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sujet; [Début Juillet 2002] ~ Qui s'y frotte s'y pique

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SBAM

« JOURNEE DE MERDE ! »

La chaise que venait de balancer Wes s'était fracassée contre le mur du bureau des Rafleurs. Ce n'était pas souvent que le chasseur perdait ses nerfs. Mais il faut dire que Keane, son acolyte Rafleur, venait de lui annoncer une bien mauvaise nouvelle. Le groupe de "punks à chienr" qu'ils traquaient depuis plus d'un mois maintenant venait une nouvelle fois de leur filer entre les doigts. A chaque fois qu'ils avaient assez d'éléments pour les coincer, ces petits malins trouvaient une faille pour s'évaporer. Cela inquiétait et énervait passablement Wes. Il n'avait jamais été mis en échec durant une chasse. Oh bien sûr il se pouvait que quelques fuyards jouent avec lui et sa « meute », mais le jeu ne durait jamais trop longtemps. Là ces misérables avortons le narguait, il le savait. Il prenait beaucoup de plaisir à traquer, et quand quelque chose lui résistait il n'aimait pas ça.

« Tu peux me dire Keane comment tu as pu les laisser filer ? On devait les prendre ce soir près de Southampton »

« Euh...Hum...Gallag' tu sais bien...la même chose ...on croit tenir leur repaire et finalement il s'agit d'une ruse. »

« BORDEL ! Je n'arrive même pas à remonter leurs foutus traces. A croire qu'ils sont moldus un jour et sorcier l'autre. Ou alors si je les sens, mais impossible de les trouver. »

« En revanche, j'ai peut-être quelque chose. On a récupéré ça sur le lieu possible où ils ont créché. »

Keane fouilla quelque chose dans sa veste brune. Il tenait entre ses doigts une minuscule fiole.

« Une potion ? En quoi cela va nous donner des indices ? »

« Attends. Sens moi un peu ça. »

Exaspéré, Wes prit d'un coup sec la fiole et la flirter avec ses narines. A première vue rien de particulier. Racine de mandragore, tue-loup, adamite et … non … des ouefs de ….

« Serpencendre ? »

« Tu le sens aussi ? J'ai pensé à ça aussi et ... »

« Il n'y a pas de beaucoup de sorciers qui utilisent des potions de Dissimulation...avec ce genre d'ingrédient . C'est très efficace mais mal préparé, tu peux être dissimulé...à jamais. »

« Effectivement. Du coup tu vois à quoi je...Eh où vas-tu ? »

Bousculant Keane, Wes sortit en trombe du bureau des Rafleurs. Assez perdu de temps dans la paperasse et la bureaucratie. Place à l'action. Mais pour cela il avait besoin d'éplucher quelques dossiers. Une seule personne qu'il avait capturé utilisait la potion qu'il avait sentit. Si ce n'était cette personne, cela devait être un parent proche ou une connaissance. Quand on est si calé en potion, on ne divulgue pas des potions border-lines à n'importe qui.

Wes marchait d'un pas décidé à travers les services. Bureau de l'usage abusif de la magie, bureau de la brigade de la police magique … Où était ce foutu serv... Ah enfin ! Service du renseignement et du contre-renseignement. Il n'avait aucune idée sur qui il allait tomber, il passait tellement peu de temps au bureau. Wes frappa à la porte. 1 seconde. 2 secondes. 3... Damned personne ne daigne réponde quand on est pressé. Allez hop tant pis. Wes ouvrit la porte, de manière un peu forte.

« Bonjour, excusez moi de vous déranger dans votre...travail, mais j'aurais besoin urgemment de toutes les informations concernant Ralf Brozovic. »

Ralf Brozovic. Il en connaissait pas mal sur le loustic. Un sorcier venu des Balkans, qui n'était pas en Angleterre depuis peu, mais qu avait mis pas mal de Veracrasses dans les pattes de Wes. Il pensait au début que cet hurluberlu était un insurgé, mais il s'agissait en fait plus d'un loup solitaire. Et ce genre de personnage excentrique sans foi ni lo était  les plus difficiles à capturer. Il croyait s'en être définitivement débarrassé il y a 6 mois, en le stupefixiant alors qu'il préparait une de ses énièmes potions. Ce type n'était pas un alchimiste, c'était une bombe humaine. Wes avait d'ailleurs perdu un homme en le pourchassant. Il devait être sous les verrous désormais, du moins il l'espérait.

En parlant de Wes, ne se serait-il pas présenté à l'hôte du bureau ? Il se pourrait bien. Quand le Gallagher était sur une piste il ne voyait rien autour de lui. Pas même la belle créature au teint noir qui se tenait devant lui.


Dernière édition par Wes Gallagher le Lun 3 Aoû 2015 - 12:15, édité 2 fois
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Hécate travaillait à son bureau depuis le début de la matinée, absorbée par un dossier à transmettre en urgence au service judiciaire chargé des procès.
L'affaire sur laquelle elle s'échinait depuis maintenant près de deux heures et trente minutes n'était à y rien comprendre et ne représentait qu'une bouillabaisse de contradictions, mensonges, pistes et contre piste.
Prenez des jumeaux. Mettez en un chez les insurgés et un dans les rangs de la population dite respectable, employé au sein des services de douane. Mêlez y un imperium ou deux, pas mal d'Orviétan, un usage abusif de pensine ainsi que de sortilèges d'oubliette et qu'obtenez vous? des enquêteurs incapables de dissocier le jumeau maléfique et féru de rébellion de son malheureux frère devenu au fil du temps la carte à sacrifier en cas de problème. Qui entrait au département? qui en sortait? le bon ou le mauvais frère? leur propre mère n'arrivait plus à faire la différence et même une confrontation des deux n'avait mené à rien.
Ils étaient en train de se faire embobiner par un duo de chapi-chapeau, et Hécate avait horreur qu'on la prenne pour une demeurée. Alors elle reprenait tout depuis le début et traquait le moindre indice susceptible de mettre fin à cette mascarade.
Par Merlin et tous les saints, elle ferait payer à ce petit malin jusqu'à la dernière de ses heures de sommeil gâchées.

Peut-être cet état d'esprit tout au plus relativement volatile fit qu'elle n'entendit pas toquer à l'extérieur de son bureau. Toute à son travail, elle traça du bout de sa plume un trait irrité et poursuivit sa tâche. Quand la porte du bureau s'ouvrit, elle fit chauffer ses cordes vocales. Si Buggle, l'idiot du niveau deux, apparaissait pour la sixième fois dans le cadre de cette porte pour lui demander la moindre information, elle allait hurler si fort qu'elle en rendrait Lestrange jaloux et Rookwood vert de frustration. Mais alors qu'elle préparait déjà un cocktail molotov d'insultes, elle entendit la voix de son interlocuteur.

Grave. Pressée mais égale dans ses intonations, agréable.

« Bonjour, excusez moi de vous déranger dans votre...travail, mais j'aurais besoin urgemment de toutes les informations concernant Ralf Brozovic. »

Tiens donc. Une personne connaissant les rudiments élémentaires de la politesse. Ces spécimens là se faisaient rare au niveau deux. Hécate en resta clouée un moment et même Legba, dans toute sa splendeur méprisante de chat abyssin, resta calme. Il était grand, bien bâti et était vêtu d'une manière surprenante pour une personne aussi policée: une veste d'un noir aux reflets bronze -caractéristiques de certains cuirs de dragon-, un tee-shirt noir, un pantalon de jean sombre ayant visiblement traversé bon nombre d'intempéries et des bottes en ayant subi plus encore. Rafleur. Seuls ces derniers se promenaient dans le ministère avait l'air constant d'être sur le pied de guerre. Hécate leur enviait la décontraction à laquelle ils étaient autorisés tandis qu'elle même et ses autres collègues féminines se devaient de ressembler à des oiseaux de mauvaise augure perchées sur des échasses. S'attardant quelques secondes sur son visage, elle en remarqua les traits droits mais ce fut les yeux qui la marquèrent: il brillait dans ces iris bleues une étincelle de franchise, de droiture. Or "droiture" et "rafleur" étaient généralement des termes antinomiques. Tout comme "rafleur" et "politesse". Qu'est ce que c'était donc que ce modèle là?

-Bonjour, répondit-elle en inclinant la tête, entrez je vous en prie.

Elle se leva et ouvrit son armoire personnelle d'un coup rapide de baguette. cherchant parmi ses dossiers, elle attrapa celui portant la mention "Brozovic" avant de le feuilleter. Elle avait l'habitude de faire patienter les gens qui venaient lui demander des choses, à l'exception bien entendu de ses supérieurs. En bonne enquêtrice, elle surveillait attentivement ce qui entrait et sortait de son bureau et se tenait au courant des dossiers en cours, y compris chez ses -si charmants- collègues rafleurs. Ils avaient l'habitude de prendre sans rendre et c'était, comme dirait son mentor "une putain de sale manie".

-Brozovic...né à Sarajevo, études de médecine et de botanique...emploi à Budapest, immigration...Liverpool, Essex, Stamford, Londres...votre homme a eu la bougeotte....et apparemment il l'a toujours. Arrêté il y a six mois, évadé et en fuite depuis trois.


Hécate leva les sourcils en continuant de lire, se rapprochant de son bureau.

-Expert en potions, poisons, bombes artisanales et faune sauvage...il doit se fondre dans la campagne anglaise aussi efficacement qu'un chêne.

Daignant lever les yeux vers Wes, Hécate ferma le dossier pour lui signifier qu'elle n'était pas prête à le lui donner immédiatement et déclara d'un ton léger mais ferme:

-Je vais avoir besoin de votre nom pour vous donner ce dossier, et d'une très bonne raison de le faire. Le cas Brozovic est actuellement en cours d'analyse et les rafleurs ont été incapables de trouver un semblant de piste depuis trois mois, alors à moins que vous ne me fournissiez la preuve que vous êtes le mieux placé pour traiter cette enquête, vous devrez repartir bredouille.

Ah la guerre des services. La sacro sainte croisade des plates-bandes.
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Le service de Renseignement semblait moins austère que ce que Wes aurait pu penser. La séduisante femme noire ne semblait pas avoir pris en compte la manière un peu « bourru » qu'il avait eu de pénétrer dans son bureau. Pourtant c'était simple comme bonjour de dire … bonjour. Mais bref nous nous égarons, car pendant ce temps l'employée de bureau se retourna en direction de son armoire et saisit un dossier. Surêment le cas Brozovic. Bien, bien, bien, elle n'avait plus qu'à le donner à Gallagher et le tour serait joué. Il allait éplucher tout les liens entre Brozovic et les sorciers qu'ils cotoyaient, remonter la piste et arrêter ce groupe de fuyard.

« Alors ? » s'empressa le Rafleur

L'employé commença alors à parcourir le dossier, mais il semblait qu'elle le connaissait déjà sur le bout des doigts. Ils avaient enfin trouvé de la matière grise dans ce service.


« Brozovic...né à Sarajevo, études de médecine et de botanique...emploi à Budapest, immigration...Liverpool, Essex, Stamford, Londres...votre homme a eu la bougeotte....et apparemment il l'a toujours. Arrêté il y a six mois, évadé et en fuite depuis trois. »

Evadé ? Wes fronça les sourcils pendant que la jeune femme continuait son inventaire. Nom d'un goule, il avait mis tellement le temps à le coincer ce fou... Il était même allé faire un tour en Serbie et en Bosnie pour remonter sa piste. Et voilà qu'il venait de s'échapper. Si le Wolf et sa meute capturaient des criminels en puissance, ce n'était pas pour repartir à la chasse trois mois après.

« Expert en potions, poisons, bombes artisanales et faune sauvage...il doit se fondre dans la campagne anglaise aussi efficacement qu'un chêne. »

La sorcière ferma le dossier et daigna donner un regard à Wes. Qu'est ce qu'elle attendait ? Si Brozovic était en fuite la procédure était simple, les Rafleurs allaient faire le sale boulot puisque le service de la justice magique n'était pas capable de garder quelqu'un dans ses geôles. L'artificier n'avait même pas du avoir le luxe de séjourner à Azkaban, depuis que le Magister était au pouvoir c'était un peu la crise du logement là-bas.

« Je vais avoir besoin de votre nom pour vous donner ce dossier, et d'une très bonne raison de le faire. Le cas Brozovic est actuellement en cours d'analyse et les rafleurs ont été incapables de trouver un semblant de piste depuis trois mois, alors à moins que vous ne me fournissiez la preuve que vous êtes le mieux placé pour traiter cette enquête, vous devrez repartir bredouille. »

Non mais pour qui elle se prenait cette avortone. Wes, la mine renfrogné, se dirigea vers elle et posa ses mains le long du bureau, comme si il était son supérieur et allait lui apprendre quelque chose. Notamment qu'on ne doute pas des qualités de Wes Gallagher quand on est pas foutu de garder un oiseau en cage.

« Mon nom est simple. Wes Gallagher. Rafleur depuis 5 ans maintenant. 446 arrestations à ce jour. Et la raison pour laquelle vous allez me donner ce dossier c'est parce que c'est moi qui est arrêté ce fils de … la première fois. Enfin bref ! Ce département n'a pas été foutu de le tenir en laisse et n'as pas été foutu de m'avertir ! »

Wes soutint le regard de l'employée de manière féroce. Il n'avait pas que ça à faire de jouer aux devinettes, mais cette petite devait avoir besoin d'une bonne leçon. Elle était très forte pour trouver un dossier dans une armoire, mais cette jeune fille devait être la sang-pur à son papa Mangemort qui l'avait placé là en attendant qu'elle puisse jouer à « Insurged Doloris ». Mais elle ne savait rien du monde, rien.

« Vous me faites perdre mon temps mais je vais quand même vous donner une bonne raison de me donner ce dossier. Mon équipe et moi nous venons de retrouver du Serpencendre sur des « potions » de Dissimulation.  Il n'y a qu'un homme assez fou pour utiliser cet ingrédient dans la composition de cette potion. Nous ne pensions pas que nous aurions à faire une nouvelle fois à ce malade des Balkans, qui n'a de maître que lui même. Du coup maintenant que je suis certain que c'est lui et que je connais le cas par coeur, vous allez pouvoir me donner ce dossier. A moins que vous ne soyez plus forte que moi pour arrêter ce bomberman, mademoiselle … ?  »


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Hécate le laissa plaquer ses mains sur le bois de son bureau et se pencher au dessus d'elle comme un rapace. Haussant un sourcil elle croisa les jambes et soutint son regard d'un air qu'on aurait pu qualifier de profondément irrité.
Elle avait trois règles d'or:
Ne pas entrer sans frapper.
Ne pas la regarder de haut.
Et surtout, ne pas entrer dans son espace vital comme un Hun dans l'empire de Chine.

Ce...Wes Gallagher, venait de violer deux de ces immuable lois. Hécate avait déjà commencé à pianoter sur la table du bout des ongles, geste chez elle éminemment menaçant, lorsque le rafleur versa la goutte de trop, ou plutôt le tonneau de trop.

- Vous me faites perdre mon temps mais je vais quand même vous donner une bonne raison de me donner ce dossier. Mon équipe et moi nous venons de retrouver du Serpencendre sur des « potions » de Dissimulation. Il n'y a qu'un homme assez fou pour utiliser cet ingrédient dans la composition de cette potion. Nous ne pensions pas que nous aurions à faire une nouvelle fois à ce malade des Balkans. Du coup maintenant que je suis certain que c'est lui et que je connais le cas par coeur, vous allez pouvoir me donner ce dossier. A moins que vous ne soyez plus forte que moi pour arrêter ce bomberman, mademoiselle … ?

Les yeux d'Hécate se plissèrent jusqu'à devenir deux fentes noires et brillantes. Ah elle lui faisait perdre son temps? A con, con et demie dans ce cas.
S'il y avait bien un attitude qui mettait Hécate hors d'elle, c'était le mépris. Il n'était pas le premier homme charpenté et drapé d'arrogance à débarquer dans son bureau et à exiger des choses, la prenant sans doute pour une secrétaire quelconque ou une archiviste, et il n'était très certainement pas le plus terrifiant. Il y avait au niveau deux des individus infiniment plus menaçants que sa petite personne. La jeune femme aurait pu l'envoyer sur les roses sans autre forme de procès mais elle avait le défaut d'être hautement perméable aux défis et autres provocations. Se levant très lentement, elle se pencha vers lui à son tour, le forçant à reculer et lui jeta un regard noir derrière lequel on pouvait très nettement percevoir la colère qui était en train d'arriver, sourde, grondante, dévastatrice.

-Shacklebolt, lâcha-t-elle, tranchante.

Avec un sourire tellement acide qu'il aurait pu faire fondre la chair, la sorcière croisa les mains sous son menton, le rictus n'atteignant pas ses yeux, toujours assassins.

-Je crois que vous ne comprenez pas bien la situation, Monsieur Gallagher. Vous êtes en train de me faire perdre mon temps et au risque de vous surprendre, ce dernier est précieux. Je n'ai pas attendu votre bon vouloir pour me pencher sur le cas Brozovic. Vous ne "pensiez pas de nouveau avoir affaire à lui"? Surprise, surprise! il ne suffit pas d'écumer les forêts comme des chars d'assauts ukrainiens en tirant à qui mieux mieux pour éliminer une menace mais visiblement, vous ne "pensez pas"! je ne vous en tiendrais pas rigueur si vous n'aviez pas le culot de débarquer dans mon bureau pour me réclamer le dossier d'un homme évadé durant son transfert sous la garde de votre service!

Le dernier mot d'Hécate fut accompagné d'un geste violent: elle claqua la main sur le bois de son bureau, le bruit sec et profond retentissant comme un coup de fouet dans la pièce exigue. De sa taille somme toute minuscule, Hécate toisa Wes et se retourna avant de saisir un tas de fiches classées dans une pochette brunâtre et portant la mention "documents classifiés - Accès restreint". Les yeux d'Hécate étincelaient d'une rage contenue et transperça Wes du regard, ses traits fins et ses cheveux d'encre parfaitement coiffés lui donnant l'espace d'un instant l'apparence d'une reine outragée, prête à faire s'abattre ses foudres sur le royaume.

-Vous vous pensez malin, n'est ce pas Monsieur Gallagher? voyons qui de nous deux joue dans la cour des grands,voulez vous?

Ses doigts aux ongles ovales ouvrirent une première fiche.

-Si vous traquez une proie, apprenez à la connaître intimement. Ses envies, ses peurs, ses habitudes, ses pêchés mignons, ses addictions, ses plaisirs coupables. Aucune proie ne peut effacer complètement ce qu'elle est, il y a toujours une empreinte laissée, une signature à rechercher non dans ce qu'elle fait, mais dans ce qu'elle est. Vous traquez un renard comme on traque un sanglier...Ralf Brozovic, mieux connu sous le nom de "l'artificier des Balkans", hauts faits d'armes en matière de destruction de biens publics, né en Bosnie Hérzégovine au sein d'une famille de sang mêlés. Père instituteur et chrétien orthodoxe, mère experte en botanique à l’hôpital magique de Sarajevo. Un frère aîné, un frère cadet, morts tous les deux à ce jour au cours de conflits régionaux. Suite à ces décès, Monsieur se met à boire, Madame se perd dans le travail et finit par se trancher les veines avec des éclats de miroir, le pauvre Ralf se trouve livré à lui même. Et que se passe-t-il quand on est livré à soi même? on se mets dans de sales draps! premier attentat un an après la mort de son frère et première erreur.  Savez vous ce qui arrive quand on fabrique une bombe chimique à base de venin de goule sans savoir ce que l'on fait? On se met en danger. Brozovic a été brûlé par sa création ce jour là et le venin de goule lui a brûlé la peau au troisième degré. Dommage quand on sait que le dit venin provoque une réaction allergique grave à toute forme de soleil. Nous avons donc un homme noctambule.

BLAM.

Elle avait jeté la première fiche sur la table d'un geste sec et sans même jeter un oeil à Wes, elle poursuivit:

-De très nombreuses potions ne peuvent se fabriquer sans un nombre d'ingrédients rares, fournis exclusivement par le marché noir. Comment s'y rend-il sans se faire remarquer me  demanderez vous? c'est assez simple: soit cet homme se fait fournir, soit il utilise du polynectar. Et vu l'impressionnante quantité de mêches de cheveux  que nous avons retrouvé dans son ancien repère,étiquetées avec le nom, prénom et adresse de leur possesseur je penche pour la seconde option. J'ai fouillé nos registres: il repère des foyers d'hommes célibataires à la condition physique semblable à la sienne et "emprunte" leur identité voire leur domicile lorsqu'il ressent le besoin de passer sous le radar. Lorsqu'il fuit une de ces cachettes, c'est toujours le même scénario: un appartement impeccable et un propriétaire désorienté, ayant subi un imperium en règle et un sortilège d'oubliette. Brozovic se cache en ville, parce que c'est le dernier endroit où vous penserez à aller le chercher.

BLAM.

-Et le meilleur pour la fin. Ralf Brozovic possède quelque chose qui est passé sous vos énormes nez, tout simplement parce que vous n'êtes pas fichus de renifler autrement que comme des cochons truffiers: UN FOUTU TROUBLE MENTAL, PAR MERLIN! laissez moi vous citer le rapport du médecin qui s'est occupé de lui suite au décès de sa mère: "Le patient semble victime d'un trouble anxieux spécifiquement dirigé contre les miroirs et autres surfaces réfléchissantes. Lors des interrogatoires, il a prétendu y voir l'image de sa mère voire d'autres personnes. Avons sans doute affaire à une forme de syndrôme post traumatique débouchant sur une démence comprenant hallucinations visuelles et auditives. La confrontation avec un miroir ou tout autre objet déclencheur provoque chez le patient une réaction psychotique, hautement agressive qui se solde par la destruction de l'objet". Rapport du médecin de la prison lors de sa première incarcération en Serbie: même chose. Tout comme celui des médicomages de Budapest, et de celui de Ste Mangouste , qui s'est occupé de lui en Angleterre suite à un accident sur le chemin de Traverse.

BLAM.

Les lèvres sombres d'Hécate s'étirèrent en un sourire de mauvaise augure.

-Vous recherchez un homme citadin voire probablement londonien car ayant besoin du marché noir de la capitale, célibataire, entre 45 et 50 ans, s'étant brusquement coupé de son entourage habituel, allergique au soleil et fracassant des miroirs à tour de bras. Oh...et fréquentant les lieux de culte orthodoxes. Une aiguille dans une botte de foin? Pour vous peut-être. Pas pour moi.

Cette fois, Hécate s'empara de la dernière fiche et la jeta par dessus toutes les autres.

-Murphy Coleman. 46 ans, célibataire, sans famille proche, domicilié à Camden, ancien fabriquant de poudre de cheminée longue distance  -désormais en faillite- et depuis peu employé aux étables, dans une boutique de plumes ensorcelées . S'est présenté à son travail pour la dernière fois il y a deux mois et demie et a depuis coupé les ponts avec ses anciens collègues, ses amis et même le club d'aide à la jeunesse de quartier qu'il avait co-fondé. Excuse officielle: pneumonie draconique aggravée. Sauf qu'il apparaît que notre ami Coleman a fait rénover son atelier-laboratoire pour la très coquette somme de 200 gallions. Étrange pour un homme en faillite. Deux plaintes pour tapage nocturne à son encontre depuis et un fait pour le moins étrange: toutes les fenêtres de la maison sont désormais occultées. Il a prétendu que le soleil entravait sa guérison, et je le croirais s'il n'avait pas vendu l'argenterie de sa pauvre mère et surtout tous les miroirs de famille, pour arrondir ses petites économies. Avouez que les choses s'accumulent.

Legba, le chat d'Hécate, feula en direction de Wes comme pour se moquer de lui et Hécate s'assit de nouveau.

-Il utilise l'ancier atelier de Coleman comme laboratoire et cache les vitres pour se protéger du soleil et des reflets du verre. Oh et à propos de Serpencendre...une boutique d'animaux exotiques de Camden a récemment signalé un cambriolage: trois cobras, deux crotales et même un magnifique anaconda. Disparus sans laisser de trace. Dites moi, je ne suis qu'une béotienne: obtient-on bien le Serpencendre en brulant le cervelet des reptiles dans du sang vicié et du suc de Mandragore?...je n'y connais rien.

Sourire.
Morsure.
Hécate était presque parfaitement semblable aux alligators dont elle tenait son patronus et sa protection: immobile sous le soleil, parfois aussi silencieuse qu'une ombre, elle pouvait sembler inoffensive mais jamais elle ne dormait et jamais elle ne relâchait son attention. Elle attendait, observait, calculait et fondait sur sa victime en une fraction de seconde pour la déchirer à coups de crocs.
Si Wes n'avait pas vu l'éclat reptilien dans ses yeux quand il l'avait regardé pour la première fois, il le discernait désormais assurément et elle espéra pour lui que tout rafleur qu'il était, il n'aurait pas stupidité de continuer cette petite démonstration de force. Rabastan Lestrange avait ordonné à la jeune femme de ne plus jamais attaquer de mangemort, mais si besoin était, elle se ferait un plaisir de renvoyer cet intrus d'où il venait à coup de pieds dans le postérieur. Elle n'avait pas survécu 26 ans pour se faire dicter sa conduite par cet énergumène hirsute qui semblait se gargariser de connaître les champignons sauvages de la campagne anglaise comme s'il eut s'agit d'un exploit.

-Si vous décidez d'aller le cueillir comme une fleur des champs avec votre délicatesse coutumière vous feriez mieux de faire vite. Il reste rarement aussi longtemps au même endroit et j'ai bien peur que sa couverture ne s'effrite bientôt. S'il se sent acculé, il mordra et vous le perdrez. Encore.

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Le département de régulation des créatures magiques se laissait aller. Il avait impunément libéré une furie dans le bureau des renseignements magiques, et c'est Wes Gallagher qui devait en faire les frais. Le sourire acide et le regard mauvais, le Traceur venait de réveiller une bête qui sommeillait dans les marécages de la Nouvelle-Orléans. Son nom : Hécate Shacklebolt.

- Je crois que vous ne comprenez pas bien la situation, Monsieur Gallagher. Vous êtes en train de me faire perdre mon temps et au risque de vous surprendre, ce dernier est précieux. Je n'ai pas attendu votre bon vouloir pour me pencher sur le cas Brozovic. Vous ne "pensiez pas de nouveau avoir affaire à lui"? Surprise, surprise! il ne suffit pas d'écumer les forêts comme des chars d'assauts ukrainiens en tirant à qui mieux mieux pour éliminer une menace mais visiblement, vous ne "pensez pas"! je ne vous en tiendrais pas rigueur si vous n'aviez pas le culot de débarquer dans mon bureau pour me réclamer le dossier d'un homme évadé durant son transfert sous la garde de votre service!

BAM. Ce n'était pas Wes qui venait de faire les frais de la colère de la sorcière métisse, mais bien heureusement son bureau. Gallagher aurait bien voulu réagir, mais il savait que la furie n'en avait pas terminé. D'abord surpris par le caractère de cette employée de bureau, il se contentait désormais de laisser passer l'orage, tout en répondant au regard menaçant de son vis à vis. Shacklebolt avait plus d'un tour dans son sac, et elle avait décidé de mettre Wes plus bas que terre.

Là encore le chasseur n'était pas impressionné. Il la toisa du regard durant son exposé. Bosnie... Mort des proches de Brozovic... Des bombes à base de venin de goule... Et en plus elle osait l'interroger ? Qu'est ce qu'elle croyait ? Que Wes allait être impressionné par un personnel du Ministère savait lire un dossier ?

BLAM

L'ouragan était fini, Gallagher allait enfin pouvoir en placer une ....

BLAM

- Mademoiselle, si je pouv...

-Et le meilleur pour la fin. Ralf Brozovic possède quelque chose qui est passé sous vos énormes nez, tout simplement parce que vous n'êtes pas fichus de renifler autrement que comme des cochons truffiers: UN FOUTU TROUBLE MENTAL, PAR MERLIN! laissez moi vous citer le rapport du médecin qui s'est occupé de lui suite au décès de sa mère: "Le patient semble victime d'un trouble anxieux spécifiquement dirigé contre les miroirs et autres surfaces réfléchissantes. Lors des interrogatoires, il a prétendu y voir l'image de sa mère voire d'autres personnes. Avons sans doute affaire à une forme de syndrôme post traumatique débouchant sur une démence comprenant hallucinations visuelles et auditives. La confrontation avec un miroir ou tout autre objet déclencheur provoque chez le patient une réaction psychotique, hautement agressive qui se solde par la destruction de l'objet". Rapport du médecin de la prison lors de sa première incarcération en Serbie: même chose. Tout comme celui des médicomages de Budapest, et de celui de Ste Mangouste , qui s'est occupé de lui en Angleterre suite à un accident sur le chemin de Traverse.

BLAM

Ces dernières choses, Wes ne les savaient guère. Il n'était pas remonté si loin, et il avait abandonné ses recherches une fois qu'il avait mis sous les verrous Brozovic. La justice magique c'était ensuite occupé de lui, enfin pensait-il. D'après cette jeune ingénue, c'était le service des Rafleurs qui s'occupait du transfert de l'artificier des Balkans. Damned. Ces rapports étaient des mines d'or d'exactitude, mais la communication était encore un grand défaut de la bureaucratie. IL N'ETAIT PAS AU COURANT ! La mine soucieuse, Wes avait bien envie lui aussi de frapper la table, mais il concentra sa colère, comme souvent, et attendit la fin du monologue de la belle.

Comme si elle avait tout planifié, elle sortit une par une les informations qui manquaient à Wes pour mettre la main sur sa proie. Cela avait le ton de passablement énervé le Rafleur. Ce n'était pas une jeunette qui allait lui apprendre son métier. C'était lui qui était sur le terrain. Lui qui pourchassait les criminels ou bien des innocents gênants pour apporter un peu de stabilité à ce foutu bordel de monde magique.

-Si vous décidez d'aller le cueillir comme une fleur des champs avec votre délicatesse coutumière vous feriez mieux de faire vite. Il reste rarement aussi longtemps au même endroit et j'ai bien peur que sa couverture ne s'effrite bientôt. S'il se sent acculé, il mordra et vous le perdrez. Encore.

BLAM

- CA SUFFIT !

Cette fois c'était Wes qui avait testé la solidité du bureau. Sa main resta plusieurs secondes sur le bureau. Il tenta de trouver un peu de tranquillité pour mettre fin à ce petit jeu. Il détestait qu'on le prenne pour un imbécile, mais il savait aussi qu'il devait réserver sa colère pour d'autres tâches.

- Maintenant que vous avez fini votre petit numéro, on va pouvoir enfin avancer. Certes vous parlez beaucoup, vous savez beaucoup de choses, mais pendant ce temps ce fou court toujours. Et qu'avez vous fait mademoiselle Shacklebolt avec ces informations ? RIEN. Strictement RIEN !

BLAM

Wes put sentir le bois craqué sous l'impact non pas de sa main mais de son poing cette fois. Tout en gardant le même regard menaçant à Shacklebolt, le Traceur sembla enfin sortir de sa colère.

- BREF. Vous m'avez l'air moins sotte et plus dégourdie que l'ensemble du bureau des renseignements réuni. Vous avez des informations capitales en votre possession et on a jamais cru bon de m'en prévenir, alors que j'ai arrêté ce malade la première fois.  

Le Rafleur était certes agacé, mais un petit sourire venait d'esquisser sa joue. Cette Hermione Granger Miss-je-sais-tout ne connaissait pas toute la vérité.

- Si c'est bien du même Brozovic qu'on parle, et qu'il a pris l'identité d'un autre - encore une fois - je n'irai pas le cueillir comme une fleur chez lui tout de suite voyez-vous. Votre rapport mentionne t-il la première arrestation ? Bien évidemment non.

Wes toisa le chat du regard, comme pour lui signifier que c'était à son tour de déballer sa science.

- Comme je vous l'ai dit, j'ai perdu un homme sur le coup la dernière fois. Nous pensions arrêter un simple désaxé de plus, et comme la mission n'était pas prioritaire, c'était à nous les Rafleurs de nous en occuper. Là encore il avait utilisé l'identité d'un autre. Barbarus Sones. Il ne reste plus rien de lui, ni de sa maison d'ailleurs. A peine nous avions pénétré dans ce pavillon de Newcastle que les explosions avaient retentit de toute part. Un rafleur carbonisé avec six moldus et Stones. Un véritable échec que la justice magique a préféré écarté de ses registres, pour ne s'en tenir qu'au fait que je l'ai capturé.

Le chasseur tourna les talons et se dirigea vers la porte en tournant la poignée, puis il s'arrêta et s'adressa à Shacklebolt sans se retourner.

- Votre homme n'est pas chez Coleman ce soir. Et même si il y était je ne suis pas trop d'humeur à faire de barbecue. En revanche, je sais où il est. Mais si vous voulez me prouver que vous avez toujours raison, vous pouvez m'accompagner. A moins que cela ne vous fasse perdre votre précieux temps au bureau, à récolter des informations, sans aller sur le terrain.

L'homme des bois défierait-il la femme du bayou? Peut-être bien. Ce qui était certain c'est que le pyromane Brozovic était en fuite, sous l'identité d'un prénommé Murphy Coleman. Mais le polynectar ne cachait pas tout, et Wes connaissait la trace que laissai sa proie. Une légère odeur brûlé mêlé à de la folie.
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Il venait de taper sur son bureau.
Cet ours mal lâché et visiblement assez mal informé sur son caractère et sa propension à éjecter les gens de son bureau à coups de pompes aux fesses venait de taper du poing sur la table.
Trois options: éclater de rire, l'éclater tout court, rentrer dans son jeu.

La sonnette d'alarme commença à beugler dans le cortex cérébral de la jeune femme alors que le bouton "perméabilité aux provocations stupides" s'enclenchait, que la manette "orgueil" s'abaissait et que la colère venait y mettre son grain de sel ou dans le cas présent, de poivre.

Maintenant que vous avez fini votre petit numéro, on va pouvoir enfin avancer. Certes vous parlez beaucoup, vous savez beaucoup de choses, mais pendant ce temps ce fou court toujours. Et qu'avez vous fait mademoiselle Shacklebolt avec ces informations ? RIEN. Strictement RIEN !

Croisement de bras et croisement de jambes. La psychologie voit en ses gestes le signe viscéral d'une fermeture de l'attitude, d'une hostilité grandissante. Et dans le cas d'Hécate, la psychologie avait raison: elle n'avait rien fait de toutes ces informations pour la simple et très bonne raison qu'il lui avait fallu exactement trois mois pour les récolter, les compiler, les vérifier. En outre son travail n'était pas de faire celui des rafleurs, juste de les approvisionner mais il y en avait visiblement que cela dérangeait. Gallagher continuait de tempêter et Legba, perché sur son armoire, le vrillait des yeux comme si l'envie d'énucléer le personnage le démangeait. Hécate écouta. Ce n'était qu'un braillard de plus. Un rafleur bouffi d'orgueil de plus. Un autre. Elle ne se faisait pas au mépris, se voir qualifiée de "moins sotte" que le reste de ses collègues ne lui apportait aucune fierté et juste l'affreux sentiment d'être considérée avec paternalisme et dédain. Le dédain ne faisait pas bon ménage avec son égo. Et s'il rajoutait une goutte d'eau au vase déjà bien rempli dans lequel il versait joyeusement son fiel, Wes Gallagher allait le faire déborder et la faire exploser.

"Votre homme n'est pas chez Coleman ce soir. Et même si il y était je ne suis pas trop d'humeur à faire de barbecue. En revanche, je sais où il est. Mais si vous voulez me prouver que vous avez toujours raison, vous pouvez m'accompagner. A moins que cela ne vous fasse perdre votre précieux temps au bureau, à récolter des informations, sans aller sur le terrain. "

Que l'on oublie la goutte d'eau il venait d'exploser l'aqueduc. Pour la seconde fois de la journée. Sans se presser, elle ouvrit le tiroir qui se trouvait à sa gauche, avisa ce qui s'y trouvait et le prit dans la main. Le geste suivant fut trop rapide pour être anticipé et trop violent pour être contré. Un couteau s'envola à travers la pièce en sifflant comme un vent de mort et vint se planter à un centimètre des hautes pommettes du rafleur. Hécate observa l'arme alors que la garde se stabilisait et se leva avant d'aller la décrocher. Elle était comme d'habitude minuscule, du haut de son mètre cinquante cinq, mais pointa le couteau sous le nez de Gallagher en sifflant:

-La prochaine fois que vous vous permettrez d'insinuer que je suis une "sorcière d'appartement", elle vous atterrira entre les deux yeux. Vous ne seriez pas le premier.

Soyons honnête, elle avait un côté bravache mais savait parfaitement que jamais Rabastan ne l'autoriserait à planter un couteau de guerre vaudou dans le lobe frontal d'un de ses collègues marqués. Ce genre de débordements se payait beaucoup plus cher qu'une tape sur la main et elle n'aimait pas particulièrement le contrarier. Ce n'était pas que le directeur du niveau deux lui fasse réellement peur mais plutôt une question de confort: elle l'appréciait plus quand il était vivable et discutait avec elle sans placer un juron tous les deux mots.

Alors pas de couteau dans la tête pour Gallagher. Mais on pouvait vivre une oreille en moins...D'un geste, elle se détourna et ouvrit son armoire personnelle avant d'en retirer ce que les oldus appelaient un "sweat shirt" noir à capuche -parfait pour bouger quoi que l'on en dise- et des bottes au cuir tanné, qu'elle enfila rapidement à la place de ses talons aiguilles, vite et négligemment balancés dans un coin de la pièce. Fort heureusement pour elle, elle avait eu ce matin là l'idée lumineuse de mettre un pantalon. Attachant ses cheveux, elle attrapa sa baguette et la glissa à sa ceinture, puis, elle rangea le couteau dans une de ses bottes et siffla:

-Legba!

Le chat descendit souplement et se planta sur le bureau, son collier d'or tintinnabulant doucement alors qu'il penchait la tête sur le côté, la queue agitée de mouvements souples .

-Je vais chasser, apporte moi les petites têtes.

Chasser. Drôle de terme dont elle avait perdu l'usage. Elle adorait pourtant la chasse dans ses jeunes années. Chercher la proie, lui courir après, la faire tourner en bourrique en se rapprochant, puis en laissant juste assez de distance pour lui faire croire qu'elle allait parvenir à s'échapper puis l'épingler comme un insecte.
C'était une sensation grisante.Jouissive. Mais le plaisir était à ce moment masqué par l'irritation. Le chat fourragea dans un tiroir et ramena à Hécate trois ignobles têtes miniatures empaillées qui frémirent et dardèrent sur elle leurs orbites vides, leurs bouches cousues s'agitant pour parler.

-Qu'est c'que tu veux?
-Tu déranges on dormait!
-T'abuses, gamine, remet nous dans le coffre!

-Silence vous trois. Je vous confie le bureau. Si quelqu'un s'y introduit pendant mon absence, hurlez à lui en faire pêter les tympans. Sauf bien évidemment...
-Si c'est le boss. On connait la musique, fillette, suspend nous au plafond qu'on en finisse!
-Ca fait chier, faut se syndiquer!
-L'est mignon ton patron on en croquerait bien un bout! juste un doigt, juste une phalange hi hi!
-ET PUIS ENSUITE LA TETE!

-ALOUETTE finirent-elles toutes en choeur.
-La ferme! lança Hécate, ou je vous colle dans le formol!
-Pas le formol!
-Ca pue et ça colle!
-Ca va on va veiller, calmes ta joie!

Hécate sauta sur la chaise de son bureau et suspendit les trois petites têtes veilleuses et hurleuses au plafond avant de flanquer Wes hors du bureau sans ménagement et de fermer derrière elle.

-Voilà, fit-elle, vous me vouliez sur le terrain, j'y vais. Si vous vous attendiez à ce que je me rétracte, c'est manqué alors ouvrez la marche, ô puissant homme d'action!
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