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sujet; I still love you {Désirio}
MessageSujet: I still love you {Désirio}   I still love you {Désirio} EmptyMar 1 Sep 2015 - 9:05

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I still love you

Tu n'arrives pas à te concentrer. C'est la seconde fois que tu échoues avec les runes aujourd'hui. Et c'est la même chose depuis plusieurs jours. Tu sais très bien pourquoi ta concentration frise le zéro absolu : parce que Désiré a disparu du camp depuis plusieurs jours. Personne n'a pu te dire où il était, tu n'as pas pu le contacter et tu es donc mort d'inquiétude. Et s'il s'était à nouveau fait capturer ? Ou pire ? Non, il faut positiver. Il va bien, il ne lui est rien arrivé de fâcheux. Mais dans ce cas, pourquoi a-t-il disparu ? Bon sang, tu n'as pas envie de le perdre. Pas encore une fois. L'inquiétude te fait perdre la tête, Ilario. Mais il est vrai que tu as bien du mal à rester optimiste ces derniers temps. Rien ne va plus : Désiré ne t'aime plus, Iseul est encore seule dans la nature et Lorenza a radicalement changé de comportement depuis l'exécution des rebuts. Heureusement que Kenneth est encore là pour te soutenir. Ce cher Kenneth, qui fait de plus en plus vibrer ton cœur... Ou peut-être réveille-t-il quelque chose que tu avais enfouis, il y a très longtemps ? Tu ne sais pas et tu ne veux pas songer à cette possibilité. Ce dont tu es sûr, par contre, c'est que tu ne sais pas ce que tu ferais sans lui. Tu ne sais même pas où tu serais à l'heure actuelle s'il n'avait pas été là pour te raisonner, pour te rassurer. Peut-être aurais-tu fini par commettre une nouvelle imprudence, par inquiétude. Tu te serais alors fait prendre, on ne t'aurait pas sauvé et tu serais mort exécuté. Non, aujourd'hui, il ne faut pas te demander d'être optimiste : tu broies du noir. Et cela ne te ressemble pas. Mais ces sombres pensées sont aussi le reflet d'une part de ta personnalité que très peu de personnes connaissent.

Distraitement, tu termines le coquelicot que tu dessinais dans ton calepin. Tu n'as pas de modèle, tu préfères faire fonctionner ta mémoire. Tu as fait de ton mieux pour reproduire chaque détail, et il faut dire que tu es plutôt satisfait du résultat. À une époque, il y a eu des dessins de Désiré dans ce calepin. Lorsqu'il te manquait trop, tu dessinais son visage. Cela t'aidait à te rappeler chaque détail, à faire remonter vos plus beaux souvenirs. Aujourd'hui, tu n'arrives plus à le dessiner. Quelque chose bloque. Peut-être est-ce parce que le regard qu'il pose sur toi a changé. Peut-être est-ce parce que tu te fais plus distant afin de ne pas souffrir plus que tu ne souffres déjà de votre situation. Dans tous les cas, les dessins de lui ont disparu. Tu as arraché les feuilles. Elles n'ont plus rien à faire ici. Par contre, quelques pages avant celle-ci, se trouve un dessin de Teine, ton renard apprivoisé. Tu l'avais longuement observé pendant qu'il chassait un papillon, ce jour-là. Un sourire attendri étire tes lèvres lorsque tu te rappelles cet instant, avant de secouer la tête. Il faut que tu retournes faire quelque chose, tu ne peux pas rester là des heures à ne rien faire. Et c'est en levant les yeux que tu le vois, lui. En une seconde, tu es déjà debout et tu te précipites vers lui ! Pour ne pas dire sur lui, étant donné que tu l'attrapes dans tes bras.

-Désiré ! Bon sang, où est-ce que tu étais passé ? Je me suis inquiété et...

Soudainement, tu te tais. Il a grimacé lorsque tu l'as attrapé. Il a grimacé. Une alarme s'enclenche dans ton esprit. Quelque chose ne va pas. Aussitôt, le médicomage en toi reprend le dessus, s'écartant d'un pas, l'observant attentivement. Il n'a pas l'air d'être à l'article de la mort, ce qui est déjà une bonne nouvelle. Mais tu sens qu'il ne va pas bien. Ton regard bleu le détaille sous toutes les coutures, avant de plonger dans son regard, sondant ce dernier. Ton palpitant s'affole. Il est blessé. Tu ne le vois peut-être pas, mais tu le sens. Tu as suffisamment vu de blessés pour le deviner. C'est pour cette raison qu'il ne revenait pas : parce qu'il était blessé ? Tu te mordilles la lèvre.

-Tu es blessé.

Ce n'est pas une question mais une affirmation. Il n'y a rien à répondre à cela. Ton cœur te fait mal. Il lui est arrivé quelque chose et, une fois de plus, tu n'étais pas là pour le protéger. Tu n'étais pas là pour l'empêcher de souffrir. Tu ne peux t'empêcher de culpabiliser, une nouvelle fois. Cela fait plus de dix mois qu'il est de retour parmi vous, et pourtant tu continues à te dire que tu ne devrais pas le laisser seul. Pas tant que tu n'es pas certain qu'il est redevenu lui-même, qu'il ne fera rien d'inconscient. Tu t'en veux tellement...

-Allez, viens, que je m'occupe de toi... Et que tu me racontes ce qui t'est arrivé.

Est-ce qu'il va te répondre ? Est-ce qu'il va te suivre ? Tu espères bien. Tu ne peux pas le laisser repartir sans rien faire, c'est totalement impossible pour quelqu'un comme toi. Plus encore quand cela le concerne. Tu as l'impression de ne pas assez bien veiller sur lui. Tu te sens responsable de son état, et cela te rend malheureux. Si vous n'étiez pas ensemble, il ne se serait peut-être pas sacrifié pour te sauver. Et si tu n'avais pas fait le premier pas, peut-être auriez-vous fini par faire vos vies loin l'un de l'autre. Il serait encore en train de jouer les espions pour les insurgés, ou il serait retourné avec eux, avec son frère... Tu as l'impression d'avoir tout détruit, pour seulement deux années ponctuées de moments de bonheur indescriptible... Pauvre Désiré...


Dernière édition par Ilario E. Leonelli le Ven 4 Sep 2015 - 8:46, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: I still love you {Désirio}   I still love you {Désirio} EmptyVen 4 Sep 2015 - 4:56

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Sommeil mue en réveil, et te voilà chassé des bras de Morphée. Les paupières s’entrouvrent lorsque la douleur devient lancinante, perturbante.  La poitrine sur laquelle des coulées de lave suivent le cours de tes muscles, tes os chauffés à blanc, des lames de feu traversant ton corps de part et d’autre.  Le néant dans ta tête, le temps qui s’arrête. Une vérité indéfectible, ce manque horrible qui s’entête. Et puis tu te dégages des nuages, tu transperces le brouillard. Victime des migraines impitoyables, tu combats le mal. Tu te lèves pour virer le voile qui embrume ton esprit, grimaçant au moindre pas. La peine est telle que tu as l’impression de dépérir, de te flétrir. Et encore, c’était pire. Avant qu’il n’intervienne, avant qu’il ne te retienne. Tu lui seras éternellement reconnaissant. Dorian, ton sauveur. Sans rien demander en retour, sans exiger quelque chose en contrepartie. Par pur altruisme, il avait recueilli l’évanoui, et c’est dans sa ferme qu’il s’était réveillé. Tu es lui, il est toi. Tu t’étais tout de suite braqué, la méfiance était venue envahir ton nez. Un regard louche que tu lui avais adressé, lui qui pue la maladresse. Derrière ses potions, tu l’avais jugé bienveillant. Il n’a rien de méchant, rien de menaçant. Et puis tu n’étais nullement en position de te défendre. Qu’aurais-tu pu faire de toute façon? Sans ta baguette qu’il t’avait probablement confisquée, sans ton corps qui ne te répond pas malgré tous tes efforts? Alors, tu lui as fait confiance, et ça a payé. Tu n’es pas totalement remis sur pied, mais tu as eu droit à trois jours pour récupérer. Pas plus. Il t’a invité à rester autant que tu le veux, mais tu ne peux pas. Tu ne peux pas l’exposer au danger de ta présence non désirée. Un voisin curieux, un mangemort hasardeux. Et le voilà se devant de justifier l’identité d’un inconnu. Tu ne peux pas le mettre en danger. Il a été si bon, si généreux. Et puis, il y a elle. Poupée innocente et belle, aux syllabes douces qui quittent sa bouche comme du miel. Jamais tu ne pourrais lui causer du tort, même indirectement. Elle est l’étoile qui brille dans le ciel de ton désespoir. Tu ne la connais que depuis peu, pourtant tu as l’impression d’avoir rêvé d’être sous sa lumière depuis des lustres. Et sur la lettre que tu laisses sur la table, il y a beaucoup de mots pour elle. La moitié même. Où tu lui racontes à quel point elle te manquera, où tu lui précises que tu penseras à elle tout le temps. Par le biais desquels tu essaies de transmettre l’étendue de ton espoir de la revoir un jour. Pas trop non plus, car tu ne veux pas la décevoir. La laisser croire que le destin vous réunira, alors que ce ne sera peut-être pas le cas. Des paroles d’amour que tu abandonnes grâce à ta baguette. Tu aurais aimé les lui écrire plutôt. Mais c’est impossible, car tu ne sais pas. Car tu ne sais plus, à cause de lui.

Mari des ombres, tu es invisible. Le repère n’est plus qu’à quelques mètres, et tu croises les doigts pour que le mot de passe n’ait pas changé. La perspective de te faire foudroyer par une multitude de sorts ne te réjouit pas, étrangement. Mais au fond, tu ne la redoutes pas tant que cela. Tu t’en fous presque lorsque tu poses tes pieds sur les pavés dans l’ordre dont tu te rappelles. Et c’est presque une amère déception qui anime ta langue lorsqu’en fin de compte, les escaliers apparaissent. Tu montes les marches une à une, dans une lenteur exaspérante.  Chaque geste te coûte des forces qui ne t’appartiennent plus. Tu veux juste dormir, mourir. Le transplanage était de trop, et t’a coûté les restes d’énergie que tu possédais encore. Il ne t’a pas raté, hein? Tu auras besoin de temps pour te revigorer. Des pas qui claquent sur le sol avec une vitesse vertigineuse, tes réflexes amoindris par l’endroit où tu te trouves mais aussi par la fatigue. Et avant que tu ne tournes la tête, avant que tu ne détermines si tu es la cible, des bras t’entourent et te serrent fort. Trop fort. La souffrance revient à l’assaut, décuplée. Les traits se tirent en un masque révélateur. Ses mots empreints d’une inquiétude ne te font même pas ressentir le besoin de le rassurer. Ilario. Souvenirs d’antan, écrasés par le bourreau. Quelques bribes, rien de plus, malgré tout le temps qui passe en sa présence. Tu ne te rappelles pas des détails de ce qui vous a réuni autrefois, mais tu gardes en toi ancrée cette sensation de bonheur absolu qu’il avait l’habitude de provoquer au niveau de ton myocarde. Maelstrom de sentiments qui appartiennent au passé, et que tu aimerais tellement retrouver. Mais tu n’y arrives pas. Et il ne te rend pas la tâche facile, avec cette sorte de distance physique qu’il instaure. C’est bon d’être dans ses bras, c’est apaisant. Tu es presque tenté de te laisser aller contre lui, de fourrer ton nez dans son cou pour apprécier la proximité qui a cet effet calmant sur toi. Mais tu ne peux pas le trahir de cette façon. Quémander une attention que tu désirerais de quelqu’un d’autre, et te servir de lui comme d’un substitut. Cela ne se fait pas. Même toi, tu ne tomberais pas aussi bas, il ne mérite pas ce traitement, il ne mérite pas ce châtiment.

Avant que tu ne profères la moindre parole, il se recule, il s’en va. Sa chaleur avec lui. C’est toi qui devais rompre le contact, pourtant tu te sens blessé qu’il ait été l’initiateur de la séparation. Le manque de lui, de son affection qui pulse dans tes veines comme une drogue inexistante. Ses bras rassurants, forts qui te procurent l’illusion de la sécurité, délicieuse et pernicieuse. "C’est rien, ça va aller." Une boule de la gorge se forme lorsque vos regards se coïncident, lorsque tu remarques l’étendue de sa détresse. Qu’il arrête donc de se faire un sang d’encre ainsi pour toi. Tu ne le mérites pas. Tu ne le mérites pas. Tu l’as oublié, tu as osé laisser le tortionnaire te le dérober de ta mémoire. Tu devrais peut-être le libérer. Ce n’est pas une bonne idée. Cette proposition qu’il te fait de prendre soin de toi. Tu ne devrais pas céder. Non, ne le fais pas. Trop tard. "Ce n’est pas important. J’ai commis une imprudence, et j’en paie les frais. Je me suis surestimé." Tu en dis déjà trop. Quelle est ce pouvoir qu’il exerce sur toi, qui t’en fait déblatérer toutes les vérités qui te concernent? Presque toutes.  "Enfin voilà, je sais pas, je crois que j’ai juste besoin de repos. Je ne sais même pas ce qui m’a atteint pour que ça fasse aussi mal." Tu t’approches néanmoins, te laissant aimanter par cette aura qu’il dégage et dont tu veux absolument pénétrer le champ d’influence. Tes doigts hésitants atterrissent sur sa joue, qu’ils caressent doucement. "Ne t’en fais pas pour moi, ça ne sert à rien, je n’en vaux pas la peine. Mais si ça peut te tranquilliser, je vais avec toi." Les extrémités se recroquevillent, et un léger sourire vient orner tes lèvres. Il est beau, mais il est beaucoup mieux quand il sourit au lieu d’avoir cet éclair de folie coupable dans ses mirettes. Ce n’est pas sa faute, pourtant il se laisse avoir par ses démons. Mais ça, tu ne le vois pas. Tu n’aperçois que la beauté de son âme, tellement paradoxale de celle de ton Maître. Obéissant, tu n’attends même pas sa réponse pour te diriger vers la tente que tu sais sienne, redoutant un moment intime où tu te sentiras de plus en plus attiré par lui puisqu’il t’accorde de l’attention mais anticipant le plaisir infini que ce genre d’attention te vaudra.
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MessageSujet: Re: I still love you {Désirio}   I still love you {Désirio} EmptySam 5 Sep 2015 - 2:25

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C'est rien. C'est faux. Il te ment, ce n'est pas rien. Aucune blessure n'est "rien", comme il vient de le dire. À part peut-être ces écorchures que se font les enfants en tombant, lorsqu'ils apprennent encore à marcher. Mais son cas mérite toute ton attention, c'est pour cette raison que tu secoues négativement la tête. Qu'il ne te dise pas que ce n'est rien, c'est faux. Tu le sais, tu le sens. Et si tu as du mal à le reconnaître, tu restes capable de savoir quand il souffre. Lui tout particulièrement, d'ailleurs. Il te trouve peut-être collant, agaçant, ou n'importe quoi d'autre, mais c'est parce que tu t'inquiètes pour lui. Chaque nouvelle blessure que tu constates sur lui est comme un nouveau coup de poignard en plein cœur. Tu te sens mal, lorsqu'il est blessé. Parce que tu te sens responsable, coupable de ne pas avoir suffisamment veillé sur lui, corps et âme. Coupable, tout simplement. E il s'enfonce à tes yeux. Ce n'est pas important. Il s'est surestimé. Il croit qu'il a juste besoin de repos. Tu soupires, et il doit comprendre que ses propos ne font que te désespérer davantage.

Soudain, quelque chose touche doucement ta joue. Ce sont ses doigts qui viennent caresser ta peau. Et tu ne peux retenir un très léger frisson à ce contact. Il te fait toujours de l'effet, c'est indéniable, et tu sens ton rythme cardiaque accélérer à ce simple contact. Tu aurais envie de fermer les yeux, de garder sa main contre ta joue quelques instants avant de te blottir dans ses bras. Mais tu te l'interdis. Tant qu'il ne sera pas redevenu l'homme que tu aimes, il faut que tu maintiennes une certaine distance entre vous. Le temps qu'il redevienne lui-même, out du moins. Si cela se produit un jour. Tu espères, tu y crois de toutes tes forces, oui. Mais sa présence t'est douloureuse. Cela fait plus de dix mois qu'il est là, et tu as toujours l'impression de voir un étranger. C'est comme si, une fois de plus, tu avais raté quelque chose : votre relation. Tu as encore tout raté, tout perdu. Regarde combien ton cœur est fragile, regarde combien tu foires tout ce qui est réellement important à tes yeux. Et alors que tu te perds dans tes songes, envoûté par ce contact entre vos peaux, il reprend la parole. Il n'en vaut pas la peine. Un nouveau soupir t'échappe, même s'il ajoute qu'il va avec toi, si cela peut te tranquilliser.

-Désiré, tu devrais pourtant savoir que je me fais du soucis pour toi... Je m'en suis toujours fait et ça n'arrêtera pas parce que tu me le demandes...

Cela ne t'arrêtera pas. Tu tiens trop à lui pour cela. Bien trop... Tu n'as pas besoin d'insister pour qu'il te suive jusque là où tu pourras le soigner. Au contraire, il te devance, se dirigeant vers ta tente. Vous deux, seuls, dans la tente... Cette idée relance un peu ton palpitant. Vous deux, seuls, à l'abri du regard des autres... Avant, vous profitiez de ces occasions pour passer des moments de complicité comme autrefois, et plus encore. Aujourd'hui, tu redoutes ces moments, car ton cœur est mis à rude épreuve. Tu voudrais que tout soit plus simple, que tout soit à nouveau comme avant. Mais ce n'est pas le cas, et un détail vient le mettre en évidence : au lieu de suivre le jeune Perrault dans ta tente, tu cherches Kenneth du regard. Tu ne sais pas exactement pourquoi, d'ailleurs. Peut-être cherches-tu simplement son soutien, son sourire pour t'aider à reprendre courage... Et avoir envie de le gifler aussi. Il est tellement infernal quand il s'y met, il faut bien l'avouer. Cette simple pensée t'arrache un sourire amusé, et c'est suffisant pour te forcer à rejoindre la tente. Une fois à l'abri des regards, tu te retrouves face à Désiré. Seul à seul. Et tu commences à te mordiller la lèvre...

-Merci d'être venu... fais-tu, doucement.

Tu ne peux t'empêcher de l'observer et tu t'avances un peu, désireux de sentir à nouveau la chaleur de son corps contre la tienne. Mais tu t'arrêtes lorsque tu commences à esquisser un geste vers lui. Il ne faut pas. Tu t'es imposé une certaine distance, il faut donc que tu t'y tiennes. C'est pour cette raison que tu te détournes, allant fouiller un peu dans tes réserves de potions. C'est idiot, tu ne devrais pas chercher de remède avant de savoir ce qui ne va pas. Il n'empêche qu'il te manque bien des potions. Il faudrait refaire tes réserves. Tu notes mentalement cette information, avant de revenir à Désiré. Il faut que tu l'examines, il n'y a pas d'autre choix. Et pour cela...

-Il faudrait que tu te mettes au moins torse-nu... Juste pour que je puis estimer l'étendue des dégâts... Et il faudrait que tu m'expliques aussi tout ce qui s'est passé.

Pourquoi es-tu aussi mal à l'aise, Ilario ? Pourquoi te mordilles-tu à ce point la lèvre ? Tu l'as déjà vu nu. Oui, mais il a changé depuis. Physiquement, mentalement. Mais ton propre corps ne semble pas de cet avis. Tu as vraiment envie de l'attirer contre toi, de le garder dans tes bras, comme si cela pouvait l'aider à aller mieux, à le protéger. Si seulement cela pouvait suffire. Si seulement tout pouvait se résoudre d'un câlin, comme quand tu étais enfant. Un câlin suffisait à faire taire les pleurs, à apaiser les cœurs, à refermer les blessure. Et tu voudrais tant que cela suffise aujourd'hui. Mais cela n'est plus possible. Alors tu restes à distance, ton regard bleu se posant ailleurs, attendant qu'il retire au moins les vêtements du hauts afin d'avoir le maximum de cartes en main pour l'aider au mieux. C'est tout ce que tu peux faire à ce jour : l'aider au mieux...
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MessageSujet: Re: I still love you {Désirio}   I still love you {Désirio} EmptyMar 29 Sep 2015 - 19:30

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Ils veulent à tout prix te guérir, ils essaient de te faire sourire. Des efforts qui pèsent sur ta conscience, et qui dérèglent la balance. Superflus, incongrus. Ils insistent pourtant dans leur bêtise, ils persistent dans leur hantise. Leurs mots te blessent toujours, le sens caché est révélé au grand jour. Ils veulent que tu arrêtes d’être comme ça, que tu redeviennes ce que tu étais en un clin d’œil. Revenir à la vie au lieu d’être un mort, pour que s’éclipsent les remords. C’est dans une danse égoïste qu’ils t’entraînent, que la culpabilité se déchaîne. Tes pas sont maladroits, et tu n’arrêtes pas de tomber à leur grand désarroi. Et là ça empire, une déception qui va s’en ensuivre. Lorsqu’ils réaliseront enfin qu’ils n’y aucune aide qu’ils sont en mesure de t’apporter, que tu es l’éternel châtié. Et le pire d’eux tous, c’est Ilario. Ilario le beau, Ilario le sot qui ne réalise pas que Désiré n’est plus, qu’il n’existe plus. Tu vois les démons qu’il combat, partagé entre devoir et embarras. Tu te remémores encore le rejet que tu as essuyé, lorsque tu as voulu récupérer la proximité. L’impuissance qui s’est irrémédiablement convertie en souffrance. Elle est ton lot du quotidien, et avec la réalité ton seul lien. Et même lui la cause, quand à ton bonheur il s’oppose. Quand tu essaies vraiment d’oublier, il te prive du seul moyen que tu peux imaginer. Mais peux-tu vraiment le blâmer? Tu es souillé, par un autre tu as été touché. Tu hais ton propre reflet, avec toutes les nouvelles caractéristiques qu’il y a ajoutées. Déréglé, déglingué, tu es un navire qui menace de couler, malgré tous les trous que tu tentes inlassablement de combler. Tu n’expliques pas tes propres comportements, le paradoxe de tes agissements. Perdu entre deux mondes, t’efforçant de dompter une colère furibonde. L’échec est cuisant et déstabilisant. Tu le fixes, de tes grands yeux faibles, dans une détresse réelle. Il manque un pont qui vous relie, une intimité qui n’a plus lieu d’être qui vous ravit. Tu es anéanti par sa peine, et lui l’est également par la tienne. Condamnés à perpétuer les douleurs, à accentuer les rancœurs. Vous ne pouviez pas durer pour toujours, il fallait bien que la fin s’en vienne un jour. Même si tu t’accroches à en hurler son prénom, à t’en abîmer les poumons. Au final, vous avez été forcés de vous embarquer dans deux chemins différents, et vous ne pouvez plus vous retrouver conséquemment.

Tu fais irruption dans la tente, le palpitant pris par une peur latente. Tu aurais peut-être du te diriger vers un autre médicomage, le passé qui vous joint n’est pas signe de bon présage. Et il n’est pas sûr que vous restiez sages. Tu ne veux pas voir s’écrouler ses résistances, ses défiances contre son gré, à la vue de ton corps ravagé. Il a toujours été trop protecteur, trop sauveur, et cette vision pourrait être la cause de sa perdition. Un simple regard qui se perd, et elle l’envahit, la colère amère. Tu gardes tes vêtements, priant pour un événement, un imprévu pour qu’il ne s’aventure pas sous le tissu. Tu restes seul pendant quelques secondes, il est anormalement lent et tu te demandes s’il n’est pas justement pris par les mêmes démons. Tes doutes s’immiscent et grandissent. Dans les méandres de ta solitude infernale, tu perds pied dans une rêverie bancale. C’était une mauvaise idée, et tu n’as pas réfléchi à cause de ton corps exténué. Te conformant à ses désirs pour ne plus entendre ses soupirs. Et alors que tu te décides enfin à sortir pour lui dire que ça va mieux, c’est lui qui te rejoint, te faisant maudire tous les cieux et les Dieux. C’est une tempête qui s’approche et toi qui la regarde faire sans possibilité de fuir ou d’agir. Il est nerveux, tellement nerveux que tes frayeurs atteignent un seuil dangereux. "Je… Je t’en prie. Mais franchement, Ilario, ce n’est vraiment pas…" nécessaire. Son regard est inflexible, pas d’échappatoire possible. Avec une plainte résignée, tu baisses la tête, la mine défaite. Il tente d’écraser la distance entre vous avant de soudainement changer d’avis, jouant au chat et à la souris. L’exaspération est un venin qui obstrue ta gorge, tandis que tu l’observes s’éloigner à nouveau. Un cycle vicieux qui vous emprisonne, et qui vous déraisonne. "C’est celui-ci, ton lit?" Timidement, tu désignes le plus près, et te décides à t’y diriger. Sans attendre de réponse. De toute façon, quelle importance? T’asseyant calmement, tu retiens un gémissement d’inconfort, qui ne te causerait que du tort. Une bonne partie de plaisir tout ça, tu te trouves dans de beaux draps. Tes pupilles ne le quittent pas, alors qu’il s’affaire à chercher quelque chose qui ne t’aidera pas. Tu as juste besoin de repos, mais comment lui dire lorsqu’il ne t’écoute même pas? Au fond, ce n’est pas toi qu’il soigne, c’est de ses remords qu’il essaie de se délester.

"Oh… Euh…" La gêne s’installe en souveraine. Le malaise est presque palpable, tellement discernable. Tu n’es pas pudique, ou plutôt, tu ne l’es plus. Après tout ce qu’il t’a fait découvrir sur ton propre corps, après t’en avoir montré les limites par le biais de ses sorts, Zahari t’a dépouillé de ce sentiment d’intimité et de protection envers ton anatomie. Mais avec le Leonelli, c’est différent. Tu ne désires pas apercevoir une autre lueur de désespoir animer ses iris. Cela ne t’infligerait que le supplice. "Tu es sûr de tout avoir? On pourrait aller à l’infirmerie sinon. Je ne veux pas m’imposer ou te déranger." Au moins, là-bas, il y aurait d’autres individus… Mais le combat est superfétatoire, tu devrais pourtant le savoir. Inspirant lentement, tu n’expires que lorsque tu te déshabilles, n’osant pas affronter ses billes. Le bandage règne en conquérant sur le poitrail gauche, de tes erreurs étant une ébauche. Sur le reste de ton épiderme se dessinent tes épreuves en accablantes preuves. Il les voit maintenant. Il voit tout, maintenant que tu es sans vêtement. "Tu vois? On s’est déjà chargé de moi. J’ai juste besoin de dormir un peu. Et si tu insistes, de quelque chose qui pourra m’assommer pour que je n’aie plus à supporter la douleur." Nerveux, tes doigts vont se loger dans tes cheveux, les explorant sans raison. Tu les caresses, tu t’égares dans ta détresse. Puis tu te noies dans son affliction, tu coïncides avec sa consternation. "Eh… ça va. Ce n’est pas aussi grave que ça ne paraît. Je me suis juste pris un maléfice parce que j’ai baissé ma garde, c’est tout. Et les gens ne me connaissaient pas assez pour me chercher après, ils ont dû m’oublier." Fantôme invisible, tu en deviens risible. Tu t’éloignes toujours de tes comparses, les abandonnant pour tes folies éparses. Et voilà les conséquences de ton imprudence, voilà ta pénitence pour ton insouciance. "Je t’assure que les traits de mon visage ne sont tirés que parce que je n’ai dormi que très peu pendant les nuits dernières." C’est un sourire que tu lui adresses, peu sûr de toi, conscient qu’il ressortira plutôt sous la forme d’une grimace qui presse. Et comme pour confirmer tes dires, c’est un bâillement qui t’échappe et qui te happe. Tu es tellement las, tu es tombé tellement bas. Est-ce que ça te dérangerait que je tombe sur ton lit comme une masse? Je ne sais pas si je vais arriver à me traîner jusqu’au mien." L’exténuation t’a rattrapé, l’incommode s’est dissipé de ton côté. Fake it till you make it.
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MessageSujet: Re: I still love you {Désirio}   I still love you {Désirio} EmptyMer 30 Sep 2015 - 17:22

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Désir, peine, culpabilité, amour, colère. Les sentiments se bousculent en toi et te rendent hésitant. Tu as peur de te retrouver seul avec lui, seul avec ce garçon que tu aimais autrefois, avec lequel tu t'isolais à la première occasion. Aujourd'hui, que reste-t-il de lui ? Un corps torturé, une âme brisée. Il n'y a guère plus que des miettes du Serdaigle, éparpillées aux quatre vents, que tu ne parviens plus à rassembler. Alors aujourd'hui, tu as peur des têtes à tête avec lui. Chaque blessure te rappelle un peu trop celui qu'il était, celui qu'il n'est plus. Et à chaque fois, ton cœur saigne un peu plus. De l'avoir abandonné. De t'être fait prendre. Mais aussi, tu es en colère contre lui, parce que tu aurais préféré qu'il te laisse pourrir au fond d'un cachot plutôt que de se trahir, prendre le risque de se faire prendre. Mais aussi, tu as peur de le blesser, d'empirer la situation pour lui, ce que tu fais pourtant inévitablement. Tu veux maintenir une certaine distance entre vous, parce que lui céder maintenant, à tes yeux, ce serait trahir le Désiré que tu aimes toujours, du plus profond de ton cœur. Un cœur qui vacille, qui se brise un peu plus chaque jour. À quand la destruction totale ? À quand l'anéantissement du Serpentard ? Si les événements continuent à avancer à cette vitesse, tu doutes de survivre plus de quelques mois. Pas mentalement en tout cas. Où est Kenneth, le seul à comprendre ton tourment, le seul à avoir une idée très précise de la tempête qui ravage ton esprit et ton cœur ? Il est ailleurs, comme souvent lorsque tu as réellement besoin de son soutien. Tant pis, tu agiras sans lui. Tu t'es toujours relevé seul, de toute manière.

Tu retrouves donc ton ancien petit ami dans ta tente, accueilli par un joyeux glapissement de la part de ton renard. Mais tu ne lui accordes pas un seul regard, tes pensées n'étant tournées que vers le brun face à toi. Il allait faire demi-tour, il allait te fausser compagnie. Mais non, tu ne le laisseras pas se sauver. Si cela peut fonctionner avec d'autres, ce n'est pas le cas avec toi. Parce que tu es plus qu'un médicomage pour lui. Tu as été beaucoup de choses : un ami, un amant, une idylle... L'amour de sa vie, peut-être ? Par moments, tu en doutes, ne sachant plus si ses sentiments à ton égard étaient si puissants, ou simplement pas assez pour résister aux épreuves que vous avez traversées. Contrairement à ce qu'il peut avancer comme argument pour se défiler, oui, sa présence en ces lieux est nécessaire. Tu tiens à faire de ton mieux pour lui, pour qu'il aille mieux, même si tes efforts restent voués à l'échec. Peut-être devrais-tu le laisser partir. Sûrement, même. Mais tu ne veux pas abandonner. Tu l'as déjà fait une fois, tu te jures de ne pas recommencer. Bon sang, Désiré... Tu vois son regard, il a deviné que tu voulais faire un geste vers lui, pour créer un contact entre vos deux corps, pour ressentir la chaleur de l'autre, et que tu t'es finalement ravisé. Tu n'arranges en rien la situation, et tu en as conscience. Et pourtant tu continues, espérant qu'au final cela lui sera bénéfique. Fouillant dans tes potions, essayant de gagner du temps, une question brise ce silence qui commençait à s'installer entre vous. Ton lit ? Le temps de te retourner, il s'est déjà assis, et un doux sourire sincère vient, enfin, étirer tes lèvres...

-Oui, c'est le mien.

Le tien. Cette tente, tu n'en es pas le propriétaire, non. Tu la partages avec Kenneth depuis ton arrivée et Désiré le sait. Se doute-t-il de ce qui se trame sous l'épaisseur du tissu et les sortilèges ? Non. S'il savait... Tu crains sa réaction, tu ne veux pas qu'il se sente trahi, abandonné. Tu veux vous laisser une chance, lui laisser l'occasion de revenir. Il faut qu'il ait sa chance, tu refuses de le laisser partir sans t'être battu pour lui, au-delà de toutes tes forces. Il faut que tu te battes pour lui, parce qu'il le mérite. Alors tes sentiments, tu fais de ton mieux pour les enfermer à triple tour au plus profond de ton cœur. Il n'a pas besoin de voir tout cela, il est déjà suffisamment brisé. Quel entêté es-tu, Ilario. Tu ne fais que penser à lui, encore et toujours, t'oubliant bien trop. Tu devrais penser à toi, mais tu n'en fais rien. Parce qu'il est plus important que toi. Sur ces quelques pensées, une requête franchit la barrière de tes lèvres : qu'il se mette torse-nu et t'explique ce qui lui est arrivé. Aussitôt, le silence se fait dans la tente, tu es mal à l'aise, n'osant imaginer ce que tu vas trouver sur son corps, cette fois. Tu ne te rappelles que trop bien du jour où vous l'avez récupéré, du jour où tu l'as soigné, où tu as pu constater son état déplorable. Cette vision te hante encore, même après un an. Une fois de plus, il essaye de se défiler. Si tu es sûr de tout avoir ? Tu secoues un peu la tête.

-Je ne pourrai pas savoir de quoi tu as besoin, tant que je n'aurai pas pu voir ce que qu'il y a à soigner. Je ne vois pas à travers les vêtements tu sais, même si ça pourrait être bien pratique parfois.

Contre toute attente, une touche d'humour t'échappe, spontanée, ridicule. Cela n'arrive plus si souvent qu'avant, mais cela reste tout de même assez régulier. Tu sais que le jour où tu ne plaisanteras plus, tu seras bon pour la casse. Allez, il s'exécute, laissant tomber le haut, et toi tu t'approches, déglutissant difficilement. Un bandage masque son poitrail gauche, masquant à tes yeux sa peau et ses blessures. Cela ne t'empêche pas de pâlir un peu. Une fois de plus, il est blessé, et ses propos ne parviennent pas à te rassurer. Pour une fois, tu voudrais pouvoir voir ce qu'il y a de l'autre côté de ses bandages. Tu en as besoin. Et pourtant tu ne dis rien, le regard perdu sur son corps meurtri. Il y a toutes les anciennes marques... Tu te détestes. Tes dents se referment un peu sur ta lèvre inférieure, la malmenant sans pitié. Que s'est-il passé, pour qu'il ait besoin d'autant de bandes ? Il tente de te rassurer, vainement. Un mot capte ton attention, la retient toute entière, éclipsant tout le reste. Maléfice. Non. Non, c'est hors de question que tu restes là les bras croisés alors qu'il a subi cela. Tu ne te souviens que trop de ce qu'il s'est passé, peu avant ton entrée à Poudlard. Cela ne doit plus jamais se produire. Cela ne se reproduira plus jamais. La colère gronde aussi dans ton esprit. Contre lui, contre toi, contre les autres insurgés. Contre lui parce qu'il est bien trop imprudent depuis son retour. Contre les autres parce qu'ils devraient faire plus attention à l'un des leurs. Et contre toi, parce qu'au milieu de ce champ de bataille, tu es totalement impuissant. Il t'assure n'être que fatigué. Il te l'assure. Tu n'arrives pas à le croire. Son sourire devrait te faire fondre, t'empêcher de réfléchir correctement. Mais ton cœur bat difficilement, dans ta cage thoracique.

-Si tu le dis... fais-tu, doucement...

Mais l'inquiétude fait vibrer ta voix, traîtresse. Maléfice. Le mot tourne encore et encore dans ton esprit. Maléfice. Non, tu refuses. Pas lui, il n'a pas le droit. Ce mot te fait paniquer, presque à t'en faire perdre tes moyens. Il faut que tu te reprennes, sinon tu seras bel et bien incapable de le soigner. Il faut que tu sois calme, détendu et détaché, ce n'est qu'à ces conditions que tu pourras faire correctement ton travail. Alors tu te fais violence, refoulant ton inquiétude et ta douleur, le regardant bailler. Effectivement, il a l'air bien fatigué. Comme la plupart d'entre vous. Toi aussi, tu aurais bien besoin de repos. Mais tes patients passent avant tout. Tes amis, surtout. Et lui... Lui qui était tellement plus... Il veut dormir ici, dans cette tente, sur ton lit. Autrefois, tu lui aurais simplement sauté dessus pour l'empêcher de s'en lever, pour le garder avec toi, contre toi. Aujourd'hui, tu te contentes de hocher la tête, lâchant une réponse simple. « Bien sûr que tu peux. Tu es chez toi ici... » Tu en connais un qui ne serait peut-être pas tout à fait de ton avis, mais tant pis. Il veut dormir. Et toi, tu veux le soigner. Hum. Il y a sans doute un compromis possible, mais dans ce cas, il faut que tu sois sûr qu'il dorme profondément, et qu'il ne se réveillera pas trop tôt. S'il a besoin de sommeil, tu as ce qu'il faut pour cela. Lui faisant signe d'attendre, tu retournes fouiller dans tes potions, un peu nerveux. Tu sais qu'il t'en reste au moins deux flacons. C'est un peu la même potion qu'à l'infirmerie de Poudlard, celle qui fait dormir d'un sommeil sans rêves, réparateur, avec un effet antidouleur. Au bout d'une minute, tu mets enfin la main sur la fiole bleue et la lui apporte. Ta main se tend, le laissant s'emparer de cet objet qu'il a, indirectement, demandé.

-Tiens, bois-ça. C'est un somnifère couplé à un analgésique. Ça devrait pouvoir t'aider à te reposer correctement, au moins quelques heures...

Il en a besoin, oui, tu le vois. Même si tu continues à penser qu'il irait bien mieux si ses blessures disparaissaient. Enfin, bien sûr qu'il irait bien mieux sans, c'est évident. Mais pour cela, il te faut du temps pour t'occuper de lui. Tu le regardes avaler le liquide – qui n'a pas bon goût, bien évidemment – et tu calcules mentalement la durée de son sommeil. Plus il en avale, et plus le somnifère agira rapidement et longtemps. Lorsqu'il te rend la fiole, tu lui adresses un doux sourire avant de te détourner quelques instants, allant la reposer plus loin, avec d'autres déjà entamées ou vides. Puis tu attends. Le sommeil le gagne, mais ton cœur reste aussi douloureux. Il vibre, te pousse vers lui, te dit de faire un pas en avant, pour lui, pour toi, pour vous. Tu ne veux pas, il est déjà suffisamment blessé. Il ne faut pas. Et pourtant, quand sa conscience commence à sombrer, quand tu le sens prêt à se laisser aller entre les bras de Morphée, tu viens à ses côtés. Pendant une seconde, ton regard se perd dans le sien, nostalgique. Puis tu t'avances, et tes lèvres se déposent sur son front en un tendre baiser. La chaleur de sa peau te fait un bien fou. Tu voudrais tellement plus, et pourtant tu te recules très légèrement.

-Repose-toi bien... souffles-tu, chaque mot venant doucement caresser sa peau.

T'a-t-il entendu ? Tu ne saurais dire. Peut-être que oui, peut-être que non. Qu'importe de toute manière. Tu as eu un instant de faiblesse, cela arrive parfois, il ne faut pas culpabiliser pour si peu. Tu te relèves plutôt et t'éloigne un peu, décidant de ranger un peu le bazar qu'il y a dans ta tente. Tu mets les fioles vides d'un côté pour les nettoyer, celles contenant encore un peu de potion sont remises dans une partie bien précise de ton étagère. Et lorsque tu es satisfait, tu te retournes vers le jeune homme endormi sur ton lit. Désiré, pauvre Désiré. Votre amour vous aura détruit. Après tout, les contes de fées n'existent que dans les livres, jamais ils n'arrivent dans la réalité. Tu espérais pourtant avoir l'occasion de le rendre heureux. Espoir arraché par la guerre et les années de torture. Aujourd'hui, tu peines à croire que tu es encore capable de le faire sourire sincèrement, que tu peux l'aider en quoi que ce soit qui ne soit pas purement physique. Tu veux y croire pourtant. Enfin.

Tu reviens à ses côtés, le regardant dormir paisiblement. Des doigts viennent caresser sa joue, se perdre dans ses cheveux en un geste tendre que tu ne te permets plus lorsqu'il est éveillé. Il te manque tellement. Ton cœur rate un battement, puis deux. Tu aimerais l'embrasser. Qui le saurait ? Personne, à part ton renard qui de toute façon ne dira rien. Tu pourrais te permettre un nouvel instant de faiblesse, puisque l'information ne serait connue que de toi. Mais tu sais que cela ne ferait qu'accentuer ton malaise à son réveil, alors tu t'en gardes bien, laissant encore quelques instants ta main dans ses cheveux. Si doux. Tu aimais les décoiffer, perdre tes doigts entre les mèches... Mais bien vite, le devoir du médicomage reprend le dessus. Alors tu lui retires ses bandages, avec toute la douceur dont tu es capable, et observes les dégâts laissés par le maléfice. Ton cœur bat à tout rompre mais ton regard ne laisse rien passer. Tu ne te laisseras pas déstabiliser. Mentalement, chaque entaille est répertoriée, tu te permets de l'examiner comme bon te semble, essayant de déceler le moindre maléfice qui pourrait l'affecter sur le long terme. Et finalement, il semblerait que ce ne soit pas trop grave. Cela ne t'empêche pas d'aller chercher quelques potions et un calepin recouvert de notes en runique. Durant la demi-heure qui suit, tu enchaînes les sortilèges, les potions et quelques sortilèges bien plus complexes. Une entaille fait bien vite son apparition sur ton bras, étant donné que ton propre sang doit servir d'encre pour inscrire des mots sur son corps, dans ce langage uniquement compris des maîtres des runes. L'exercice est long, réclame beaucoup d'attention de ta part et surtout puise dans tes réserves magiques, mais lorsque c'en est fini, tu n'es pas mécontent. Ses blessures sont refermées, il ne gardera aucune trace, ce n'était pas trop grave. Tu termines par retirer les marques laissée par ton sang sur sa peau, peu désireux qu'il soit en mesure de deviner quelles méthodes tu as employées, déposes ensuite une couverture sur lui et enfin tu te laisses tomber dans une chaise posée juste à côté du lit, à bout de forces. Teine saute sur tes genoux et s'y installe sans la moindre gêne. Il sait que tu ne diras rien. Fatigué, tu observes à nouveau le garçon endormi. Tu n'as pas vue la marque sur son torse, mais tu l'as sentie. Zdravko. Il y a certaines marques que tu ne peux faire disparaître, encore moins quand elles prennent racine dans l'esprit. Tu voudrais tant l'aider...

Doucement, ton esprit s'évade, ton corps s'accorde un repos bien mérité. Mais tu restes en éveil, l'observant du coin de l'œil tandis qu'une main reste posée dans le pelage du renard aux couleurs du feu, l'autre l'étant instinctivement sur le lit, caressant de temps en temps celle de Désiré. Un soupir t'échappe, et tu te laisses envahir par les souvenirs. Désiré et ce regard qu'il posait sur toi. Désiré et son amour. Désiré qui t'exaspérait à toujours rester dans ses livres, au point que tu devais les lui voler pour le forcer à sortir. Désiré qui brise petit à petit ton cœur et ton esprit. Désiré. Son prénom tourne dans ton esprit, douce et douloureuse berceuse. Si vous n'étiez pas ensemble lorsque tu t'es fait attraper, aurait-il pris la peine de briser sa couverture ? Auriez-vous été amis si tu avais refusé de l'aider, ce fameux matin dans les cachots ? Tu ne sais pas. Personne ne saura jamais. Tu restes prisonnier de tes sentiments pour lui, prisonnier de ta culpabilité, de ta tristesse. Tu saignes pour un garçon qui est mort et que donc, peu importe comment tu t'y prendras, tu ne pourras pas faire revenir à la vie. Il serait grand temps d'ouvrir les yeux et de passer à autre chose. Mais lorsque tu ouvres les yeux, c'est pour le voir lui. Lui qui s'est réveillé alors que ton esprit était absent. Surpris, déstabilisé, tes prunelles disparaissent plusieurs fois sous tes paupières avant que l'information ne monte au cerveau. Et à cet instant-là, récupères vivement ta main et la glisses dans tes cheveux, à nouveau nerveux.

-Oh, pardon. J'avais pas vu que t'étais réveillé... Je... Ça fait longtemps ?

Tu aurais préféré qu'il reste endormi. Tu as honte de toi. Honte de t'être fait surprendre à glisser tes doigts sur sa main, ta peau caressant la sienne en un contact à la fois électrisant et rassurant. Tu devrais vraiment arrêter de t'accrocher. Mais, obstiné que tu es, tu ne lâcheras pas si facilement l'affaire. Malmenant à nouveau ta lèvre inférieure, tu te relèves de la chaise, obligeant le canidé à retourner sur le sol. Tu es un idiot irrécupérable. Ne parle plus, si ce n'est pour tenir des propos dignes d'un médicomage. Ne le touche plus, si ce n'est pour le soigner. Tu devrais t'en tenir à ces deux règles mais ton cœur, ce traître, n'est pas d'accord avec ta raison. Tu te retournes tout de même vers lui, inquiet.

-Est-ce que tu te sens mieux ? Tu t'es suffisamment reposé ?

Tu ne comptes pas lui dire ce que tu as fait pendant qu'il dormait, il s'en rendra compte bien assez tôt. Tu veux juste t'assurer qu'il va mieux que lorsqu'il a mis les pieds dans cette tente. Tu veux qu'il se sente mieux. Tu n'aspires à rien d'autre, à ce jour. Le monde pourrait bien s'écrouler, tu sais que tant qu'il sera debout, tu le seras aussi. Pour lui.
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