Les gouttes d’eaux semblaient des larmes s’écroulant doucement sur le marbre blanc de l’antique vaisselle qu’elle devait nettoyer. Ses mains se mouvaient comme des membres à part entière tandis qu’elle levait ses fines jambes pour apercevoir un morceau de ce ciel mordoré dans les cieux étoilés. Elle se souvenait des cœurs battants, des touchers soyeux, des sourires insolents quand elle marchait encore pour échapper à l’insoutenable. Le liquide paraissait de lait, transparente membrane affligée ; ses cheveux nattés sur un coin de son épaule endolorie cajolaient étroitement sa joue meurtrie. Elle ferma les yeux un moment savourant ce temple de silence ; elle siffla tranquillement un air de piano que sa mère exécutait lorsqu’elles se retrouvaient toutes les deux les aubes solitaires, à neuf ans déjà elle mit le masque des acteurs. Offrande sur l’autel des condamnés. Elle secoua la tête, il ne fallait pas penser, ces tâches ingrates que lui donner son maître servait à sa justice néfaste. Que disaient-ils ? Purger sa peine en égratignant les services rendus à la société ? Pour quel crime ? « Il faut appeler un chien un chien. Service à la société… Mise en enchère. L’esclave conviendrait mieux n’est-ce pas. ». Elle n’avait pas pour habitude de parler toute seule mais là, face à son reflet elle s’imagina l’embrasser tel Narcisse et son baiser foudroyant, tombant profondément dans les limbes sanglotant les âmes perdues. Elle n’était pas habillée de riches étoffes de satin, de mousseline, de ces matières qui embrasaient les silhouettes des plus raffinées, de toute façon elle n’avait jamais regardé ces femmes à la télé présentant leur minois, rayonnantes dans leur apparence de sultane. Elle, elle préférait les livres, les peintures au jeu vomitif de la séduction. Digne destin ironique, à croire que Dieu lui-même s’amusait à ses dépens, elle était obligée de supporter les sorciers méprisant dans des soirées enorgueillie de mondanité. Elle servait vêtue d’un linge de coton rapiécé, essayait de ne pas se montrer. Quand elle se trouvait seule avec lui, cependant, son esprit taquin s’envolait vers des contrées lointaines, elle se voyait Socrate à ses lippes vermeilles le poison tentateur, elle ne discutait pas, elle lançait. Des requins, des marteaux, des mots enfin qui rebondissaient dans les confins de sa colère à lui. Elle s’en ramassait des claques à chaque fois qu’elle ouvrait sa bouche des perles noires jaillissaient, beauté insolente.
Mais pas ça. Pas hier. Pas cette veille où elle avait rencontré la fiancée, d’une prestance insoutenable, d’un visage d’ange où se reflétait la meurtrissure d’un esprit damné. Elle n’avait pas subis ces amusements depuis de longues années. La douleur était là, tapie sous son épiderme fragmenté, sous sa peau voilée de marques rouges sanguinolentes, par des sillons larmoyant. Elle ignora sa présence qu’elle sentait proche, ne voulant pas parler aujourd’hui, ne souhaitant rien qu’un oubli de sa part. La peur fidèle alliée susurrait des présages, des maux, des avenirs remplis de souffrance, elle était immunisée, du moins le pensait-elle, seulement elle possédait cet espoir vain digne ami de chimère, cet espoir que les hommes n’étaient pas que des êtres assoiffés de sang pour certains. « Vous vous considérez dans quelle catégorie maître ? Celle des démons aigris par l’argent et le pouvoir ? Ou bien… Je suis désolée je ne trouve rien d’autre pour vous qualifier. Il y a plein de définitions mais celle-là vous va à ravir ne trouvez-vous pas ? ». Sa voix enchanteresse se répercutait sur les murs de la cuisine, elle ne leva son visage gracile de poupée feignant la concentration sur ses chairs rongées au sang. « Je pensais que les tâches ménagères pouvaient être assimilées également à la magie… il faut croire que les sorciers ne connaissent pas. Suis-je bête. L’esclave est là bien empoté dans son cocon de misère. ».
Je retourne le parchemin. Griffonne mon accord. Et l’accroche à la patte de la chouette. Majestueuse. Appartenant à mon père. Qui ne perd aucune occasion pour montrer la prestance des Flint. Qui souhaite maintenant jouer sur deux tableaux. Discrètement. Dans le plus grand secret. C’est ce que j’attendais. En un sens. Je désirais une nouvelle comme celle-ci. Je la fantasmais. Tellement. Désireux ne pas être celui qui brise notre lignée. Pure et irréprochable. Me rapprocher de Sue. Voilà ma nouvelle mission. La fille légitime des Travers. Celle qui se mêle à mon passé d’adolescent. D’amoureux. Si j’en connais réellement le sens. Notre relation été explosive. Rythmée par les séparations. Mais elle me connaissait. Par cœur. Une telle complicité s’était créée. Que je regrette parfois de l’avoir laissé s’échapper. Aussi facilement. Sans me battre. Pour ce personnage estimable. Qui me complétait. Parfaitement. Je dois maintenant la reconquérir. Cette idée ne me déplaît pas. Même si j’ignore comment m’y prendre. Cette nouvelle requête me soulage. Et me contrarie. J’ai fais tellement d’effort avec Beatrix. Avec cette hybride qui se prend pour une reine. Petite poupée élevée comme une sang-pur. Injustement. J’ai fais tellement d’effort. Reniant presque ma nature. Mes idéologies. Pour faire plaisir à mon paternel. Influent et dominant.
Mes prunelles suivent l’envol de l’animal. Disparaître au crépuscule. Au moment où la voix de Lyubov m’interpelle. Voilà qu’elle se met à parler toute seule. Elle m’arrache à la vision des deux sœurs Travers. Je mettrai un plan sur pieds plus tard. Je la retrouve dans la cuisine. A s’affairer comme une moldue. Vu de dos, elle pourrait s’apparenter à un pantin paisible. Soumis. Presque humble. Je m’approche. Lentement. Inlassablement intriguée. Par cet être étrange. « Vous vous considérez dans quelle catégorie maître ? Celle des démons aigris par l’argent et le pouvoir ? Ou bien… » Je reste impassible. Curieux d’entendre la suite. Ses remarques piquantes, j’en prends l’habitude. Je m’en amuse presque. Docile et rebelle. Brisée mais émerveillée. Elle bouleverse tout ce qui me définit. « Je suis désolée je ne trouve rien d’autre pour vous qualifier. Il y a plein de définitions mais celle-là vous va à ravir ne trouvez-vous pas ? » Le coup ne part pas. Je ne veux pas la casser. Définitivement. Elle en a déjà eu assez hier. Lors de ce spectacle macabre auquel Beatrix m’a convié. J’ai besoin d’elle. Vivante. Prête à me servir. Prête à me divertir. J’ai besoin d’elle. « Je fais certainement parti de ces gens là, effectivement. » Mes iris ne la quittent pas. Accrochées à son visage encore enfantin. Aux marques infligées par deux égoïstes. Cette vision m’arrache un sourire. J’ai retrouvé ma nature. Un court moment. Envoûtant. Et fascinant. Un sentiment dont je m’étais privé depuis son arrivée. « Je pensais que les tâches ménagères pouvaient être assimilées également à la magie… il faut croire que les sorciers ne connaissent pas. Suis-je bête. L’esclave est là bien empoté dans son cocon de misère. » Chercherait-elle à me contrarier une nouvelle fois ? Esclave masochiste ? Je me poste à ses côtés. Les bras croisés. Le bassin contre le plan de travail de la cuisine. « Est-ce que tu sais combien ça représente 800 gallions ? » Mes opales ne se détachent pas d’elle. Presque captivées. Par tant de fragilité. Par tant de courage. Par tant de complexité. Aussi contradictoire que je le suis. « Ta valeur d’esclave empotée. Très certainement surestimée. Ça représente le risque que j’ai pris en t’achetant. Un peu capricieusement. Un cadeau qu’un démon aigri par l’argent et le pouvoir se fait à lui-même. » Mes prunelles s’arrêtent sur ses marques. Le travail n’a pas été fait proprement. On aurait pu être plus soigneux. Mieux contrôler notre ivresse. Mes doigts attrapent son menton. Se referment doucement. L’obligent à me montrer ses joues amochées. Par mon excitation d’hier. Par cette récréation funèbre. Dont je ne l’imaginais pas prendre part. Ses blessures semblent presque superficielles. Pour mon esprit aussi sadique que le mien. Ce n’est rien. Rien comparé à ce que j’ai pu infliger à mon ex-fiancée. L’absence de haine en est la cause. Je méprise les nés-moldus. Je déteste viscéralement cette sang-mêlé à qui je me suis lié. Honteusement. Mais je ne peux pas en dire autant pour Lyubov. Pourquoi ? Elle n’a rien fait pour mériter mon respect. Ma reconnaissance. Ma tolérance. Jouer la docile et la rebelle ne suffit pas. Ça ne devrait pas suffire. « Tu t’en remettras. » Mes phalanges lâchent son visage meurtri. Victime de cette violence imprimée dans ce palpitant capricieux. Qui ne demande qu’à être ranimée. « Quelles autres définitions me conviennent selon toi ? »
Les pensées surgissent dans le fond de esprit, des images brouillées par les litanies, les cris, les hurlements, l’évanouissement ; des voiles de souillure, des voiles de déchirures, un peu plus, un peu loin qu’elle aimerait apaiser. Elles surgissent monstres tentaculaires que l’enfant n’arrive plus à contenir. Ses émeraudes sacralisée par les cristaux de larme qu’elle s’empêche de couler, qu’elle s’empêche de faire vivre ; donner un rêve, n’importe quoi pour que la douleur se stoppe, se dilue dans cette eau nuancée de pourriture, de restes d’aliment coincé dans l’évier. Les couteaux, les cuillères, les assiettes posées sur un récipient de métal, elle voit son visage fracassé par les traumatismes bridés, blâmés, terreur de sa joie d’innocente, faiblesse de son âme pâle légèrement lumineuse. Ses lèvres gercées par les sévices du grenier, écarquillées par quelques lambeaux de peaux faméliques tombent entre les dents de poussin, elle ne sourit jamais, ne découvrant jamais ses perles de nacre luisantes d’un éphémère bonheur solitaire. « Je fais certainement parti de ces gens-là, effectivement. ». Les bras croisés, il la fixe, l’animal déchu de sa dignité. Elle n’avait pas réagi aux tortures infligées hier, lorsque deux bourreaux faits de boue du malin prenaient plaisir à l’angoisse mesquine d’une fillette abandonnée ; elle cachait, vaine protestation ; sur son torse l’on pouvait lire les marques grandioses de sadiques. « Est-ce que tu sais combien ça représente 800 gallions ? ». Elle soulève son regard cristallin, ses deux jonquilles de mer divine. Son corps semble se pétrifier sous la montée d’adrénaline, sous les verves latentes de la putréfaction, sous les mots parjures qu’elle souhaiterait lui lancer comme des balles meurtrières épouses de cette rusée de mort. Elle se détourne, préférant son irisation, vagues floues, à la face dominante qui, impassible, reste maître quoi qu’il arrive. « Ta valeur d’esclave empotée. Très certainement surestimée. Ça représente le risque que j’ai pris en t’achetant. Un peu capricieusement. Un cadeau qu’un démon aigri par l’argent et le pouvoir se fait à lui-même. ». Elle hausse les épaules. Sa mère apparaît dans les limbes délicats de ses réflexions, une caresse sur sa joue baignée de lamentations secrètes, un baiser sur son front comme une mère à son enfant chuchote des délicieuses attentions, des promesses de protections. C’est alors que sa main puissante prend le contrôle de son menton, il la force pauvre chat inoffensif à l’affronter de front, ça ne lui suffit plus de discuter en observant que le profil amer que lui offre la nymphe, il lui faut voir la révélation de son achat. « Tu t’en remettras ». Un sourire saute sur ses lippes déguisées, la lueur de son âme dans ses joyaux de confrontation. « C’est ce que disait mon père. ».
« Quelles autres définitions me conviennent selon toi ? ». Elle hésite entre deux termes, forts de la duplicité de son humeur, ils pénètrent aiguilles bouillantes de calmes agressifs, au loin, la lame effilochée d’un couteau de boucher, de barbare. « Un lâche. N’est-il pas, il n’y a que les faiblards pour s’amuser aux dépens d’un être certes privé de sa liberté, certes privé de sa fierté, un être à qui on a déjà tout enlevé. Les clients prennent comme du bétail, un effet de mode peut-être, se trompant eux-mêmes dans des aberrations glaciales, dans des excuses erronées. » Sa paume fragile s’enferme sur le manche de l’objet de fer, aiguisée elle pourrait très bien blesser d’un coup sauvage le garnement qui, tout près d’elle paraît sur le point de lui agrémenter des couleurs plus chaudes encore sur sa joues écornée. C’est ainsi qu’elle se tourne, sa vue englobant la pièce froide, impersonnelle, aux murs travaillés à la chaux de peinture gluantes. Elle tient cette arme tout contre sa poitrine n’esquissant pas un geste d’expiration. Elle tend sa main d’un extérieur de désir de montrer sa façon de penser car c’est la seule défense qui lui reste. Le sang s’écoule, fins soupirs distendus de maux, des filets carmin suivant les lignes prédéfinis disait-on de son destin. Il était là et elle n’en apercevait pas la fin. « La couleur de mes veines correspond-t-elle à la vôtre ? Ou bien ce que vous possédez est-il plus rutilant encore ? J’aimerai repérer ce qui vous fait dire qu’un sang de bourbe n’est rien d’autre qu’un voleur. ».
« Un lâche. » Elle n’y va jamais par quatre chemins. Ce n’est de toute façon pas ce que je lui ai demandé. Je quémande de la franchise. L’honnêteté la plus pure qu’une usurpatrice comme elle peut me fournir. Fantasmant la découverte des pensées occultes de cette poupée brisée. Farouche. Insensible à la peur. Hermétique à la frayeur légitime. Mais j’admets de ne pas avoir pensé à ce qualificatif. Je ne me considère pas comme ça. Du tout. Je sais seulement être futé lorsqu’il le faut. Fugitif quand c’est audacieux. Quand c’est de circonstance. Je m’assure de ne pas me laisser enchaîner. Par l’échec. Humiliant et indigne. Prêt à jeter l’accord de Beatrix. Pourtant si difficile à conquérir. Prêt à précipiter dans l’abysse cette promesse de fiançailles. Qui diffère de mes valeurs. Celles qu’on m’impose d’adopter. Simplement pour ne pas échouer. Socialement. Et garantir ma notoriété. Qui doit s’harmoniser avec la lignée Flint. « N’est-il pas, il n’y a que les faiblards pour s’amuser aux dépens d’un être certes privé de sa liberté, certes privé de sa fierté, un être à qui on a déjà tout enlevé. » Ce n’est pas de la lâcheté. De l’abus de pouvoir. Peut-être. Pour les plus faibles. Pour les simples d’esprits. Ceux qui n’ont jamais connu ce sentiment de supériorité. Pour moi, c’est simplement normal. D’affirmer son autorité. Lorsqu’on la mérite. Que se soit par le travail. Ou par la nature même. « Les clients prennent comme du bétail, un effet de mode peut-être, se trompant eux-mêmes dans des aberrations glaciales, dans des excuses erronées. » Plus qu’un effet de mode. L’achat de rebut était nécessaire. Motivé par un père. Désireux de laver la réputation du fils. Pour prouver ma loyauté envers les idéologies du gouvernement, cet acte était essentiel. Inévitable. Quoi de mieux pour certifier que je n’aide pas les nés-moldus que d’en posséder une ? Le choix de cette dernière m’était libre. Carte blanche utilisée impulsivement. Elan forcé par cet attrait soudain d’un sourire mal placé. Par quelque chose de spécial. Enigmatique. Contrastant avec la banalité fade des autres. Brillant presque.
Ses doigts jouent. Docilement. Avec un couteau. Qui ne s’harmonise pas avec sa fragilité. Elle pourrait couper ses fils de marionnette. Descendre de la scène. Qui l’enrôle dans un jeu macabre. Elle pourrait se défaire de l’emprise que j’ai sur elle. Réellement. Si nos forces étaient égales. Elle pourrait le faire. Renverser mon autorité. Pour parfaire ce rôle de rebelle. Qui lui colle à la peau. Et atteindre une nouvelle liberté. Qu’égoïstement, je ne veux pas lui rendre. Gamin possessif. Epris de son nouveau jouet. Satisfait de pouvoir clamer c’est à moi. Je peux me le permettre. J’en ai les moyens. Je l’ai mérité.
Son sang souillé coule. Ce n’était qu’hier. Que j’ai pu apercevoir la première fois, Jaloux. De ne pas être celui qui le verse. En dehors de ce corps frêle d’esclave. Je ne ressens plus cette convoitise sombre. Je suis submergé par une inquiétude. Incompréhensible et inexplicable. Par une crainte. Qu’elle n’aille trop loin. S’offrant la dernière liberté possible. La salvatrice. La salutaire. Celle qui me l’arracherait définitivement. « La couleur de mes veines correspond-t-elle à la vôtre ? Ou bien ce que vous possédez est-il plus rutilant encore ? » « Arrête. » Ma voix trahit une angoisse. A peine recouverte par l'autorité. Mes doigts lui retirent la lame. Brusquement. Voulant à tout prix cesser ce jeu. Dangereux. Qui ne m’amènera à rien de bénéfique. La perdre. Petite poupée encore sur pieds. Ou me perdre. Dans des appréhensions qui ne devraient pas exister. « J’aimerai repérer ce qui vous fait dire qu’un sang de bourbe n’est rien d’autre qu’un voleur. » Elle s’amuse à faire l’idiote ? Perturbante à souhait. « Ton impureté, comme celles des autres, est vicelarde. Elle ne s’affiche pas. Mais est-ce que ton sang est différent de celui d’un animal ? Non, tout aussi rouge et tout aussi non magique. La différence n’est pas là. » Mes phalanges se pressent contre son bras. Dans une étreinte ferme et dominatrice. L’obligeant à mettre sa plaie sous l’eau chaude. Pour laver son sang déshonorant. Et effacer de ma vue ce carmin. Qui m’agace. Pour tout ce qu’il représente. Son statut. Sa vie. Ma perception troublée. Mon inquiétude qui n’a aucun sens. « Ne t’abîmes pas d’avantage. Tu n’as plus l’autorité pour ça. » Elle m’appartient. Je décide pour elle. Son corps est sous mon contrôle. Seules ses pensées m’échappent encore.
Terne était ce liquide brun coulant maintenant sur son bras glaciale, dans les embrumes de la nuit immortelle qui plaçait un étau étouffant sur sa fortune expirante, elle n’enviait plus que cette entité noirâtre, un doux bisou sur sa joue, un détraqueur l’emmenant dans les cavernes tamisées. Ce n’était pas elle, cette fille à moitié vide qui souhaitât la mort plus que la vie, cette sœur qui cousait des tapisseries de famine, de malheur, mais de joies fugace, de beauté vibrante trop tôt partie. Elle avait brulé son existence par des expériences funestes quelques fois, sa personnalité, toutefois, dansait des échos tourbillonnant d’expectative. Pieuse, nonne, elle croyait de tout son cœur à un jour meilleur qui n’arrivait certainement pas, patiente cependant, elle survivait par des échappatoires enfantines. Cette hémoglobine, torrent de son humeur ! Pourquoi était-elle si triste ? « Je ne suis pas faible… ». Elle chuchotait ces mots comme des mantras avant de s’endormir accueillant le néant bienveillant, berceuse susurrante ; alors que ceux-ci s’échappaient de sa bouche sucrée qui, autrefois, chantait des balades enchantées aux camarades blottis dans les cieux parfumés, sur les lits moelleux du dortoir de sa maison Gryffondor. Elle se plaisait à imaginer l’antique créature parcourir les astres, d’un jet de flamme prohiber les coupables. Un jour, elle le savait, elle ne reviendrait pas. « Non. Non je ne reviendrais plus. C’est si triste. Si désespérant. ». Elle ne se rendait pas compte : ni de la présence de l’homme, ni de l’endroit où elle se trouvait ; elle n’apercevait ni les éclats mordorés sortirent de leur nid de nuage, ni de cette main virile prenant sa jumelle féminine pour la rincer à l’eau chaude. « Ton impureté, comme celles des autres, est vicelarde. Elle ne s’affiche pas. Mais est-ce que ton sang est différent de celui d’un animal ? Non, tout aussi rouge et tout aussi non magique. La différence n’est pas là. » Soudain les larmes fugitives, traîtresses éclaboussèrent son visage poupesque. La pire déchéance était celle de se soumettre, de montrer, de divulguer sa mélancolie, sa faiblesse ; de ployer sous la montagne d’autorité, roi tyran jalousant l’innocente pureté des vierges alanguies sous les hêtres.
Elle se débat, elle tord son poignet pour échapper à la poigne terreuse de ce bourreau distingué. Elle se cogne alors contre les murs qui lui semblent des machines à expirer, une prison revancharde, des rires gras qu’elle entendait terrée dans une cage de pierre. Elle secoue sa tête, ses cheveux virevoltent dans l’atmosphère stagnante d’un drame précoce. Elle ne veut pas le regarder, elle attend que ça passe. Les sanglots viennent inconsciemment dévoilant morosité qu’elle échange pour des songes réels, alchimiste des sentiments, elle métamorphose les pires en sourire. Mais aujourd’hui, mais la fatigue, de sa raison partie dans les précipices de la folie qu’elle a appris à craindre s’élargisse en morceaux de verre. Elle a souffert, se félicitait de la force dont elle faisait preuve, ne parlant de rien à personne, profitant des moments volés à la Joy. « Si je suis un animal… pourquoi ne pas m’égorger comme un porc à qui l’on volerait sa chair pour la faire sienne ? ». Le poignard de fortune change de place, il est dans sa paume gauche, celle encore immaculé par ces actes frais, même l’air retient son souffle par l’impétuosité dont elle va faire preuve. Car c’est grâce à sa provocation qu’elle extrait le courage rocambolesque, grotesque presque qui la possède. « Ne t’abîmes pas d’avantage. Tu n’as plus l’autorité pour ça. »
Gentille fillette, son faciès recouvert par ses mèches violines, ses deux gouffres au sol, elle donne telle une marchande d’allumette l’arme à son seigneur. « Montrez-moi que vous n’êtes pas un lâche. Car si je dois recevoir cette accolade inévitable et que je n’ai pas le droit de le faire moi-même c’est à vous qu’il incube de débarrasser de la surface sur terre une voleuse, un rat, une répugnante créature.». Elle reste figée, haute statue impénétrable. Elle sait qu’il ne fera pas. Elle sourit et, pour la première fois de sa vie découvre ses lippes sur des monts de délice. Des vœux qu’elle seule a prononcés dans les abysses du grenier. Son univers construit à jamais son territoire enrubanné.
Sa défense ridicule. Ce désir d’émancipation. Ne me font pas relâcher mon emprise. Ses larmes. Perles de désespoir. S’échappent du jade de ses yeux. Ce sont elles qui desserrent mon étreinte. Marquant au passage mon palpitant. D’une stupéfaction encore inconnue. D’une incompréhension totale. Son comportement ne cesse de me troubler. Ses pensées me sont insaisissables. Fumées qu’on ne peut pas attraper. Brouillard indéchiffrable. Mystérieux. Envoûtant. Ce n’est pas une sorcière. Mais elle sait enchanter. Peut-être inconsciemment. « Si je suis un animal… pourquoi ne pas m’égorger comme un porc à qui l’on volerait sa chair pour la faire sienne ? » Ce serait gâcher mon argent. Plaisir trop luxueux. Investissement inutile. J’assumerai cet achat impulsif. Capricieux. Je dois montrer que j’ai fais le bon choix. Prouver que je ne commets aucune erreur. Que cette éventualité n’est même pas envisageable. Le risque que je prends à chacune de ses respirations. Il ne doit pas être vain. Je n’accepte pas l’échec. Même si trop de personne désirent que j’y sombre. Jaloux. Envieux. Ils méprisent ce que je suis. Né dans la bonne famille. Héritier d’un patrimoine séduisant. D’une richesse acquise par la ruse. Par la manipulation. D’un don inestimable. D’un talent inné. Rendant farouches ceux qui s’y essayent.
« Montrez-moi que vous n’êtes pas un lâche. » Un ordre. Une supplique. Difficile à déterminer. Cette requête ne réveille aucune colère. Comme elle l’aurait fait en provenant d’autres lèvres. Cette demande m’intrigue. Une fois de plus. Cette poupée fragile attise ma curiosité. Bouleversant mon mode de penser. Cette influence m’irrite. Mais laisse dormir la rage. Calée au fond de ma poitrine. Réservée pour d’autres. « Car si je dois recevoir cette accolade inévitable et que je n’ai pas le droit de le faire moi-même c’est à vous qu’il incube de débarrasser de la surface sur terre une voleuse, un rat, une répugnante créature. » Et ce sourire. Véritablement mal placé. Contrastant somptueusement avec ses prunelles anisées. Encore embuées. Et cette offrande. Inexplicable. L’esclave m’enlève les mots. Elle les bloque. M’empêchant de réfléchir. Correctement. De déterminer ce que je désire. Réellement. Elle laisse un vide. M’offre le néant. Me réduisant à un simple corps. Une machine. Incapable de méditer. De raisonner.
J’attrape le couteau. Aiguisé. Prometteur. Dague séductrice qu’elle me tend. Je la fais tourner un moment entre mes doigts froids. Et je contemple. Ce morceau de fer tranchant. D’un regard avide. S’accouplant si parfaitement au sourire sadique. Celui qui se dessine sur mon visage d’adolescent. Insolent et cynique. Je me poste derrière elle. Menaçant. Comme face à une proie. Prêt à déchirer sa silhouette éphémère. La distance inexistante accroit mon ivresse. Suave et brûlante. Ma main libre agrafe son coude. Pour redresser son bras. Ses os cassables. Friables. Et me dévoiler ses veines. Mon autre bras passe par-dessus son épaule. Emprisonnant son corps de petite poupée. La lame glisse. Le long de sa peau satinée. Explorant doucement ses muscles chimériques. A travers sa plaie nouvelle. A travers ses traces bleues qui ne demandent qu’à s’ouvrir. Pour laisser échapper encore une fois ce sang. Souillé. Répugnant. Qu’elle ne trouve pas différent du mien. Le poignard remonte sur son épaule. Suit le chemin de sa clavicule. La pointe destructrice trouve son larynx. L’obligeant à renverser sa tête en arrière. A la poser sur mon thorax. Ses joues creuses essuient le tranchant de la lame. Qui finit par redescendre. Pour arrêter sa danse sur sa jugulaire. «Je n’accède pas aux prières de suicidaire. Je n’accède aux prières de personne. » Mon souffle s’infiltre dans son oreille. Imprégnant son tympan d’un ton suave. « Je ne t’offrirai pas cette liberté. » Je m’écarte. Pour rompre ce jeu. Qui m’invite à m’y perdre. Je balance le couteau dans l’évier. Où il s’y perd dans un tintement sourd. « Tu resteras en vie. Autant de temps que je le déciderai ... Et apprend à différencier lâcheté et autorité. »
La face mortelle se joint au jeu de sa souveraine, celle, enfant de cœur de crocs fustigés, brimés par les tempêtes fracassante. Le chasseur s’amuse d’un rictus sur ses lippes vermeilles, de ses doigts arachnéens un ballet de serments sadiques. Se serait-elle trompée dans ses illusions de gamines confiante ? Avait-elle seulement foi ? Ou appelait-elle la mort de sa folie égarée ? Le cavalier vient serrer sa silhouette de chiffon, le confident dans sa grande main d’homme ; il sent l’air de l’extérieur, celui qu’elle ne peut plus voir confinée dans l’étroitesse de son enfer. Alors, seulement le miroir venimeux sinue un chemin de dalle sur son doux épiderme de princesse. Il caresse ses bras enfermés dans l’étreinte montagnarde du sorcier pour continuer son avancé vers les contrées de ses veines saillantes, vaisseaux vital de son existence où ce terrible ogre chante les louanges de la liberté effacée. Elle se souvient de mélopées divulguées dans les gouffres suintant l’humidité, dans les précipices d’effroi de tomber, dans ce vide immense, dans cette gueule entrouverte puant les immondices infernale ; cette balade sifflante sur le visage ouvert de la muse lors des cavalcades d’Ecosse. Elle a le timbre encore de sa voix giclant sur la réalité du lieu telle une apocalypse grimpant entre les murs maléfiques du manoir méprisant. Ici tout respire le caractère trompeur d’un mâle assoupi à ses convictions moqueuses, ici tout transpire la suffisance de ces aborigènes de guerre ivres de leurs pouvoirs concernant les plus faibles. Mais était-elle faible ? Enfin, le poignard de fortune termine sa route sur le cou ecchymosé de la ravissante, une parole bien placée où coule le miel menaçant du prêtre à son fidèle. « Je n’accède pas aux prières de suicidaire. Je n’accède aux prières de personne. ». Elle respire difficilement sentant son catalyseur s’émerveiller par les censures du malin, elle sent ses jambes branches prêtes à fléchir à l’occasion de l’abandon qui ne tardera pas à sonner. Elle écoute le hurlement du silence, celui-ci même qui jongle sur des piques acérée, sur des trottoirs jonchés de pinacles ravie de danser la valse esseulée. Elle avise une fourchette pauvre instrument négligé. Comme elle. A son image. A son reflet lourd de sens, un rien travaillé, un rien famélique qu’elle adopte, qu’elle apprivoise tranquillement dans sa paix tronquée. La voix de l’ours pénètre dans son oreille ornée d’un minuscule trou symbole endiablé d’une jeune humaine voulant s’apprêter, pour plaire à son amour naissant de senteur folâtre. « Tu resteras en vie. Autant de temps que je le déciderai ... Et apprend à différencier lâcheté et autorité. ». L’arme se pose dans le lit obscur d’un réceptacle vengeur. C’est sa main qui soupente ! C’est son bras qui se délie ! C’est la fourche narquoise qui s’enfonce dans la jambe du templier ! C’est la gosse coupable qui s’enfuie loin de cette pièce détestable.
« Je voulais te voir. » chuchote-t-elle à son amant le vent. Elle soulève sa façade où deux flammes luisent de gaieté retrouvée, elle connait pourtant les conséquences. Seront-elles plus viles encore qu’hier, plus vile encore qu’à son enfance brisé, plus sournoises que ce destrier grinçant ? Lui fera-t-il regretter ? « Certainement. Un jouet c’est un jouet. ». Elle tape du pied pour le plaisir que procure cet enfantillage baliverne, elle frappe des mains pour le plaisir que procure cette encensé sensation. Son cœur renait, elle le couve de ses mains sanguinolentes d’un peu de fluide ayant exsudé de la blessure du guerrier. Elle songe à le rejoindre pour apaiser ses remords, pour apaiser ses appréhensions, pour comprendre l’acte qu’elle vient tout juste de commettre, pour s’excuser… « Pas du tout. A quoi bon… ». Elle décide un peu dangereusement à s’assoir sur la marche immortelle, grisonnante de l’entrée. Il la retrouvera. Il la jettera dans le grenier où ses chaînes d’esclave attendent impatiemment la rencontre d’une matière échouée sur le parquet. Elle imagine déjà les bruits, lui tonnant de colère, les baffes, les gifles, les coups de poings, les sortilèges moribonds. Elle a touché le soleil rassurant, elle a touché les feuilles d’érable. Plus rien ne peut lui arriver, elle s’est ressourcée.
Elle s’enfuit. Poupée lâche. Trouillarde et dégonflée. Je ne lui cours pas après. De toute façon, elle ne peut pas m’échapper. Elle ne le pourra jamais. Je laisse l’enfant faire son caprice. Pour réfléchir un peu. Seul. Ou face à moi-même. Ne pas lui avoir ôté la vie. C’est un point qui se défend. Mais pourquoi ? Pourquoi ne pas en avoir profité ? Pour la blesser un peu plus. Verser son sang. Tordre son cou frêle. Casser ses os friables. Juste pour le plaisir de voir la douleur dans l’anis de ses rétines. Mon palpitant est imprimé par la violence. Par le sadisme. Les marques sont toujours là. Mais ce n’est plus le cas des deux protagonistes. Elle les a effacés. Réduit en néant. Inexplicablement. En quel honneur je me laisse adoucir ? Pourquoi ? Pourquoi ? Personne ne doit avoir une quelconque emprise sur moi. Personne. Alors comment elle fait ça ? Usurpatrice terriblement douée. Qui causera certainement ma perte. Celui du gamin égoïste. Capricieux. Arrogant et presque détestable.
Depuis combien de temps je l’observe ? A travers la fenêtre du salon. Sa maigre silhouette se floute. La vitre vole l’authenticité de ses traits. Elle apparait dans une liberté presque normale. Assise dans l’entrée. Sage et paisible. A l’extérieur. Dans un cadre. Où je n’ai pas l’habitude de la voir. Ça suffit. Je sors la rejoindre. « Viens avec moi » Autoritaire. Sévère. Je reprends la supériorité. Qui m’appartient de droit. Je ne lui laisse pas le choix. Ma main agrippe la sienne. La soulève un peu brusquement. Et je l’amène. Dans un transplanage. Des plus désagréables. On quitte la tranquillité du perron. Silencieux et triste. L’instant d’après. Le vent. Il cravache nos joues. Nos bras. Il tambourine dans nos oreilles. Glaçant chaque parcelle de notre peau. Empourprée. Rougie. Douloureusement pigmentée. Notre épiderme souffre. Par la frappe de la bourrasque. Déchaînée et incontrôlable. Mes doigts, toujours liés au sien, la pressent d’avancer. Jusqu’au bord de la falaise. Là où l’eau glacée peine à nous toucher. Les vagues fouettent la paroi rocheuse. Avec une force que j’envie. Elles viennent s’éclater au pied des roches. Tranchantes et sombres. Au loin, la mer agitée déforme l’horizon. Il n’y rien d’autres. Autour de nous. Presque seuls au monde. Accompagnés uniquement par la rafale glaciale. Par la mer enragée. Et par la terre pétrifiée. Frappée par ses deux compères. Il n’y rien d’autres. Que nous. Et la nature. En colère. « Tu rêvais d’espace. » Je cri presque. Je hurle pour qu’elle comprenne mes mots. Pour recouvrir le souffle violent du vent. Mes phalanges forcent leur emprise. Par pour montrer ma supériorité. Et sa soumission. Mais juste pour m’assurer. Qu’elle est bien là. Avec moi. Qu’elle ne saute pas. Ne s’enfuit plus. Je pourrai la jeter. C’est certainement ce que j’aurai pu faire avec Khloé. Pour me débarrasser de ce problème. Définitivement. C’est ce que j’aurai du faire. La faire taire. A jamais. Et éviter à Charles et à moi ses ridicules rumeurs.
Je récupère ma baguette. Glissé dans ma poche. Et lance un sortilège. Pour nous protéger du climat. Un bouclier se forme autour de nous. Empêchant la tempête de nous atteindre. Le calme qui règne contraste avec le paysage. Déchiré par la perturbation de dame nature. J’hésite. Mais je finis par lui lâcher la main. Geste qui fait renaître cette inquiétude. Cette crainte de la perdre. Cette angoisse inexplicable qui m’habite. Mes opales restent aux aguets. De ses mouvements. Qui pourraient la précipiter dans l’abysse océanique. Et me l’arracher. De mon être possessif. Réclamant l’exclusivité totale. « Tu le savais. Que je ne te tuerai pas. Tu le savais mais tu m’as quand même demandé de le faire. Pourquoi ? » Est-ce un jeu ? Est-ce un moyen de me montrer que je peux être faible ? Je désire la comprendre. Capter les pensées mystérieuses de l’esclave. « Dis moi la vérité. » Comme elle sait si bien le faire. Cette sincérité qu’elle m’a fait si souvent claquer au visage. Semblable au soleil. Qui Brille. Eclate. Fait tout voir. Mais qui se laisse si difficilement regarder. « Dis moi la vérité. Sinon je te prouverai le contraire. Que j’en suis capable. Ici et maintenant. »
« Viens avec moi ». Les pas résonnent monstrueux tintement de colère qui force les portes de son âme apaisé par les litanies du zéphyr mordant, elle a déjà sa chevelure protectrice sur ses épaules masquées, porteuses d’une envolée indomptable dont elle se fait la cavalière. Elle a la bouche des conquises d’avancés oniriques, des lèvres pleines prières de délices pour les enragés, un linge seyant sa taille de mouche, ses pieds serres de chouette. Une statue évangélique qui, de ses diamants animés virevoltent vers le lointain spirituel acceptant la quête de l’énergumène qui l’emmène d’un transplanage ardu. Elle ne pense plus s’étant imaginé les pires supplices, les châtiments impérieux de continents victorieux, de régions invisibles, de pays redoutables ; elle mordra, se débattra, se détachera, ne suppliera pas, ne tombera pas de ses genoux flanchés au roi capricieux, celui des hyènes et des monstres ailés. Elle ne ferme pas ses gouttières, ses fils de chair humaine intense superposition d’une paume sec dorénavant par les tâches ménagères ; elle reste stoïque dans l’apocalypse chimérique. Elle était loin, bien loin de songer aux vœux exaucés.
C’est la mer qui l’accompagne, dure, terrible, mer des enfants tapageurs, mère des délicates vierges dans les limbes empyrées des innocents chétifs. C’est l’ondée suzeraine, celle des grandes croisades, celle des pleureurs décharnés offrant leur corps au martyr des sangs de coton, des insouciants plongeant dans les soupirs gracieux des sirènes anthropophages, mordant la viande de leurs grappins affutés. Elle jette le morceau d’un rire timide sur les rives encensées d’un monde magique, celui des mythes, des chants et des poèmes qu’elle entend maintenant par les vagues languissantes de l’océan parfumé à la vengeance. Il pourrait la tuer. Elle se laisserait faire. Il pourrait l’envoyer dans les contrées aiguës de l’aquatique sous-marine, elle se laissera dépérir, bonheur fugace d’une mort bravache. « Tu rêvais d’espace ». Elle acquiesce, adresse un mot qui se perd au bouffeur de parole, ce silence dictateur par les forces entremêlées de la nature d’éther, ressentant l’étau de ses doigts finement tremblant… de peur ? D’angoisse ? De quoi ? Elle n’avait pas le temps de se soucier de ces coïncidences, ne se faisant plus d’illusions concernant le duc luciférien qui lui tenait lieu de césarien, cherchant un peu de contrôle sur le rien. Elle voudrait se pencher quémandant un moment pour épouser les mélopées évanescentes, les résonnances d’orchestre rugissantes dans les profondeurs mystérieuses qui la demande. Une bulle, un cocon de soie vient l’englober telle la figure d’autorité des peintures qu’elle observait recueillie dans une salle d’un musée miteux. C’est calme, le doux repos du drame enfin prescrit contraste murmurant par les bruits enfuis. « J’adore la rage de cette déesse mystique Marcus. ». Ce prénom lui a échappé, a cabriolé dans les herbes déchirées par les tornades, une faute peut-être, bientôt marquée sur sa joue colorée de nacre, d’ivoire, de blancs enrobée d’un blême rose exquis. Sa main est de nouveau libre, elle y voit un signe de laisser aller, de courroux rasséréné, d’un voyage vibrant de sentiment antithétiques. « Tu le savais. Que je ne te tuerai pas. Tu le savais mais tu m’as quand même demandé de le faire. Pourquoi ? ». Il n’a pas de voix faiblarde ; il continue pourtant maintenant suppliant une réponse de sa part qu’elle tergiverse à lui donner. « Dis-moi la vérité. ». Pour quelle raison ? Car ses forces faiblissent au rythme de son cœur chauffé par la beauté éphémère qu’elle croit, inéluctablement, quitter pour toujours, retrouvant cette poussière de cage qui sera la sienne à jamais. « Dis-moi la vérité. Sinon je te prouverai le contraire. Que j’en suis capable. Ici et maintenant. »
Elle entoure son torse de ses bras, sa tête contre son battant féroce ; cela ne dure qu’un instant. Elle se soulève de la pointe de ses pieds, ballerines arrachée de sa boite de métal pour chatouiller la barbe de ses doigts de paysanne. Elle respire. Elle éclate. « Pour… Pour voir si j’avais un descendant de contrôle sur le reste de ce que deviendra ma vie. Pour voir si je pourrais te demander, quelques fois des permissions de sorties. Juste pour éprouver un cœur fonceur qui, depuis que j’ai atterri chez toi m’a quitté pour des jours meilleurs. ». Elle embrasse son front, sujette chaste de ses ailes délicates, de ses rêves mouillés de larmes, de sa litanie désespéré qu’elle aimerait lui offrir. Pour ne faire qu’un en cet instant ensorceleur. Pour subir les conséquences qu’elle distingue clémentes à travers la découverte de ce glorieux affaissé. Il est sacré pour elle, il est un temple de son existence, il est de ces rejetés, de ces errants cherchant la voix tonnante d’un guide qui n’arrive jamais. Elle ne l’aime pas, ne sait pas ce que c’est. Elle le comprend, fillette prenant sous son bras le moineau blessé, écroulé d’un nid austère. « Je suis un monstre. Je le sais, je l’ai vu dans ses yeux noirs lorsqu’il frappait ma mère me menaçant de son trident d’acier. Je suis répugnante ! Je te causerai malheur ! ». Elle énonce ça gravement où perce dans sa cascade cristalline des échos d’aide qu’elle ne se résout pas à lui déclarer. « Laisse-moi partir. Laisse-moi me noyer. Tu as eu ce que tu voulais non, la vision jouissante d’une malade implorante. ». Elle tombe à genoux dangereusement sous les cieux discordant d’un tonnerre rageur, les éclairs tels des présages de miel d’éternité.
« Marcus » Marcus. Marcus. Mon prénom résonne. Dans l’esprit faible d’un gamin. Jadis farouche. Brutal. Dans le cœur d’un homme perdu. Victime d’émotions énigmatiques. D’une tempête de contradictions. Elle me dépouille. De bon sens. De discernement. Faisant de moi qu’un brouillon de principes. Raturés. Remplacés. Je m’accroche au peu de conscience qu’elle me laisse. Pour ne pas me laisser submerger. Par sa confiance. Son aise. Ses émeraudes. Ses airs de princesse déchue. Je m’efforce. De rester moi. Encore quelques instants. Quelques minutes de plus. Avant de sombrer dans un néant. Dont je ne pourrai jamais ressortir. Prisonnier des ténèbres de sentiments incontrôlables.
Et ses bras. Frêles. De poupée si fragile. Qui m’attrapent. Qui installe un gros bordel. Dans cette tête qui ne sait plus quoi penser. Qui ne sait plus comment raisonner. Je la laisse faire. Abandonnant tout contrôle. Toutes envies d’emprise et de domination. Je la laisse faire. Je n’arrête pas ses doigts. Je ne stoppe pas son élan. Presque désireux de plus. De plus de contact. De plus de servitude. De plus d’elle. Petit être perturbateur. « Pour… Pour voir si j’avais un descendant de contrôle sur le reste de ce que deviendra ma vie. Pour voir si je pourrais te demander, quelques fois des permissions de sorties. » Manipulé. Voilà ce que je suis devenu. Soumis à une chose. D’une espèce que je ne considère pas comme humaine. Cette tromperie ne réveille aucun orage. De rage. De courroux. Non. Cette tromperie place une déception. Cuisante. Douloureuse. Là où des battements devraient exister. « Juste pour éprouver un cœur fonceur qui, depuis que j’ai atterri chez toi m’a quitté pour des jours meilleurs. » Je ne prête aucune attention. A son tutoiement. Autrefois tellement dérangeant. Autrefois déclic d’une haine ardente. Je me contente d’écouter. Sagement. Gosse apaisé. Captivé par une histoire. Qui semble irréel. Pour se laisser bercer. Et emporté ailleurs. Dans un monde différent. Presque meilleur.
Ses lèvres se collent à mon front. Et là encore. Je reste impassible. Ayant peur de l’effrayer. D’exécuter les mauvais gestes. D’échapper les mauvais mots. De gâcher ce moment. Relaxant et rassurant. « Je suis un monstre. » Non. Mon refus se bloque dans ma gorge. Encore emprisonné par des idéologies barbares. Par une éducation sévère. Totalitaire. Imprimé dans ce palpitant. Chamboulé. Renversé. Qui s’est voulu fort. Mais qui se perd facilement. Dans une faiblesse risible. Pourtant si écœurante. A mes propres yeux. « Je le sais, je l’ai vu dans ses yeux noirs lorsqu’il frappait ma mère me menaçant de son trident d’acier. Je suis répugnante ! Je te causerai malheur ! » Quelque chose. Quelque chose hurle. A l’intérieur. Cri qu’elle a raison. Essaye de me prouver que c’est déjà le cas. Que j’en avais déjà conscience. Elle n’est rien. Rien du tout. Maîtresse d’une imposture. Grandiose et démesurée. Elle respire l’impureté. Représente tout ce que je méprise. Pourquoi je n’arrive pas à m’en rappeler ? De cette haine légitime. Maintenant si lointaine. « Laisse-moi partir. Laisse-moi me noyer. » Non. Non. Hors de question. Non. Il reste encore muet. Pris dans un cyclone de désaccords. Non. Celé dans un antagonisme imposant. D’une antinomie sans nom. « Tu as eu ce que tu voulais non, la vision jouissante d’une malade implorante. » Ses genoux heurtent le sol. « Arrête. » Stop. Qu’elle cesse. Bordel. Qu’elle cesse. Ce jeu. Cette manipulation. Son influence. Que son emprise s’envole. Qu’elle laisse du répit. A mon cœur. Enflammé par l’objection. Glacé par l’approbation. Malade et souffrant.
Et je tombe avec elle. Mes phalanges s’emparent de sa mâchoire de porcelaine. Redresse son minois ensorcelant. Afin de capter ce jade. Qui brille dans ses rétines aguicheuses. « Je t’en prie, arrête. » Plus qu’une supplique. Plus qu’une prière. Un désir brûlant. De retrouver un équilibre. Une normalité. Parce que tout ça, c’est mal. Dangereux. Situation malsaine. Dont je suis l’acteur vedette. Mal à l’aise. Tout sauf à sa place. Et si quelqu’un l’apprenait ? Que l’autoritaire se laisse adoucir. Attendrir. Bouleversé par un être inférieur. Que le dictateur ne gouverne plus rien. Même si à cet instant, le tyran s’en balance. Il s’en fout. Ne s’inquiète que de son ancienne marionnette. Etrange et douce aporie. « Je te l’ai pourtant dit. La vie te quittera uniquement lorsque je l’aurai décidé. Et je n’en éprouve aucun désir. » Je n’ai encore rien vu d’elle. Je ne la connais pas encore. Pas par cœur. Son esprit m’échappe. Me passionne. Inlassablement. Je tiens à cette esclave. Rebelle et docile. Charmeuse et … Je ne trouve plus les mots. Elle est perturbante. Je me répète. Je ressasse ce qualificatif. Celui qui la définit le mieux. Celui qui lui colle. Parfaitement. L’index et le majeur du gouverneur renversé, viennent caresser sa joue d’enfant brisée. « Tu resteras avec moi. Indéfiniment. J’en fais la promesse. »
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