« Home isn't where you're from, it's where you find light when all grows dark. » ♱ -Pierce Brown, Golden Son
Un baiser sur la joue. Tu le déposes comme une tendresse sucrée, ta main rencontrant son épaule avec douceur. Tu as retrouvé un peu de calme et accepté que l'enfant n'était plus, que Fred avait grandi. Petit garçon ou jeune homme, qu'importe puisque ton amour est trop grand pour s'emmurer derrière la glace de ton cœur ; il était le centre de gravité de ton nouvel univers. Parfois, en ouvrant les yeux le matin, tu lui soufflais : Dis, tu le sais que je t'aime ? Dans ce demi-sommeil qui changeait les sentiments en paroles. Rien ne ressemblait à votre amitié et tu savais pertinemment que pour lui, tu sacrifierais tout. Alors ta main se séparait de son épaule et tu fermais derrière toi la porte de l'atelier pour lui laisser un peu d'espace et de paix. Travailler dans la maison moldue perturbait ton environnement, tes habitudes et tu tâtonnais un peu pour trouver tes repères ; sur la table du salon, une petite gourmette d’or, quelques outils de gravure et un carnet encore ouvert. Sans Percy, il te semblait que tout était plus calme. Un peu vide, même. Fred était différent, tu n’aurais su dire en quoi. Ton regard sur lui, un peu changé, sans doute. La mort d’Ypsös t’avait fait comprendre l’importance de lui exprimer ton affection, parce qu’il pouvait t’abandonner à chaque seconde, te laisser seule, se lasser de tes barrières, comme chaque homme dans ta vie. Et si Fred était un homme, alors il était le plus important de tous ; celui de toute une vie.
Est-ce que tu avais besoin de solitude ? Non. Mais tu ne pouvais décemment pas lui imposer ta présence sans instant de répit, d’autant que tu t’interdisais d’observer certains de ses travaux, les estimant privés, réservés à son frère, à leur duo. Intruse. Les nuits longues et agitées perturbaient ton assurance bancale. Quand les cauchemars cesseraient-ils ? Tu te voyais sans cesse cause d’un danger mortel pour ceux qui te protégeaient, te traitaient en membre de la famille. Les Weasley, morts. Tu te considérais comme une menace, sans utilité qui plus est, une Marquée cachée qui n’avait pour but que de se terrer derrière les sortilèges, les objets enchantés. Tu n’étais même pas insurgée aux yeux du monde, pas démasquée, déclarée victime.
« Non Daeva, je ne préparerai pas de rat au goûter. C’est écoeurant. » siffles-tu à la créature qui t’expose sa proie encore vivante avec une délectation toute .. cruellement animale. T’installant sur une chaise, tu l’observes gober ledit rat avec un certain dégoût avant de consentir à décrocher ton attention du spectacle pour te concentrer sur la seconde tentative de la gourmette - ce cadeau commun qui te brisait le coeur. L’esquisse d’une colombe nacrée sur le métal soigneusement travaillé, en relief. Tu n’appliquerais pas les sortilèges, de peur de rendre toxique ce qui devait protéger, tu te contentais d’offrir l’esthétique, la finesse des courbes, de la bordure en délicates volutes. Tu voulais donner un aspect aérien au résultat final, comme un souffle d’espoir dans l’envol du symbole. La première s’était brisée entre tes doigts dés lors que tu avais essayé d’appliquer un système de taille ajustable, magique, comme un refus de ta baguette à coopérer. Un présent pour un enfant.
Lucifer siffle, avertit d’une présence, tandis que Daeva se fait gardien de la porte de l’atelier, infranchissable barrage au regard inquisiteur. Tu poses le bijou pour aller ouvrir la porte, parce que tu sais déjà que c’est Ronald, dont le mollet attise l’envie des reptiles, parce que le mot de passe est le bon. Blonde, cette fois. Dans une robe noire dont les manches trois-quarts pas réellement la Marque. « Tes frères ne sont pas disponibles.. » lui précises-tu, gênée. Gênée par le souvenir de toutes ces larmes versées entre ses bras, de cette proximité que tu lui avais imposé. « As-tu besoin que je transmette un message ? » Echange un peu distant, tu es déjà retournée sur ta chaise, une jambe croisée sur l’autre, le nez sur les détails du si petit objet.
“She says nothing at all, but simply stares upward into the dark sky and watches, with sad eyes, the slow dance of the infinite stars.” N.Gaiman "
Il avait encore mal quand il bougeait. La faute à cette course-poursuite avec des rafleurs puis des loups-garous. Il était encore furieux de cette histoire de Witch Weekly et il aurait pu en parler avec Harry mais ce dernier semblait occupé ailleurs.
Peu importe.
Il était venu voir Fred et Percy, prendre des nouvelles, leur demander de la poudre d'obscurité instantanée du Pérou aussi, il n’en avait plus. Apporter des fioles de polynectar également, tout faite par Sue. Il esquivait quand on lui demandait qui les avaient préparés. Facile quand les trois quart partaient du principe immuable qu’il s’agissait d’Hermione. Où était Hermione, là aussi, c’était une question qu’il esquivait courtoisement. Quelque part. En mission. Il la croisait et la chaleur de l’amitié le faisait encore sourire à son égard. « Ça va ?/ Oui/ Va dormir t’as l’air épuisée / Bientôt ça ira mieux/ Bien sûr. Bientôt. »
Ron était plus souvent avec le reste de sa famille. Il fallait se serrer les coudes. Certains jours, la mélancolie l’emportait. Certains jours, Ron avait juste envie de s’étaler sur le sol et de le léchouiller et de ne plus bouger. Devenir un avec la mousse, se laisser recouvrir de la végétation et ne plus être pour mieux vivre. Heureusement cela n’arrivait pas souvent. On leur disait à tous de vivre dans le présent mais c’était plus simple à avancer qu’à faire. On ne pouvait pas faire autrement que de se projeter dans le futur et imaginer. Rêver l’impossible. C’est ce qu’il faisait en général mais parfois il y avait perte de vitesse.
Parfois il se sentait comme le Ron qui s’était retrouvé immobilisé durant des mois sur un lit d’hôpital, la jambe douloureuse et les pensées noires.
Il aurait pu profiter de ses quelques heures de répit, celle avant une prochaine mission, pour aller rejoindre Sue -elle parvenait d’un mouvement de tête ou d’un battement de bras à l’alléger- mais il n’en fit rien et préféra s’assurer de ses munitions en venant à l’Atelier.
Sue était un havre de paix au milieu d’une guerre sans fin, mais il fallait d’abord s’armer jusqu’aux dents.
« Non Daeva, je ne préparerai pas de rat au goûter. C’est écoeurant. »
Ron eut un dodelinement de la tête amusé au ton volontiers maternel de Lucrezia et il entra lorsqu'elle lui ouvrit la porte, la saluant d'un large sourire.
« Ah je confirme c’est positivement dégueulasse. » ajouta Ron d’un ton volontairement goguenard, levant les bras à l’adresse de Daeva. « Je viens en paix le serpent, merci de ne pas me prendre pour ton quatre heures aujourd’hui. »
« Tes frères ne sont pas disponibles.. »
La blondeur de Lucrezia lui allait mieux. Rouge ? Trop prêt d’eux. Brune ? Il ne la verrait que dans quelque jours en mode brune et il trouverait la chose incongrue. Le blond lui donnait cet air angélique qui -sachant ce qu’elle était ou ce qu’elle faisait- prenait une allure sulfureuse. Il y eut un moment de gêne à se remémorer la façon dont elle s’était laissé aller contre lui, les sanglots et les hoquets, la tristesse qui s’était déversé tout contre son cœur –littéralement-, mais Ron balaya la chose avec un excès d’agitation qui lui était propre.
« As-tu besoin que je transmette un message ? »
« Non, non. J’apporte cette fois-ci. Des fioles de polynectar. Ça peut toujours servir. Ah si! J’ai besoin de poudre d'obscurité instantanée du Pérou aussi, je sais pas si Fred arrive toujours à s’en fournir mais bon c’est pas pressé. Je préfère en avoir un peu avec moi, ça m’aurait bien servi en forêt la dernière fois. Hey, tu fais quoi ?»
Le rouquin vint, curieux, se pencher au-dessus de l’épaule, jetant un coup d’œil méfiant à Lucifer avant de regarder le bijou.
« Blondie… je sais que tu viens de l’élite et tout… mais euh… on est en guerre…. On va pas faire un défilé de haute couture avec de jolis bijoux tu vois. »
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Le serpent fixe de ses billes jaune l’impertinent rouquin. Et tu ne dis rien, concentrée sur la gourmette. Tu es mal à l’aise, intruse parmi ses frères, pièce ajoutée de force, sans demander d’accord. Fred l’avait imposée. Fred t’avait protégée d’un système qui aurait eu toutes les raisons du monde d’être bien plus dur. Le cocon des Weasley n’était, en fin de compte, confortable qu’entre Percy et le jumeau brisé, entre deux jeunes hommes cassés, au coeur tolérant face aux erreurs. Le fait est que tu ne voulais pas trop côtoyer Bill.. pas depuis Shell Cottage. Tu n’as pas levé le regard sur les fioles de polynectar, estimant que ça n’était pas à toi de gérer cela, les stocks ne te concernaient pas, parce que tu te sentais encore à part. Les semaines passaient, pas le poids sur ton coeur. Est-ce que tu pouvais vraiment rester dans leur famille ? « Je lui demanderai.. » t’es-tu contentée de souffler à propos de la poudre d’obscurité.
« Hey, tu fais quoi ? » Tu prends le temps de repasser sur la gravure de la colombe afin d’en accentuer le dessin, l’aspect lumineux. Tu voulais que cela capte mieux la lumière. Focaliser sur l’objet et non la destinataire. « Blondie… je sais que tu viens de l’élite et tout… mais euh… on est en guerre…. On va pas faire un défilé de haute couture avec de jolis bijoux tu vois. » Mh. Rien ne semble perturber ton calme. Aucune variation dans ton expression. Toutes les larmes versées contre Ron avaient eu le mérite de te stabiliser quelques temps. « Cadeau de naissance. » La mort dans le miel de ta voix. Le timbre qui s’efface sur la fin du mot mais l’expression de ton visage résolument distante.
« Vu le nombre de personnes que j’ai torturé, je suis aussi bien placée que toi pour savoir que nous sommes en guerre. » te prend-il réellement pour une idiote ? Tes larmes t’ont-elle donné, aux yeux de Ronald, l’image de la faiblesse ? N’était-il pas bien placé pour savoir que les apparences sont parfois trompeuses ? Tu passes ta main dans tes cheveux et extirpe l’épingle ornée d’un serpent ; tu en tournes la tête et laisse tomber, sur une serviette, la goutte qui s’extirpe du crochet d’argent et ronge le tissu. La démonstration faite, tu poses l’objet sur la table et reprends le travail sur la gourmette. « Un défilé de cadavres, tu veux dire ? » Malgré le ton brodé d’humour, il y a de la fatigue dans tes gestes. Et même si il n’y avait qu’une porte pour vous séparer, tu restais soucieuse pour Fred, pour sa santé, pour son moral et son bien-être.
« J’ai entendu dire que tu parlais quelques mots de fourchelang, C’est vrai ? » Faire la conversation, exercice hautement délicat. Tu montrais pourtant un réel intérêt pour l’exploit, consciente de l’aspect innée de ton don et de la réelle difficulté que comportait le fait d’en tenter la prononciation, ces sifflements inhumains qui font trembler bien des sorciers.
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Ron s’étira paresseusement, ignorant délibérément la gêne de Lucrezia. Son regard se porta sur l’animal -tout prêt- curieusement protecteur envers la jeune femme. Pendant quelques minutes, Ron se demanda comment Fred faisait avec tous ces serpents visqueux. Ils vivaient ensemble non ? Ca ne grimpait pas dans le lit ces machins-là ? Un frisson lui parcourut gentiment l’échine et le cadet des Weasley contourna le bureau pour aller chercher une chaise et revint s’installer à côté.
Il eut un feint gémissement, la douleur lui tirant les côtes et se rajusta dans sa position.
« Cadeau de naissance. »
« De naissance ? » Demanda le rouquin en premier lieu, glissant ses jambes en avant, légèrement tassé. Espérance ? Ron plissa un regard azur rendu un peu méfiant par l’aveu. « De la magie noire ? » Il fronça le nez avant d’avoir un petit sourire moqueur. Il la trouvait choupette à se montrer aussi concentrée pour offrir quelque chose à sa mignonne petite nièce. Esperance était arrivée à point nommée. Un vent nouveau soufflait et avec lui des promesses de victoire.
Il fallait toujours y croire.
« Vu le nombre de personnes que j’ai torturé, je suis aussi bien placée que toi pour savoir que nous sommes en guerre. »
Il émit un grognement désapprobateur avant de rire, mi-figue, mi-pépin.
« Blondie, bon sang ! Je sais ça, pas besoin de me le redire. J’essaye figure-toi. Avec toi. Me rends pas la tâche trop dure. » Il n’oubliait pas qu’elle avait une marque sur l’avant-bras, qu’elle était affiliée à une élite mangemort, qu’elle était son nom de famille, qu’elle avait fait ses cours à Serpentard. Selon Ron ça faisait énormément de choses à occulter.
Mais il essayait réellement.
Pour Fred et aussi parce qu’elle avait été surprenante. Différente. Elle lui avait mouillé son pull aussi mais ça à la limite… L’humour noir d’un défilé de cadavres fit mouche et il secoua son visage en riant. « T’es con. »
« J’ai entendu dire que tu parlais quelques mots de fourchelang, C’est vrai ? »
Ron arqua un sourcil, son attention sur les doigts qui manipulaient avec dextérité le bijou. Une gourmette.
« Mmmm. Tu dis ça parce que t’as entendu parler de l’histoire du Basilic ? En fait je parle pas fourchelang du tout merci j’ai rien à voir avec les serpents moi… » Il eut l’indélicatesse friponne de lui tirer la langue sans même la regarder puis reprit. « Mais j’ai une bonne oreille je crois. Je reproduis bien. Pendant la bataille de Poudlard, je m’étais dit que je pouvais le faire. L’adrénaline tu sais. Je crois que c’est la seule et unique fois où j’ai réellement impressionné Hermione. Tu fais souvent des bijoux ? »
Ron se mit à toucher ce qu’il y avait sur la table.
« C’est normal le sang là ? Hey c’est trop bizarre ton truc. Le sang faut que ça reste dans les veines sinon y’a un gros souci. Pour en revenir au Basilic, il était déjà mort hein. J’ai pas eu à m’en occuper, je sais même pas si j’aurais pu. C’est Harry l’Elu. » Ron pencha son visage. « La gourmette est sympa. Bill va adorer, Espérance carrément moins. » Ron eut un sourire. « T’en as déjà fait pour Fred ? T’as mis ton sang aussi ? »
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« De la magie noire ? » Tu fais signe que non, de la tête, en ajoutant l’attache pour fermer l’objet, en forme d’ailes minuscules. « Fred se chargera des sortilèges complexes. Je.. suis toxique pour les enfants. » Et tu crèves de cette peur de faire du mal, d’encore créer un mélange nocif, un extrait de mort, sans le vouloir. Tu ne cesses de penser à Gabriel, à tes erreurs, quand tes doigts touchent le si petit bijou. Ton regard s’était éteint lorsqu’il t’a parlé de faire un cadeau à la fille de Bill, la douleur à l’âme, et tu avais simplement acquiescé avant de changer de pièce avec ton carnet et quelques métaux. Depuis, tu ne disais presque rien.
Son rire ne te parut pas tout à fait naturel mais il ne t’était pas simple d’en différencier les nuances, parce qu’il n’était pas si proche de toi que cela, parce que le son de son rire n’a pas été intégré, pas encore. « Ronald.. si tu ris et que tu fais un reproche en même temps, je ne sais pas si c’est de l’humour ou si je dois prendre sérieusement en compte les mots.. » Embêtant, n’est-ce pas ? Il te fallait un temps d’adaptation, une période durant laquelle tu percevais, recevais et apprenais. Connaitre les gens pour voir les variations.
« T’es con. » du coin de l’oeil, tu le vois bouger, le rire semble sincère, cette fois, alors tu souris malicieusement, parce que l’humour noir était toujours plus simple que la légèreté des Weasley ; même brisés, ils étaient un souffle de bonté sur ton coeur éclaté. Le silence s’installe le temps de te piquer le doigt avec une aiguille, laissant perler la goutte sur la colombe alors orné du rouge sanguin, immédiatement absorbé, en apparence. Vérifier que la gourmette réagisse bien pour ne rien offrir de dangereux. « Mmmm. Tu dis ça parce que t’as entendu parler de l’histoire du Basilic ? En fait je parle pas fourchelang du tout merci j’ai rien à voir avec les serpents moi… » Le Basilic. Tu te souviens encore de cette volonté de tuer inhérente à la créature, des sifflements, de cette envie d’en suivre la voix morbide. Tu te souviens de tes larmes de terreur dans un coin de Poudlard, l’impression de devenir folle. Il évoque Hermione et sans cesser de fixer le bijou, tu fronces les sourcils. « C’est impressionnant. »
« Tu fais souvent des bijoux ? » Changement de sujet, tu comprends qu’Hermione est un thème délicat, même si tu ignores pourquoi. « J’étais la créatrice anonyme pour un trafic de bijoux noirs. On ne se méfie jamais assez des parures d’une femme. » Des armes utilisables lors des infiltrations, par exemple. C’est Harry l’Elu, entends-tu. Il est revenu sur le sujet du Basilic mais tu ne réponds pas immédiatement. L’or recrache ton sang, n’absorbe plus la goutte qui semble s’être multipliée. Il y a un problème avec la base magique qui permet l’ajustement de la taille. Un problème avec toi, avec l’énergie que tu puises sans cesse sans recharger. « Le sang, c’est pour lier l’objet à une seule et unique personne, qu'on ne puisse le voler ou le retourner contre le propriétaire légitime.. mais là, ça ne fonctionne pas. » Tes ongles se sont colorés de quelques traces écarlates et tu abandonnes dans un soupir. « Cesse de considérer qu’Harry vaut mieux que toi. Tu es un jeune homme courageux et ingénieux. Même si largement aussi borné que ton frère. » Quand un Weasley décidait que c’était bleu, ça ne devenait que rarement vert ; les décisions entêtées étaient presque adorables.
« La gourmette est sympa. Bill va adorer, Espérance carrément moins. » « Je le fais pour tes frères. » réponse du tac au tac, automatique. Tu ne le fais pas pour l’enfant, pour l’hybride, pour cette chose que tu vas devoir côtoyer tout en ayant conscience que tu ne connaitrais jamais ce bonheur, cette joie d’accueillir un petit être - maman. « T’en as déjà fait pour Fred ? T’as mis ton sang aussi ? » Tu te mords légèrement la lèvre inférieure. Il fallait bien qu’il pose l’interrogation, le sujet sur la table, n’est-ce pas ? Tu es là parce qu’il est là. « La chevalière qu’il porte à l’annulaire. Il y a mon sang et le sien. » Un silence, un peu long, tandis que tu mets la gourmette de côté, sans regarder le rouquin. « .. je ne saurais pas le faire pour quelqu’un d’autre. C’est un peu.. les sentiments que j’ai pour lui qui forgent la protection. » Tu tournes légèrement le serpent à ton propre annulaire, à gauche quand Fred la porte à droite. L’émeraude des crochets luit à la lumière. « S’il a besoin d’aide, ma bague émet de la chaleur et transmet à la sienne une sensation.. de présence apaisante. » de l’amour. L’anneau noir et blanc n’avait pas d’équivalent, simple, élégant, loin du symbole reptilien à ta main. Il était l’essence de toute ta bonté.
Une petite moue gênée. Fais taire tes sentiments, ils sont trop forts. Tu supprimes la distance entre vous, glisses tes doigts autour de son poignet. Des mesures, tu prends des mesures mais il n’a pas l’air d’être adepte des bijoux. Alors, songeuse, tu retournes à la table pour attraper un rubis vierge de toute modification. « Rouge et or. » Tu fixes la pierre, cherchant ce que tu pourrais bien lui faire.
“If you're making mistakes it means you're out there doing something” N.Gaiman "
« C’est impressionnant. »
« Comme ma b… » Ron fronça le nez en réprimant un rire gamin qui lui secoua pourtant les épaules. Le fou rire. Elle allait le tuer lui et son humour de merde. Elle allait lui lancer Daeva aux fesses et après hop, capout, plus de Ron Weasley.
Ah si on pouvait plus rire aussi !
Bien sur que le monde était obscur, sombre et ténébreux sous le manteau noirâtre de Voldemort (l’absence de nez n’aidait pas) mais Ron faisait partie de ces gens qui trouvait bien de rire, même quand il crachait du sang. Peut-être même que c’était la meilleure option.
« ...Ok ok j’arrête Blondie. On va être sérieux. Et t’es pas toxique pour les enfants, par contre t’es toxique pour les garçons dont le prénom commence par Ron et finit par –Ald. » Continua t’il l’humeur plus amène et tranquille, regardant avec une évidente admiration la façon dont Lucrezia faisait tourner les parures entre ses doigts fins et délicats.
« Cesse de considérer qu’Harry vaut mieux que toi. Tu es un jeune homme courageux et ingénieux. Même si largement aussi borné que ton frère. »
Le sourire s’effaça et les derniers vestiges d'un rire retenu avec peine moururent aux coins des lèvres.
Il avait accepté n’est-ce pas, d’être l’éternel second de sa propre vie. Ce n’était pas un mal se disait-il lorsque l’avenir du monde était en danger. Il n’y avait pas de quoi être envieux… et pourtant. Lucrezia se trompait. Harry valait mieux que lui. C’était un fait. Il était l’Élu. Hermione le secondait bien plus et bien mieux surtout que lui ne pourrait jamais le faire.
C’était les douleurs les plus profondes que l’on taisait et Ron ne répondit pas, baissant juste un peu son visage pour ne pas montrer combien elle venait de faire mouche. Il avait enfoui tout ça sous une couche de fidélité borné, presque fanatique. Harry, Hermione et seulement lui ensuite. Il savait bien que même dans la tête des insurgés il en était ainsi.
Même avec ce qu’Herpo lui avait dit, Ron restait persuadé qu’il valait moins. Selon les jours c’était plus ou moins supportable. Il vivait mieux un peu plus loin des deux autres mais là aussi il s’en voulait. On ne sacrifiait pas une amitié parce qu’on était pas capable de reconnaître qu’on était pas si important que ça…
Ron déglutit et esquissa un sourire en coin qui n’atteint pas les yeux azur, laissant la jeune femme lui expliquer le mystère de la chevalière qu’il avait remarqué au doigt de Fred. Voilà qui n’était pas commun. « Ah c’est pas mal… un peu dangereux quand même… Fred a accepté ? » La question de toute évidence était rhétorique et n’avait en aucun cas besoin de réponse vu que Fred avait accepté. Il la portait au doigt et Ron pouvait en voir la réplique entourant celui de la blonde.
« S’il a besoin d’aide, ma bague émet de la chaleur et transmet à la sienne une sensation.. de présence apaisante.»
Apaisante n’était pas le terme que Ron aurait employé en parlant de Lucrezia et il arqua un sourcil en levant son regard vers elle. Avant même qu’il ne puisse lui faire la remarque que ça ressemblait quand même beaucoup à une bague de mariage, Lucrezia s’empara avec fermeté de son poignet, le tripotant avec bien trop de dextérité pour que la chose soit innocente.
Elle faisait quoi ?
« Euh… tu prépares des menottes ? Je suis innocent. J’ai pas voulu cuire Daeva, c’est elle qui s’est mise sur le grill. » Plaisanta le cadet des Weasley quand bien même le serpent siffla dangereusement non loin de là, comme si elle avait compris les mots prononcés par le jeune homme.
Creepy.
« Rouge et or. »
« Gryffondor. C’était une énigme ? Tu fais quoi ? T’as décidé de faire ta mystérieuse aujourd’hui Blondie. Ok, ok, je joue le jeu. »
Il lui fallait la poudre et lorsque Fred et Percy s’enfermaient pour tenter des expériences, cela pouvait prendre des heures alors autant s’amuser. « T’as quoi d’autres comme bijoux de ce genre avec le truc de l’apaisement là ? T’en as donné à chacun de tes amoureux ou juste à Fred ? »
Notez bien qu’il mit Fred au même titre qu’amoureux et s’il était curieux, il n’en demeurait pas moins docile à ses côtés.
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L’humour un brin graveleux n’a provoqué aucune réaction. Ton esprit s’est bloqué sur le tu n’es pas toxique pour les enfants. Pourtant ton enfant s’est perdu dans le sang, a préféré fuir le monde et la magie noire ancrée dans ta peau. Te fuir. Alors tu es restée silencieuse, fixant le bijou, tentant un premier dessin. Un anneau, que tu rayes bien vite. Ronald n’était pas taillé pour ce type d’objets. C’était un gars à t-shirt et à pulls sans élégance. Un gars simple et nature. Trop nature parfois. Daeva s’est écarté pour que tu passes la porte de l’atelier avec un excuse-moi à l’attention de Fred, et tu es revenue, une petite boîte en carton jaunie par le temps entre les mains. Tu la poses sur la table et l’ouvres, un peu fébrile ; une cravate de Gryffondor soigneusement pliée, à côté d’une grenouillère bleue, d’une peluche phénix et d’une tétine, quelques babioles aussi. Tu pioches un pin’s, concentrée, délaissant la boîte à trésors ouverte pour placer, au centre de l’objet visiblement moldu un éclat de rubis. Rouge et doré.
« Daeva est un mâle. » as-tu consentis à dire, finalement. Il risquait de se vexer et vous seriez dans de beaux draps. Une goutte d’un liquide sombre sur la surface de la pierre et quelques formules murmurées, ta baguette tournant délicatement dans l’air - tu es habile, quoi que la glace apparente en dise. « T’as quoi d’autres comme bijoux de ce genre avec le truc de l’apaisement là ? » Tu reviens vers lui, vérifiant que l’attache dorée tiendrait à son haut. Tu l’accroches, les gestes délicats - presque tendres, si on osait le dire. « Aucun. Je fais des bijoux plus offensifs, ou défensifs. Je ne laisse pas n’importe qui prendre une part de moi.. et ce genre de magie, très positives et assez anciennes, demandent autant de temps que d’énergie. » Insérer autant d’amour, de protections, était beaucoup moins aisé que placer des outils de mort. Tu es peut-être moins entraînée à cet exercice.
« T’en as donné à chacun de tes amoureux ou juste à Fred ? » Tu as cligné des yeux en retirant la petite attache de son haut. Un clignement d’yeux perplexe. Tes amoureux. Tu t’es raidie, tu t’es couverte du givre caractéristique, de la glace qui t’est propre avant de t’éloigner. A nouveau, retour à la table. « Je n’en ai jamais eu.. » Des amoureux. « Fred est un ami. » que tu aimes trop, mais pas comme ça. « .. je ne plais pas aux hommes. » Pourquoi est-ce qu’il faut parler de ça ? Comment peut-il penser une seconde que vous formiez un couple ? T’étais transparents, aux yeux différents, tu parlais aux reptiles. Même pas jolie. Trop étrange. Fred serait toujours trop bien pour toi. « Il me faut une goutte de ton sang si tu veux que je fasse quelque chose de ça. » souffles-tu. Parler bijoux, travail, magie, c’était plus simple que parler d’amour. T’étais bonne qu’à finir seule. Ou entre les bras de types comme Lazarus. Pas à la hauteur. Insignifiante. Mauvaise.
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Il ne sut réellement ce qu’elle était allée chercher jusqu’à ce qu’elle revienne gracieusement s’installer, ouvrant une petite boite peu épaisse où se trouvait une cravate rouge et or, la même que celle dont Ron avait du mal à faire le nœud –et qu’Hermione lui refaisait parfois gentiment- et qu’il avait porté six années durant…
On lui avait volé la septième.
« Daeva est un mâle. »
Ron haussa les épaules, glissant son coude sur la table, curieux de ce qu’elle s’appretait à faire. Il se laissa faire, trépignant legerement sous l’inconnu. Elle s’avérait plus patiente qu’il ne l’aurait cru mais c’était quelque chose que l’on pouvait attendre des mangemorts : un sang froid à toute épreuve, les mains qui ne tremblaient jamais quoi qu’ils fassent.
Il leva son regard azur sur elle sans dire mot tandis qu’elle semblait concentrée sur le bijou.
« Aucun. Je fais des bijoux plus offensifs, ou défensifs. Je ne laisse pas n’importe qui prendre une part de moi.. et ce genre de magie, très positives et assez anciennes, demandent autant de temps que d’énergie. »
Au moins c’était de la magie bénéfique. Ron lissa la cravate du bout des doigts en une moue. Pas d’amoureux ? Pffff. Elle faisait partie de l’Élite. Même quand il lisait de loin le journal que chipait ses deux acolytes, il y avait toujours des rendus digne de récit de Sodome et Gomorrhe. A d’autres Lucrezia.
« Fred est un ami. .. je ne plais pas aux hommes. »
Ok, donc elle le prenait en plus pour une truffe. Ron fit une grimace qui montrait cette fois-ci nettement qu’il ne gobait rien. « Bien sur. Ça va tu me le redis sans trembler des genoux pour voir ? » Il n’y avait rien d’agressif dans sa question mais plutôt une moquerie teinté d’une forte incrédulité. En mode ‘tu dis de la merde Lucrezia , ça doit être des restes Voldemortien chez toi ça’.
« Il me faut une goutte de ton sang si tu veux que je fasse quelque chose de ça. »
« Euh… c’est obligé? » La moue s’accentua et il tendit son index. « Mon sang a pas l’air d’avoir envie de rester des masses de temps avec moi en fait. Une goutte hein… » Ron agita fébrilement son doigt, dans l'attente de la petite piqure. « T’es sure pour Fred et toi ? Je veux dire évidemment que vous êtes amis. Ben ça merci quoi je suis pas complétement con. » Ron esquissa un sourire avant de froncer le nez quand elle le piqua, le rouge grenat perlant presque joliment. « … Je me mêle pas des histoires de mes frangins en général. Je suis le plus jeune, si je le fais ils vont m’envoyer dégnomer le jardin je les connais. Puis bon, Fleur est géniale, Pénélope est cool... mais Fred t’as ramené à la Chaumière en posant un ultimatum tu vois. On fait pas ça pour la crémière du coin. Et toi t’as tourné le dos à Voldemort. C'est du lourd en soi. Le prends pas mal ni rien mais ça pue comme situation. D’ailleurs… personne ne te cherche ? »
Il y avait pensé, en avait touché un mot à Bill. Il fallait se tenir prêt. A la minute où ceux d’en face se rendraient compte que Miss Fourchelang manquait à l’appel, il y avait de bonnes chances que les choses dérapent. Ron avait émis l’hypothèse qu’ils la coinceraient et la forceraient à donner des informations mais rien n’était encore vérifiable et pour l’instant, elle semblait paisible, et la marque n’avait pas encore briller. Ils l’auraient su vu qu’elle était très souvent –pour ne pas dire sans arrêt- avec Fred et/ou Percy.
L’Atelier était un des centres névralgiques des Insurgés. Fred et Percy avaient gagné le respect de tous en inventant ou en améliorant des techniques, des objets et des sortilèges utilisable de suite. La poudre de Pérou par exemple qui -malheureusement- avait été reprise à mauvais compte par l’ennemi. Lucrezia avait apporté un savoir certain elle aussi. Habituée à manipuler une magie plus corrosive et à créer des ornements qui s’avérait létal, elle avait su indiquer de bons conseils à ses deux frères et la production s’était accélérée.
Ron fronça les sourcils. Sue aurait été utile aussi. Sue et ses potions et sa connaissance des plantes et son poste au Magister…
Non.
Trop dangereux. Plus l'idée tournait dans sa tête (et il avait horreur de l'admettre mais elle tournait, oui) et plus il en avait des haut-le-cœur réels.
Ron regarda son doigt puis Lucrezia, soudain sérieux. « Tu ne veux pas parce que tu crois que tu vas mourir ? » Fit-il simplement. Il pouvait se le permettre, ce genre de questions. Il savait ce que c’était et il était plus pragmatique que ses frères. Mourir lui flanquait les boules. Il n’y avait pas d’autres expressions mignonnes et gentillettes. Il en avait pas envie, et ça lui mettait le seum direct quand il y pensait.
Mais ça n’excluait pas le fait qu’il était prêt.
« Hey. Profite de ce que t’as avec Fred. Il boit moins, il bosse, il est déterminé. Je m’en fous des détails. Tu lui fais du bien donc…merci. »
« Home isn't where you're from, it's where you find light when all grows dark. » ♱ -Pierce Brown, Golden Son
Le silence, encore. Tu prélèves la goutte de sang qui vient couvrir l’éclat de rubis, orner l’objet moldu ensorcelé. Lier au propriétaire : première étape. Mieux valait commencer par là, de façon à ne pas devoir attendre une nouvelle rencontre pour finaliser. Ta main a tremblé lorsqu’il évoqué son frère. Lorsqu’il a souligné l’étrangeté de votre relation, cette trop grande proximité et ton retournement de veste. Tu n’as pas su quoi répondre, sur le coup, alors tu n’as retenu que la fin de sa phrase, incertaine d’assumer vraiment le véritable sujet qui l’intéressait. « D’ailleurs… personne ne te cherche ? » « Draco me protège. » Honnêteté prononcée avec douceur. Tu avais reproché au blond cette couverture offerte, sa volonté à effacer les doutes des Mangemorts, du Maître. Tu t’en veux encore du risque qu’il a pris, votre amitié fragile renforcée dans les circonstances les moins adéquates. « J’ai détruit une partie de mes appartements, assassiné mes serpents et brûlé quelques documents avant de partir. Ils me croient sans doute morte, à l’heure qu’il est. » La Marque n’avait pas tellement bougé, pas d’appel spécifique, rien d’atrocement douloureux, preuve s’il en fallait une que tu n’étais pas encore jugée coupable de haute trahison.
« Tu ne veux pas parce que tu crois que tu vas mourir ? » Tu as posé le pin’s, lentement, et ta baguette à côté, dans un soupir. « Tu veux vraiment parler de ça, hein ? » Avec qui d’autre, quoi qu’il en soit ? Ronald était le seul avec qui ta maladresse émotionnelle ne posait pas problème, parce qu’il n’était pas un romantique idéaliste ou le mec qui voulait ton bien. Il était juste là, dans tout son naturel déconcertant. Avec ses jugements simples qui ouvraient parfois les yeux. Ce que tu avais à dire, sur la Mort ? Rien. Ce grand vide immense dans ta poitrine, l’interdiction d’y céder, d’être faible. « Hey. Profite de ce que t’as avec Fred. Il boit moins, il bosse, il est déterminé. Je m’en fous des détails. Tu lui fais du bien donc…merci. »
Tu comprends à retardement ce qu’il veut dire et ton regard se pose enfin sur lui, sérieux. Peut-être qu’il se fiche des détails mais tu te sens obligée de t’expliquer, de lui éclaircir la situation, parce qu’il se méprend sur ton compte. « Je n’intéresse pas ton frère.. comme je n’intéresse aucun homme. » Il y a peut-être un peu de regrets, dans le timbre, un monstre de solitude qui dévore ton coeur, lentement. « Je suis là parce qu’il va mal et qu’il est ma dernière raison de vivre. S’il tombe, je tombe. Seulement, il n’y a pas.. c’est juste un ami. » Je ne sais pas faire autrement. Tu penses encore que ceux que tu aimes meurent, que tu ne sais sauver personne et que tu les lasses, que tu n’es qu’un poids. Même ton enfant a pris la fuite. « .. mon meilleur ami. » Ton doigt a inconsciemment frôlé ta bague. Il n’est pas loin et il t’aime encore un peu. Pour combien de temps ? « Je me sens tellement seule.. et cesse de me considérer comme une petite fille de l’Elite. Ma vie se résume au mensonge et à un .. amour idiot » Ypsös. Il a gâché ta vie. Une erreur et tes ambitions en fumée. Une erreur et ton coeur en morceaux. « Tu devrais pouvoir comprendre ça, t’es seul aussi.. » Tu avais Fred, temporairement, sans certitude que vos serments tiendraient. Il avait Harry, vagabond d’abandon. Mais au final, à qui parler, sincèrement, sans devoir ménager les sensibilités ? Personne.
Tu avais trop peur de le blesser, ton double, ce Fred dont tu devenais l’ombre. Peur de le décevoir, d’effriter l’image de belle âme qu’il avait de toi. Et déjà, tes ongles grattent la Marque, sans vraiment le réaliser. Trahison.
Le rouquin eut un sifflement perçant entre les dents puis la bouche s’ouvrit de stupeur à la petite perle de sang. Elle piquait les gens un peu trop bien. C’était louche. Et en parlant de trucs louches, la réponse de Lucrezia valait son pesant de gallions à ce niveau-là.
« Draco me protège. »
…
La blague??!! Ron cligna des yeux en mode’ Jaipascomprislesmotsortantdetabouche’.
« Ah ben… ah ben ça va alors!!! Mais je suis trrrrooooop méga rassuré! J’veux dire si cette fouine de Malfoy assure tes arrières, pourquoi j’irai me biler franchement!... » Ron hésita sincèrement entre rire de manière incrédule et lever les yeux au ciel dans un soupir provocateur. Il se fendit d’une attitude digne de Miss Parkinson dans ses meilleurs jours avant de secouer la tête (illustration ).
Un monde où les Malfoy et les Weasley s’entendaient, ça n’existait pas. Dans sa simplicité peu encombrante Ron restait limpide en ce qui concernait son ancien camarade de classe. Passons encore que Draco s’était amusé pendant six ans à se moquer de sa pauvreté vu que Ron n’avait jamais été tendre en retour, mais il s’en était pris aussi à Harry, avait traité Hermione de sang-de-bourbe (impardonnable), avait failli faire virer Hagrid puis Lupin, s’était délecté des services d’Ombrage mais surtout, surtout, il avait probablement –selon Ron- été à l’origine de la mort de Luna.
« Si » il avait su, peut-être que…
(non)
Mais Ron ne savait pas. Et Blondie, relax, elle lui sortait texto sans avoir la voix qui tremblait un « Draco me protège. » Le tout sans sourciller en plus.
Ron et son refus d’admettre que même Malfoy pouvait être tout aussi loyal que lui-même ne l’était lorsqu’il s’agissait de ses ami(e)s.
Le reste du discours de Lucrezia sur les circonstances de sa fuite lui plurent déjà beaucoup plus (pas difficile en l’occurrence). Ceci expliquait cela. En admettant que Satanas couvre en effet les arrières de Lucrezia, le subterfuge était viable. Peut-être. Qui sait. Il n’y avait pas spécialement grand-chose à faire de toute façon maintenant.
« Tu veux vraiment parler de ça, hein ? »
« Techniquement parlant, je préfèrerais casser la croute avec toi, p’tet même boire une biéraubeurre en nous racontant des trucs sympas mais puisqu’on est là… » Ron dodelina de la tête et eut un charmant petit haussement d’épaule taquin. Il n’avait pas spécialement peur de mourir en vérité. Aussi étrange que cela ne puisse paraitre, il avait bien plus peur –honnêtement- pour sa famille, pour Harry et Hermione. Par contre, il n’en avait aucune envie. Il aimait bien respirer, manger, rire et même se battre. Faire l’amour était libérateur il s’en était rendu compte il y a peu, comme une expression vitale joyeuse des sens. Mourir c’était ennuyeux uniquement dans l’optique qu’on ne vivait plus. Et vivre, pour toute les raisons déjà citées, Ron aimait énormément.
« Je n’intéresse pas ton frère.. comme je n’intéresse aucun homme. »
Il y avait une subtilité qui lui échappait. Hermione, ou plutôt dorénavant Sue, aurait été à même de la lui expliquer avec patience voir même avec un petit croquis, sauf qu’évidemment Ron était seul face à l’imperturbable serpentarde.
« Ooooookayyy. »
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« Je suis là parce qu’il va mal et qu’il est ma dernière raison de vivre. S’il tombe, je tombe. Seulement, il n’y a pas… c’est juste un ami ... mon meilleur ami. Je me sens tellement seule.. et cesse de me considérer comme une petite fille de l’Elite. Ma vie se résume au mensonge et à un .. amour. Tu devrais pouvoir comprendre ça, t’es seul aussi.. »
Un silence.
« Mais tu vas exploser à ressentir tout ça !!!! » Les yeux ronds comme des billes bleu ciels, Ron frotta le bras maladroitement de la jeune femme avant de se souvenir qu’il saignait un peu et qu’il était en train de cordialement étaler son adn sur son haut (c’est sale dis comme ça, la joueuse assume). « Oops… désolé. Ouais donc. Je comprends le machin du meilleur ami. En fait c’est un peu comme Hermione et moi. »
Comprendre « J’ai pas pu trop trop la pécho en mode ‘level complete’ mais je l’aime beaucoup et BFF c’est trobo, tmtc ».
Ron suçota son doigt, le gout métallique sur la langue se répandant doucement. « Moi ce que je comprends pas c’est ton machin comme quoi tu vis que pour lui. C’est beau, j’dis pas mais, personne fait ça. » Sauf si c’était pour Harry mais Potter était un cas particulier et Ron n’était pas certain que Lucrezia comprenne. « Sinon t’es comme un elfe de maison et même pas, parce qu’ils vivent aussi pour les chaussettes. Faut que tu te trouves…» Ron regarda en l’air comme pour chercher l’inspiration divine qui arriva sous forme d’une métaphore fort original. « …tes chaussettes en fait. Fred il peut être la chaussette suprême mais personne peut vivre décemment avec juste une paire de chaussette. T’es pas d’accord ? Sinon elle se troue et tu vas les garder parce que c’est sentimental mais tu pourras pas les mettre. Bon sauf si t’es une fille qui préfère les sandales et là j’ai carrément rien à dire. Moi je pense quand même que t’aimes les chaussettes mais …Je comprends. J’veux dire… c’est chiant d’être pied nus aussi parfois. »
Ron acquiesça d’un air parfaitement philosophique. « Mais tu devrais pas dire que t’es pas jolie. Tu l’es donc t’en fais pas. Puis… on regarde pas toujours ça non plus. Les filles qui sont futés c’est chouette, celles qui savent faire des gâteaux aussi et aussi qui savent se concentrer même quand tu fais des conneries à côté. »
En fait, le dernier point en ce qui concernait Ron, c’était plus une question de survie…
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