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sujet; The Lost get Found (Kirian #1)
MessageSujet: The Lost get Found (Kirian #1)   The Lost get Found (Kirian #1) EmptyDim 27 Sep 2015 - 17:36

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Il s'ennuie.

C'est terrible ce qu'il s'ennuie.
Sergueï ne l'a pas accompagné à cette soirée de l'élite, officiellement pour "raisons professionnelles", officieusement parce qu'il n'avait tout simplement pas envie de s'y rendre. Kirill aurait lui aussi volontiers passé son tour mais être l'aîné entraîne dans le monde des sang pur un certain nombre de contraintes dont celle de la "représentation".
Il faut faire briller son nom, se montrer, dévoiler la subtilité de sa conversation, la finesse de son humour, le raffinement de sa culture pour qu'à la fin de la réception votre dynastie soit auréolée d'une gloire que seules apportent les réunions de ceux qui constituent les puissants.

Kirill a fréquenté les salons, salles de bal et autres fêtes mondaines depuis sa prime enfance mais il serait euphémistique de dire que celles de l'Angleterre n'ont rien en commun avec celles de la Sainte Russie.
Il n'y a là que des vaniteux drapés dans leur gloire fantoche et leur souvenirs du temps où ils étaient plus que de pathétiques pions sur un échiquier dont les règles leur échappent. Les dorures ne brillent pas d'un éclat pur, les sourires sont faux, tout n'est qu'apparence, les plaisanteries sonnent creux, les beautés sont factices.

Kirill ne retrouve pas dans le riche salon de l'hôte de marque la grâce des bals russes où les pieds entraînés par les valses touchent à peine le sol, où perles et rubis côtoient la fourrure et le velours, où les cheveux blonds côtoient les yeux bridés et les peaux mates. Ici rien n'a de saveur, même le violon lui paraît fade.

Et il y a ces regards...l'aîné des Moltchaline se moque pourtant comme des calendes grecques de ce que l'on peut penser de lui, mais il supporte mal d'être observé avec tellement d'insistance aussi longtemps. Certes, il y a parmi les paires d'yeux qui se posent sur lui des iris caressantes, presque gourmandes. Il ne cherche pas à savoir à qui elle appartiennent, homme ou femme, vieux ou jeune, il sait juste que dans le ventre de leurs propriétaire brûle une flammèche qu'il pourrait transformer en feu sauvage s'il leur accordait une nuit. Dans d'autres yeux, il y a toutefois du dégoût, de la peur et il y est habitué, aussi ne réagit-il pas et se contente-t-il de boire son verre de vin tranquillement en répondant de sa voix paresseuses aux réflexions sans intérêt d'un universitaire médicomage. Celui là brille par sa banalité, Kirill le regarde mais ne l'écoute pas. Il ne fait que mettre en pratique ses terribles talents de caméléon social afin de faire son devoir, de montrer à tous la noblesse des Moltchaline. La posture droite mais gracieuse, son costume noir sur mesure agrémenté d'une cravate argentée, ses cheveux blancs impeccablement coiffés et la chevalier à l'index, il est le parfait prince des steppes de l'Est. Il remplit son rôle à merveille et ne compte pas mettre plus d'efforts que nécessaire dans cette magnifique performance dont il a la maîtrise. Tout comme son frère cadet, il a le culte du moindre effort.

Alors qu'une nouvelle question lui est posée et que ses yeux se perdent dans le vague, comme s'il réfléchissait à la réponse -réponse qu'il connait déjà mais répondre trop rapidement donnerait à son interlocuteur l'impression justifiée d'être un parfait idiot- la porte du salon s'ouvre et une personne entre.

C'est un homme.

Et il jure dans le décor. Certes, il est très habillé, son costume gris lui sied à merveille mais il le porte comme on porte un déguisement, sa cravate semble l'étouffer, le malaise transpire par tous les pores de sa peau. Kirill plisse les yeux. Ceux de l'inconnu sont d'un bleu intense et cherchent en tout sens comme s'ils voulaient repérer une issue. La barbe est un peu négligée, comme les boucles brunes qui retombent autour de son visage. La bouche est pleine, les cils longs, le visage et la silhouette presque poétiques dans leur fragilité patinée d'argent et de bleu.

Ça le frappe comme un coup au ventre.
Ça lui met un uppercut en pleine machoire.

En un instant, Kirill a complètement oublié son interlocuteur, ce qui se fait très peu, avouons le. Il regarde le nouveau venu de son regard presque reptilien, cryogénique, il le fixe intensément.Il veut savoir son nom. Son prénom. Qui est-il? que fait-il là? Il a l'air d'une hirondelle dans un nid de cigognes, d'un rouge gorge au milieu de paons, d'un jeune cerf au milieu de vulgaires...blaireaux. Les yeux se croisent, une très brève seconde et c'est la déflagration. Le visage du médecin ne cille pas d'un millimètre, rien dans son expression n'indique le moindre trouble mais quelque chose vient de rugir en lui. Il le perd des yeux et la chose grogne, l'intime de bouger. Pourtant Kirill ne bouge pas, il sait que suivre son instinct a des conséquences désastreuses dans l'immense majorité des cas. Il n'est pas un instinctif: il calcule et prévoit. Pourtant, inconsciemment il s'impatiente, son doigt tapote sur son verre, ses yeux sont mobiles, il cherche les boucles dans la foule et il s'agace de plus en plus d'être accaparé par cet imbécile de l'académie, tout autant qu'il s'agace de réagir de manière aussi primaire à l'arrivée d'un simple invité.

Et pourtant.
Il y avait un océan dans ces boucles.
Une galaxie dans ces yeux.
Un continent entier de tourments et de beautés dans la courbe des lèvres et des paupières.
Un monde de possibles.

Il n'y tient plus.

-Je vous prrrrie de m'excuser Docteurrr Doherrrty mais je viens tout juste d'aperrcevoirr un ami trrrès cherrr. Perrrmettez?

Le ton ne souffre aucune contestation et l'autre le sent bien. Il hoche la tête et réponds:

-Faîtes donc. Nous aurons l'occasion de nous revoir, je n'en doutes pas.
-Sans le moindrrre doute.

Et voilà qu'il le plante là, sans plus de cérémonie. Kirill fend la foule, mu par un instinct presque animal. Il cherche , observe et soudain le voit, entouré de deux jeunes femmes de l'élite qui semblent s'agglutiner dans son espace vital comme des abeilles autour d'un pot de miel. Oubliant la convenance et se maudissant par tous les saints de Russie pour sa propre stupidité, Kirill s'approche et voit les regards converger vers lui alors qu'il se mêle de force à la conversation.

-Mesdemoiselles.

Le ton est froid, ne contient aucune amabilité mais la politesse est là, vernie et parfaite.

-Monsieur Moltchaline!  s'exclame la première-une petite blonde au nez en trompette-, ce n'est pas souvent que vous nous faîtes l'honneur de votre conversation.
-Je suis économe de mon temps et plus encorrre de mon énerrrgie.
-Insinueriez vous que venir nous faire partager vos lumières serait éreintant? Monsieur, vous sous-estimez nos capacités.
-Je ne sous-estime que peu de choses et même la lumièrrre la plus purrre ne peut trransperrrcer la purrrée de poids opaque qui rrègne en cerrtains lieux.

Silence. Les jeunes femmes blêmissent, rougissent et le regardent reprendre une gorgée de son vin avant de placer négligemment la main dans sa poche.

-Vous êtes incroyablement malpoli, ose la seconde -brune et sans charme.
-La politesse est une convention sociale destinée à fairrre passer pourrr égaux les fous et les sage, les bouffons et les rrrois. Vous m'excuserrrez de ne pas vouloirrr vous berrrcer d'illusions surrr la condition qui est la votrrre.

Cette fois, il a droit à des hoquets outrés et les deux amies se regardent avant de lâcher:

-Bonsoir Monsieur Selwyn.

Puis elles disparaissent dans la foule.
Selwyn. C'est donc son nom. Kirill se tourne vers lui et murmure:

-Vous sembliez prrris dans un filet bien étrrrroit...je me suis perrmis d'interrvenirr. N'y voyez aucune tentative de vous offenser.
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MessageSujet: Re: The Lost get Found (Kirian #1)   The Lost get Found (Kirian #1) EmptyLun 28 Sep 2015 - 11:48

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Maybe I'm crazy, maybe I'm weak
Maybe I'm blinded by what I see
You wanted a soldier
(play)

Le petit serpent d'argent paresse le long de tes doigts, de toi. Soigneusement ouvragé, l'émeraude nichée dans son œil te fixe de toute sa brutalité, sa banalité. L'éclat d'argent perce tes yeux, signe tous les aveux. « Sss, c'est un cadeau. Je sais. Je n'aime pas ssses cadeaux. Toujours empoisonné, sss. », tu acquiesces silencieusement, douloureusement. Tout est calculé, étudié, soigneusement assumé, et tu sais que tu vas devoir la porter. Lentement, tu l'épingle à ta veste, refermant la broche avec un entrain amère, peu sincère. « On ne peut pas refuser un cadeau comme une invitation, murmures-tu du bout des lèvres. Tu as bien appris la leçon, bien compris les devoirs & ta mémoire. Ce sont des conventions débiles, sss, faits pour Sssans-écaille & par Sssans-écailles. ». D'accord, tu es d'accord mais tout doit être fait pour lui plaire, pour ne pas lui déplaire. Tu ne dois pas accuser une autre sentence, une autre indifférence. Tu mérites mieux, non ? Non.

La gorge un peu nouée, tu sens fourmiller les désastres, les carcasses dans les placards. Les soirées ne sont pas faites pour toi. Maladroit, tu n'as pas les mots pour leur parler, pour t'exprimer. Pourtant, ce soir, tous les rôles te reviennent, t'appartiennent. Héritier en carton, tu restes un peu partagé, tellement attristé de tout lui devoir & de ne rien avoir. Et ton cœur tombe dans les hécatombes, sur toutes les tombes. Tu ne seras jamais Charles. La cravate s'accroche, t'écorche & tu peines à inspirer, expirer. Le costume est en place et déjà, on t'efface sous le masque, sous les marques. Denerys glisse, s’immisce contre ta peau, se nouant autour de ton bras. « Tout ira bien, je sssuis là. », siffle-t-elle en douceur, en lenteur de son contact rassurant, apaisant. Et d'un dernier baiser dans les boucles de Madelyn, tu t'évanouis par la cheminée, propulsé dans l'univers de fausses politesses & d'absence de tendresses.

« Monsieur Selwyn, j'ai cru que vous n'allez pas venir. », tu tousses, époussetant ta veste du reste de poudre de cheminette. « J-Je suis désolé … Un pauvre sourire triste se peint sur le visage du sorcier, désespéré par tes retards, tes tares. Il n'y a pas de soucis, on vous attendait ; Entrez. ». Et le royaume de la peur ouvre ses portes. Les gongs grincent, dans un frisson d'horreur, de douleur. Les pas sont maladroits, peu adroits. Tu es, pourtant, habitué, tu as déjà répété l'exercice. Tes yeux clairs dérapent, en éraflent  d'autres & tu ne veux que fuir, t'enfuir.

Et le souffle coupé, tu tombes dans son regard, tu captures tous les égards. Les yeux sont céruléens, assassins & pourtant, tu dessines une douceur, une douleur dans une fraction de secondes avortés, suicidés. Un peu facilement, un peu simplement, tes yeux se tournent, se détournent. Tu ne veux pas entendre, pas comprendre la bombe dans ton ventre. Tu ne veux pas voir les désastres, les astres dans tes entrailles, sur toutes les entailles. Et dans un mouvement, tu fends la foule refusant de croire, d'y croire encore.

« Monsieur Slewyn, la bouche est trop rouge & la blonde s'approche dangereusement, lentement. De sa robe vaporeuse, elle est accompagnée d'une brune aux airs fatigués, te portant toute de même un intérêt cruel, sempiternel. Mademoiselle Lloyd, un souffle alors que les valses démarrent, t'éclatant, t'écrasant de leur poids. Vous m'avez promis une danse la dernière fois ? J-Je ne crois pas, mademoiselle, tu fronces les sourcils, battant des cils, trop doux, trop mou. La royauté s'est échappée de tes veines, tu n'as rien de fier. Je vous l'ai entendu dire mon cher monsieur. ». Et les mensonges coulent, t'enfermant dans des cages, sur le fil des orages. « N-Navré, je ne sais pas danser. », frêle oisillon, tu veux juste un peu de paix, un peu de tranquillité. Les moues se forment, déformant les traits, les attraits. « Vous mentez. », tu fais non de la tête, tu n'as jamais menti, tu n'en as jamais compris l'utilité, la facilité. « Mesdemoiselles. », tes yeux passent sur le visage d'un mirage & tu rougis un peu. Le ton se veut froid, abyssal, fatal & tu vois les yeux s'agrandir, grossir, elles couinent « Monsieur Moltchaline ! La blonde se fait pie vorace, tenace, accrochant déjà ton bras, dévoilant l'alliance qui orne encore ta main. Tes serments restent souverains, assassins. Tu recules déjà rencontrant le mur, te murant dans tes blessures. S'il vous plaît, mademoiselle Lloyd, murmures-tu, je ne veux pas danser. Mais elle n'en a que faire & poursuit. Ce n'est pas souvent que vous nous faîtes l'honneur de votre conversation. Tu le comprends, toi aussi, tu ne voudrais pas supporter ses jérémiades & ses myriades de caprices qui se métamorphosent en supplices. Je suis économe de mon temps et plus encorrre de mon énerrrgie.  Un sourire se fait plus franc, plus insolent. Il est  intelligent malgré les r qui roulent comme un enfant qui peine à trouver ses mots sous les maux. Insinueriez vous que venir nous faire partager vos lumières serait éreintant? Monsieur, vous sous-estimez nos capacités. Je ne sous-estime que peu de choses et même la lumièrrre la plus purrre ne peut trransperrrcer la purrrée de poids opaque qui rrègne en cerrtains lieux.  Et tu écarquilles les yeux, un peu gêné, un peu mal à l'aise face à la dispute mondaine qui se déchaîne sous tes pupilles. La courbe de ses lèvres épouse la coupe de vin, faisant rouler le breuvage sur sa langue. Le cœur vrille, dévie, les émotions s'élancent, s'avancent, te devancent. Vous êtes incroyablement malpoli, susurre l'autre, lassée de ses jeux de dupes & des insultes à peine voilés. La politesse est une convention sociale destinée à fairrre passer pourrr égaux les fous et les sage, les bouffons et les rrrois. Vous m'excuserrrez de ne pas vouloirrr vous berrrcer d'illusions surrr la condition qui est la votrrre ». Et dans une dernière révérence, il les assassine, les tuant dans la glace de ses yeux, de ses vœux. Et tu soupires, soulagé, apaisé. Il t'a sauvé.


« Bonsoir Monsieur Selwyn. », crache l'une & l'autre, choqué, hoquetant encore sous la violence de ses paroles. « Mesdemoiselles. », tu inclines la tête en douceur pour leur rendre un dernier honneur alors qu'elles s'effacent dans la foule. « Vous sembliez prrris dans un filet bien étrrrroit...je me suis perrmis d'interrvenirr. N'y voyez aucune tentative de vous offenser.  », un sourire timide s'installe, tu n'es pas offensé, juste un peu gêné, juste un peu brûlé par le contact de l'une & blessé par les paroles de l'autre. « Vous n'auriez pas dû vous déranger, souffles-tu, soucieux déjà des robes qui s'envolent & se déroulent pour aller gémir dans le creux des oreilles des commères. Elles finissent par se lasser. ». Elles finissent toujours par te détester, s'ennuyer pour finalement t'abandonner. En douceur, tu attrapes la coupe de champagne avant de la reposer & d'arrêter le serveur pour lui souffler à l'oreille quelques mots. Il sourit à ta fantaisie & tu le laisses se dérober, charger de tes demandes. « J'ai l'habitude. », murmures-tu. Elles aiment te traquer, te draguer, refusant la possibilité que tu ne veuilles plus de mariage.

Tu bats encore des cils, reposant tes yeux dans les siens. « A moins que vous vouliez aussi une danse ? », le trait d'humour s'étouffe, maladroitement, doucement sur tes phalanges, au creux de tes hanches. Mais la nervosité te dévore, ne t'endort pas & tu réalises ce qui est sorti de ta bouche. Et tu blêmis, tu t'interdis ; « O-Oh, pardon. Je ne voulais pas ... ». Ni l'humilier, ni le ridiculiser, tu cherches jamais à te moquer, ni à rabaisser. « Sss, cesse d'être aussi tendu, sss. Ton cœur va s'écraser sur le plancher, œuf. », soupire la vipère délaçant son étreinte de ta peau, te laissant entendre comme le sang roule fort entre tes veines. Ton cœur perd la mesure de ta démesure. Et d'un soupir, tu baisses les yeux, fuyant son regard, ses égards. « Et vous qui ne vouliez pas m'offenser, c'est moi qui vous offense. » ( Comme d'habitude, lâche ton père, acerbe, amer, sur le bord de tes oreilles, tu es d'une inutilité flagrante, épuisante.). Tu fais non de la tête & tu replonges tes yeux dans les siens, te sentant vaciller, tanguer. « Je suis Dorian Selwyn. Merci de votre bienveillance, Monsieur. Tu grimaces un instant, un moment, lui avouant comme un enfant. J'ai peur de mal prononcer votre nom, voudriez-vous bien me le rappeler ? ». En toute innocence, on te coule dans un océan de tendresses & de caresses.

Tu ne veux pas offenser, t'humilier, tu veux juste être un peu accepté.

Et en lenteur, le serveur te tend une coupe. La robe brunâtre du jus de pomme te fait sourire, un peu grandir. Et tu prends une gorgée lentement, simplement, fermant les yeux pour en apprécier toute la saveur, la douceur. « Est-ce que vous avez un lien avec mon frère aîné ? Son ancienne épouse avait votre nom, je crois. », tu peines à retrouver, à deviner dans les brumes de ta mémoire, de ton histoire. Tu n'étais qu'un enfant délaissé, abandonné, tu n'étais qu'un gosse paumé qu'il n'a pas aidé.
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MessageSujet: Re: The Lost get Found (Kirian #1)   The Lost get Found (Kirian #1) EmptyLun 28 Sep 2015 - 19:07

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Les harpies débarassent le plancher dans un froissement de robes et Kirill reprend une gorgée de vin, avec l'expression que seul apporte le devoir accompli. Il n'accorde aux victimes de sa verve qu'une micro-seconde de son attention avant de la reporter toute entière sur l'homme en face de lui. De près, il est plus fascinant encore et lorsqu'il parle, la voix qui sort de sa bouche est ce que Kirill s'était attendu à entendre: une voix grave mais douce, claire. Certaines voix agressent, celle-là bruisse et caresse.

«Vous n'auriez pas dû vous déranger, elles finissent par se lasser, j'ai l'habitude...à moins que vous vouliez aussi une danse ? »

La plaisanterie jette un silence sur le curieux duo. Selwyn brun et bouclé, frêle et empêtré dans sa gêne, le visage désormais livide de honte. Kirill, surpris -les sourcils s'étant haussés d'un demi centimètre- et le verre de vin à à peine une respiration de ses lèvres.

« O-Oh, pardon. Je ne voulais pas ... »

Kirill hésite à sourire. Le trait d'esprit est piquant, bien tourné, agile, il est juste dommage que l'homme en face de lui s'enterre lui même. Il a du potentiel pour l'humour c'est certain. Les yeux bleus fuient les siens, les joues rougissent, les boucles bougent doucement. Par Raspoutine, il est magnifique.

Ca suffit. Il y a de nombreux poissons dans la mer et celui là semble beaucoup trop vunérable pour toi. On ne met pas côte à côte une brebis et un loup.

Kirill cligne des yeux. Il y a de la force dans ces orbes tristes. Une force mâtinée de résilience, celle qui ne peut venir que de la résistance face aux évènements les plus injustes de la vie. Là où les membres de l'Elite n'ont dans le regard que suffisance et manipulation, ceux de Selwyn sont cruellement honnêtes: ennui, gêne, souffrance, tristesse, regret. Il est fragile, peut-être, vulnérable, sans doute et cruellement blessé par la vie, surement. Mais il est là et mieux encore: contrairement à ses comparses de l'élite il ne compense pas la douleur par la cruauté. Juste  par une honnête et désarmante expression de peine. Kirill pourrait se sentir dégoûté par cette expression, lui qui n'aime pas les pleureurs, lui qui méprise les effusions. Mais il n'y arrive pas. Parce que cette douleur là, qu'il voit dit "ne me plaignez pas. Je n'ai pas besoin de votre pitié". Elle dit "je refuse de sourire pour m'attirer votre sympathie, je refuse de pleurer pour m'attirer votre compassion."
De la peine pure, non éxagérée, non cachée. Kirill sent son estomac se crisper. Qui a aujourd'hui le courage d'assumer ses défaites tout autant que ses victoires? Il pense vite comme à son habitude et cela semble embarrasser encore plus son interlocuteur qui s'empresse de reprendre la parole.

« Et vous qui ne vouliez pas m'offenser, c'est moi qui vous offense....je suis Dorian Selwyn. Merci de votre bienveillance, Monsieur...J'ai peur de mal prononcer votre nom, voudriez-vous bien me le rappeler ? Est-ce que vous avez un lien avec mon frère aîné ? Son ancienne épouse avait votre nom, je crois.  »

Kirill hésite puis soudain, ses lèvres se décrispent jusqu'à former une ombre de sourire.

Arrêtes de sourire sombre crétin.
Tu veux recommencer la même expérience qu'avec Ethan Wild?
Choisis n'importe qui dans cette salle avec une paire de fesses correctes et un visage passable, quitte les lieux et tourne la page ne réponds p...

-Enchanté Monsieur Selwyn. Je me nomme Kirrril Moltchaline et vous pouvez si vous le désirrrez vous contenter de m'apeller parrr mon prrrénom. Cela faciliterra la discussion en évacuant la gêne que mon patrronyme apporrrrte à tous les natifs de l'Angleterrrre. Vous ne m'avez pas offensé, sachez le. Je n'ai pas les conventions humorrristiques  de vos...compatrrriotes....collègues.


Regard méprisant autour de la salle.

-....Connaissances vaguement oprrressantes.

Il se fend une nouvelle fois d'un demi sourire et avale une gorgée de son vin, les yeux plongés dans ceux de Dorian. Kirill sait son regard magnétique et dérangeant mais il n'y peut après tout rien s'il est né avec deux orbes polaires en guise d'organes de vision.

-Pourrrr ce qui est des rrrrelations entrrre nos deux familles, votrrre frrère Ekkerrrhart a effectivement été brrrièvement marrrié à ma tante, Svetlana. Trrrrès brrrièvement. Il est passé comme un vent d'hiverrr, et est rrreparrrti tout aussi vite. Mon frrrèrre serrrguei conserrrve avec lui d'excellentes rrelations. Quant à moi...

Arrêtes de parler, il n'a rien besoin de savoir de toi.

Il regarde le fond de son verre et lâche:

-Je prréfèrrre la constance du gel à la verrsatilité du vent. Mon "oncle" et moi ne sommes donc pas toujourrrs...comment dites vous déjà? "surrr la même longueurrr d'ondes".


Il jette un bref coup d'oeil au liquide que boit le dénommé Dorian. Jus de pomme. C'est du jus de pomme. Ca devrait l'étonner, le rendre moqueur comme une pie et acide comme du venin de serpent, mais il se moque bien de ce que l'homme en face de lui juge digne de consommer ou  pas en société. Kirill se fiche d'à peu près tout en matière de conventions. Aussi s'autorise-t-il une réflexion, le ton calme et neutre:

-Vous ne semblez pas à votrrre aise ici. Pourrrrtant, votrrre lignée brrrille par son...pedigrrree. Dois-je en déduirrre que cerrrtains sang purrr brrittaniques ont assez de bon sens et de goût pourrr savoirrr distinguer une fête d'un étalage vulgairre de richesses?

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MessageSujet: Re: The Lost get Found (Kirian #1)   The Lost get Found (Kirian #1) EmptyLun 28 Sep 2015 - 20:45

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Les pupilles claires, tu te perds. Tu suis la main qui passe, trépasse le long du verre au liquide pourpre. Le vin est trop fort pour toi, glissant dans ton système avec maladresse, sans aucune caresses. Il accroche ton sang & te rend trop présent, pressant, gênant. Les bierraubuerres te laissent un souvenir amer, tu as vomi sans classe, ni manière sur les chaussures d'un autre cinquième année. Aussi inutile qu'incapable, tu as toujours été un poids, à des années lumières de ce qu'on espérait, souhaitait. Et tu te noies sur le bord, le rebord de ton verre. Tu as trop parlé, tu ne l'as pas assez respecté, comme d'habitude, tu salis tout avec ta gêne, tes joues rouges & tes yeux fuyants, agonisants.

Et pourtant le sourire fauche, s'ose & s'impose. Des pupilles glacés jusqu'à la discrète fossette, tu détailles en silence, sous les indifférences, la beauté saisissante, fascinante. Les cheveux blanc lui donnent des airs d'hivers, il semble être né dans la neige, dans la dorure des privilèges. Et tu traces, retraces sous la peau des millions de mots. Des fantasmes aux drames de marbres, il est plus, tellement plus. Et tu en as le souffle coupé, arrêté. « Enchanté Monsieur Selwyn. Je me nomme Kirrril Moltchaline et vous pouvez si vous le désirrrez vous contenter de m'apeller parrr mon prrrénom. Cela faciliterra la discussion en évacuant la gêne que mon patrronyme apporrrrte à tous les natifs de l'Angleterrrre. Vous ne m'avez pas offensé, sachez le. Je n'ai pas les conventions humorrristiques  de vos...compatrrriotes....collègues », les r roulent, s'enroulent à toi, te tiennent dans une lente étreinte. Tu n'as jamais eu de corps pour les passions, tu n'as jamais écouté que ta raison. Tu n'as jamais cru aux folies, on te les a interdit.

( Nous sommes royales, fils, claque-t-il, nous sommes des princes parmi les hommes. Ne l'oublie jamais, Dorian.
Oui, Papa. )

« ...Connaissances vaguement oprrressantes. », les mots assassinent du bout de sa langue. Ils dérangent & s'avancent, jonglant sur les accords de ton cœur, de tes erreurs. Et ses yeux flirtent sur la foule pas tellement sentimentale, loin d'être idéale. Il a raison, il n'y a, ici, que l’oppression, les perpétuelles agressions & toutes les aversions. Tu bats des cils en douceur, en lenteur. « Comment faites- vous ? Un murmure sort, naturel, passionnel, pressant tes reins & ton destin. Pour tous les voir aussi bien que moi ? ». Et déjà, tu regrettes, t'entêtes dans le rougissement, dans les hontes puissantes, bruissantes. Dans un vacarme silencieux, tu n'as pas la conscience, l'impatience pour voir, croire que tu n'aimes pas cette élite trop dorée, déjà dépassée. « J-Je … Ssss, ce n'est que la vérité, cesse de te tourmenter. Pour une fois qu'il y en a d'intéresssant & de passsionnant à écouter. », alors tu te tais, tu te soumets, les yeux baissés. Tu le payeras. Tu lui payeras.

« Pourrrr ce qui est des rrrrelations entrrre nos deux familles, votrrre frrère Ekkerrrhart a effectivement été brrrièvement marrrié à ma tante, Svetlana. Trrrrès brrrièvement. Il est passé comme un vent d'hiverrr, et est rrreparrrti tout aussi vite. Mon frrrèrre Serrrguei conserrrve avec lui d'excellentes rrelations. Quant à moi... », les yeux reviennent, se fixant sur les siens. Tu n'oses pas un pas, pas un geste cruel, prudent & lent.  Et pourtant un rire se camoufle dans les risettes d'un sourire. Tu te mords les lèvres, tranchant entre innocence et indécence. Parler serait exploser, t'exposer. Tu as le droit d'imiter, de faire rire, sourire ta fille dans un jeu sublime d'un mime. Tu peux lui conter les fêtes, les décors & les horreurs dissimulées dans les coulisses, dans ce qui glisse & t'échappe, dérape d'entre tes doigts.  « Je prréfèrrre la constance du gel à la verrsatilité du vent. Mon "oncle" et moi ne sommes donc pas toujourrrs...comment dites vous déjà? "surrr la même longueurrr d'ondes".  », debout, dans ton silence, tu presses ta main sur tes lèvres, ne résistant pas à un rire fugace, fugitif & explosif. « P-Pardonnez-moi mais vous avez … trrrès bien cerné mon frère. », tu fais rouler le r dans l'explosion de tes yeux clairs, dans cette tendresse lumineuse qui s'infiltre, se dessine. L'absurdité de la situation pourrait te faire moqueur, vengeur. Mais il n'en est rien. Une tendre malice s'agite au fond de tes pupilles. « Il a toujours bien trop aimé les femmes. », tu entoures ta taille d'un bras et Denerys se tend, soufflant. « Sssi tu comptes me remuer dans tous les sssens toute la sssoirée, je préfère encore aller me faire piétiner par les Sssans-Ecailles. ». Râleuse, tu soupires, posant ta coupe dans un geste désinvolte, mutin & assassin. Tu défais le bouton de manchette, peu soucieux de son regard, de ses égards. Tous savent ce qui se cache dans tes bras, dans tes draps. De ta lignée, on appose la marque des mages noires, de tous les désespoirs. En douceur, la gueule glisse, s’immisce, dardant sa langue vers Kirill. « Bonjour Sssans-Ecaille Blanc. », puis elle se laisse accrocher, approcher passant dans ton cou. Tu défais légèrement la cravate, la laissant s'installer, se coucher contre ta peau sans un mot. Sans un mot tu remets en place le bouton de manchette. « Elle n'aime pas être dérangée, n-navré. », tu n'aimes pas faire un spectacle de la vipère, tu n'aimes pas laisser les fascinations autant que les passions s'emporter, t'emporter.

Un peu gêné, tu l'observes, le surveilles. Beaucoup n'ont eu que du dégoût. Certains une fascination morbide, facile. D'autres une curiosité déplacé. Et d'un œil averti, aguerri, elle fixe l'homme, prête à bondir, à agir. « Elle ne mord pas. Ssseulement quand un danger ssse présente. », et elle darde sa langue vers lui, se murant, s'emmurant dans un silence patient, indulgent. Elle n'est qu'une gardienne, elle n'est que tienne. « Vous ne semblez pas à votrrre aise ici. Pourrrrtant, votrrre lignée brrrille par son...pedigrrree. Dois-je en déduirrre que cerrrtains sang purrr brrittaniques ont assez de bon sens et de goût pourrr savoirrr distinguer une fête d'un étalage vulgairre de richesses?  ». Tu détournes les yeux, chassant les aveux. « Ce n'est pas ça. ». Comment avouer que tu n'es qu'un émissaire, un remplaçant de pacotille sans valeur, ni odeur ? Esclave des tiens, tu seras toujours leur propriété, leur chasse gardée. « Je ne suis pas comme les miens. », confesses-tu, un peu amer, un peu en guerre avec toi-même. Tu n'as jamais pu te pardonner de ne pas être à leur image, de ne pas être un autre visage. « V-Vous n'avez qu'à les écouter, ils savent la vérité. ». Dorian le mal aimé, l'étrange héritier, le vilain petit canard auquel on accorde aucun regards, aucun égards.

Tu fais courir tes lèvres sur le verre, buvant une autre gorgée. « V-Vous voulez m'accompagner ? Ils ont une serre, ici. Certaines plantes sont rares, encore jamais utilisé, ni incorporé dans une potion. Je suis assez curieux. », les yeux s'éclairent comme ceux d'un enfant, d'un jeune adolescent. Et dans un sourire timide, tu captures encore ses iris des tiens. « O-Oh ça ne doit pas vous intéresser. Ce n'est pas grave, je vous ai suffisamment ennuyé. », soupires-tu, un peu déçu, un peu vaincu. Tu fais oui de la tête, ça ne doit pas lui plaire. Et tu t'avances & à la hauteur de son épaule, tu murmures, reconnaissant, apaisant ; «  Merci encore de m'avoir sauvé. ». De ne pas t'avoir abandonné.

Et dans un bruissement de tissu, tu fends encore la foule, te glissant dans un couloir pour tourner vers une autre pièce. Tu as déjà disparu, il t'a déjà perdu.

Au fond, tu ne fais que fuir, t'enfuir au détour des couloirs, loin des regards & des égards. Pour soupirer en ouvrant une porte à la volée, et les livres s'étalent, t'éraflent. « Ce ne sssont pas des trucs accrochés à la terre, ça. Je ne suis pas aveugle. Vraiment ? ». Denerys rit doucement, ondulant dans ton cou, elle t'a si bien cerné, déjà désarmée.
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MessageSujet: Re: The Lost get Found (Kirian #1)   The Lost get Found (Kirian #1) EmptyMar 29 Sep 2015 - 0:09

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"vous avez trrrrès bien cerné mon frère"

Le roulement de "r" lui arrache un nouveau sourire. Le revoilà, l'humour timide comme un chat échaudé mais pourtant si efficace. Kirill rit presque contre le verre de sa coupe et la finit avec délice. Il y a quelque chose qui rugit dans sa poitrine et pour une fois, pour une fois, il accorde de l'importance à une personne dans une réception mondaine. Ses yeux d'ordinaires si indifférents se font curieux presque incisifs. Son visage d'habitude figé dans une condescendance aristocratique est détendu, il n'écoute que Dorian et ne regarde que lui. Il n'aime pas diviser son attention et sent quelque part dans un coin de son esprit que l'homme en face de lui, de plusieurs années son aîné, ne doit pas être habitué à ce qu'on l'écoute. C'est dans son regard fuyant, dans le rougissement de sa peau, dans la gêne avec laquelle il agite les mains ou triture ses lunettes quand il parle.

Kirill écoute pourtant et lorsque d'un geste presque nonchalant, Dorian Selwyn fait sortir de son costume une vipère aux anneaux mordorés, Kirill le regard avec intensité. Un fourchelangue. Rareté parmi les rareté, les fourchelangues sont les héritiers des plus grands princes et alors qu'il accueille dans le creux de son cou, contre sa peau, le reptile au venin mortel, Dorian se transforme. Cela ne dure qu'une mince seconde, mais Kirill remarque l'élégance du geste alors qu'il refait le bouton de manchette, le calme souverain avec lequel il accepte la présence de l'animal, l'empire que sa seule volonté semble exercer sur le reptile. Pendant une seconde seulement, Dorian Selwyn s'est redressé et est apparu un sorcier capable de communiquer avec les serpents, un prince aux yeux bleus et à la silhouette mince, paré d'une vipère comme d'autres se parent de colliers ouvragés. Puis il reprend la parole, bafouille et l'image de l'empereur disparait sous une couche épaisse de gêne, de honte, d'excuses et de complexes inavoués car sans doute inavouables.
L'intuition se confirme lorsque Dorian détourne le regard, quand la voix se fait presque rauque et que les mots, ambigus, franchissent les lèvres de l'héritier des Selwyn:

« Je ne suis pas comme les miens. V-Vous n'avez qu'à les écouter, ils savent la vérité ».

Kirill ne répond pas mais hausse un sourcil. Quand tu veux savoir la vérité sur un homme, ne va jamais demander quelle est sa réputation auprès du peuple. Les ragots, les commentaires ne sont pour Kirill qu'un vaste jeu de téléphone arabe où l'indigne peut passer pour un homme bienveillant et où le sage peut être appelé "fou". Il se moque des rumeurs, n'accorde aucun crédit à ce que la société estime en matière de comportements. Il a depuis l'âge où ses premières pensées se sont formées, coupantes comme des scalpels, sa vision des choses. Son décalogue, son code d'honneur. Celui des autres n'a pour l'héritier des Moltchaline pas le moindre début d'intérêt. Le seul avis à propos de Dorian Selwyn qui importera un tant soit peu à ses yeux sera le sien, celui qu'il aura formé sans influence extérieure. Juge sévère mais juste, Kirill fait confiance à son esprit et sa vision acérée de l'esprit humain pour lui servir de compas.
Or, il se sent tiré vers Dorian comme un navigateur vers le soleil levant. L'astrolabe de son esprit le dirige vers lui comme vers l'étoile Polaire et il ne se trompe jamais.

Quand il se voit proposer d'accompagner Dorian dans la serre de la propriété, Kirill hausse un sourcil, l'ombre de son rictus toujours pendu à ses lèvres. La voix de la raison continue de le harceler dans un coin de son cerveau.

Ne le suis pas.
Ne sois pas stupide.
Tu te jette vers le feu comme un papillon contre une torche
Ne-le-suis-pas.


Il ouvre pourtant la bouche pour accepter l'offre de Dorian mais n'en a pas le temps. L'invitation est retirée aussi rapidement qu'elle a été offerte et Dorian s'excuse, se rétracte.

« O-Oh ça ne doit pas vous intéresser. Ce n'est pas grave, je vous ai suffisamment ennuyé. »

Kirill a envie de protester, de faire calmement mais fermement remarquer que s'il l'ennuyait un tant soit peu, la conversation n'aurait pas même démarré mais Dorian s'est déjà mis en mouvement.

« Merci encore de m'avoir sauvé. »

La voix est proche et Kirill sent les cheveux sur sa nuque le hérisser. Cette perte de contrôle purement physique lui fait l'effet d'une douche froide mêlée à une éléctrocution. Ce n'est pas bon, toute réaction viscérale, venant du fond des tripes n'est jamais bonne. Elle implique que ce qui se produit n'est pas rationalisable, pas compréhensible, pas contrôlable. Kirill déteste le concept même de perte de contrôle et pourtant il ne remarque qu'une chose malgré son cerveau lancé au galop: Dorian sent la pomme. Le parfum est subtil, doux, il sent la pomme. Kirill ferme brièvement les yeux et inspire, juste une seconde.

Une seconde.

C'est le temps qu'il faut à Dorian pour se fondre dans la foule. Kirill ouvre les yeux et soudain, sent quelque chose pulser dans ses veines. Ses yeux s'agitent, cherchent, croisent les regards des invités et chaque fois qu'il croise une chevelure brune ou une paire d'iris bleue n'appartenant pas à cette nouvelle rencontre enivrante et hypnotique, il sent son irritation monter. Pourquoi est-il parti? Il a beau repasser la conversation en boucle dans son esprit, il ne comprend pas. Il n'a pourtant rien dit. Rien dit de...révélateur. Sur lui. Sur sa profession, sur ce que tout le monde abhorre à son sujet.
Il ne comprend pas. Et c'est presque une angoisse enfantine qui s'insinue dans le creux de son estomac.

Posant sa coupe de vin sur la table à côté de lui, il glisse entre les convives et aperçoit soudain la porte aux fines dorures entrouverte sur la gauche de la salle. Toutes les autres sont fermées. Un hasard? peu probable. La seconde suivante, sa silhouette parcourt lentement un des couloirs de la demeure. Une fenêtre ouverte apporte dans le corridor aux épais tapis un parfum de jasmin qui se mêle à celui...de pomme. Kirill marche sans se presser, ses cheveux blancs tranchant avec l'obscurité, il laisse ses doigts errer sur les tapisseries. Il suit le parfum, comme s'il l'avait senti pendant des années. Et soudain, il voit une nouvelle porte entrouverte. La seule du riche couloir. Il s'approche et la pousse du bout des doigts, révélant une bibliothèque au centre de laquelle se trouve, toujours aussi mince, toujours aussi...irréel, Dorian. Ses yeux se tournent vers lui et la lune les frappe, révélant toutes les teintes de ces iris presque aquatiques, réhaussant les pommettes, les boucles noires de jais dans l'obscurité. Il semble fait d'ombre et d'encre bleue. Kirill lui semble constitué d'argent, de neige et d'encre noire. Opposés, contraires, ils se regardent. Kirill ne sait pas pourquoi il l'a suivi avec tant d'empressement, ça hurle dans son cerveau mais il ferme tout ce qui l'handicappe et murmure:

-Étrrrrange serrre que celle-ci...je crrrois que vous confondez les livrrres et les plantes. Les deux sont issus du végétal mais prrrésentent tout de même des différrrences...quoi qu'il en soit je vous aurrrais volontiers accompagné si j'avais eu plus d'une micrrro seconde pourrr fairrre mon choix. Les plantes, comme les livrrres et leurs lecteurrs, m'intérrressent.


Il effleure un livre et regarde Dorian, plonge son regard dans le sien.

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MessageSujet: Re: The Lost get Found (Kirian #1)   The Lost get Found (Kirian #1) EmptyMer 30 Sep 2015 - 1:52

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Maybe I'm crazy, maybe I'm weak
Maybe I'm blinded by what I see
You wanted a soldier
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Et sans un bruit, tu pénètres dans la pièce. Le silence t'entoure de tous ses atours, dans la méfiance, dans la bienveillance. Les livres te regardent, te gardent & tu effleures du bout des doigts une reliure. Les lueurs de la lune viennent te frapper, danser sur tes yeux trop claires, sur ta peau pâle. Doucement, les doigts tombent contre le bois d'une étagère. Le calme est divin, assassin. La tempête entre tes côtes hurle pourtant d'un boum lascif, incisif. Tu sens les agressions d'une tendre passion, d'une tendre déraison. Tu ne comprends pas vraiment, n'apprends pas tellement les courbes d'un cœur si longtemps étouffé, si facilement touché. Trahi, sali, on t'a si souvent malmené, battu, abattu. Tu es un peu perdu, un peu vaincu. Et tu n'écoutes pas, tu n'entends pas.

Tu entends à peine la porte s'ouvrir, s'entrouvrir. Tu le vois à peine se glisser, s'esquisser. Et pourtant Denerys se redresse, brutal, animal. Elle ouvre la gueule, menaçant de ses crochets l'invité non désiré. Menaçante, elle se fait reine de ton univers, de toutes les guerres. Promis, juré, elle va te protéger, elle va te garder. D'une main précise, exquise, tu caresses ses écailles, délaçant le corps tendu. « Ennemi, sss. Non. », mécaniquement, tu te retournes, te tournes vers lui, avant de sourire. Elle refuse de le lâcher du regard, du moindre égards. Les anneaux ondulent déjà, elle te glisse d'entre les doigts. Un soupir & tu attrapes l'enfant désobéissante par le cou, la faisant se débattre, combattre alors que tu la plaques contre le tapis précieux. « Dénérysss. Calme-toi, maintenant», le sifflement s'extirpe de tes lèvres, nerveux & orageux. Il impose le calme à l'animal qui cesse de rager, enrager. Et calmement, tu enlèves ta main. Elle hésite un instant, un moment, redressant la tête, jetant un regard vers Kirill, mordant l'air brutalement avant de revenir se perdre contre toi. Elle s'installe comme un chat sauvage forcé de s'interrompre dans son carnage. « E-Elle … Tu déglutis difficilement, observant l'homme en douceur, le détaillant lentement, prudemment. Comment expliquer ? Elle a cru que vous me vouliez du mal. Pardonnez-lui. ». Un peu honteux, le rouge monte sur ta peau, agresse les mots. Il arrive, parfois, qu'elle se trompe. Là où le cœur se tord, où tu connais déjà tes tords, elle ne voit que la menace, la crasse sur ton âme.

« Étrrrrange serrre que celle-ci...je crrrois que vous confondez les livrrres et les plantes. Les deux sont issus du végétal mais prrrésentent tout de même des différrrences...quoi qu'il en soit je vous aurrrais volontiers accompagné si j'avais eu plus d'une micrrro seconde pourrr fairrre mon choix. Les plantes, comme les livrrres et leurs lecteurrs, m'intérrressent. », Tu blémis, pâlis, baissant les yeux, laissant tes cheveux retomber contre ton front en cachant ton visage. Tu dois lui paraître comme un étrange idiot, un coupable imbécile trop fragile. « Je suis désolé. Un murmure qui se perd dans le silence & les indifférences. Tu es toujours désolé, navré, jamais pardonné. Tu caresses tes lunettes, hésitant, lent. On te dit débile, limité, synonyme d’imbécillité. J-Je ne voulais pas que vous vous forciez. Mais je voulais que vous veniez. Enfin non. Mais oui. M-Mais Merlin ... ». Tu frottes ton visage de tes mains, rouge de honte, rouge d'une timidité qui s'associe si souvent avec ta curiosité. « Etjemesuisperdu. », souffles-tu, d'une toute petite voix, fragile, modelé dans l'argile tremblant, agonisant. « Et du coup, on est perdus tous les deux. », et étrangement, ça te rend heureux. Entre tes doigts, tu rougis un peu plus, un peu trop, le voyant caresser un des anciens ouvrages.

Doucement, tu enlèves tes mains, humectant ta bouche du bout de tes lèvres. « Et je sais faire la différence entre un livre & une plante, monsieur. », la remarque pourrait se teinter d'outrages, de naufrages, mais il n'en est rien, il n'y a qu'un étrange & puissant amusement entremêlés à une douceur honteuse, délicieuse. « J-Je ne suis pas né d'un serpent. », Denerys tapote contre ton cou du bout de sa gueule, mécontente. « Pas tout à fait. », souris-tu, en glissant tes doigts sur les écailles. « Voudriez-vous qu'on cherche cette serre ? », un murmure à peine susurré, à peine esquissé, déjà ravagé de cette autre chose qui pique l'âme, désarme. Et le désir t'empoigne, roulant le long de tes plaies, de tes éternités. Et en t'asseyant sur le bureau, dans un froissement de tissu, tu laisses s'échapper un « Je suis content que vous soyez venu. ».

Au fond de tes entrailles, tu dessines l'espoir qu'il ne va pas t'abandonner, qu'on ne va pas te laisser, te délaisser. Tu grattes ta nuque en douceur, sentant pourtant la rougeur se propager, te ravager. « Merci d'être là. ». De ne pas te fuir. De ne pas s'enfuir.

De venir.
De te séduire.
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MessageSujet: Re: The Lost get Found (Kirian #1)   The Lost get Found (Kirian #1) EmptyMer 30 Sep 2015 - 21:05

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Kirill voit la vipère s'élancer vers lui et son coeur accélère. L'adrénaline se déverse dans ses veines et sa main plonge vers sa baguette en même temps que Dorian plonge vers le serpent. Aussitôt que la main de l'hériter Selwyn se referme autour du reptile, Kirill se tranquillise, calme sa respiration, se force à retrouver le contrôle. Un sort et il l'aurait épinglée sur le parquet comme le parfait escrimeur qu'il est. Il n'a besoin que d'un essai pour transpercer, un essai pour trancher, un essai pour tuer.
Heureusement pour la vipère caractérielle, son maître se montre réactif et Kirill incline légèrement la tête devant les excuses de Dorian.

"Elle a cru que vous me vouliez du mal. Pardonnez-lui."


-Ce n'est rien. Elle est fidèle et prrrrotectrrrice. C'est une qualité.

Il ne peut pas la blâmer, pas alors que sous sa propre chemise, quelque chose s'agite pour voir la scène, pour comprendre ce qui a poussé le coeur de Kirill à battre la chamade aussi brusquement. Ça chauffe, ça brûle presque, mais le médecin n'en montre rien. Dorian Selwyn n'est pas le seul à avoir un protecteur d'un type...inhabituel.

«J-Je ne voulais pas que vous vous forciez. Mais je voulais que vous veniez. Enfin non. Mais oui. M-Mais Merlin ... Etjemesuisperdu .Et du coup, on est perdus tous les deux. »

L'idée est loin de déplaire à Kirill. Après tout, personne d'autre ne l'intéresse dans cette réception de malheur, personne sinon cet homme aux yeux bleus et timides, timorés et à la voix mesurée, qui cache sous sa douceur trop de mots tués dans l'oeuf, trop de rêves avortés. Son sourire dissimule des émotions contradictoires, sa gêne une indéniable intelligence, son côté brouillon une prestance dont il connait les règles mais qu'il ne veut, ne peut pas, appliquer. Un prince dont la couronne semble peser bien lourd, voilà ce qu'il est. Celle de Kirill a toujours été parfaitement adaptée à sa tête, la cape de ses responsabilités n'a jamais pesé grand chose. Il maîtrise, mesure, règne avec l'assurance des lionceaux élevés par les rois des grandes meutes. Dorian lui semble peiner à ne serait-ce que produire un rugissement, quant à sortir les griffes n'en parlons pas. Mais cela plaît à Kirill. Il ne peut pas l'expliquer.
Pour la première fois depuis des années, il se produit quelque chose qu'il n'a pas envie de rationaliser. Sa raison lui intime de reculer, lui ordonne de renoncer avant qu'il ne commette l'irréparable et ne s'empêtre dans un véritable filet du diable.
Mais il ne peut pas.
Pas maintenant.

Dorian répond à sa charmante petite pique par un retour de baton mesuré mais bien mérité puis lui propose de partir à la recherche de la serre de leurs hôtes. Kirill ne répond pas alors que son interlocuteur s'assied sur un bureau. L'invitation à quitter l'intimité et le calme nocturne et parfumé de cette salle ne lui semble en vérité pas plus attirante qu'à Kirill et même son invitation à partir quêter des plantes sonne faux. Aucun n'a envie de briser ce globe de cristal que constitue la pièce, ce moment où tout peut arriver.

Qu'est ce qui peut arriver?
Qu'est ce qui va arriver?

Kirill ne sait pas. Il ne sait pas.Lui qui sait d'ordinaire tout sur tout se retrouve brutalement avec la gorge sèche.

"Merci d'être là"

Il hoche raidement la tête. Son coeur loupe un battement devant le sourire un peu penaud, désolé, reconnaissant de Dorian et la chose sous sa chemise lui brûle la peau, lui arrachant un sifflement.

-...veuillez m'excuser...

D'une main précise, il défait sa cravate argentée, tire dessus et rapidement, ses doigts déboutonnent sa chemise, un peu, juste assez. Assez pour qu'il puisse voirce qui se passe. La peau diaphane et ferme s'expose sous la lune et soudain, une ombre noire vient la marquer, l'envahir. L'encre est fluide, aquatique, et une tête aux dents acérées se fait visible, une tête de murène qui fixe ses yeux perçants sur la vipère. Elle la jauge, vérifie le potentiel danger et ouvre la gueule, comme une menace.

-Murrrano a un forrrrt carrractère et comme votrrre vipèrrre il est assez possessif...

La brûlure se fait moins forte, la murène s'enroulant autour de son cou, fixant sa tête sur la pomme d'Adam de Kirill avant de revenir onduler à la naissance de sa poitrine, sans jamais lâcher Dorian et son animal des yeux.

-Il est mon compagnon depuis près de 10 ans maintenant...il me défend contrrre les agrrressions extérieurrres...

Comme pour appuyer ses dires, Murano claque encore une fois des dents et lentement, fait émerger sa tête de la peau blanche du médecin russe. L'encre perce l'épiderme, flotte dans les airs sans jamais chuter vers le sol, et le corps se déplie, se délie jusqu'à être capable de saisir et de mordre sans pitié.

-Il ne peut jamais me quitter entièrrrement, mais il sait comment s'étirrrer juste assez pourrrr déchirrer le visage d'un agrresseurrr...il est appliqué à tâche mais monsieur a l'habitude de me brrrûler si je ne le laisse pas...surrrveiller le périmètre.

Du bout de l'index, Kirill vient caresser la murène qui replonge sous la peau de sa main, glissant dans l'air et transitant vers ce nouveau pan de chair qu'elle fait sien. Puis, ombre sombre, elle ondule et reprend son poste d'observation, nichée à la naissance des pectoraux. Kirill la sent s'apaiser, mais à peine et soudain, il se rend compte de la situation dans laquelle ils sont tous deux. Ils se regardent et chacun semble dans l'expectative de quelque chose qui ne vient pas. Kirill humecte ses lèvre du bout de sa langue.

Que fait-il dans cette pièce?
Qu'attend-il?
Que veut-il?

Il ne veut pas y penser. Alors il attends, le souffle légèrement plus raide qu'à l'accoutumée. Il l'a suivi, Dorian voulait qu'il le suive. Il ne peut pas se tromper à ce point là, l'expérience vécue avec Wild lui a ouvert les yeux. Il verrait la fourberie si elle lui était présentée, il en est convaincu. Convaincu. Il se passe quelque chose. Il doit bien se passer quelque chose. ll ne peut pas se tromper à ce point.
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L'attirance te brûle les doigts.
Elle s'allume en toi.

Et tu ne sais que la détruire, la réduire à la logique, à la raison. Les fourmis dans ton cœur ne sont que des erreurs, des appréhensions face aux prochaines douleurs, horreurs. Tu rationalises, là, où l'esquisse d'un sentiment se fait plus fort, te donne déjà tous les tords. Au fond, tu as juste peur de t'effondrer, de te tromper encore. Tu t'égares pour ne rien voir, pour ne pas y croire.

« Ce n'est rien. Elle est fidèle et prrrrotectrrrice. C'est une qualité.  », la voix te fait cligner des yeux, dodeliner sur le fil des erreurs, évanouissant les rancœurs, les horreurs. La voix est basse & profonde, tirant à bout portant sur ton cœur. Il te tire des frissons, des hésitations. Il y a cette lueur au fond des regards, il y a ce besoin d'égards, de s'égarer, d'être aimé. Denerys se blottit, se trahit sur le fil de ta peau, le pouls battant la mesure, accourant vers la démesure. Elle surveille la folie qui s'enlise, qui te lie & te séduit. Tu as déjà oublié ? Tu n'y as pas le droit, tu n'as aucun droits.

Et les mots filent, défilent. Tu rencontres le bureau, t'asseyant pour éviter les vertiges qui t'assaillent, bataillent sur ton cœur. Les entrailles se nouent, le cœur se trou. Et tu as peur de le lasser, de n'être qu'un peu facile, un peu la victime de tes déboires, de tes espoirs. Et pourtant, il y a quelque chose sous les yeux. Il y a le souffle qui se perd, s'enterre. Il y a la panique sous les phalanges, dérangeante, brûlante. Il siffle, il s'étouffe & tu te tends, griffant le bureau de tes ongles trop longs. Un « ...veuillez m'excuser... » & la cravate se délace, terrasse tes entrailles. Tu déglutis, blêmis suivant la course des doigts, les centimètres de peau se voilent, se dévoilent. Et le cœur bat contre tes trempes, brutalisant ton cerveau, sous le manque de mots. Les rayons de lune épousent sa peau, te donnant des envies d'effleurer, de te condamner. Et une ombre  y passe, s'emparant de l'épiderme. Tu détailles la murène furieuse, orageuse, victorieuse. Les dents sont acérés, les yeux pressants, séduisants. « Intéresssant », siffle Denerys, t'arrachant un frémissement, un invisible tremblement. « Murrrano a un forrrrt carrractère et comme votrrre vipèrrre il est assez possessif... », la gueule claque, s'arque, les dents s'enfoncent, foncent. La bête d'ombre & d'encre est  protectrice, dominatrice. Et la bête ondule, surveillant, promettant tout. « Il est mon compagnon depuis près de 10 ans maintenant...il me défend contrrre les agrrressions extérieurrres » , et tu n'écoutes rien. Tu ne comprends pas. Il faut que  tu t'approches, il faut que tu le touches. Et déjà, tu quittes légèrement, timidement le bureau alors que l'animal resurgit, se dépliant, se déliant de la peau pour claquer, pour tuer. Menaçante, elle te prévient. Tu n'as pas intérêt à être un assassin.

« Il ne peut jamais me quitter entièrrrement, mais il sait comment s'étirrrer juste assez pourrrr déchirrer le visage d'un agrresseurrr...il est appliqué à tâche mais monsieur a l'habitude de me brrrûler si je ne le laisse pas...surrrveiller le périmètre ». , un souffle & le doigt effleure la murène qui se glisse sous la peau, vigilante & violente.

Tétanisé, tu n'oses plus bouger.
Tu n'oses pas respirer.
Et si tu te trompais ?

Pourtant, à travers les brumes de ton esprit, tout se délie. La complexité s'effondre. La facilité t’inonde. « Denerys … Le serpent redresse la tête. Trouve un chemin de retour. ». Tu perçois le désaccord dans le tremblement de ses écailles, le refus à peine susurré, ton attention déjà balayée. Elle s'est déjà envolé, évadé en rampant entre les jambes de Kirill, se glissant sous la porte. Silencieuse, elle disparaît. Tu es un être sans défense, couturé de ta bienveillance. « V-Vous avez eu mal. », les mots t’échappent, dérapent. L'attention est rivé, fouilli ordonné contre lui. Et tes doigts tirent sur le reste de la cravate argenté, la défaisant totalement, brutalement. « Vous aviez du mal à respirer. ». Et tu t'es inquiété.

Pendant un instant, un moment, tu as cru le perdre.


Un bouton saute. Tes doigts effleurent la poitrine, admirant les poils argentés qui s'en échappent. « Je crois que je n'aime pas ça. », tes sourcils se froncent & les yeux bleus tombent dans les siens, assassins. Deuxième bouton. La peau baille, ton esprit déraille. «  Je n'aime pas du tout. », il y a quelque chose de plus intime, de plus proche. La caresse se fait tendre, lente, remontant le long de sa poitrine, griffant légèrement sa peau. Elle marque déjà & tu ne comprends pas, n'entends rien, ne sait rien.  Le cœur déraille, bataille sous les tensions, les hésitations. Les doigts s'accrochent à la nuque, écorchant la peau. Et le souffle contre  ton front te fait réaliser, paniquer. Le rouge s'étend, les doigts se suspendent. « Merlin … J-Je, les mots s'embrouillent, tu cafouilles. Jesuisdésolé. Les doigts le quittent & la distance s'impose, explose. Tu as soudainement froid contre tes doigts, contre toi. Je n'aurai pas dû. Je ne comprends pas. Pardon. Je suis … ». Juste débile.

L'air te manque, signe son absence & tu défais ta propre cravate. Tu ne sais pas respirer. Tu ne sais pas te contrôler. Tu es juste ravagé, tué. Tu contournes le bureau le cœur en bandoulière, revenant en arrière, ouvrant la fenêtre, capitulant, désarmé, assassiné. Merlin, tu as failli l'embrasser. Merlin, tu as failli déraper. Les mains perdues sur le cadran de la fenêtre, tu inspires, expires. La gifle du froid est cruelle, amère, sévère.

Et la voix s’infiltre, filtre sinueuse, tueuse ; As-tu déjà oublié, Dorian ? Non. Non, qui ? Non, Papa. Terrorisé, tu n'entends pas ton cœur hurler.
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MessageSujet: Re: The Lost get Found (Kirian #1)   The Lost get Found (Kirian #1) EmptySam 3 Oct 2015 - 13:44

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Il s'approche.
Il s'approche.
Et Kirill reste immobile, crispé. Il ne va pas oser. Personne n'ose jamais. Murano terrifie les rares personnes ayant eu le malheur ou le hasard de le croiser et si Kirill n'a pas révulsé ses interlocuteurs par son absence de morale ou d'empathie,la murène se charge généralement de leur donner les sueurs froides provoquant une fuite. Kirill apprécie d'ordinaire le vide que son acolyte aux dents tranchantes fait autour de lui, ce vortex de solitude que Murano sait si bien provoquer. A son image, la murène est silencieuse, vigilante et prompte à frapper en cas de danger. Elle n'inspire rien de sympathique, elle n'inspire rien de tendre, ni de doux.
Animaux à la réputation désastreuse, drapés de mythes mensongers et parés de crimes qui ne sont pas les leurs, les murène, comme les hyènes, sont victimes de lieux communs. Personne ne les approche, nul ne veut prendre le temps de regarder derrière la peau aux reflets irisés, derrière les dents pointues et la gueule ouverte, signe que tous jugent menaçant quand ce n'est en fait pour l'animal qu'une manière de respirer.
Kirill est semblable à une murène et seul dans un récif sombre de corail agonisant, il règne, créature de cauchemar, maître des abîmes et des abysses.
Cette situation lui convient bien, elle lui a d'ailleurs toujours convenu. Pourquoi se plier en quatre pour plaire à des personnes qui ne comprennent pas?des bien-pensants, des moutons de Panurge? aucune utilité.

Il vaut mieux être craint qu'aimé.

Et pourtant à ce moment, il voudrait que Murano disparaisse. Qu'il s'en aille et le laisse en paix tout comme la vipère les a laissé seuls. Mais la murène ne part pas, elle ne part jamais. Elle est ce qu'il est, un reflet, pas un simple animal que l'on peut congédier.

Kirill baisse les yeux alors que Dorian s'approche et s'immobilise près de lui. La main s'avance, hésitante et il déglutit, retient sa respiration. Il ne va pas le faire. Il n'osera pas. Il va se rétracter puis s'excuser et enfin quittera la pièce sans un regard en arrière, secrètement fier d'avoir réussi à harponner "la murène". Il ne va pas le faire. Et soudain, un index effleure sa peau et Kirill a l'impression que c'est le bout enflammé d'une cigarette qui vient de se poser sur sa poitrine. Le coeur bondit, Murano sursaute et fuit se réfugier dans le bas de son dos, endroit où elle sait ne pas pouvoir être dérangée.

« V-Vous avez eu mal. »

Réagis.
Dis quelque chose.
Casses le.
Brise le.
Achève le.
Sors toi de ce traquenard.
Qu'est ce que tu fais par Raspoutine?
mais qu'est ce que tu fais?


Il ne fait rien. Il ne fait strictement rien et la cravate coule le long de son cou, signant le passage à un point de non retour. L'air est lourd de non-dits, d'une éléctricité n'ayant rien à voir avec une quelconque science rationnelle, il y a une tension, presque celle qui dans un combat entraîne la mort, sauf que personne ne se bat physiquement ici. Aucun coup. Aucune violence sinon celle de l'âme, de l'esprit et aucune viciosité sinon celle de la raison tentant de se frayer un passage jusqu'au cerveau, pour empêcher ce qui est désormais inéluctable. C'est viscéral. C'est animal. C'est naturel. Kirill sent son pouls dérailler comme un train lancé à pleine vitesse.

Tu fais de la tachycardie, arrêtes toi.
Il n'est pas bon pour toi.
Tu perds le contrôle.
Sois plus intelligent que ça.
Tu es plus intelligent que ça.


« Vous aviez du mal à respirer. »

Il a encore du mal, de plus en plus de mal. L'index est toujours posé sur sa poitrine et c'est comme si on lui enfonçait un tisonnier enflammé dans la chair. le souffle est plus court, la peau hérissée par un frémissement et il attends, contre toute logique, contre tout ses codes. L'hésitation de Dorian le rend...hypnotique. tel un cobra, il serpente, s'approche, ondule et Kirill sent que s'il plante ses crochets dans son cou et lui injecte son venin, il se passera quelque chose proche de ce qu'il a toujours redouté: l'absence totale de self-control. Ethan Wild l'avait aiguillonné mais ce que Dorian Selwyn est en train de faire depuis que leurs yeux se sont croisés dans la salle de bal n'a rien à voir avec ça: c'est un matraquage sans pitié dont il n'a pas même conscience et dont Kirill, au contraire, se rend péniblement compte.

Ethan Wild devrait t'avoir appris la leçon.
Garde le sexe. Bannis l'intérêt.
Donne ton corps. Jamais plus.
Choisis les séduisants, jamais plus.
Tolérables, jamais plus.
Ne fais pas la même erreur deux fois.
Tu es Kirill Moltchaline.
Souviens toi.
Tu ne peux rien ressentir.


Et pourtant. Ca cogne dans sa cage thoracique. Son cerveau mouline, magnifique arborescence qui a ce moment ne trouve aux évènements aucune logique, pas le moindre début d'explication. Et lorsque des mains viennent défaire un bouton de plus sur sa chemise déjà lâche, Kirill sent qu'il ne respire plus du tout. Il doit se battre pour ne pas bouger, pour rester digne, marmoréen, royal. Puis viennent les doigts, une caresse. Elle est gratuite, elle ne clame rien, n'exige rien, et Kirill sent qu'il ne peut plus déglutir. Wild, lui, touchait pour posséder. Wild lui revient toujours à l'esprit dans ses rares moments de faiblesse, comme un vieil écho de ce qui aurait pu être, avant que Kirill ne se rende compte de la réalité des choses, avant qu'il ne réalise que le médicomage de ses 8 ans, ce vieil homme sec, avait raison:

"Ce garçon ne ressent rien."

Qu'est ce qui lui brûle la peau alors? Qu'est ce qui l’anesthésie tout en le rendant si sensible?

« Je crois que je n'aime pas ça. »

Un deuxième bouton cède et son esprit cède aussi. Il fait une terrible erreur, il détruit lui même les fondations de son empire. Tu ne ressens rien.
tu ne ressens rien
TU NE RESSENS RIEN.


«  Je n'aime pas du tout. »

Une main glisse sur sa peau, remonte le long de sa poitrine, accroche sa nuque et soudain, ils sont si proches. Kirill le voit avec toute la précision que donnent des pupilles qu'il sait dilatées. Ses yeux sont à demi-clos. Il regarde le visage de Dorian, aimanté vers lui. Il...

Désire.

Et cette réalisation lui fait peur. Il connait les plaisirs de la chair, mais comme on peut manger une pâtisserie sans en avoir réellement envie ni besoin, il couche sans attirance, s'unit sans intimité. Une manière de tromper l'ennui. D'affirmer son pouvoir. Il n'a besoin de personne, ne considère personne.
Mais Dorian, cet homme en face de lui, qu'il ne connait que depuis si peu, si peu de temps, lui fait l'effet qu'une dose d'Orviétan fait à un addict de la première heure. Il le regarde, il le détaille, il le désire et il veut le toucher, au point que ça lui déchire les entrailles. Qui est-il? que se cache-t-il derrière ces yeux bleus et si tristes? ses boucles sont-elle aussi souples qu'elles y paraissent? sa peau est-elle aussi douce qu'elle le semble? pourquoi tant d'hésitation? pourquoi tant de plaies?

"Qui es-tu?"
"Comment est ce que tu arrives à me faire ça?"

Les pensées sont avortées, le désir rugit et se rétracte furieusement, contrarié. Dorian s'écarte dans un concert de balbutiements discordants.

« Merlin … J-Je...Jesuisdésolé...Je n'aurai pas dû. Je ne comprends pas. Pardon. Je suis … »

Kirill reste interdit. Murano, surexcitée par ce vacarme assourdissant sous la peau de son maître, nage furieusement sur son ventre et remonte près du torse, pour vérifier le pouls. Le terrestre lui a-t-il fait mal? l'a-t-il blessé? il n'y a pourtant pas de marques alors qu'est ce que qui ne va pas? quel genre de blessure ne se voit pas? La murène ne comprend pas, elle claque des crocs et compagne fidèle, va se lover sous son coeur. C'est là, l'organe à protéger. Qu'on ne s'en approche pas ou elle agira.

Kirill respire mal. Tout ce qu'il voit est le dos de dorian, ses boucles qui s'agitent doucement sous le vent et surtout il voit le tremblement de ses mains, le déni de ce qui vient de se produire, la rage ne de pas pouvoir, le désespoir de vouloir.
Il peut reculer. Quelle meilleure occasion de retourner dans le sentier battu de sa vie méticuleuse que de le laisser Dorian Selwyn seul alors qu'il vient lui même de se rétracter? ça serait si facile. Tellement, tellement facile.

Mais Kirill voit l'abandon dans cette posture courbée. Il voit la peur et sur le sol, des morceaux de coeur qu'on a brisé. Ca ne devrait rien lui faire, ça ne lui fait jamais rien, mais pour une raison qu'il ne veut pas comprendre il refuse de le laisser là. Il ne le mérite pas. Il n'a pas besoin de le connaître pour savoir que la personne devant lui ne mérite pas ça.

Alors il s'avance. Lentement, silencieusement. L'espace entre eux est clos en quelque pas. D'un mouvement tout aussi furtif, Kirill achève de déboutonner sa chemise et précis, la fait glisser le long de ses bras, la retire, la pose sur le beau. La peau s'expose, les muscles sculptés par la Russie et sa rigueur s'imposent. Il est pâle comme les neiges de Sibérie, mais n'a rien de froid. Les Moltchaline sont après tout la lave sous six pieds de glace.
Kirill hésite, l'espace d'un instant et se penche en avant. Ses lèvres viennent effleurer la nuque de Dorian en une invitation paisible, presque humble à se retourner. Un tremblement violent éléctrise l'anglais, le mouvement est brutal et lorsqu'il se retourne, Kirill demeure calme. Même s'il ne l'est pas.
Il faut bien que quelqu'un se dévoue.

-Si je ne vous...plaît pas, je le comprrrendrrrai, Monsieur Selwyn. Et si je me suis trrrompé quant à...ce que vous et moi avons parrtagé un instant, alorrrs je vous demande de m'en excuser. Vous serrrez bien entendu librrre de le rrraconter à qui bon vous semblerrra je ne suis pas attaché aux qu'en dirra-t-on. Mais vous...me plaisez. Et...

Il ne finit pas, son formalisme a atteint ses limites. Le mouvement est ensuite automatique. Il se rapproche doucement et sa main effleure le cou de Dorian. La seconde, plus audacieuse encore, vient toucher la hanche, cherche la peau sous le tissus de la chemise. Et ses lèvres viennent rencontrer celles de Dorian. Aussitôt, Murano s'affole. Le coeur est reparti, c'est intenable ce rythme de montagnes russes, c'est le cas de dire. Kirill laisse ses mains se poser plus fermement, plus stablement, et le baiser commence, appliqué, doux. Les lèvres s'explorent, se découvrent et soudain, la pointe d'une langue timorée vient trouver la sienne. Le souffle se fait alors plus profond, le baiser plus intense. Les langues se touchent, dansent ensembles alors que dans le ventre de Kirill, un animal furieux gronde et qu'un bruit de satisfaction lui échappe. La peau de Dorian est douce, chaude, il sent ses mains sur lui. Ca ne devrait rien lui faire. Rien de particulier.
Ca le brûle.

Il a perdu la bataille.
Il va perdre la guerre.

Et plus le baiser l'absorbe, plus ses lèvres rougissent, plus il sent que cette erreur sera la plus fabuleuse ou la plus tragique de toutes.
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MessageSujet: Re: The Lost get Found (Kirian #1)   The Lost get Found (Kirian #1) EmptySam 3 Oct 2015 - 19:09

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Maybe I'm crazy, maybe I'm weak
Maybe I'm blinded by what I see
You wanted a soldier
(play)

Le vent de Septembre roule, se déroule le long de ton visage, calmant les mirages, les orages. La froideur t'apporte un calme alors que tes mots s'accrochent, s'écorchent contre les échardes de la fenêtres. Il ne faut pas le regarder, il ne faut pas tomber. S'effondrer ne t'est pas permis. Vaciller c'est se trahir, se salir. Et pourtant une envie surgit, t'envahit. La peau brûle, les entrailles se contractent, ton cerveau dérape. Et tu as chaud, trop chaud. Tu ne comprends pas que tu es en manque de sa peau.  Tes doigts le clament, le réclament.Tu te désarmes à chaque pensées chassées, avortées. Et si tu avais continuer, & si tu n'avais pas reculer ? Et les mains glissent, s’immiscent sur le visage, étirant les rides, les années à t'abandonner, à renoncer, à céder. Et maintenant, c'est fini, il va te fuir, il va s'enfuir.

Tu gâches toujours tout.

Le craquement du parquet te donne raison, et tu sais que tu as tous les tords.  Il va te délaisser, il va t'abandonner & tu sais, tu comprends bien, tu apprends encore les désastres de tes envies. Tu as tout brisé. Tu l'as abîmé, souillé de tes doigts. Personne ne veut jamais de toi. Le froissement de tissu te fait baisser les yeux, signer en silence, dans les indifférences tous les aveux.  Et tu perçois à peine son corps dans ton dos lorsque les lèvres courent contre ta nuque. Il t'arrache un couinement dans un autre tremblement. Et tu te retournes, te détournes, les yeux clairs perdus, vaincus. La main jouant sur le fil de ta peau, là où il a imprimé ses lèvres, là où les trêves se suicident. Les minutes se font arides & tu ne comprends pas, tu ne le comprends pas. Tes lèvres s’entrouvrent, s'ouvrent, le souffle glisse, s’immisce. Parler devient ta hantise, tu vas dire des bêtises. Tu vas le supplier de rester, de ne pas te délaisser. Au fond, tu t'es déjà un peu attaché, tu es déjà un peu amouraché. « Si je ne vous...plaît pas, je le comprrrendrrrai, Monsieur Selwyn. Et si je me suis trrrompé quant à...ce que vous et moi avons parrtagé un instant, alorrrs je vous demande de m'en excuser. Vous serrrez bien entendu librrre de le rrraconter à qui bon vous semblerrra je ne suis pas attaché aux qu'en dirra-t-on. Mais vous...me plaisez. Et... ». Les mots vont trop vite & tes yeux s'agrandissent, s'éclaircissent. Alors il ne te déteste pas, alors il veut bien un peu de toi, non ?

Les mots tremblent, s'étranglent. Les mots te font défaut, écho puissant de tes maux. Un « Kirill. » s'échappe un peu fragile, un peu imbécile. Tellement facile & pourtant si difficile. La peur s'accroche à tes phalanges, te dérange. Et le corps exposé, dénudé te fait rougir, faillir. Tu n'oses pas détailler sa beauté, toucher la peau pâle, fatale. Tu contes pourtant du bout de tes prunelles la chaleur sous l'apparente froideur, la passion dans le refus d'hésitation. Dans le marbre, il est taillé à ses images de dieu grec, d’Apollon lumineux, charmeur, séducteur. Et une bombe est tombée sur le toit de ta maison, a emporté ta raison sous le flot des passions. La grande main effleure ton cou, te fait frissonner, t'incliner. Et tu rêves plus fort d'ébats que de combats, alors que le cœur bataille, que tes entrailles déraillent. « Ki-. », et la voix s'étrangle alors que la main gagne la hanche, que les doigts se font roi sur toi, contre toi. Il est à quelques centimètres d'une marque, et tu couines, t'inclines. La bouche s'ouvre, il se penche, tu t'épanches. Cruelles, reines, les lèvres se rencontrent, se répondent. Et tes ongles griffent les bras, suppliant pour d'avantage, pour prendre courage.

Tu succombes sans un égard.
Sans un regard.

Un gémissement se perd  entre les lèvres. Et tu t'accroches, l'écorches de ta main sur sa nuque, te mettant sur la pointe des pieds pour l'atteindre, comblant la distance, réclamant ta chance. Tu veux ça. Et la bouche s'entrouvre, s'ouvre, l’accueillant dans un ballet de désirs, de délicieux supplices. Et l'envie s'imprime, s'exprime. D'une lenteur désarmante, fuyante, tu prends courage, tu te fous des prochaines rages. Et tant pis si ça te conduit aux naufrages. Entre tes côtes, le cœur s'envole, vole chaque respiration coupée, avortée. Il chante ce que tu ne comprends pas, n'entends pas. Le souffle se fait plus aride, plus rapide. La danse prend des chaleurs étouffantes, faisant gémir, se trahir ton ventre qui s'éventre, ton cœur qui s'évente. La main passe dans les cheveux et tu ne veux pas de fin tellement tu as faim de lui, d'un désir, d'un plaisir jamais vaincu, jamais tout à fait perdu.

Et les lèvres se séparent à bout de souffle, à bout des cœur dépassés, des organismes désorganisées. « Encore. », la voix est trop rauque, tu en redemandes, tu quémandes. Il se fait torture nécessaire, prince des besoins primaires. Et tu attrapes encore la nuque, le poussant à se baisser pour l'embrasser encore. Le désir se déploie, sans foi, ni loi. Tu te consumes, tu brûles. Des monstres peu sages s'approchent de la cage. Ils réclament la liberté, la fin de la sévérité. Et les lèvres se chassent, se croisent & s'entrecroisent. Un main tombe & tu t'approches, te rapproches, tremblant, agonisant. Les corps se choquent, s'entrechoquent, ravagés, avalés par les passions incendiaires, guerrières. Et tu le pousses, le repousses contre le bureau, le forçant à s'y asseoir, à y croire. Les caresses te rendent fous, tu es trop doux. Et tu n'as pas assez de le toucher, de le respirer. Un grognement & tu le sens, le ressens. Électrochoc. Tu ne peux pas.

Et brutalement les corps se quittent, tu recules, tétanisé, désemparé. Les lèvres tremblent, rougis sous les baisers, rougis sous la tendresse & les caresses. La panique s'infiltre, tu te défiles. Les yeux écarquillés, tu te frustres enfermé dans le carcan des responsabilités, des devoirs biaisés & brisés. «  Je. », il y a comme un sanglot qui s'étrangle, il y a comme ton ventre qui hurle, s'allume. Et tout tombe en morceaux, en lambeaux. « Je ne peux pas. », et c'est comme un coup de poignard dans le noir, dans tes espoirs. Le bleu hurle au désespoir, le suppliant de ne pas trop t'en vouloir.

Au fond, les mécanismes d'une éducation sont bien rodées, huilés. Taillé pour obéir, tu n'as pas le droit de les trahir. Il ne te reste qu'à t’interdire de le toucher, d'espérer, d'aimer. « J-Je suis désolé. », les mots fuient d'entre tes lèvres, meurent sur ses lèvres, l'alliance est tourné dans un geste de panique total, brutal. « Jenepeuxpas. », souffle ta voix alors que tu veux, tu en meurs d'envie, tu en as besoin. « Pardon. ». D'être aussi con.

Et tu t'enfuis.
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