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sujet; « you and i, we were born to die. » —— MATTEO&ESHMÉ

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HOGWARTS • FEBRUARY 1990
you and i, we were born to die

Le calme apparent des couloirs de l’école était pour elle synonyme de paix. Tout le monde dormait sûrement à cette heure-ci, même les préfets. Pourtant, elle adorait se faufiler en cachette à l’extérieur de son dortoir, longer et raser les murs pour ne pas que les tableaux la voient. Baguette en main, Eshmé connaissait presque le trajet à suivre par cœur pour se rendre au lieu-dit comme trois fois par semaine depuis quelques mois. La tour d’astronomie. Elle ne venait jamais les mains vides, Matteo le savait, elle avait toujours une réserve de pâtisseries qu’elle gardait bien cacher sous son lit – bien conserver – en revenant de Pré-au-Lard. Elle les gardait, pour ces soirées où plus rien ne comptait autour d’eux, à part blaguer, rire, se moquer et monter des complots contre le monde entier. C’était leur rituel, depuis qu’ils s’étaient trouvés, par hasard. Il n’était pourtant pas son genre, trop grand, trop âgé, trop… gryffondor – quelle douce ironie alors qu’elle en aimait un sans comprendre pourquoi. Mais Matteo, c’était différent. Il était différent des autres. Il ne s’intéressait pas à elle pour être entre ses cuisses, encore moins pour s’en servir, non, il la cultivait, comme une douce fleur qui allait éclore. Comme une petite sœur complice. Les gens ne comprenaient pas, ils croyaient naïvement – et à tort – qu’ils étaient ensembles, de simples amants de plus, alors qu’au fond, c’était juste une amitié pure comme il en existait si peu à Poudlard. Tout se faisait par intérêt, même dire bonjour à son camarade. Et quand Eshmé était venue le voir la première fois, ce fut un électrochoc. Matteo serait son exception. Elle l’admirait, d’être si particulier, si joueur, si taquin, sans penser à aller plus loin à chaque fois. Et Merlin savait que parfois, parfois elle allait beaucoup trop vite en besogne dans sa manœuvre pour l’atteindre. Il avait ce respect pour elle, l’unique façon de l’avoir à ses côtés. Rien de sexuel, rien de physique entre eux, c’était juste platonique. Un sentiment réciproque d’une amitié sincère, vraie et pure. Elle n’attendait aucun amour de lui – son cœur était déjà pris, sans qu’elle ne le sache vraiment – et elle savait que de toute façon, c’était juste un jeu. Un jeu auquel ils jouaient tous deux à armes égales. Et ça lui suffisait de le savoir. Il ne demandait rien en échange et elle n’exigeait pas de lui des montagnes. Cela se faisait naturellement. Sans un mot. Sans un soupir. Comme une évidence.

Lorsqu’elle arriva en haut de la tour, elle prépara le terrain dans la petite pièce qui servait de remise et qu’elle nettoya au préalable. Par chance, elle n’était tombée sur aucun préfet, encore moins un professeur et les tableaux dormaient à point fermé. Avec sa baguette, elle fit apparaître un matelas couverts d’une couette – suffisamment grand pour deux personnes – avec une nappe pour y déposer les pâtisseries, ainsi sur des assiettes et des verres pour qu’ils puissent boire de la bièrraubeurre. C’était leur petit secret, leur petit pêché mignon, fraudé alors que leur âge ne le leur permettait pas encore. Un petit caprice pour des enfants capricieux. Aucune lumière n’était tolérée, pour éviter de se faire prendre par qui que ce soit. Cet instant leur appartenait, c’était le leur. D’ailleurs, elle avait insonorisé le périmètre autour pour éviter qu’on les entende et elle avait amené son violon en attendant. Elle ne pouvait pas rester sans rien faire. Jouer de l’instrument lui manquait beaucoup trop et de cette façon, Eshmé savait qu’il la retrouverait, car lui seul pouvait l’entendre. Il ne lui restait plus qu’à attendre qu’il arrive désormais.
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HERO • we saved the world
Matteo Grimaldi
Matteo Grimaldi
‹ inscription : 04/10/2015
‹ messages : 953
‹ crédits : odistole.
‹ dialogues : #749585
« you and i, we were born to die. » —— MATTEO&ESHMÉ Tumblr_nmeeuwE5kO1u30wp0o4_r1_250

‹ liens utiles :
‹ âge : trente
‹ occupation : tisseur de mots, journaliste, coureur de monde. à la dérive.
‹ maison : Gryffondor
‹ scolarité : 1984 et 1991.
‹ baguette : était en bois d'érable, relativement flexible, mesurait 26,8 cm et contenait un coeur de phoenix.Désormais brisée, j'ai hérité d'une baguette récupérée sur le cadavre d'un mangemort: bois de noyer noir, 32 cm, coeur inconnu, et absolument pas faite pour moi.
‹ gallions (ʛ) : 4239
‹ réputation : j'ai l'air de regretter la fin de cette guerre, que ce qui secoue ce monde nouveau paraît me révolter bien plus que les atrocités commises par le précédent gouvernement, que je suis un piètre journaliste et écrivain qui tente de percer dans un milieu qui n'a jamais voulu de lui.
‹ particularité : en plein flou.
‹ faits : j'ai soutenu la rébellion, bien que je n'ai quitté ma vie que sur le tard pour aller les retrouver, au détour de la création de la Renaissance du Phoenix ; que beaucoup n'ont pas cru à mon implication, du fait de ma naissance surtout ; que j'ai une tendance fâcheuse à commencer des choses et à ne pas les terminer ; que ma plus grande ambition est d'enfin publier un livre ; que ma fiancée est en fuite et que je n'ai aucune idée de si je la reverrai morte ou vive, offerte aux bons soins des Détraqueurs ; que la nouvelle société me répugne presque autant que la précédente, voir plus ; que je ferai sûrement tout pour ma soeur.
‹ résidence : dans le loft de la Bran Tower ou Eirene et moi vivions avant que tout ne vole en éclat. J'ai réussi à garder l'appartement par je ne sais pas quel miracle, il sert aujourd'hui à ma soeur et à mon beau-frère, Elias, parfois. En vérité je n'y suis pas souvent, je fuis l'endroit.
‹ patronus : une méduse géante
‹ épouvantard : un grand feu, l'anéantissement total de ma famille, rester seul au milieu des cendres
‹ risèd : Eirene se tenant à mes côtés, aussi heureuse qu'elle l'était à nos débuts, lorsque nous étions encore pleins de promesses et de projets fabuleux avant que tout ne soit jeté aux flammes.
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Ce matin, Matteo avait aperçu ce grand type de Poufsouffle discuter avec Eirene. Ça l'avait rendu fou. Pas qu'une innocente discussion puisse être répréhensible, non bien sûr, il était content pour elle... ce n'était jamais simple d'être dans sa position, avec tout ce qui se disait sur sa famille et sur elle-même. Mais de là à aller poser ses sales paluches sur ses cheveux blonds... Rien que d'y repenser, ça lui filait de l'urticaire. Il aurait bien aimé s'incruster dans leur conversation, voir un peu ce qui pouvait bien la faire rire à ce point, d'autant que ce bonhomme avait l'air d'un parfait imbécile. Et lui foutre son poing dans la figure pendant qu'il y était, histoire de soulager un peu sa frustration. Vraiment, il avait une tête de troll et son allure de garçon de bonne famille s'il vous plaît, c'était ridicule à pleurer ! Oui, il avait tiré la tronche toute la journée et oui, il continuait de se tenir loin d'elle comme si elle était la seule responsable de sa jalousie crasse. Ce n'était pas totalement faux d'ailleurs. Il lui en voulait un peu de ne rien avoir remarqué, d'avoir tenu la distance en réponse à son attitude. Bah. Qu'importe. La nuit était tombée depuis longtemps et les ronflements plus ou moins discrets de ses camarades emplissaient le dortoir. Matteo se leva en silence, s'habilla et quitta la salle commune le plus discrètement possible. Le portrait pivota pour le laisser passer, et il évoluait dans le noir le plus complet pour ne pas se faire repérer par un surveillant. Les tableaux avaient eu la bonne idée de s'endormir tôt, et leurs soupirs l'accompagnèrent sur tout le trajet. L'idée de retrouver Esh' lui rendait peu à peu le sourire. Si elle avait vu comme il réagissait, la jalousie peinte sur sa face, elle se serait moquée de lui. Elle lui aurait fait remarquer à quel point c'était ridicule. Parce qu'elle était comme ça, et qu'avec elle tout perdait de son importance, en dehors de son amitié. Ses pas résonnèrent dans l'escalier menant au sommet de la tour, en même temps que les notes du violon de Sternberg. Aptitude qui le sciait à chaque fois, et qu'il écouta une fraction de seconde avant de se manifester dans la pièce. Pas une seule lueur pour les éclairer, mais un lit et de la bouffe certainement volée dans les cuisines. Et. De la... bièrraubeurre. « Ah ! Magnifique ! » s'exclama-t-il en gobant tout rond une espèce de mini tarte à la citrouille. Ces elfes étaient des génies. « Tu as encore réussi à en avoir, tu es parfaite Esh. » Comme toujours. La simplicité de leur relation était une véritable bénédiction, et le soulageait de toutes les considérations grotesques qui pouvaient bien lui pourrir ses journées. Le plus étonnant était leur antagonisme, la haine que nourrissait habituellement leurs maisons respectives, qu'ils démentaient chaque jour un peu plus. Il s'avança vers elle, déposa un léger baiser au coin de ses lèvres et s'affala comme un chameau sur le matelas. « Alors ta journée ? » Entama-t-il.
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Comme d’habitude, il était à l’heure. Matteo était rarement en retard, voir jamais. Sauf à certains cours peut-être. Mais elle ne lui en tenait pas rigueur. Elle posa son violon dans sa boîte qu’elle repoussa plus loin et acquiesça le baiser sur le coin de ses lèvres. Elle rougit, dans la pénombre, comme une gamine encore timide à qui on aurait dit qu’elle était un peu trop mignonne. « Ah ! Magnifique ! » Elle comprit qu’encore une fois, l’attention lui faisait plaisir, comme toujours. C’était pourtant d’une simplicité déconcertante et elle savait que lui au moins, appréciait ces petits gestes à leur juste valeur. « Tu as encore réussi à en avoir, tu es parfaite Esh. » Elle balaya d’un geste de la main le compliment en souriant, comme pour signifier que ce n’était rien d’extraordinaire. Du moins pour elle. « Alors ta journée ? » Elle se rembrunit, perdant tout sourire et détournant la tête. Elle ne voulait pas spécialement en parler et être avec Matteo lui faisait oublier durant quelques heures les obligations que lui incombaient sa place. « Elle… elle n’était pas intéressante. En revanche, j’ai vu la tête que t’as faite pour Eirene et ce pauvre idiot. » Elle le voyait dévorer la mini tarte à la citrouille comme s’il n’avait jamais mangé de sa vie, alors qu’elle l’avait aperçu se nourrir pour quatre au dîner. « Je suis contente que ça te plaise. Toi au moins tu sais l’apprécier. » L’amertume dans le son de sa voix lui rappelait combien Cillian était une tête de mule. Une sacrée tête de mule. Mais qu’au final, c’était ce côté impétueux qu’elle aimait tant. « Et toi ta journée alors ? » Il buvait cul sec la biérraubeurre et fit un drôle de tête, comme pour montrer que c’était fort bon, surement. « Bonne, je suppose, vu ta grosse fringale monsieur le goinfre. » Elle aimait tellement la simplicité de l’instant, la pureté de ces moments éphémères que l’on finit pourtant par oublier. Mais Eshmé n’oubliait pas. Matteo était bien plus qu’un ami, moins qu’un amant. Il était juste la perfection dans le domaine amical. Un juste milieu qu’elle ne connaissait pas. Elle s’allongea sur le matelas de fortune, et regarda le plafond, songeuse. Elle était légèrement à la masse, envahie par une fatigue sourde et Morphée qui refusait de l’emporter avec lui dans les abîmes du songe. Alors, elle pensait. Elle pensait à tout et à rien, mais surtout, étonnamment, ses pensées se tournèrent vers Cillian, continuellement. « Il faut que l’on contre-attaque. Qu’on trouve un moyen pour les faire céder. » Elle se redressa brusquement comme si elle venait d’avoir l’illumination du siècle (ce qui n’était pas – enfin presque – entièrement faux). « Si la manière douce ne marche pas Matty, on devrait monter d’un cran. Tu vois, faire quelque chose de plus significatif ? » Ses yeux brillaient d’une détermination assez flippante, mais plus elle y réfléchissait, plus cela semblait logique. Faire quelque chose qui aurait son importance. Quelque chose à laquelle ils ne s’attendraient pas.
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Matteo Grimaldi
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‹ réputation : j'ai l'air de regretter la fin de cette guerre, que ce qui secoue ce monde nouveau paraît me révolter bien plus que les atrocités commises par le précédent gouvernement, que je suis un piètre journaliste et écrivain qui tente de percer dans un milieu qui n'a jamais voulu de lui.
‹ particularité : en plein flou.
‹ faits : j'ai soutenu la rébellion, bien que je n'ai quitté ma vie que sur le tard pour aller les retrouver, au détour de la création de la Renaissance du Phoenix ; que beaucoup n'ont pas cru à mon implication, du fait de ma naissance surtout ; que j'ai une tendance fâcheuse à commencer des choses et à ne pas les terminer ; que ma plus grande ambition est d'enfin publier un livre ; que ma fiancée est en fuite et que je n'ai aucune idée de si je la reverrai morte ou vive, offerte aux bons soins des Détraqueurs ; que la nouvelle société me répugne presque autant que la précédente, voir plus ; que je ferai sûrement tout pour ma soeur.
‹ résidence : dans le loft de la Bran Tower ou Eirene et moi vivions avant que tout ne vole en éclat. J'ai réussi à garder l'appartement par je ne sais pas quel miracle, il sert aujourd'hui à ma soeur et à mon beau-frère, Elias, parfois. En vérité je n'y suis pas souvent, je fuis l'endroit.
‹ patronus : une méduse géante
‹ épouvantard : un grand feu, l'anéantissement total de ma famille, rester seul au milieu des cendres
‹ risèd : Eirene se tenant à mes côtés, aussi heureuse qu'elle l'était à nos débuts, lorsque nous étions encore pleins de promesses et de projets fabuleux avant que tout ne soit jeté aux flammes.
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« Elle… elle n’était pas intéressante. En revanche, j’ai vu la tête que t’as faite pour Eirene et ce pauvre idiot. » Matteo leva les yeux au ciel, grimaça d'une manière très significative. Comment avait-elle pu s'en apercevoir alors qu'il ne se souvenait pas de l'avoir vue une seule fois, pas même au détour d'un couloir ou d'une salle de classe de la journée ? Effectivement, il s'était montré plutôt renfrogné et renfermé, mais il ne pensait pas avoir été aussi asocial. Inquiétant. « Sérieusement, il sort d'où, lui ? Qu'est-ce qu'il lui voulait ? Je t'assure, si j'avais pu... » il laissa sa phrase en suspens, qui demeura infinie mais très explicite. S'il avait pu, il serait allé hurler à la face de ce nigaud une bonne fois pour toutes. S'il avait pu, il serait allé manifester son mécontentement auprès de la principale concernée au lieu de bitcher dans leur dos. « Merde. Je parle comme une vraie fille, tu me contamines Esh', tu fais ressortir le pire de moi » lança-t-il en riant franchement. Elle lui donna un coup à l'épaule en réponse. « Je rigole. Tu es un rayon de soleil, tu le sais bien. Regardes, tu as tout fait alors que je suis venu les mains vides, une fois de plus. » Son ton était à la fois moqueur et sincère. Les grandes embrassades, tout ça, très peu pour lui. Mais il s'était bien aperçu du changement d'expression de son amie lorsqu'il lui avait demandé des nouvelles de sa journée à elle. « Je suis contente que ça te plaise. Toi au moins tu sais l’apprécier. » Il la regarda. Décidément, ils étaient deux à en avoir gros sur le cœur. « Qu'est-ce qu'il y a ? Qui est assez débile pour ne pas l'apprécier ? C'est Cilian ? Cette enflure ne te mérite pas si tu veux mon avis. » Il appuya ses propos d'un haussement d'épaules, alors qu'il enfournait un mini-éclair au café. En vérité il ne connaissait pas bien le Cilian en question, pas en dehors des anecdotes qu'il glanait auprès d'Eshmé. Et lorsqu'il en entendait parler, c'était rarement pour de bonnes raisons ; à force, il s'était fait l'image d'un monstre pédant et manipulateur. Et qui blessait son amie ne récoltait que son mépris. « Et toi ta journée alors ? » Eshmé dévia la conversation sur lui, comme elle savait si bien le faire.  « Bonne, je suppose, vu ta grosse fringale monsieur le goinfre. » Il émit un bref rire. « Nulle. Mais tu sais très bien pourquoi, puisque tu l'as vu. » Ou peut-être qu'à ses yeux c'était trop insignifiant pour gâcher une journée. En y repensant, c'était vraiment idiot de se monter le bourrichon pour si peu. Avec du recul il commençait à oublier, et même à en rire. Eshmé se leva, s'allongea sur le matelas de fortune à ses côtés. « Il faut que l’on contre-attaque. Qu’on trouve un moyen pour les faire céder. » Il s'immobilisa, se tourna un peu plus vers elle, surpris par son ton songeur, marqua un recul quand elle bondit de nouveau comme un diable sortant de sa boite. « Si la manière douce ne marche pas Matty, on devrait monter d’un cran. Tu vois, faire quelque chose de plus significatif ? » Les sourcils se froncèrent. « Wow. Attends, de quoi tu me parles ? Je ne te suis plus. » L'imagination fertile d'Eshmé semblait avoir fait germer une idée particulièrement réjouissante dans son esprit fantasque. Il avait toutes les raisons d'avoir peur de l'entendre. Lui était perdu. « D'abord racontes-moi ce qu'il t'a fait pour te mettre dans de tels états ! Tu sais bien qu'il suffit d'un signe de ta part pour que j'aille lui casser les dents s'il t'a fait quoi que ce soit de mal. » Et il ne blaguait qu'à moitié. « Monter d'un cran... Mais, par rapport à quoi ? » Le faciès dérouté de Matteo devait valoir toutes les peintures de ce château, lorsqu'il lui demanda ça.
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Eshmé savait que si elle ne faisait rien pour attirer réellement son attention, jamais Cillian ne comprendrait ce qu’elle ressentait pour lui. Cependant, elle-même ignorait ce que c’était. La seule chose dont elle fut sûre, c’est qu’il l’agaçait, primo. Deuxio, il était insupportable, mais attachant – un peu trop. Et tertio… tertio, elle crevait d’amour pour lui sans comprendre ce que ce sentiment pouvait être. Matteo lui, en revanche, avait accepté l’idée quant à Eirene. Mais pour Eshmé, c’était encore un long combat avant de pouvoir l’admettre. « Wow. Attends, de quoi tu me parles ? Je ne te suis plus. » Son cerveau fusait d’idées toutes plus loufoques et wtf les unes que les autres. Certaines étaient pourtant plaisantes, si ce n’était plus. Mais peut-être qu’elle devait juste acquiescer l’échec, ne pas continuer à s’acharner sur une cause qui était perdue. Eshmé ne pensait pas seulement à elle, elle en avait assez de voir son ami dans des états avancés de colère et de tristesse qu’elle seule pouvait comprendre. Non pas que ça lui pesait, mais entre amis, on ne s’aidait pas généralement ? « D’abord, racontes-moi ce qu’il t’a fait pour te mettre dans de tels états ! Tu sais bien qu’il suffit d’un signe de ta part pour que j’aille lui casser les dents s’il t’a fait quoi que ce soit de mal. » Elle souriait, comme une idiote, les yeux perdus dans le vague. Il n’avait rien fait, sauf bafouer sans le savoir ses sentiments, continuer de la taquiner sans vraiment réaliser l’étendue des dégâts. Il agissait comme un ado de son âge. Et elle regardait, d’un regard tellement triste et dévastée ce qu’elle subissait sans le comprendre qu’elle préférait encore penser que ça n’était qu’innocent. Elle l’aimait, de toutes les fibres de son être, mais elle ne l’assimilait pas, elle n’y arrivait pas. Parce que ça n’était pas le même amour de Matteo pour Eirene, donc ça ne pouvait pas être pareil n’est-ce pas ? C’était si différent… si contraire. « Monter d’un cran… Mais par rapport à quoi ? » Dans un geste impulsif et complètement idiot, elle l’embrassa. Maladroitement, une main sur sa joue, tremblante, comme si c’était la première fois qu’elle devait affronter ses démons. Oui, car Eshmé, la miss rigide et sainte nitouche en était réellement une. Elle supposait, simplement, la plupart du temps, que les choses se passaient ainsi, ou comme ça. En théorie. En pratique… c’était une autre histoire. « Je… Je suis… Je suis désolée. » Elle balbutia, gênée, lorsque ses yeux croisèrent ceux de Matteo interloqué. Tu n’es qu’une imbécile. « Je ne voulais pas… Mais tu m’as demandé ce à quoi je pensais, ce fut inopiné. Mais tu sais à quel point je suis… spontanée. Je crois que tu es le seul avec qui je n’ai réellement pas honte Matty. » Elle se sentait quand même un peu maladroite, stupide. Pourtant, elle savait qu’elle pouvait tout lui dire sans être jugée, encore moins prise à parti. Et c’est pour ça qu’elle l’avait embrassé. Sans doute parce qu’elle en espérait plus dans un domaine aussi flou et inconnu que celui-là. La barrière qui les séparait était si mince pourtant. « Apprends-moi ce que je ne sais pas. Apprends-moi. S’il te plait. » Qu’elle susurra contre ses lèvres, aguicheuse et sournoise.
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Il a les yeux ronds comme des soucoupes, le teint qui vire au rose soutenu et ce regard qui hurle, paniqué, MAIS QU'EST CE QUE TU VIENS DE FAIRE ESH ? Sa voix ne suit pas, et il se terre, muet, dans sa surprise.  « Je… Je suis… Je suis désolée. » « ... »  « Je ne voulais pas… Mais tu m’as demandé ce à quoi je pensais, ce fut inopiné. Mais tu sais à quel point je suis… spontanée. Je crois que tu es le seul avec qui je n’ai réellement pas honte Matty. » Alors, qu'il remette les choses dans l'ordre. À quoi répond-elle, déjà ? Il ne sait plus, les rares secondes égrenées ont suffi à le perdre, un baiser inopiné pour couronner le tout. C'est idiot, ce qui le pétrifie dans le fond, ce n'est rien de plus que cette phrase qui tourne en rond dans son esprit, qui veut lui dire que, mais en fin, toi et moi, ce n'est pas ça, ça ne l'a jamais été ! Eshmé, c'est son amie, de ces connaissances auxquelles il tient le plus ici, en dehors de Kash et Tommy. Et pour lui tout était clair, limpide, dans cette relation bon enfant. Et si elle brisait tout en attendant plus que ça ? Mais non. Impossible ! Il sait bien qu'il y a Cillian qui occupe son esprit, hante ses nuits et la rend aussi désagréable que triste (ce qu'il peut le détester pour ça d'ailleurs, cet inconnu). Et Eshmé sait bien qu'il y aura toujours Eirene en travers de son chemin, à obscurcir le sourire des autres filles, ternir leur beauté et rendre fade leurs jolies particularités. Eirene a cette étrangeté que les autres n'ont pas, Eirene a cette grâce qui les surpasse toutes. Et malgré ça, Eshmé parvient encore à se frayer un chemin jusqu'à son cœur, imposer son amitié comme une chose existentielle, indispensable. Il pince les lèvres, le cœur affolé, qui s'abat à un rythme désordonné contre sa poitrine tandis que la brune s'approche de nouveau et murmure contre ses lèvres, exquise :  « Apprends-moi ce que je ne sais pas. Apprends-moi. S’il te plait. » « Ce que tu ne sais pas... » souffle-t-il, un peu perturbé par cette proximité nouvelle. Ou sont passées les limites acceptables, où sont passées leurs habitudes rassurantes ? Par Merlin... « Honnêtement je ne crois pas que tu aies grand chose à apprendre, Esh. » Elle est jolie, sensuelle. Et elle a bien moins besoin de conseils que ce qu'elle a l'air de penser... Si elle n'était pas son amie, il aurait été sensible à son charme. Il le sait pertinemment, sans doute qu'elle aussi ; mais ce n'est pas le cas, et il ne ressent à son égard que cette vile inquiétude qu'il continue d'éprouver pour elle. Ses doigts enserrent les siens. « Attends, je ne te suis toujours pas. Qu'est-ce qu'il t'a fait ce maudit Cillian ? Pourquoi tu ne veux rien me dire ? Pourquoi tu as le sentiment d'avoir besoin de contre-attaquer ? Ou veux-tu en venir ? Est-ce que tu crois que t'afficher avec moi t'aiderait en quoi que ce soit ? » Il fronce les sourcils en posant toutes ses questions. Non pas que ça le gênerait de lui rendre ce service. À la condition d'être certain de ne pas omettre un détail important, qui changerait tout, en faisant ça. Il imagine la tête d'Eirene s'il osait. Peut-être qu'elle comprendrait pourquoi ça l'ennuie de voir ce maudit blond lui tourner autour.
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Il veut savoir, elle veut lui dire. Lui expliquer. Mais les mots ne sortent pas d’entre ses lèvres, ils se meurent dans sa gorge, lui brûlant la langue. Elle le veut pourtant, mais rien n’y fait. Alors elle baisse la tête, gênée, se traitant d’idiote mille et une fois, pour être sûre de comprendre sa propre bêtise. Et elle sent Matty enserrer ses doigts entre les siens. Elle les sent la maintenir, là, à proximité. Un peu trop près, un peu trop proche. Et elle est tentée de recommencer, de regoûter à ses lèvres même si ça ne signifie rien. Même si ça n’est rien de bien grave, selon elle. « Cillian… elle se tait, marque un temps d’arrêt avant de reprendre, Cillian n’est qu’un pauvre crétin qui ne voit rien. Ou alors c’est moi qui ne comprends pas où il veut en venir. » Elle tente de remettre ses idées en place, de se remémorer ces moments où il avait tenté de l’approcher, de manière bourrue, mais au moins, il avait essayé. Et qu’elle, qu’avait-elle fait, à part le repousser parce qu’elle n’y arrivait pas, parce qu’elle ne pouvait pas espérer autre chose que son indifférence ? « Je crois… je crois qu’il essaie de me courtiser, mais que je n’arrive absolument pas à comprendre pourquoi moi. Ou alors, il joue avec moi et la seule chose que je fais, c’est fuir. Fuir parce que je ne saisis pas ce que je ressens pour lui… » Elle relève la tête vers Matty, ses yeux plongeant dans les siens. Elle délaisse l’une de ses mains pour caresser ses lèvres, et ce sourire… ce sourire un peu béat qu’il a toujours quand il sait qu’au fond, il suffirait juste qu’elle cesse de lutter par peur de l’abandon. Elle se mord la lèvre, posant son front contre le sien et la main précédemment sur ses lèvres va dans son cou pour le tirer à elle. « J’envie… j’envie Eirene d’être aimée comme ça. D’être désirée de cette façon et de t’avoir, même si elle ne voit absolument rien. » Comme moi, se retint-elle de lui dire. Mais son idée pourtant n’était pas de s’afficher avec Matty, mais plutôt d’être un peu plus proche de lui. Plus proches qu’ils ne l’ont jamais été, plus proches qu’ils n’y ont jamais songé. Jouer sur l’ambiguïté et les rumeurs pour que cela fasse le reste. Pour qu’Eirene et Cillian voient de leurs yeux ce qu’ils ratent à ne pas affronter la vérité en face. Eshmé faisait suffisamment confiance à Matty pour savoir qu’il ne ferait rien contre son gré, qu’il ne le ferait pas sans en mesurer le pour et le contre. Alors elle le rassure, car sa détermination est sans faille. Son regard brille d’une lueur mutine. « Je sais que tu es le seul garçon qui ne me traitera jamais comme un vulgaire coup d’un soir. Je sais que tu es le seul qui me traite réellement avec respect. La seule chose que je veux, c’est… Elle n’ose pas, toujours pas le lui dire clairement. Je veux juste que l’on scelle une sorte de pacte. Que cela soit notre arme pour qu’ils ouvrent les yeux tous les deux. Je suis prête à m’offrir à toi pour y arriver. Parce que j’ai suffisamment foi en toi pour savoir que tu ne feras rien qui me blessera. Si cela peut te rassurer Matty, tu es et resteras mon meilleur ami, je n’ai aucunement envie de te voler à Eirene. » Elle laisse échapper un petit rire enfantin. Cristallin. « Deal ? » Qu’elle dit contre ses lèvres, à quelques millimètres, pour qu’encore une fois, il ose lui cette fois de nouveau l’inviter à ce jeu, le leur, futile, contradictoire.
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