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sujet; (MISSION ; ARANYSS#5 ) 'cause love is war and war is love

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(play)

Tes yeux se perdent dans le miroir. Drapé dans ton élégance, tu ébouriffes tes cheveux, n'osant plus te scruter, te regarder. Les yeux sont encore bouffis de fatigue, tu trouves difficilement, cruellement, le sommeil. Quelques heures volés, déjà envolées, à peine consommées. Tu n'aurais pas dû veiller si tard. Ton corps se remet, lentement, tranquillement. Les cicatrices n'ont cessées de disparaître & la douleur vacille, s'égosille au bord du vide. Tu resserres la cravate doucement, lentement, pour ne pas te sentir étouffé, carbonisé & encore éventré. Les souvenirs sont acides, poussant l'âme au suicide. La fumée te pique encore les yeux, le sang coule encore & encore, les cris fondent, frondent. Et tes doigts tremblent, rampent le long du tissu. Tu bouges calmement, passant de l'autre côté du couloir. Là, où elle demeure, les yeux clos, sous le manque de mots. Là, où le désordre sonne, résonne. Les vêtements sont déchirés, tout est renversé, bouleversé. Un peu comme vos âmes. Toujours comme vos âmes.

« Hey Gwen. », la voix s'éraille, déraille, rauque. Tu n'es pas doué pour parler, t'exposer. Les sentiments ont appris à être enfermés, balayés.  Tu ne dois rien sentir, rien ressentir. De glace, tu dois rester de ces fantasmes peu atteignables, tellement enviables. Tu n'as de cœur pour personne, tu ne dois pas en avoir. Jamais. Tes doigts s'égarent dans sa lourde chevelure brune, décrivent avec douceur les secrets de sa peau, de ce sang qui est aussi le tien. Tout va bien. Elle est là, elle te restera. « Tu me manques. », rien qu'un murmure sous les dorures de ta voix, rien qu'une tendresse sous tes caresses. Tes lèvres paressent sur son front, rencontrent la peau avec tant d'amour, trop d'amour. Tu remontes encore les couettes, tu savoures la proximité, l'intimité. « J'espère que tu rêves de mes croques-monsieur », murmures-tu d'une voix basse, lasse, un peu rieuse, un peu moins orageuse. Pendant l'instant d'une fuite, d'une poursuite, tu deviens ce frère idéal, enviable. Tu oublies les dénis, les défis. Les souffrances meurent dans ton indifférence. Les errances s'égarent dans les tendresses, dans les délicatesses. « Tu ne devrais pas en boire autant. Ça va te détraquer. », le murmure se perd dans le silence. Les fioles s'étalent, se dégradent. La paix au bord des lèvres, promettant un sommeil sans rêve.

«  Reviens-moi », elle ne répond pas, elle ne répond jamais. Et ta voix se fracasse, se crevasse entre les murs éventrés, balayés. Ne m'abandonne pas, hurle encore ta voix sur le champs de bataille, sur toutes les entailles. « Je serais toujours là. », caresses-tu d'une voix tranquille, facile. L'inquiétude s'étouffe entre tes doigts, sous toi. Tu veux juste qu'elle s'éveille, se réveille. Ne m'abandonne pas.

Trop tard, tu ne peux pas rester, t'attarder. Tu ne peux pas t'endormir en tenant sa main. Pas ce soir. Le devoir toxique, ironique, appelle, se rappelle. Ils en dépendent tous de ces taches ingrates, graisseuses, frileuses. Juillet impose, ose. Juillet se fait le maître mot du pire, de tous les délits & les dénis. Et tu subis, tu frémis dans un costume de la dernière mode. Ton cœur se perd, désespère en courant sur le portail, sur les détails. Ici, des visages de connaissances, des mirages en millier d'errances ; Combien d'entre eux vas-tu sacrifier, sauver ? Pas assez. Jamais assez. « Oh monsieur Lestrange, nous ne vous attendions plus. », soupire doucement l'amourachée, la dévastée sous le charme polaire, incendiaire. De ces cils dorés, trop long pour être naturels, elle trace le papillonnement de ses femmes acharnées, appâtés par les fils de trop bonnes familles. « Il paraît que vous vous portez en toutes saisons.  Je me demande si vous vous plairiez avec mon nouveau sac à main ? », le gloussement de dinde te hérisse le poil, tu esquives le contact de ses mains. « Il paraît que je suis l'héritier anglais parfait, également. Sûrement suis-je trop bien pour vous. », ta langue claque, assassine, divine. Tu saignes, tu règnes. « Sans aucun doute. », conclus-tu dans le toisement froid, sans foi, ni loi. Un hoquet de surprise s'arrache à ses lèvres, elle est balayée sur le rivage, délaissée loin de ses mirages. Ce n'est pas ce soir qu'elle attrapera un Lestrange.

De quelques enjambées, tu stoppes toute discussions, toute passions ravageuses, trop honteuses. Tu n'as de cœur que pour elle. Les battements se loupent, en déroute, sans un doute ; Elle te manque. Et  tu as envie de te réfugier dans ses bras, dans ses draps. Nyssandra pulse sous ta peau, sous tous les maux. Sous les douleurs, les horreurs, il existe un peu de lumière, un peu de douceur mièvre. Tu as peur de l'abandonner, de ne jamais être assez. La crainte de mal faire court, en manque d'amour. Tu n'as rien de ces séducteurs, de ces voleurs de cœurs. Tu n'as que d'yeux pour elle & qu'une âme un peu brisée, un peu amochée ; Est-ce que ça lui suffit un peu ? Juste un moment, un instant. Les robes virevoltent déjà sur la piste, en couleur, en acide saveurs. Tu n'aimes pas ses spectacles, ses mascarades. Tu n'as jamais évolué, pressé par la langueur de ses amours nocturnes, noctambules. « Comment va votre adorable sœur, Monsieur Lestrange ? », t'interrompt un jeune homme, sûrement désespéré par ses jeux du chat & de la souris. Il est le seul acteur de ses douleurs. « Elle se repose. » « Pour combien de temps ? » « Trop de temps pour vous. Elle vous fuit, j'en suis sûr. », il blêmit, s'évanouit dans ses attirances sans  réciprocité, ni chance d'intimité. « Auriez-vous l'obligeance de me laisser passer ? », claques-tu, dans l'acidité de tes mots, dans ce cœur glacé, gardé emprisonné. « Pardonnez-moi, monsieur. », souffle-t-il, gêné, dévasté par sa perte. Tu te déplaces, le verre de champagne à la main. Les regards se perdent, s'accrochent, ricochent & déjà, tu te glisses, t'immisces hors des rumeurs, des clameurs.

Le petit salon discret reste parfait, oublié. Il se recule, bascule dans la clarté, la tendresse. Et elle se dresse, elle. Nymphe, ses courbes te harcèlent, accélèrent la douceur,  les pensées en crève-cœur. « Nyssandra ? », ta voix lézarde les murs, les blessures, elle s'étouffe, souffle. Bleu contre brun se suivent, s’entre-suivent. Tu avales la distance, les errances, le cœur au bord du vide, au bord du rire. Elle est belle, tellement belle. De tes doigts, tu veux presser, caresser la courbe de son visage, embrasser ses lèvres. Le désir agrippe ton ventre, t'éventre. « J'ignorais que tu serais là. », tu te fais plus doux, trop doux. Tu oublies la mission, la pression. Ta main attrape la peau dans un frisson, dans une criante passion. Sa chaleur explose, implose sous les mots. Le monstre se fait plus vorace, plus tenace. Tu percutes d'un baiser lent, patient. La langue se guide, épousant sa jumelle, pressant les vieilles ritournelles. « Tu m'as manqué. », un soupire, le corps est moins douloureux, tortueux. Et tu hurles ton envie d'elle, de ses passions éternelles qui bousillent le ventre & mentent. Tes yeux ne la quittent pas, ne la laissent pas. Plus jamais ça.

Et pourtant.
Pourtant, quelque chose se crevasse.
Quelque chose te terrasse.

Le serpent t'enlace, sous les menaces. Il asphyxie, te bousille. Tes pupilles s'écarquillent & tu recules. « Merlin, c'est toi. Elle, ton précieux amour, cette marque indélébile sur ton cœur, sous toutes les erreurs. Pourquoi? Elle ne te l'a pas dit, elle t'a menti. Qu'est-ce qu'Il t'a fait ? », la crainte glisse, s'envenime. Ils l'ont cassés, abîmés. Et ta poche est lourde, trop lourde. Les fioles se choquent, s'entrechoquent ;  Son destin entre leur mains.

Ils te l'ont volés.
Tellement volé.
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'cause love is war and war is love

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25 JUILLET 2002 ; #Aranyss 5


C'est la troisième fois déjà. Et ses mains tremblent toujours autant. Sa gorge se noue toujours et elle a déjà le goût des larmes en fond de bouche. Mais bientôt, se promet-elle. Bientôt, elle s'habituera. Bientôt, ce ne sera plus rien.

Bientôt.
Bientôt.
Bientôt.

(Mais c'est quand "bientôt" ?)
Parce que la vérité, c'est qu'elle ne s'habitue à rien. Ni les silences glacés de ses nouvelles solitudes, ni les chaos assourdissants où elle se noie, ni les intrusions qui lui arrachent ses vérités. Elle ne s'habitue à rien. Sinon aux paquets de cigarettes dans sa poche, dans ses tiroirs jusqu'à celui du chevet de sa chambre. Ca, et les sorts de glamour, chaque matin avant de sortir, chaque soir avant de partir. Nyssandra n'est plus qu'une comédienne, porteuse de masques et diseuse de mensonges, et ses drames se jouent sur les scènes usées du quotidien.

Comme ce salon où elle a prétendu devoir s'isoler pour un appel de cheminée urgent.
Mais la seule urgence véritable est celle qui lui noue les entrailles et l'enjoint à sortir d'ici au plus vite. A sauter par la fenêtre s'il le faut - mais à fuir loin d'ici, loin de tout ça. Elle veut que la soirée se termine. Nyssandra ne veut pas recommencer. Elle n'a pas besoin de cauchemars en plus, de monstres supplémentaires à cacher sous le lit. Les siens lui suffisent pour une vie entière, elle ne veut pas de ceux des autres.

Maladroitement, ses doigts tirent un paquet de son sac avant de s'acharner à capturer sa dernière cigarette - son simulacre de calme, sa contenance 100% artificielle. Le clic d'une serrure qui cède résonne, et le simple bruit la jette hors du fauteuil, biche surprise à l'étang. Il n'en faudrait pas tellement plus pour qu'elle aille se terrer derrière un des rideaux du salon. Elle ne veut pas rester ici. Merlin, elle ne veut vraiment pas.

Et elle ignore seulement à quel point elle ne veut pas.

« Nyssandra ? » Les regards s'accrochent, et son coeur se comprime et s'écrase quand elle le voit. Quand elle voit encore les lézardes et les failles dans la glace, quand elle revoit les cicatrices qui courent sous le riche tissu. Et ...  elle va tout foutre en l'air, tout casser. (encore) (toujours) « J'ignorais que tu serais là. » Elle ignorait aussi qu'il serait là. Et loin du soulagement, le regard se perd nerveusement vers l'horloge qui tique l'heure dans un tac morbide de compte à rebours. Son escorte ne va pas tarder. Et Aramis ne doit surtout pas rester. Il ne doit pas savoir. Elle ne peut pas le perdre. Pas même un peu. « Aramis, tu ne peux pas rester, je d- » Mais les mots sont fauchés, jetés au loin quand il l'attrape de ses doigts contre sa hanche, de sa bouche sur ses lèvres, de son amour contre elle. Naturellement, comme le geste le plus évident du monde, le corps plie sous l'étreinte, lui cède tout et abdique, laissant les tendresses et les maladresses soigner ses maux. Et contre sa langue, vibre un gémissement dont la passion a des notes de désespoir, un quelque chose de sanglots. « Tu m'as manqué. » Souffle Aramis, et elle frissonne du manque de lui qui lui râcle constamment la peau. Reste reste reste, crient les doigts qui ont froissé la chemise, abandonnant le paquet et la cigarette à leurs pieds pour s'accrocher à lui. Pourtant, c'est un autre discours que tient la bouche dont le rouge a été saccagé : « Je suis désolée. Je ne peux pas rester, je dois trava- » Le mensonge vient presque naturellement maintenant. Deux fois déjà qu'il gobe la même couleuvre (qu'elle a du travail, qu'elle va rentrer tard, qu'il est encore convalescent, il ne doit pas veiller pour elle - ils se verront le lendemain, elle lui fera un gâteau). Jamais deux sans trois, dit-on. Espère-t-elle.

Mais Aramis Lestrange ne suit jamais les scripts, ne respecte jamais les scénarios qui régissent les clichés.
A la place, il s'arrache à elle. (et malgré elle, un couinement étranglé coule le long de sa gorge quand le froid lui mord à nouveau le coeur et la peau) « Merlin, c'est toi. » Accuse-t-il. L'incompréhension flashe dans la prunelle fauve.  C'est elle qui ... ? Qui quoi ? Et l'absence d'empathie lui brûle la gorge quand elle cherche à le ressentir, à l'atteindre. Instinctivement sa main se tend vers lui, cherche la chaleur de ses doigts. « Qu'est-ce qu'Il t'a fait ? » Qu'est-ce qu'on ... La réalisation lui explose au visage, la repoussant d'un pas en arrière et laissant l'angoisse éclater dans son ventre, enfoncer ses échardes dans ses nerfs. « Je ... » Les mots s'effondrent, laissent un goût de cendres dans sa bouche. (Tu as encore tout foiré, Eudoxie - tu es fière de toi, j'espère ? Tu ne vas pas le protéger, tu vas juste tout gâcher.) « Aramis, je ... » La lèvre plie sous la morsure d'une dent. Elle ne va rien rater. Elle peut encore tout rattraper. Alors, en deux pas, elle est de nouveau tout proche de lui. Doucement, des mains hésitantes viennent embrasser le visage d'Aramis. « Regarde-moi. Regarde-moi, s'il te plaît. Ca va aller. » Nyssandra lui offre les mêmes promesses que celles avec lesquelles elle se berce parce que c'est ce qu'elle a de mieux. En dehors de la vérité (sale)(moche)(répugnante) qui lui volerait Aramis, c'est tout ce qu'elle peut lui offrir. Des chimères, des hypothèses de futur. Mais ses mains tremblent à nouveau et la panique imprime une fébrilité inhabituelle dans ses paroles. « Ce n'est rien, d'accord. R-rien de plus que ce qu'ils t'ont dit. Et ça va bientôt aller mieux. Fais-moi confiance et donne-moi les potions, s'il te plaît. » Il ne peut pas se rebeller, l'empathe connait trop bien ses allégeances et ses serments. Et elle sait surtout qu'elle va le perdre si jamais il les rompt d'une façon ou d'une autre.


Dernière édition par Nyssandra Ollivander le Dim 11 Oct 2015 - 3:00, édité 1 fois
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La haine comme un serpent dans ton âme. Elle te fait juge mais te condamne. Tu les détestes tous. Ton corps brûle encore de ces souffrances, de ces indifférences. Tu t'es brisé. Tu as chuté. Morceaux après morceaux, tu n'as cessé de t'effondrer, de te pulvériser. C'est ainsi. C'est toujours ainsi.

Parfois, tu aimerais l'emporter.
Tu aimerais t'en aller.

Ta colère vibre en vagues sourdes, lourdes. Elle roule sur le rivage en sombres ravage. Elle annonce l'orage. Et tu la sens cette tension, ces hésitations. Peut-être que ce n'est plus vous. Peut-être que tu as trop peur sans elle. Tu as toujours la crainte de mal faire. Tu as peur de te trahir, de souffrir, de ne jamais vraiment grandir.  L'enfant ne cesse de te prendre la main, de marcher sur les même chemins. Et au loin, tu ne vois que les abandons, les vieilles passions. Et pourtant il y a sa voix, il y a toi. Tu ne veux plus être seul à en crever. Tu ne veux plus la laisser tomber. Et pourtant, tu te détestes. « Aramis, tu ne peux pas rester, je d- » , au fond, tu sais les mensonges, tu sais les songes. Du bout de tes doigts, tu décris la courbe de sa hanche, caressant sa bouche de la tienne. Elle t'a juste manqué. Et tu ne peux pas oublier, l'oublier. La passion assassine les questions. L'amour roule, coule, s'écoule, divin & souverain. Sans forcer, sans te ravager, tu l'aimes. Mais tu ne l'écoutes pas. Tu ne l'écoutes jamais vraiment, jamais tellement. Et l'évidence t'échappe, dérape. Elle s'écrase. Et tu n'as rien vu, rien voulu voir, savoir. Idiot.

Le gémissement te déchire dans un frémissement. Tu le sens dans ton ventre, sombre abysse, esquisse de cette vague fuyante, étouffante. Le désir te tord, te mord. Tu pourrais la déshabiller, laisser à d'autres cette mission, toute cette frustration. Les doigts te brûlent, t'embrument. Tu as déjà le cœur en enclume. Merlin, l'amour se fait exponentiel, éternel. Tu n'as pas vraiment peur. Tu veux juste la tenir, la retenir. Tu pourrais sûrement tout sacrifier, te damner. Pour elle, il n'y a pas de prix, pas assez de vies. Qui peut te juger, te condamner pour oublier ton existence, ton innocence pour un peu d'elle ?  Les doigts s'accrochent, écorchent le tissu. Elle te hurle de rester. Et tu la sens fuir, s'enfuir. « Je suis désolée. Je ne peux pas rester, je dois trava- » , les sourcils se froncent, ton cœur s’inonde. Elle a le mensonge sur les lèvres. Elle prend le dernier rêve. Et elle te piétine, elle vous assassine. Ta faiblesse  s'est dissipée, envolée. Elle s'est noyée sur le fil de ton cœur. Tu as colmaté les fissures, recousu les blessures. Et elle te ment. Encore & encore. « Tu ne te foutrais pas un peu de moi ? », grondes-tu, ta voix prenant des accents de glace. Tu laisses l'espace se creuser, vous distancer. Acerbe, tu l'as cru, tu l'as toujours cru. Tu n'as rien remis en question, tu n'as pas cherché les hésitations. Tu ne veux pas douter, te méfier. « Ça fait deux fois, chérie, il va falloir trouver autre chose pour m'esquiver. », assènes-tu dans la fureur & les horreurs. Au fond, ce n'est pas vraiment contre elle. Au fond, c'est contre toi.

Tu es juste tellement, tellement, tellement aveugle.
Tellement, tellement, tellement amoureux.

Tu t'arraches à elle. Et ton cœur se broie, se noie. Tellement, tellement, tellement stupide. Tellement futile. Alors pourquoi le couinement te fait hésiter, vaciller ? La glace se forme, se reforme. Et ça se fracasse sous ton armure. Elle ébranle tous les murs. Et tu comprends, tu te damnes, tu te condamnes. C'est elle. Ces mains sales qui passent sur les émotions, caressant les allégeances avec patience,  indifférence ; Ce sont les siennes. Cette équilibriste, cette séductrice des raisons, des questions ; C'est Nyssandra. Tellement, tellement, tellement imbécile. Et tu deviens son tueur, le synonyme de toutes ses horreurs. Bordel, tu assassines la femme que tu aimes.

Qu'est-ce qu'ils lui ont faits ? Qui l'a bousillé, cassé ? Les mains tremblent, s’enfonçant dans les poches de ta veste. Tu n'es plus le maître. Elle tend la main, tu regardes le bout de ses doigts. Non, tu ne veux pas la toucher. Tu ne veux plus.   Tu recules. L'enfance revient, souveraine, reine. Les hurlements sonnent, résonnent à tes oreilles, dans tes veines. Tu l'as aussi rejeté cette fois là. Tu l'as aussi balayé, éclipsé. Et tes larmes ont rebondis tel un collier de perles cassé, ravagé. Elle t'a abandonné. Elle t'a délaissé.  Et tu ne sais pas bien pardonner, oublier. Le dégoût t'encrasse, t'écrase. Tu te hais tellement.

« Je ... » , elle recule & tu te tends, elle comprend, elle apprend. Elle hésite et tout vient s'effondrer. Tout est déjà bousillé, éraflé. Tout est mutilé, ridiculisé. « Aramis, je ... » , sa voix n'est qu'un souffle. Et tu t’essouffles. Comment as-tu fait pour échouer autant ? Ta sœur, Draco. Et puis elle.  Tu ne sais pas protéger, les protéger. Tu ne fais que les tuer. Ses dents s'enfoncent dans ses lèvres, et tu grondes. Elle fait deux pas & ses doigts pressent, caressent tes joues. Un frisson s'arrache, t'enlace. « Regarde-moi. Regarde-moi, s'il te plaît. Ca va aller. » , ton myocarde dérape, s'écrase dans un bruit mat de douleur, de frayeur.  Elle veut y croire. Elle veut le croire dans les grondements de sa voix, dans les peurs, dans les douceurs. Et pourtant, la panique file, défile. Les tremblements sont réels, éternels. Ils sillonnent son cœur sans dire un mot. Tendre fléau. Elle ment comme elle respire, comme elle inspire. Les yeux fauves s'emmêlent, se démènent. Encore un sanglot retenu, et elle saute. Elle implose, explose. Et tu n'as rien fait.  « Ce n'est rien, d'accord. R-rien de plus que ce qu'ils t'ont dit. Et ça va bientôt aller mieux. Fais-moi confiance et donne-moi les potions, s'il te plaît. »   « Non ! », le cri déchire la pièce, n'apaise pas. Reculer, vite. Tu dois reculer. Tu ne dois pas vaciller, osciller. Tu ne dois plus trembler. Tu as pourtant la gorge noué, les entrailles éventrés. Elle ne doit rien voir, rien savoir de ton émoi. Tu sais qu'elle va te quitter ; On te l'a déjà arraché. « Arrête de me mentir. », tu murmures, en reculant, en laissant tes yeux clairs avouer toute ta vulnérabilité, toute ta fragilité.

Tu sais, tu n'es jamais assez.

La clarté étrange de tes yeux noue tes lèvres. Tu crois vraiment qu'il faudrait si peu de choses pour craquer, t’arrêter. Et tu ne veux pas la perdre. Tu ne veux plus la perdre. Tu sais que tu es le soucis. Tu sais que tu détruis plus que tu ne construis. Tu as pourtant promis. Tu as pourtant compris. Tu es pas fait pour aimer. Deux pas, et ta bouche se remplit d'amertumes, d'écumes. Le silence s'étend, s'étiole, vous gomme. Tu as mal au creux de la poitrine, au creux des reins. Et tu ne veux pas la livrer, leur livrer. Tu ne veux plus condamner, les damner. Et les bleus s'étendent sur tout son corps, ode à la violence, à toutes ses indifférences. « Comment pourras-tu me pardonner ? », ta voix se brise, tu es proche de la crise. Tu as promis, tu as failli. Le murmure se perd entre les dorures & les ordures. Tu ne sais même pas comment te pardonner toi-même. La hantise se forme, te déforme. Et si il te manquait des mots ? Et si ce n'était jamais assez ? Et si tu étais trop lâche pour accepter, renoncer ? « Je ne veux pas ... », un souffle, ça t'étouffe. Tu ne veux pas qu'elle te quitte.

Tes doigts ravagent ta chevelure, semant le désordre, laissant l'absence d'ordre. Tu aimerais tellement être assez fort. Tu aimerais tellement revenir aux rires, aux sourires. Tu aimes te réveiller dans ses bras, dans ses draps. Égoïste fini, tu ne veux plus la laisser, l'abandonner. Tu n'as pas eu assez de sa peau, de cette overdose de doigts entremêlés, de confidences sur l'oreiller. Tu veux encore la voir dormir, te blottir encore un peu, toujours plus à elle. Ce n'est pas assez. Tu veux des semaines, des mois, des années pour la regarder, l'admirer, la toucher. Tes doigts tremblent lorsque tu accroches sa nuque, percute sa bouche. Le baiser se fait désespéré, pressé. Tu ne sais pas exprimer. Tu ne sais pas parler. Tu ne dis pas vraiment je t'aime, tu les traces sur son épiderme de la pulpe de tes doigts, en caresses, en tendresse. Tu sais que tu n'es que maladresse. Tu t'accroches, écorches du bout de tes ongles. Tu vas dire des bêtises, tu vas t'effondrer dans tes hantises. Ne me laisse pas, laisses-tu sur ses bras. Ne m'abandonne pas, au creux de son ventre. Je t'aime, sur le bord de tes lèvres. « Epouse-moi. », craches-tu, en frôlant du bout de tes doigts les flacons de potion & la boite de velours noir. L’œil hagard, tu t'égares. Les mots s'échappent, frappent. Ils te laissent pantelants, agonisants. Les yeux se font sombre, ils courent dans les ombres. Ils ne veulent qu'elle. Ils ne se promettent qu'à elle.

Clac, tu vides tes poches. La boite noire s'expose, s'impose. Elle referme l'or ouvragé, travaillé. Les arabesques du métal se font plus nobles. Il esquisse l'éternité,  des millions d'années à partager, à s'aimer. Les fioles roulent, rencontrent la boite. Les dualités s'affrontent, s’inondent. Tu veux promettre. Tu ne veux plus renoncer, l'abandonner. Tu ne veux plus accepter. « Epouse-moi. », répètes-tu, les yeux s'accrochant aux siens, se rivant sur ses prunelles. Nul autre qu'elle.   Tes yeux dévalent les ondulations, se perdent sur le creux de sa bouche. Tu ne sais pas manier les mots. Tout est si dur, tu n'as pas l'éloquence, la patience de ses autres. Tu n'es pas vraiment parfait. Tu es clairement pas ce qu'il y a de mieux sur le marché. Tu as griffonné des centaines de déclarations, des passions. La voix de Susanna te revient, ses yeux pétillant de malice. Il te reste juste à sauter, à te bousiller. « Sois mienne. », caresses-tu. Du corps au cœur, tu veux tout posséder, tout érafler. Tu veux la protéger, l'aimer. La première, elle n'est pas. Mais tu veux qu'elle soit la dernière. Tu la veux, coulant en toi en amour toxique, unique. Tu n'as à la place du cran que la peur d'être ridicule, minuscule. Et pourtant, tu souffles ; « Je ne vais plus t'abandonner. ». C'est promis, c'est juré. Tu ne la laisseras plus s'envoler, te quitter.

Et la courbe de ses yeux esquissent le tour de ton cœur. Tu loupes un battement, tu laisses tes doigts fuir en tremblements. Ils ne te l’enlèveront pas.  Ils ne te la voleront plus.
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25 JUILLET 2002 ; #Aranyss 5


L'amour éclate en braises au creux du ventre, impatient, pressé. Il est la caresse de sa main sur sa hanche, de sa bouche contre la sienne. Et pourtant, il oppresse. Il est la promesse de tout ce qu'elle a et de tout ce qu'elle peut perdre. Droit au cœur, il se perfuse, dilué, noyé dans des craintes d'abandon et de solitude. Il annonce déjà les ères glacières et les tempêtes de neige quand elle oscille entre l'abandon de la raison et celui des passions. « Tu ne te foutrais pas un peu de moi ? » Face à l'accusation, Nyssandra n'arrive pas vraiment à jouer l'indignation des adultes malhonnêtes, pas vraiment à glisser ses piteuses excuses des enfants repentants. A mentir encore, toujours. Oui, il a raison : elle se fout de lui. Elle lui vend l'or quand elle n'est plus que du toc plaqué, un doré artificiel, pas précieux pour deux noises. Elle joue les précieuses, alors qu'elle est seulement ridicule. Ridiculement faible, ridiculement pitoyable. Ridiculement elle. « Ça fait deux fois, chérie, il va falloir trouver autre chose pour m'esquiver. »

Il va falloir trouver autre chose pour le garder.
Parce que déjà la vérité leur éclate à la gueule et plante ses crocs glacés dans leurs chairs. Et il recule, il l'abandonne. Aramis se refait glace, reprend ses habitudes de prince tyran. Sa chaleur lui échappe ; à nouveau, elle agonise d'angoisse et de solitude. Et sous le regard dégoûté, les doigts se recroquevillent et la main retombe contre la mousseline soyeuse. Contre la paume, dans les plis trop blancs de la robe, ils cachent la laideur et la saleté encrassées sous la peau. De honte, ils dissimulent les horreurs commises et les crimes coupables. Et pourtant, elle reste. Et pourtant, elle s'approche et ses doigts l'accrochent. Elle ignore les tremblements de ses mains, la peur au ventre, l'envie de fuite qui veut la tirer en arrière. Nyssandra sacrifiera ce qu'il faut, elle donnera ce qu'ils veulent d'elle. Mais elle ne peut pas le perdre, pas lui. Plutôt mourir. Elle ne veut pas être de nouveau avalée par la solitude. Elle ne veut pas être privée de lui.

C'est déjà trop tard.
Il est dans sa vie depuis trop longtemps.
Maintenant, elle ne souvient plus comment vivre sans lui.

Alors elle promet. Elle promet que rien ne changera parce qu'il n'y a pas de raison que ça change. Ces soirées ne sont que des cauchemars. Si elle fait assez d'efforts, elle peut les effacer au réveil, en chasser les traces au matin. De son esprit fatigué, de son visage défait. Elle peut être encore la Nyss qu'il aime. Elle la connaît par cœur, elle connaît ses dialogues et ses gestes, il n'y a pas une ligne du script qu'elle ignore. Et, bientôt, elle s'habituera, n'est-ce pas ? On dit que les êtres humains s'habituent à tout. Elle a juste besoin d'un peu plus de temps. D'un jour de plus. Une semaine, une année. Une vie.

(Elle a juste besoin qu'il reste)

« Non ! » Le cri la surprend, lui arrache un sursaut et les mains s'écartent comme brûlées par le rejet. « Arrête de me mentir. » Accuse-t-il dans un souffle défait, et pourtant, les mots lui meurtrissent les chairs et le coeur. « Je ne mens pas, Aramis, et son murmure laisse une traînée de larmes sur sa langue, le murmure a la saveur de son enfance : Je fais de mon mieux, pourquoi est-ce que tu ne veux pas me croire ? » La question vient s'échouer entre eux comme elle se fracassait aux pieds de son père. Pourquoi est-ce que tu ne veux pas m'aimer ? Il se rapproche, et un instant, elle en respire mieux. Le souffle s'allège, un instant, avant de se glacer dans sa gorge quand ses yeux accrochent les yeux trop clairs, deux iris comme du verre prêt à se briser. Est-ce que, comme Ascleus, c'est sa présence qui rend tout douloureux, tout rugueux ? « Comment pourras-tu me pardonner ? Je ne veux pas ... » Dans sa cage d'os, le coeur se contracte et se dilate à un rythme d'oiseau paniqué. Aramis ne veut pas rester. (pourquoi est-ce que ça t'étonne ?) Aramis ne veut pas rester. (tu savais que ça finirait comme ça, n'est-ce pas ?) Aramis ne veut pas rester. (tu finis toujours par décevoir les hommes que tu aimes, non ?) Les voix qui ont pavé son histoire bourdonnent dans ses oreilles, fantômes de douleurs pas vraiment révolues, de complexes pas totalement résolus. « Parle-moi ... Aramis. » Les mots tremblent, la gorge se noue et elle étouffe. Elle voudrait crever. S'il l'abandonne, rien ne pourra jamais aller mieux. Et ça aussi, c'est une certitude. « Je, je ne peux plus sentir, tes ..., s'il te plaît, explique moi ... »

Dis-moi que tu m'aimes toujours.
Dis-moi que tu me trouves toujours belle.
Dis-moi que je peux rester encore un peu.

« Aramis- » Mais il s'écrase contre elle de tout son corps, de tout son cœur. Et elle couine la surprise contre sa bouche, presse le soulagement sur sa langue. Nyssandra connait ses mots maladroits, un peu patauds : leurs jeux d'enfants capricieux ont trop aiguisé leurs mots, c'est souvent encore qu'ils ne savent pas se parler sans se couper les doigts. Mais Nyssandra s'en fout un peu, au fond, d'un peu de peau abîmée. Car elle les connait déjà par cœur, ces gestes qui en disent plus long que des milliers de mots. Qui épellent les déclarations contre sa peau. Soignent les déchirures et les malentendus.

Il l'aime encore.
Il va rester.

« Epouse-moi. » Sous les cils, les yeux fauves le fixent, sans comprendre. Un instant, Nyssandra croit mal entendre. Est-ce qu'elle délire comme la dernière fois ? Bones prétend que les effets secondaires sont une chose normale, banale avec les potions expérimentales - et la chroniqueuse lui a suggéré de cesser de trouver des excuses à son incompétence crasse. « Pardon ? » Demande-t-elle, perdue. Elle veut lui dire qu'elle ne se sent pas très bien, qu'elle hallucine des choses impossibles. Quand le velours noir se dévoile, les mots lui manquent et le regard s'écarquille, s'éclate de surprise sous la répétition : « Epouse-moi. » Tout va trop vite. Beaucoup trop vite. Comme toujours, Aramis s'impatiente, se précipite sans regretter les fossés où il se jette. « Sois mienne. » Et elle, sale égoïste égocentrique, envisage un instant de l'y pousser. Qu'il sombre avec elle. Qu'il ne puisse jamais se défaire d'elle. « Je ne vais plus t'abandonner. »

« Je suis à toi, je suis toujours à toi. » Les doigts fins, délicats accrochent les siens, tissent la promesse. Parce qu'elle est incapable de vivre sans lui. Qu'ils se déchirent ou s'attirent, elle a toujours été à lui. Dans les disputes et les amours, il est son éternel partenaire. « Je ne pars pas. » Les baisers déposés sur ses doigts tracent le serment. L'amour la tient, la retient. Elle ne fuira pas, elle va rester. Peut-être qu'elle a encore plus peur du manque de lui que de la folie, finalement. Peut-être qu'elle préfère les enfers de l'addiction à la douloureuse liberté du sevrage. « Mais on n'épouse pas les gens par pitié ou parce qu'on se sent responsable d'eux, Amour. Ce n'est pas comme ça que ça fonctionne. » Un sourire triste s'esquisse. Nyssandra ne sait pas vraiment comment lui expliquer sans le dégoûter complètement. Comment le garder et le préserver à la fois. « Je n'en demande pas tant. » L’œil fauve capte l'éclat trop limpide de la potion, le cristallin trop clair du poison. Aramis verra de toute façon, pas vrai ? Car si le devoir se brise, il sera puni, et ce n'est pas envisageable. C'est une route qu'elle barre d'impossibilités. Ses cicatrices sont déjà trop nombreuses. Elle refuse de le marquer hors de l'amour, elle refuse de le blesser. Pour lui, elle n'a que des tendresses comme cette main qui épouse la joue, comme ce pouce qui s'égare sur la pommette. « Tu n'as pas à être pardonné, tu n'es pas responsable. C'est mon choix. De rester. » Quand les doigts se referment sur le cristal froid de la fiole, elle s'écarte, recule hors de sa portée, la potion déjà cachée dans son dos et une main tendue devant elle pour l'arrêter, le dissuader. « Tu reposeras la question si tu trouves que ça en vaut encore la peine, d'accord ? souffle-t-elle comme une promesse pour atténuer l'amer de son geste en traître - et le pouce déloge la cire qui scelle la fiole : Ce sera ta dernière occasion de me fuir. Je ne te laisserai plus partir si tu recommences. »

Elle ne saura pas être raisonnable s'il recommence.

Le goût de la potion est trop sucré contre sa langue, écœurant à lui en donner la nausée l'espace d'un instant. Dans sa gorge, la sensation est poisseuse, de celles visqueuses dont le souvenir s'attarde trop, et une grimace tord la bouche, abat les paupières sur les iris bruns. Le souffle se creuse, un peu tremblant. « Ca va aller. » C'est seulement la potion. L'empathie se dépêtre de ses entraves, elle sent la magie qui s'agite, brise le barrage et crée les fissures. Mais pour le moment, c'est seulement la potion. « Ce n'est pas vraiment un grand cru, croit-elle plaisanter et un des sourires signature de la mondaine Nyssandra s'esquisse, instinct trop bien inscrit sur ses nerfs, avant qu'elle ajoute d'un air de rien, pour le rassurer, l'apaiser : Il me faut du champagne, est-ce qu'on y va ? »


Dernière édition par Nyssandra Ollivander le Dim 11 Oct 2015 - 3:07, édité 2 fois
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Et il y a la sensation de la perdre.
Les vagues douloureuses, orageuses glissent sous tes doigts, sur toi. Il y a la peur, l'horreur qu'elle fuit, s'enfuit. Il y a la vieille sensation d'abandon, d'hésitation sur ta langue. Tu veux juste un peu la tenir, la retenir. Juste un peu. Et ce n'est pas grave si tu n'as été qu'un jeu, une faiblesse, une caresse sur le creux de sa peau. Ce n'est pas grave si tu n'es pas assez. Tu as juste l'impression d'être un peu plus fort contre elle, pour elle. Tu as juste l'impression de ne pas avoir tous les tords.

Le cœur déraille, bataille dans ta poitrine, menaçant de se briser à chaque coups. « Je ne mens pas, Aramis, elle susurre, fissure l'armure & les blessures. Longtemps, tu t'es habitué aux jeux de dupes, aux mensonges, aux songes. Là où tu te glisses dans la froideur, Nyssandra n'est que chaleur, animal politique, caustique. Elle en a déchiré, ébranlé des cœurs, elle t'en a fait commettre des erreurs. Et en vérité, tu le referais des dizaines, des centaines de fois pour l'effleurer, la garder, l'aimer. Du bout des lèvres, tu traces, retraces les larmes silencieuses, peu courageuses. Je fais de mon mieux, pourquoi est-ce que tu ne veux pas me croire ? ». Parce que tu as échoué. Parce que tu ne vas jamais gagner, triompher.

Et tu t'approches, t'accroches. ( Ne me quitte pas. ) Il y a encore un espoir pour vous. ( Ne pars pas. ) Juste un peu, encore un peu. ( Ne m'abandonne pas. ) A chaque pas, tu as besoin d'elle, tu as besoin de sa peau.  « Parle-moi ... Aramis. »  , et tu te stoppes, tu ne sais pas parler, t'exprimer. Tu ne sais que toucher, aimer à gestes interposés, dépassés, avortés. Les doigts se tendent quand la gorge se noue, quand le cœur se troue. . « Je, je ne peux plus sentir, tes ..., s'il te plaît, explique moi ... » , et les émotions tombent en morceaux, en lambeaux. Tu ne veux juste pas la perdre. Tu ne veux juste pas t'avouer vaincu, battu. « Aramis- », et le corps fond sur le sien, la bouche s'écrase, les doigts se crevassent contre le tissu. Il y a les tracés de l'amour à même l'épiderme qui germent sous la pulpe de tes doigts, sur les mains caressantes, apaisantes. Il y a les millions de mots d'amour restés bloqués, braqués dans ta gorge. Il y a des mouvements qui soufflent tout, qui s’essoufflent dans l'air. « Epouse-moi. », et les paroles fatales, infernales.

Et elle ne comprend pas.
Et elle n'apprend rien.

Les sentiments t'échappent dans ta détresse, dans ton malaise. Les yeux fauve cherchent les explications dans la question. Le « Pardon ? » roule, se déroule sur sa langue, chauffé, échauffé. Et ça fourmille, ça te bousille déjà. Alors tu pousses le vice, les caprices en exposant la boite, en murmurant tous les serments. Tu ne mens pas, tu ne mens plus, même si c'est l'impuissance qui te déchire, qui construit ses empires. Même si, au final, tu restes le pire des deux.

« Je suis à toi, je suis toujours à toi. » , les doigts s'accrochent, ton cœur s'écorche. « Je ne pars pas. » . Alors pourquoi tu t'en vas ? Tu n'as, au fond, jamais voulu qu'elle. Tu ne pourrais tuer, t’éventrer que pour elle. Tu pourrais mourir, trahir pour ses yeux, pour qu'ils ne soient jamais, jamais à eux. Les baisers sont doux comme un souffle léger, à peine déposé contre ta peau & les doigts mêlés, entremêlés. Elle murmure des toujours dans les plis de ta peau. Elle susurre des à jamais dans tes besoin d'une éternité. « Alors épouse-moi. », susurres-tu, murmures-tu. « Mais on n'épouse pas les gens par pitié ou parce qu'on se sent responsable d'eux, Amour. Ce n'est pas comme ça que ça fonctionne. Tu fais non de la tête comme un enfant, tu ne veux pas l'entendre, ni le comprendre. Il n'est pas question de pitié, il n'est pas question de culpabilité ( ou peut-être un peu), mais c'est si grave si tu ne veux qu'elle, si tu n'as d'yeux que pour elle ? Et dans son sourire triste, tu murmures, blessé, tué. Tu vois que tu pars. ». Au fond, rien de nouveau sous le ciel de l'Angleterre, elle finit toujours par te laisser, t'abandonner dans vos vieilles guerres amères & sans lumières. « Je n'en demande pas tant. », elle a toujours trop demandé & tu as toujours réclamé. Tu as besoin d'elle comme on a besoin d'oxygène, comme on a besoin de caresses, de tendresse. Et la peur se distille, fragile & imbécile. La main coule contre ta joue & son pouce glisse, s’immisce, ça a un peu la saveur des aurevoirs & des désespoirs. Tu vas voir, elle va te laisser dans le noir. Et il n'y aura que des histoires d'absences & d'indifférences. « Tu n'as pas à être pardonné, tu n'es pas responsable. C'est mon choix. De rester. ». La bouche se plie, se déplie & ta voix explose, s'impose ; « Je ne t'ai pas sauvé. Je n'ai pas été là. ». Tu n'es jamais là.

Échec se grave, se gave de ta peau, de tes maux.
C'est toujours un Échec & mat, pour toi, entre tes doigts.

« Tu reposeras la question si tu trouves que ça en vaut encore la peine, d'accord ? Tu fais oui de la tête, elle en voudra toujours la peine, elle vaut toutes les peines. Ce sera ta dernière occasion de me fuir. Je ne te laisserai plus partir si tu recommences. » Et dans les lueurs bleus, tu vois, aperçois, le liquide qui roule entre ses lèvres & toutes tes colères qui surgissent, jaillissent. « Nyssandra ! Non ! », les doigts se tendent, s'enroulent à son poignet, tirant fort sur elle. Il est trop tard, il est bien trop tard. Le poison mortel roule dans ses veines. Et tu n'as rien fait, tu as encore échoué. «  P-Pourquoi tu ne veux jamais me laisser te sauver, Nyss ? ». Et ça a le goût de l'enfance, de l'adolescence, elle n'a jamais voulu être la princesse en détresse. Elle n'a jamais voulu te laisser la sauver, l'aimer.

« Ca va aller. », grimace-t-elle, massacre-t-elle du bout de ses talons. Elle ment & tu dois mentir aussi, tu dois encore la trahir. Ça ne va pas aller. « Ce n'est pas vraiment un grand cru, susurre-t-elle en se pensant amusante, plaisante, en laissant esquisser l'animal de mondanité, de superficialité. Il y avait toujours eu ces deux visages en Nyssandra. La beauté d'une sensibilité éclatée, pulvérisée sous tes doigts, la fille fragile, abîmée, mal aimée et ce masque de fêtes & d'ivresses, de piqûres & de dorures. Et dans un subtil mélange, tu retraces les courbes pour la faire tienne, pour la faire souveraine, reine. Il me faut du champagne, est-ce qu'on y va ? » . Et toi aussi, tu peux avoir des masques. Toi aussi, tu peux tricher, tromper malgré les suicides de ton cœur, les trop nombreuses erreurs. « Oui, on y va. », puisqu'il n'y a plus qu'à se laisser faire, puisqu'il n'y a plus qu'à se laisser consumer, consommer par les flammes & les drames. Tu rattrapes la bague & la fiole restante, sans un regard, un égard pour elle, sans pouvoir cacher les blessures & les murs.

Doucement, tu lui accordes ton bras, la menant vers les battements de la fête, les battements de ton cœur. Et tu sais que tu vas la perdre dans ce monde artificiel, superficiel. Tu sais qu'il n'y aura pas assez de place, elle va t'effacer, te balayer. Et peut-être que c'est moins dur. Peut-être qu'elle ne verra pas les fissures. Derrière la lourde porte, il y a des enfers, des guerres sociales qui te sont infernales, épouvantables. « Nyss ? Je t'aime, tu sais. », sur le ton d'une banalité, d'une normalité, les sentiments surgissent, envahissent le kaléidoscope de l'empathie, des interdits. Les mots sautent au visage, étranglent les mirages. Il y a la vérité dans la fuite de tes yeux, dans ce tendre aveux. « Pardonne-moi pour ce que je vais faire. ». Mais tu ne peux pas te laisser faire. Tu ne peux pas la laisser s'en aller, t'abandonner. Tu ne peux pas tout leur laisser.

Et les portes s'ouvrent, l'enfer se découvre. Et le cœur en cendre, tu attrapes les verres sentant ton monde partir à l'envers, de travers. « Mesdames, messieurs, si vous voulez bien m'écouter. Le bras se déroule, coule sur la taille de Nyssandra, l'attrapant, la rattrapant à toi. J'aimerai vous annoncer en mon nom & en celui de Nyssandra Ollivander, notre relation. Le silence se pose, s'impose. Les hoquets de surprises s'égosillent, vacillent, certains cœurs sont brisés, désemparés. C'est à elle que je dois le suçon qui a fait verser tant d'encre, et c'est elle qui va devenir mon épouse. Des cris d'horreur & de douleurs déchirent la pièce. Merci beaucoup pour votre attention. ».

Et dans un murmure, tu susurres à son oreille ; « Ne me laisse plus partir. ». Il n'y a pas la moindre moquerie, pas la moindre horreur, ni l'envie de la coincer, de la brûler, juste de la garder, de l'aimer. Tu ne partiras pas, tu ne partiras plus jamais. « Tu veux danser maintenant ? », la lueur reste froide alors qu'une crainte se dessine, s'esquisse. Tu ne veux pas qu'ils la volent, qu'ils te la dérobent. Tu ne veux pas la perdre.

Tu ne veux tellement pas la perdre.
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25 JUILLET 2002 ; #Aranyss 5


« Je ne t'ai pas sauvé. Je n'ai pas été là. » Un non résigné mais ferme s'esquisse dans un mouvement de tête, dans la chevelure balancée de gauche à droite. « Tu as sauvé Gwen, c'est le plus important. » Et il n'y rien à sauver ici. Nyssandra a déjà tourné, retourné la situation, sous tous les angles et de toutes les façons. Il n'y a pas de solution, pas sauvetage possible sans sacrifices qu'elle ne sait pas envisager, qui lui filent la nausée. La fuite, elle, n'est pas plus une option - et ça, elle est presque certaine que c'est sa décision, que c'est le choix de la logique simple et évidente, et pas la suggestion de la potion. « Tu m'as un peu sauvée quand tu as envoyé quelqu'un à ma recherche. » Souffle-t-elle, le sourire tendre. Et c'est suffisant. Ce n'est pas à lui de payer pour elle.

« Nyssandra ! Non ! » Si. Car le choix ne lui est pas laissé, pas même présenté alors que la potion est avalée, que la magie acide et rongeuse de chaînes s'étend dans ses veines. Perchée sur ses talons, déséquilibrée par ses doigts autour de son poignet, elle manque de s'écraser sur lui et se rattrape de justesse, déjà presque contre son torse. « P-Pourquoi tu ne veux jamais me laisser te sauver, Nyss ? » (Parce qu'elle doit se débrouiller seule et ne déranger personne) Nyssandra n'est ni princesse en détresse, ni poupée de porcelaine. Nyssandra n'est pas précieuse, juste une précieuse un peu trop souvent ridicule. Eudoxie Ollivander ne vaut pas la peine qu'on sacrifie quoi que ce soit pour elle. C'est l'histoire de sa vie au fond. Des sacrifices inutiles, des efforts et du temps perdus pour rien. On le lui rappelle bien assez souvent pour qu'elle soit au courant maintenant. « Ce n'est pas à toi de payer. » Souffle-t-elle, un peu désolée de lui faire croire qu'elle peut se débrouiller sans lui alors que c'est tout l'inverse. C'est sans lui qu'elle ne peut rien faire, c'est sans lui qu'elle pleure et maudit sa propre existence. Avec lui ? Pour lui ? Elle a l'impression que cette Nyssandra vaut un peu plus, peut tellement plus. Alors, pour le rassurer, elle lui sert des « ça va aller » accompagnés d'autres blagues pleines de ce sucre délicat qu'aiment les animaux mondains.

Elle peut survivre à cette soirée, pas vrai ?
Et après, Aramis la ramènera à la maison, en sécurité, et elle pourra dormir dans ses bras et tout oublier du cauchemar qui se profile.

Pas vrai ?

« Oui, on y va. » Il ne la regarde même plus - est-ce qu'il est fâché contre elle ? (Bien sûr qu'il l'est) Est-ce qu'il la méprise déjà cette Nyssandra droguée et cassée ? (Oui) Sans un mot, ses doigts fins s'enroulent autour du bras offert mais l'Ollivander n'ose pas vraiment s'approcher de lui et jusqu'aux portes de la réception, leurs corps conservent une distance polie entre eux comme si l'air y était compact, comme si un mur de solitude glacée s'érigeait entre eux. Peut-être que c'est mieux. C'est ce qu'elle a voulu au fond - qu'il joue son rôle, celui du Mangemort, et qu'il ne se mette pas en danger. La jeune femme espère juste qu'il ne la déteste pas. Elle n'arrive pas bien à le toucher avec son empathie, à vérifier. Enfant redevenue maladroite par le manque de pratique, elle a perdu un peu de son doigté pour faire le tri entre lui et les émotions qui commencent à cogner contre son esprit à la manière de la musique et des rires qui s'écrasent contre les portes. « Nyss ? Je t'aime, tu sais. » Les yeux bruns se lèvent et le fixent, agrandis devant la déclaration, surpris de voir ces mots sortir de cette bouche. Contre son coeur, les sentiments timides d'Aramis se pressent et alors que l'empathie assimile tout, elle a presque envie de détourner les yeux par excès de pudeur, elle aussi. « Je sais. » - je crois. Mais Nyssandra ravale les derniers mots et transforme l'hésitation en certitude. Ce ne sera pas pareil après, il va sûrement la détester si le dégoût n'a pas encore germé dans son coeur. Peut-être qu'elle pourrait simplement profiter de ce qu'elle a (encore) (avant de le perdre). « Pardonne-moi pour ce que je vais faire. »

Les mots d'Aramis lui font presque plus peur que s'il la rejetait.
Qu'est-ce que tu vas faire ? veut-elle demander, mais les portes s'ouvrent, le passage se cède et l'enfer des émotions se déploie. A travers sa veste, il sent sûrement les doigts qui se crispent un peu plus, geste instinctif quand les joies feintes lui soufflent jalousies et rancunes au visage. L'inspiration plus profonde, Nyssandra se force à respirer alors que la potion, l'autre, celle qui lui murmure à l'oreille, lui ordonne de ne pas se trahir, de jouer le jeu. « Mesdames, messieurs, si vous voulez bien m'écouter. » Oh non. Que fait-il ? Le regard qu'elle lui jette lorsqu'il l'accroche et la rapproche, se teinte de ces paniques de biches traquées. Derrière eux, elle a senti la rancoeur d'une amoureuse éconduite qui a vu le geste, la main possessive contre sa hanche. Ca la brûle presque de sentir son regard sur sa nuque et elle doit se retenir pour ne pas y passer la main, pour ne pas craindre une dague dans le dos - c'est si courant dans leur milieu après tout, même si les lames ne sont pas faites de métal. « J'aimerai vous annoncer en mon nom & en celui de Nyssandra Ollivander, notre relation. » En avertissement (ne fais pas ça), la pression sur le bras d'Aramis se fait plus forte, un peu trop forte alors que Nyssandra est inconsciemment poussée l'intensité des émotions qui fleurissent et se fanent à l'annonce surprise. « C'est à elle que je dois le suçon qui a fait verser tant d'encre » Sur ses joues, un rouge trop chaud monte et trahit la gêne - Merlin, elle voulait que ça reste secret. Nyssandra, avec son indépendance à l'américaine, est bien assez osée pour les bonnes moeurs anglaises. Ils n'avaient pas besoin de savoir jusqu'où elle va dans leur intimité. « Et c'est elle qui va devenir mon épouse. » Et à son désespoir (pourquoi, Merlin, pourquoi s'engage-t-il dans une voie qu'il ne connait pas ? il va le regretter après, et ce sera de sa faute à elle - c'est elle qu'il va détester parce qu'elle ne l'aura pas prévenu assez vite), se multiplient les jalousies et les déceptions des ignorées. « Merci beaucoup pour votre attention. »

Non non non.

« Ne me laisse plus partir. » Glisse-t-il à son oreille et reculant pour lui faire face, elle accroche son regard. « Pourquoi tu as fait ça ? » Dans sa voix en murmure, il y a son incompréhension et toutes celles qui flottent dans la salle de bal. Pourquoi pourquoi pourquoi ? Ils auraient simplement pu passer la soirée, faire la mission et rentrer pour tout oublier dans la chaleur de leur foyer. Aramis n'a pas à prendre un chemin qu'il va regretter avant les douze coups de minuit. « Tu veux danser maintenant ? » La question la prend à contre-pied, et son regard glisse aux environs, l'empathie palpe trop les coeurs alentours. L'attention est rivée sur eux, la jalousie rancunière de ces dames lui crame la peau à coups de regards noirs. Elle n'est pas Legilimens mais elle voit d'ici certaines pensées qui défigurent leurs visages élégants (Nyssandra et le fils Lestrange ? quelle drôle de combinaison, ils ne sont pas vraiment assortis) (Est-ce qu'ils ne passaient pas leur temps à se disputer ? elle cachait bien son jeu, l'Ollivander) (Un suçon, n'est-ce pas ? On ne se demande pas comment elle l'a séduit.). Une danse ... pour détourner l'attention, laisser les conversations reprendre. Peut-être. « Ou- » Oui. Mais déjà la maîtresse de maison s'approche, blonde comme les dorures du manoir, et profite que les deux sangs purs n'aient pas bougé. « Nyssandra, très chère, glisse-t-elle, sonore mais sophistiquée, en ouvrant les bras à l'Ollivander - et Nyssandra s'y loge, accepte l'accolade faussement amicale, véritablement douloureuse pour l'empathie trop sensible : Vous m'aviez caché votre histoire avec Monsieur Lestrange. Ce n'est pas très charitable pour votre amie. » Revenant aux côtés d'Aramis, Nyssandra lâche un de ses rires désolés qui ne le sont jamais vraiment. La colère de la sang purifiée la lui mord le coeur et pique contre ses nerfs. « C'est sûrement parce que » - we're not really friends, do we ? sont les mots hargneux qu'elle a sur la langue et qu'elle rattrape de justesse, étonnée d'être autant imprégnée par la colère de l'autre, pour offrir un « ces derniers mois ont été très mouvementés pour tout le monde » aussi politiquement correct que le sourire qu'elle arrive à plaquer sur ses lèvres. « Voyons, Nyssandra, nous avons toujours le temps pour ce genre de... bonnes nouvelles. » Oui, bien sûr. L'Ollivander se souvient qu'elle n'a pas fermé boutique sur sa chronique, même après l'accident d'Halloween. Mais (that fucking does not concern you) la chroniqueuse se contente de se taire et de souffler pour faire redescendre la pression quand la maîtresse de maison ne veut toujours pas lâcher sa main. « Je ne vois pas de bague à votre doigt, ma douce. » Elle rit et Nyssandra a envie de l'étrangler avec sa langue tellement les émotions deviennent agressives et nocives, magma noir de ressentiment, de méchanceté 100% mondaine et de jalousie. Leurs (ses) ressentiments. Leur (sa) méchanceté. Leur (sa) jalousie. « Félicitations, vraiment, pour vos fiançailles. » You are a fucking liar. « Est-ce que cette relation plus vraiment secrète cacherait un véritable secret ? » Intervient une rousse avec une sympathie rieuse toute feinte quand le regard méprisant glisse explicitement vers le ventre plat sous la mousseline de la robe. You silly bunch of bitches « Vous savez bien que votre hypothèse est impossible. » Nyssandra s'en moque, un peu, de sa stérilité, de cette inutilité de plus à supporter. Elle a l'habitude. Mais son regard glisse vers Aramis, un peu inquiet. Ils n'en ont jamais parlé (il n'était pas prévu de se marier avant ce soir) et elle ne connait pas son avis sur la question (et s'il voulait un enfant ?). « Oh, pardon, ma chère. J'avais oublié. » La rousse cache une moue choquée et désolée du bout des doigts mais, cette fois, c'est Nyssandra qui rit, éclats cristallins imbibés de vitriol, en jetant un regard vers un groupe d'hommes qui discutent. « Comme vous oubliez votre mari, je suppose ? » Le geste de la main est théâtral, élégant - et a le mérite de la libérer de la poigne de l'autre et de mettre un peu de distance avec ses émotions qui lui brûlent l'épiderme. « Je ne vous blâme pas, il n'est plus tout frais. » Nouveau rire en buvant une gorgée de champagne. Mais je blague, voyons - smart arse. « Ceci dit, vous n'êtes plus vraiment jeune non plus, n'est-ce pas ? C'est donc tout à son honneur de montrer son attachement à votre égard, plutôt que de courir la jeunette. » Franchement amusée, la blonde rit avec la chroniqueuse, pas vraiment solidaire (dans ce milieu, la solidarité n'est qu'un concept très abstrait) de son autre rivale. « Aramis, commence-t-elle, ignorant le froncement de sourcils de Nyssandra dont les doigts viennent de nouveau caresser, possessifs, le tissu coûteux de la veste : Vous êtes avec notre chère Nyssandra, maintenant : vous permettez que je vous appelle ainsi, n'est-ce pas ? » FUCKING NO mais, à la dernière seconde, la protestation poussée par la colère de la rouquine se noie dans le champagne de l'Ollivander. « Racontez-nous tout puisque cette cachottière de Nyssandra ne veut rien dire. Nous sommes un peu surprises, après tout - vous vous disputiez encore à la dernière soirée où on vous a vu tous les deux. »
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De ses gosses égoïstes, tu obtiens tous les ravages & les naufrages. Tu veux, tu as. Prince de tous les caprices, tu fais de tes délices les plus sombres supplices. Un peu perdu, un peu vaincu, tu as la peur qu'elle t'en veuille, qu'elle ne veuille déjà plus de toi. Et peut-être que c'est un peu lâche, un peu vain, de lui forcer la main, de l'aimer un peu de travers, un peu à l'envers. Peut-être que tu ne devrais pas en la voyant rougir, en la voyant se ternir. Elle dit qu'elle sait. Et elle te connaît dans tes imperfections de petit garçon, dans les plis un peu brouillon de ton cœur usé, délassé. Tu as senti la pression de sa petite main, les regards assassins. Plus certains que bien des sorts, nombreuses sont celles à vouloir la tuer d'une question, d'une hésitation. Alors tu la mènes au plus près de toi-même. Tu la protèges naïvement, un peu tendrement.

 « Pourquoi tu as fait ça ? » . Un sourire s'esquisse, courbe tentatrice sur ton visage embrasé de bien des hivers, de tendres guerres. « Parce que je le peux. Et tu te rapproches un peu encore, glissant ta main le long de son bras dans une caresse délicate. Et je le veux. ». Comme l'enfant capricieux que tu es. Comme l'enfant tempétueux, orageux que tu resteras. Et tu veux une éternité, tu veux des années à ses côtés. Ne comprend-t-elle pas ? Tu ne vas pas l'abandonner, tu vas rester. Et dans tes yeux s'attardent le bleu sourd des amours et tout semble sonner comme une évidence dans tes « parce que je t'aime. ». Ton cœur s'élance, enlaçant le sien, demandant encore un peu d'elle, toujours un peu d'elle. Il y a l'amour qui revient titanesque, gigantesque, gargantuesque. Il avale sur son passage, ne laissant que la passion se creuser, enfler. Tu ne regrettas pas, tu ne regretteras jamais.

« Tu veux danser maintenant ? » , et elle vacille, hésitante, changeante. L'empathie dévore, redore les émotions, offrant un défilé incontrôlable & insaisissable de sensations, d'interrogations. Elle les entend tous. Elle les entend trop. Et la tempête gronde, l’inonde. Les cœurs se font voraces, perspicaces, dévorant tout sur leur passage, dans leur sillage. Soudainement, brutalement, tu rêves de l'enlever, de la faire reculer. Tu rêves de fuir avant qu'il la détruise, qu'il la réduise à néant.  « Ou- » , tu retiens ta respiration, te sentant d'inspiration à l'enlever, à vous esquiver. Le froissement de tissu rouge te fait crisser, criser. Pas encore elle. Blonde, elle s'approche, vous écorche déjà, « Nyssandra, très chère, l'accolade te fait grincer des dents. Tu veux déjà la tuer, la massacrer dans l'étau glaciale de ton regard, de tes égards meurtriers. Vous m'aviez caché votre histoire avec Monsieur Lestrange. Ce n'est pas très charitable pour votre amie. »  . L'étonnement teinte ton cœur ; Nyssandra, amie avec ça ? Une (fausse) blonde à l'accent fichtrement exagéré, oubliant la politesse & la discrétion, lui préférant l'exagération ? Ja-mais.

Et avec une douceur lente, tu viens poser une main possessive au creux de sa hanche. « C'est sûrement parce que ces derniers mois ont été très mouvementés pour tout le monde  ». Et vous avez autre chose à foutre que de vous souciez des sangs à moitié purs. Elles ne sont qu'un nid de conneries, mêlant faux sourires & rires mielleux.  « Voyons, Nyssandra, nous avons toujours le temps pour ce genre de... bonnes nouvelles. » « Nous aimons choisir les personnes au courant comme nos proches. », la voix se fait cassante sous ses pressions charmeuses, paresseuses. Elle bat déjà des cils, interloquée, étonnée. Tu n'apportes pas d'attention au bas peuple. Ils n'ont que le droit à la froideur d'un vent de décembre alors que ta cape claque. « Je ne vois pas de bague à votre doigt, ma douce. » , tes yeux lancent des éclairs. « On ne voudrait pas que vous la voliez. Vous êtes si étrangère des jolies choses, madame. », ta langue brûle, s'allume, véritable incendie d'insultes chaudes, fugitives & déjà explosives. Et tu n'en as jamais rien eu à faire. Les mondanités te font rager, t'agiter de colère, sous tous tes enfers. « Félicitations, vraiment, pour vos fiançailles.  Est-ce que cette relation plus vraiment secrète cacherait un véritable secret ?  » Les yeux dérapent sur le ventre de Nyssandra. Un enfant ? Maintenant ? Hors. De. Questions. Mais, déjà, tu te raidis, anxieux, vaniteux, prêt à arracher le visage à la rouquine. « Vous savez bien que votre hypothèse est impossible. » . Le souvenir est encore cuisant, attisant les braises d'une colère guerrière, amère. Tu revois l’inquiétude te dévorer, te hanter alors que la nouvelle retentit ; Llewellyn l'a attaqué. Llewellyn a failli la tuer. De la joie maladive de fiançailles brisées, tu es passé à une horreur brutale, animale sans pouvoir l'approcher, sans oser un geste. Tu n'as envoyé qu'un mot maladroit accompagné de chocolat noirs en forme de ses fleurs préférées ; Rétablis-toi, as-tu ordonné, gravant de tes initiales la petite carte. Elle n'a sans doute jamais su que tu as fait tous les chocolatiers de Londres, aidé de Gwen, & que tu les as fait faire pour elle, juste pour elle. Un peu craintive, un peu mal habile, ta tendresse s'imprime dans tes gestes dérisoires, sur le fil du rasoir. Ton inquiétude reste pourtant accrochée à tes phalanges, ricoché d'une peur de la perdre.  « Oh, pardon, ma chère. J'avais oublié. » . Un rire fleurit sur le bord des lèvres de Nyss alors que tes doigts s'accrochent, écorchant sa taille. « Comme vous oubliez votre mari, je suppose ? »  . Touché, coulé. Entre désobligeance & insolence, la brune joue le tout pour le tout dans un fond d'innocence proprement & poliment mondaine, sereine. Et il y a une pointe de fierté non dissimulé, d'accord affichée ; Détruis-les, je ne vais pas t'en empêcher.

« Je ne vous blâme pas, il n'est plus tout frais. » . Elle est plus féroce, véloce qu'elle semble l'être. Nyssandra a toujours eu l'art & l'expérience des baisers empoisonnés, se faisant reine des bals masqués, attirant sympathie & empathie. Elle a fait ses armes au milieux des vipères distillant les insultes sous l'humour, tissé dans un paquet de velours. « Ceci dit, vous n'êtes plus vraiment jeune non plus, n'est-ce pas ? C'est donc tout à son honneur de montrer son attachement à votre égard, plutôt que de courir la jeunette. » Les rires font rougir la rousse, mal à l'aise, sensiblement vexée, déjà brusquée dans le froissement de sa tissu émeraude.

« Aramis , les yeux se font incisifs, agressifs, la noyant sous une mer agitée, pressée.  Vous êtes avec notre chère Nyssandra, maintenant : vous permettez que je vous appelle ainsi, n'est-ce pas ? » « Ce sera Monsieur Lestrange, Madame, mh ? Tu laisses le silence planer alors que le beau visage se décompose. Vous m'êtes si peu familière – et tellement inutile, futile, tais-tu dans le visage fermé, ré-épousant un masque de froideur, sombrant dans le manque de candeur, que j'ai oublié votre nom. ». Une expression faussement désolé se tisse, plissant tes traits, évoquant un très vague intérêt. « Cathrine Keegan. », murmure-t-elle dans un sourire forcé, déjà brisé. « Keegan ? Sang-mêlé purifiée, je suppose. Je comprends maintenant. » pourquoi je ne retiens jamais votre nom.  « Racontez-nous tout puisque cette cachottière de Nyssandra ne veut rien dire. Nous sommes un peu surprises, après tout - vous vous disputiez encore à la dernière soirée où on vous a vu tous les deux. » Le verre portée à tes lèvres est retenue, détenue. « Je n'ai rien à vous raconter, cales-tu dans une sobriété presque enfantine, quasiment pas assassine. Vous êtes suffisamment douée pour m'observer & me traquer à chaque endroit où je vais, n'est-ce pas ? Un rire forcé éclot sur les lèvres de la blonde, en plus d'une rougeur démesurée, peu calculée. Dois-je appeler Monsieur Moriarty pour vous faire un procès pour harcèlement ? Vous saviez que Nyssandra était sa cousine, n'est-ce pas ? ». Une moue choquée, interloquée. « Oh et vous Madame-Je-ne-sais-trop-quoi, votre époux ne s'est-il pas attirer quelques récents & pourtant difficilement dissimulables ennuis concernant la libération des rebuts ? ». Dans une ribambelles d'excuses, elles s'effacent, détalant le plancher, vous laissant enfin seuls. « J'ai pensé que tu avais besoin d'un peu d'air. J'espère que tu ne m'en veux pas trop pour ça. », souffles-tu timidement, doucement, alors qu'en lenteur, tu attrapes le menton pour offrir un baiser léger & pudique sur le bord de ses lèvres, diluant un peu de tes désirs au creux de sa peau, de cet amour saisissant, envahissant. Tu entends un verre se briser, des murmures brisés ; C'est donc bien vrai? Tu l'aimes ? Plus qu'ils ne pourraient l'imaginer, le deviner. « Maintenant allons danser. Je suis lassé qu'elles pensent avoir une chance avec toi. », l'humour est mordant, perçant, faisant un barrage à la colère, la menant au naufrage. « Tu n'es qu'à moi. », et les yeux pétillent d'amour & d'humour dans un bleu joyeux, poudreux. Envoûtant, élégant, tu redeviens un de ses princes prêt à tout, prêt à donner l'univers pour un égard d'elle.

Et du bout de tes doigts, tu la mènes vers la piste de danse. Il n'y a qu'à Gwen auquel tu accordes tes bras. Il n'y a qu'avec elle où on t'a connu danseur émérite, cavalier attentionné & toujours fidèle. Au fond, c'est toute ton éducation qui s'attache, dérape sur ton cœur quand tu cueilles sa main dans un baise-main. « N'écoute que moi », souffles-tu en te redressant, en te relevant. Et sur le bord de ton âme, les sentiments s'enlisent, se glissent, timides, un peu fragiles, sensibles. Il y a cette tendresse amicale, un peu banale, tellement sentimentale, un peu usé, s’enchevêtrant à vos chevilles, clouant les dénis, les défis. Et puis l'amour un peu écorné, un peu laid. Il y a la valse des tristesses qui s'effacent sous la joie des pas simples & tranquilles. « Tu es tellement belle, tu sais ? », caresses-tu sur le bord de son oreille, la faisant reine de ton univers, de tes guerres alors que la robe s'agite, se plisse. Et il y a le désir qui fleurit, éclipsant l'horreur, les douleurs. Et il y a la passion assassine, tellement divine dans le volcan des émotions, des attentions, des hésitations. Et puis, toujours un peu trébuchant, un peu maladroitement, tu la fais virevolter, s'abandonner, t'abandonner. Et peut-être qu'il y a un aveux dans les silences, dans les insistances ; Je t'aime, tu sais ?  
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Love for the dead is pointless.
We fight to keep them alive, that is all.
25 JUILLET 2002 ; #Aranyss 5


« Et je le veux. »

Et Aramis est si certain de l'aimer. Si certain de toujours réussir à supporter celle qu'elle est (ce qu'elle devient, la ballerine en équilibre sur le fil, cette dévoreuse d'émotions délétères et de coeurs violents). Et Nyssandra le sent, cet amour en raz-de-marée, prêt à tout avaler. C'est peut-être ça le pire. Parce qu'elle sait qu'elle va encore tout casser, et ça aurait peut-être été moins douloureux si ça avait été moins beau. Ca aurait peut-être moins crève-coeur si ça avait été moins vrai. « Tu ne sais pas où tu mets les pieds ... » Il ne voit pas encore la bourbe où elle s'enfonce lâchement. Il ne sent pas encore les relents de pitoyable qu'elle cache derrière les parfums d'une mondanité parfaite.

Il ne sait pas.
(Peu importe si tu l'as, pas vrai ? C'est ce que tu as voulu, non ?)
Non. Pas comme ça. Pas enchaîné à elle. Pas alors qu'il va la détester, elle. Pas alors qu'il va vouloir l'autre sans pouvoir se contenter d'elle.

« Tu veux danser maintenant ? »

Elle veut fuir loin d'eux, et loin de lui. (Non, tu ne veux pas, ne peux pas. Ton devoir, n'oublie pas.) Mais Aramis a l'amour tellement dou(loureu)x. Et la foule l'assassine de sensations, lui jetant des émotions droit dans le coeur. Comme la maîtresse de maison, rayonnante dans son blond doré, qui la presse contre elle comme pour l'étouffer sous la colère. Et les mots qu'on lui jette ne sont que des broutilles futiles, des lames sans tranchant, des sorts sans mordant. C'est la rage qui la broie entre elles et Aramis, c'est la colère qui la crame de tous les côtés. « Je n'ai rien à vous raconter. Vous êtes suffisamment douée pour m'observer & me traquer à chaque endroit où je vais, n'est-ce pas ? » Avec l'amour en retrait derrière la glace, les sentiments acides la bouffent, lui grignotent le coeur et la cervelle. « Dois-je appeler Monsieur Moriarty pour vous faire un procès pour harcèlement ? Vous saviez que Nyssandra était sa cousine, n'est-ce pas ? » La jalousie étrangère l'embrasse, embrase la possessivité naturelle quand le coeur la fait sienne, boudeur d'être moins aimé, de ne bouffer que des émotions amères sans amour pour tout adoucir. La langue en claque de mécontentement et elle chuchote derrière des dents trop serrés et des lèvres bien scellées : « Ou je pourrais les détruire d'un article, de trois rumeurs bien tournées. » Alors tu ferais attention à moi au lieu de t'occuper d'elles. Et Aramis, comme s'il l'avait entendue, les chasse d'un dernier trait : « Oh et vous Madame-Je-ne-sais-trop-quoi, votre époux ne s'est-il pas attirer quelques récents & pourtant difficilement dissimulables ennuis concernant la libération des rebuts ? »

« J'ai pensé que tu avais besoin d'un peu d'air, explique-t-il en croisant le regard mécontent : J'espère que tu ne m'en veux pas trop pour ça. » Et les doigts sur le tissu de la veste se détâchent, le bras autour du sien se dénoue. « Je t'en veux. » Glisse-t-elle, boudeuse comme une enfant, la terrible amante. Dans l'air, la rancune de ces dames s'attarde et vient empoisonner le coeur trop fragile. « Tu t'occupes trop d'elles. » Même si c'était pour les écraser, c'était trop. C'est toujours toujours trop quand ce n'est pas pour elle. Et quand il la fauche d'un baiser trop tendre, d'un aveu d'amour trop avide, elles sont jalouses. Alors elle aussi en a le souffle coupé, noyée dans l'affection, étouffée par les tensions. « Maintenant allons danser, décide Aramis sans lui laisser le temps d'émerger : Je suis lassé qu'elles pensent avoir une chance avec toi. » Dans la gorge, il y a comme un grognement sourd qui s'annonce ; « Tu n'es qu'à moi. » ; et s'éclate sur sa langue : « Tu n'es qu'à moi. » Corrige-t-elle en se hissant vers son oreille. Et Nyssandra essaie d'y glisser un sourire, mais le coeur est déjà contaminé, bouffé par toutes ces autres qui se croient des droits sur l'homme qui la mène vers la piste.

Et Aramis l'a bien senti, lui demandant doucement « n'écoute que moi. ». D'un pas de trop, elle se rapproche. Éduquée autant qu'habituée, elle sait qu'elle est beaucoup trop près pour cette danse. Pourtant elle insiste et d'un second pas, elle se glisse dans ses bras, chercher à s'y réfugier - même si elle a trop chaud. Pour tout le monde, il y a quelque chose d'inhabituel dans cette intimité publiquement affichée chez celle qui se préoccupe toujours des distances imposées par la bienséance. « Tu es tellement belle, tu sais ? » Et la chevelure se balance, droite et gauche. « Je ne sais pas ... » couine-t-elle dans un murmure presque étouffé contre son coeur. Entre les jalousies, les interrogations et les passions, elle n'arrive ni à tout démêler, ni à s'en détacher. Tout ça lui monte au cerveau trop vite, trop fort, en cacophonie de sensations, et elle sent son identité qui commence à s'échapper sur ces montagnes russes émotionnelles. « Je n'y arrive pas. » Avoue-t-elle, à la fin de la valse, le fixant enfin de ces iris trop sombres et trop brillants. « Ca brûle. » D'une fièvre à fleur de peau, juste sous les doigts d'Aramis. Une fièvre qui n'a rien à voir avec les incendies qu'il remue en elle. La valse s'arrête, et elle vacille sur ses talons, les doigts crispés sur Aramis. « Ils » - font mal. Mais le mari de la femme rousse l'interrompt. Pose une main sur le bras nu pour réclamer attention, et le dégoût lui perce le coeur quand il fixe Aramis. « Puis-je emprunter votre fiancée ? Je tenais à la remercier de m'avoir ramené ma femme. » Il sourit à Nyssandra, et la sincère gratitude embrasse l'empathie anarchique. « Vous permettez, Monsieur Lestrange ? Je vous la rends juste après. » Grimace au milieu des boucles châtain quand le regard de l'homme glisse vers le bras d'Aramis, toujours accroché à sa taille, et que la rancoeur la mord à nouveau. « Vous ... » Le murmure est fragile, porté par une respiration qui cherche à s'affoler sous le contrôle. « Vous n'allez pas bien, ma chère ? » S'enquiert-il et elle acquiesce avant de tisser une excuse : « J-je crois que c'est le champagne qui me monte à la tête à cause de la valse. C'est traître, n'est-ce pas ? » Pour qui la connait, son rire sonne faux, à la façon d'une cloche fendue. « Aramis ... tu veux bien ? » -m'accompagner dehors ?

Qu'elle s'éloigne de ces coeurs trop menteurs.
Qu'elle ait un peu d'air frais pour apaiser la fièvre qui n'en arrête pas de grimper.

(Et n'oublie pas de lui dire que l'homme n'aime pas le gouvernement, c'est le plus important, Nyssandra)
Oui.
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You say there’s nothing left to fight for
Cause it feels like too much
You heart is afraid to want more
Of the pain you left to touch
You only win if you don’t give up
(play)

Nyss est de ses beautés banales & pourtant fatales. Les cheveux cascadaient sur ses épaules la rendant plus belle, plus cruelle, plus éternelle. Tu ne sais que trop bien le tourment des émotions qui l'assaille, l'entaille. Tu ne sais que trop bien ton envie de la protéger, de la presser au creux de tes bras. Là où il fait bon, là où l'amour réchauffe un peu de sa peau, va jusqu'au creux des os. Là où ton cœur un peu rouillé, tellement abîme s'échappe vers elle, contre elle. Et dans un battement loupé, raté, tu l'aimes.

Et elle a dit ; « Tu ne sais pas où tu mets les pieds. ». Si, tu sais bien, tu comprends bien. Et ce n'est pas vraiment grave, puisqu'elle est là, au creux de tes doigts. Puisque tu ne vas plus jamais la laisser partir. Et peut-être que vous pourriez un peu vous guérir, vous appartenir, vieillir ensemble. Peut-être que derrière les centaines de maladresses qui vous entrelace, il y a là l'étreinte des adresses amoureuses, heureuses. Vos imperfections pourront peut-être devenir votre perfection à tous les deux.

Et la valse des inutiles s'élance, s'avance vers vous, attisant les haines, les jalousies. Mondanités & frivolités ne font qu'un. Dans la colère, tu t'agaces, t'effaces. Elle n'est qu'à toi. Juste à toi. Tu en assez de la partager, de la voir voler.  « Ou je pourrais les détruire d'un article, de trois rumeurs bien tournées. » , crache Nyss entre ses dents, blottie dans le mécontentement, dans l'énervement. Toi, pauvre imbécile, pauvre débile, tu n'as toujours pas pigé qu'elle est piégée dans la toile infernale des sentiments fatales, brutales.

Tu n'as toujours pas remarqué qu'ils te l'ont déjà volés.
Les dents serrés, ils te l'ont dérobés sous le nez.

« Je t'en veux. »  , souffle-t-elle, boudeuse, creusant la distance, les défiances, les méfiances. Qu'as-tu encore fait pour la voir s'éloigner? Tu tends les doigts fébrilement, doucement, pressant la peau chaude & douce. « Tu t'occupes trop d'elles. »  . Pardon? Tu clignes les yeux, surpris. Tu connais la jalousie, sa douceur amère, pleine de colère. Mais tu ne la comprends pas, ne la sens pas chez les autres. Tu ne saisis rien. «  Je ne m'occupe que de toi. », susurres-tu, promets-tu. Elle est le premier & le dernier choix, l'endroit où retourner, où s'effondrer. Elle est un morceau de toi, celui que tu peux toucher, que tu n'as jamais peur d'aimer, d'adorer. « Tu n'es qu'à moi. » , corrige-t-elle alors que tu la mènes vers une autre danse, une autre chance. « Ce n'est pas moi qui suis la chroniqueuse la plus convoitée de toute l'Angleterre. », cales-tu dans un baiser à la commissure de ses lèvres, dévoilant un peu de tes usures, de tes blessures.

 « Je ne sais pas ... » , couine-t-elle dans le creux de tes bras, le visage enfoui dans ta chemise. Et les ravages de l'empathie libérée la fracasse, la crevasse. Tu hésites à la toucher, à la rassurer, gardant tes doigts sur le tissu de la robe. Dans une envie de meurtre, tu veux soudain tous les pulvériser, ceux qui te la volent, ceux qui l'empêchent d'être à toi, seulement à toi. Elle ne sait pas & c'est peut-être là, la fin de ton cœur, de tes douleurs. Et sur le bout des doigts, au bord de toi, il y a la peur, épuisante & puissante. Peur qui s'installe comme un crève-cœur. Peur qui dépasse, crevasse, trépasse. Et elle ne sait pas. Elle ne sait pas comme tu l'aimes, comme tu l'as, peut-être, toujours aimé. Dans les guerres d'usures, de blessures amères, tu l'as aimé, adoré, cherché. Dans un besoin d'elle, tes mots ont roulés, se sont enroulés acides, perfides. Et elle ne sait pas. Mais toi, tu sais, que tout n'a peut-être pas changé. Tu sais, qu'il y a longtemps que vous vous cherchiez, que vous vous piquiez le cœur, que vous soignez les rancœurs pour ne pas oublier, vous oubliez. Un sourire s'étire, s'imprime ; « Je sais. » que tu ne sais pas. « Mais moi, je sais. » que tu es belle à en crever, à m'en damner. Et tu inspires, pour une fois, tu es le plus certain des deux. Pour une fois, tu sais vraiment, totalement, aveuglément.  « Je n'y arrive pas. » , murmure-t-elle, avoue-t-elle dans un souffle douloureux. Et tu la fixes, attendant de comprendre, d'apprendre.  «Ca brûle. » , et la princesse des mots acides vacille sur ses talons, creusant des vertiges d'inquiétude dans ton ventre. Tu l'encercles au creux de tes bras, là, où il n'y a rien à craindre. Là où tu promets. «  Dis-moi où. », souffles-tu dans les graves de ta voix, dans la peur. « Ils » Ils quoi? Les sourcils se froissent & se froncent, mêlant dans la tourmente les peurs échauffés, transpercés. Et la colère approche, se rapproche, affamée. Tu vas tous les tuer. « Puis-je emprunter votre fiancée ? Je tenais à la remercier de m'avoir ramené ma femme. » . Les yeux se posent, assassins sur l'homme. Il en est hors de question. Les doigts se raffermissent sur la taille fine, fragile. « Vous permettez, Monsieur Lestrange ? Je vous la rends juste après. » « C'est très laid de voir un homme marié s'intéresser à plus jeune que sa femme. », un sourire froid, impersonnel, tracé dans la neige et le bleu de tes yeux. « Je ne permets pas. ». Tu ne permets personne. Possessivité & violences colériques enfermées se croisent & s'entrecroisent, prêtes à exploser dans un ballet assassin, divin.

 «Vous ... »  , le murmure accroche tes oreilles & tu baisses les yeux vers Nyss. Tremblante, tu la rapproches encore, coupant tout contact avec l'intrus. « Vous n'allez pas bien, ma chère ? » Elle hoche la tête, prétend que c'est le champagne dans un rire.  « Aramis ... tu veux bien ? » , tu marmonnes un oui, avant de l'enlever à cet imbécile. Le bras l'entoure, l'aide. Et l'inquiétude revient, brûlante, bruissante, bruyante. Tu ressens tout trop vite & trop forts, cognant aux portes de l'empathie. Et elle avoue dans un souffle, l'homme est impliqué, l'homme doit être arrêté, interrogé. Tu approuves. Tu te stoppes au niveau d'un autre mangemort. Un murmure à son oreille, tu veux l'homme & son épouse dans une salle d'interrogatoire. Et une poignée d'enfoiré qui regardait de trop près Nyssandra et son décolleté. Un hochement de tête.

« On rentre à la maison. », cales-tu, un peu froid, un peu à l'étroit dans ce genre de soirées, stressé. « Tu as un manteau ? », les yeux se posent sur elle, en quittant la pièce. « Prends ma veste. Tu vas attraper la mort. », en douceur, tu l'habilles laissant la veste baillé sur son corps fin. Un peu échauffé, un peu tué, tu ne penses qu'à elle. Tu ne penses qu'à son coeur. Tu retrouves un peu d'elle dans un sourire timide. « Tu veux que je te porte ? », proposes-tu. Tu as peur qu'elle sombre, tu as peur qu'elle s'explose en mille morceaux, en des centaines de lambeaux. Oui mais pas devant tout le monde. Tu comprends, en grognant, mécontent. Les mètres sont comblés & la foule laissé en arrière. Lentement, tu places entre ses doigts la petite boite contenant la bague. « Je ne peux pas tout porter. ». Un sourire. Bien sûr que tu mens, bien sûr que tu triches. Tendrement, tu la soulèves, posant un baiser sur son front. Elle est brûlante. Vite, il faut rentrer, la mettre en sécurité. Un pop & vous disparaissez.
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