A man takes his sadnessand throws it away but then he's still left with his hands. ▬ R. Siken
« Dora !! »
Ron se fit réprimander par un Silencieux. « Shhhhh » auquel il répondit par un doigt bien tendu. Tous des emmerdeurs quand même. Avec raison cela dit. La planque (la nouvelle planque devrait-il ajouter) était excellente, bien meilleur que celle que les Audacieux avaient eu auparavant pour être honnête. Il était logique de voir les Silencieux protecteur de leur sanctuaire et à dire vrai, autant ne pas le faire capoter.
Ron Weasley cela dit avait les nerfs en pelote. A peine rentré d’une mission toute particulière avec Harry et Hermione à propos des horcruxes qu’on leur apprenait que des rumeurs parlaient d’une entreprise massive de désaveu de la part des mangemorts dans un village pas loin. Était-ce bien les mangemorts? Le souci pouvait également venir des Belliqueux après tout. Même méthodes, même façons de faire… Ron pouvait encore comprendre les désirs de violence de ces derniers: quand on avait mariné dans son jus ou la vengeance au fond de l’estomac pendant des mois voir des années, ça restait plausible, mais il comprenait moins -dans son amitié fidèle- les remontrances envers Harry. Ça le faisait cordialement sortir de ses gonds et il ne supportait que rarement d'en entendre le quart du commencement d'un centième (les maths pour les nuls ftw) en tout cas pas quand il voyait son meilleur ami s’étioler sous ses yeux à coup de culpabilité latente et de responsabilité gigantesque.
Bien sur, l’intégralité ne savait pas ni pour Voldemort, ni pour Harry. La Prophétie était tenue désespérément secrète. Harry n'était 'que' cautionnaire de la parole de Dumbledore mort 5 ans –déjà- plus tôt. Et le Daily Prophet avait bien fait son job, même parmi leurs propres rangs: un désaveu continue de l’Élu le tournant sans arrêt en gigantesque mascarade. Ça fichait en l’air Ron. Peut-être aussi parce qu’il se sentait mal de lui avoir tourné par deux fois le dos et pour des raisons stupides en plus. Crétin. De la jalousie qu'il ressentait encore parfois en petite pointe mais pour d'autre chose. Aussi stupide que cela soit, il aimait Harry et Hermione et n'avait en définitive envie de les partager avec personne. C'était ses amis. A lui.
Sauf que là, il les partageait avec des centaines d'insurgés et c'était pour la bonne cause. Mais même.
Toute ses rumeurs à propos d'un village n n’arrangerait pas leurs popularités au sein de la communauté sorcière or ils avaient besoin d’eux, de leurs accords tacites, pour renverser la vapeur de cette guerre. Cela n’arriverait pas n’est-ce-pas ? Ils avaient la terreur de l’autre côté, toujours si effective. Là encore, on parlait de criminels incarcérés par le gouvernement -des choses flous au demeurant- et il avait beau avoir demander à Fred et Bill (aucun des deux n’étant au campement même) ce qu’il en était, il n’y avait eu aucune source fiable. Rien de concret. Il avait fallu agir rapidement en conséquence et les audacieux –même les silencieux- avaient échafaudés un plan rapide. Ils commençaient à se montrer plus disciplinés d’eux-même.
Au demeurant, c’était la seule manière de l’emporter au final, et là était l’ignoble ironie : il fallait appliquer la même discipline aléatoire puisqu’individualiste des mangemorts d’en face.
Si Ron n'y participait pas, Dora (ou Emily, même si elle avait été très claire sur le fait qu’elle ne voulait pas entendre ce prénom) y était elle affectée. Des cartes distribuées avec des objectifs parfois différents mais des attentes similaires. Comprendre et agir.
« Do…ahhhh »
Ron s’écarta de devant le long tube d’aération en aluminium dur, là où un poignard se tenait bien enfoncé. Emily savait utiliser les armes blanches à la manière des moldus et c’était un sujet de fascination latent chez le benjamin des Weasley. Il valait mieux d’ailleurs parce qu’aux dernières nouvelles elle n’avait toujours pas récupérer de baguette. Il était hors de question qu’elle parte en mission encore sans.
L’effervescence avait beau courir un peu partout entre les tentes de ses camarades, Emily semblait plus concentrée sur son lancer de couteaux. Ron savait qu’elle avait été en contact prolongée également avec sa petite sœur, celle qu’il avait légèrement abandonné depuis qu’elle était revenu avec eux. Ginny ne semblait pas vouloir lui parler à vrai dire et la culpabilité rongeant Ron à son égard, il ne cherchait pas non plus à le faire.
« Dora, je sais que j’ai une tête de carotte mais évite de me découper en julienne tu veux ? » Le sourire se fit léger malgré les cernes et Ron vint –dans un geste fraternel tendre- prendre l’ex-rebut dans ses bras en guise de bonjour. « Tu sais ce qui est bizarre ? C’est que quand tu lances ça a l’air facile. La dernière fois j’ai voulu essayer, j’ai failli scalper Percy… bon peut-être j’ai fait un peu exprès…. On saura jamais. »
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