why am I subject to my impulses ? - Servati
I hate myself for doing this, any times. « Ou vas-tu? » Ses yeux se ferment un instant, sa main reposant lourdement sur la poignée glacée. Un frisson lui parcourt l'échine. Elle s'est figée, ressentant une douleur au creux de son abdomen. Elle ne peut pas faire ça. Elle souffle un instant, silencieusement. Ses talons se tournent et un sourire gracieux s'installe sur ses lèvres à peine tremblantes. Elle s'aventure entre ses bras où elle se sent malheureusement si étrangère.
Depuis combien de temps ce sentiment l'a-t-elle enveloppé ? Elle ne saurait dire. Depuis bien trop longtemps, sans doute. Au fond, elle aimerait revoir l'étincelle qui illuminait ses yeux lorsqu'elle ressentait cet amour si brûlant à son égard. Mais tout a changé à présent. Elle l'aime, oui, elle l'aime. C'est une certitude. Mais c'est un amour un peu fébrile qu'elle ne peut pas exposer au grand jour. C'est un amour basé sur des mensonges. Elle s'en veut, chaque jour, de lui faire croire qu'elle est une autre, mais elle ne peut tout simplement pas faire autrement. Elle sait qu'au moment où il apprendra sa fausse trahison, il ne pourra plus jamais lui faire confiance, il n'y aura pour lui que de la vengeance. Et elle devra se battre face à lui.
C'est ce qui lui torture le cœur. C'est ce qui la pousse à prendre ses distances contre son gré.
Il caresse ses cheveux avec une tendresse insoupçonnée. Elle peut sentir ses effluves si singulières et suaves qu'il rejette. Elle hume pleinement son parfum à la fois sauvage et délicat. Ses dents se serrent alors qu'elle se recule, afin de plonger son regard de feu dans le sien, de glace.
« Je fais la fermeture à la Tête de Sanglier, je te l'ai dit, hier. » Il soupire et lui tourne le dos pour s'installer sur le sofa aux couleurs chocolat qui trônent dans le salon. Elle le regarde s'éloigner un pincement au cœur.
« Je t'ai déjà dit mille fois que tu n'avais pas à faire le larbin dans ce genre d'endroit. Je gagne assez pour tout payer, et tu le sais très bien. » Comment lui dire qu'elle deviendrait folle si elle devait rester enfermée dans cette maison toute la journée, à ressasser ses pensées, encore et encore ? Son travail lui fait oublier quelque peu ses soucis quotidiens. De plus, il lui permet de côtoyer de nombreux mangemorts, et ce n'est pas une aide négligeable.
« Tu sais que j'aime travailler. Et que ferais-je, sans toi, toute la journée ? Tu es tellement serviable avec notre Magister qu'il est rare que tu sois ici. » Il hausse les sourires et retient un rictus mal placé.
« Je viendrai te chercher à dix heures. Tiens-toi prête, je n'aime pas attendre. » La porte a claqué dans un soupir.**
Ce sentiment... à la fois
délicieux et cruel, qui fait trembler ses membres et élever sa voix.
Elle est éprise. Éprise de se sentir au-delà de tout, extérieure à sa vie qui n'est que souvenir effacé à l'instant. Elle soupire une ultime fois, s'écrase contre les draps salis par leurs ébats temporaires. Une odeur particulière s'élève dans la pièce, celle du tabac froid et de la transpiration. Elle rapporte tous les draps sur son corps, comme soudain heurtée par une pudeur inexpliquée puisqu'elle vient de se livrer entièrement à Sergueï.
De nouveau. Après la pudeur vient la culpabilité. Toujours. Elle se recroqueville sur elle-même, les yeux posés sur son dos musclé dont des rougeurs sont encore visibles. Soudain, elle inspecte le sien en relevant rapidement la couverture. Elle ne remarque aucune marque et elle lâche un soupir de soulagement.
Comment réagirait Bletchley s'il apprenait à quoi elle occupait son temps libre ? Prise une peur incontrôlable, elle se redresse avec une rapidité folle. Une fois debout, elle flanche. Son cerveau met un instant à s'habituer à ce changement et elle prend appui sur la petite table de chevet, à côté du lit du péché. Son regard est vide et rempli de pensées. À tâtons, elle cherche sa petite culotte, ainsi que tous ses autres vêtements.
Mais elle a besoin de retrouver sa culotte.
Elle doit la retrouver.Une fois rhabillée, elle s'approche du blond, un peu hésitante. Son sourire gêné a pris place sur son visage et elle ne sait pas comment doit elle réagir, à présent. C'est toujours comme ça, à chaque fois qu'elle se rend compte de son erreur. Et à chaque fois qu'elle sait pertinemment qu'elle recommencera, parce que Sergueï est comme une drogue pour elle. Enfin, ce n'est pas cet homme qui est une drogue, c'est ce qui lui procure. Les instants volés qui lui font tout oublier. De beaux et bons instants, il ne faut pas le nier. Elle s'éclaircit la voix.
« Hm... je voulais te dire... je sais qu'on s'est mis d'accord depuis bien longtemps mais, je voulais être sûre que... » elle soupire.
« Tout ça reste bien entre nous ? »Les premières fois qu'elle s'est abandonnés à ce plaisir, elle a sérieusement songé à lancer un sortilège d'amnésie au sorcier, mais elle ne sait pas comment, il a su à la convaincre que leurs plaisirs ne seraient jamais connus de personne. Et elle y a cru. Depuis, elle s'interroge sans cesse et fait de son mieux pour ne jamais le vexer, de peur que tout soit révélé.
« Merci, d'être aussi discret et aussi... toi. »Et de me faire sentir autre.