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sujet; It's a brave new world from the last to the first {Ilaron}

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It's a brave new world from the last to the first.
I was worried about you.
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Tu parcours le QG, faisant comme une ronde dans votre planque. Aujourd'hui, tu n'es pas d'humeur à te lancer dans de nombreuses expériences. Aujourd'hui, tu souhaites te reposer, sans créer la moindre explosion. Tu sais qu'il faut que tu te détendes, tu sais que tu as besoin de repos, mais c'est devenu mission impossible. Il y a toujours quelque chose qui t'interdit tout repos. Le plus souvent, c'est l'inquiétude pour quelqu'un. Tu n'y peux rien, la situation du Royaume Uni n'est pas propice à la détente. Tous ceux que tu aimes sont en danger et tu n'arrives pas à ignorer ce fait. Alors tu te fais du soucis. Pour ta mère livrée à elle-même dans sa maison, pour tes sœurs, l'aînée embrigadée par le Magister, la cadette lâchée seule en pleine nature. Tu restes à l’affût de la moindre information les concernant, tout en espérant ne rien entendre. Parce qui dit pas de nouvelles, dit bonnes nouvelles. Après, c'est pour tes amis et plus que tu te fais un soucis monstre. Pour Désiré qui a trop changé et qui devient trop inconscient par moments, Kenneth quand il part en mission, et bien d'autres... En pensant aux missions, tu te fais la remarque qu'il faudrait que tu ailles chercher à manger pour Teine. Le pauvre n'aime pas beaucoup l'enfermement, même s'il t'a suivi volontairement jusqu'ici et qu'il ne semble pas avoir envie de partir. D'un côté, c'est un renard sauvage. Passer de la forêt à Londres n'est pas ce qu'il y a de plus rassurant, même s'il a fini par s'y habituer depuis le temps.

-Ilario ! Tu pourrais me donner un coup de main, s'il te plaît ?

Ton regard se tourne vers Sam, qui vient de t'interpeller. Il est en train de s'occuper d'un Audacieux qui rentre tout juste de mission, et visiblement celui-ci es blessé. Un doux sourire vient étirer tes lèvres tandis que tu les rejoins. Ton œil expert détaille rapidement ton patient du moment, notant des plaies ici et là. Ce ne sera pas trop compliqué à arranger, mais tu prends tout de même quelques minutes pour l'écouter te raconter ce qui lui est arrivé et vérifier qu'il n'est pas soumis à un sortilège qui pourrait subitement aggraver son état. Mais ce n'est pas le cas. Alors après quelques sortilèges pour refermer les blessures les plus superficielles et un bandage pour une belle entorse, tu demandes à l'insurgé de passer te voir s'il continue à avoir mal. Tu pourrais lui donner une potion pour diminuer la douleur, mais tes réserves ne sont pas infinies et, d'après ce qu'il te dit, la sienne est supportable. Alors tu préfères voir s'il se sent mieux sans potion avant de faire quoi que ce soit. En attendant, tu le laisses aller rejoindre d'autres Audacieux. Tu vas garder un œil sur lui, au moins quelques temps...

-Merci. Je suis vraiment pas fait pour soigner les gens. fait Sam. Tu souris un peu.
-Redis-le-moi, un de ces quatre. Je t'aiderai à réussir les sortilèges de premier soin.

Il te sourit en retour, et tu reprends ta ronde. Ton regard se pose ici et là, sans s'arrêter bien longtemps. De longues minutes durant, tu marches dans votre QG, discutes ici et là, avant de finalement rejoindre ta tente, y trouvant ton renard assis à l'entrée. Tu essayes de lui accorder une caresse mais il se sauve dès que tu esquisses un geste vers lui. Tant pis, il n'est pas d'humeur. Ce sera pour une prochaine fois. Restant à l'entrée de ta tente, tu glisses une main dans tes cheveux, soupirant profondément. Il faudrait vraiment que tu ailles dormir, ton corps a besoin de repos, bien que bien moins que ton corps. Tu ne seras pas efficace si jamais une urgence se déclare. C'est sur cette pensée que tu te décides à ouvrir le pan donnant accès à l'intérieur de ta tente. Ou plutôt, celle de Kenneth que tu squattes depuis ton arrivée chez les insurgés, s'il faut être plus précis. Décidé à essayer d'aller dormir, tu jettes un dernier coup d’œil vers le camps... Et tu oublies instantanément ce que tu voulais faire.

-Ron ! Asp... Hm. Attend !

Aspetta. Si tu lui demandes de t'attendre en italien, le pauvre ne comprendra pas. Il faut dire qu'il vient de passer dans ton champ de vision et que ça fait un moment que tu n'as pas pu avoir une vraie conversation avec lui, alors tu l'as interpellé de la manière la plus naturelle pour toi. Aussitôt tu oublies que tu as absolument besoin de repos et tu le rejoins rapidement. Ronald Weasley. Un de tes patients, initialement. Mais il est bien plus qu'un simple patient aujourd'hui. Tu le considères comme un ami. Et étant donné qu'il entre dans ces deux catégories, tu t'inquiètes beaucoup pour son état, même s'il n'y a plus rien à signaler ces derniers temps... Tu t'arrêtes devant lui. Et tu croises les bras.

-Dis-donc, tu sais combien de visites de contrôle tu as manquées ?

Tu as l'air sérieux. Mais bien vite, un nouveau sourire étire tes lèvres. Tu l'aurais disputé s'il n'était à nouveau plus dans la capacité de marcher mais ce n'est pas le cas, fort heureusement. Tu te contentes alors de secouer un peu la tête, laissant de côté le médicomage en toi, pour quelques instants...

-Mais tu n'as pas l'air d'en avoir eu besoin... Dans tous les cas, est-ce que tu aurais quelques minutes à m'accorder ? Ne serais-ce que pour discuter un peu.

Discuter de lui surtout, de la situation, des insurgés en général... Mais pas de toi. Est-ce qu'il a pu voir que ta bonne humeur disparaissait au fil des mois ? Que tes sourires se faisaient plus forcés qu'avant ? Tu ne sais pas. De toute manière, ton cas n'est pas important. Les autres t'importent plus que ton propre cas. Son état t'inquiète mille fois plus que le tien. Et c'est pour cette raison que tu voudrais vraiment qu'il t'accorde au moins quelques minutes...
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“My expectations are sky low, because I’m standing on a mountaintop.”

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La guerre avait eu d’autres répercussions. La plupart d’entre eux n’avait pas pu terminer –ou même commencer dans le cas de Ron- des études supérieurs. Oh on apprenait… mais sur le tas. On avait son titre en bandoulière en sachant pertinemment qu’on ne l’aurait réellement qu’une fois que la guerre s’achèverait. Ron n’avait aspiré qu’à devenir Auror, pour rester avec Harry, pour l’épauler encore et toujours, Pollux d’un Castor qui avait déjà trop donné.

Mais c’était ça aussi : ils avaient trop donné. La fatigue commençait à peser à nouveau sur les épaules. La sensation d’enlisement alors qu’au contraire, les choses bougeaient. On voulait tellement en voir la fin que lorsqu’elle arriverait Ron sera probablement trop sonné pour se rendre compte qu’elle est là.

Quoi faire après ? Aucune idée. Vivre au lieu de survivre lui apparaissait bien. Sue. Ses copains. Harry. Ça n’avait aucun sens. La guerre n’en avait pas mais le reste non plus. Les cauchemars redoublaient, implacables et il lui fallait des soirées blanches avec ses meilleurs amis ou les bras d’albâtre de sa dulcinée pour les effacer.

Manque de sommeil. Ça lui jouait des tours. Il devenait toujours plus irascible et les pensées noires flottaient irrémédiablement autour de sa tête. Et Ginny qui refusait toujours de lui parler.

Passant la main autour du col pour en tirer les muscles, c’est légèrement pâteux que Ron sembla se diriger vers sa tente. Peut-être s’endormir quelques heures, juste un peu, malgré le brouhaha continu du campement des audacieux.

« Ron ! Asp... Hm. Attend ! »

La voix d’Ilario et l’accent italien chantant qui ajoutait de la mandoline un peu partout dans ses mots. Ron stoppa et se retourna, pâle mais souriant. « Hey ! »
Une grimace suivit. Ah c’est vrai. Les rendez-vous. Ilario avait choisi rapidement de devenir un des leurs et ce en pleine étude de médicomagie. Brillant avenir, prometteur, Sainte Mangouste et compagnie. Il serait surement devenu un excellent médicomage si la guerre lui en avait laissé le temps. Et il l’était devenu quelque part : Ilario Leonelli avait soigné, guéri, raccommodé plus de personnes que n’importe qui dans l’hôpital des sorciers et ce sans y être. On apprenait sur le tas et Ron savait combien cela pouvait être angoissant et dur. Il ne fut donc que peu étonné de le voir blanc comme un linge. Manque de sommeil aussi. La tare suprême des insurgés avec les puces et la faim (et les belliqueux qui servent à rien).

« Dis-donc, tu sais combien de visites de contrôle tu as manquées ?»

Le sourire s’accentue, épuisé. Il avait dû partir avec Herpo –un frisson d’horreur lui fit redresser l’échine et se mettre droit- puis il y avait eu la destruction d’un horcruxe avec Harry et Hermione. Les musées…. Ilario avait énormément aidé Ron dans un moment de sa vie qui lui faisait encore honte quand il y repensait. Il n’avait pas soigné que sa jambe invalide, Ilario avait pris le temps incommensurable de l’aider à se raccommoder l’âme. Avec patience, humour et bonté. Il y avait peu de monde que Ron trouvait absolument bon dans ce campement mais Ilario en faisait partit. Les gens avaient cette stupidité d’avoir fait du mot ‘gentil’ quelque chose de négatif. Comme si la gentillesse était une tare alors qu’elle était l’Absolu vers ce quoi chacun devait tendre. C’était la plus belle qualité du monde et Ilario en débordait. Même à cet instant où il semblait vouloir gronder Ron.

« Mais tu n'as pas l'air d'en avoir eu besoin... Dans tous les cas, est-ce que tu aurais quelques minutes à m'accorder ? Ne serais-ce que pour discuter un peu.»

La tente attendrait. Le lit aussi. L’ingratitude n’était pas une caractéristique de Ron et ce dernier acquiesça immédiatement. « Bien sûr. » Ron fit signe et l’entraina un peu à l’écart du campement, près du ruisseau principal, et se laissa tomber sur l’un des rebords du toit. D’ici le Chemin de raverse s’étalait devant leurs yeux et eux restaient parfaitement invisibles. « D’solé de pas être venu. J’ai été un peu pris d’assaut avec des missions mais ma jambe est impec. J’ai parfois des petites douleurs avant qu’il ne se mette à pleuvoir ce qui est assez marrant en fait au final. » Ron eut un sourire puis contempla Ilario en continuant de parler. Moins joyeux. C’était leurs jobs aussi de faire en sorte que les insurgés soient dans de bonnes conditions au niveau de l’esprit… mais avec la recherche des horcruxes on ne pouvait pas être à l’eau et au moulin. « Pas trop crevé ? je veux dire les ex-rebuts ont dû être dur à soigner. Vous avez fait du bon boulot. J’ai vu Ginny… de loin… elle avait l’air d’aller bien. T’as retrouvé des gens que tu connaissais dedans ? » Ron se fit prudent dans ses mots, laissant son camarade s’installer à côté de lui à son tour s’il en avait envie.

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Un sourire. C'est tout ce que tu demandes, bien souvent. Parce que c'est la première chose que tu offres aux autres : ton sourire. Cela fait toujours un bien fou au moral, tu l'as appris très tôt et, il y a bien longtemps, tu as promis à quelqu'un de toujours garder le tien. Alors quand tu vois l'ancien Gryffondor t'adresser le sien, ton moral remonte déjà un peu. Tu apprécies beaucoup le jeune Weasley, même si tu n'as appris à le connaître que lorsqu'il a eu besoin de tes soins. Un lien récent, créé par le besoin et renforcé par du temps et de la patience de la part de chacun d'entre vous. Un lien qui devient ton rayon de soleil en cet instant. Lui parler, laisser tes pensées divaguer vers un sujet différents de d'habitude, voilà ce dont tu as besoin. Et ton manque de sommeil ? Ce n'est pas important, tu as l'habitude. Tu fais semblant de le disputer, semblant de lui en vouloir. Il n'y a aucune raison à cela : il est visiblement en bonne santé, pour un insurgé. Vous êtes tous logés à la même enseigne, vous avez les mêmes traits tirés par le manque de sommeil, par la lassitude aussi, de plus en plus. Las de cette guerre qui s'éternise, qui s'enlise pour ne compter que quelques trop rares victoires ici et là.

Tu finis par évoquer la raison première de cette interruption dans ses plans : une envie de discuter, de prendre de ses nouvelles, de simplement entendre sa voix. S'il en a le temps, bien évidemment, il est tout à fait possible qu'il ait plus urgent que perdre quelques minutes avec toi. Et pourtant... « Bien sûr. » Ton sourire s'élargit à cette réponse et tu lui emboîtes le pas jusqu'au rebord du toit. Il s'y assoit et tu l'imites bien vite, ton regard bleu se posant sur les sorciers en contrebas. Voir sans être vu, telle est votre situation actuelle. Les sortilèges des Silencieux sont vraiment efficaces, il faut le reconnaître. Tant mieux, oui. Tu restes toujours aussi admiratif devant de tels déploiements de magie. Surtout quand c'est toi qui en bénéficies. Mais assez divagué, ton attention se reporte sur le jeune homme aux cheveux de feu, quelques secondes avant qu'il ne reprenne la parole.

« D’solé de pas être venu. J’ai été un peu pris d’assaut avec des missions mais ma jambe est impec. J’ai parfois des petites douleurs  avant qu’il ne se mette à pleuvoir ce qui est assez marrant en fait au final. » Tu secoues un peu la tête, avant de porter ton attention sur sa jambe. Il a mal avant qu'il ne se mette à pleuvoir... Voilà un signe typique d'arthrose. Tu te mordilles la lèvre, ton regard se perdant dans le vide. De l'arthrose. C'est un problème au niveau des os, il faudrait donc intervenir directement dessus pour arranger cela, et ce n'est pas là ta spécialité. Soudain, une idée te traverse l'esprit. Une réflexion idiote, que tu te sens obligé de faire partager. Et tu n'hésites pas une seule seconde à le faire.

-Ron Weasley, station météo du camp des insurgés ! Ça ferait bien à l'entrée de ta tente, je trouve ! Pas toi ?

Tu ris. Pour la première fois depuis des jours, des semaines – ou des mois ? – ton rire se fait entendre, bien que tu l'étouffes presque aussitôt. Il ne faut pas faire trop de bruit, on ne sait jamais, peut-être qu'on peut vous entendre depuis la rue. Malheureusement, le sérieux reprend bien vite le dessus. Trop vite, peut-être. Tes lèvres ne sont plus que vaguement étirées en une moue songeuse.

-Plus sérieusement, si ça te dérange, je peux réfléchir à comment faire passer ça...

Tu peux, s'il te le demande. Enfin, te connaissant, tu vas fouiller dans tes multiples notes à la recherche d'un remède à l'arthrose. Il faut dire qu'il y a eu tellement de cas plus graves qu'un simple problème d'articulation que tu as un peu oublié le basique. Encore faut-il que tu t'assures que c'est bien ce à quoi tu penses, et non pas un contre-coup du sortilège. Il faudrait que tu le ré-examines avant de songer à un traitement. Le médicomage que tu es a encore repris le dessus sur le jeune homme. C'est bien pour les autres, mais pas forcément pour toi. Tu as du mal à centrer ton attention sur ta propre personne. Mais lui le fait. Lui s'intéresse à toi, te pose des questions. « Pas trop crevé ? Je veux dire les ex-rebuts ont dû être durs à soigner. Vous avez fait du bon boulot. J’ai vu Ginny… De loin… Elle avait l’air d’aller bien. T’as retrouvé des gens que tu connaissais dedans ? » Que de questions en si peu de temps. Que de problématiques évoquées en même temps. Oui, tu es crevé, mais pas suffisamment pour t'empêcher de faire ton travail. C'est tout ce que tu arrives à faire d'à peu près bien, à tes yeux. Tu secoues un peu la tête, laissant ton regard divaguer une nouvelle fois sur le Chemin de Traverse. Puis, toute ton attention se porte vers le jeune homme à tes côtés, lorsque ton regard se pose sur lui.

-Il y en a qui ont été plus faciles à soigner que d'autres. Certains ne voulaient pas que j'emploie le moindre sortilège sur eux... Ce que je comprends tout à fait, vu ce qu'ils ont vécu. Mais parfois, un bon sortilège est aussi efficace qu'une potion et bien plus rapide...  Ça n'a pas aidé, donc.

Tu penses beaucoup à Emily en disant cela. Tu ne peux t'empêcher de te mordre la lèvre, te rappelant les blessures qui parsemaient son corps... Elle n'était pas la seule. Ils étaient tous dans un très sale état, lorsqu'ils sont arrivé au campement. Cette maudite poudre a fait bien des ravages. Emily. En songeant à elle, tu ne peux t'empêcher de te demander comment s'en sort ta chère Iseul... Elle doit se sentir bien seule, ainsi isolée... Allez, ne songe pas à elle. Et puis, Ron aussi a une sœur, chez les insurgés, elle. Tu n'as pas eu l'occasion de la soigner, quelqu'un d'autre s'en est chargé. Ils étaient tellement nombreux, et pas assez à la fois...

-Pour ce qui est de ta sœur... Je ne l'ai pas suivie, je ne saurais pas quoi te dire sur elle... Le seul conseil que je peux te donner, c'est d'être là pour elle. Mais je pense que tu le sais déjà, non ?

C'est d'une telle évidence pour toi. Peu importe les différents poins de vue, les idéaux, le camp. Si l'une de tes sœurs venait à avoir des ennuis, tu accourrais. Et tu t'en veux de ne pas l'avoir fait plus tôt pour ta cadette... Tu t'en veux pour tellement de choses, beaucoup trop. C'est un peu pour cela que tu préfères ne pas répondre tout de suite à sa dernière question, celle où il te demande si tu as retrouvé des personnes dans les libérés. Oui et non. Tu en as trouvé, retrouvés, mais il y a eu tant de pertes aussi... C'est trop, beaucoup trop. Tu secoues la tête avant de glisser une main dans tes cheveux bruns, regardant à l'horizon... Soit au-dessus des toits de Londres.

-Pour chaque personne retrouvée, combien en avons-nous perdues ? Oui Ron, j'ai retrouvé des connaissances et j'en ai perdu d'autres le jour de l'exécution... Et d'autres encore ont disparu bien avant ça... tu t'accordes une pause, quelques secondes. Le silence appuie tes propos, ta lassitude. Puis tu reprends. J'ai hâte de voir la fin de cette da... HM. De cette foutue guerre arriver. Qu'on puisse reconstruire quelque chose de correct, qu'on cesse de toujours se demander si nos proches vont bien, s'il ne se sont pas fait capturer, torturer ou pire encore... soupir de ta part. J'ai l'impression d'avoir l'âge de Dumbledore, avec tout ce qui nous tombe dessus... Tu te rends compte !? À mon âge. C'est déprimant.

La petite touche d'humour forcée. Un sourire étire tes lèvres, mais là encore il n'est pas spontané. Tu essayes de plaisanter, mais le cœur n'y est pas. Tu te sens vieux, malgré tes vingt-trois ans. Tu te sens lassé de tout cela, fatigué, blessé aussi. Tu clignes enfin des yeux, reportant ton regard vers ton cadet. Lui aussi a de lourdes responsabilités sur les épaules, même si elles sont bien différentes des tiennes. Tu te demandes si... Enfin, tu penses connaître d'avance la réponse mais tu poses tout de même ta question.

-Est-ce que tu as la même impression que moi ? Celle d'être devenu un vieux croûton qui a vu beaucoup trop de choses dans sa vie ?

Non non, ce n'est pas du tout l'image que tu avais de Dumbledore.
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« Ron Weasley, station météo du camp des insurgés ! Ça ferait bien à l'entrée de ta tente, je trouve ! Pas toi ? »

Ron se mit à rire. De ces rires qui naissaient au creux du ventre et qui montait, limpide et cristallin, pour éclater aux milles recoins du corps. Son rire était accompagné de celui d’Ilario et c’était l’équivalent d’heures et de mois de cohabitations et de soutien tacite. Certaines choses rapprochaient inexorablement. Partager des rires en faisait partie et de manière souterraine, Ron se détendit. Les paumes à plat en arrière, soutenant le haut du corps, il regarda la vue qui s’offrait devant lui le sourire perlant toujours aux lèvres.

Le camp des Silencieux était une gageure mais il aurait été inadéquat de la part des Audacieux de s’en plaindre. On ne pouvait y parler librement cela dit, dans le sens où –comme son nom l’indiquait- on devait s’y montrer silencieux. Si Harry, qui avait été habitué à se faire invisible chez les Dursleys, et même Hermione, qui était naturellement discrète, s’y étaient tous deux plus ou moins accoutumés à la chose, Ron rongeait son frein. Il était presque soulagé lorsque des missions lui étaient assignées par son meilleur ami, le libérant enfin d’un silence qu’il considérait toujours comme pesant.

« Plus sérieusement, si ça te dérange, je peux réfléchir à comment faire passer ça... »

« T’en fais pas. C’est pratique puis si jamais je sais pas quoi faire ou que je me sens inutile je ferais vraiment station météorologique. »

Ron abaissa son regard sur son genou et sa jambe en un mouvement qu’il avait eu des centaines de fois durant sa longue convalescence. Cela avait été long et fastidieux de guérir et sans doute son état mental n’y avait rien arrangé à l’époque. Le spectre d’une plongée somatique avait été là  et le fait qu’Harry avait pris le partit d’Hermione (avec raison) n’avait pas aidé à garder un esprit clair.
Perdre Hermione avait été plus douloureux encore. L’était toujours d’une certaine manière même s’il en avait complètement tourné la page. La fidélité courait naturellement dans les veines du plus jeune des Weasley et il n’aimait pas à la légère. Les sentiments une fois ancrés y perduraient un long moment et il avait fallu des batailles, des blessures et des heures de silences pour qu’il parvienne enfin à se détacher d’elle.  Le pire était encore de se dire qu’ils auraient été heureux ensemble si

« J'ai hâte de voir la fin de cette da... HM. De cette foutue guerre arriver. »

Ron acquiesça distraitement. Après ça irait. Après il enlèverait Sue à tout ça. A ce pays bancal, à cette politique qu’il exécrait, à ces manigances qui flottaient déjà au sein même des Insurgés. Certains d’entre eux comme Davius ou les français étaient tout simplement assoiffés de reconnaissance et de pouvoir. C’était limpide –même maintenant- qu’ils étaient là pour les mauvaises raisons et absolument pas pour un Idéal meilleur. Tout ce que Ron percevait –et ce en joueur d’échec prévoyant les coups à l’avance- c’est que la guerre continuerait après aussi.

« Est-ce que tu as la même impression que moi ? Celle d'être devenu un vieux croûton qui a vu beaucoup trop de choses dans sa vie ? »

La mâchoire se tendit, la ligne se durcissant sous l’impulsion. Ils étaient plus vieux. On ne grandissait pas de la même manière selon les circonstances ni l’endroit. Mais dire ça à Ilario? Le devoir du Trio c’était aussi de faire naitre la confiance au sein des Insurgés, non? Motiver les troupes. Garder le cap.

Ilario l’avait tellement aidé en son temps. L’avait remis sur les rails. Avait patiemment écouté ses diatribes et supporté ses sautes d’humeurs.

La moindre des choses, c'était de tenir bon et de pas faire son saule pleureur.

« Non, ça c’est parce que t’as toujours été un pépé à l’intérieur de toi. Je suis sûr qu’avant la guerre tu portais des putains de cardigan ! » Ron lui décocha un sourire en coin en glissant un clin d’œil rapide avant de tousser un peu. « Ouais… Tu feras quoi après ? Tu reprendras tes études de médicomage ? » Terriblement long et fastidieux… lui-même n’avait même pas ses ASPICS. Ça rendait Hermione malade de ne pas avoir sa dernière année aussi mais franchement, elle était plus futée académiquement que les trois-quarts du pays tout comme Ilario était plus apte à être appelé médicomage que les trois-quarts des employés de Sainte Mangouste malgré leurs longues études et leurs petits diplômes qui ne valaient pas grand-chose.

Pas quand on ne soignait qu’une portion limitée de la population.

« Tu sais qu’ils tuent les enfants sorciers nés de moldus maintenant ? Ils attendent que la plume du registre à Poudlard marque les noms et ils ont plus qu’à y aller et scouic.* » Ron regarda dans le vide. C’était fatiguant. Toute cette guerre l’était. Elle usait leurs peaux, leurs courages et leurs bienveillances comme une rapine. « Je prendrais ma copine et on ira faire une famille je sais pas… dans un pays où j’aurais pas à me dire que des gens ont acceptés ça. »

Ron fronça le nez puis se secoua légèrement.  « Bah soyons pas pessimiste ! On verra bien. Déjà on gagne parce que ça c’est obligatoire et ensuite on voit. Au pire je me laisse pousser la barbe et je fais directeur du Quidditch!»

On gagne ou on perd. Un truc dans ce genre.

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Son rire te fait du bien, douce mélodie qui ne peux que te mettre de bonne humeur. Tu sais mieux que quiconque d'un bon fou-rire vaut des mois et des mois de thérapie. Tu pourrais passer des heures à exposer les bienfaits du rire, et voir que d'autres sont encore capables de rire sincèrement de tes bêtises te fait un bien fou. Au moins, même quand tu n'es pas dans ton rôle de médicomage – qui est est tout de même un pan de ta personnalité – tu es capable d'arracher des sourires aux autres, même si tu ne fais plus autant de bêtises qu'avant. Ce n'est pas plus mal, diraient certains. C'est dommage, diraient d'autres. Dans tous les cas, tu ris joyeusement de ce que tu as pu dire. Mais cela ne dure pas, pour une raison de sécurité. Les sortilèges ne vous protègent pas de tout en ces lieux, il vous faut donc être très prudents. Tu laisses donc le silence s'imposer à nouveau, quelques instants.

« T’en fais pas. C’est pratique puis si jamais je sais pas quoi faire ou que je me sens inutile je ferais vraiment station météorologique. » Ses propos te font sourire tandis que tu hoches la tête. Station météorologique. Qu'est-ce que tu peux sortir comme bêtises, parfois. Qu'est-ce que tu peux parler aussi. C'est fou comme tu peux être bavard. Sans doute parce que parler te fait du bien, parce que cela te permets de te détendre, d'une certaine manière. Tu dévoiles une partie de ce qui pèse sur ton cœur, de ce qui te détruit à petits feux. Voir combien les rebuts ont été détruits par les autres sorciers, se rendre compte que leurs blessures ne se refermeront jamais totalement. Toutes les générations sont touchées, et tu peines à voir comment le Royaume Uni pourra se relever d'une telle catastrophe. Tu as bien vu chez les moldus qu'un pays détruit mettait souvent plus d'une génération pour reprendre pied. Tu aimerais pouvoir déjà réfléchir à l'après, envisager un avenir plus radieux que ton quotidien, mais tu en es bien incapable. Comme tu l'expliques au rouquin à tes côtés, tu te sens lassé, trop vieux pour supporter tout cela. Tu n'as pourtant que vingt-trois ans. Vingt-trois petites années, et déjà fatigué de la vie. C'en est déprimant. Vivement la fin de tout cela, et qu'elle soit en votre faveur, de préférence.

Et dans ton élan, une question t'échappe, à mi-chemin entre humour, curiosité et désespoir : est-il dans le même cas que toi ? Tu vois ses traits se tendre, tu devines sa réponse avant même qu'il n'ouvre la bouche. Vous êtes tous dans le même cas, vous avez tous vieilli, certains plus vite que d'autres. Les enfants en vous ont disparus dès lors que la mort s'est installée dans vos vies, que la guerre a ravagé grand nombre de certitudes que vous aviez, que les mangemorts vous ont arrachés à la vie tranquille à laquelle bon nombre d'entre vous aspirait. « Non, ça c’est parce que t’as toujours été un pépé à l’intérieur de toi. Je suis sûr qu’avant la guerre tu portais des putains de cardigan ! » Sa réponse n'est pourtant pas celle que tu lisais sur son visage, mais t'arrache un « Hééé ! C'est totalement faux ! » spontané accompagné d'une moue boudeuse digne d'un gamin. Mais bien vite, un sourire amusé étire tes lèvres, le laissant reprendre.

« Ouais… Tu feras quoi après ? Tu reprendras tes études de médicomage ? » Bonne question. Que faire après la guerre ? Les possibilités sont multiples, et pourtant tu as bien du mal à te projeter dans l'avenir. Peut-être est-ce parce que tu ne sais pas dans quel état tu seras, après. Peut-être que tu ne seras plus de ce monde. Cette réflexion te fait penser à ton père. Il n'aimerait pas savoir que tu te laisses gagner par les pensées négatives. Tu lui a promis de toujours sourire, de tenir bon, de tendre la main aux autres et il faut que tu continues à le faire, peu importe l'état dans lequel tu te trouves, toi. Il faut continuer à avancer, qu'importe les obstacles à franchir et les poids qu'on traîne derrière soi. Tu en as diablement conscience. Et toi, plus tard... Que feras-tu ? Reprendre tes études de médicomagie ? Hé bien...

-Sincèrement, je ne sais pas. Je pense que j'y réfléchirai le moment venu, je n'ai pas envie de planifier quelque chose qui deviendra impossible dans quelques temps... Et toi ?

Tu ne sais pas qui survivra à cette guerre, si tes sœurs seront toujours là – ce que tu espères bien évidemment – ou ce qu'il en sera de Désiré et Kenneth. Il y a bien trop d'inconnues dans cette équation pour que tu te risques à proposer une solution. Alors tu vas attendre que les inconnues deviennent des valeurs certaines, voir que la solution te soit donnée, pour envisager la suite. Tu l'écoutes parler, exposer la situation actuelle. Les mangemorts tuent les enfants nés moldus ? Ta mâchoire se crispe, tu serres les dents à en vouloir les exploser. Ce ne sont que des enfants qui n'ont rien demandé à qui que ce soit. Ce sont des enfants, par le caleçon de Merlin ! De petits êtres qui n'ont nullement conscience que la magie coule dans leurs veines, qui sont parfois isolés par leur différence. Éliminés pour être nés différents. Tel est leur seul crime, et la sentence est la pire de toutes. Pour toute réponse, un juron italien très imagé s'échappe d'entre tes lèvres. Heureusement, il ne peut pas comprendre ce que tu viens de raconter, et enchaîne avec sa réponse à ta précédente question. « Je prendrais ma copine et on ira faire une famille je sais pas… dans un pays où j’aurais pas à me dire que des gens ont acceptés ça. » Tu ne peux que hocher la tête. Tu es d'accord avec lui.

-Je trouve que c'est une excellente idée.

Partir dans un pays étranger, loin de toute cette guerre, loin des mauvais souvenirs que vous pourrez avoir ici... Si tu en as l'occasion, tu rentreras certainement en Italie, auprès de la famille de ton père. Ou alors, tu iras découvrir un nouveau pays. Mais encore une fois, tout dépendra de qui sera encore là, après. « Bah soyons pas pessimiste ! On verra bien. Déjà on gagne parce que ça c’est obligatoire et ensuite on voit. Au pire je me laisse pousser la barbe et je fais directeur du Quidditch ! » Un sourire flotte sur tes lèvres, mais ton regard est un peu vide, fixé sur les toits de Londres et l'horizon juste au-dessus. Essaye-t-il de te remonter le moral ? Ou de te dire qu'il ne faut pas perdre espoir ? C'est bien possible, et tu lui en es reconnaissant. Alors, après avoir brièvement secoué la tête, tu te reprends et le regardes à nouveau.

-Être optimiste est une chose, être réaliste en est une autre. On ne sait pas combien de temps est-ce que ça va encore durer. Peut-être une bonne dizaine d'années, ou jusqu'à ce que l'autre crève de mort naturelle – si c'est possible. J'ignore si les voyants eux-mêmes sont capables de voir comment se finira tout ça. Savoir qui va gagner, et au prix de quels sacrifices... Mais aussi, il faudra continuer à se battre après... Parce qu'un gouvernement laissé bancal, ça amène toujours à une lutte pour le pouvoir...

Un rire amère t'échappe. Dire que, initialement, tu étais quelqu'un de très optimiste. Où est passé le Ilario que tout le monde connaissait ? Tu ne sais pas. Il a du laisser à nouveau place à l'enfant que tu étais, il y a très longtemps. Enfant que tu renvoies de force dans les tréfonds de ton être. Tu as changé, tu es un adulte responsable – ahem – et il faut agir en tant que tel. Alors tu te forces un peu à te reprendre.

-Mon père me tuerait s'il m'entendait. Lui qui a répété toute sa vie qu'il fallait garder le sourire et rester optimiste, quoi qu'on doive affronter. Il avait raison, en même temps...

Tu secoues un peu la tête. C'est à la fois difficile et réconfortant de penser à ton père, ton modèle, l'homme à qui tu as toujours souhaité ressembler. Tu n'es pas encore à son niveau et tu sais qu'il te faudra encore des années pour y parvenir, mais chaque patient remis sur pieds est un pas de plus en avant. Tu tapes alors un peu dans tes mains.

-Allez, tu as raison, assez de pessimisme. Ça ne sert à rien d'autre qu'à miner le moral des troupes et on a besoin de tout sauf ça.

Surtout de la part d'un médicomage. De part ton rôle, tu te dois de rester fort, de faire en sorte que les autres puissent croire que tout finira par s'arranger.

-Tu sais... Si tu as une mission à me confier, ça m'arrangerait... Je tourne en rond, et me retrouver constamment face à mes échecs ne va pas m'aider... J'aurais besoin de me changer un peu les idées...

Tu es prêt à faire n'importe quoi, tant que cela te permet de sortir d'ici pour quelques heures, de ne plus penser à tout ce qui trouble ton esprit depuis des mois. Si tu ne sors pas d'ici avec un objectif bien précis, sur lequel te concentrer pleinement, tu sens que tu vas finir par sombrer dans la folie...
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