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sujet; [Février 1999] ~ I want to break free

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Le courageux Alan Stead avait réussi. Il s'en était sortit. Depuis plusieurs semaines c'était de pire en pire. Le Ministère de la Magie lui courait aux basques pour une malheureuse histoire de chaudrons. Reprenant son souffle, Alan prit bien le temps de refermer la porte derrière lui. Ses planques, il les avait disséminé un peu partout. Celle là était une simple chambre avec de la tapisserie délavée et une forte odeur de bois desséché, mais c'était largement suffisant pour ces activités. En plein cœur de Manchester, il n'y avait pas mieux pour passer inaperçu. Il fallait dire que ce n'était pas une mince affaire d'alimenter le marché noir en temps de guerre et de passer outre les contrôles et cette satanée Brigade Magique.

Se grattant la tête, Alan pencha sa tête vers la petite fenêtre de la chambre. Cela lui faisait quoi maintenant, 38 ans. Il n'avait changé de vêtements que deux fois depuis le début de la guerre. L'affaire familiale avait fermé boutique sur le Chemin de Traverse après l'arrestation de ses parents. Donner des chaudrons à des probables insurgés n'étaient pas du goût du Ministère. Alan, lui, réussit à s'échapper et depuis deux ans il arrivait par sa malice à passer à travers les mailles du filet et à faire jouer son sens du commerce.

Mais ce soir il avait été moins une. Le jeune homme a la mine délavée et au teint grisonnant avait failli se faire prendre à l'Hippogriffe Masqué, un lieu de débauche peu connu du grand public sorcier. Et même ici ce lieu avait été investi par le Ministère et les Mangemorts. Ils se terraient bien au chaud parmi le public et ne fermaient pas ce lieu ô combien important pour avoir des informations, et pour traquer les sorciers les plus recherchés. Alan avait eu la mauvaise idée de reprendre son commerce de chaudron, de manière illégale, et à grande échelle. Et cela n'était pas du goût des nouvelles instances magiques. Diantre ! Ils voulaient tuer l'ensemble des "honnêtes gens" ?

----------

« C'est par là. »

Un homme entièrement vêtu de noir venait d'indiquer à un petit groupe de personnes devant lui. On ne pouvait distinguer que son visage, dissimulé derrière une capuche, qui laissait apercevoir une large barbe brune. Celle de Wes Gallagher, Rafleur pour le Ministère mais aussi un Traceur hors pair. Il pouvait sentir les traces magiques laissées par les sorciers. Et la trace qu'il suivait depuis la sortie du bordel de Manchester devait être de la personne à intercepter. Alan Stead.

Wes était au pied d'un immeuble vétuste, dont on ne pouvait rien deviner puisque aucun lampadaire n'avait jamais fonctionné dans la Luton Street. Il était accompagné d'un chef de brigade et de deux policiers magique pour l'épauler. D'habitude ce genre d'arrestation pour un contrebandier ne relevait que du rôle de la brigade, mais ce « dealeur » de Chaudrons était bien plus coriace qu'il en avait l'air. Trois mois qui leur filait entre les pattes. La brigade en eut assez et demanda à son département de lui détacher le meilleur Traceur pour en finir au plus vite. Le Rafleur avait bien fait attention de ne pas attirer l'attention d'Alan, mais là encore le jeune Stead devait avoir un sixième sens pour ce genre de menace.

Reclu dans cette bâtisse, Wes invita les brigadiers à emprunter l'escalier à pas de loup. La chasse arrivait à sa fin, la proie devait avoir rejoint une de ses planques, se sentant désormais en surêté. Enfin,  pensait Gallagher, la fin de cette mission. Le débaucher pour traquer un simple vendeur de chaudrons. Si ce n'était pas malheureux. Il fallait bien vivre certes mais ... Les ordres étaient les ordres mais il se demandait pourquoi le Ministère avait une position si radicale. Le point le plus important était de mettre fin à l'insurrection et ensuite le marché noir se résorberait de lui même, ou le problème serait traité par la suite. Peu de ces bureaucrates avaient dû rencontrer le prolétariat sorcier, qui ne mangeait plus à sa fin et qui devait rivaliser de malice pour pouvoir vivre décemment.

Le petit groupe pénétra dans l'immeuble, mais avant de s'y engouffrer, Wes empoigna le bras du brigadier juste devant lui. Chaque membre du groupe était encapuchonné mais on pouvait facilement voir la crinière rousse de la sorcière devant lui.

« Erin. Tu es sûr que ça va aller ? »

Le traqueur glissa ses quelques mots dans un souffle, presque au creux de l'oreille de la jeune femme, Erin McAllister, en posant une main sur son épaule. Il faut dire que Wes s'était attaché à ce petit bout de femme. Depuis qu'ils se connaissaient en 1997, Gallagher avait appris à connaître Erin et il s'avérait que elle aussi ne comprenait pas toujours pourquoi leurs dirigeants imposaient des ordres aussi autoritaires et dénués de compassion. Ancienne Poufsouffle, Wes voyait en Erin une partie de sa jeunesse. Lui qui n'aimait pas se mettre en avant aurait très bien pu se retrouver dans ce genre de situation, il y a une quinzaine d'années. Mais il avait préféré à l'époque panser les blessures de la guerre plutôt que de les commettre. Alors si à l'époque il avait été Brigadier, il l'aurait assez mal supporté cette situation. Surtout quand on voulait être Auror comme Erin, et que finalement on se retrouvait à travailler pour les mages noirs que l'on cherchait à combattre. Surtout quand on s'apprêtait à arrêter une personne pas si coupable que cela, et que l'on avait du mal à aller contre sa morale.
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Une arrestation.
Une de plus.
Une de trop.

Les jours passent et se ressemblent, traînant dans leur sillage le même boulet, la même question : qu’est-ce que tu fous là ? Et  ce n’est certes pas cette escapade dans les rues de Manchester qui t’apporteras un début de réponse. La ville pourrait avoir du charme. En a certainement, d’ailleurs, pour être considérée comme la seconde ville du pays.
Mais pas ce quartier. Et surtout pas ce soir. Autour de vous, d’anciennes manufactures de coton se dressent. L’éclairage public moldu projette des ombres sinistres sur leurs façades aveugles. L’endroit est désert. De jour, les lieux ne doivent pas être particulièrement attrayants, vestiges d’un passé industriel depuis longtemps révolu. Mais de nuit, battus par le souffle d’un vent du Nord glacial et par la bruine, ils sont… particulièrement glauques. Cela étant, tu sais pertinemment qu’ils ne sont pour rien dans ton malaise. Auriez-vous arpenté les quartiers les plus célèbres et les plus entretenus de la ville que cela n’aurait rien changé à cette indéfinissable sensation de nausée qui t’oppresse.
Par Merlin, mais qu’est-ce que tu fous là ?

Les rues ont laissé la place à une cage d’escalier non moins lugubre. Les marches fatiguées grincent sous vos pas malgré tous vos efforts de discrétion. Et l’espace d’une seconde, tu te surprends à espérer que Stead vous entendra venir. Stead, ce simple revendeur de chaudrons qui n’a pour seul tort que d’avoir mal choisi sa clientèle – selon le Ministère. Votre proie de ce soir. Depuis des mois, son nom orne les en-têtes des parchemins qui s’amoncellent sur vos bureaux. Ce qui n’aurait dû être qu’une interpellation de routine a pris des allures de chasse à l’homme pitoyable, comme un mauvais roman feuilleton policier tout juste digne d’être publié dans les colonnes du Witch Weekly. À force, ton chef a fait de cette arrestation une affaire personnelle, allant même jusqu’à quémander l’aide des Rafleurs pour vous débarrasser de l’importun, comme pour mieux souligner votre incapacité à appréhender l’homme. Oh, vous auriez pu tomber sur pire que celui qui vous accompagne ce soir. Mais sa seule présence suffit à mettre vos nerfs à vif, aussi tu sursautes en sentant une main s’abattre sur ton bras.
Tu n’as pas besoin de te retourner pour deviner les yeux clairs de Wes qui te sondent sous son capuchon. D’un geste brusque, tu dégages ton bras dans un murmure sec : « Oui, ça ira. » Non, ça n’ira pas, crie ton regard las. Ça ne peut pas aller. Ça ne va déjà plus, et depuis longtemps. Tu as aimé de boulot, à ses débuts. Quand il s’agissait réellement de protéger le monde magique, quand les seules interpellations visaient les complices de Celui-Dont-Il-Ne-Faut-Pas-Prononcer-Le-Nom. Tu as apprécié de te sentir utile. Puis, Thickness est arrivé au pouvoir, marionnette aux fils bien tenus. Et de semaines en semaines, la situation s’est dégradée jusqu’à que tu ne supportes plus ton reflet dans le miroir. Lâche. Collabo. Les mots qu’il te susurre sont douloureux, parce qu’ils visent juste. Oui, tu t’es soumise au nouveau régime sans faire de vagues, courbant l’échine sous les ordres. Tu as accepté de n’être qu’un chien de garde courant après ceux qui lui sont désignés sans se poser de question. Et en dépit de toute justice.
Tu n’es pas une héroïne sans peur et sans reproche. Dans un livre de contes, sans doute te serais-tu rebellée, aurais-tu pris les armes. Mais dans le monde réel, les gens normaux ne font pas ce genre de choses. Ils se taisent et obéissent, parce qu’ils ont peur. Parce qu’ils ont des proches à protéger. Et tu ne tiens vraiment pas à ce que le gouvernement ou les mangemorts se penchent sur ton nom et fassent une virée dans les gîtes d’Écosse.

CRAC.
Il a fallu le son caractéristique du transplanage pour que tu comprennes que tu venais de trébucher et que le bruit de ta chute a alerté votre proie. Sans attendre, l’un de tes collègues a enfoncé la porte  d’un sortilège rageur mais il est trop tard. Stead s’est envolé, vous filant une fois encore entre les doigts. « McAlister, bon sang, qu’est-ce que tu as foutu ? C’est pas possible d’être empotée à ce point ! Une vraie sang de bourbe ! » « Ça va, c’est peut-être pas encore foutu. Gallagher, vous pouvez retrouver sa trace ? » « Il faudra quand même qu’on fasse un rapport. »
Tu t’es relevée, empourprée de honte. C’est à peine si tu as retenu un soupir de soulagement en songeant que votre soirée s’achevait là… Toi qui n’est pourtant pas si maladroite, tu n’en reviens pas d’être tombée si bêtement. Comme si, au fond de toi, tu avais souhaité laissé à Stead la possibilité de fuir. Mais c’est avant que la question de ton collègue ne te fasse tourner les yeux vers Wes. En réalité, la traque n’est peut-être pas terminée.


Dernière édition par Erin McAlister le Mar 4 Aoû 2015 - 0:33, édité 1 fois
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La jeune femme était plus intrépide que ce que Wes trompait. Sa réponse était nette et claire, voir même froide, comme si Erin cherchait à cacher ses vieux démons. Travailler pour le Magister dans le service qui s'occupait de faire le sale boulot, ce n'était pas la meilleure des professions. Travailler pour le Magister alors qu'on souhaitait arrêter des mages noires à la sortie de Poudlard, cela ne donnait rien de bon non plus. Wes prenait soin de savoir comment allait son amie, car il savait qu'elle ne supporterait peut-être pas cette arrestation. Une de plus, une de moins...où est la différence me direz-vous ? La différence était sans doute le profil de la cible. Tout comme lui, Erin savait que Alan Stead était un trafiquant oui, mais de chaudron, et que ses parents avaient été arrêté pour les même raisons. Le « Ca ira » de Erin était donc plus une motivation pour elle même, qu'une véritable réponse au Traqueur.

Ils grimpèrent quelques marches en faisant bien attention d'éviter celles qui semblaient tomber en ruines. A pas de loup, ils arrivèrent enfin au but et Wes indiqua d'un signe discret la porte à défoncer pour intercepter la proie.

CRAC.

A peine avait-il indiqué le lieu que Erin glissa sur une marche glissante et s'étala de tout son long sur l'escalier. SBAM. Neil Sullivan, le chef de brigade, défonça la porte, comme si il avait envie d'en découdre avec ce cas là. Mais derrière la porte, il n'y avait plus rien.

«Erin, bon sang, qu’est-ce que tu as foutu ? C’est pas possible d’être empotée à ce point ! Une vraie sang de bourbe ! »
« Ça va, c’est peut-être pas encore foutu. Gallagher, vous pouvez retrouver sa trace ? »
« Il faudra quand même qu’on fasse un rapport. »

Bien sûr que la traque n'était pas terminée, mais ce n'était pas une raison pour traité Erin de sang-de-bourbe. Sullivan n'avait pas été capable de capturer Stead depuis des semaines et cet immeuble était bon à être rasé. La malheureuse se releva péniblement, et Gallagher l'aida à se remettre sur pied et l'épousta quelque peu.

« Ca ira, ça ira hein ? Ca ne doit pas être ta journée. A partir d'à présent tu suis ce que je fais et ça se passera bien.  »

Il esquissa un sourire. Travailler avec des exécutants aussi con que Sullivan ne devait pas être facile tout les jours, surtout pour une jeune femme comme Erin qui détestait son métier. Wes escalada les dernières marches qui le séparait de l'appartement deux par deux, et il pénétra dans la petite chambre. Un simple lit, un mince filet de lumière, des murs crasseux … une planque de trafiquant de marché noir. Gallagher commença par inspecter les lieux en posant ses mains un peu partout dans l'appartement. Stead n'avait pas du transplaner, il l'aurait tout de suite senti. Il avait du trouver une autre porte de sortie, et ça n'était pas par cette mince fenêtre.

« Bon alors Gallagher ? Vous l'avez senti, c'est bon ? »

« Non ce n'est pas bon. Si tu crois que c'est facile de suivre la trace d'un sorcier, commence par boucler les dossiers qu'on te donne, on discutera ensuite. »

Le chasseur n'avait aucune sympathie pour les Brigadiers magique. Il tenait les tireurs d'élite un peu dans son cœur, mais la brigade magique rassemblait pour la plupart du temps des sorciers sans cervelle du type de Sullivan. Enfin bref, Wes venait de trouver ce qu'il cherchait. Un petit mécanisme pouvait s'activer derrière le lit. Gallagher l'enclencha et aussitôt le lit bascula et une trappe s'ouvrit.

« Ladies&gentlemen, si vous voulez bien me suivre »

Chacun s'engouffra dans le passage secret, Wes le premier. Cette trappe donnait accès à un genre de tobbogan qui les ramenait au bout de la Luton Street. Sullivan et son compère Cooper sortirent aussitôt et décidèrent de commencer à courir, mais le Rafleur les stoppa net.

« Oh. On se calme. Ce mec là est surveillé, si il transplane on sera direct dans quelle ville il se trouve. Ce Stead doit connaître Manchester comme sa poche et il aura plus de chances de s'enfuir en nous semant. Suivez moi.  »

Ils marchèrent silencieusement pendant dix minutes, en logeant les maisons de la Luton Street pour finalement arriver au Milady Crosstreet, un carrefour.

« Sullivan, à gauche, Cooper, à droite. Moi je vais avec McAllister dans l'allée centrale, pour éviter qu'elle nous fasse une nouvelle fois s'enfuir notre colis. Si vous trouvez quelque chose, la procédure habituelle. »

Les deux brigadiers ricanèrent et exécutèrent les ordres du Rafleur. Wes ne pensait pas un mot de ce qu'il venait de dire. Il cherchait juste à éloigner ces individus nauséabond d'Erin, qui ne devait pas être aussi bien qu'elle le pensait. Les deux compères s'engouffrèrent donc dans la rue dénuée de lumière.

« Qu'est ce qui ne va pas aujourd'hui Erin ? Je sais que tu n'aimes pas cela, mais si tu continues dans ce sens là il se pourrait que tu n'es plus de poste du tout au Ministère. Et les temps sont durs. Stead sera de toute façon arrêter par nous ou par quelqu'un d'autre. Plus personne n'échappe au joug du Ministère aujourd'hui. »

Wes emboîta le pas à Erin.

« Pour ta situation, je pense que … ça serait bien que ça soit toi qui capture Stead aujourd'hui. Il est malin, mais je sais déjà où il est. »

La soirée galère n'était finalement pas encore terminée pour Erin.
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Une douleur lancinante monte de ton tibia malmené par l'angle de la marche. L'hématome qui résultera de cette chute ne sera pas beau à voir. Mais ce n'est rien en comparaison de la honte, de la colère et de la frustration qui t'envahissent toutes en même temps, nuée d'émotion qui achève d'empourprer tes joues. Et si tes yeux brillent, ce n'est certes pas de bonheur. Oh, il est bien une pointe de douleur derrière leur apparition furtive, mais aussi et surtout des larmes de rage contenue. Dissimulée par l'ombre de ton capuchon et pourtant bien présentes. Ce que tu as foutu ? Tu t'es étalée de tout ton long, voilà quoi. Trop absorbée par tes pensées moroses, tu n'as pas pris garde à la marche rendue glissante par une fuite d'eau venue de Merlin sait où. Une erreur regrettable. Ridicule, lamentable et pathétique erreur. Mais qui ne justifie en rien l'injure qui vient de fuser et te rend plus furieuse encore. Oh pas tant que tu la prennes personnellement... Ton sang n'est peut-être pas pur - et tu en remercies Merlin chaque jour en constatant les effets de la consanguinité sur ces malades adeptes de magie noire ! - mais mêlé depuis bien des générations. Non, c'est seulement l'intolérance et la haine dont l'insulte témoigne qui te pétrifie, te donne envie de lui hurler des insanités au visage en retour.
Mais tu ne dis rien. Tu ne peux pas. Ça ne ferait qu'aggraver la situation. De toute façon, Sullivan est un abruti fini, macho patenté, mélange écœurant de servilité et d'arrogance. Si inutilement désagréable et stupide que tu te demandes parfois s'il n'a pas été croisé avec un scrout à pétard à sa conception... Et que cette moitié ne lui aurait pas grillé le cerveau au passage. Fort heureusement, il n'est pas ton supérieur direct, tu ne supporterais pas au quotidien ses petites remarques lancées l'air de rien, sur un ton doucereux qui te rappelle les pires pestes de Poudlard. C'est à se demander comment Cooper peut apprécier de travailler avec cet imbécile. Ce n'est pas un mauvais gars, Cooper. Il est même plutôt agréable comme collègue, toujours une plaisanterie aux lèvres et un sourire aimable. A plusieurs reprises, il t'a proposé de te joindre à eux tous pour aller prendre une bieraubeurre après le service. Et si tu as chaque fois refusé - aucune envie d'entendre les uns se rengorger de leurs exploits et les autres étaler leurs opinions répugnantes - l'attention te touche.

Une fois encore emportée par le fil de tes pensées, tu relèves les yeux à l'entente de la voix de Sullivan, pressant. Tu te rends compte subitement que tu n'as répondu à Wes que par un haussement d'épaule furtif avant de leur emboîter le pas. Il serait temps que tu renoues avec la réalité, si désagréable soit-elle. Une seconde boulette ne passera pas pour de la maladresse. Mais tu n'ouvres pas la bouche pour autant, te contentant d'observer et de suivre avec le moins de mauvaise grâce possible.
Le retour dans la rue est rapide, presque brutal. Tu resserres instantanément les pans de ta cape autour de toi pour te protéger du froid qui s'en revient agresser chaque centimètre de peau découverte et tu attends, lasse, les instructions suivantes. Comme tu préférerais être de retour au chaud, sous un plaid ou sous ta couette, livre et chocolat à portée de main plutôt qu'à te geler dans ces rues... A subir les remarques acerbes de tes co-équipiers.
A peine te retrouves-tu seule avec Wes que tu lui jettes un regard noir. « Ce n'était pas nécessaire, tout ce cirque ! » Tu le laisses t'interroger sans réagir, les yeux fixés sur l'horizon sombre de la ruelle devant vous. « Je vais très bien. J'ai juste fait... une erreur. Une erreur stupide, mais seulement une erreur, ça ne veut rien dire du tout ! » En réalité, si, cela signifie beaucoup. C'est la preuve de ton ras-le-bol, de ton envie de tout laisser tomber. En temps normal, jamais tu ne te serais autorisée à un tel manque de concentration en mission. Mais ce soir... Tu en as juste assez. Tu voudrais simplement tout laisser tomber, échapper à ce joug implacable du Ministère qu'il t'évoque... Mais tu t’abstiens bien de lui rétorquer qu'il est gens qui résistent encore et toujours. Tu n'as guère besoin de ça pour aggraver ton cas -  de toute façon, personne ne s'attendrait à des remarques positives à ton égard de la part d'un misogyne tel que Sullivan. En outre, tu n'as pas forcément envie de l'améliorer, pas aux dépends de la vie d'un homme. « Non... Non, je n'ai pas envie d'être celle qui l'attrapera. Aider à sa capture est bien suffisant. Ce... Stead n'est pas un criminel, pas un fou dangereux. Juste un sorcier qui a vendu ses marchandises aux "mauvaises" personnes. » Tu ne sais pas s'il percevra toute l'ironie que tu as placé dans le mot « mauvaise ». Malgré le cynisme, ta voix s'est faite plus douce, plus posée. Plus fatiguée.

Avant que la conversation ne puisse s'éterniser, des étincelles montent dans ciel, miroitement vert. « C'est Cooper. Il a du repérer quelque chose. » Sans attendre de voir si ton compagnon t'a emboité le pas, tu t'élances en courant dans la direction indiquée par la lueur furtive. Intérieurement, tu remercies le sens de l'à-propos de ton collègue. Tu n'avais surtout pas envie de devoir t'expliquer, discuter ou subir de grandes leçons de morale. Pas ce soir. Et surtout pas dans ce contexte.
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Wes avait encore de grands progrès à faire en terme de psychologie féminine. Toutes ses paroles semblaient rebondir contre la barrière de glace que c'était crée Erin pour faire face à ce genre de moments. Et quand la brulante policière essayait de se justifier, on sentait bien que sa protection était extrêmement fragile. L'époque actuelle n'était pas un temps qui prêtait à l'erreur. Chaque oubli, chaque faute avaient une conséquence sur la vie de chaque sorcier, et la plupart du temps les plus "faibles" étaient mis de côté, ou bien éliminés.

« Non... Non, je n'ai pas envie d'être celle qui l'attrapera. Aider à sa capture est bien suffisant. Ce... Stead n'est pas un criminel, pas un fou dangereux. Juste un sorcier qui a vendu ses marchandises aux "mauvaises" personnes. »

«  Et tu crois que ça me fait plaisir ? Je suis pris au piège moi aussi. Nous n'arrêtons pas des criminels, mais ceux qui s'opposent au Ministère. Nous n'avons rien de justice, mais si nous ne le faisons pas, d'autres le feront à notre place. Alors en attendant de trouver une issue à cet enfer, essayons de nous serres les coudes veux-tu?   »

Wes n'avait dites ses paroles que très basses de manière à ce que seule Erin puisse l'entendre. Pensait-il vraiment ce qu'il avançait? Hélas oui. Depuis qu'il avait donné son accord à Thickenesse pour devenir Rafleur, il regrettait son choix. Bien sûr il avait la liberté pour lui, il pouvait traquer, il pouvait sentir la nature tous les jours plutôt que l'odeur nauséabonde d'un bureau en sous-sol. Mais une partie de lui savait que ce qu'il faisait n'était pas le bon choix. Hannah était en désaccord avec lui sur son métier, d'ailleurs ses lettres se faisaient plus rares. Il ne comprenait pas pourquoi son frère avait rejoint les rangs de personnes comme cela, qui faisait leur propre justice, en privilégiant la nature du sang. Trop lâche pour quitter sa situation de privilégié, le Rafleur restait donc à son poste, à faire son job, en attendant de voir une éclaircie à l'orage qui surplombait la Grande-Bretagne depuis le retour du Lord.

Soudain des étincelles rouges firent leur apparition dans le ciel.

« C'est Cooper. Il a du repérer quelque chose. »

Wes eut à peine le temps de suivre Erin, qui courait déjà pour s'approcher de son collègue. Allons bon. Voilà qu'elle se précipitait pour retrouver Stead. Avait-elle un trouble de la personnalité ? Bien évidemment non. Gallagher savait que Erin voulait essayer de donner à Alan Stead une seconde chance, en lui laissant un peu plus de temps pour s'enfuir et se faire attraper plus tard. Mais on se faisait toujours attraper par le Ministère, surtout quand un Traceur était dans les parages.

Arrivés sur les lieux, Erin et Wes virent Cooper en train d'escalader un échaffaudage à la poursuite de leur cible. La silhouette de Sullivan se dessinait au boue de la rue. Il n'y avait plus de temps à perdre, si on voulait mettre fin à cette poursuite nocturne c'était maintenant ou jamais. Le chasseur pointa sa baguette vers Sullivan.

« Mais qu'est ce que v.... »

« Accio Brossdur »

En un éclair et pas de feu le fidèle compagnon du traqueur arriva, en bousculant Sullivan. Wes s'agrippa au manche du balai d'une main avant de prendre de l'altitude. Les deux alpinistes continuaient de se suivre, Stead était d'ailleurs bientôt arrivé au niveau du toit.

« Stupefix »

Alan avait sentit venir le coup. Il esquiva le sortilège en se plaquant contre le mur. Sachant que la situation était mal embarqué, il décida de prêter fausse route à ses poursuivant. Il se laissa glisser le long de l'échafaudage, déséqulibrant Cooper et surprenant le Traqueur. Arrivé sur la terre ferme, Alan se précipita dans la direction d'Erin. Mais Sullivan rodait non loin de là, sa baguette déjà prête à faire feu.

« Tu es fait comme un r... »

BAM

Alan n'avait plus rien à perdre. Il venait de décocher une droite au policier. Il se retourna pour poursuivre sa course, mais il ne savait pas qu'il restait une policière devant lui, drapé dans son capuchon noir. Accablé qu'autant de sorciers soit à ses trousses, le fugitif balbutia devant son opposant.

« Laiss... Laissez moi passer. Laissez moi en PAIX ! »

La paix c'est ce que tout le monde recherchait de nos jours. Mais qui pouvait s'insurger contre le nouveau pouvoir mis en place ?
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Des lâches. Voilà ce que vous êtes, autant l'un que l'autre. Deux lâches qui obéissent servilement pour n'avoir pas à se poser de questions, pour profiter d'une sécurité illusoire, pour s'autoriser à fermer les yeux sur la guerre qui se déroule là, dehors. Et dans laquelle vous n'êtes que de lamentables pions. Mais que vous le vouliez ou non, les questions sont là. Insistantes. Obsédantes. Pernicieuses. Plus le temps passe, plus il te devient difficile de détourner le regard face aux horreurs perpétrées par le Ministère. Ah tu étais fière de le rejoindre, voilà deux ans et demi ! Heureuse d'avoir trouvé un métier qui te permette de te rendre utile, si éloigné soit-il de ton rêve initial. Mais aujourd'hui, vous n'êtes plus que de vulgaires exécutants, guère plus que les Détraqueurs, pourchassant des hommes et des femmes dont le seul tort est de ne pas avoir baissé les bras. Les anciens aurors ont été discrédités, les défenseurs des libertés pourchassés. La moitié des membres de l'Ordre du Phénix, si cher à ta cousine, ont été classés parmi les Indésirables, fous dangereux accusés de menacer le gouvernement et l'équilibre du monde sorcier. Combien de temps faudra-t-il pour qu'Adele elle-même soit accusée de haute trahison envers le monde magique ? Combien de temps avant que tu ne te retrouves à traquer ta propre cousine ? Belle ironie, toi qui craignais il n'y a pas si longtemps d'avoir à pourchasser ton propre frère s'il s'engageait auprès des Mangemorts... Cette situation te rend malade. Et par Merlin, tu ne sais pas si tu pourras l'endurer encore longtemps...

Tu n'es pas exactement du genre sportive - ta silhouette aux légères rondeurs en témoigne - aussi en quelques minutes de course pour tu sens déjà ton souffle raccourcir et une pointe de côté s'inviter contre ton flanc. Ton cœur peu entraîné bat la chamade. Ou est-ce la peur de ce qu'il te faudra faire si vous mettez la main sur Stead ? La lueur des étincelles a disparu au dessus de vos têtes mais vous avez désormais la voix de Sullivan, braillant à qui mieux mieux des sommations pour vous guider. L'imbécile. Il peut bien grogner tout ce qu'il veut, après vous avoir échappé pendant des mois, Stead ne va certainement pas se précipiter à votre rencontre mains en l'air.
Vous surgissez brusquement dans la rue pour assister au concours de grimpe entre chasseur et proie. Nul doute que Cooper soit un habitué de l'exercice, ses gestes sont surs et précis. Mais la peur semble donner des ailes au trafiquant qui gagne peu à peu de l'avance sur son poursuivant. Une avance réduite à néant par l'intervention de Wes qui renvoie à terre le fuyard. Cette course-poursuite prend des allures ridicules et tu éclaterais presque d'un rire nerveux en attendant le craquement sinistre du nez de Sullivan écrasé par un poing décidé. Tu en rirais presque, oui. Mais c'est vers toi que s'en vient désormais Stead et l'appréhension te broie la poitrine dans un étau implacable. Tu n'as aucune envie de t'en prendre à cet homme, aucune envie d'être responsable de ce qui lui arrivera, à Azkaban ou ailleurs.

L'homme marque une seconde d'hésitation en te voyant, s'arrête dans une supplique qui te déchire le cœur. Et tu restes là, immobile, incapable d'un mot, incapable de l'attaquer. Tu le regardes seulement, comme pour mieux graver ses traits dans ta mémoire. Une seconde. Peut-être deux s'écoulent dans cet improbable statu quo avant qu'il ne comprenne que tu ne t'en prendras pas à lui. Reprenant sa course folle, Stead s'élance, te dépasse. Te bouscule dans sa précipitation. Erreur fatale. Le choc semble remettre en place tes idées folles et tu te retournes vers lui pour lancer, d'un ton atone et implacable : « Stupéfix ! » Ta voix a semblé se briser sur la dernière syllabe mais le sort a tenu bon, fusant vers le fugitif brusquement interrompu dans une position absurde. Aussi absurde que le monde dans lequel vous vivez.
Merlin t'en soit témoin, tu ne voulais pas le faire... Tu ne voulais pas. Mais tu ne peux pas non plus le laisser partir. Pour ta propre sécurité et celle de Loane.
Pour Loane oui.
Et parce que tu es trop lâche pour faire autrement.
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Diantre, quel plaie de travailler avec des incompétents. Erin n'avait pas la moindre envie de capturer le fugitif, mais c'était tout l'inverse des deux loustics de la Brigade Magique. A croire qu'ils le faisaient exprès de laisser leur objectif leur filer entre les doigts. Le traqueur reprit en main son balai et fonça en direction d'Alan Stead. Le dealeur de chaudrons se rapprochait d'Erin, et il semblait plus que stressé. Il lâcha un appel à l'aide en direction de la sorcière rousse, comme si il avait senti que elle aussi voulait quitter ce bateau qu'était l'Angleterre, pour s'échouer sur les plages normandes.

« Stupéfix ! »

Un éclair rouge sortit de la baguette de la policière et alla s'abattre sur la cible. Alan tomba à la renverse droit comme un piquet. Etais-ce vraiment Erin qui avait lancé ce sort ? Wes fut tellement surpris de cette réaction qu'il manqua de tomber de son balai lorsqu'il atterrit au sol. Peut-être avait-elle entendu les paroles lâches mais réfléchis du Rafleur. Après tout c'était elle ou lui, et chacun cherchait à protéger ce qui pouvait lui rester. Pour Gallagher c'était plus que tout la liberté de pouvoir vagabonder dans les landes d'Europe; pour Erin c'était sa petite soeur Loane. Mais cela Wes ne le savait pas. Ils n'étaient pas assez proches pour savoir à quel point sa petite soeur était important pour la jeune femme rousse.

Le chasseur sentit que ce geste avait un peu perturbé sa protégée. Il se rapprocha donc du malheureux inerte pour effectuer les dernières procédures de transfert. Il enroula le corps de Stead de cordes et fit signe à Sullivan et Cooper de l'emmener au Ministère.

« Ne le laissez pas s'enfuir. Et précisez bien que c'est Erin McAllister qui a réussi la capture. Je vérifierais que vous avez bien suivi mes instructions, et si ce n'est pas le cas, vous aurez très vite de mes nouvelles. »

Les deux sorciers confus acquiescèrent d'un hochement de tête. Ils connaissaient Scarface de réputation et ils savaient qu'il ne fallait mieux pas réveiller la bête enfouit dans le corps du chasseur.

« Avec McAllister nous procédons à des dernières vérifications. Allez partez. »

« Gallagher je vous rappelle que je suis chef de brigade. Vous devriez m'adresser un peu plus de respect, je ne suis pas votre elfe de maison. »

Wes pointa sa baguette sur la joue encore douloureuse de Sullivan.

« Ne me donne pas d'ordre veux-tu. Apprends déjà à mieux traiter ton équipe et à faire ton job, et après tu pourras me donner des conseils. Déguerpissez et vite. »

Le regard sévère, Sullivan transplana avec son compère en direction du Ministère. Wes quand à lui, baissa la tête comme si il essayait de trouver une réponse à la vue de ses bottes.

Encore une partie de "chasse" qui venait de se terminer. Et encore une arrestation d'une personne qui semblait plus innocente que coupable. Wes avait certes des remords, mais il avait aussi le sentiment du devoir accompli. Une arrestation de plus ne l'empêcherait pas de dormir. De toute façon depuis qu'il avait commencé ce travail de Rafleur, il n'arrivait pas vraiment à dormir.

« Tu as bien réagi Erin. Je sais que c'est dur pour toi, mais ça l'est tout autant pour moi. J'aimerais pouvoir m'évader et me libérer du Ministère, mais je ne vois pas d'issues hormis respecter les ordres. »

Comme si il se questionnait intérieurement, il sortit une phrase tout haut qu'il pensait finalement tout bas, dans les ténèbres de Manchester.

« Et toi, Erin, tu sais comment on peut s'en sortir ? »
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Tu n'en reviens pas encore de l'avoir fait. Tu n'en reviens pas d'avoir prononcé ce mot, condamnant l'homme à... à quoi donc d'ailleurs ? Quel est le châtiment pour ceux qui s'opposent au Ministère ces temps-ci ? Aura-t-il seulement le droit à un procès équitable ? La pensée te tirerai presque un ricanement de dépit. Ce n'est pas comme s'il existait encore un semblant d'équité dans ce monde à vau l'eau. Alors à quoi bon un simulacre de jugement... Non, ce sera plus probablement un aller simple pour Azkaban. Ou la mort. Les geôles sont pleines depuis trop longtemps, vide-ordure à ciel ouvert d'un Ministère paranoïaque. Stead n'est pas assez important pour être gardé en vie, il n'est aucun exemple à tirer de la torture d'un simple trafiquant.
Immobile au milieu de la rue, tu observes la silhouette figée avec un indéfinissable sentiment de tristesse. Demain sans doute, l'homme s'immobilisera à jamais, les traits déformés en une ultime supplique - sans doute semblable à la prière qu'il t'a adressé. L'espace d'une seconde, tu songes à inverser le sort. En profitant de l'effet de surprise, il pourrait peut-être semer tes collègues s'il court assez vite... Une seconde, oui, tu refuses d'avoir sa mort sur la conscience. Mais tu ne peux pas... Tu ne peux simplement pas faire une telle chose. Si tu avais maîtrisé les sortilèges informulés, peut-être aurais-tu pu lancer un discret Enervatum qui aurait été perçu comme une faiblesse de la part de ton sortilège précédent. Mais tu as bien assez de mal à lancer un sort convenable en temps normal. Alors tenter un informulé dans ton état de nerf... Utopie.

Voyant l'oeil noir de Sullivan, tu t'écartes pour le laisser achever la capture. « Je vais inspecter les alentours. » Vérification de routine, pour être certains qu'aucun moldu n'a pu surprendre la scène. Et prétexte idéal pour te détourner avant que ne se fendille pour de bon ta carapace d'indifférence. Sans attendre de réponse des uns ou des autres, tu t'éloignes de quelques pas, ne prêtant que peu d'attentions aux éclats de voix derrière toi. N'en prêtant pas davantage aux ombres des rues alentours que tu devrais pourtant scruter. Tu attends seulement leur départ pour te permettre de relâcher enfin ce masque qui te crucifie. L'écho du transplanage se fait enfin entendre et tu retiens un sanglot. Les bruits de pas, non loin, t'indiquent que Wes est toujours là. Tu savais qu'il resterait. Qu'il tenterait, de quelques belles paroles, de te réconforter, de te dire ce c'est ainsi, que vous n'y pouvez rien. Que ce n'est rien. Oh, tu viens seulement d'envoyer un homme à la mort - ou vers un châtiment pire encore. Non ce n'est rien. Rien que ton quotidien.

Et comme prévu, il parle. Il parle, de son ton chaud, posé. Presque réconfortant. Mais aucun mot, aucune douceur ne peut atténuer le sentiment de culpabilité qui te prend à la gorge. « Et lui ? Il n'a plus aucune issue désormais. » Tu lèves vers lui des yeux embués. « Et c'est notre faute. » Tu te détournes pour arpenter à grandes enjambées les environs, vérifiant bien superficiellement que personne ne traîne là. Avant de t'arrêter brusquement. « Je ne sais pas s'il est encore possible de s'en sortir. Je ne suis plus sûre de rien. » Tu sais seulement que quelque part, dissimulés aux yeux de tous, des hommes et des femmes ont fait le choix de se battre pour leurs idées. Une lutte courageuse. Mais vaine. Le pouvoir du Lord est chaque jour plus grand, leur vaillance s'éteindra dans le sang, tu le pressens d'avance.
Mais du moins mourront-ils la tête haute. Quand toi tu baisses les yeux platement. La fierté et l'honneur valent-ils de prendre les armes ? La justice et la tolérance méritent-elles le sacrifice de tant de vie ? La conviction d'Helga Poufsouffle qui vit en toi depuis ton entrée à Poudlard répond par l'affirmative. Ta peur et ta lâcheté n'en pensent pas autant. Et tu continues d'obéir, te haïssant chaque jour un peu plus.

Mais de ces pensées versatiles, tu n'oses faire part à Wes. Il est un homme agréable, gentil et tu apprécies sa compagnie, mais... Ce genre d'idées ne peuvent être énoncées à voix haute si facilement. Alors tu répètes seulement, d'un ton las « Je ne sais pas... » Tu ne sais pas, non. Mais la seule hésitation dans ta voix parle pour toi, tu en as bien conscience. Sur un soupir, tu le regardes, englobant l'endroit d'un geste du bras. « Visiblement, il n'y a personne ici. Je pense que nous n'avons plus rien à faire ici. Tu rentres sur Londres ? »
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