches que ça n’a pas d’importance pour moi. J’ai conscience qu’il y a bien d’autres détails qui ne te plairont pas, mais je n’ai pas envie que ça s’arrête parce que je suis née comme ça. » Léger penchement de tête sur le côté, quand les paumes caressent la peau. « Je comprends ta position, mais je ne m’excuserai pas pour des crimes que je n’ai pas commis. Souviens-toi seulement que je t’accepte tel que tu es, malgré tes grognements d’ours mal-léché et ta tête de mule. Et maintenant, таблица ! À table ! » Elle mourrait de faim, pratiquement tous les mardis depuis qu’elle connaissait l’homme qu’elle venait d’abandonner, se précipitant sur le téléphone tout en réfléchissant à ce qu’elle souhaitait manger. Elle avait envie de sucré, de chocolat surtout, une odeur entêtante fixée dans les narines. « Si tu ne m’embrasses pas dans les deux minutes, je garde ton dessert. » nargua t’elle en se tournant vers lui, un semblant de malice dans le regard. |
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| | | | | Do I wanna know ? [Laddie] | |
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