C'était donc ici que les Insurgés les moins violents se cachaient, au nez et la barbe des mangemorts, sur les toits des boutiques du chemin de traverse. Alan avait été conduit et introduit ici par Scar et il abordait fièrement à la fois son ruban rouge et sa jeune disciple qui était avec lui et avait pleinement embrassé leur cause. Ou du moins, qui avait embrassé sa vision des choses à lui à défaut d'autre chose.

Sa présence ici n'était pas hasardeuse, il savait que Ginny y avait séjourné avant de les quitter et se doutait que d'autres éléments parmi les plus récents veuillent rejoindre un parti sans doute un peu moins mou. Ce qui tombait très bien car Alan trouvait que leurs effectifs n'étaient pas suffisants. En plus de cette mission personnelle qu'il pouvait apparenter à un recrutement, Alan souhaitait rencontrer les leader locaux, les têtes pensantes du groupe et ceux qui faisaient preuve d'influence parmi les Insurgés. Depuis la mort de leur propre Leadeuse, Alan convoitait sa place et un manque cruel de communication se faisait selon lui sentir entre eux et les autres, bien que Vince palliait à ce problème de manière occasionnelle.

Parmi eux, beaucoup que son ruban semblait déranger. Il y avait autant de ces mous de pacifistes que des indécis qui se faisaient appeler des Audacieux. Tu parles, pensait-il. Nulle audace ici. Seulement des gens qui n'étaient pas décidés à se battre et à combattre le feu par le feu. Seule la méthode des Belliqueux pouvait fonctionner, ne s'en étaient-ils pas rendu compte ? Lui en tout cas le savait. Désormais, Scar le savait aussi. Bientôt, d'autres le rejoindrait, ils iraient ensemble dans leur asile où ils pourraient établir des plans pour réellement faire avancer les choses correctement.

En tout cas le silence régnait sur les toits. Ils étaient tous bien prudent ici. Une preuve de plus que Alan n'aurait jamais pu être parmi eux. Il avait besoin de parler plus haut qu'un chuchotement et ne supportait pas d'être ainsi restreint au mutisme. Il avait trop longtemps subit cet affront de devoir se taire pour ne pas se recevoir de coups, alors que même lorsqu'il était le plus parfait des esclaves son maître faisait preuve d'une cruauté sans limite sur lui, comme pouvaient en témoigner les diverses cicatrices qui le recouvraient.

Mais alors qu'il évoluait lentement entre les personnes présentes, cherchant dans le regard des uns et des autres cette étincelle qui brillait parfois dans les yeux de Scar, un visage retint son attention. Preuve vivante que son passé de rebut avait existé, que la violence qu'il recevait de son maître, il pouvait la rendre à quelqu'un. Il ne connaissait pas son nom, ce n'était pas nécessaire, on lui avait juste demandé de se battre contre elle et il l'avait fait, l'envoyant au sol sans relâche, la voyant se relever sans relâche également. Ces mêmes cheveux bruns et cette peau teinté malgré le teint pâle qu'elle semblait aborder. Il reconnaissait ses traits. Il s'approcha d'elle et fit l'effort de s'adresser à voix basse à la personne à côté d'elle.

-Comment est-ce qu'elle s'appelle ?

Pas de bonjour, pas de merci, juste le raclement rauque de sa voix posant une question remplie d'intérêt. Il avait déjà été admiratif devant sa ténacité et dieu savait qu'ils avaient besoin de ténacité dans ces temps troublé. Il ne manquait réellement plus que cette étincelle et il saurait qu'elle faisait parti des siens et non des autres mous qui les entouraient.

En entendant le son de sa voix, cette fille allongée, apathique, sur un couchage de fortune des Silencieux se retourne vers lui. Au premier abord, il ne vit rien de plus qu'une autre de ces lâches, brisée de l'intérieur, incapable de tirer profit des épreuves qu'elle avait traversé, incapable de se relever comme elle le faisait lorsqu'ils se battaient ensemble dans la poussière pour le bon plaisir de leur maîtres. Le grand insurgé allait donc se détourner, avec un regard déçu et plein de rancœur envers ce faux espoir qu'il avait eu, lorsque l'inattendu se produisit.

Le regard de celle que le silencieux avait appelé « Motus » changea du tout au tout. Il n'y avait plus d'égarement dans ses yeux désormais, il n'avait plus l'impression de regarder à travers des eaux troubles et désintéressées. Tout sembla devenir limpide dans son esprit alors que ses traits changèrent pour porter le masque de la haine, de la violence qu'on leur avait si bien enseigné et de la détermination à sortir vainqueur, dernier debout d'un combat qui enverrait l'autre gésir dans la poussière.

Une dernière parcelle de bon sens l'empêcha de hurler lorsqu'elle lui sauta à la gorge, à moins que la haine soit si forte qu'elle bloquait les sons directement dans sa gorge. En un éclair, Alan su qu'il y avait encore du potentiel dans cette jeune femme, à condition de pouvoir canaliser cette belle énergie contre les mangemorts et non pas contre lui. Puis, elle fut sur lui et alors qu'il levait les bras pour la maîtriser, elle réussit à lui envoyer un coup dans ses côtes encore meurtries par sa confrontation avec des rafleurs, quelques jours plus tôt et il du se mordre la langue pour s'empêcher de hurler alors qu'il flanchait.

Il s'écroula, sa jambe blessée s'étant réveillée suite au coup dans les côtes et le lâchant. Sans se laisser maîtriser par la douleur, Alan la mis à profit pour en tirer la force de tenir contre la jeune femme, attrapant ses bras sous les regards paniqués des autres insurgés et essayant de la plaquer dos contre lui pour l'immobiliser. La lutte était féroce mais silencieuse, personne n'osait lancer de sortilège pour les interrompre et ceux qui tentaient de les séparer se prenaient des coups et préféraient battre en retraite.

Au bout de quelques minutes de pugilat silencieux, Alan réussi enfin à imposer l'immobilité à son adversaire malgré son énergie du moment. Il ne la relâcha cependant pas tout de suite, voulant être sûr qu'elle n'allait pas lui bondir à nouveau dessus lorsqu'elle serait libre.

-Je ne suis pas ton ennemi, ils ont voulu te le faire croire, mais je ne suis pas ton ennemi.

Peut-être qu'elle était devenue folle, Motus, pour avoir tant de férocité contenue en elle et dirigée contre lui. Les combats qu'ils faisaient ensemble, qu'elle faisait avec d'autres, peut-être l'avaient-ils trop marqué, peut-être qu'elle ne pourrait s'empêcher d'attaquer quiconque ayant un air de ressemblance avec ses ancien adversaire.

-Moi aussi je me rappelle des combats, mais on est libre maintenant, on a plus à se battre toi et moi. N'essaye plus de m'attaquer.

Sa jambe et ses côtes le faisait souffrir, comme si on frappait des coups répétés sur les brûlures à moitié cicatrisées qu'il avait sur le corps. Cependant il serrait les dents, ne voulant rien montrer devant tant de gens. Il la lâcha enfin et la repoussa pour pouvoir se relever en épargnant sa jambe blessée.

-Qu'est-ce qui t'es arrivé, comment t'as atterris ici ?