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sujet; Le Talisman du Téméraire [post event n°4] Feat Herpo Coffin

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« The sky was a sparkling succession of black diamonds on black velvet made crystal clear by the blackout.» S.Sheridan

"

Londres, 2002. - Blackout.

C’était encore bien meilleur que l’Orviètan coulant dans les veines. Le même soulèvement du cœur et de l’âme, un gonflement d’espoir qui vous crispait comme un orgasme, une euphorie mentale et cette vérité simple, limpide, qui ne s’embourbait pas de délicatesse : Putain, ils l’avaient fait.

Libérer les rebuts –le peu qu’il en restait- n’avait pas été sans conséquence et si le sang avait coulé, si les marques s’avéraient indélébiles de part comme d’autre, Ron avait enfin la sensation d’avoir fait un pas en avant. Peu importe si ce dernier laissait une trace de sang en empreinte sur l’asphalte, peu importe s’il avait tremblé en serrant dans ses bras Ginny à la peau brûlée et aux cheveux dorénavant charbonneux, peu importe si Sue l’acculait à un acquiescement qu’il peinait à donner, peu importe.

Le rouge des insurgés –son rouge à lui- coulait, implacable, sur le monde des sorciers. Enfin.

Il avait attendu plusieurs jours. Revenir au campement n’avait pas été une mince affaire. Il avait fallu prévoir les traçeurs d’en face, il avait fallu se tenir prêt à une éventuel représailles mais ils avaient fait trop de dégâts en partant, et le soulagement vrilla le rouquin lorsqu’il étreignit de toute ses forces la jeune Blair, rendu muette pendant de longues heures.

Tout irait bien.

Les Weasley étaient enfin réunis. Tout irait bien. Il apprendrait mieux. Il serait plus attentif aux  douleurs tacites d’Harry, il écouterait les sortilèges d’Hermione, il chercherait un apprentissage là où on le lui avait promis.

Le collier étrange avait été retiré tard dans la nuit et il brûlait encore sur sa peau laissant de fines traces rouges à la délimitation pâle sur ses clavicules. Il aurait fait ce qu’il y avait à faire, avec ou sans cet artifice, mais le jeune insurgé s’était sentit exalté ce qui –il en restait persuadé- lui avait donné le même shot d’énergie pure que s’il avait bu du Felix Félicis.
Le Nécromancien n’avait été visible nulle part et Ron ne songea pas à questionner sa présence mais il avait la conviction que l’homme savait ce qu’il s’était passé sans pour autant avoir été là.

Le silence était impossible dans une forêt, encore moins celle de Daeva. Les chuchotis, les tremblements des feuilles, les bruits des bêtes petites ou grandes occupaient tout l’espace. Ron, sac sur le dos, les yeux marqués de cernes, se mit à avancer, plein nord, vers les nuages qui ne changeaient pas de formes. Il marcha, et marcha, encore. La clairière était devenu un but, aussi sinistre soit-elle. Il n’avait aucun moyen de contacter l’homme, aucun moyen de savoir si tout ceci n’avait pas été du vent (il était certain que non mais son pragmatisme le faisait douter, comme à l’accoutumée), rien qui ne puisse le rattacher mis à part ce collier et la clairière.

Il profitait de la marche pour se remémorer.Il réfléchissait à ce qu’il allait pouvoir demander. Comment. Lui parler peut-être aussi de ses rêves récurrents. Le premier de ces derniers, fut précédé d’un fulgurant mal de tête qui lui perça le front. Ses tempes semblaient alors se rapprocher l’une de l’autre, prises dans une mâchoire d’acier.
En général, Harry en faisait régulièrement mais lui c’était bien plus grave et bien plus intense. Le lien qu’il avait avec Voldemort était d'une toute autre forme et souvent il avait veillé sur son ami d'un air inquiet lorsque ces passerelles mentales s'établissaient.

Ron commençait ses rêves toujours de la même manière : il marchait dans une rue. Peut-être Londres ou bien Loustry Sainte Chaspoule. Tout les autres marcheurs venaient à contresens, et la majeure partie de son attention visaient à les éviter. Il esquivait des hordes de passants qui fonçaient sur lui dans leurs grandes et lourdes capes noires aux cols relevés.Rapidement, il n’avait d’autre choix que de se plaquer aux murs et aux vitrines pour laisser l’essentiel du trottoir se fondre furieusement, envahissant la ville. Il remarquait que les vitrines des boutiques s’allumaient dés qu’il s’en approchait, illuminant la rue et ses capes sans visages mais ça ne changeait rien à la perspective charbonneuse qui coulait le long des voies. Il devenait identique aux autres, happé par le mouvement. Puis il apercevait une silhouette portant une robe de sorcier rouge, faite de velours frappé, dont la couleur profonde refusait de se laisser gagner par la nuit. Elle avançait, tel un feu mourant dans le blackout. La seule certitude c’était qu’il fallait s’en rapprocher. Toucher du doigt le crépuscule que la couleur offrait.

Il se réveillait toujours avant.

Les pas de Ron résonnèrent –limpides- au creux de la clairière chuintante. Il était tôt, très tôt. La rosée goutait encore sur les pétales et des araignées -qu’il évita soigneusement- terminaient leurs toiles entre les arbres. Voilà qu’il ne savait plus quoi faire…

Venir avait été un but et Ron serrait le collier dans sa poigne. Comment appeler ce qui n’était pas joignable ?

« Nécromancien? » Ron avait prononcé le titre d’une voix forte et une nuée de volatiles s’ébroua puis prit son envol dans le ciel.

Il fallait attendre. Peut-être en vain.

Daeva, 2002 – Blackout.
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-Ronald Weasley.

Trônant au sommet du rocher qui ornait le centre de la clairière, j'étais réapparu dès que le Roi Rouge m'avait dépassé, élevant la voix alors qu'il me tournait le dos. Ma baguette coincée entre mon index et mon majeur, comme une longue cigarette, je picorais mon repas qui reposait au creux de mon autre main. Des figues et des raisins secs, quelques dattes et énormément de noix et de graines. Pas très glorieux, je sais. Allez-y, faites de la nécromancie durant le prochain demi-siècle puis arrêtez-vous au premier KFC du coin de la rue. Je serais là, à rire de bon cœur en vous regardant vomir votre repas après trois bouchées.

En règle générale, la magie réclame un dû. Imaginez donc à combien il peut s'élever lorsqu'on aborde le domaine des Arts sombres. Franchement, vous avez déjà vu beaucoup de premières pages de la Gazette du Sorcier qui montrent Voldy en train de se payer un bon vieux tartare de dragon ? Je ne crois pas.

J'en étais donc là, à mastiquer mes graines la bouche ouverte. Mon pied gauche reposait sur un sac à dos, assez semblable à celui que portait le jeune Weasley. Quelques ustensiles de cantines gondolés étaient accrochés en ribambelle, on pouvait également deviner les contours de plusieurs gourdes sous la toile. Une forte odeur de viande séchée parachevait le tout.


-Maintenant que vous m'avez trouvé, poursuivis-je en ôtant mon capuchon. Je peux enfin vous féliciter du coup d'éclat au ministère. J'ai craché une coquille de pistache dans les hautes herbes. J'ai arpenté les ornières. J'ai fait halte dans les hameaux. J'ai parlé aux petites gens. Beaucoup ont encore peur de l'Usurpateur, mais nombreux sont ceux qui ont les yeux qui brillent quand ils parlent de vous. Vous avez réussi, mon apprenti.

Parce qu'il l'avait accepté. Parce qu'il l'avait fait. Parce qu'il était revenu, aussi. Ronald Weasley méritait ce titre. Il était là, dans la clairière encore défraîchie du cataclysme noir qui s'était concentré ici il y a quelques mois. Quelques fleurs sauvages avaient éclos, des araignées tissaient leurs toiles, des oiseaux étaient revenus nicher à l'orée du bois... Mais ça s'arrêtait là. Un réseau trophique basique, loin de rendre grâce à toute la complexité offerte par la vie. Voulais-je vraiment laisser à la clairière une chance de redevenir comme avant ? Peut-être que le Nécromancien s'y plaisait, après tout. Peut-être voulait-il y élire domicile ?

Comme pour souligner cette hypothèse trois petits nuages noirs vinrent voleter autour de la tête de Ronald Weasley, en poussant des piaillement aussi inaudibles que la chute d'une goutte d'eau.

Après trois tours de manège agressifs, les chauve-souris planèrent vers moi et plantèrent leurs griffes sur ma cape. Une quinzaine de petites bosses velues y somnolaient déjà, me recouvrant des épaules jusqu'aux manches. Certaines semblaient avoir été violemment entaillées par des becs d'oiseaux, d'autres avaient encore des bouts de fils électriques autour des ailes, quelques unes étaient si desséchés qu'on aurait peiné à les savoir relevées ou définitivement décédées.


-Oui... J'étais là lorsque vous avez sauvé votre sœur, Ronald Weasley. Je vous ai apporté l'aide que j'ai pu. Bondir de ma cachette et lâcher tous les rats morts de Londres sur Monsieur Lestrange aurait été d'un sacré style, je vous l'accorde. Mais peu utile sur le long terme. Aujourd'hui, les Mangemort ignorent toujours ma présence dans ce pays. Mieux : l'Usurpateur ignore ma présence à vos côtés. Quant ils le comprendront enfin, ressusciter quelques chauves-souris vous paraîtra aussi simple que de faire léviter une plume d'oie. Quant ils le comprendront enfin, il sera trop tard.

Mon pied gauche pivota légèrement, libérant la sangle du sac à dos. La gravité repris ses droits et l'attirail tomba au pied de Ronald dans un tintement métallique.

-Retenez-bien ce que je vais vous dire, Ronald Weasley : le pouvoir est seulement donné à ceux prêts à s'abaisser pour le ramasser. Seuls les faibles partent à la conquête du pouvoir pour le pouvoir. La race des forts l'utilisent, les forts ont un objectif bien plus important que le pouvoir à atteindre.

J'ai gobé mes dernières noix de cajou, elles craquèrent sous mes molaires comme des os. Ma baguette fit un léger tourniquet sur elle-même. La totalité des chiroptères agrafés à mes vêtements cessèrent de s'animer et se détachèrent, beaucoup redevinrent poussière et se pulvérisèrent aux quatre vents avant même de toucher le sol.

Je me suis laissé glisser de mon trône de mousse pour atterrir souplement sur l'herbe. J'ai ramassé le sac avant de le balancer sur mes épaules.


-Nous allons voir un individu de cette race, Ronald Weasley. Nous allons rencontrer Chiron, Roi des tribus centaures de la Forêt Noire ; probablement le seul suffisamment puissant pour unir les autres rois de Grande-Bretagne. Ils nous faudra quatre jours pour atteindre son campement d'été. Ne lambinez pas et restez collé à mes pas. Ne prêtez attention à aucun murmure. Ne suivez aucune ombre. Il y a des êtres plus répugnants de les acromentules dans les profondeurs de la nature.

Sans ajouter un mot, je me suis mis en marche, filant droit vers le nord.
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" Voilà. Nous avons franchi le solstice d’été. Et pendant que d’autres célèbrent le jour le plus interminable de l’année… nous allons secrètement nous réjouir du retour des longues nuits. (Pause) Levez-vous."

"
« Ronald Weasley. »

Son nom comme un tocsin.

Ron se retourna et cilla avant de franchement froncer les sourcils devant la silhouette sombre du magicien sur le rocher. Il n’y avait pas eu de bruit indiquant un transplanage quelconque et il venait juste de dépasser cet emplacement: il n’y avait eu personne dessus il y a bien 10 secondes.

Humpf. C’était tellement flippant agaçant quelque part et Ron eut une moue qu’il gomma rapidement. C’était ça après tout qu’il était venu chercher. Une magie plus ancienne et plus efficace. Aussi, aussi stupide que cela pouvait paraître, Ron eut une bouffée inconséquente de satisfaction en entendant les louanges du nécromancien. Il n’était pas certain quand à lui de l’impact qu’avait eut son discours ce jour là. Son job durant la prise des rebuts avait d’abord été de faire diversion et il y avait certes réussi, mais au vu du nombre de blessés et de hurlements de douleurs une fois rentré au campement, Ron s’était réellement demandé s’il n’aurait pas du faire plus long, jouer du suspens… Après tout, il aurait pu, il avait eu en protection une nuée de chauves-souris à demi-morte.

Des nuages sombres vinrent se former au-dessus de Ron mais ce dernier ne quitta pas des yeux le sorcier.Ce n’était pas vraiment la peine d’avoir peur. Au vu des connaissances qu’avait l’homme, Ron se doutait bien qu’il pourrait l’attaquer rapidement si l’envie l’en prenait. Ils avaient un accord et Ron –dans sa simplicité- était venu l’honorer.

Convaincre n’avait jamais été son fort. On ne pouvait pas convaincre quand on était le benjamin d’une fratrie de cinq garçons. Mais on essayait. Ron était plus éloquent qu’il n’y paraissait pour peu qu’il soit certain de ce qu’il avançait. Il n’avait eu aucun souci à contrer contre tout ceux qui ne croyait pas en Harry par exemple.
Évidement, convaincre chez Ron, avait un aspect bougon, brut et terriblement unilatérale. « T’as faux, j’ai raison, ta mouille maintenant. » Là où Hermione employait une longue rhétorique, là où Harry aiguisait son instinct qui lui collait aux tripes, Ron préférait la curieuse audace du joueur d’échecs. Le roque était un déplacement spécial du roi et d'une des tours au jeu d'échecs. Le roque permettait, en un seul coup, de mettre le roi à l'abri tout en centralisant une tour, ce qui permettait par la même occasion de mobiliser rapidement cette dernière. Il s'agissait là du seul coup légal permettant de déplacer deux pièces, sans respecter le déplacement classique du roi et de la tour de surcroît.

On lui donnait du Red King et au final c’était très bien. Rien ne le prédisposait à devenir Roi mais il en prenait la couronne cabossé. Rien ne le prédisposait à prendre paroles mais il avait achevé son discours en toute bonne foi. Le véritable enjeu était Harry. L’Élu -quoique les gens disent ou s'escarmouchent à penser- était Harry. Tout ce qui pouvait l’entourer et protéger ce dernier était digne d’intérêt et s’il fallait échanger pendant un court moment les places pour brouiller l’adversaire, c’était une victoire en soi.

Ron s’en voulait un peu. De ne pas en avoir parlé à Harry de tout ça mais il avait dans l’idée que ce dernier aurait voulu venir avec lui et il était encore incertain quand à Herpo. La confiance, ça ne poussait pas sur des ailes de chauves-souris non plus. Bientôt, Harry et lui chercheraient les horcruxes, il aurait bien le temps alors de lui parler de tout ça. Peut-être.

Certains secrets étaient mieux enfouis semblaient-ils.

«  Retenez-bien ce que je vais vous dire, Ronald Weasley: le pouvoir est seulement donné à ceux prêts à s'abaisser pour le ramasser. Seuls les faibles partent à la conquête du pouvoir pour le pouvoir. La race des forts l'utilisent, les forts ont un objectif bien plus important que le pouvoir à atteindre. »

Ron acquiesça faiblement. Il le faisait pour Harry d’abord . Pour qu’il n’ait plus à se plier sous la douleur de la cicatrice. Pour Hermione, qu’elle n’ait plus à avoir peur d’utiliser sa magie parce que certains prétendaient qu’elle n’en avait pas le droit. Pour Bill, Percy, Charlie, Fred et Ginny. Pour Sue enfin qui avait grandit dans un univers calfeutré et nauséabond et qui méritait plus que son nom.

Ron voulait le pouvoir pour être à la hauteur de ce qu’il supposait qu’on attendait de lui. Hermione était brillante, Bill était diplomate, Percy et Fred inventaient, Charlie avait une connaissance des animaux, Sue des potions ; tous apportaient quelque chose de concret, exceptés lui.  Il était bon sorcier sans pour autant être exceptionnel mais plus, oui, plus ce serait bien. Pour tous les protéger et pour gagner une fois pour toute.

Quatre ans, cela devenait un peu trop long.

Ron regarda le sac de l’homme puis ce dernier, la vision des bestioles lui arrachant une grimace de dégout visible.

« Nous allons voir un individu de cette race, Ronald Weasley. Nous allons rencontrer Chiron, Roi des tribus centaures de la Forêt Noire ; probablement le seul suffisamment puissant pour unir les autres rois de Grande-Bretagne. Ils nous faudra quatre jours pour atteindre son campement d'été. Ne lambinez pas et restez collé à mes pas. Ne prêtez attention à aucun murmure. Ne suivez aucune ombre. Il y a des êtres plus répugnants de les acromentules dans les profondeurs de la nature. »

Les centaures étaient spéciaux quand même et Ron fronça le nez. « Je croyais que les centaures ne voulaient toujours pas choisir de camp… » D’un pas alerte, Ron fit sauter son sac dans son dos et suivit le nécromancien. A vrai dire, la situation des centaures était déplorable. Le gouvernement les retranchaient de plus en plus dans l’obscurité de leurs demeures et nul doute qu’un jour ou l’autre le Magister s’occuperait de leurs « cas ».
Quatre jours lui semblait d’ores et déjà long. « On ne peut pas transplaner ? » Demanda le rouquin en allongeant son pas pour être à hauteur. Si lui avait de longues jambes, Herpo semblait poussé par une énergie accrue qui rendait le rythme de la marche efficace et nerveuse. Ron se pencha pour éviter une branche puis pâlit à la dernière phrase. « Acroquoi ? C’est totalement le moment de me rassurer là Nécromancien. J’veux dire, créature répugnante ok, je gère. J’ai fait ma scolarité avec Bullstrode et Goyle hein. Mais les araignées c’est juste pas possible. »

Ron chercha une parade.

« Elles m’aiment pas. »

Genre.

« Vous voulez vraiment pas qu’on transplane ? »
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-Après toutes les épreuves que vous avez enduré, vous devriez pourtant savoir que la destination importe moins que le chemin.
J'ai écarté un rideau de lierre et enjambé un tronc mangé par la mousse. Mon regard fureta à droite et à gauche.
-Fait n°1 : les centaures n'aiment pas les sorciers. Déclarais-je sans détacher mon regard du feuillage qui nous entourrait. Fait n°2 : nous apparaissons au beau milieu de leur camp grâce à la magie. Fait n°3 : ils nous désossent et dansent comme des indiens autour de nos cadavres toute la nuit.
Une pie-grièche se mit à chanter. Quelque chose disparut dans un bosquet. J'ai finalement pris à gauche, m'éloignant toujours un peu plus du sentier.
-Les centaures nous verront venir, et de loin. Ils apprécieront cette... courtoisie. Il m'a fallut des mois pour leur faire accepter l'idée d'une rencontre. Je ne braderais pas nos chances pour éviter un peu de marche. Mais soyez assuré que nous mettrons ce temps à profit. Je vous ai promis une formation. Vous serez formé.

Daeva s'assombrissait. La forêt vierge devenait véritablement oppressante ; le soleil peinait à percer à travers les ramures tortueuses. Le sol était devenu traître, recouvert de racines et d'humus. Les petites branches fouettaient les joues et le front. Le taux d'humidité semblait grimper à chaque pas que l'on parvenait à faire. Après une marche des plus épuisante, nous débouchâmes soudainement sur un autre sentier.

Celui-ci n'était en aucun cas le fruit des pas des hommes. L’herbe et la terre avaient été retournées pendant des siècles par des sabots, des griffes et Merlin seul savait quoi d'autre... Nous étions dans un coin du temps et de l'espace où la main de l'homme avait définitivement perdu ses droits. Au cas où ça n'aurait pas été suffisamment clair, les deux arbres encadrant le chemin hurlaient à la prudence. Ils étaient recouvert de pancartes en bois, depuis parfois si longtemps que leur écorce dégoulinait sur certaines. Elles avertissaient en grec, avec des lettres capitales tracées à la peinture rouge (ou plutôt ce qui semblait être de la peinture). Et, il y avait les deux têtes de loups-garous planté sur des pics, mangées par les vers ; des crânes blanchis s'entassaient sous elles. Enfin, la vingtaine de baguettes magiques plantées dans les deux troncs achevaient le décorum.


-Nous voici sur le territoire des Sabots-de-Fer. Sans doute la plus féroce de tribus.

J'ai rabattu mon capuchon et vérifié les lanières de mon sac. Puis j'ai ramassé une branche morte qui traînait là. Je me suis approché du chêne de droite et j'ai frappé trois coups secs contre son tronc, à un endroit où l'écorce avait explosé sous des chocs répétés. L'écho se répercuta de manière irréelle sous les branches. Quelque chose sembla bouger dans les ombres. Une créature s'envola en silence.

-Ils ne sont pas du genre à enseigner l'astronomie, si vous voyez ce que je veux dire.

C'était prononcé sur le ton du contentement. Les engrenages d'une formidable machine étaient enfin en marche, et ça me plaisait.

Une fois passé les chênes majestueux, la forêt changea encore. Plus sauvage. Plus ténébreuse. L'air était lourd de miasmes et de spores, il empestait le champignon et l'engrais. Au cœur de cette nature à la volonté propre, pas besoin de povrebines pour perdre espoir.


-Depuis les premiers mandats de Fudge, les terres de toutes les tribus centaures n'ont cessé de diminuer. Poursuivis-je en sortant prudemment ma baguette de ma manche. Alors, ils ont fait ce que toutes les peuplades opprimées font depuis la nuit des temps : ils se sont bouffés entre eux au lieu de bouffer de l'humain. Les centaures sont fiers, orgueilleux mêmes. Vous avez en tête l'image du noble équidé, préférant conserver son statut "d'animal" plutôt que de se compromettre avec de vils sorciers, la beauté sauvage observant les astres et se bornant à la non-intervention. J'ai ricané. Oui, beaucoup sont comme ça. Mais il y en a quelques-uns qui n'ont pas oublié l'Ancien Temps. Avant Poudlard, avant les baguettes, leurs ancêtres avaient les fers autour cou et sous les sabots. Sabots-de-Fer, leur nom vient de là. La révolte a été sanglante. Ils surgissaient des bois au milieu de la nuit et massacraient des villages. Peu d'historiens de la Magie se sont penchés sur le sujet. On les comprend.
Je me suis arrêté, me retournant pour poser une main ferme sur l'épaule de Ronald Weasley.
-Aujourd'hui leurs vieux meurent de la fièvre des marais. Leurs enfants sont rachitiques. Une étincelle suffirait pour mettre le feu aux poudres et réveiller leurs instincts. Cependant, un incendie ne vaut rien s'il n'est pas contrôlé et orienté. Il nous faudra du doigté ainsi qu'une certaine dose de charme.

Le reste de la journée s'écoula lentement, très lentement. Elle prit la forme d'une marche pénible, interminable, sur un sentier de terre battue, jonché de trous et d'ornières. Traître et boueux. Trempés des pieds à la tête, ceux qui s'aventuraient ici étaient pourtant vites assoiffés. Alourdis par les vêtements gorgés d'eau et de sueur, harassés par la chaleur moite des sous-bois. Certains s'endormaient parfois au pied d'un arbre, jamais ils ne se réveillaient...

Je n'aperçus aucune forme de vie, rien à part ce sempiternel paysage végétal torturé. En revanche, j'entendis un nombre incalculable de cris et de hululements de toutes sortes. Ça allait du chant de l'augurey jusqu'aux hurlements stridents d'une harpie solitaire. De temps en temps, une branche basse s'animait sans raison apparente ; sans doute remuée par un clabbert farceur. Et puis il y avait les murmures. Des plaintes, des supplications, parfois même des menaces ; souvent dans des langues étrangères ou oubliées. Ma baguette projeta plusieurs fois une lueur mauve autour de nous. Les voix des morts cessaient immédiatement.

Sous les hêtres et les ormes, la lumière baissa rapidement. L'obscurité me surpris presque. Heureusement, nous étions proche de notre premier arrêt, conformément à mes estimations.

D'abord il y eut l'odeur. Un odieux mélange de souffre, d’œufs pourris et d’ammoniaque. Puis il y eut les gargouillis. Pas de doute, nous étions proche d'un point d'eau. J'ai enjambé l'un des talus qui bordaient la route et écarté quelques branches. Le bocage me révéla les marais, dans toute leur étendue. Ils étaient vastes, si vastes. Des flaques sombres à perte de vue, où se reflétait la lune dont aucun branchage ne pouvait étouffer la lumière. Rien qu'une plaine humide sans aucun arbre, seulement parcourue de quelques formes sombres, semblables à des collines de terre recouvertes de limon. Des grandes aiguilles blanches, aussi hautes et larges que des côtes d'éléphants formaient, de ci de là, d'étranges chemins, partant de la berge pour aller se perdre dans les marres troubles et profondes. Des fumerolles, vertes émeraudes, jaillissaient doucement de l'eau, se mariant avec la brume qui recouvrait les lieux. La lune baignait de sa lueur argentée les tas de cadavres. Beaucoup d'ossements, beaucoup de corps secs, beaucoup d'êtres gonflés et déformés de manière grotesque. Des cadavres d'animaux, de centaures parfois et même d'hommes.


-Nous voici au Marais de l'Hydre, Ronald Weasley. Nous allons y passer la nuit.

J'ai plié les genoux, glissant gracieusement sur la pente boueuse qui surplombait le marais avant de m'arrêter dix pieds plus bas dans un bruit spongieux. À l'évidence, les grandes aiguilles blanches formaient les vestiges de longs cous, monumentaux avant d'être tranchés et abandonnés à la décomposition. À l'évidence, les collines recouvertes de végétation n'en étaient pas. C'était l'hydre. Ce son si subtil, un ronronnement rauque, ne laissait aucun doute : elle ronflait.

-N'ayez pas peur et descendez. Lançais-je à l'adresse de Ronald d'une voix forte. Elle hiberne tous les un ou deux siècles et son réveil n'est pas prévu pour demain.

L'écho de ma voix se perdit sur le marais, et ne dérangea pas le moins du monde les collines endormies. Tout était une histoire de timing avec ces vieilles hydres. Il fallait savoir quand elles s'étaient réveillées pour la dernière fois et éviter le coin pendant quelques décennies. Le reste du temps, à part l'odeur, il fallait juste prendre garde à ne pas poser sa tente dans les nuages empoisonnés. Les marais à hydres étaient des endroits parfaits pour des vagabonds comme moi : aucun animal à dix lieues à la ronde. Nulle lanterne de pitiponk perdue au loin, pas le moindre bourdonnement de moustique. En fait... Rien. Juste le souffle du monstre.

J'ai trouvé une surface de terre émergée où la puanteur était moindre. Mon sac tomba par terre.


-Montez-le camp. Ordonnais-je. Ne buvez pas l'eau.

J'ai disparu dans la nuit. Ronald Weasley était un sorcier débrouillard, et mon sac regorgeait de vivres, il y avait aussi une petite tente de cuir sombre ainsi que d'autres objets, divers et variés. Des livres à la couverture poisseuses, des pierres ornées de runes étranges, des crânes humains... Les sortilèges d’extensions étaient véritablement de belles choses.

Je ne revins une dizaine de minutes plus tard, un lapin de garenne gigotant dans ma main.


-Le corps est un vêtement de l'âme, Ronald Weasley. Je m'assis et me mis à caresser le rongeur terrorisé. Lorsque ce vêtement est complétement usé ou gravement et irréparablement déchiré, elle le quitte et ne le reprend plus. Les corps dissociés des âmes, les âmes dissociés des corps, voilà les fondements de la nécromancie.

Je me suis relevé, faisant tourner ma baguette haut au dessus de ma tête. La langue morte s'envola de ma gorge, suave et vénérable. Alors, la lueur mauve se diffusa. Autour de nous l'eau se mit à bouillonner, des gerbes de glaise explosèrent dans la nuit, des mains et des têtes émergèrent de la vase. Pas toujours entiers, pas toujours bien digérés, ils rampèrent vers nous, encerclant notre position. Les pattes du lapin bondissaient dans le vide.

-Veillez sur nous cette nuit, soyez libres dès l'aube.
La putride assemblée ralentit sa marche, puis fit demi-tour. Chacun retourna là où il reposait, dociles gardiens d'os. Le lapin glapissait de terreur.
-Désormais c'est à vous, Ronald Weasley. Mes doigts brisèrent la nuque de l'animal d'un coup sec. J'ai balancé le corps à ses pieds. Pointez votre baguette et prononcez le mot : "patul."

Le marais sembla se rafraîchir.
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" Our bodies are prisons for our souls. Our skin and blood, the iron bars of confinement. But fear not. All flesh decays. Death turns all to ash. And thus, death frees every soul. " The Fountain

"


« Après toutes les épreuves que vous avez enduré, vous devriez pourtant savoir que la destination importe moins que le chemin. »


Ron eut un sourire amusé. « C’est vachement romantique comme idée je trouve. » Une boutade pour détendre juste un peu l’atmosphère. Herpo n’était pas sévère dans sa mise mais il était définitivement inquiétant. Quelque chose de souterrain et fébrile en sa présence qui électrisait l’environnement. La sensation d’un danger réelle, qui ne tenait qu’à un fil.

Ron après tout ne savait rien de cet homme.

La conversation sur les centaures ramena à une dure réalité. Le nécromancien avait raison évidemment et la façon dont il assena la chose lui rappela curieusement Hermione.  « Oui non alors… je préfère autant qu’on nous désosse pas. J’ai des amis, une dulcinée, une guerre tout ça à gagner. C’est mieux si on reste en vie. »

Il eut un cillement. Une formation. L’homme le lui avait dit dans la clairière : il y avait toujours un paiement. Un échange. Évidemment les termes étaient clairs selon Ron: Herpo le formait et en échange Ron lui assurait que Voldemort était défait. Le rouquin y voyait un échange avantageux pour chacun des partis mais peut-être n’avait-il pas envisagé correctement la notion de Temps.

« Vous avez été en formation combien de temps vous ? Ce n’est pas que je travaille à la Brigade du Magister, certainement pas, mais je ne sais pas grand-chose de vous. D’ailleurs… » Les mots de Ron moururent en même temps que ses yeux se posèrent sur le décor macabre devant lui.

« Nous voici sur le territoire des Sabots-de-Fer. Sans doute la plus féroce de tribus. Ils ne sont pas du genre à enseigner l'astronomie, si vous voyez ce que je veux dire.»

Ron acquiesça nerveusement, le regard glissant sur les baguettes plantés comme autant de warnings. Un soupir glacé s’échappa des lèvres et il avança prudemment. Il se souvenait des centaures de la forêt interdite et ils étaient déjà sauvages selon le rouquin. Pas complètement hostiles cela dit, moins en tout cas que ce qu’annonçait ici Herpo.

La main sur l’épaule de Ron eut un effet apaisant (et saisissant à sa manière). Son père faisait pareil. Ne le ferait plus. Mais la main était là. Herpo croyait en lui. Malgré l’évidence qu’il n’était pas forcément taillé pour ça. On essayait quand même, on faisait ce qu’il fallait. Il refusait le reste, la défaite... il en connaissait déjà beaucoup trop le gout. Il n’était pas certain d’avoir le charme nécessaire pour convaincre des centaures. C’était Harry le poster boy. C’était lui le Survivant. Ron cela dit –sans fausse modestie- savait qu’il avait su s’implanter dans l’esprit de la plupart des insurgés. Il était un Weasley doublé du meilleur ami d’Harry et d’Hermione. On finissait par l’écouter dorénavant. Il était peut-être plus facilement abordable qui plus est, moins lointain, plus proche, beaucoup moins impressionnant que ses deux camarades ou que le reste de sa fratrie.

Le décor changea. Le sol était couvert d’ossements d’animaux et maculés d’une boue nauséabonde. Ron scruta l’horizon opaque. L’odeur de pourriture lui emplissait les narines et il s’efforça de respirer lentement pour masquer la nervosité sous-jacente des lieux.

« Nous voici au Marais de l'Hydre, Ronald Weasley. Nous allons y passer la nuit. »

D’accord.

...

« Mais quand on dit de l’hydre, c’est une métaphore ? » La réponse du nécromancien l’informa que non. Évidemment, c’eut été trop beau. Dans un soupir, Ron regarda les alentours brumeux. Qu’est-ce qu’il fichait là à s’amuser dans le système Dagoba quand ses meilleurs amis couraient de grave danger ? Il se pinça l’arête du nez et étouffa un bâillement épuisé avant de se mettre à monter le campement de fortune pour eux deux. Des vivres il en avait plein sa besace aussi –bien plus que d’ordinaire- Sue lui avait confectionné des choses simples mais nourrissantes. Il avait pu récupérer un peu pendant que le sorcier s’était éclipsé, pas un vrai sommeil évidemment mais une torpeur somnolente. Ça faisait bien longtemps qu’il ne dormait plus vraiment à poing fermés. Ça aussi ce serait pour quand la victoire aurait souri, quand ils en auraient terminé avec Voldemort.

Le petit animal entre les mains d’Herpo se débattait. Duveteux et le museau remuant, Ron le regarda agiter ses pattes comme s’il savait déjà quel funeste sort on le lui réservait. Il ne comprit pas de suite où voulait en venir le nécromancien après tout ils avaient des vivres, pourquoi vouloir griller un rongeur de plus, surtout que vu l’environnement, Ron n’était pas très enclin à gouter quoi que ce soit venant de ces marais fétides.

« Le corps est un vêtement de l'âme, Ronald Weasley. »


Le regard azur prit une teinte plus attentive. Il savait cela, tout bon sorcier d’ailleurs. La dissociation était nette et elle était devenue plus apparente encore quand Harry leur avait parlé des horcruxes. Pendant quelques secondes, Ron se demanda si le nécromancien en connaissait l’existence tabou mais surement. Tout ce qu’il faisait était répréhensible par un code moral poussif. Ron fronça le nez : lui ce n’était pas pareil, il voulait apprendre pour protéger.

Que les morts tombés durant cette bataille ne soient pas morts en vain. Qu’ils puissent continuer cette rébellion avec eux et protéger les vivants à défaut de pouvoir danser.

Le rouquin eut un frisson d’horreur en voyant ce que faisait l’homme et le changement dans l’air qu’il provoquait. L’eau putride charia des eaux et de la pourriture tout autour d’eux et Ron, pâle sous ses taches de rousseur, fit tourner sa baguette fébrilement entre ses doigts.

Des mains décharnés aux poignets osseux lacéraient le sol d’un côté, des cavités luisantes plongeaient droit dans le regard de Ron de l’autre, une des pattes se tendit vers lui, des ongles longues pourris se tendirent vers lui, tout ça en un cercle parfait autour d’eux.
Ron inclina son visage en un assentiment et pointa sa baguette sur le petit rongeur.

« Qu’est-ce que cela va faire? » Il demanda malgré l’idée qu’il s’en faisait. Les corps tout autour grondaient, vibraient et le benjamin des Weasley se demanda si ce n’était pas plutôt vers ses membres épars et purulents qu’il devrait jeter le sortilège.

On ne lançait pas des sortilèges comme ça. Il y avait un mouvement du poignet à avoir, une intention magique qui transcendait le bois de la baguette et Ron dirigea son flux vers le petit rongeur. Il avait compris ce qu’Herpo attendait de lui. La même capacité à influer un semblant de vie dans le corps cassé du petit animal.

Un bourdonnement aux oreilles qui n’avait rien à voir avec la respiration calme de l’hydre et Ron s’aperçut que les battements de son cœur s’étaient accélérés. Il en conçu un certain vertige des sens qu’il maitrisa avec une dextérité patiente. Une longue inspiration et le crépitement du sortilège emplit l’espace tandis qu’un souffle frais balaya les marais et ses habitants.

« Patul. »
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Une mince brume se rassembla au bout de la baguette de Ronald Weasley. Un petit nuage qui semblait se compacter. Il se dissipa aussi rapidement qu'il était apparut, caressant l'animal sur son passage ; les poils ondulèrent légèrement. D'abord rien ne se passa. Le lapin mort resta désespérément immobile. Puis, au bout d'une interminable seconde, un léger soubresaut agita une patte, et une autre. Couché sur le flanc, son cou tordu dans un angle insolite, il pédalait dans le vide. Un être sans vie qui remuait. Sa minuscule bouche restait grande ouverte, incapable de ramener une langue rose et pendante, son museau ne frétillait plus ; les quatre petits chaussons duveteux semblaient avoir leur volonté propre.

-Parfait... Dis-je d'une voix rauque. La plupart des apprentis peinent à faire fonctionner un seul membre lors de leur première fois. C'est bon signe, très bon signe même.
Le lapin se mit à convulser furieusement. Ses pattes battaient l'air. Ses mâchoires se remirent à fonctionner et les dents hachèrent ce qu'elles pouvaient ; à savoir la propre bouche de l'animal. Du sang commença à gicler. Ma baguette décrivit rapidement une courbe élégante au dessus du rongeur.
-Krim.
Le vent glacial reflua et quitta le corps brisé ; aussi subtil que le soupir d'une femme. Le lapin redevint immobile. Le sang gouttait d'une des narines ; l’œil vide nous fixait avec une expression de folle horreur.
-Il y a toujours quelques petits imprévus durant les premières fois. Repris-je en rangeant calmement ma baguette. Cela n’entache en rien votre succès. Pardonnez la tautologie, mais on juge un nécromancien sur la nécromancie. Si je vous avais dit ce qu'il fallait ressentir, quel geste accomplir avec votre baguette, cela n'aurait pu refléter ceci. Je tapotais le sternum de Ronald du bout de mon index. Les Arts sombres lisent en vous mieux qu'aucune autre magie ne saurait le faire. Il suffit juste de leur prêter l'oreille.
J'ai ricané. Puis j'ai attrapé mon sac, fourrageant pour finalement retirer un paquet de figues sèches. Mes incisives se refermèrent sur un fruit avec avidité
-Vous venez d'apprendre deux sorts fondamentaux : Patul, que l'on pourrait traduire par ''l'éveil'' ; et Krim, ''le repos''. Patul est la base de toute nécromancie, des sortilèges les plus simples aux plus complexes. On ne fait rien sans lui. Patul permet d'ouvrir la porte que la nature nous claque au nez. Et parce qu'un bon nécromancien est avant tout un nécromancien en vie, Krim la referme. Vous avez vu le lapin ? Imaginez avec une demi-douzaine d'inferi que nous n'arrivez pas à contrôler. Nous veillons toujours à rendre à la Mort ce qui est à elle, si ce ne sont pas vos créations ce sera vous. La balance est toujours rétablie d'une façon ou d'une autre.

J'ai posé une main compatissante sur l'épaule de Ronald Weasley. Ce serait dur, sombre et glacial ; mais il fallait l'accepter. Nous devions tous l'accepter. Le lapin fut jeté à l'eau, une main putréfiée dépassa timidement de la surface et l'attrapa, avant de le faire disparaître dans un tourbillon boueux. Je me suis couché en me demandant comment Ronald allait appréhender mon enseignement. La manipulation et les faux-semblants ont toujours leur limite. On peut tomber dans les Arts sombres de bien des manières, on peut se laisser séduire ou bien se résigner. Mais il arrive un moment où le masque tombe, il devient impossible de dire ''je ne savais pas.'' Tous savaient. Du plus minable receleur d'artefacts jusqu'au plus puissant des mages noirs de notre temps, ils savaient. Herpo Coffin fut de ceux persuadés qu'ils le faisaient pour la bonne cause. Pourtant utiliser le mal contre le mal revient à lui jurer fidélité. Cela le Nécromancien l'avait parfaitement compris. Un jour, Ronald Weasley ferait de même, j'en étais intimement persuadé.

À l'aube les morts avaient disparu, conformément au sortilège de protection ils étaient retournés à la terre dès les premières lueurs du soleil. Sa pale lumière donnait un tout autre aspect des marais. Leur cruauté semblait plus réelle. La lumière ne resta pas longtemps : il fallait retourner à l'air lourd de la forêt. Trois jours de marche nous séparaient du camp.

Ces journées ne furent pas inutiles. Je pus initier Ronald aux secrets des Manzazuu. De leur supposée naissance à Babylone, jusqu'à leur médiocre fin dans l'Europe déliquescente du XIXème siècle. Je ne souhaitais pas les imiter. À bas les coteries, les loges et les kabbales. Être un érudit en nécromancie ne signifiait pas rester engoncer un fauteuil, entouré d'amis puissants et veiller sur des intérêts partisans. La nécromancie signifiait l'abnégation envers des principes qui transcendaient le pouvoir et la richesse. Il s'agissait là, je pense, de ma plus grande différence avec un mage tel que Lord Voldemort. Celui-ci n'avait envisagé son pèlerinage européen uniquement comme un prix à payer pour sa conquête du pouvoir. Selon moi le pèlerinage ne se terminait jamais, mes pieds douloureux ne m'auraient pas contredit. J'avais pu voir des choses stupéfiantes et visiter des lieux interdits. Les antres des horreurs cachés.

Le soir venu l'enseignement se voulait pratique. J'avais expliqué à Ronald comment relever un cadavre, désormais je lui exposais les différentes façon de s'en servir. L'inculture crasse de la plèbe se figurait que le nécromancien était un prêtre fou s'amusant à marcher à la tête d'une armée d'inferi. Une grossière caricature. Comme je l'expliquais à Ronald, la nécromancie était un art compliqué ; on pouvait presque le comparer à l'étude des potions tant l'exactitude et la minutie occupaient une part importante de la réussite. De plus, la complexité du sujet influait sur la difficulté. Le corps humain était l'aboutissement d'une longue expérience, mais ranimer une souris était de l'ordre du faisable pour un élève qui avait manqué sa dernière année à Poudlard. Je ne doute pas que ''Göz'' su retenir l'intérêt du jeune insurgé : il s'agissait du sortilège permettant de voir à travers les yeux de sa marionnette ; extrêmement pratique lorsque l'on désirait effectuer la reconnaissance d'un terrain dangereux. Associé à ''Mezar'', qui offrait la possibilité de diriger le cadavre, on jouissait ainsi d'un outil fort utile pour l'espionnage... Ou pour protéger son pupille avec une nuée de chauves-souris suicidaires. À force de pratique et de concentration, la nécromancie permettait d'accomplir des prouesses bien plus fines et délicates qu'un banal inferius gémissant ; c'était presque poétique : une goutte de sang pour tout paiement. Lors de notre dernière soirée, je révélais à Ronald l'existence des Limbes et surtout de leurs effets. Le jeune Weasley savait maintenant pourquoi je surgissais de nulle part. Car je surgissais en effet de nulle part. Ce monde des morts était un trou, un puits sans fond d'éternité. Seul un véritable Manzazuu en avait la clef.

Vint enfin le moment tant attendu : la rencontre avec le Roi Chiron. Le soleil n'était pas encore à son zénith lorsque j'intimais l'ordre de stopper toute avancée. Le martellement des sabots. Chaque jour et chaque nuit on pouvait les entendre, tantôt lointains, tantôt proches, toujours invisibles ; pas même une ombre fugace. Aujourd'hui ils étaient encore plus près que d'ordinaire, j'ai tourné la tête vers la gauche : une crinière noire comme la nuit disparue derrière un orme. L’écho de la cavalcade décru, puis s'éteignit complètement.


-C'est le moment de nous préparer, Ronald Weasley. Le campement est à moins d'une demie lieue.
J'ai jeté mon sac par terre et entrepris de retirer ma cape, ainsi que ma bure. Je me mis torse nu et rangeais ma baguette dans mes vêtements. D’innombrables tatouages de prisonnier, bleuis par le temps, ornaient ma peau, vestige d'une vie sacrifiée pour le bureau des aurors. Il y avait aussi un matricule inscrit sur ma clavicule gauche, ainsi qu'un nom ''Coffin.'' J'enterrais mes affaires sous le tapis de feuilles mortes qui entourait une souche pourrie. Je me relevais, toisant Ronald en croisant les bras.
-Il y a un vieux dicton moldu qui dit qu'à Rome on doit faire comme les romains. Faites-moi confiance : il s'agit d'une rencontre diplomatique, vous n'aurez pas besoin de baguette magique, juste de votre esprit.

Je n'eus pas à marcher longtemps pour tomber sur le campement des centaures. La forêt débouchait sur un champ de troncs fraîchement coupés et de souches mise à nues. Les rondins étaient entassés de façon grossière, vaguement sphérique, autour de hautes habitations en terre cuite aux toits recouverts de mousses et de branches. La palissade comportait une ouverture faite de larges portes taillées dans du chêne. Une tête émergeait de l'étrange construction. Un crâne rasé, un front proéminent, deux yeux bruns animés d'une féroce brutalité.

-Vous n'êtes pas chez vous, humains. Retournez d'où vous venez.
Il avait dit ça comme s'il crachait une insulte. Je fis un geste de la main apaisant en direction de Ronald, puis je sortis de ma poche une natte de cheveux noirs et secs.
-Je suis Gwydion. Rétorquais-je d'une voix forte et assurée. Mon ami et moi avons entrevue avec ton Roi.
-Je sais parfaitement qui tu es, Nécromancien. Là, il cracha réellement par terre. Nous ne voulons pas de toi ici, pas maintenant. Nous ne voulons d'aucun humain. Repartez.
-Les enfants d'Ixion n'auraient-ils aucun honneur ? M'écriais-je en brandissant la natte. Seraient-ils de ceux qui renient traditions et serments ? Laisse-nous entrer ou condamne les Sabots de Fer au parjure.

Le garde claqua sa langue. Ses mains semblèrent manipuler un objet métallique dissimulé par la palissade. Il se ravisa, après quelques secondes de réflexion. La tête flotta jusqu'à la porte, on put entendre le madrier coulisser le long des parois. Le garde donna un coup et celles-ci s'ouvrirent, le dévoilant dans toute sa hauteur. Le centaure était nu, à l'exception d'une ceinture autour de son torse humain. Un xiphos y pendait, dans son dos reposait un arc et un carquois. Il croisa les bras sur ses imposants pectoraux.

-Rentrez. Mais je vous aurais prévenu : ce n'est pas le bon moment.
-Ça ne l'est jamais. Je me tournais alors vers Ronald pour lui murmurer quelques mots à l'oreille. Quand nous serons à l'intérieur laissez-moi parler et observez.

Je ne doutais pas un seul instant des capacités de Ronald Weasley à amadouer ces hybrides. Certains traits de caractère de l'Insurgé étaient également partagés par ces féroces guerriers, notamment une propension à battre du poing sur la table pour souligner un argument. D'une façon ou d'une autre, la réussite de cette rencontre dépendrait avant tout du Roi Rouge.

Ce qui me frappa ce fut le silence. Le camp semblait mort. Non loin, sur un carré de terre poussiéreuse, deux centaures s’entraînaient au maniement de la lance, sans grande conviction. Je crus apercevoir furtivement une femelle, esquisser brièvement un coup d’œil discret à l’extérieur de la haute hutte qui l'abritait. Aucun poulain. Mais le pire ce fut l'odeur, un mélange atroce de crottin et d'eau croupie, une nuée d'insectes nécrophage envahissait l'air.

J'aperçus alors l’attroupement de plusieurs mâles atour d'un de leur congénère. Je voyais difficilement ce qui se passait, ils étaient tous debout, lui semblait couché sur côté. Je dus m'approcher encore pour apercevoir distinctement à qui appartenait cette longue tignasse blanche et la barbe argentée. Quelques guerriers relevèrent notre présence et, après un coup d’œil rapide au garde qui nous avait laissé entrer, daignèrent s'écarter ; non sans susurrer quelques mots peu amènes envers notre espèce. Je me suis avancé, de moins en moins rassuré par ce que je m’apprêtais à voir ; l'odeur était insoutenable.


-Bonjour à vous, Roi Chiron, Maître des bois et Souverain des Sabots de Fer. Puissent les dieux vous apporter chance et fortune.
Le vieux centaure tourna vers moi un visage défait et blême, son regard bleu lançait des éclairs de folie.
-Ce sont donc eux les artisans de mon malheur ?
Il tenait, blotti contre lui, le corps d'un autre centaure plus petit. C'était une jeune femelle. Étant donné l'état de décomposition avancée, elle avait dû mourir moins d'une semaine auparavant ; elle était boursouflée et grouillait de vers.
-Et merde... Murmurais-je, les dents serrées.
-Es-tu là pour réparer leurs torts, Nécromancien ? Repris Chiron d'une voix éraillée par les larmes. Ou es-tu là pour bouger tes petits pions. Il désigna Ronald du doigt. Ma fille est morte de la fièvre des marais... Un infâme fléau que vos restrictions territoriales ont engendré. Il faudrait maintenant que je baise la main qui m'a privé de descendance ?
-Je comprends votre douleur, Roi Chiron mais...
-Non. Tu ne peux pas, Nécromancien... Ses yeux étaient injectés de sang. Depuis combien de temps était-il resté ainsi, avachi sur le corps de son enfant ? Mais tu peux réparer. Oui, ça tu peux le faire. Et tu vas le faire, car je te l'ordonne.
Chiron se releva brusquement. La carcasse de sa fille roula par terre. Son bras puissant me projeta sur elle.
-Ramène-la ! Arrache-la aux griffes d'Hadès !
-Mon Roi ! Tenta un des centaures. Il s'agit de la magie des hommes, vous ne pouvez demander une chose pareille. C'est de la dépravation.
-Si je le peux ! Je mettrais tout en œuvre, même si notre tribu doit-être condamnée à la nuit.
-Roi Chiron, vous vous doutez bien que nous sommes venu ici dans un esprit de paix, et donc sans baguettes...
-Infâme chien manipulateur... De mèche, vous êtes tous de mèche !

Chiron ruât. Je vis un sabot se rapprocher de mon visage, puis ce fut le noir complet.

***

Herpo fit un vol plané d'un mètre et s'affala aux pieds de Ronald, effarouchant les mouches bleues qui bourdonnaient paisiblement. Une large entaille barrait son front. Chiron était déchaîné.

-Mettez-les aux fers ! Hurla-t-il.

Les guerriers de Chiron se jetèrent des regards inquiets. Inconscient, Herpo serrait toujours dans sa main le crin remit jadis par le Roi. Ce dernier était implacable, serrant sa main immense sur le pommeau de son épée. Les centaures se résignèrent, certains baissèrent leurs lances sur Ronald, d'autres dégainèrent leur xiphos. Le garde qui avait ouvert les portes s’approcha avec une corde et entreprit de ligoter le nécromancien.

Chiron s'avança vers l’Insurgé, un sourire dément révéla ses dents gâtées.


-Alors, petit homme, on essaye de monter d'indomptables canassons ? Prends garde de ne pas chuter.
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