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sujet; Blitzkrieg.
MessageSujet: Blitzkrieg.   Blitzkrieg. EmptyMer 12 Aoû 2015 - 20:49

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« blitzkrieg. »
feat elli llewellyn.

- Trois jours, Morrigan, c'est pas "trois jours et demi" ou "trois jours et le petit-déjeuner".
Pressé de livrer sa réplique, Cesair recrache une volée de céréales dans le bol.
- Et, en plus, t'es totalement dégueulasse.
- Je t'ai donné tout ce que j'avais pour ça !
- Et ça valait trois jours. Je fais de la contrebande, moi, pas du social.
Le front baissé vers le lait, l'impur rumine en mordillant sa lèvre. Il sait que toute négociation est vouée à l'échec, qu'il n'obtiendra pas le moindre délai. Il imagine tout de même qu'il pourrait essayer quelque chose, pour la beauté tragique du désespoir ou une comédie de ce genre-là. Un coup d'oeil en biais suffit à le faire renoncer, exactement comme un gamin qui réalise la débilité savante du mensonge qu'il s'apprêtait à balancer au pater. Lloyd est un type bien, l'irlandais en est sûr, mais Lloyd n'a pas l'intention d'accueillir tous les déchets recrachés par cette nouvelle et triste société. Lloyd, il aime vivre. Et ce n'est pas un gars comme Cesair, lâche comme un mangemort devant un test de Rorschach où toutes les tâches ressemblent drôlement à Vous-Savez-Qui, qui lui en ferait la remarque. C'est donc résigné qu'il enfourne une nouvelle bouchée de céréales molles.
- Est-ce que, au moins, je peux te soulager d'une bouteille d'eau ? une demi bouteille d'eau !
- T'es vraiment un chien sans collier...
Depuis sa rangée de caisses et de cartons, le passeur lui lance une gourde. Cesair doit balancer quelque chose de l'ordre de l'aboiement en remerciement parce que l'autre le traite de con en souriant. Lloyd ne peut pas croire que Cesair ait survécu si longtemps ; il a une si grande arrogance en lui, de l'insolence qui aime s'exprimer en toutes circonstances. De nos jours, personne ne survit avec un rictus pareil balafré sur la bouche. Néanmoins, il ne pose pas de question. De cette façon, si un jour on vient le lui demander, il ne pourra pas répondre. C'est mieux, ainsi, et ça évite aux types un peu trop bien, comme lui, de s'attacher au moindre gamin qui passe et qui lui fait des yeux larmoyants. Des Cesair Morrigan, il y en a des centaines. Alors ce n'est pas pour lui qu'il fera une différence. Question de priorité. Et d'espoir de survie.
- Dans une heure, Morrigan, tu dégages.
- Ja, mein Reichsführer !
Sous son banc, Cesair claque des bottes.
- Je sais pas ce que t'as dit, mais je suis sûr que c'est un truc de moldu !
Lloyd disparaît par la porte qui donne sur le couloir. Cesair ne lui donne pas tort, mais il ne le rattrape pas non plus par la confirmation : assez de conneries pour un mardi matin, huit heures qui sonnent à l'horloge du salon en désordre. Ce n'est même pas une bonne journée, et il n'y a aucune raison d'être de bonne humeur : une fois encore, il va se retrouver dehors, seul et en fuite. Ce sera sûrement une journée de merde... il ne le sait pas encore, mais ce sera une journée de merde.

_______

Il est maintenant onze heures, et Cesair cogne sur un rafleur à coups de brique dans le nez.
- Tu l'avais pas vu venir dans ta gueule, celle-là, hein !
- Mais attrape-le, bordel ! Bute-le !
Celui qui reçoit fend l'air des deux bras. Il tente de se dégager. Cesair ne lui lâche pas la nuque, certain que s'il a le malheur de s'écarter, n'est-ce que de la moitié d'un mètre, il recevra un sort à bout portant. Du reste, ça empêche, prodigieusement jusque-là, le camarade de sa victime de tenter la même chose. Ce n'est que débâcle, frappes étouffées et jurons. Le ressort de ce combat, d'ailleurs, est confus. Cesair se souvient d'avoir marché, un long moment, aux alentours de son ancien refuge. Il avait retardé le moment de s'évanouir plus loin, de quitter définitivement ce petit cénacle de sécurité, une véritable petite cour des miracles dans la banlieue de Londres. Ça n'avait pas empêché toute une bande de baguettes de débarquer, quand même on trouve plus de moldus que de sorciers sur six kilomètres à la ronde. D'abord, ça l'avait surpris. Puis il s'était souvenu que, putain de merde, le hasard, ça n'existe pas. Ils étaient là pour Lloyd, et pour sa troupe. Alors peut-être que c'était son acte de reconnaissance, après tout : il en avait attrapé deux, en arrière de l'escouade, et il avait lancé son poing dans les premières côtes à portée. Le résultat, naturellement, était l'instant présent : un air de suicide ou, pire, de capture.  
- Mais tu vas le chop... !
Il ne finit pas sa phrase. Cesair vient de porter les jointures de sa main droite à hauteur de mâchoire. Les dégâts sont partagés. Mais, quitte à crever comme un gamin qui joue sur l'autoroute, il veut, autant qu'il le peut, vider de sa haine.


Dernière édition par Cesair Morrigan le Jeu 13 Aoû 2015 - 17:05, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Blitzkrieg.   Blitzkrieg. EmptyJeu 13 Aoû 2015 - 16:36

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Il y a trop de monde, ici. C'est inhabituel et étrange et ça ne plaît pas à Elli. Autant que gens qui fourmillent dans ce quartier, normalement calme ; et surtout à cette heure-ci, ça pue l'embrouille à des kilomètres à la ronde. Et son binôme n'est pas avec elle. Elle ne se souvient plus vraiment de la raison évidente et logique qui a été invoquée pour justifier ça, mais ils doivent se rejoindre avant de se rendre au lieu où auront lieu les tractations. Autant dire qu'Elli n'aime pas du tout ce plan là… Sortant un bonnet de laine de sa poche, elle l'enfonce sur son crane pour cacher sa chevelure trop reconnaissable et enfile la capuche de son sweat par dessus, dissimulant ainsi un peu son visage. Depuis qu'elle a rejoint les insurgés, elle ne s'habille presque plus que comme une moldue, c'est bien plus simple pour se fondre dans la masse, une tenue passe partout, qui convient très bien à ce genre de situation. Marmonnant un vague juron, elle s'enfonce dans la rue sombre, où les éclats de fois des piliers de comptoir résonnent atrocement. Son sentiment de malaise s'accentue, alors qu'elle marche d'un pas vif vers le point de rendez-vous. Elle connaît le gars qu'ils doivent voir, Lloyd. Un gars droit, et jamais un problème avec sa marchandise. Et quand elle passe une première fois devant la maison qui lui sert aussi de lieu de commerce, Elli sent immédiatement que quelque chose ne va pas. Les signes ne sont pas visibles, ainsi que les protections habituelles. Et puis c'est calme, aussi, bien trop calme, et ça tranche trop avec le brouhaha précédent. Elle avait remarqué, que plus elle s'enfonçait dans les rues sombres, moins elle croisait de monde, inexplicablement. Comme si les moldus de sortie se cantonnait aux pubs ou restaient chez eux - comme si le sort de repousse moldu embaumait le quartier entier. Elle ne ralentit pas, elle ne s'arrête pas. Parce que deux gars l'ont pris en filature -très peu discrètement, par ailleurs. Elle continue de marcher, et d'un geste, fait tomber dans sa main la baguette dissimulée dans sa manche, bifurque dans une rue, presse un peu le pas sans trop en avoir l'air, tourne à nouveau et se dissimule sous un porche qu'elle a repéré un peu auparavant. Le stupéfix les frappe de plein fouet et les fige au beau milieu de la rue. Ca ne lui prend que quelques instants de planquer les corps sous une voiture garée là, après les avoir assommé brutalement. Et elle se remet en route, le souffle court et le cœur battant la chamade dans sa poitrine. Elle est bien trop entraînée à gérer la pression pour céder à l'inquiétude, mais la pensée qu'ils ont été vendu ne cesse de tourner en boucle dans son esprit. Alors elle fonce vers le point de rendez-vous avec son binôme, espérant pour le mieux… Mais ce n'est jamais le mieux qui arrive dans ce genre de cas. Le petit square est vide, le banc est vide. MERDE. PUTAIN DE MERDE !.

Alors qu'elle rebrousse chemin, des éclats de voix attire son attention. Elle s'approche, précautionneusement et en silence, de la rue en question, et reste figée devant le spectacle qui s'offre à elle. Un gamin est en train de tabasser avec conviction l'un des rafleurs de l'équipe qui sévit dans le quartier , et l'autre semble visiblement hésiter à intervenir. C'est vrai que la mêlée est tendue, impossible de lancer un sort sans toucher les deux. Elli, pourtant, n'hésite pas. Son premier sort, informulé, ligote avec soin celui qui tergiverse et un expulso bien placée sépare les deux combattants. C'est là qu'elle s'élance, elle aide le gamin à se remettre debout avant de l'entraîne dans sa suite. « On bouge de là ! », lâche-t-elle avant de se remettre à courir. C'est que bientôt, le quartier s'agite à nouveau. Le bruit du verre qui se brise se mêle à celui des cris de rage, de peur. Et les rares fugitifs qui se planquaient dans ce quartier, jusqu'ici sûr, se retrouvent à fuir avec leurs maigres possessions (qui se résument pour la plupart d'entre eux à ce qu'ils portent sur eux) pour ne pas tomber aux mains des rafleurs. La brigade de Rafleurs semblent venir de partout à la fois et Elli se taille un chemin, baguette à la main. Jusqu'à ce qu'elle se fige, reconnaissant les deux silhouettes que l'on vient de plaquer au sol avec violence. C'est Lloyd, et un peu plus loin, Alan, son binôme. Et impossible d'intervenir, parce qu'ils sont trop nombreux. D'ailleurs, impossible de fuir – et ce n'est même pas une option qu'Elli considère. Alors elle attrape par le bras le gamin et le traîne avec elle dans l’entrepôt qui jouxte la rue. « On peut pas partir pour l'instant », souffle-t-elle en tenant ses côtes pour retrouver sa respiration. « Le quartier est bouclé, on peut plus transplaner sans se faire choper. ». Elle baisse sa capuche et retire son bonnet, il fait bien trop chaud pour cette journée d'été pour garder autant de tissu après une cette course ; et révèle de fait son identité.

Levant à nouveau sa baguette, elle lance les sorts de protection basiques, pour dissimuler au mieux leur présence, insonoriser l'endroit. C'est un atelier de réparation de voitures, à voir les épaves à moitié démontée sur le monte-charge d'un côté et les pièces détachées entreposées de l'autre. « J'espère que tu n'avais rien d'autre de prévu ce soir, parce que tu restes avec moi pour l'instant. J't'ai pas fait mal ? »
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MessageSujet: Re: Blitzkrieg.   Blitzkrieg. EmptyVen 14 Aoû 2015 - 14:46

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Les os qui craquent sont d'un plaisir sordide, qu'ils soient dans un visage en sang ou dans la main meurtrie. La douleur n'atteint pas tout de suite le cerveau ou, plus exactement, l'information, si elle existe, n'est pas encore traitée ; le goût de la violence, au plus sublime qu'elle est gratuite, a libéré l'hormone lascive ; elle déroule une véritable petite nuée analgésique. On ne sent rien, que la morsure d'avoir blessé, de s'être montré aussi brutal et primitif que les animaux en rougissent pour les hommes. Voilà. Cesair n'a pas plus de conscience de lui que ça. Il voit les chairs abîmées de ses doigts, et la conclusion qu'il en tire n'a rien de sensé. Ce qu'il se dit ? Non que sa main exige des soins prompts et complets. Plutôt que, en proportion de ce qu'il voit, il faut se précipiter de contempler avec extase le misérable état de son vaincu. Il y a presque de la réjouissance lorsqu'il baisse le regard vers le rafleur, recroquevillé, le dos voûté par l'éclair de souffrance qui lui traverse la carcasse. Mais il n'a pas le temps d'admirer son ouvrage, de savourer son crime, de glorifier l'horreur... il est rejeté en arrière, séparé de sa proie, et il se vautre, dents en avant, dans le caniveau. Il ramasse immédiatement ses coudes, l'instinct commandant – pourquoi donc ? - de protéger ses flancs. C'est une défense absurde, et on le redresse avant qu'il ait la faculté de s'en blâmer. Il se débat mollement, alors que son réflexe est d'obéir à l'ordre qui somme la fuite. C'est inscrit tout en haut des tables de lois de la survie : juste avant - trop tard, ils t'ont chopé et, là, ils sont en train de violer ta sœur. Son ravisseur à la capuche, satisfait de le savoir dans son sillage, n'en voit rien : encore maintenant, hébété, clignotant, Cesair se fend un sourire.

Il trébuche plus qu'il ne court. Le souffle lui manque. Il n'a plus ses vingt ans... ou, plutôt, il a passé trop de ce temps-là à se planquer pour espérer accroître les aptitudes nécessaires à la course. Son cœur lui est douloureux, un frottement derrière les côtes. Puisqu'il voit son avant-garde baguette en main, Cesair tire la sienne – celle de Ludwig Hodson. Un incroyable connard, dont il a explosé la rotule le jour même de... Ses pensées sont confuses, abîmées par le bruit de ses bottes en rythme saccadé sur la chaussée. Il ne sait presque plus pourquoi il court au bras d'un parfait inconnu, dans un chaos de sorts informulés, de cris qu'on étouffe du pied et de craquements familiers et sordides. Il est prêt à s'asseoir par terre, à murmurer pour que la raison lui revienne. Heureusement, il est porté, comme tout bon gibier de potence, par une rage de vivre qui refuse à ses états d'âme la victoire. Il veut vivre, c'est tout ce dont il se souvient et, un moment, il dépasse même la silhouette qui le conduit. Terrible idée. Puisqu'il se fige immédiatement. Le nom de Lloyd se bloque dans sa gorge. Il tend une main, ou un réflexe de ce genre. Il est encore forcé de voir ses blessures, et la souffrance lui remonte finalement les nerfs. Ça lui tire une grimace et, machinalement, il replie chacun de ses doigts : ça le heurte davantage. L'autre a vu le même spectacle de fers qu'on lance aux poings et aux chevilles de camarades fugitifs. Dieu merci (ou Merlin, suivant le prisme par lequel on regard), l'un des deux a de la présence d'esprit pour l'ensemble. Il est poussé à l'intérieur d'un bâtiment, la rétine restée empreinte de l'image d'un sorcier qu'on plaque, la bouche contre le trottoir, gencives en sang, qui mourra certainement bientôt. Lloyd est un salopard de type bien ! Il se dégage avec cette certitude, capable d'un dernier sprint pour retourner à la mêlée. Ce sera ça, sa reconnaissance. Une petite idée conne, qui s'éteint à la manière dont les vents soupirent une bougie.
- Le quartier est bouclé, dit la voix féminine.
Il l'avait momentanément oublié, puisque camarade. En vérité, il ne sait rien, rien d'elle. Il se giflerait sûrement de n'avoir posé aucune question avant de se retrouver là, mais ses lèvres chuchotent des miasmes de fatigue.
- On peut plus transplaner sans se faire choper.
C'est drôle, car transplaner ne lui serait jamais venu à l'esprit. Cesair n'est pas un sorcier... c'est un foutu impur inutile et stérile. Il n'a pas sa place dans cette guerre. S'il ne veut pas mourir, alors qu'il parte – il n'y a pas d'autre rôle pour lui dans ce théâtre. Les postes sont tous pris, et on a trop bien répété. Il n'y a que lui qui ne veuille pas de sa place, qui ne sait rien de l'endroit où il convient de se tenir et de rester, jusqu'au rideau final. Et alors que la métaphore facile lui effleure la conscience, il lève le regard pour s'égarer plus fort : il ne sait pas son nom, mais la courbe de ses lèvres, le froncement de ses sourcils et, surtout, son air déterminé, lui frappent dix-sept endroits au même moment. Dix-sept nuances de peur, d'horreur et de révolte. Il voudrait hurler à l'imposture... ce qui serait ô combien ridicule. Il recule simplement, suffoqué seul de sa vision. Il ne veut pas être là. Il ne veut pas être là en même temps qu'elle. Il ne veut pas être sauvé. Il veut bien être livré, les poignets les premiers. Son cœur tambourine jusqu'à ses tempes, et il se précipite contre le linteau qui branle sous son poids.  
- J'veux sortir ! (il frappe du coin de la paume) Et si tu me laisses pas faire, j'vais t'appeler Bill et te tabasser en faisant semblant que t'es un mec !
Il y a du mouvement derrière la porte, mais le fracas de la démarche est étouffé jusqu'au quasi silence. C'est débile, naturellement, mais savoir que quelqu'un, au moins, ici, sait véritablement pratiquer la magie le rassure volontiers... certes pas au moins de lui faire oublier qu'il n'y a rien au monde qu'il veuille moins que de rester avec elle. Si elle l'a sauvé, leur prise commune les condamnerait ensemble à mort. Il aime vivre. Putain de bordel de merde, il n'arrête pas de dire qu'il aime vivre.
- Laisse-moi sortir ! Laisse-moi sortir !
Il gueule, mais il n'y a pas trace d'hystérie dans son timbre. Il aboie son exigence, c'est tout. La baguette est étreinte jusqu'à blanchir chaque phalange. Il pourrait, peut-être, l'utiliser pour se libérer des sortilèges... Déjà, ce n'est qu'une possibilité. Du reste, il ne saurait pas comment faire. Aussi se laisse-t-il glorieusement importer par un réflexe... humain, mais stupide : il la braque de son bois d'aulne.  
- Tu t'approches pas de moi. Tu me parles pas. Si tu m"dis rien, je n'aurais rien à répéter.
Il ne pourrait pas avoir d'apparence plus déraisonnable. Un GRAND malade.
- Et si... si tu t'avises de me dire un truc comme T'as perdu la tête ou T'es con ou quoi ?, je crois que je vais crier, pleurer puis me mettre à vomir. Alors... non, d'accord ?
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MessageSujet: Re: Blitzkrieg.   Blitzkrieg. EmptySam 15 Aoû 2015 - 19:14

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« J'veux sortir !  Et si tu me laisses pas faire, j'vais t'appeler Bill et te tabasser en faisant semblant que t'es un mec ! ». Interloquée, Elli regarde le gamin brailler sans l'interrompre. « Laisse-moi sortir ! Laisse-moi sortir ! » Elle l'observe frapper à la porte et s'agiter sans intervenir. « Tu t'approches pas de moi. Tu me parles pas. Si tu m'dis rien, je n'aurais rien à répéter. Et si... si tu t'avises de me dire un truc comme T'as perdu la tête ou T'es con ou quoi ?, je crois que je vais crier, pleurer puis me mettre à vomir. Alors... non, d'accord ? »  Et puis elle le fixe, alors qu'il dresse sa baguette contre elle, la menaçant vaguement. Un fin sourire s'étire sur le visage d'Elli, un sourire pas vraiment joyeux, avant de braquer ses yeux, deux lapis-lazuli étincelants, dans ceux plus sombres du jeune homme. « Et ferme ta gueule, ça te convient ? » gronde-t-elle. « On se cognera quand on aura la paix si tu veux, et t'auras même pas à prétendre que je suis une femme. Si tu veux vivre et qu't'as un minimum d'instinct de survie, tu la fermes, et tu restes ici. ». Elle s'est approchée, menaçante, mais il n'a pas mis ses vaines menaces à exécution. « Et range ça, sauf si tu comptes en faire un usage pertinent ! », rajoute-t-elle, cinglante en désignant la baguette d'un geste nonchalant, comme si elle ne le craignait pas. Et, de fait, elle ne le craint pas, elle ne le prend même pas au sérieux. Dans un autre contexte, une autre vie, un autre temps, elle aurait même volontiers ri de cette fougue débile. Mais, là, présentement, elle a plutôt envie de coller son poing dans la mâchoire du gamin, pour le faire taire, et surtout qu'il arrête de gueuler comme un perdu. Qu'est-ce qui lui prend, à lui, d'un coup ? C'était une sorte de crise ? En tout cas, elle n'a ni le temps ni l'envie de le gérer. Et dans ce genre de situation, ce genre de fous furieux pouvaient s’avérer être aussi dangereux que ceux qu'ils fuyaient, car irraisonnés, irrationnels et dépourvus du moindre sens logique à toucher en discutant un peu. Seule comptait la force et l’audace de montrer qu'elle n'a pas peur, qu'il peut gesticuler comme il le veut, elle ne le craint pas, car elle sait qu'elle peut le maîtriser sans soucis. En vérité, Elli n'en sait rien, elle ne connaît pas ce gamin, elle a juste pu juger de la force de ses poings. Son regard se porte d'ailleurs vers eux, encore ensanglantés de la toute récente jouxte. Elle ne rajoute rien, pourtant, et se détourne du gamin. Autant lui laisser un peu la paix et le laisser souffler et réfléchir.

Alors elle s'enfonce dans le petit garage, regardant avec curiosité certains objets qui la laissent perplexe, en repérant d'autres pouvant s'avérer utiles. Enfin, elle trouve ce qu'elle cherche, un petit espace aménagé avec un lavabo, du savon et un rouleau de papier essuie-mains posé sur un meuble branlant. Elle en arrache de longue feuille qu'elle mouille avant de revenir vers le type qui ne semble pas avoir bougé du tout. A nouveau, elle braque ses yeux dans les siens, le défiant se beugler à nouveau, le défiant de la forcer à le faire taire. C'est assez de violence pour aujourd'hui, et quelque chose lui hurle que c'est loin d'être fini, alors, s'il vous plaît, si l'on pouvait s'épargner des drames inutiles… Sans ménagement, elle attrape l'un des mains de son vis-à-vis, ignorant complètement l'ordre de ne pas le toucher, et tamponne plus doucement les chairs blessées. Il n'y a pas grand-chose qu'elle puisse faire, Elli ne maîtrise pas assez bien les sorts de soins basiques pour en tenter un. Du reste, elle n'est pas certaine que ce serait la meilleure des idées dans l'état actuel des choses. Au moins, le contact du frais soulagera-t-il un peu la douleur, et arrêta le saignement. Ce faisant, Elli réfléchit et reste attentive au bruit autour d'eux. Il semble que pour l'instant, ils ne sont pas découverts, et c'est une bonne chose. C'est, d'ailleurs, l'unique pensée réconfortante à laquelle elle peut se raccrocher à cet instant. Parce qu'il faut qu'ils bougent, qu'ils trouvent une solution, pour Lloyd, pour Alan et pour les autres. Parce que sinon… C'est les condamner. Mais rien. Pas une idée, pas la moindre idée -sauf celle complètement folle de les suivre et d'improviser à ce moment. Avec sa tronche trop connue, elle ne pouvait pas sortir sans se faire repérer immédiatement – et d'ailleurs, cela expliquait-il peut-être un peu la réaction de l'autre, là… Et puis soudain, des cris qui viennent de l'extérieur « LLEWELLYN DEVAIT ETRE LA. ELLE N'A PAS PU SE BARRER. RETOURNEZ LE QUARTIER ET TROUVEZ LA. ».

Elli lâche un juron, plus atroce encore qu'il est craché de son accent gallois, abandonnant dans le même temps les soins précaires. Elle se retourne, alors qu'un odieux sentiment d'impuissance monte en elle, insidieusement. Mais ça lui bouffe rapidement tous ses sens et ses pensées. Et, de rage, elle enfonce son poing dans la carlingue d'une voiture qui se trouve là. Elle grogne de douleur, mais plus encore de frustration. Elle finit par se tourner à nouveau vers le type. « Moi non plus, j'dirai rien à ton sujet. Mais ça n'empêche pas q'tu vas devoir m'aider, on est à deux dans cette merde, que tu le veuilles ou non. Appelle moi Bill si ça rend les choses plus faciles pour toi, je m'en fous, mais tu bouges avec moi. Sinon, tu signes ton arrêt de mort, le mien en même temps. Et crois-moi, regretteras d'être mort et de m'avoir sur le dos pour l'éternité. »
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MessageSujet: Re: Blitzkrieg.   Blitzkrieg. EmptyLun 17 Aoû 2015 - 19:13

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La mire de la baguette vacille. S'il formait les syllabes, la visée serait critique et son sort, inutile. Il n'a d'ailleurs pas choisi dans l'éventail des possibles ; que ferait-il si elle osait désobéir ? Cesair frôle la certitude d'être incapable de l'attaquer. Ce n'est que de la panique, diffusée dans son être afin qu'il déraisonne et avoisine l'animal le plus stupide au monde : parce qu'il le réalise, il sent comme un liquide qui s'épanche dans son être, s'écoule lentement à la place de son sang et se révèle à sa conscience. Il grelotte en éprouvant les caresses moites de la sueur à ses tempes, à son front.
- Si tu veux vivre et qu't'as un minimum d'instinct de survie, tu la fermes, et tu restes ici.
Il opine. Le fait qu'elle ait entrepris de réduire la distance qui va de l'un à l'autre n'y est pas étranger. Il aime mieux ce sentiment d'obéissance inexplicable que l'angoisse d'être capturé ; il préfère la contrainte voilée qu'elle exerce contre lui qu'une peur quasiment hystérique. La subordination le place à un échelon plus confortable, quand même remettre son sort entre les mains d'une personne qu'il ne connait jamais frise le suicide. Il préfère simplement une crainte plutôt qu'une autre. Des deux, il acquiesce à la moindre – s'il focalise, il oubliera peut-être celle qu'il renie. Alors il obéit, et enfile la baguette dans le revers de son blouson. Elle pourrait le tuer. Il semble à Cesair que bien des insurgés font ces choses-là : ils sacrifient, sur l'autel de leur cause absurde, des êtres innocents qui ne demandent qu'à vivre. Il ne le tient d'aucune source – comme s'il le savait depuis toujours, qu'il le tenait pour vrai depuis si longtemps qu'il était maintenant incapable d'imaginer qu'il ait pensé, un jour, autrement. Et quand elle baisse le regard sur ses poings ensanglantés (il croit, du moins, que c'est là ce qu'elle regarde), Cesair s'applique à conserver son calme. Elle l'évalue. Elle jauge l'étendue de ses blessures, les efforts qu'il faudra pour le tuer ? Apparemment, très peu, puisqu'elle lui tourne bientôt le dos, précisément comme s'il ne présentait aucune menace. Un sursaut d'orgueil pèse soudain sur les épaules de l'irlandais, qui grogne en avisant les environs des yeux. Aucune échappatoire. Aucune main secourable. Et une solitude de plus en plus prégnante.

Cesair tressaille lorsqu'elle revient. Comme ça lui arrive maintenant trop souvent, il n'en a rien perçu. Son esprit divague, à grands renforts d'hallucinations quand il ne prend pas garde à dormir et à s'alimenter convenablement. Et sa nouvelle vie, plus  clandestine encore, a réduit ces victuailles à la taille de vulgaires échantillons. Paradoxalement, il lui est désagréable de sentir la réalité qu'elle applique sur son être. Il retient la main qu'elle veut prendre. Pour ces regards qu'elle a pour lui ou bien pour l'évidence que de tels soins ne peuvent être qu'inoffensifs, il abandonne combat et résistance presque aussitôt. Il se fout d'être soigné, même de cette façon très rudimentaire. Il n'a pas mal. Il a peur. Et, de nos jours, on ne trouve plus rien pour la guérir : c'est un état aussi permanent que le sommeil, la soif, la faim. Un appétit vorace, qu'il ne manque jamais d'assouvir. S'il a connu une minute de tranquillité ces dernières années, il se l'est caché à lui-même. Il sursaute encore, cette fois parce qu'on gueule depuis l'extérieur. Llewellyn. Il n'aurait pas retrouvé son nom comme un grand. Mais, de l'entendre, il sait que :
- C'est toi, souffle sa lippe accusatrice.
De nouveau, et sans commune raison, Cesair nourrit le sentiment d'avoir été trompé. Plutôt que de le sauver, tout à l'heure, il semblerait qu'elle l'ait plongé au cœur d'un péril bien plus grand, et il tient en elle tout entier. Il lui avouerait bien tous ses états intérieurs, n'est-ce que pour se soulager la folie, mais elle se précipite à le faire la première. Il se tend à l'impact des phalanges qui saluent la carrosserie. Et puisqu'elle se tourne vers lui, Cesair recule, une sorte de conjuration à la bouche.
- Ça n'empêche pas q'tu vas devoir m'aider, on est à deux dans cette merde.
Il fait non de la tête. Il ne sait pas vraiment pourquoi : apparemment, pas par instinct de survie.
- Je m'en fous, mais tu bouges avec moi.
Cesair sait bien qu'il pourrait lui rendre les évènements si pénibles qu'elle l'abandonnerait – ou plutôt qu'elle l'exécuterait à côté de cette voiture en rade, là-bas. D'une certaine façon, il a le choix de refuser : celui du condamné, le même qui te laisse une option entre un steak ou du poulet pour tout dernier repas. Il préfèrerait. Il préfèrerait qu'elle le tue, même sèchement, ici et maintenant que d'être pris et de savoir ce qu'on voudra bien lui faire endurer jusqu'à ce qu'il expire, au ministère ou même dans une ruelle en chemin. Elle fera preuve d'un peu plus d'humanité, certainement. Il étudie vraiment la question, quand il sent qu'elle ne lui offre plus de temps, qu'elle exige une réponse qui ne pourra être qu'affirmative.
- D'accord, il dit lentement. Mais seulement si tu renonces tout de suite à l'idée totalement con d'aller chercher ton copain – c'est ton copain, pas vrai ? le type qu'ils embarquaient et que tu regardais comme si on venait d'te planter ?
Cesair se trouve un restant d'assurance, qu'il déblatère avec autant de rythme qu'il le peut. Il invoque un peu de mensonge, tâchant d'y mettre le ton, les formes et même l'allure. Il ne tremble plus tellement, mais elle est bien assez proche comme ça pour percevoir une inclinaison du sourcil ou de la lèvre. Elle croira que dalle de ce numéro mais, fondamentalement, ça ne change pas les circonstances de son accord et de leur fuite commune. Il ne bougera qu'à cette condition.
- Je déteste presque autant les héros que j'adore être vivant.
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MessageSujet: Re: Blitzkrieg.   Blitzkrieg. EmptyJeu 20 Aoû 2015 - 1:19

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« D'accord. Mais seulement si tu renonces tout de suite à l'idée totalement con d'aller chercher ton copain – c'est ton copain, pas vrai ? le type qu'ils embarquaient et que tu regardais comme si on venait d'te planter ? ». Elli relève ses yeux vers lui, vivement et le fusille du regard, d'un air mauvais. A cet instant, toute sa colère et sa frustration sont redirigées sur le gamin. Ca part de quelque part dans son ventre et remonte son échine, lentement, pour se perdre dans sa gorge. Ne reste que le goût amer qui lui brûle le palais.  Elle pince les lèvres, serre à nouveau le poing, mais ne bouge pas. Elle se contente de le fixer droit dans les yeux et de le mettre au défi d'assumer sa requête absurde. Assumer jusqu'au bout sa couardise et sa lâcheté. Elli ne sait pas quoi penser à cet instant précis, elle sait juste qu'il est hors de question de laisser Alan et les autres aux mains des Rafleurs. L'idée s'impose enfin, complètement folle, saugrenue, audacieuse mais bien la seule qui pourrait véritablement fonctionner. Un rictus se forme sur son visage, un sourire qui n'inaugure rien de bond. Elle s'arrache de leur proximité et se détourne de lui. Elle garde le silence encore quelques instants, avant de se planter à nouveau face au jeune homme et de le fixer froidement. « Ouais, c'est mon pote. Mais le tien, aussi. » Elle fait référence à Lloyd, sans le savoir. Mais elle a bien vu le geste vain qu'il a eu plus tôt, avant qu'elle ne le tire de force dans ce garage. « Et tu lui dois la vie. » Ce n'est pas difficile à deviner, par contre. Un sorcier ne traîne pas ici sans raison. Pour fuir le gouvernement, s'en cacher, pour survivre. Aisé de comprendre, ce que lui, là, il fout ici. Avec son air d'animal traqué. Il transpire la peur, dans chaque geste nerveux, chaque tics, son regard et la contenance qu'il veut se donner. Il transpire la peur et la crainte. Alors elle le scrute, elle le jauge, avant de sourire plus franchement. «  Y'a pas qu'mon copain qu'on va aller chercher » On « C'est quartier libre pour le groupe. Et je t'offre par la même occasion ton ticket de sortie ». Et le sourire se transforme en rictus carnassier. « C'est toi, qui va me livrer. »

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Elli avance lentement dans les rues, devant Cesair qui a sa baguette pointée dans son dos. C'est risqué. C'est de la folie. C'est culotté. Et ils ne s'y attendront pas, ça les surprendra, et, Elli l'espère, ça leur donnera une légère marge de manœuvre pour faire quelque chose. L'ancienne batteuse n'a pas d'idée précise. Au mieux, il n'y aura que quelques mâchoires brisées… Elle tourne son visage vers le jeune homme qui marche derrière elle, visiblement mécontent et réprime à peine un petit sourire moqueur ; il a le visage de l'enfant qui boude, obligé de se soumettre à l'autorité adulte. Elle ne sait pas bien dans quelle mesure elle peut lui faire vraiment confiance, mais il est là, et jusqu'ici il joue le jeu, même s'il y met une mauvaise foi évidente. L'idée, simple et folle en même temps, c'est qu'il prétende de l'avoir attrapée, et qu'en échange de l'Indésirable numéro 8, on le laisse, lui, tranquille et qu'on oublie qu'il a défoncé deux des leurs (qui ne sont peut-être même pas encore retournés avec le reste du bataillon de rafleurs.) Ensuite, elle verra. Elle n'est pas désarmée, sa baguette est dissimulée dans la doublure de son sweat. Ils arrivent devant la boutique de Lloyd, dont la devanture est complètement ravagée et y entre. L'apparence ne la trompe pas, l'illusion est parfaite pour quiconque passe par là sans pratiquer la magie, mais pour qui sait observer les détails, c'est une autre histoire que le carnage raconte. Ils s'enfoncent dans l'arrière boutique passe par une petite porte qui débouche sur la cour interne. Et ils sont là, une vingtaine de personnes alignées à genou sur le pavé, encadrés par une dizaine d'autres. Elli ne repère pas le deux dont elle a libéré Cesair, et un léger poids quitte ses épaules, pas de traces non plus des deux autres débiles qui doivent toujours moisir sous la voiture. Tant mieux. Elle distingue enfin Alan, qui ouvre de grands yeux surpris en la découvrant, et qu'elle rassure de quelques gestes discrets qui veulent tout dire, pour eux, Silencieux. « Je suis sur le coup ». A présent, c'était à Cesair de jouer sa partie… C'est vraiment une idée de con.
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MessageSujet: Re: Blitzkrieg.   Blitzkrieg. EmptyJeu 20 Aoû 2015 - 2:39

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Sitôt évoquée, Cesair repousse l'image de Lloyd à l'arrière de son crâne. Il ne voit pas le type d'une trentaine d'années, l'air ravagé au point d'en paraître dix de plus, la tronche balafrée de sarcasme à l'idée qu'on puisse lui soutirer de l'alimentaire pour moins d'un bijou rutilant ou d'un petit objet magique fabriqué à moins de mille exemplaires. Il ne voit pas ce type à l'air jovial, au petit matin, quand il n'a plus tant de souci à se faire ou d'affaires à gérer. Il n'a pas besoin de le voir pour ne faire qu'y penser. Elle ne l'aura pas au chantage, c'est décidé. Il y a beaucoup plus de lâcheté que de compassion sous ce costume de chair et d'os. C'est un constat âpre à goûter, auquel l'humanité ne survit pas, mais il n'a plus le temps de disperser ses sentiments selon les gens, selon les choses. Et Lloyd a eu son prix s'il lui a bien sauvé la vie. Rien n'est gratuit, depuis quelques années ; tout se paie, alors que la monnaie la plus courante est devenue le sang. Et Cesair, il aime, il adore même, savoir que tout ce liquide futile continue de lui couler dans les veines, que ça ne se répand pas partout dans le caniveau ou à la bouche d'un maniaque. Il ne voit pas le mal à manquer d'héroïsme. Il ne voit pas le mal à souffrir d'égoïsme.
- Y'a pas qu'mon copain qu'on va aller chercher.
Il ouvre la bouche pour protester, contre l'idée, contre le « on ». Il n'en saisit pas l'occasion, soufflé par le reste des mots qu'elle écoule si naturellement qu'il croit un moment qu'elle suggère à dîner. C'est un peu trop absurde pour lui passer les tempes et grimper jusqu'à l'encéphale. Ça lui provoque un hoquet, qu'il ravale avec colère – probablement vexé d'être sidéré au point d'en produire des symptômes physiques.
- C'est marrant, dit-il sans humour, mon plan consiste à aller à peu près à l'opposée.

Comme une réminescence particulièrement précise, Cesair pointe l'aulne sur la nuque féminine. Elle a le visage découvert, à présent. Et elle porte un nom : Llewellyn. Il réalise qu'il ne connait pas son prénom. Il devrait, comme chacun des neuf indésirables, les neuf identités les plus recherchées d'Angleterre, et peut-être même du monde. Ça n'a pas d'importance, et son ignorance ne lui fait aucun mal. C'est seulement qu'il braque une inconnue de sa baguette, une femme dont il est le complice, avec laquelle il entreprend certainement la chose la plus folle, la plus stupide et la plus courageuse qu'il n'ait jamais faite... ou commencée, ou juste imaginée. C'est insensé, parce qu'il se souvient parfaitement d'avoir refusé. Il se l'est répété plusieurs fois, à l'instar d'un sermon, convaincu qu'il ne devait sa vie actuelle à personne d'autre qu'à lui-même, qu'elle ne faisait pas cela dans l'intérêt des deux otages mais dans le sien propre – et, éventuellement, pour le plaisir de voir mourir un né-moldu. Il s'était sorti ce dernier lambeau de la tête, mais son vœu était demeuré : il s'enfuirait dès qu'ils seraient sortis.  

Il n'en a rien fait. Il ne voulait pas obéir, mais elle avait raison : le quartier est bouclé. Cesair sait qu'il ne s'en sortira pas vivant sans elle. Il maugrée plutôt que de l'admettre cependant que, à chaque rue que croise leur route, les ombres qui s'affairent à éventrer des portes et à fouiller des pièces lui rappellent que cette femme est certainement son unique chance. Il n'y aura pas de deuxième essai. Il n'y aura que ce sacrifice humain, présenté à Troie par les Grecs. S'il sait que sa passion pour les mythologies est salie par le sang-pur qui en usurpe tous les visages, Cesair s'y raccroche à l'instant où il passe la première porte. Puis la seconde. Ils n'ont rencontré aucune résistance jusque-là, aucun contrôle. Cette partie de la banlieue de Londres ne pourrait pas être plus verrouillée si les Rafleurs ne s'emmerdent plus à courir de partout, tels des officiers de Gestapo payés au nombre de têtes. Ce n'est pas rassurant, mais ça n'est pas plus affolant que les vingt yeux qui se lèvent pour les geôlier et captive, de même que la moitié des baguettes les place sous le feu commun de leur menace.
- C'est le bon moment pour t'expliquer, petit.
Cesair ne voit pas bien lequel des sorciers s'adresse à lui. Il se tient raisonnablement derrière sa prise – d'abord, pour se protéger des regards qui le connaîtraient, ensuite parce qu'elle est simplement plus grande que lui. Un peu plus musclée, également. Il ne dirait pas qu'elle le surpasse en force, mais puisqu'il ne peut contempler que cette stature qui fait obstacle à ses bourreaux, il est, quelques secondes à peine, aussi admiratif qu'il est jaloux.
- Maintenant, gamin, insiste le type.
- Oui, oui, j'y viens, répond l'impur en claquant sa langue au palais.
Il s'écarte, de la moitié d'un pas. Il met en évidence qu'il la tient en respect de la pointe du bois d'aulne qui flirte avec la peau. Instinctivement, il fait pression sur le coin de la mâchoire, comme il a vu un de ces enculés le faire un peu trop de fois dans sa vie de merde. De l'autre, il extrait de sa poche une seconde baguette, brisée en deux morceaux de taille égale. Il la tend, bien qu'il ne la destine à personne.
- J'ai cru que ça vous plairait de savoir qu'elle va pas vous botter le cul.
Le rafleur le plus proche d'eux s'avance brutalement, rejetant les débris sur le côté. Cesair n'y fait pas attention, maintenant que cet accessoire a servi son théâtre. Il lève seulement les bras, écarte les doigts, laisse supposer qu'il abandonnerait volontiers sa seule arme si, la fouille terminée, chacun de ces messieurs y tenait encore. Le type n'en fait rien : il ne sait pas pourquoi, mais chaque centimètre d'aulne lui reste dans les mains. Le fait qu'il soit toujours cinq à le braquer y participe probablement.
- Donne-moi une raison de ne pas te demander ton nom.
Il sait très bien ce que signifie cette remarque, alors c'est à celui qui la ramène depuis le début qu'il s'adresse avec une désinvolture remarquable pour un individu paniqué :
- Je pourrais la tuer.
Mentir est devenu si naturel – il ne sent presque pas le mensonge dans son être, comme s'il était possible qu'il y croit totalement lui-même. Alors il choisit ce moment, parfait et mesuré, pour mettre en évidence qu'il possède toujours sa baguette et qu'elle possède à son tour un logis très plaisant en la tempe de Miss Llewellyn.
- Mais elle est dans le top 9, n'est-ce pas ? Le grand patron ne serait sûrement pas content ou, plutôt, si ce n'est pas lui, je suis sûr qu'il y a quelqu'un de très important, plus important que vous tous – réunis, qui a mis une option sur le moment et la façon dont elle devra mourir.
Cet aspect lui est beaucoup plus étranger, mais il surprend les regards qui se consultent. Il n'a peut-être pas si mal joué. En tous les cas, il s'est donné le temps de trouver l'âme de Lloyd, qui l'avise en retour, comme deux individus savent très bien faire semblant qu'ils ne se connaissent pas, ne se reconnaissent pas.
- Alors qu'est-ce que tu veux ? reprend le rafleur en se mordant la lèvre.
- Je veux être sûr de sortir d'ici – de tout le pâté de maisons, j'entends, moi et moi seul.
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MessageSujet: Re: Blitzkrieg.   Blitzkrieg. EmptyJeu 20 Aoû 2015 - 23:39

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Il tient parfaitement son rôle. Sa façon d'agir, de leur répondre, de se mouvoir ; il est convaincant (à se demander s'il ne pense pas franchement pouvoir s'en sortir de cette façon). Elli, elle, garde un visage impassible, rien ne trahit ses pensées. Même quand il suggère qu'il pourrait la tuer. Le pourrait-il vraiment ? C'est une option qui n'effleure même pas l'insurgée. Mais le gamin réussit à instaurer le doute chez les autres. On murmure et on échange des regards interrogateurs. L'un d'eux finit par sortir un parchemin plié, le montre à un autre, et leurs chuchotements deviennent plus agités, presque fébriles. Enfin, la main tremblante, il le fait passer à celui qui mène les négociations depuis le début. Il observe le parchemin puis Elli, puis le gamin, et enfin un fin sourire décore son visage. Elli, de son côté, est attentive à tout, tendue comme la corde d'un arc, même si rien dans son attitude ne le laisse vraiment percevoir. Au contraire, elle semble d'humeur égale, comme si ce qui se déroule autour d'elle ne la concerne pas vraiment. Seul le mouvement de sa main gauche démontre d'une certaine nervosité : elle agite ses doigts rapidement, les plie, les tord, les frotte les uns contre les autres, comme pour exorciser sa peur. Et personne ne remarque ce gars, là, à genoux, qui ne la quitte pas du regard, qui fixe avec une rare intensité ce ballet étrange. «  Alors qu'est-ce que tu veux ? » « Je veux être sûr de sortir d'ici – de tout le pâté de maisons, j'entends, moi et moi seul. ». Elli relève enfin les yeux pour les braquer sur le rafleur, soudain plus attentive. « Profites-en », fait-elle d'un ton railleur, « il est prêt à te laisser les quinze milles gallions pour ma tête. Tu fais une affaire, je t'assure. » « Ta gueule » rétorque-t-il immédiatement, et Elli lui répond par un sourire outrancier. C'est de l’inconscience, hurleraient certains, de la folie. Et c'est vrai qu'il est rare pour Elli d'agir aussi spontanément, elle qui aime en général prendre le temps de la réflexion avant d'agir ; mais le temps, c'est bien qu'elle n'a pas, à cet instant. Alors, pour une fois, elle se dit que, peut-être, les méthodes de Davius peuvent être efficace. C'est l'effet de surprise qui sera leur plus gros avantage, elle le sait. C'est d'ailleurs le seul atout qu'ils ont à cet instant précis. « Soit », reprend l'autre. « On garde Llewellyn, et tu peux partir sans jamais être inquiété. Et on fera passer le mot. ».

Le type hoche la tête, et fait signe au gamin de baisser sa garde afin de procéder à l'échange, Elli contre sa liberté. Un geste du bras, un soubresaut nerveux, et les doigts de la batteuse se referment autour de sa baguette. Alerte, elle attend le moment propice pour agir. Et comme personne n'a prêté attention aux prisonniers, alors que tout le monde se focalisait sur le petit groupe, personne n'a remarqué qu'Alan s'est à moitié redressé. Elli tourne la tête de trois-quart, attrape le regard du gamin avant de lui adresser un clin d’œil et de remercier le gamin d'un bref geste de la tête, le libérant par la même occasion de sa parole. Il est libre de partir, maintenant, de transplaner ou fuir en courant, comme il lui plaira. Car, ici et maintenant, Elli est prête à défendre chèrement sa vie, ou du moins, prête à la perdre comme lui chante. Elle fait un pas, et, vive, se retourne, pousse violemment le gamin en arrière (deux mains sur la poitrine qui lui font faire deux-trois pas à reculons), avant de pointer sa baguette vers celui qui parle trop et de lâcher un Globos Flammarum d'un ton morne, bien trop détaché. Trois boules de feu apparaissent de nulle part et le percutent de plein fouet, embrassant alors la cour. Ils n'ont que quelques instants, trop brefs, pour agir. Elli se précipite vers Alan dont elle tranche les liens magiques d'un geste rapide, puis ceux de Lloyd, et rapidement, chacun des différents otages se retrouve libre. Nombreux sont ceux qui transplanent immédiatement, profitant du chaos ambiant pour fuir, pour vivre un peu plus longtemps encore.

Elle se prépare à fuir, elle aussi. Quand elle se fige à nouveau. Le gamin est toujours là, et cette fois c'est lui qui a la place de l'otage dont on menace la vie. L'un des rafleurs le tient en joue, sa baguette pointée contre sa gorge à la manière d'un couteau, et il tord visiblement l'un de ses bras dans son dos pour le tenir tranquille. Alan la presse, mais elle secoue la tête. Un geste de la main rapide. On abandonne personne.
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MessageSujet: Re: Blitzkrieg.   Blitzkrieg. EmptyVen 21 Aoû 2015 - 20:50

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Il n'est pas sûr de combien il veut que cela fonctionne. D'une seule manœuvre, il suit le plan autant qu'il s'en détourne. Il aime déjà la liberté et la survie qu'on lui promet ; Cesair ne se fait aucune illusion sur sa capacité à obtenir exactement ce qu'il souhaite, mais les rafleurs sont, pour la plupart, incroyablement stupides car arrogants et certains d'agir pour le mieux. Il suffit de saupoudrer un rien d'avidité sur ce terrain propice, et peut-être qu'ils lui laisseront, quoi, entre dix et quinze minutes d'avance ? C'est un né-moldu, maintenant ils en sont sûrs, et il ne faudra pas plus de trois sorciers pour maîtriser la Llewellyn (a priori, du moins). Ils iront après lui comme des chiens qu'on a affamés vingt jours durant. Il se contenterait de la probabilité, quand même la fenêtre ne tiendrait qu'en soixante secondes. Il lui faut sa chance, une tentative d'échapper aux deux camps en se gardant les entrailles en-dedans. Très honnêtement ? Ses chances de survie flirtent avec le zéro s'il refuse de coopérer avec ou l'un ou l'autre... Et c'est curieux, d'ailleurs, qu'il ait choisi celui des rafleurs en premier lieu. La faute à ce con de plan ! ou à un opportunisme chevronné. La fortune sourit aux audacieux. Et de l'audace, par les Enchanteurs et par Dieu, il en a plein les poches :
- Décidez-vous, insiste le gosse en poussant sur le maxillaire à l'aide de sa baguette.
Il ne prête aucune attention au théâtre qu'elle se fait ; à lui aussi, il lui arrive de ces délires quand la peur lui entre par le dessous. Il ne prend même pas la peine, insensible, insouciant, de réaliser qu'elle a sûrement peur, oui. Il est un rien trop nerveux pour penser convenablement ; il cherche, plusieurs fois, le regard de ses ennemis ; il est convenu avec Lloyd qui ne se trouveront plus du regard ; Cesair sait que Lloyd sait. Il ne fera rien pour lui et même si l'inverse est finalement faux, il ne lui en veut pas. On choisit les risques qu'on veut prendre avec le camp qu'on rejoint. Alors, bordel, pourquoi est-ce si difficile à respecter pour Miss « Tu casses les couilles, vraiment » Llewellyn. Et il ne croit pas si bien dire :
- Tu peux partir sans jamais être inquiété.
- Il va me falloir un peu mieux que ça, les gars. Je.
Il rien du tout. Ça lui pète littéralement à la gueule : le plan, les sorts, les injures, tout. Il n'a pas le temps d'attraper le regard qu'elle lui lance ; ce n'est pas un homme du no man's land, il n'est pas aguerri ou, du moins, il ne s'est pas suffisamment exercé à ces situations dramatiques et stupides. Au jeu de la fuite, passe encore. Aux duels rangés, admettons. Mais au conflit ouvert, comme ça ? À la sauvage ? On risque d'y mourir cent fois, rien que pour le ricochet d'un sort avorté, maladroit. Il suppose que c'est ce qu'elle voulait – qu'il meurt pour rien, ou pour servir sa cause. Elle n'en a strictement rien à foutre de lui, et s'il voulait qu'on le lui confirme, elle vient de l'admettre à la façon d'un attentat. Un réflexe inutile lui commande de se protéger le visage, et elle saisit l'instant pour le repousser. Très bien, puisqu'elle insiste. Lorsqu'il retrouve son équilibre, Cesair brandit sa baguette, mais la déflagration est à l'opposée de lui. Il garde son petit air con, hébété, de longues secondes, le genre qui vous coûtent votre intégrité physique. Ou juste la capture.
- Lâche-moi, putain ! Lâche-moi ou j't'ouvre de la bite à la bouche !
Son geôlier ne s'offusque pas plus que ça. Il ne l'écoute pas, trop concentré sur l'attention nouvelle que les insurgés daignent leur porter. Il ne s'attendait apparemment pas à ce qu'ils s'attardent, voulant se consoler avec cette prise impure, n'est-ce que pour jouer avec un peu de tripes le soir même. Soudain, il se félicite plutôt d'avoir un otage. Cesair fait rempart de son corps, exactement comme elle était sa barricade un peu plus tôt. Les rôles ont une tendance – un peu salope – à s'inverser.
- Mais vous attendez quoi ! Dégagez !
Il est furieux, de les voir, suspendus à son sort, les pieds si immobiles, le teint si blême. Alors quoi, ils hésitent, à présent ? Ils ont donc des émotions, en définitive. Tous les animaux en possèdent, faut-il croire. Et celle qui domine le jeune irlandais, c'est encore la colère, l'indignation.
- Est-ce qu'on vous pisse dans l'cerveau quand on vous recrute ? Dégagez !
Cesair peut le gueuler aussi fort qu'il le veut, ça ne servira jamais qu'à rameuter davantage de rafleurs. Et il ne reste – c'est presque sûr – qu'une poignée de minutes avant que de nouveaux sorts soient répandus alentours, empêchant de transplaner, ou de penser à s'enfuir. Ils seront pris au piège ; Cesair les a vus faire, toujours les mêmes enfoirés, qui chassent de l'homme. Ils n'ont pas peur d'user des mêmes ruses qu'on invente pour buter des lapins. C'est presque pire que d'être tué tout court. Et même s'il n'a aucune envie de se retrouver seul avec l'ensemble de ses bourreaux, il ordonne à l'intelligence de ceux qui le regardent de les faire dégager.
- Je crois qu'ils aiment notre compagnie, dit un rafleur sur le côté.
- Oh, toi, ta gueule. Respecte le dramatique, l'engueule Cesair.
C'est vrai que l'instant est étrange. En un sens, ils se sont tous suspendus. Un rafleur tient Cesair, qui fixe les deux insurgés et le contrebandier. Un autre prisonnier est demeuré (un gars qu'il a vu avec Lloyd), mais il est sous le feu d'un second rafleur, juste à la droite de celui qui vient de parler, le troisième. Ils sont à armes égales, plus deux otages. Et personne ne s'entretue pour la seule raison que tout le monde risque bêtement de mourir sans que nul ne survive.
- Il était une fois, le numéro 8, son faire-valoir dans l'histoire, un contrebandier un peu pourri, et trois trous du cul. Ils étaient bien emmerdés, parce qu'ils aimaient bien vivre, 'voyez, mais qu'ils se tenaient TOUS UN FLINGUE CHARGÉ CONTRE LA TRONCHE.
- Si quelqu'un avait des doutes sur le fait qu'il soit un né-moldu... commente Lloyd, narquois.
Heureux de voir que la tension en détend visiblement certains, Cesair continue :
- Du coup, les trois mongoles décident de payer une bièrraubeurre à leurs nouveaux copains avant de prendre le temps de les tuer. Et, personnellement, j'ai pas très soif.
- S'il fait le con, c'est parce qu'il est sur le point de se chier dessus.
- Va te faire mettre, Lloyd.
Il se produit finalement une chose inattendue : l'extérieur règle le sort de l'intérieur. Les rafleurs n'étant pas plus disposés à mourir que les autres, ils montrent des signes d'impatience et de nervosité. Ils sont disposés à abandonner, à les laisser partir, tous, quitte à recevoir la correction commensurable à leur défaite. Mais on hurle par-delà les bâtisses, depuis la rue jusqu'à leur cour :
- Vous êtes cernés ! Rendez-vous !
- Et lui, ça fait pas né-moldu, comme réplique de film, peut-être ?
- Ta gueule !
Une seule et même voix pour cinq des huit protagonistes, tous camps confondus. Le début d'une entente forcée.
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MessageSujet: Re: Blitzkrieg.   Blitzkrieg. EmptySam 22 Aoû 2015 - 0:47

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Le sang qui pulse violemment dans ses tempes est, à cet instant précis, la seule chose à laquelle Elli arrive à penser. C'est que ça en devient presque douloureux, comme le début d'une migraine. Mais si elle n'a pas le luxe de s'attarder trop longtemps sur ce rythme irrégulier qui résonne dans son crane, elle se l'accorde bien volontiers. Ca lui évite de penser à cette odeur de chair brûlée qui la prend à la gorge et lui donne la nausée. Elli ne regrette pas son geste. L'issue n'aurait sans doute pas été bien différente dans un autre cas de figure, et elle est certaine que ces types à la solde du magisters n'auraient pas eu de remords à faire preuve de la violence qui les caractérise. Et bientôt, elle se souvient pourquoi elle n'aime pas, en général, les plans spontanés comme celui-ci : elle ne peut rien anticiper et les imprévus se font trop nombreux. Elle aime avoir le contrôle sur la situation, pouvoir envisager le plus d'options possibles avant de se lancer. Et ça demande du temps et de la préparation, ce qu'elle n'avait définitivement pas. Impossible de deviner combien de temps les otages seraient restés en vie après leur capture, et Elli le sait, elle n'aurait pas pu se supporter si elle n'avait rien tenté pour les sauver. Quitte à en passer par ce plan stupide qui les a mené à ce statut quo improbable. Le gamin s'agite et gigote, grogne et gueule, tandis que le rafleur qui le maintient accentue la pression de sa baguette sur sa gorge. Un autre type est lui aussi en joue, alors qu'elle même a braqué sa baguette sur un troisième type. Elle n'est pas certaine de comprendre la raison de la fureur du jeune homme, qui leur ordonne sèchement de partir, de le laisser. Comme si c'était une option envisageable… Elle promène ses yeux sur la scènes figées, allant des rafleurs aux otages, à Lloyd et Alan. Mais rien. Les secondes filent trop vite et n'apportent aucune solution aisée à leur situation. Plongée dans ses pensées, elle ne prête nullement attention à l'échange entre le gamin et son ravisseur, ponctué par les remarques de Lloyd. Les cris venant de l'extérieur la sorte de sa torpeur. Elli n'a aucunement remarqué le changement léger des humeurs de chacun et l'opportunité loupée de négocier la survie de chacun. Alors qu'elle reste immobile, c'est Alan qui la fait réagir. « Oh, Elli, tu as une baguette, file la moi si tu comptes pas t'en servir, hors de question qu'ils viennent me cueillir ici. » et Elli lui abandonne volontiers le cèdre qu'elle serre dans sa main.

Alan lance hâtivement quelques sorts de protection, ne sachant pas à quoi s'attendre de ces assaillants extérieur, qui n'ont visiblement aucune idée de ce qu'il se passe derrière les murs noircis. Un rafleur le rejoint et lui apporte son concours. Elli se fait la remarque stupide que dans les histoires, c'est à cet instant que les méchants se révèlent en réalité être du bon côté, celui des gentils, celui des héros. Elle doute, cependant, que ce soit le cas ici… Elle finit par croiser le regard du gamin, chargé de colère et de rage, et une fois encore, il lui rappelle un animal traqué qui ne pense qu'à survivre par tous les moyens. Peut-être bien qu'il était prêt à réellement la vendre pour sa propre survie, et Elli ne peut pas lui en vouloir. Alors elle lève les yeux et s'adresse à celui qui le retient toujours. « Lâche-le » fait-elle froidement. « Il ira nulle part, maintenant que tes petits copains nous ont coincés ici, ensemble. ». Elle grimace à l'évocation de leur situation. Ils sont bel et bien bloqués dans cette petite cour pavée, à moitié brûlée par un incendie qu'on s'emploie à contenir, maintenant qu'il est certain qu'ils devront tous rester ici. L'autre semble hésiter un temps et affronte le regard clinique de Llewellyn avant de ses baisser les yeux, et de finalement relâcher le gamin, sans baisser sa garde.

Et cette fois, il est hors de question de foncer à nouveau tête baissée pour tenter de se sortir de ce mauvais pas, c'est assez de conneries pour toute une vie. Si la cour est ravagée par les flammes à présent éteintes, le reste semble ne pas avoir subit de dégâts, et par le reste, elle entend la planque de Lloyd (leur unique porte de sortie, condamnée à présent), et de l'autre côté, ce qui servait de logement, de planque, et de repère. « On peut tenir combien de temps ? » interroge-t-elle immédiatement le concerné. Celui-ci tique et répond d'une mauvaise foi évidente « Pas grand-chose, on a vidé mes réserves ce matin », et il appuie ses propos d'un regard appuyé vers Cesair. Elli se renfrogne… Le siège, puisque c'en est un, peut durer assez de temps pour les pousser à la folie :  cette partie du quartier est entièrement aux prises des sorciers, et ce pâté de maison en particulier n'attire plus de moldus depuis bien longtemps – impossible donc d'attirer leur attention pour forcer les assaillants à rebrousser chemin. Puis, elle se fait la vague remarque que les rafleurs sont en sous nombre, mais en pleine possession de leurs moyens, et surtout, tous armés. Un combat serait perdu d'avance. Sur les cinq qui s'opposent aux rafleurs, ils ne sont que deux à posséder une baguette, et impossible que celles des autres soient encore en état. Et l'adrénaline retombée, Elli n'envisage plus du tout une attaque de la même violence que celle précédente.

« Hors de question que je reste ici ! » finit par beugler l'autre otage, qui s'est libéré à son tour et qui s'agite vivement. « Surtout avec eux » il pointe des grands gestes désordonnés les trois autres. La patience, déjà bien maigre, d'Elli s'effiloche trop rapidement. « Mais tu vas la fermer, oui ? » siffle-t-elle. « Tu crois que ça m'enchante de me retrouver ici ? » Sûrement qu'on pourra lui reprocher son coup d'éclat, probablement qu'on lui ressortira tôt ou tard, que c'est de sa faute si on est dans cette situation, et qu'elle aurait pu faire autrement, s'abstenir. Et peut-être auront-ils raison de l'accuser ainsi, mais la majorité d'entre eux qui a réussi à s'échapper reste un maigre réconfort pour Elli. « Oses me dire que tu aurais préféré être embarqué. Tu sais ce qu'ils font, aux gars comme toi ? » s'emporte-t-elle. « Parce que si c'est ce que tu cherches, ces messieurs se feront un plaisir de te faire une démonstration de leurs petits talents. » L'autre recule marmonne quelque chose d'inintelligible avant de se détourner. Finalement, c'est Alan qui apporte un petit peu d'apaisement. Il s'approche d'Elli, lui rend sa baguette. « On est là pour un petit moment. Il n'a pas tort », il désigne le gamin d'un geste de la main, « j'aime vivre et je pense que c'est le cas pour tout le monde ici. On aura le loisir de se taper dessus quand on aura la certitude de s'en sortir suffisamment longtemps pour pouvoir se défoncer la mâchoire. » Les épaules d'Elli se soulèvent et s'affaissent en même temps que son soupir. Ca puait la soirée de merde depuis le début, et il semblait que la nuit s’éternisait sur le même modèle.
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