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sujet; carry me in my burden (Annatteo) (post event 5)

HERO • we saved the world
Matteo Grimaldi
Matteo Grimaldi
‹ inscription : 04/10/2015
‹ messages : 953
‹ crédits : odistole.
‹ dialogues : #749585
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‹ liens utiles :
‹ âge : trente
‹ occupation : tisseur de mots, journaliste, coureur de monde. à la dérive.
‹ maison : Gryffondor
‹ scolarité : 1984 et 1991.
‹ baguette : était en bois d'érable, relativement flexible, mesurait 26,8 cm et contenait un coeur de phoenix.Désormais brisée, j'ai hérité d'une baguette récupérée sur le cadavre d'un mangemort: bois de noyer noir, 32 cm, coeur inconnu, et absolument pas faite pour moi.
‹ gallions (ʛ) : 4223
‹ réputation : j'ai l'air de regretter la fin de cette guerre, que ce qui secoue ce monde nouveau paraît me révolter bien plus que les atrocités commises par le précédent gouvernement, que je suis un piètre journaliste et écrivain qui tente de percer dans un milieu qui n'a jamais voulu de lui.
‹ particularité : en plein flou.
‹ faits : j'ai soutenu la rébellion, bien que je n'ai quitté ma vie que sur le tard pour aller les retrouver, au détour de la création de la Renaissance du Phoenix ; que beaucoup n'ont pas cru à mon implication, du fait de ma naissance surtout ; que j'ai une tendance fâcheuse à commencer des choses et à ne pas les terminer ; que ma plus grande ambition est d'enfin publier un livre ; que ma fiancée est en fuite et que je n'ai aucune idée de si je la reverrai morte ou vive, offerte aux bons soins des Détraqueurs ; que la nouvelle société me répugne presque autant que la précédente, voir plus ; que je ferai sûrement tout pour ma soeur.
‹ résidence : dans le loft de la Bran Tower ou Eirene et moi vivions avant que tout ne vole en éclat. J'ai réussi à garder l'appartement par je ne sais pas quel miracle, il sert aujourd'hui à ma soeur et à mon beau-frère, Elias, parfois. En vérité je n'y suis pas souvent, je fuis l'endroit.
‹ patronus : une méduse géante
‹ épouvantard : un grand feu, l'anéantissement total de ma famille, rester seul au milieu des cendres
‹ risèd : Eirene se tenant à mes côtés, aussi heureuse qu'elle l'était à nos débuts, lorsque nous étions encore pleins de promesses et de projets fabuleux avant que tout ne soit jeté aux flammes.
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Carry me in my burden
I want to pull away when the dream dies
The pain sets in and I don't cry
I only feel gravity and I wonder why
(15 septembre 2002)


Il avait failli la perdre. Ces enfoirés avaient violenté sa sœur, la chair de sa chair, son âme jumelle dans ce monde pourrit jusqu'à l'os. Constat affligeant, terrifiant. Il avait failli la perdre, elle aussi. Enragé, furibard, Matteo se trouvait aux prises avec la violence de ces émotions courantes chez lui depuis que Tessa était morte, sans savoir pour autant les gérer correctement. Il contractait spasmodiquement les mâchoires, semblant mâchonner sa colère, qu'il ne pouvait décemment pas extérioriser autrement en présence de la formation grouillante que représentait les soigneurs de Sainte Mangouste. Il avançait lentement, se retournait de temps en temps vers Anna qui faisait de son mieux pour parvenir aux étages sans trop souffrir de ce voyage. Peut-être qu'il lui demandait trop, peut-être qu'ils auraient du rester dans sa chambre. Simplement, les chambres aseptisées le rendaient malade. Pour son propre confort, il avait préféré proposer à sa sœur une sortir au salon de thé du dernier étage de l'établissement. L'ancien poste d'Anna en tant que soigneuse leur avait permis après quelques brèves négociations de faire cette petite incartade au règlement strict du service. Une erreur, comprit il en voyant son teint blêmir à mesure qu'ils gravissaient les dernières marches menant au salon de thé. « Je suis désolé, on aurait du rester en bas... » Et il aurait du y penser avant, c'était bien beau de s'excuser, si elle finissait par tomber dans les pommes après cet effort malvenu, bah. Il serait le seul à blâmer. Il tendit une main à Anna, lui proposant tacitement son aide, qu'elle accepta. La fin de leur voyage sembla prendre des heures mais ils parvinrent finalement à se trouver une table à l'écart, autour de laquelle Matteo tira les rideaux insonorisés, cocon privatif nécessaire au vu de ce dont il comptait lui parler. De quoi au juste ? Merde, il s'était répété le schéma de la conversation qu'il voulait avoir avec elle, encore et encore, avant de venir lui rendre visite. Il avait oublié. Le con. Il se retrouvait comme un imbécile à la regarder dans le blanc des yeux, sans trop savoir quoi dire. Que pouvait-on dire à une sœur à qui l'on avait pas réellement parlé depuis des lustres semblait-il, qui venait de réchapper d'une attaque d'Insurgés au beau milieu d'un musée, et ce en pleine journée ? Mortifié, il songea qu'il n'allait pas être simple d'aborder ce sujet en particulier -celui des Rebels- après un tel fiasco. Il ne comprenait pas comment ils avaient pu faire montre d'autant de violence envers les visiteurs présents sur les lieux. Avait-il vraiment été nécessaire de les frapper les otages pendant qu'ils faisaient leur sale besogne ? Mâchoires de nouveau crispées, il tenta un sourire. Qui se solda en une grimace gênée. Génial.

« Oh attends. » Il se leva, commanda deux thés et se rassit face à elle, mains croisées sur la petite table. Anna semblait souffrir silencieusement de ses blessures invisibles à l'oeil. Le silence se prolongea jusqu'à ce qu'une infirmière dépose deux tasses fumantes devant chacun d'eux. Il se racla la gorge. Merlin qu'il s'en voulait de l'avoir traînée jusqu'en haut, elle avait l'air d'être à deux doigts de vomir ! Qu'est-ce que ces enfoirés avaient bien pu lui infliger ? Le choc, monsieur, elle a subi un grand choc moral, lui avait soufflé une soigneuse avec ses grands yeux stupides à l'entrée de sa chambre quand il avait demandé des précisions sur son état. Évidemment qu'elle avait subi un choc, idiote, avait-il eu envie de lui hurler à la face ! Mais au delà de ça, physiquement parlant, Matteo n'avait aucune idée de la nature de ses sévices. « Comment tu vas ? » demanda-t-il finalement, pour la première fois depuis son arrivée quelques minutes plus tôt. Le rustre s'était pointé dans sa chambre avec sa mine de douze pieds de longs, avait grommelé un bonjour qui s'était sans doute perdu dans sa barbe, après quoi il lui avait proposé gentiment d'aller boire un thé (ça avait ressemblé à quelque chose comme : « Je t'emmène en haut Anna. », vous parlez d'une proposition). Bref, la question tombait comme un cheveu sur la soupe. Il ne savait pas par ou commencer. Il ne savait rien. Il se fustigea mentalement. Toute cette préparation qui n'avait servi à quedal... Beau boulot, Matt. « Est-ce que tu t'en remets ? » Il tourna la tasse brûlante entre ses doigts. « Je n'en reviens qu'ils t'aient fait ça. Je ne comprends pas, ce n'est pourtant pas dans leurs habitudes, c'est... » ...inacceptable. Décevant. Déconcertant. Autant d'adjectifs qui conviendraient à l'incompréhension sournoise qui entoure les faits. Et qui ne font qu'accentuer sa rancœur à leur égard. Il était prêt à donner son existence pour ces Rebels. Voilà qu'ils s'en prenaient à elle. Conflit viscéral et difficile à vivre.


Dernière édition par Matteo Grimaldi le Dim 13 Déc 2015 - 15:14, édité 1 fois
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WIZARD • always the first casuality
Anna Grimaldi
Anna Grimaldi
‹ inscription : 07/06/2015
‹ messages : 1824
‹ crédits : mathy.
‹ dialogues : #e95353.
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‹ âge : trente-quatre
‹ occupation : guérisseuse au service d'infection par virus et microbe magique et co-présidente de l'association "Rosier's Disease Research Trust".
‹ maison : Serdaigle
‹ scolarité : 1980 et 1987.
‹ baguette : est en bois de charme, contient une plume de phénix et mesure 26,4 centimètres.
‹ gallions (ʛ) : 5557
‹ réputation : je suis fragile et que j'ai été manipulée par mon compagnon.
‹ particularité : occlumens.
‹ faits : je suis de sang pur, que je fais partie de la famille Grimaldi, que je suis d'origine italienne, que j'adhère aux idées insurgées mais que je me suis résolue à ne jamais les rejoindre pour le bien être de ma fille, que je suis une ancienne guérisseuse et que je sais donc comment soigner les gens de diverses pathologies, que je me défends en duel, que j'adore lire, que j'apprécie les jolies choses.
‹ résidence : dans un petit studio sur le chemin de traverse que le gouvernement a bien voulu me donner pour mon implication de guérisseuse durant la guerre. La demeure des Grimaldi à Herpo Creek ainsi que mon appartement à la Bran Tower avaient été saisis. Je dispose toujours d'une résidence secondaire et tertiaire à Brighton (maison d'été) et à Florence (terres italiennes).
‹ patronus : un lapin, patronus de Thomas
‹ épouvantard : un entassement de corps, celui de mes enfants et des êtres qui me sont chers.
‹ risèd : ma famille heureuse et recomposée.
http://www.smoking-ruins.com/t1958-anna-loooove-me
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I've been up for days,
Trying to find a way to write this confession down
Seems every line I write's a miss,
At least this I'll admit
For what I've done, I am not proud
But there's no need to pretend, no need for innocence
I've got to be honest now

Faire abstraction de la douleur, occulter la souffrance de sa mémoire, oublier le mal et la peine … Tellement, et si peu à la fois. Lorsqu’on était allongé sur un lit d’hôpital, tout semblait plus long ; pas seulement long … Interminable. Quand elle ne dormait pas, les secondes s’égouttaient au rythme des minutes, les minutes donnaient des impressions d’heures et les journées n’étaient rythmées que par les repas et la prise de ces infâmes mixtures que ses anciens collègues réalisaient spécialement pour elle. Potion anesthésiante, cicatrisante, anti-inflammatoire, antiseptique … et elle en passait. La liste de remède qu’elle devait ingérer était aussi longue que le bras, et les liquides contenues dans les fioles avaient un goût exécrable. Si elle n’avait pas été guérisseuse elle-même, et si elle avait fait partie de ces patients absolument désagréables qui ne supportaient rien, elle aurait sans nul doute retenu un guérisseur en otage pour l’obliger à mettre des extraits de citrouilles ou de rose, ou des écorces d’agrumes pour que la saveur de ces potions soit plus agréable. Elle se rappelait que ces réclamations étaient usuelles dans les services qui accueillaient des membres de l’Elite ou du prolétariat ; leur palais était trop sensible pour supporter l’aigreur ou l’acidité de ces potions. S’ils savaient seulement ce que c’était de devoir en avaler plus d’une dizaine à la suite, là où eux ne devaient en ingérer qu’une demie-fiole. Elle se mettait à la place des patients, tout autant qu’à celle des guérisseurs, et c’est pour cette raison, qu’elle constituait la patiente parfaite, celle qui souffrait comme un patient, mais qui comprenait aussi ce à quoi était confronté les guérisseurs. Elle restait calme, silencieuse, solitaire dans sa grande chambre aseptisée … Les seules visites qu’elle avait eu depuis sa sortie du musée étaient celle de son père et celle de sa cousine. Le père Grimaldi était resté une après-midi entière à son chevet, lui tenant la main et la regardant dormir – trop étourdie par le mélange des potions – comme il l’avait fait quand elle était petite. Cara, elle, n’était passée qu’en coup de vent, pour lui assurer qu’elle prendrait soin de sa fille et que tout irait bien. Il était plus simple de le dire que de le réaliser. Chiara était loin d’être complètement en sécurité avec Cara, mais pour l’instant, elle n’avait pas vraiment le choix.

Dans tous les cas, ses journées étaient désespéramment ennuyantes. Lorsqu’elle ne dormait pas, elle gardait les yeux grands ouverts, perdus dans le vide, à fixer le mur opposé et à se demander comment tout cela avait pu arriver. Ses pensées étaient trop obscurcies par ses calmants qu’elle avait du mal à réaliser l’ampleur de tout ce qu’il s’était passé mais elle savait qu’elle devait être triste, elle savait qu’elle avait mal tout au fond d’elle-même et que le maléfice que Frank Hudson lui avait lancé n’en était pas la cause … Elle se sentait horriblement coupable de la mort d’Anita ; si seulement elles n’avaient pas été là, si seulement, elle était restée collée à sa jeune protégée, si seulement, elle avait pu la sauver. Elle aurait dû se jeter sur Hudson, le mettre à terre, mais elle n’avait pas eu le cran, ni la force. Il était plus fort, plus rapide … Et voilà où elle en était aujourd’hui … Allongée sur ce lit, quasi immobile, incapable de se déplacer sans douleur, des cicatrices et des bleus sur le corps, des lésions internes invisibles et pourtant si dévastatrices. Ses réflexions diffuses la ramenaient toujours à la même question. Pourquoi les insurgés avaient-ils attaqué ce musée en faisant tant de mal autour d’eux ? Eux qui reprochaient toujours aux Mangemorts de ne pas avoir de cœur et de blesser des innocents, ils avaient pourtant fait la même chose. « Mademoiselle Grimaldi ? » Elle leva la tête vers la guérisseuse qui lui apportait son plateau de médicaments. « Déjà ? » Elle avait l’impression d’avoir bu sa série de potions il y a à peine une heure, mais ce décalage était sûrement dû à la longue sieste qu’elle venait de faire. Elle se sentait épuisée, lessivée, elle eut beaucoup de mal à lever le bras pour attraper la première fiole, mais heureusement une infirmière vint l’aider. Les uns après les autres, elle vida les flacons et les aligna en face d’elle. Avant boire la dernière qui était l’un de ces énièmes somnifères, elle appliqua une pommade sur ses coupures et remercia le personnel soignant. « Reposez-vous bien madame Grimaldi ! » Elle sourit à l’infirmière. « Appelez-moi Anna … » Elle baissa la tête vers le dernier contenant, l’ouvrit et vida le contenu dans sa bouche. Le liquide passa dans sa gorge provoquant quelques picotements, et peu à peu, elle sentit le sommeil l’envahir. Ses membres se détendirent, sa tête tomba sur le côté et elle s’endormit …

Lorsqu’elle se réveilla, quelques heures plus tard, son esprit était encore dans le flou et elle crut rêver en voyant quelqu’un à son chevet. Qui était-ce ? Ses yeux s’accommodaient aux légers rayons lumineux qui filtraient à travers les rideaux. Elle n’arrivait pas à préciser les traits de cette silhouette, mais l’odeur qui chatouillait ses narines lui rappela quelque chose. Elle fouilla tant bien que mal dans sa mémoire pour associer ce parfum à une identité et peu à peu, le contour devint plus net … Matteo. Le visage tendu, il semblait en colère. L’était-il contre elle ? Elle ne lui avait pas parlé depuis son entretien avec Panda et Red – Marie et June - ; peut-être était-il venu lui faire des reproches ? Elle espérait que non, après tout, ce n’était pas le bon moment et il n’était pas si antipathique, n’est-ce pas ? Ceci dit, elle ne réussit pas à soutenir le regard de son frère, elle baissa les yeux vers ses mains et tira sur les manches de son pull pour cacher les coupures qui s’y trouvaient encore. Ces bleus, ces cicatrices, tout ça lui rappelait son adolescence d’enfant battue et sa vulnérabilité. Elle ne voulait pas que son frère la voit à nouveau comme ça. Elle ne voulait pas qu’il la prenne en pitié. « Je t'emmène en haut Anna. » Elle dévisagea Matt en arquant un sourcil. Voulait-il vraiment qu’elle bouge ? Elle n’avait pas mis un pied au sol depuis son arrivée à Ste Mangouste … Cela ne pourrait pas lui faire de mal, n’est-ce pas ? Elle fit la moue mais ne rechigna pas. Il l’aida à descendre de son lit et elle se laissa guider jusqu’au couloir. « Mademoiselle Grimaldi, que faites-vous hors du lit ? » La rousse se sentait comme un enfant qui venait de sortir du lit parce qu’elle n’arrivait pas à trouver le sommeil. « Tout va bien. Je prends la responsabilité de tout ce qui arrivera à partir de maintenant. Je connais mes limites … » Ah oui ? « … je ferai en sorte de ne pas pousser tout ça à l’excès. » Elle esquissa un sourire forcé et s’agrippa à la barre longiligne qui traversait les murs de l’hôpital. En direction de Matteo, elle souffla : « Allons-y ! » Elle avançait lentement, légèrement courbée en avant à cause de la douleur qui lui vrillait les viscères mais elle serrait les dents parce qu’elle voulait se montrer forte, parce qu’elle était têtue … Tellement têtue qu’elle refusa d’attendre l’ascenseur lorsque celui-ci se referma juste sous son nez. Ils prirent les escaliers, lui devant, elle s’accrochant à la rambarde, comme elle s’accrocherait à la vie, pour ne pas défaillir. Les dernières marches furent les plus dures, des gouttes de sueur perlaient le long de son visage et elle était d’une pâleur extrême, néanmoins, elle avait la satisfaction d’y être arrivée, et cela suffit à lui donner la force de continuer jusqu’au salon de thé.

Une fois assise, elle laissa sa tête basculer contre le mur et se reposa dessus le temps de reprendre son souffle. Elle se sentait extrêmement fatiguée, comme si cette escalade avait puisé dans toutes ses réserves. Si l’un de ses patients avait fait ça lorsqu’elle était encore guérisseuse, elle lui aurait remonté les bretelles sans la moindre compassion. « Oh attends. » Elle leva les yeux vers son frère, curieuse de savoir ce qu’elle devait attendre, mais il se leva et disparut quelques secondes. Elle en profita pour remonter ses cheveux en un chignon ; ensemble de gestes qui provoquèrent gémissements et douleurs. Elle ne voulait inquiéter personne, voilà pourquoi elle cachait un acte aussi banal. Il revint, et quelques minutes plus tard, on leur apporta deux tasses de thé. Gênée de cette intrusion inconnue, bien que courte, elle tira un peu plus sur ses manches pour cacher ses poignets et la longue coupure sur sa main droite. Heureusement pour elle, les autres blessures étaient cachées sous ses vêtements ou étaient invisibles. « Comment tu vas ? » Elle regarda son petit frère du coin de l’œil. Cette question, elle la redoutait, elle détestait y répondre. Elle haussa les épaules et répondit avec désinvolture. « Ça va … Mieux que d’autres … » Qu’Hayton qui avait été décapité par une bête féroce, qu’Anita qui avait succombé à ses blessures … Mais survivre n’était-il pas plus difficile que mourir ? La souffrance faisait la différence. Le mort ne la ressentait pas, alors que le blessé devait vivre avec, sur une durée plus ou moins longue. Elle pinça les lèvres et plongea ses billes émeraude dans les yeux de son frère, soutenant avec insistance son regard. Forte, sois forte … « Est-ce que tu t'en remets ? » S’il n’avait pas enchaîné, elle aurait sûrement laissé échapper un rire moqueur. Comment pouvait-elle une seule seconde se remettre de tout ça alors que ses blessures ne faisaient que le lui rappeler ? « Je n'en reviens qu'ils t'aient fait ça. Je ne comprends pas, ce n'est pourtant pas dans leurs habitudes, c'est... » Ah ! Il touchait à un point important. « Justement … » Sa voix était rauque de ne pas avoir beaucoup parlé ces derniers jours. Elle attrapa sa tasse de thé pour en boire une gorgée et se pressa de remettre ses mains sous la table pour dissimuler ses cicatrices. « Je me disais que tu saurais peut-être pourquoi … Enfin … Pendant toute la prise d’otage, je les ai trouvés désorganisés, ils ne ressemblaient pas à l’idée que je m’étais faite des insurgés. J’ai la sensation que … c’était bizarre. » Elle agitait la tête de droite à gauche. C’était la première fois qu’elle en parlait … De ce qu’il s’était passé. Elle voulait comprendre, elle espérait tellement que Matteo ait des réponses, mais il semblait aussi perdu qu’elle … L’association de leurs savoirs respectifs arriverait peut-être à dénouer tous les nœuds qui s’étaient constitués dans leur tête. Peut-être arriverait-il, grâce à tout ça, à surmonter leurs différends passés ?
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Matteo Grimaldi
Matteo Grimaldi
‹ inscription : 04/10/2015
‹ messages : 953
‹ crédits : odistole.
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‹ liens utiles :
‹ âge : trente
‹ occupation : tisseur de mots, journaliste, coureur de monde. à la dérive.
‹ maison : Gryffondor
‹ scolarité : 1984 et 1991.
‹ baguette : était en bois d'érable, relativement flexible, mesurait 26,8 cm et contenait un coeur de phoenix.Désormais brisée, j'ai hérité d'une baguette récupérée sur le cadavre d'un mangemort: bois de noyer noir, 32 cm, coeur inconnu, et absolument pas faite pour moi.
‹ gallions (ʛ) : 4223
‹ réputation : j'ai l'air de regretter la fin de cette guerre, que ce qui secoue ce monde nouveau paraît me révolter bien plus que les atrocités commises par le précédent gouvernement, que je suis un piètre journaliste et écrivain qui tente de percer dans un milieu qui n'a jamais voulu de lui.
‹ particularité : en plein flou.
‹ faits : j'ai soutenu la rébellion, bien que je n'ai quitté ma vie que sur le tard pour aller les retrouver, au détour de la création de la Renaissance du Phoenix ; que beaucoup n'ont pas cru à mon implication, du fait de ma naissance surtout ; que j'ai une tendance fâcheuse à commencer des choses et à ne pas les terminer ; que ma plus grande ambition est d'enfin publier un livre ; que ma fiancée est en fuite et que je n'ai aucune idée de si je la reverrai morte ou vive, offerte aux bons soins des Détraqueurs ; que la nouvelle société me répugne presque autant que la précédente, voir plus ; que je ferai sûrement tout pour ma soeur.
‹ résidence : dans le loft de la Bran Tower ou Eirene et moi vivions avant que tout ne vole en éclat. J'ai réussi à garder l'appartement par je ne sais pas quel miracle, il sert aujourd'hui à ma soeur et à mon beau-frère, Elias, parfois. En vérité je n'y suis pas souvent, je fuis l'endroit.
‹ patronus : une méduse géante
‹ épouvantard : un grand feu, l'anéantissement total de ma famille, rester seul au milieu des cendres
‹ risèd : Eirene se tenant à mes côtés, aussi heureuse qu'elle l'était à nos débuts, lorsque nous étions encore pleins de promesses et de projets fabuleux avant que tout ne soit jeté aux flammes.
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Anna baissa les yeux, tira sur ses manches et planqua ses mains sous la table. De quoi le faire froncer les sourcils. Dire qu'il n'avait eu droit à aucune information sur son état de santé réel, alors qu'il était son frère par Shar, qu'il se saignait les veines à s'inquiéter ainsi pour elle et qu'il y avait tout à parier qu'il se faisait plus de soucis que nécessaire. Non ? Il n'essaya pas de voir ce qu'elle cachait. Pas encore. Il lui laissait un répit, tentant une approche distante pour commencer. C'était tellement difficile d'entamer la conversation, il avait l'impression de ne plus la connaître. Demeurait en lui cette colère inexplicable de la savoir au Ministère, renier sa propre famille pour se protéger. Du moins était-ce qu'il croyait. La violente dispute qu'ils avaient eue après la mort de Teresa lui restait en travers de la gorge ; il lui en voulait, persuadé qu'elle cachait bien plus que ça. Ce n'était pas le moment d'en parler, de l'agresser de nouveau. La pâleur maladive de sa sœur le rendait fou. Il ne voulait pas croire que les Insurgés avaient fait ça. « Ça va … Mieux que d’autres … » répondit-elle en fixant son regard dans le sien. Perturbé, il enchaîna, posa les mauvaises questions, pensant que c'était des choses à demander alors que l'évidence était criante : non ça n'allait pas, comment cela aurait-il pu aller ? Évidemment d'autres avaient subi un sort bien pire et il s'estimait heureux de pouvoir encore lui parler, la voir, la toucher s'il le voulait parce qu'elle était bel et bien vivante. Mais dans quel état... Les autres dont elle parlait, il les connaissait de vue pour les avoir croisés quelques rares fois ou simplement de noms. Romero était morte, elle parmi plusieurs autres. Regrettable mais encore une fois ce n'était pas Anna et c'était tout ce qui comptait à ses yeux, aussi égoïste cette pensée soit-elle. L'égoïsme était une forme d'amour lorsqu'il s'agissait de protéger sa famille, pensa-t-il. Et la protéger, il le voulait au dépens de sa propre survie. « Justement … » Elle but une gorgée. Sa voix rauque l'inquiéta, mais ce n'était que la conséquence d'un silence trop long, forcé par les sommeils magiques dans lesquels on la plongeait pour supporter la douleur. « Je me disais que tu saurais peut-être pourquoi … Enfin … Pendant toute la prise d’otage, je les ai trouvés désorganisés, ils ne ressemblaient pas à l’idée que je m’étais faite des insurgés. J’ai la sensation que … c’était bizarre. » Matteo fronça les sourcils. Une foule d'interrogations jaillirent dans son esprit. « Et quelle idée tu te faisais d'eux au juste ? » demanda-t-il du tac au tac. Non, non. Il prenait la mauvaise direction. Il secoua la tête, comme s'il voulait effacer ses dernières paroles de la conversation. « Excuses-moi. » J'ai les nerfs à fleur de peau. Il avait mis trois longs jours avant de se décider à lui rendre visite, pour tout un tas de raisons. Parce qu'il avait eu trop peur. Parce qu'il n'était pas sûr d'être capable de se confronter à sa sœur avec tout ce qui les opposait ces derniers temps. Parce qu'il ne voulait pas aborder ce sujet sensible, et parce qu'il le désirait énormément à la fois. Dichotomie grinçante, incertitude criante. Il lâcha son regard, tritura un bout de papier qui traînait devant lui.

Pour être honnête, lui non plus ne concevait pas que les Insurgés puissent être à l'origine de ces attaques violentes. Il savait que parmi eux se cachaient quelques extrémistes dont les manières de faire se rapprochaient parfois de celles des sbires de Voldemort. Ceux-là considéraient les morts éventuelles comme de vagues dommages collatéraux. Ceux-là étaient prêt à tout pour parvenir à leurs fins, et la fin justifiait tous les moyens. Il ne pensait pas partager leur mode de pensée. Quoi que. Parfois, il songeait que s'ils désiraient réellement faire bouger la société, il allait falloir se mettre au niveau des Mangemorts. Qu'en définitive, une guerre était une guerre et que... non. Non ! Il ne se donnait pas le droit d'avoir de telles pensées. Anna avait raison toutefois. C'était bizarre. Tout sonnait faux dans cette attaque et si les Insurgés n'étaient pas forcément des gens organisés, ils n'étaient pas des monstres torturant des otages qui n'avaient rien de menaçant en définitive. Une fois de plus, il se retrouva acculé par la rage à l'idée que sa sœur s'était trouvée dans cet engrenage macabre. Il la regarda de nouveau, détaillant ses traits avec minutie. Il regrettait d'avoir attendu si longtemps pour avoir ce face à face avec elle. Mais l'erreur est aussi sienne Matteo, elle n'a pas voulu te suivre, elle n'a pas voulu te rejoindre et embrasser votre cause, à Teresa, Thomas, à toi. Peut-être. Mais que valait la famille si leurs membres n'étaient pas capables de se soutenir dans les moments difficiles. Anna avait fait un choix, il avait fait le sien. Il allait falloir qu'ils fassent avec pour ne pas perdre de vue la seule chose qui comptait réellement, à savoir, leur amitié. Leurs liens du sang. « Je n'ai rien su de cette attaque, elle m'est tombée dessus par surprise ; j'ai appris ce qu'il s'était passé dans les journaux, et avec le hibou de l’hôpital m'annonçant que tu étais... » Pause. Soupir. Il but une gorgée de thé brûlant, sans profiter de la saveur délicate de jasmin et d'agrumes, le goût altérée par l'amertume préexistante qui emplissait sa bouche et détériorait ses sens. « ...Que tu étais là. A ce propos, ces maudits soigneurs refusent encore de me dire ce qu'ils t'ont fait, ils m'emmerdent avec leur foutu secret médical, je suis ton frère, est-ce que tu leurs a dit de se taire ? » La question vola comme une accusation. Il était trop en colère -contre tout, tout le monde- pour parvenir à se contrôler. Il s'en voulut aussitôt. Matteo tendit les deux mains vers elle : « Montre-moi tes mains Anna. » Elle secoua la tête, refus brutal et buté. « S'il te plaît. » Le murmure glissa jusqu'à elle sans qu'elle ne daigne s'exécuter. Dans un claquement de langue agacé, Matteo se leva et se rassit sur la chaise à côté d'elle, empoignant ses mains avec douceur, les délogeant de leur cachette en prenant toutes les précautions du monde pour ne pas la heurter. Elle grimaça néanmoins lorsqu'il remonta les manches, qui dévoilèrent dans leur fuite la peau malmenée. Une estafilade longue de plusieurs centimètres barrait une de ses main, et les poignets semblaient hachés. Par Merlin, qui avait pu être assez cruel pour faire ça ? Ce n'était définitivement pas dans leurs manières. Les soupçons s'intensifièrent. « Qui t'a fait ça, tu t'en souviens ? » questionna-t-il d'une voix blanche. Il voulait un nom, une identité précise. Si le fauteur appartenait vraiment aux insurgés, il n'aurait pas de mal à le retrouver, ni à lui refaire le portrait, qu'ils se trouvent dans le même camp ou non. Il irait jusqu'à demander des comptes à cet imbécile qui avait osé blesser Anna aussi gravement. Et cela ne pouvait être qu'une infime partie de ses blessures ; la partie visible de l'iceberg. Elle était hospitalisée depuis plusieurs jours déjà et ne semblait pas prête à sortir pour qu'il n'y ait que ça. « Qu'est-ce qu'ils t'ont fait d'autre Anna ? Je suis désolé de te le demander, je ne veux pas en remettre une couche, vraiment, mais il faut que je sache... » il appuya ses propos d'un regard. « Pour ce qui est des Insurgés, au vu de ce qu'ils t'ont infligé j'ai de gros doutes les concernant, je ne le cache pas. Cela dit Hudson était là, paraît-il, et sa réputation ne le décrit pas comme un homme souple ou tolérant. Je n'ai pas de réponse, et je ne te dis pas ça parce que je veux te cacher des choses. » Il lâcha ses mains. « Je continuerai à croire que la vérité est de leur côté et non dans celui du Gouvernement, Anna, je leur fais confiance. » Rejoins-moi, rejoins-moi... « Les Médicomages ne peuvent pas effacer ces marques sur tes bras ? »
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WIZARD • always the first casuality
Anna Grimaldi
Anna Grimaldi
‹ inscription : 07/06/2015
‹ messages : 1824
‹ crédits : mathy.
‹ dialogues : #e95353.
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‹ âge : trente-quatre
‹ occupation : guérisseuse au service d'infection par virus et microbe magique et co-présidente de l'association "Rosier's Disease Research Trust".
‹ maison : Serdaigle
‹ scolarité : 1980 et 1987.
‹ baguette : est en bois de charme, contient une plume de phénix et mesure 26,4 centimètres.
‹ gallions (ʛ) : 5557
‹ réputation : je suis fragile et que j'ai été manipulée par mon compagnon.
‹ particularité : occlumens.
‹ faits : je suis de sang pur, que je fais partie de la famille Grimaldi, que je suis d'origine italienne, que j'adhère aux idées insurgées mais que je me suis résolue à ne jamais les rejoindre pour le bien être de ma fille, que je suis une ancienne guérisseuse et que je sais donc comment soigner les gens de diverses pathologies, que je me défends en duel, que j'adore lire, que j'apprécie les jolies choses.
‹ résidence : dans un petit studio sur le chemin de traverse que le gouvernement a bien voulu me donner pour mon implication de guérisseuse durant la guerre. La demeure des Grimaldi à Herpo Creek ainsi que mon appartement à la Bran Tower avaient été saisis. Je dispose toujours d'une résidence secondaire et tertiaire à Brighton (maison d'été) et à Florence (terres italiennes).
‹ patronus : un lapin, patronus de Thomas
‹ épouvantard : un entassement de corps, celui de mes enfants et des êtres qui me sont chers.
‹ risèd : ma famille heureuse et recomposée.
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Lui, elle … Matteo, Anna … Assis à une même table, partageant un thé et discutant ensemble … Au grand jamais elle ne s’était imaginé que cela arriverait à nouveau un jour. Neuf mois, cela leur avait pris neuf mois à l’un comme l’autre pour comprendre qu’ils n’étaient pas fait pour se détester, pour démontrer qu’ils y avaient encore de l’amour fraternel entre eux, pour prouver que leur complicité ne pouvait pas s’éteindre ainsi … Pourtant, durant chacune des minutes, chacune des secondes de ces neuf maudits mois, elle s’en était voulue de l’avoir laissé partir, de ne pas l’avoir défendu, de ne pas s’être allié à lui … Mais quelque chose en elle avait refusé, elle avait déjà perdu Teresa et l’idée même de pouvoir également perdre Matteo lui était insupportable. Elle s’était égoïstement protégée de tout ça, en laissant son frère s’éloigner d’elle. Ainsi, elle s’imaginait sûrement qu’elle souffrirait moins s’il lui arrivait quelque chose. Tout ceci n’était que des illusions, que des suppositions erronées, initiées par le cerveau borné qu’elle avait. « Et quelle idée tu te faisais d'eux au juste ? » Elle se mit sur la défensive, considérant cette interrogation comme agressive et inappropriée. Avait-elle toujours donné l’impression de renier les idées insurgées, de parler d’eux hypocritement, de les critiquer ? Jamais elle n’aurait osé, elle était silencieuse, elle parlait peu de ce qu’elle pensait … Tout ça, elle préférait le garder en elle, par prudence, par lâcheté peut-être … Elle n’assumait pas. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’elle avait pris autant de temps à accepter que Thomas et Teresa aient rejoint le camp des insurgés, c’est également pour ça qu’elle n’avait pas réussi à suivre Matteo dans la vendetta qu’il s’évertuait à mener. Même aux yeux de sa famille, elle paraissait aussi neutre qu’une noble pouvait l’être. Seuls les moins observateurs s’attachaient à des aprioris tels que : elle travaille pour le gouvernement donc c’est une collaboratrice, son mari et sa sœur étaient des insurgés donc c’est une insurgée … Tellement d’idées circulaient autour d’elle qu’elle ne les écoutait même plus. Son combat, elle l’avait toujours mené pour protéger les siens en les faisant passer avant elle. Donc peu importe ce que Matteo pouvait penser – peut-être avait-il commencé lui aussi à la juger sur ce qu’il avait vu d’elle – elle se défendrait contre toute agression. Elle s’apprêtait donc à répondre, ouvrit la bouche mais la referma immédiatement après avoir entendu les excuses de son frère. Elle baissa les yeux vers ses mains et soupira. « C’est pas grave. Je ne me suis pas toujours montrée très tendre envers eux. Tu as le droit de demander … Mais ne fais pas comme les autres. Ne me juge pas sur ce que tu penses voir … » Elle se redressa, plantant son regard brillant dans celui de son frère. Tu me manques. Le « nous » me manque, avait-elle envie de dire. Tellement de mots et d’émotions qui resteraient coincés dans sa gorge parce qu’elle était trop pudique pour le montrer, et parce qu’elle savait qu’elle était entièrement responsable du froid qu’il y avait entre eux.

Elle soutenait malgré tout son regard avec insistance. Elle avait peur qu’il baisse les yeux, qu’il l’abandonne comme elle l’avait abandonné. Elle se sentait si seule en ce moment et sa seule présence aujourd’hui suffisait à combler ce vide. Après avoir vu sa vie défiler sous ses yeux durant cette prise d’otages, elle n’avait eu qu’une seule envie : retrouver les siens et leur dire à quel point elle les aimait. Mais au lieu de ça, elle était bloquée dans un lit d’hôpital, dans ce lieu qui l’insupportait depuis la mort de Thomas … Sa seule occupation consistait à ressasser toutes les erreurs qu’elle avait faites, et à se poser des questions sur l’agression qu’elle avait subie. Pourquoi avait-elle cette impression ? Cette sensation bizarre que quelque chose sonnait faux dans cette prise d’otage ? Le simple fait qu’Elli Llewellyn l’ait défendue alors qu’elle avait toujours été virulente à son égard, ou cette Alicia Spinnet qui, au contraire, était tellement plus violente que ce qu’on avait connu d’elle … S’insurger les avait peut-être changés, mais pouvait-on changer à ce point-là ? Ce ne fut que lorsque Matteo rompit le silence qu’elle se rendit compte qu’elle s’était déconnecté de la réalité durant quelques secondes. « A ce propos, ces maudits soigneurs refusent encore de me dire ce qu'ils t'ont fait, ils m'emmerdent avec leur foutu secret médical, je suis ton frère, est-ce que tu leur as dit de se taire ? » Allait-il finir par cesser de lui lancer ces petites piques douloureuses ? Chacune de ses phrases, chacune de ses répliques lui faisait aussi mal que les blessures que lui avaient infligées ces insurgés. Comment pouvait-elle être si heureuse de le voir et à la fois si énervée à l’idée qu’il ne lui fasse plus confiance ? Insinuait-il vraiment qu’elle fût capable de demander personnellement à des guérisseurs de ne rien lui dire de son état ? Elle ne savait déjà même pas qu’il allait venir la voir, alors comment aurait-elle pu faire ça ? Elle voulait s’énerver, mais il ne lui en laissa pas le temps. « Montre-moi tes mains Anna. » Elle refusa, agitant la tête de droite à gauche comme un enfant. Non. Elle ne voulait pas qu’il la voit en position de faiblesse, elle ne voulait pas qu’il croit qu’elle était incapable de se défendre, qu’elle était vulnérable … Elle ne voulait surtout pas qu’il revienne vers elle en ayant dans l’idée qu’elle devait être protégée, car ce n’était pas le cas … Et si elle voulait rejoindre le rang des insurgés, elle devrait s’en montrer digne. « S'il te plaît. » Absolument pas. Elle serrait les dents, pinçait les lèvres et se tenait les poignets cachant ainsi ses coupures. Elle ne le laisserait pas voir. Elle voulait bien lui raconter, en parler, mais pas lui montrer. Il ne lui laissa cependant pas le choix, il se leva et elle suivit son trajet du regard comme un chat suivrait la lumière d’une lampe torche. Il s’assit sur la chaise à côté d’elle, ce qui provoqua chez elle un mouvement de recul. Elle savait pertinemment ce qu’il allait faire, et elle n’aurait pas la force de se débattre. Agitant encore plus vigoureusement la tête, elle voulait partir en courant, mais ses jambes étaient trop faibles pour supporter une telle fuite. Elle était prise au piège, une fois de plus. Sa gorge commençait à se nouer et l’angoisse de la prise d’otage revenait. Respire, respire … Lentement, calmement, tu es loin de tout ça, c’est fini ! Convaincre son cerveau de la véracité de ces informations était plus ardu que prévu. Lorsque l’angoisse l’oppressait, elle se retrouvait enfermée dans une bulle dont elle avait du mal à se défaire ; le monde autour d’elle n’existait plus, des tremblements la parcouraient, sa respiration s’accélérait, se saccadait et elle n’arrivait plus à penser à rien d’autre que cette angoisse, cette oppressante angoisse, cette envahissante angoisse … Il prit ses mains, mais elle était tétanisée, elle ne pouvait même pas les retirer. Elle sentit le contact de sa peau sur la sienne, doux, méticuleux. Il souleva ses manches et elle réussit presque à percevoir le regard insistant de Matteo sur ses blessures. Elle en avait honte. Le pire dans tout ça, c’était qu’elle s’était infligé cela toute seule, et que ça n’avait servi à rien ; elle n’avait même pas pu sauver son amie. Elle ferma les yeux pour que cette exhibition paraisse plus supportable.

« Qui t'a fait ça, tu t'en souviens ? » Tout le monde et personne à la fois. Ces cicatrices n’étaient qu’un dommage collatéral de sa furie et de sa détermination. Par contre, cette constante sensation de mourir de l’intérieur, de sentir un couteau la traverser de part en part, elle n’oublierait jamais le visage de la personne qui lui avait fait ça. Ces traits, cette satisfaction, et puis, il avait osé utiliser sa baguette à elle, pour lui faire ça ; elle avait envie de vomir. Elle n’oublierait jamais, et pourtant, depuis qu’elle était arrivée à Ste Mangouste, elle n’avait fait que mentir. De quoi vous souvenez-vous ? Qui vous a fait ça ? Pouvez-vous nous raconter ce qu’il s’est passé ? Que voulaient-ils ? Elle agitait la tête de droite à gauche dans ces cas-là, refusant de répondre, feignant l’amnésie psychologique … Un peu comme elle le faisait à présent. Sa tête s’agitait d’elle-même de droite à gauche par réflexe … Mais c’était différent, elle était en face de Matteo, en face de son frère, en face d’un insurgé, il comprendrait ses doutes, il comprendrait … Elle pourrait lui dire sans répandre des rumeurs qui pourraient discréditer des personnes respectables. Elle ouvrit ses yeux dans une petite fente, préférant fixer le torse de Matteo plutôt que ses yeux, elle ne supporterait pas le regard de pitié. « Hudson », marmonna-t-elle. Avait-il entendu ? Elle ne répéta pas, peureuse à l’idée d’être responsable d’un conflit au sein même du camp insurgé. Puis il lui demanda de lui parler des autres sévices, des blessures invisibles, appuyant sa question avec des arguments à propos d’un Hudson peu souple et intolérant. Elle le savait, elle l’avait vécu, elle le vivait encore à chaque fois qu’elle fermait les yeux, le moindre contact sur l’une de ses blessures la projetait immédiatement dans un monde parallèle où elle était de nouveau otage, de nouveau agressée, de nouveau blessée … « Je continuerai à croire que la vérité est de leur côté et non dans celui du Gouvernement, Anna, je leur fais confiance. » Elle aussi le voulait, leur faire confiance … Elle faisait confiance à Panda, elle faisait confiance à June, elle faisait confiance à Matteo, elle pouvait même dire qu’elle faisait confiance à Harry … Mais alors, pourquoi ? « Les Médicomages ne peuvent pas effacer ces marques sur tes bras ? » Si, bien sûr, mais ces cicatrices magiques prenaient plus de temps à être soignée ; il fallait être patient …

Lorsqu’elle leva à nouveau les yeux vers le visage tendu de son frère, elle sentit un trop plein d’émotions monter en elle et déborder. La pression de ces derniers jours allait retomber. Les larmes roulèrent lentement sur ses joues et elle ne trouva aucune raison de les retenir. « Je n’ai pas géré … Je … C’est de ma faute si j’ai été blessée … » Elle ne réfléchissait plus, les mots venaient d’eux-mêmes et elle savait qu’ils n’atterriraient pas dans les oreilles d’un sourd ; elle espérait seulement que Matteo n’irait pas se venger directement après être sorti de l’hôpital. « Les marques partiront. Mais j’ai mal … » Elle désignait sa poitrine plus que son abdomen. Ce n’était pas sa blessure qui lui faisait mal, mais la douleur profonde et oppressante de l’angoisse, de la peur, de la culpabilité. « Thomas, Teresa, Anita … Tout est de ma faute, je n’ai pas su les aider, je suis incapable de les aider. » Elle pleurait de plus belle et les larmes commençaient à obscurcir ses vêtements de tâches humides. Elle cacha à nouveau ses poignets avec ses mains et baissa la tête. « J’étouffe … » Elle sanglotait maintenant et sa respiration devenait plus saccadée. Elle avait de plus en plus de mal à respirer, s’étouffait presque. « Je … je … suis … une … mau … mauvaise … sœur … Je … je … suis … dé … dé … désolée … » Elle renifla mais cela ne fit s’accentuer les sanglots. « J’ai … mal … » Elle n’en pouvait plus. Elle avait besoin qu’on la prenne dans les bras, qu’on lui dise qu’elle comptait, qu’elle avait fait tout ce qu’elle pouvait … Elle savait que ce serait des mensonges, mais bizarrement, son subconscient serait apaisé … Au moins, lui, serait rassuré. Oublié la fierté, oublié la force, oublié le courage … Elle était tout ce qu’elle avait toujours voulu cacher, tout ce qu’elle ne voulait pas que Matteo voit : vulnérable, faible … et même, lâche …
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HERO • we saved the world
Matteo Grimaldi
Matteo Grimaldi
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‹ crédits : odistole.
‹ dialogues : #749585
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‹ liens utiles :
‹ âge : trente
‹ occupation : tisseur de mots, journaliste, coureur de monde. à la dérive.
‹ maison : Gryffondor
‹ scolarité : 1984 et 1991.
‹ baguette : était en bois d'érable, relativement flexible, mesurait 26,8 cm et contenait un coeur de phoenix.Désormais brisée, j'ai hérité d'une baguette récupérée sur le cadavre d'un mangemort: bois de noyer noir, 32 cm, coeur inconnu, et absolument pas faite pour moi.
‹ gallions (ʛ) : 4223
‹ réputation : j'ai l'air de regretter la fin de cette guerre, que ce qui secoue ce monde nouveau paraît me révolter bien plus que les atrocités commises par le précédent gouvernement, que je suis un piètre journaliste et écrivain qui tente de percer dans un milieu qui n'a jamais voulu de lui.
‹ particularité : en plein flou.
‹ faits : j'ai soutenu la rébellion, bien que je n'ai quitté ma vie que sur le tard pour aller les retrouver, au détour de la création de la Renaissance du Phoenix ; que beaucoup n'ont pas cru à mon implication, du fait de ma naissance surtout ; que j'ai une tendance fâcheuse à commencer des choses et à ne pas les terminer ; que ma plus grande ambition est d'enfin publier un livre ; que ma fiancée est en fuite et que je n'ai aucune idée de si je la reverrai morte ou vive, offerte aux bons soins des Détraqueurs ; que la nouvelle société me répugne presque autant que la précédente, voir plus ; que je ferai sûrement tout pour ma soeur.
‹ résidence : dans le loft de la Bran Tower ou Eirene et moi vivions avant que tout ne vole en éclat. J'ai réussi à garder l'appartement par je ne sais pas quel miracle, il sert aujourd'hui à ma soeur et à mon beau-frère, Elias, parfois. En vérité je n'y suis pas souvent, je fuis l'endroit.
‹ patronus : une méduse géante
‹ épouvantard : un grand feu, l'anéantissement total de ma famille, rester seul au milieu des cendres
‹ risèd : Eirene se tenant à mes côtés, aussi heureuse qu'elle l'était à nos débuts, lorsque nous étions encore pleins de promesses et de projets fabuleux avant que tout ne soit jeté aux flammes.
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Il avait fallu d'un drame pour les réunir, pour qu'il se décide enfin à briser la glace. Et malgré toute sa bonne volonté, il n'arrivait pas pleinement à se montrer cordial, à être correct avec elle, alors que la situation demandait toute la patience du monde. Elle avait perdu une part de sa confiance en lui, il pouvait le comprendre. Mais il fallait impérativement qu'elle passe outre, et qu'elle oublie. Il voulait qu'elle s'ouvre à lui, qu'elle se libère de ce qui semblait la peser plus que tout. Ne me juges-pas, l'avait-elle supplié. Matteo s'aprêtait à répliquer que jamais il ne s'était permis une telle chose, que jamais il ne se le permettrait, mais c'était un mensonge. Oui, il l'avait jugée sur sa place au sein du Ministère, il l'avait gravement rejetée à cause de ça. Anna avait joué la sécurité, et il lui en avait voulu. Il n'avait aucun droit de l'en blâmer, et au fond de lui il le savait. Sa sœur ne se protégeait pas seulement elle, mais aussi... Penser à sa nièce le mettait mal à l'aise. Quelle image était-il pour elle ? Un oncle décadent qui tournait le dos à la société ? Nul doute que leur cousine, Cara, s'appliquait à combler son absence dans sa vie. Ou était-elle, d'ailleurs. Certainement à traquer quelques fuyards, et mesquinement, il se mit à espérer qu'elle échouerait. Il en revint à Anna, poussa un profond soupir en l'entendant prononcer le prénom honni. Hudson. Ce chien galeux, un fou furieux sans scrupules. Oh il en avait entendu des histoires à son sujet, des horreurs sans nom, cet homme n'en était plus vraiment un et il agissait comme un animal enragé. Son passé n'excusait rien. Rien. Et encore moins ce qu'il avait fait à sa sœur, qui s'était retrouvée parmi les otages bien malgré elle. Ils n'avaient même pas cherché à s'enfuir pour ce qu'il en savait, ils ne s'étaient pas défendu plus que ça et ils les avaient... un accès de fureur lui serra la gorge. Il se reprit, asséna ses convictions d'une voix douce et qu'il espérait convaincante. Il ne voulait pas perdre de vue ses objectifs, ses convictions, et il espérait toujours naïvement qu'Anna le suivrait sur cette route. La force n'était pas une stratégie acceptable, cela risquait plus de la braquer que de l'amener à ouvrir les yeux. Il l'avait compris, il avait mis du temps mais il avait compris. Anna était passée par des épreuves intolérables, et elle s'était montrée plus forte qu'il ne l'avait imaginé face à cette vie qui ne l'épargnait pas. C'était la peur qui la liait, qui la retenait, comme beaucoup. Il se devait de la rassurer ; impossible en l'état actuel des choses, quand lui même était tétanisé chaque jour un peu plus, à mesure qu'il réalisait à quel point il avait mis du temps à faire les bons choix. Teresa avait compris bien avant eux, alors qu'elle était si jeune.

Sous ses yeux, les cicatrices barrant la peau délicate de sa sœur menaçaient de le rendre malade. Il n'osa pas les toucher. Ne pouvaient-ils pas les effacer, demanda-t-il. Elle ne répondit pas. Ses yeux se voilèrent de larmes et Matteo s'en voulut de nouveau de s'être montré aussi brusque dans ses propos. A croire que les doutes le rendaient sauvage, presque agressif. Ce n'était pas lui, et il ne voulait pas se montrer sous ce jour. Il lacha ses mains lorsqu'elle se mit à pleurer pour de bon. « Je n’ai pas géré … Je … C’est de ma faute si j’ai été blessée … » Il serra les dents. Qu'ils aient blessé sa sœur était une chose. Qu'ils aient piétiné son assurance jusqu'à lui faire penser une telle chose, c'était inacceptable. si... réellement... les Insurgés étaient derrière ce rapt, il n'était plus certain de vouloir en faire partie. Ce n'était pas eux. Qui essayait-il de convaincre en réalité ? Matteo avait douloureusement besoin d'être conforté dans ses choix, et les faits ne l'y aidaient en rien. Heureusement que Marie et Sansa étaient capables d'assurer ce rôle. D'effacer les erreurs de quelques fous pour lui faire voir la beauté de tous les autres combattants qui luttaient chaque jour contre l'oppression. « Ne dis pas des choses comme ça, Anna... » lui souffla-t-il en italien, reprenant les sonorités chaleureuses de leur langue maternelle pour essayer de la calmer. « Les marques partiront. Mais j’ai mal … » fit-elle en désignant sa poitrine. Matteo ne comprenait que trop bien ce qu'elle lui disait. « Thomas, Teresa, Anita … Tout est de ma faute, je n’ai pas su les aider, je suis incapable de les aider. » Et lui était incapable de répondre. Il se sentait tellement inutile, et la voir terrassée à ce point le faisait se demander si quiconque serait capable de réparer ce qu'ils avaient brisé en elle, chaque jour un peu plus. La vie n'était pas tendre avec Anna Grimaldi, et il n'y était pas pour rien non plus. La gorge serrée, il assista, silencieux, au lacher-prise de son aînée. « Je … je … suis … une … mau … mauvaise … sœur … Je … je … suis … dé … dé … désolée … J’ai … mal … » Dans un élan instinctif, il s'approcha un peu plus d'elle et l'entoura dans une étreinte qui se voulait rassurante. Dans le fond il s'accrochait tout autant à elle que le contraire. Anna semblait avoir perdu du poids, les traitements ou la peur, il n'en savait rien, mais cela le remplit de crainte. Il l'avait abandonnée pour de vagues incriminations alors qu'il savait pertinemment pourquoi elle hésitait à quitter son poste, sa vie actuelle ; la raison était simple, elle était même évidente. Chiara. Il la serra un peu plus contre lui, berçant sa sœur sans rien dire. Les pensées tournaient à plein régime sous son crâne, et il triait une à une les multiples possibilités qui pourraient s'offrir à eux. Ce qu'il craignait avant tout était que leur cousine l'empêche de partir. Il suffirait de la neutraliser pour couper court à toute opposition. En théorie c'était facile, mais il connaissait Cara. Elle ne se laisserait pas berner aussi facilement, d'autant qu'elle avait quelques soupçons -fondés- à son égard. La seule chose qui la retenait de s'aventurer plus avant dans cette brèche était Anna, et s'il l'emmenait elle et la petite avec lui, plus rien ne la retiendrait. Il espérait un peu que son attachement pour elles deux la retiendrait, mais il ne fallait pas se voiler la face : les convictions de leur cousine étaient trop ancrées en elle pour vraiment compter la dessus. D'autre part ses jours en société lui étaient comptés, en ce qui le concernait. Et Anna en pâtirait forcément. Durement. Et sa fille aussi. Ça lui était insupportable. « Je suis désolé aussi de t'avoir tourné le dos. J'ai été stupide. » Il avait surtout été en colère contre elle, mais tout ça s'était envolé.

Quand les sanglots d'Anna commencèrent à baisser, il s'écarta un peu, enserrant son visage entre ses mains, la forçant à le regarder dans les yeux pour lui prouver sa sincérité. « Il n'y a pas meilleure sœur que toi, je t'interdis de penser le contraire encore une fois. Tu es, en plus, une des femmes les plus fortes que je connaisse et le meilleur exemple possible pour ta fille. Ce qu'ils t'ont fait n'est pas de ta faute, et tu ne pouvais pas les aider. Ceux qui ont fait ça sont fous et n'ont aucune limite, et ont certainement un soutien infaillible derrière... » si ses soupçons étaient avérés, nul doute que le Magister en personne soutenait de tels actes. « ...tu ne pouvais rien faire pour les sauver, tu n'as pas à porter une telle culpabilité, Anna. Ce n'est pas, ta, faute. Tu m'entends ? » Les pleurs reprirent. Il dégagea une mèche rousse du visage de sa sœur, attendit qu'elle se calme. Les mots semblaient vains face à la souffrance qui émanait d'elle. Néanmoins... Les mots lui brûlaient les lèvres. Il fallait qu'il les dise. Il fallait qu'elle l'entende. Il y avait un moyen de les aider, d'en sauver d'autres, de lutter contre cette tyrannie. Matteo était certain qu'elle le savait, au fond d'elle, qu'elle sentait ce qu'il s'apprêtait à lui dire. Quelque part, c'était le moment ou jamais. « Tu sais qu'il y a un moyen de changer les choses, d'arrêter toute cette folie. Tu n'as peut-être pas envie de l'entendre maintenant, et je comprends... Je n'attends pas de décision aujourd'hui, je veux simplement que tu considères à nouveau la possibilité... » Il prit une de ses mains dans la sienne, serra ses doigts. Matteo baissa la voix, reprit de nouveau en italien. « C'est contre ce genre d’infamies que les insurgés se battent, c'est ce qu'ils font Anna, et c'est de ça qu'il faut se souvenir. Certes, il y a des dérapages, des choses qu'ils ne contrôlent pas mais comment le pourraient-ils, regarde ceux qu'ils affrontent, ils n'ont pas les moyens nécessaires, ils font ce qu'ils peuvent. Leur arme principale est le nombre, et tous ceux qui se joindront à eux ne seront qu'une chance de plus d'en finir avec tout ça. » Dire qu'il avait mis des mois avant de s'en rendre compte. « Il y a encore la possibilité de sauver des Thomas, des Teresa. Je sais qu'il y a Cara, et votre sécurité. Mais elle risque de voler en éclat d'un moment à l'autre Anna, autant t'y préparer tout de suite. » A cause de qui, hein, Matteo ? A cause de qui pourrait-elle voler en éclat, sa foutue sécurité ? Il brida les doutes qui traînaient encore. « On pourrait la protéger, jamais ils ne risqueraient sa vie, là-bas. » A vrai dire, il n'en savait rien en disant ça, mais Matteo ne laisserait jamais rien arriver à sa nièce, ça au moins c'était sûr. Qu'elle se cache dans un nid de vipères en costards ou parmi des Insurgés crasseux, franchement, quelle était la différence. Ils pouvaient prendre tout leur temps pour préparer leur départ avant que son allégence toute nouvelle soit découverte par erreur, et qu'ils soient obligés de partir précipitamment. Ils avaient les moyens de faire les choses bien, mais il avait besoin de savoir si elle accepterait cette prise de risque : il l'espérait, de tout son cœur. « Ou est-elle, en ce moment ? » J'aimerais beaucoup la voir. Des lustres qu'il n'avait pas eu l'occasion de voir sa nièce, et cela l'ennuyait profondément, mais s'il reconnaissait la sagesse d'Anna en voulant la cacher.


Dernière édition par Matteo Grimaldi le Lun 14 Déc 2015 - 22:08, édité 1 fois
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WIZARD • always the first casuality
Anna Grimaldi
Anna Grimaldi
‹ inscription : 07/06/2015
‹ messages : 1824
‹ crédits : mathy.
‹ dialogues : #e95353.
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‹ âge : trente-quatre
‹ occupation : guérisseuse au service d'infection par virus et microbe magique et co-présidente de l'association "Rosier's Disease Research Trust".
‹ maison : Serdaigle
‹ scolarité : 1980 et 1987.
‹ baguette : est en bois de charme, contient une plume de phénix et mesure 26,4 centimètres.
‹ gallions (ʛ) : 5557
‹ réputation : je suis fragile et que j'ai été manipulée par mon compagnon.
‹ particularité : occlumens.
‹ faits : je suis de sang pur, que je fais partie de la famille Grimaldi, que je suis d'origine italienne, que j'adhère aux idées insurgées mais que je me suis résolue à ne jamais les rejoindre pour le bien être de ma fille, que je suis une ancienne guérisseuse et que je sais donc comment soigner les gens de diverses pathologies, que je me défends en duel, que j'adore lire, que j'apprécie les jolies choses.
‹ résidence : dans un petit studio sur le chemin de traverse que le gouvernement a bien voulu me donner pour mon implication de guérisseuse durant la guerre. La demeure des Grimaldi à Herpo Creek ainsi que mon appartement à la Bran Tower avaient été saisis. Je dispose toujours d'une résidence secondaire et tertiaire à Brighton (maison d'été) et à Florence (terres italiennes).
‹ patronus : un lapin, patronus de Thomas
‹ épouvantard : un entassement de corps, celui de mes enfants et des êtres qui me sont chers.
‹ risèd : ma famille heureuse et recomposée.
http://www.smoking-ruins.com/t1958-anna-loooove-me
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La faiblesse était un aspect de sa personnalité qu’elle n’assumait pas. Toute sa vie, pour tout, elle a toujours désiré se montrer forte, courageuse et exemplaire. Elle voulait être au-dessus des autres ; non pas par prétention, mais par désir de protection – si personne n’était au-dessus d’elle, personne ne pourrait la blesser - … Durant son enfance, elle avait dû être le modèle d’équilibre de la famille, celle qui supportait tout, que ce soit les réprimandes, les punitions, les coups ou les blessures. Elle était la grande sœur, c’était son devoir. Souvent, elle tenait le coup en pensant à Tessa et Matteo. Elle prenait l’ensemble des coups pour eux, pour éviter qu’ils ne soient la cible de ces sévices, qu’ils subissent la même chose qu’elle. Elle était devenue leur bouclier et avait fini par s’enfermer dans ce rôle. Elle s’était tellement attachée à les protéger qu’elle avait fini par tout faire machinalement, perdant peu à peu son objectif de vue et laissant sa conviction la persuader qu’ils étaient en sécurité. Elle s’était laissée corrompre et aveuglée par les habitudes, mais les conséquences étaient à présent irréversibles. Parce que Teresa était morte, parce qu’elle avait laissé sa conscience manipuler son bon sens. Elle n’avait en fait jamais été la sœur qu’elle aurait dû être, et cela la rendait malheureuse et pitoyable. Les larmes dégoulinaient le long de ses joues, sans que les sources ne réussissent à se tarir. Elle avait retenu cette peine en elle pendant trop longtemps, persuadée que ne pas pleurer c’était montrer sa force. Les émotions en avaient profité pour s’accumuler en elle, formant une boule d’anxiété et de nervosité au milieu de son ventre. Elle pensait que l’ignorer suffirait à la faire disparaître, mais plus elle la repoussait loin d’elle et plus le volume d’émotions grossissait. Jusqu’au jour où tout cela devenait intenable et où le trop plein devait être évacué … Ce jour était arrivé … Il n’y avait pas de bon jour, mais celui-ci était enclin à être “ suffisant ”. Quoi de mieux que les bras de son frère pour la consoler ? Elle se laissa aller contre Matteo lorsqu’il l’accueillit dans ses bras. Se blottissant contre lui, elle ne chercha plus à retenir les larmes, la douleur était trop grande pour la contenir. Malgré tout, l’étreinte rassurante de Matteo la calmait, elle se sentait en sécurité, dans une petite bulle qui épongeait chacune de ses larmes. La simple idée que cela fût possible l’apaisait. « Je suis désolé aussi de t'avoir tourné le dos. J'ai été stupide. » Ils étaient tous les deux responsables de ce qui s’était passé entre eux. Mais le pire dans tout ça, était leur entêtement, qui les avait malheureusement empêchés, des mois durant, de renouer leur lien … L’amour fraternel était si compliqué parfois …

Les minutes passèrent sans que l’un ni l’autre n’ajoute quoi que ce soit. Ils étaient dans leur monde, comme lorsqu’ils étaient enfants et que Matteo débarquait dans sa chambre pour la prendre dans ses bras après l’une de ses séances de torture … Il avait toujours su l’apaiser, même si elle détestait ça. Elle détestait avoir à impliquer son frère dans le conflit qui l’opposait à sa mère. Pourtant, il avait toujours été là, et son absence de ces derniers mois lui avait permis de réaliser à quel point elle avait besoin de lui dans sa vie. Ensemble, ils étaient ce qui restait le plus proche d’une famille Grimaldi unie. Cette réalité calma ses sanglots quelques instants, juste assez pour que Matteo puisse la décharger de toute sa culpabilité ; tout du moins, il essaya … « ...tu ne pouvais rien faire pour les sauver, tu n'as pas à porter une telle culpabilité, Anna. Ce n'est pas, ta, faute. Tu m'entends ? » Elle agitait la tête de droite à gauche. Il était trop dur d’entendre ces mots lorsqu’on voyait les corps s’entasser autour de soi. Tu ne pouvais rien faire … Une autre façon de dire qu’elle était incapable … C’était bien ça le problème, elle était incapable d’aider qui que ce soit, pas comme ça, pas en restant à ce point passive … Les larmes se remirent à rouler sur ses joues et sa gorge se noua de sanglot. Pourquoi n’arrivait-elle pas à se rendre à l’évidence ? Elle n’arriverait à se sentir bien que le jour où elle réussirait enfin à agir pour les causes qu’elle défendait. « C'est contre ce genre d’infamies que les insurgés se battent, c'est ce qu'ils font Anna, et c'est de ça qu'il faut se souvenir … » Dur à se l’imaginer lorsque l’on venait de sortir d’une prise en otage où ils étaient impliqués. Même si une grosse partie d’elle-même, savait que les insurgés n’étaient pas responsables, il y avait quand même ce traumatisme en elle qui l’empêchait de voir les aspects positifs d’une telle collaboration avec eux. « Il y a encore la possibilité de sauver des Thomas, des Teresa. Je sais qu'il y a Cara, et votre sécurité. Mais elle risque de voler en éclat d'un moment à l'autre Anna, autant t'y préparer tout de suite. » Il semblait tellement convaincu de ce qu’il avançait, que l’espace de quelques secondes, elle réussit à croire à cette possibilité elle aussi. Mais très vite, l’image de Chiara lui revint et se grava sur ses rétines, pour qu’elle n’oublie pas, pour qu’elle choisisse le mieux pour sa petite fille. Personne ne passerait jamais avant Chiara. Jamais. « On pourrait la protéger, jamais ils ne risqueraient sa vie, là-bas. » La protection n’était pas ce qui manquait à Chiara … Non ! Elle savait pertinemment qu’au camp des insurgés, ils arriveraient à la garder en sécurité, tous ces combattants, toute cette communauté … Ils savaient se battre, ils savaient comment protéger quelqu’un. Mais justement, un camp remplit de combattant n’était pas un monde dans lequel une petite fille devrait grandir, elle ne voulait pas mettre sa petite Chiara dans une telle position. Et si le camp était attaqué ? Tout le monde savait se défendre, ou au moins courir, mais Chiara, elle, n’avait que quatre ans, elle ne comprendrait pas … Elle ne pouvait pas prendre ce risque, elle ne pouvait pas jeter sa chair et son sang dans la gueule du loup … Chiara était tout ce qui lui restait de Thomas, elle ne se le pardonnerait jamais s’il lui arrivait quelque chose. « Où est-elle, en ce moment ? » Elle se redressa et posa ses deux mains sur son visage pour essuyer les résidus de larmes qui subsistaient. Elle baissa ensuite le regard sur ses mains et renifla. Il a le droit de savoir, se disait-elle. Mais quelque chose en elle bloquait les mots. « Elle est en sécurité. En tout cas, pour l’instant. Tant que Cara aura confiance en moi, elle sera en sécurité. Et je ne veux pas risquer ça, Matt. Tu sais que je ne peux pas la perdre. Pas elle … Pas elle. » Elle gratta les cicatrices sur ses poignets et hésita à poursuivre. « Je sais où je dois être. Je sais ce que je dois faire … Seulement, sans elle, ça aurait été plus facile. Je n’ai aucun regret à l’avoir eu, c’est ma petite fille, mon seul souvenir physique de Thomas … Mais parfois, je me dis que sans elle, tout aurait été plus simple … »

Elle leva ses yeux encore embués de larmes vers Matteo et l’observa quelques instants. Elle cherchait une solution, elle cherchait une échappatoire … Elle savait qu’elle devait arrêter de se voiler la face, qu’elle devait trouver un moyen de mettre Chiara en sécurité sans avoir à la confronter à la fureur de Cara. Comment faire ? Comment ne pas la mettre plus en danger en tentant de la mettre en sécurité ? Elle sentait que le moment était venu de réfléchir à une solution, de ne plus fuir la réalité … « Matt … » Elle coinça le visage de son frère entre ses mains pour l’obliger à la regarder dans les yeux, et d’une voix désespérée elle poursuivit. « … J’ai besoin de ton aide. J’ai besoin que tu m’aides à la faire sortir du pays ! » Une larme coula le long de sa joue. S’entendre dire ces mots rendait la chose tellement plus réelle. Mais c’était pour le mieux, elle le savait. Si le seul moyen de protéger Chiara était de l’éloigner d’elle, elle le ferait. Maureen, la sœur de Thomas se ferait un plaisir de l’accueillir … C’était la bonne décision, c’est la bonne décision. Elle n’avait plus besoin de se convaincre, elle devait seulement accepter. « Elle est si petite … Si innocente … Elle ne devrait pas à vivre dans un monde comme celui-ci. J’ai fait une erreur en la ramenant. J’aurais dû la laisser avec les parents de Thomas. J’ai juste été égoïste, je n’ai pas pensé à elle, je n’ai pas pensé aux risques … Mais j’y pense maintenant, j’y pense ! Tu m’entends ? » Elle serrait le visage de Matteo un peu plus fort pour s’assurer qu’il l’écoutait et laissa retomber ses bras à cause de la douleur. « Je ne sais pas encore comment, mais j’ai la sensation que les choses vont bientôt mal tourner … Le gouvernement commence à craquer, à faire de grosses tueries pour nous faire peur, ils ne vont pas tarder à nous avoir dans le collimateur, je le sens … Après Thomas et Teresa, on est leur meilleure cible … » On pouvait entendre le désarroi dans sa voix, le désespoir même. « Tu veux bien m’aider à l’éloigner de tout ça ? » Elle le suppliait du regard alors que ses yeux s’embuaient à nouveau d’une émotion intense. « Je t’en supplie … » Quelqu'un qui ne la connaissait pas, dirait qu'elle fait une crise de folie … Mais Matteo la connaissait, il comprendrait …
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HERO • we saved the world
Matteo Grimaldi
Matteo Grimaldi
‹ inscription : 04/10/2015
‹ messages : 953
‹ crédits : odistole.
‹ dialogues : #749585
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‹ liens utiles :
‹ âge : trente
‹ occupation : tisseur de mots, journaliste, coureur de monde. à la dérive.
‹ maison : Gryffondor
‹ scolarité : 1984 et 1991.
‹ baguette : était en bois d'érable, relativement flexible, mesurait 26,8 cm et contenait un coeur de phoenix.Désormais brisée, j'ai hérité d'une baguette récupérée sur le cadavre d'un mangemort: bois de noyer noir, 32 cm, coeur inconnu, et absolument pas faite pour moi.
‹ gallions (ʛ) : 4223
‹ réputation : j'ai l'air de regretter la fin de cette guerre, que ce qui secoue ce monde nouveau paraît me révolter bien plus que les atrocités commises par le précédent gouvernement, que je suis un piètre journaliste et écrivain qui tente de percer dans un milieu qui n'a jamais voulu de lui.
‹ particularité : en plein flou.
‹ faits : j'ai soutenu la rébellion, bien que je n'ai quitté ma vie que sur le tard pour aller les retrouver, au détour de la création de la Renaissance du Phoenix ; que beaucoup n'ont pas cru à mon implication, du fait de ma naissance surtout ; que j'ai une tendance fâcheuse à commencer des choses et à ne pas les terminer ; que ma plus grande ambition est d'enfin publier un livre ; que ma fiancée est en fuite et que je n'ai aucune idée de si je la reverrai morte ou vive, offerte aux bons soins des Détraqueurs ; que la nouvelle société me répugne presque autant que la précédente, voir plus ; que je ferai sûrement tout pour ma soeur.
‹ résidence : dans le loft de la Bran Tower ou Eirene et moi vivions avant que tout ne vole en éclat. J'ai réussi à garder l'appartement par je ne sais pas quel miracle, il sert aujourd'hui à ma soeur et à mon beau-frère, Elias, parfois. En vérité je n'y suis pas souvent, je fuis l'endroit.
‹ patronus : une méduse géante
‹ épouvantard : un grand feu, l'anéantissement total de ma famille, rester seul au milieu des cendres
‹ risèd : Eirene se tenant à mes côtés, aussi heureuse qu'elle l'était à nos débuts, lorsque nous étions encore pleins de promesses et de projets fabuleux avant que tout ne soit jeté aux flammes.
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« Elle est en sécurité. En tout cas, pour l’instant. Tant que Cara aura confiance en moi, elle sera en sécurité. Et je ne veux pas risquer ça, Matt. Tu sais que je ne peux pas la perdre. Pas elle … Pas elle. » Matteo se redressa, fronça les sourcils. Tant que Cara aura confiance en moi... Matteo n'aimait pas vraiment ce qu'elle lui disait. Elle répondait implicitement à sa question : anticipait-elle le fait qu'il allait désapprouver fortement le fait d'avoir caché sa fille chez leur cousine, qui trempait jusqu'aux yeux dans les magouilles gouvernementales ? Elle était rafleuse, par Merlin. Il se cachait une part certaine de jalousie dans sa réprobation criante, cette part de lui qui s'en voulait terriblement de ne pas avoir su être présent quand Anna en avait besoin. S'il ne lui avait pas tourné le dos comme il l'avait fait, peut-être que l'enfant aurait pu être sous bonne garde, sous sa surveillance à lui, avec Eirene. Cara avait su faire acte de présence, offrir son aide quand lui avait tout bonnement déserté le paysage. Il était le seul à blâmer, après tout. Et la position de sa cousine au Ministère offrait, quelque part, une couverture satisfaisante. Couverture qui risquait de voler d'un jour à l'autre, maintenant qu'il se savait sur la sellette, et qu'il risquait d'entraîner sa sœur dans sa chute. Là était le double tranchant de la situation : Cara aurait bien trop de pouvoir si elle décidait de retourner sa veste, de faire passer ses engagements avant sa famille. Sa sœur et elle entretenaient de très bonnes relations, il espérait au moins pouvoir compter sur cette certitude. Par réflexe, il tendit les mains pour freiner le grattage d'Anna sur ses cicatrices qui lui déchiraient le cœur à leur simple vue. « Je sais où je dois être. Je sais ce que je dois faire … Seulement, sans elle, ça aurait été plus facile. Je n’ai aucun regret à l’avoir eu, c’est ma petite fille, mon seul souvenir physique de Thomas … Mais parfois, je me dis que sans elle, tout aurait été plus simple … » Il comprenait ce qu'elle voulait dire. Il le comprenait même très bien, trop bien. Ils avaient tous quelqu'un que l'idée de quitter lacérait en deux. Il ne doutait pas un seul instant de l'amour que portait Anna à sa fille, il ne doutait pas non plus de son amour envers sa fiancée. Si chacun avait été seul, sans la crainte d'avoir cette personne à perdre, cette part de soi-même à laisser derrière pour sa sauvegarde, tout aurait été évidemment plus simple. Mais la vie était telle qu'elle était, avec sa part d'ombre et de lumière, avec les faits mêlés qu'elle leur imposait de vivre et de gérer, les complications qu'elle engendrait. L'attachement, l'espoir, le regret. Tant de constantes contradictoires avec lesquelles ils devaient composer chaque jour dans ce paysage instable. « Tu ne vas pas la perdre, je te promets de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour que ça n'arrive jamais. Tu peux me faire confiance là dessus. Après Teresa... » Il s'interrompit, incapable d'aller plus loin. Anna comprendrait. Parce qu'Anna vivait la même chose, la même souffrance, au quotidien. « Ecoutes, on va... » « Matt … » Anna se redressa, entoura son visage de ses mains blessées, griffées. La peau lacérée par les mauvais traitements. Il s'apprêtait à proposer des solutions. Il s'apprêtait à lui parler de plans tirés sur la comète, de ceux qui impliquaient Panda, Red, des alliés qui les sauveraient tous les trois s'ils le leur demandaient. Il se voyait déjà préparer leur fuite organisée vers les camps insurgés, dire adieu à la sécurité et au confort qu'ils connaissaient, adieu à... le nom écorcha ses pensées en même temps qu'il érafla son cœur. Elle l'obligea à le regarder, à interrompre ses élucubrations mentales, son imagination fertile qui préparait tout à l'avance, pour eux, pour les sauver. « … J’ai besoin de ton aide. J’ai besoin que tu m’aides à la faire sortir du pays ! » « Quoi ?! » Il se recula.

L'aider à... il ne pouvait pas faire ça. Non, rectification, il ne voulait pas faire ça. Il ne voulait pas imaginer sa sœur se séparer de sa fille, participer à cette rupture que cela serait dans sa vie, et qu'elle regretterait forcément. « Tu ne peux pas... Il ne faut pas... Anna ! Il faut qu'elle reste près de toi, près de nous ! Où veux-tu qu'elle aille ? Chez la tante Livia, en Italie ? On ne pourra pas la protéger si elle... » « Elle est si petite … Si innocente … Elle ne devrait pas à vivre dans un monde comme celui-ci. J’ai fait une erreur en la ramenant. J’aurais dû la laisser avec les parents de Thomas. J’ai juste été égoïste, je n’ai pas pensé à elle, je n’ai pas pensé aux risques … Mais j’y pense maintenant, j’y pense ! Tu m’entends ? » Les parents de Thomas. Le fantôme de Prescott la hanterait donc jusqu'à la fin. Matteo serra les dents. Était-ce la solution, après tout ? Mais les frontières étaient fermées. Leur famille serait surveillée de près, si elle ne l'était pas déjà. Les suspicieux avaient d'excellentes raisons de douter d'eux, infâmes traîtres à leur sang. « Oh bon sang. » Anna avait raison ; Chiara n'avait pas à subir la folie environnante, elle méritait de grandir dans un foyer aimant et sûr, sain, quelque part où elle ne vivrait pas dans la peur. L'idée faisait son chemin dans son esprit buté, lentement mais sûrement. Il passa une main sur son visage. Elle disait vrai, le gouvernement n'allait pas tarder à leur tomber dessus. Le moindre faux pas signerait leur arrêt de mort. « Tu veux bien m’aider à l’éloigner de tout ça ? » Il ferma les yeux pour ne pas voir son regard suppliant. Il avait besoin de réfléchir. Il fallait être prudent, très prudent. « Je t’en supplie … » Matteo secoua la tête. Le désespoir qui suintait de sa voix le rendait malade. Même s'il désapprouvait, même s'il craignait de voir l'enfant quitter le pays, il ne referait pas l'erreur d'oublier ses engagements familiaux. Seul demeurait le regret de revoir sa nièce pour quelques temps seulement, dans le seul but de la quitter, pour un temps indéfini. La guerre s'intensifiait, la paix n'était pas pour demain : ni le retour de Chiara auprès de sa famille. « Ne me supplie pas Anna. Tu sais que je t'aiderai. Je ne te tournerai plus le dos, et j'ai promis de mettre la petite en sécurité, si tu penses que c'est la meilleure solution... Alors soit. On va la faire sortir d'ici. » Il rouvrit les yeux, planta son regard dans le sien. Le ton était las mais décidé. Les rouages s'enclenchaient, démarraient de nouveaux plans, de nouvelles idées, pour fuir. La tasse tournoya entre ses doigts tandis qu'il songeait à l'aide qu'il pourrait trouver, aux moyens détournés qu'ils pourraient utiliser... Transplaner était hors de propos, le système était placé sous surveillance étroite et obtenir un portoloin pour l'étranger était si difficile par les temps qui courraient, réservé aux Mangemorts pour ce qu'il en savait, d'ailleurs. Non. Ils allaient devoir prendre une autre voie. Matteo inspira une bonne fois, baissa le ton malgré les rideaux insonorisants tirés autour de leur table. « Il va falloir la faire voyager par les moyens moldus. On ne peut pas se permettre de risquer de se faire remarquer, demander un droit de passage pour une enfant restée cachée si longtemps, ce serait... Non. Elle prendra le train, ou le bateau, ou tout ce que les moldus sont capables d'inventer pour se déplacer. Le plus dur sera de le faire le plus discrètement possible, de se procurer l'argent nécessaire- » (Le plus dur serait de la quitter, mais la priorité était de garder à l'esprit les exigences matérielles et tangibles, mettre de côté les sentiments) Merlin, il ne connaissait rien à l'argent moldu. C'était une des choses à ajouter à la liste de toutes les variables casse-gueule qu'ils allaient devoir maîtriser avant de faire quoi que ce soit. « -et je crois qu'on devrait prévoir un plan B. Impliquer certains des Insurgés. Je sais que quelques uns ont réussi à faire passer clandestinement des sorciers étrangers... » Il se pencha en avant, les yeux fixés sur l'eau tiède de son thé. « Cara... aura sans doute des soupçons. Si la petite est chez elle en ce moment même... Je ne sais pas. Est-ce que tu comptes le lui dire ? » Si cela ne tenait qu'à lui, il n'irait certainement pas l'impliquer là dedans. La trahison était ce qui pouvait arriver de pire. Lui-même doutait d'en parler à qui que ce soit en dehors des personnes nécessaires à la réussite du plan. Du plan... Merde, il réalisait à peine ce qu'ils étaient en train de projeter. Mais Anna connaissait mieux sa cousine que lui, ces derniers temps, et elle aurait sans doute un certain poids dans cette discussion, si elle devait avoir lieu. « Elle ne te laissera jamais faire ça. Elle comprendrait aussitôt ce qui se profile à l'horizon pour nous. » Pour eux ? Et qu'est-ce qui se préparait à leur horizon ? Il savait sa situation délicate, et si Anna décidait de le suivre, elle se retrouverait dans le même cas. « Je crains que nous ne soyons déjà surveillés, Anna. Les sangs-purs et adhérents du système sont nombreux à douter, ces temps ci et le Ministère n'en est que plus suspicieux. Malfoy a été la cible de leurs doutes, les Rowle, on est les prochains sur la liste. Il faut réussir à rester discrets d'ici à ce qu'on la fasse sortir d'ici. Le plus tôt serait le mieux. » Le plus tôt, mais quand ? Une douleur ourla sa peine. Il avait même appris la fuite de Rolf Scamander, son ancien et estimé ami, et les recherches étaient en cours. Il ne donnait pas cher de sa peau si on le retrouvait. Le monde partait en fumée, emportant avec lui les souvenirs et les belles journées d'antan. « Comment comptes-tu prévenir les Prescott ? » Le dossier brutalisa son dos quand il se renversa en arrière, comme pris d'une brusque panique. « Bon sang Anna. J'espère que tu es sûre de ce que tu fais. » Il marqua une pause. « Je ne remettrai rien en cause, crois moi, même si ça ne me fais pas plaisir du tout, mais je suivrai la voie que tu choisiras sans discuter. Je veux juste être certain que tu ne le regretteras pas. Dis moi que c'est une décision mûrement réfléchie. »
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Anna Grimaldi
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‹ âge : trente-quatre
‹ occupation : guérisseuse au service d'infection par virus et microbe magique et co-présidente de l'association "Rosier's Disease Research Trust".
‹ maison : Serdaigle
‹ scolarité : 1980 et 1987.
‹ baguette : est en bois de charme, contient une plume de phénix et mesure 26,4 centimètres.
‹ gallions (ʛ) : 5557
‹ réputation : je suis fragile et que j'ai été manipulée par mon compagnon.
‹ particularité : occlumens.
‹ faits : je suis de sang pur, que je fais partie de la famille Grimaldi, que je suis d'origine italienne, que j'adhère aux idées insurgées mais que je me suis résolue à ne jamais les rejoindre pour le bien être de ma fille, que je suis une ancienne guérisseuse et que je sais donc comment soigner les gens de diverses pathologies, que je me défends en duel, que j'adore lire, que j'apprécie les jolies choses.
‹ résidence : dans un petit studio sur le chemin de traverse que le gouvernement a bien voulu me donner pour mon implication de guérisseuse durant la guerre. La demeure des Grimaldi à Herpo Creek ainsi que mon appartement à la Bran Tower avaient été saisis. Je dispose toujours d'une résidence secondaire et tertiaire à Brighton (maison d'été) et à Florence (terres italiennes).
‹ patronus : un lapin, patronus de Thomas
‹ épouvantard : un entassement de corps, celui de mes enfants et des êtres qui me sont chers.
‹ risèd : ma famille heureuse et recomposée.
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Se séparer de sa fille était la pire des décisions qu’elle n’ait jamais prise. Enfin, pire seulement sous certains angles … Pire parce qu’elle l’éloignait de la seule famille qu’elle ait réellement connue. Pire parce qu’elle savait égoïstement que la présence de sa fille lui manquerait. Chiara était sa bouée de sauvetage, sa bouffée d’air frais au milieu de ce monde de brutes. Pire parce qu’elle empêchait Matteo qui l’avait pas vue depuis si longtemps de rattraper le temps perdu. Mais malgré tout, meilleur parce que Chiara serait véritablement en sécurité une fois qu’elle aurait quitté le pays. Meilleur parce qu’elle n’aurait plus à partir au travail le matin en ayant la culpabilité de laisser sa fille avec des domestiques. Meilleur parce qu’elle pourrait mener ses convictions jusqu’à leur terme, agir, faire ce qu’elle aurait toujours dû faire. Idéalisait-elle cette séparation pour la rendre plus vivable, plus supportable ? Elle avait cependant la sensation que cette décision était la bonne et devait aller au bout, sans trop se questionner … « Ne me supplie pas Anna. Tu sais que je t'aiderai. Je ne te tournerai plus le dos, et j'ai promis de mettre la petite en sécurité, si tu penses que c'est la meilleure solution... Alors soit. On va la faire sortir d'ici. » Ses yeux se fixèrent sur le visage triste de Matteo, essayant de sonder son esprit. Elle savait que cette séparation avec Chiara lui faisait autant de mal qu’à elle, mais ensemble ils arriveraient à surmonter ça, elle en était certaine. « Merci. » murmura-t-elle en ramenant son poing sur son cœur. Il y avait tant de choses à penser, tellement de plan à envisager … Elle savait que cette quête ne serait pas de tout repos, mais ça serait un début … La première fois qu’elle agirait, la première fois qu’elle s’opposerait au gouvernement, la première fois que l’insurgée qui siégeait en elle comme un virus inactivé pourrait enfin s’exprimer. Ils devaient tous les deux organiser cette extraction avec minutie, ils devaient absolument avoir des solutions de secours ; elle ne risquerait jamais la vie de Chiara, si un problème survenait, elle avorterait toute tentative, parce que le but n’était pas de la mettre face à des dangers plus grands, mais bien de la protéger. Elle devait réfléchir à tout ça, elle le savait. Mais à cet instant même, tout ce qu’elle arrivait à ressentir était ce mélange de soulagement et de fatigue. Elle n’avait pas l’esprit assez clair pour élaborer un plan aujourd’hui, et Matteo semblait bien engager pour en établir un – voire plusieurs – alors elle l’écouta passivement exposer ses idées.

Son regard s’était égaré entre le présent et le passé. Elle regardait son frère, cette énergie et ce courage qu’il avait toujours eu. Il parlait avec une conviction telle qu’elle n’arrivait même pas à en douter. Son écoute n’était pas très attentive. Son cerveau enregistrait en arrière-plan les informations, alors qu’elle, divaguait dans ses souvenirs. Matteo avait toujours été ainsi, inspiré par une force invisible qui le poussait parfois à prendre des décisions un peu trop hâtives. Il le démentirait peut-être mais elle avait toujours trouvé qu’il était un peu impulsif. C’est pourquoi il avait fini à Gryffondor, après tout. Matteo et Teresa, ils avaient cette puissance et cette persévérance qu’elle n’avait jamais eues. Les décisions qu’ils avaient réussi à prendre en quelques heures, sur quelques détails, elle avait dû les prendre après de longues réflexions et avec beaucoup de preuves. Pourquoi était-elle si cérébrale ? Elle ne pouvait pas tout mettre sur le dos d’une mère violente et antipathique, cependant, l’éducation qu’elle avait reçue avait sans doute laissé quelques stigmates sur son comportement et sa difficulté à prendre les bonnes décisions. Elle était formatée ainsi et peu de personnes n’avaient réussi jusqu’à présent à la pousser à faire des choix irréfléchis … Ses yeux admirèrent le visage de son frère, il avait, malgré une fatigue certaine, cette beauté qu’elle admirait. Il avait beaucoup hérité de son père, le visage, le sourire, le caractère … Sa principale différence résidait dans sa capacité à s’opposer à sa mère, là où leur père n’avait jamais réussi à empêcher son épouse de faire ce qu’elle faisait. Matteo avait été son ancre et sa boussole, il avait toujours réussi à la rassurer, à la calmer et à l’orienter vers le chemin du bonheur. Sans lui, elle ne serait pas aussi saine d’esprit aujourd’hui, et aurait sûrement déjà fini internée à Ste Mangouste. Elle avait besoin de lui. Sans lui, elle n’était capable de rien ; elle était la tête, l’inertie, il était le corps, l’action. Ensemble ils étaient complets.

« Est-ce que tu comptes le lui dire ? » La brume de souvenirs surannés s’estompa et laissa place à ce réel parfois si dur à contenter. « Comment ? » Elle n’avait pas écouté. Son cerveau avait cependant enregistré et très vite, les connexions se firent dans sa tête et elle put répondre. « En fait, je ne sais pas … » La tête baissée sur ses mains, elle avait cet air abattu. « Cara est compliquée, mais elle est manipulable … Je suis convaincue que la confiance qu’elle a en moi pourra suffire mais … je ne dois pas lui mentir, seulement déformer la vérité … Enfin, si j’y arrive. » Elle n’avait pas vraiment confiance en elle, elle était une piètre menteuse, alors manipuler quelqu’un était un exercice dans lequel elle faillirait sans doute. Elle devrait s’entraîner, préparer un discours infaillible dont Cara ne pourra pas douter. Elle y réfléchirait … Mais pour l’instant, elle sentait des picotements au niveau de ses yeux, et ses paupières devenaient de plus en plus lourdes. « Elle ne te laissera jamais faire ça. Elle comprendrait aussitôt ce qui se profile à l'horizon pour nous. » Elle acquiesça, l’esprit dans un état de léthargie naissante. « Je crains que nous ne soyons déjà surveillés, Anna. » Hum. Sa tête était lourde, mais elle s’obligeait à rester éveillée et à écouter ce que son frère avait à dire. Elle regrettait presque d’avoir évoqué le sujet si tôt. « Il faut réussir à rester discrets d'ici à ce qu'on la fasse sortir d'ici. Le plus tôt serait le mieux. » Mais il avait raison, ils n’avaient pas le temps de tergiverser, ils devaient agir vite. Grâce à sa position au ministère, elle voyait le gouvernement perdre pied, se lancer dans des conquêtes irrationnelles parmi lesquelles le sacrifice d’un village entier, accusé d’aider des traitres. « Godric’s Hollow a été rasé … » Les mots étaient sortis de sa bouche dans un murmure comme pour lui rappeler qu’aucun village quel qu’il soit n’était à l’abri d’un attaque des Mangemorts. Elle avait beau être de sang pur, faire partie d’une famille de noble, rien ne pèserait jamais assez dans la balance pour la protéger ; ni elle, ni sa fille. « Comment comptes-tu prévenir les Prescott ? » Lui parlait-il ? Elle n’en était pas vraiment sûre. Elle posa ses mains sur ses yeux et frotta son visage. Un long bâillement lui échappa et elle laissa sa tête tomber sur l’épaule de son frère. « Je ne sais pas. Enfin si, mais … Non … » En fait, elle comptait les contacter une fois qu’ils auraient réussi à sortir du pays, mais elle n’avait pas le courage d’expliquer tout ça, parce qu’elle devrait lui expliquer les autres détails auxquels elle avait déjà pensé. « Je suis fatiguée … On pourrait pas en reparler demain ? » Elle bâilla à nouveau et alors que ses paupières s’abaissaient lentement, Matteo se renversa en arrière et sa tête se retrouva l’espace de quelques secondes dans le vide. La surprise suffit à la réveiller et elle dut se retenir au bord de la table pour ne pas tomber par terre. « Je … euh … » Elle posa sa main sur sa poitrine et tenta de calmer sa respiration. « Je ne suis sûre de rien, Matt. » Elle ferma les yeux, prit une profonde inspiration et poursuivit. « Mais toi comme moi, on sait que c’est le mieux à faire. Je te mentirai en disant que je n’aurais pas de regrets en l’éloignant de moi. Mais le plus important c’est elle ou moi dans cette affaire ? » Elle plaqua ses paumes de main sur ses yeux, les resserra en poing. « Tu le sais que c’est elle … » Elle dévoila ses yeux embuées de larmes à son frère et pinçant les lèvres pour souligner la fatalité de cette décision, elle haussa les épaules. « Je ne pourrais pas perdre encore un enfant. Après Andrea, je me suis jurée de protéger Chiara au prix de ma vie s’il le fallait … Donc je le ferai, je le ferai … » Elle attrapa les mains de son frère et lui souffla. « Je sais que ça sera douloureux pour toi aussi de la voir partir. Je l’ai cachée trop longtemps du danger, mais au détriment de toi. Je suis désolée. » Elle leva le bras, non sans une grimace de douleur, et rangea une mèche de la chevelure brune de son frère, comme il lui arrivait de le faire lorsqu’il était encore petit. « Je t’aime Matt. » Elle tendit les bras pour l’enlacer. « Tu m’as tellement manqué. Je suis désolée d’avoir pas fait ce qu’il fallait. » Elle poussa un soupir, le visage appuyé contre l’épaule de son frère qu’elle ne voulait pas lâcher. Et comme si ce toucher voulait lui rappeler tout ce qu’elle avait perdu, elle murmura. « Tessa me manque tellement. Il n’y a plus que nous deux maintenant … » Hormis un père inerte, une mère dépressive et une cousine collaboratrice … Cette réalité était si douloureuse, elle avait l’impression d’avoir reçu un coup de massue sur la tête. Pourquoi avait-il fallu que la plus jeune d’entre eux meure au combat ? Elle ne l’avait pas mérité, elle avait seulement voulu sauver les autres … Cet éternel altruisme. « Mais je ne te laisserai plus jamais t’éloigner de moi. Tu m’entends ? » Ils restèrent quelques instants ainsi, silencieux sans qu’elle n’ose rompre de silence empli de douleurs et d’émotions. Elle finit par se détacher de lui, tout en gardant ses mains sur les épaules de Matteo. « Et si on retournait en bas pour voir quand est-ce que je peux sortir ? » Elle n’en pouvait plus de cet environnement, de cet hôpital qui lui rappelait la mort d’Andrea, celle de Thomas et ses longues heures de formation et de travail. Elle étouffait et n’avait envie que d’une seule chose : rentrer prendre Chiara dans ses bras et s’assurer qu’elle allait bien. Après, elle réfléchirait au plan. Après, ils agiraient. Elle pourra être en sécurité. Elle le sera. Même si cela impliquait de violer des dizaines de lois gouvernementales.
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Matteo Grimaldi
Matteo Grimaldi
‹ inscription : 04/10/2015
‹ messages : 953
‹ crédits : odistole.
‹ dialogues : #749585
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‹ liens utiles :
‹ âge : trente
‹ occupation : tisseur de mots, journaliste, coureur de monde. à la dérive.
‹ maison : Gryffondor
‹ scolarité : 1984 et 1991.
‹ baguette : était en bois d'érable, relativement flexible, mesurait 26,8 cm et contenait un coeur de phoenix.Désormais brisée, j'ai hérité d'une baguette récupérée sur le cadavre d'un mangemort: bois de noyer noir, 32 cm, coeur inconnu, et absolument pas faite pour moi.
‹ gallions (ʛ) : 4223
‹ réputation : j'ai l'air de regretter la fin de cette guerre, que ce qui secoue ce monde nouveau paraît me révolter bien plus que les atrocités commises par le précédent gouvernement, que je suis un piètre journaliste et écrivain qui tente de percer dans un milieu qui n'a jamais voulu de lui.
‹ particularité : en plein flou.
‹ faits : j'ai soutenu la rébellion, bien que je n'ai quitté ma vie que sur le tard pour aller les retrouver, au détour de la création de la Renaissance du Phoenix ; que beaucoup n'ont pas cru à mon implication, du fait de ma naissance surtout ; que j'ai une tendance fâcheuse à commencer des choses et à ne pas les terminer ; que ma plus grande ambition est d'enfin publier un livre ; que ma fiancée est en fuite et que je n'ai aucune idée de si je la reverrai morte ou vive, offerte aux bons soins des Détraqueurs ; que la nouvelle société me répugne presque autant que la précédente, voir plus ; que je ferai sûrement tout pour ma soeur.
‹ résidence : dans le loft de la Bran Tower ou Eirene et moi vivions avant que tout ne vole en éclat. J'ai réussi à garder l'appartement par je ne sais pas quel miracle, il sert aujourd'hui à ma soeur et à mon beau-frère, Elias, parfois. En vérité je n'y suis pas souvent, je fuis l'endroit.
‹ patronus : une méduse géante
‹ épouvantard : un grand feu, l'anéantissement total de ma famille, rester seul au milieu des cendres
‹ risèd : Eirene se tenant à mes côtés, aussi heureuse qu'elle l'était à nos débuts, lorsque nous étions encore pleins de promesses et de projets fabuleux avant que tout ne soit jeté aux flammes.
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Indifférent à la maladie et à la fatigue de sa sœur, Matteo se laissait emporter par les plans qui prenaient forme sur sa langue à mesure qu'il les énonçait, réfléchissant à voix haute. Soucieux d'organiser ce que, au fond de lui, il considérait comme une folie. Une pure folie. Les raisonnements clairs d'un pragmatisme un peu effrayant compte tenu des circonstances faisaient barrière aux réelles émotions qui s’agitaient en arrière-cour. La terreur brute d'assister à la descente aux enfers, l'angoisse scintillante qui habille leur avenir. Les gens mourraient tous les jours autour d'eux (la chronique nécrologique se remplissait toujours aussi bien) ; des familles entières tombaient en disgrâce sur de simples soupçons menés à leur encontre, leur réputation mises à mal par des hautes trahisons aux motifs divers. Sa propre famille portait allégeance au gouvernement quand lui-même poussait Anna à le suivre sur ce chemin glissant qui allait les mener dans une zone d'inconfort certain. Les mesures qu'ils allaient prendre voulaient tout dire. Anna renonçait à sa fille, qu'elle avait cachée toutes ses années après bien des efforts et des concessions, et cela ne pouvait dire qu'une chose : leur vie était à ça de se casser la figure. Quand il regardait derrière lui, il pouvait se féliciter d'avoir su suivre les routes qui lui convenaient, refusant de se plier aux exigences de ses parents, qui attendaient tant d'eux. Il avait toujours eu la chance de choisir. Bien qu'aujourd'hui, il savait certains de ses choix discutables, on ne pouvait pas dire que Matteo Grimaldi était à plaindre. Quand il regardait devant lui, en revanche, il n'y voyait rien. Rien qu'un avenir trouble. Pour la première fois de sa vie, il pouvait se demander, en toute légitimité, s'il vivrait de vieux jours. Oh, tout le monde pouvait se poser la question. Tout le monde pouvait claquer accidentellement, bêtement, sans que personne n'ait rien vu venir. Ceux qu'il rejoignait chaque jour un peu plus, en son âme et conscience, avaient seulement une espérance de vie plus limitée que les Mondains confortablement installés dans leurs Manoirs. Il serait bientôt fiché, traqué, jusqu'à ce que mort s'en suive. Etait-ce cela qu'il demandait à sa sœur ? Renoncer à son confort pour l'aider dans cette folle entreprise, pour mettre à bien des projets désespérés ? Un court instant, Matteo recula en lui-même, saisi par ce que cette idée avait de dingue et de risible. Etait-ce ce qu'il voulait pour sa sœur ? N'essayait-il pas, de cette façon, de la garder auprès de lui quand il serait forcé de partir ? C'était d'un égoïsme rebutant. Il ne voulait plus perdre Anna. Ces derniers mois lui avaient au moins fait comprendre qu'il était amoindri, quand elle n'était pas là pour le compléter.

Sa cellule familiale était sur le point d'exploser.
Sa situation ne tenait plus qu'à un fil, les adieux avec sa nièce ne seraient que les premiers d'une longue série. A moins qu'il ne disparaisse sans laisser de trace (il n'avait pas encore réfléchi à ça).

Alors peut-être que toute cette réflexion, ce babillage incessant, cette masse d'informations qu'Anna ne parvenait plus vraiment à ingérer, servait à se protéger de tout ça. De toute cette souffrance inévitable qu'ils allaient devoir traverser. Agir plutôt que subir. Ça aurait pu être un joli crédo s'il n'avait pas mis tant de temps à s'y tenir, songea-t-il avec amertume. « Est-ce que tu comptes le lui dire ? »  « Comment ? Cara est compliquée, mais elle est manipulable … Je suis convaincue que la confiance qu’elle a en moi pourra suffire mais … je ne dois pas lui mentir, seulement déformer la vérité … Enfin, si j’y arrive. » Cara, manipulable ? Anna était la mieux placer pour essayer mais il craignait déjà le refus de sa cousine lorsqu'elle entendrait parler de leurs projets. Parmi tous les problèmes qu'il listait un à un comme un devoir mental, c'était celui qu'il craignait le plus. Sa radicalisation et son tempérament belliqueux le rendait nerveux à l'idée de ce qu'elle était capable de faire si jamais elle décidait de s'opposer à Anna. « Godric’s Hollow a été rasé … » Il leva les yeux vers elle. L'observa comme si c'était la toute première fois qu'il la regardait, l'incertitude se lisant sur son visage. Il hésita. Ça ne sonnait pas comme une question, ni comme un reproche, ni comme une nouvelle qu'elle lui donnait. C'était un constat terrifiant, qu'elle semblait réaliser seulement maintenant. Matteo avait su ce qui était arrivé à ce village. La révolte au creux du ventre, il poursuivit, posa les dernières questions. « Je ne sais pas. Enfin si, mais … Non … Je suis fatiguée … On pourrait pas en reparler demain ? » Matteo se redressa sur son siège, prenant soudain conscience de l'épuisement de sa sœur. Par Merlin ce qu'il pouvait être négligeant, oublieux ! Ses yeux papillotaient et le bâillement agrémenta le tableau. Ce qu'il pouvait être idiot, il l'avait prise d'assaut avec ses douze mille questions et n'avait même pas pensé à reporter la conversation. « Oh, bien sûr, excuse-moi je t'ai vraiment assommée, on aura le temps de voir ça plus tard, évidemment » souffla-t-il, sourcils froncés, soudain inquiet. Même si du temps, ils en avaient bien moins que nécessaire, en réalité. Monter ici n'était peut-être pas une bonne idée, si les Guérisseurs avaient été si réticents à l'idée de la laisser sortir de son lit, c'est qu'il y avait une bonne raison.  « Je ne suis sûre de rien, Matt. » répondit sa sœur à la lointaine question posée quelques instants plus tôt, avec un temps de retardement. Elle inspira profondément, et il voulut lui dire plus tard, plus tard Anna, c'était une question qui n'attend aucune réponse. Bien sûr qu'elle n'était sûre de rien. Comment aurait-elle pu. Lui-même se trouvait tiraillé dans l'ambivalence de ses sentiments, à la fois désireux de l'éloigner pour la protéger, et peu enclin à se séparer de sa nièce. « Mais toi comme moi, on sait que c’est le mieux à faire. Je te mentirai en disant que je n’aurais pas de regrets en l’éloignant de moi. Mais le plus important c’est elle ou moi dans cette affaire ? » Matteo demeura silencieux, les yeux rivés sur son aînée. « Tu le sais que c’est elle … » De nouvelles larmes perlaient à ses yeux, et il poussa un soupir. S'il pouvait effacer ses larmes d'un coup de baguette, lui retirer par la même occasion toutes les raisons pleurer... rendre sa vie plus simple. Sa gorge se serra. « Je ne pourrais pas perdre encore un enfant. Après Andrea, je me suis jurée de protéger Chiara au prix de ma vie s’il le fallait … Donc je le ferai, je le ferai … » Matteo baissa les yeux. « Je sais Anna. » Tu ne la perdras pas, voulut-il promettre mais quel service lui rendait-il en disant ça, lui qui n'était sûr de rien, tout comme elle ? Ils feraient de leur mieux, comme toujours. Non, ils feraient tout pour la sortir saine et sauve loin de ce pays déchu, parce qu'ils n'avaient pas d'autre choix. Échouer était hors de programme. « Je sais que ça sera douloureux pour toi aussi de la voir partir. Je l’ai cachée trop longtemps du danger, mais au détriment de toi. Je suis désolée. » Il hocha la tête, plus pour signifier qu'il entendait ce qu'elle lui disait que pour approuver ses paroles. « Tu as fait ce qu'il fallait. On était en froid, Anna. C'est normal. » glissa-t-il à voix basse tandis qu'elle replaçait une mèche sur son front d'un geste familier et chaleureux. Il ferma les yeux un instant à son contact, qui lui rappela ses jeunes années, lorsqu'il tentait vainement de s'interposer entre sa mère et elle. Quand il s'excusait de ne pas avoir su lui éviter les coups, la violence de sa propre génitrice. Voilà qu'il lui faisait encore du mal. Qu'il la mettait encore en danger, sans savoir comment la protéger. Sa vie en serait-elle ainsi jusqu'à la fin ? C'était désolant. « C'était pour son bien. » « Je t’aime Matt. » Une boule se forma dans sa gorge, et la voix lui manqua ; Anna lui ôta l'obligation de dire quoi que ce soit en le prenant dans ses bras, comme il l'avait fait pour elle un peu plus tôt. Des mois, des mois à rattraper... « Tu m’as tellement manqué. Je suis désolée d’avoir pas fait ce qu’il fallait. Tessa me manque tellement. Il n’y a plus que nous deux maintenant … »

Plus que nous deux. Le couperet tomba comme une sentence macabre. Plus que nous deux. Sa salive prenait un goût de cendre sur ses lèvres ; Matteo sentit ses yeux le brûler, une boule se former dans sa poitrine, à la place où aurait du se trouver son cœur. Il ferma les yeux, laissa émerger tout ce qu'il retenait et transformait en une colère froide depuis trop longtemps. Il n'avait rien laissé paraître, devant Eirene, Anna, le monde entier. Sa petite sœur pour eux était une traîtresse qui avait bien mérité son sort ; il avait bien du approuver, soutenir avec véhémence que sa mort n'était rien qu'un événement comme un autre. Rien de répréhensible. Sa rage envers le reste du monde sorcier, aveuglé et aveuglant, éclata comme une bombe. La boule disparut et son cœur se remit à battre, à mesure que son souffle s'accélérait ; il retenait les larmes, refusait ce laisser aller, imprimant la colère plutôt que le chagrin. Il n'en pouvait plus de ce chagrin. De ce regret. De ces actes manqués. Il n'en pouvait plus de ces mensonges, de ces faux semblants. « Mais je ne te laisserai plus jamais t’éloigner de moi. Tu m’entends ? » l'entendit-il lui dire, d'une voix un peu lointaine. Les souvenirs le rattrapèrent et menacèrent de faire sauter ses barrières de sécurité. Il inspira une grande bouffée d'air, s'écarta doucement d'elle en passant les mains sur son visage. Un étau enserrait toujours sa gorge. Il hocha la tête pour toute réponse, prenant sa main dans la sienne. Il n'était plus question de se séparer. « Et si on retournait en bas pour voir quand est-ce que je peux sortir ? » Nouvelle inspiration. Reprends-toi Matt. « Allons-y » fit-il d'une voix blanche.

Ils avaient à peine touché à leurs thés, qui avaient refroidi au fil de la conversation. D'un geste de la main il repoussa le rideau, l'autre tenant toujours fermement celle de sa sœur. Il avait peur qu'elle défaille sur le trajet. Peut-être avait-il été trop ambitieux. Cela faisait des jours qu'elle était là, sous soins intensifs. Matteo avait pensé qu'elle s'était rétablie. Les maléfices subis avaient quelque chose d'inquiétant, pour qu'ils persistent aussi longtemps. De la magie noire ? Les Insurgés ne se servaient pas de cette branche obscure. Du moins l'espérait-il. Ils descendirent une à une les marches jusqu'au quatrième étage, puis il raccompagna Anna jusqu'à sa chambre, en gardant le silence. Matteo retrouva l'usage de sa voix devant la Guérisseuse qui le toisa d'un air réprobateur en avisant la mine blafarde de sa sœur. Anna retourna dans son lit et il se tourna vers la soignante, qui posa de petits flacons sur la table de chevet. Une pointe de culpabilité l'assaillit quand il posa la question qui fâche : « Quand ma sœur pourra-t-elle sortir ? » La guérisseuse le regarda, interdite, puis passa à Anna. Elle sembla réfléchir un long moment. « Il reste encore des traces du maléfice à enlever, Madame, il serait plus judicieux de rester quelques jours encore, le temps qu'on soit certain que tout est parti. La douleur persistera encore et nous sommes en mesure de vous fournir les antalgiques nécessaires... » Matteo s'assit au pied du lit, jeta un regard interrogateur à sa sœur. « Le maléfice que vous avez subi semble assez corrosif et un peu réfractaire à nos traitements. On dirait qu'il cherche à s'étendre, » ajouta-t-elle avec ce qui ressemblait à de l'inquiétude dans sa voix. Matteo n'avait aucune idée du maléfice dont elle parlait. Il n'avait pas eu plus de précisions de la part de sa sœur, il devait se contenter d'écouter en espérant que ces incapables (avec tout le respect qu'il leur devait) trouveraient une solution au problème -et vite. Il ne pouvait s'agir seulement des marques sur ses poignets fragiles. « Combien de temps, alors ? » insista-t-il. Haussement d'épaules. « Peut-être une semaine, deux si nous n'avons pas de chance. » Matteo se tourna de nouveau vers Anna. Deux semaines. Deux semaines. Il serait peut-être trop tard pour agir. Mais la santé d'Anna ne passait-elle pas avant tout le reste ? Pourquoi tout devait-il être si compliqué ?
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WIZARD • always the first casuality
Anna Grimaldi
Anna Grimaldi
‹ inscription : 07/06/2015
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‹ dialogues : #e95353.
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‹ âge : trente-quatre
‹ occupation : guérisseuse au service d'infection par virus et microbe magique et co-présidente de l'association "Rosier's Disease Research Trust".
‹ maison : Serdaigle
‹ scolarité : 1980 et 1987.
‹ baguette : est en bois de charme, contient une plume de phénix et mesure 26,4 centimètres.
‹ gallions (ʛ) : 5557
‹ réputation : je suis fragile et que j'ai été manipulée par mon compagnon.
‹ particularité : occlumens.
‹ faits : je suis de sang pur, que je fais partie de la famille Grimaldi, que je suis d'origine italienne, que j'adhère aux idées insurgées mais que je me suis résolue à ne jamais les rejoindre pour le bien être de ma fille, que je suis une ancienne guérisseuse et que je sais donc comment soigner les gens de diverses pathologies, que je me défends en duel, que j'adore lire, que j'apprécie les jolies choses.
‹ résidence : dans un petit studio sur le chemin de traverse que le gouvernement a bien voulu me donner pour mon implication de guérisseuse durant la guerre. La demeure des Grimaldi à Herpo Creek ainsi que mon appartement à la Bran Tower avaient été saisis. Je dispose toujours d'une résidence secondaire et tertiaire à Brighton (maison d'été) et à Florence (terres italiennes).
‹ patronus : un lapin, patronus de Thomas
‹ épouvantard : un entassement de corps, celui de mes enfants et des êtres qui me sont chers.
‹ risèd : ma famille heureuse et recomposée.
http://www.smoking-ruins.com/t1958-anna-loooove-me
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La fatigue obscurcissant ses songes, sa présence au sein de cet hôpital ne devenait que plus oppressante. Dure était la réalité. Paradoxale était l’émotion. Elle, qui avait passé des journées entières, non-stop, à courir dans les couloirs de ce bâtiment, à soigner – même les patients les plus désagréables –, à s’occuper des autres plutôt que d’elle-même, à partager son savoir, à rêver à une bonne nuit de sommeil, à être guérisseuse tout simplement, n’arrivait même plus à supporter d’y passer une heure. Sentiments abjects. Sa maison, son havre de paix, son échappatoire s’était transformée en prison, en champ de mine, en terrain vague. Sa place n’était plus là, la violence et la peur l’avaient emportée loin de ses idéaux, loin de sa sécurité et ses repères. La mort de Thomas avait dissout, en ces lieux, tout ce qui lui restait de son ambition. Il avait emporté avec lui, l’amour qu’Anna portait à Ste Mangouste et la passion folle qu’elle avait pour son métier. La coquille vide qui était restée ne pouvait plus, ne supportait plus. Elle avait besoin de prendre l’air, de quitter ces lieux, même si le médecin était contre, même si cela la mettait en danger … Obstinée, elle maintenait une forte pression sur le bras de son frère quand il l’aida à quitter le salon de thé. Sa démarche était lancinante, ses jambes tremblantes, et la douleur qui lui déchirait à nouveau les entrailles ne lui offrirent qu’une preuve supplémentaire de sa captivité forcée. Elle n’était pas dupe. Ne plus se sentir assez guérisseuse pour exercer en ces lieux ne lui enlevait pas son raisonnement de guérisseuse et ce que cette douleur indiquait n’annonçait rien de bon. Bien loin d’être guérie, elle allait sûrement souffrir encore un moment. Elle avait entendu des bribes de conversation tout à l’heure et ses médecins n’étaient pas confiants, aucun d’entre eux n’avait trouvé la solution à ce maléfice. Une bande d’incapables, avait-elle envie de crier. Au fond, elle savait qu’ils ne faisaient que leur travail et que parfois, des obstacles pouvaient être disposés sur le terrain pour compliquer la chose. Mais aucun obstacle n’était insurmontable, elle en avait la conviction. Alors elle leur faisait confiance … Du mieux qu’elle le pouvait.

La descente des marches jusqu’au quatrième étage sembla interminable, telle une descente aux enfers. A chaque marche, une grimace de douleur traversait sa face, aussitôt tue par un sourire de façade. Elle ne voulait pas inquiéter Matteo, ne voulait pas lui donner une raison d’appuyer la décision des guérisseurs de la garder ici. Bien assez grande pour prendre ses décisions, et pour les assumer lorsqu’elles n’étaient pas bonnes, elle ne laisserait pas les autres choisir ce qui était bon pour elle. Elle étouffait ici. Tout lui rappelait ce qu’elle avait perdu durant ces dix dernières années … Ces choses, ces personnes qu’elle n’avait jamais réussi à pleurer, ces souvenirs qu’elle avait préféré refouler, devenant insensible à la douleur qu’ils procuraient. Elle n’avait pas mal quand elle pensait à eux, il n’y avait que cette boule au niveau de l’estomac, cette compression sur sa poitrine, mais les pleurs ne venaient pas, la vérité ne trouvait pas sa place … Aveugle, ignorante … Forte, croyait-elle. Mais fuir n’était pas une force, refuser de faire son deuil n’était pas une force, ne pas pleurer n’était pas une force. Têtue, butée, voilà ce qu’elle était vraiment. Lorsque Matteo l’aida à remonter sur son lit, elle n’était plus qu’un pantin difforme à la respiration saccadée et à la mine blafarde. Tirant sur elle les couvertures et s’agrippant aux draps comme pour garder un point d’ancrage dans la réalité, elle sentait sa conscience s’évader et tourner au-dessus de sa tête. Plus rien n’avait de sens que son irrépressible envie de fermer les yeux et de partir. La chambre lui donnait l’impression d’être dans l’œil d’un cyclone et même la présence de son frère à ses côtés n’était qu’une chimère. Ses yeux se refermèrent dans l’espoir de retrouver un peu de clarté dans ce tourbillon d’incertitudes.

« Quand ma sœur pourra-t-elle sortir ? » La voix lointaine de Matteo tenta tant bien que mal de la rappeler vers lui, mais incapable de faire plus que de flotter au-dessus, son esprit écoutait passivement ce qui se disait. La guérisseuse hésita et Anna sentit peser sur elle le regard de cette professionnelle. Elle s’enfonça dans son lit et feignit au mieux la conscience et l’énergie. Je me sens bien, aurait-elle pu dire pour appuyer ce jeu d’actrice absolument exécrable, mais sa bouche pâteuse l’en empêcha. Prenant une profonde inspiration, elle tenta de concentrer son attention sur la silhouette diffuse de sa soigneuse. Cette dernière ne lui dit que ce qu’elle savait déjà. D’un geste maladroit elle attrapa l’une des fioles qui se trouvait sur la table en manquant de renverser les autres. « Pas celle-ci madame Grimaldi ! » Les potions de soin avant les somnifères, elle le savait, mais sa vision était tellement floue qu’elle avait manqué la première fiole. Elle vit le bras de la guérisseuse s’avancer vers elle, mais elle ne réussit pas à attraper l’objet. La jeune femme dut elle-même refermer les doigts d’Anna sur le petit contenant pour qu’elle réussisse à s’en saisir. D’une traite le contenu fut vidé, alors que Matteo et la guérisseuse continuaient leur conversation. « Peut-être une semaine, deux si nous n'avons pas de chance. » Un long soupir résonna dans la pièce, le sien. Elle n’y arriverait pas, elle le savait. « Je … » Sa voix était rauque. Ses mains se plaquèrent sur sa figure et d’une voix étouffée, elle tenta d’exprimer ses sentiments. « Ne pourrais-je pas … rentrer … et engager un médicomage ? » Plusieurs minutes passèrent avant qu’elle ne réussisse à poursuivre, mais personne ne l’interrompit. « Je ne peux plus … rester ici. J’arriverai pas … aller mieux … si je … sens … déjà pas bien. » Elle bascula en arrière et ferma les yeux. Elle avait d’autres arguments, mais sa détermination s’étiola. La fatigue devenait trop grande, elle baissa les armes, attrapa la fiole de narcotique et avala tout le liquide. Tant pis, si elle devait rester, elle resterait, mais elle savait que Matteo ferait ce qu’il fallait pour la soutenir dans son choix, il défendrait peut-être son cas. Pour l’instant, elle avait besoin de dormir, de s’abandonner à un sommeil réparateur, de laisser les rêves lui donner ce qu’elle ne pouvait plus avoir dans la réalité …
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