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sujet; i've got a war in my mind (KIRILL)
MessageSujet: i've got a war in my mind (KIRILL)   i've got a war in my mind (KIRILL) EmptyLun 14 Sep 2015 - 19:02

HUNTED • running man
Owen Avery
Owen Avery
‹ inscription : 21/07/2015
‹ messages : 1765
‹ crédits : whorecrux <3.
‹ dialogues : #006666 (owen) #A0A0A0 (selma)
i've got a war in my mind (KIRILL) Tumblr_ngncjreTC41r7i70vo4_r1_250

‹ âge : 43
‹ occupation : dans l'ombre du Magister.
‹ maison : serpentard
‹ scolarité : 1971 et 1978
‹ baguette : est en bois d'acacia rigide, possède un cœur en ventricule de dragon et mesure vingt-neuf centimètres.
‹ gallions (ʛ) : 5522
‹ réputation : la magie noire a rongé mon âme, dilué toute conscience, accru ma folie.
‹ particularité : fou.
‹ faits : ma soeur jumelle vit dans mon esprit dérangé, secret dont seuls quelques chanceux ont connaissance, que je suis aussi dérangé que peut l'être un sbire de Voldemort, que je n'hésite jamais à user de violences quand bien même elles ne seraient pas nécessaires, car la souffrance et les hurlements me font vibrer comme aucune autre drogue au monde. Mais qu'elles me sont infligées souvent par la main du Magister elle-même, car dieu sait combien de fois je l'ai déçu au cours de mes années de bons et loyaux (haha) services.
‹ résidence : Herpo Creek, dans la maison de mes parents, vide et délabrée; ruines.
‹ patronus : irréalisable, autrefois une hyène bien qu'elle ne soit apparue qu'une seule et unique fois sous forme reconnaissable.
‹ épouvantard : le baiser du détraqueur.
‹ risèd : la fin de cette insurrection qui amène autant de satisfaction que de souffrance.
http://www.smoking-ruins.com/t2376-it-s-just-the-night-in-my-vei
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Il n’est qu’un esprit lézardé
pour avoir des ouvertures sur l’au-delà.


Des tremblements spasmodiques agitaient les mains sans cesse en mouvement d'Avery. Il cherchait à les occuper. Il cherchait à s'occuper l'esprit. A la virer de sa tête, à se soustraires aux agressions virulentes qui polluaient ses pensées et l'empêchaient de réfléchir convenablement. Il avait une mission à préparer. Des paperasses à envoyer au Ministère, une tonne de choses à faire en somme qui le préoccupaient déjà assez sans que Selma le combatte de la sorte. « Tais-toi Selma, ferme-là, ferme-là s'il te plaît. » La pile de parchemins tomba au sol dans un bruissement doux. Avery se leva, les piétina en quittant le bureau, la porte claquant derrière lui comme si cela avait le pouvoir de faire taire l'insupportable voix qui ne daignait toujours pas se taire. « Tu t'es laissé malmener comme un misérable moldu Owen, par Rabastan, ce minable ne t'arrivais pourtant pas à la cheville et tu as préféré fuir ! Tu t'es laissé impressionné mais il ne vaut rien ! Retournes-y, vas donc le chercher dans son manoir comme il a eu le culot de débarquer ici, vas donc achever ses enfants chéris si c'est ce qui lui fera comprendre de ne pas réessayer de t'humilier de la sorte ! Owen ! » La ferme. La ferme. LA FERME. Avery dévala les marches, cherchant à s'éloigner d'une personne qu'il ne pouvait pas quitter. L'angoisse le prit à la gorge. Il s'entoura la tête des deux mains, tourna comme un lion en cage dans l'immense salon. Croisa son reflet. Stoppa net.

Brisé quelques jours auparavant, l'immense miroir qui ornait le mur du salon depuis des générations avait été dûment réparé, bien que certains morceaux réduits à l'état de poussière de verre fussent trop petits pour avoir su retrouver leur place originelle. Mais outre ce menu détail qui en soit était d'une importance moindre, c'était surtout l'image que l'objet lui renvoyait qui le laissa pantois. Estomaqué. C'était tout simplement. Impossible. Et c'était pourtant bien son visage qu'il contemplait, lippes ramollies par la surprise, sourcils arque-boutés au dessus des deux orbes hétérochromes. Impossible. Par Merlin, que s'était-il passé. Un flux intense d'émotions contraires s'agitait en lui, écrasant les suppositions une à une comme s'il s'était agi de simples scarabées rampant à portée de pied. Approchant un peu plus son visage du miroir, autant qu'il était possible, il décrypta millimètre par millimètre les changements opérés dans la nuit sur ses iris d'ordinaire d'un marron fade et peu avenant tant il s'en trouvait toujours assombri par les humeurs pernicieuses du Mangemort. La banalité de ses yeux s'était envolée. Disparus, le regard torve et l'expression d'outre-tombe. Les yeux qui l'observaient en cet instant étaient. Différents, certes. Mais l'un d'eux était surtout, pour la grande moitié inférieure, bleu. Bleu ! On eut dit une sphère à demi trempée dans une matière lumineuse et luisante. Nom d'un gobelin unijambiste. Avery se recula vivement, comme frappé par l'apparition qui lui faisait face. Il crut presque entendre le miroir lui rire au nez, gloussement léger à peine perceptible, moqueur au possible. Quelqu'un se payait sa tête, et ce n'était pas cette foutue décoration murale ; l'écho venait de l'intérieur. Un écho familier, ô combien entendu au fil des années. C'était elle, qui recommençait. Elle qui le rendait fou (concept tout à fait subjectif) depuis des jours, des nuits. À le tanner, le tuer de l'intérieur. Pour avoir fui, une fois de plus. Pour ne pas avoir infligé à Lestrange ce qu'il méritait. Lâche, l'insultait-elle. Que l'on le traitât de couard le laissait indifférent, car tel était-il et il le vivait très bien. D'ailleurs s'il vivait c'était bien grâce à cela. Mais qu'elle se permette de l'assassiner de ses paroles acides, de l'incendier à ce point sans lui laisser une minute de répit le brisait moralement. L'envoyait dans des limbes stratosphériques, blessant ses sentiments. Selma était son alliée, la seule sur qui il (croyait) réellement pouvoir compter. L'unique âme en ce monde merdique qui avait su guider ses pas et le rassurer.

Un mal d'un tout nouveau genre agitait donc Owen qui, d'une de ses petites flèches argentées fusant de sa baguette et qu'il affectionnait tant, brisa une nouvelle fois le miroir qui s'éparpilla au sol. Projetant une chaise aux pieds fuselés et délicatements ouvragés d'un coup de pied rageur, il se prit la tête entre les mains. Réfléchis, Owen, s'intima-t-il, surveillant sans réellement y croire les observations que dressaient Selma dans leur tête. Pour la première fois, ils se trouvaient divisés. Scindés en deux unités différentes et bien distinctes, eux qui avaient toujours fonctionné en un tandem bien huilé où Selma suggérait et où Owen suivait. Les deux s'opposaient dans une confrontation bruyante et incessante qui le rendait malade, physiquement au plus mal. Agité de frissons désordonnés, le crâne transpercés de fuseaux douloureux générés par l'étonnante force que manifestait Selma dans sa rage et son dégoût de lui. Incapable de rester là seul avec elle, il raviva d'un coup de baguette les flammes de la cheminée, attrapa d'une main tremblante une poignée de poudre qu'il lança dans l'âtre et cria presque sa destination à qui voulait bien l'entendre -et le tirer au plus vite d'ici. « Que crois-tu trouver au Ministère Owen ! Tu ne récupéreras pas ta dignité en te montrant dans cet état aux yeux du monde ! Fais face, pour une fois dans ta vie. » En réalité, s'il avait pu s'extraire de lui-même en cet instant, il l'aurait fait. Il atterrit dans le hall du Ministère de la Magie, se dirigea à grands pas vers les ascenseurs et repoussa les quelques sorciers qui tentaient d'y entrer à leur tour. Même pas en rêve. Il avait besoin de descendre, seul, et au plus vite. Les visages surpris et un brin méfiants l'observèrent de derrière les grilles tandis que la cage à lapin s'enfuyait dans les boyaux du réseau de transport du Ministère. Aucun n'eut la folie d'essayer d'y entrer malgré tout, le visage d'Avery hurlant qu'il n'aurait jamais la patience de les virer gentiment une seconde fois.

Qui cherchait-il, où allait-il ? La vague idée qu'il avait exprimée avant de partir s'efforçait de se faire une place dans la bataille qui se tenait lieu sous son crâne. « Personne ne vas te croire. C'est peine perdue » persifla Selma. Mais elle avait tord. Owen savait que quelqu'un quelque part dans ces putains de bureaux serait capable de l'aider, ou au moins capable de le comprendre. Il ne le connaissait pas personnellement, il n'avait eu vent que de rumeurs à son sujet, de vague murmures susurrés dans l'ombre du secret de la peur. Cet homme était un Mangemort, un étranger comme un autre venu garnir les rangs du Lord. Jusqu'ici, rien d'exceptionnel, ni de particulier. Mais il était, disait-on, aussi fou que peut l'être un médicomage de talent, et tout aussi fous étaient ses expériences et ses savoirs macabres. Il connaissait bien Adele, mais Bones était très loin d'être la personne qu'il lui fallait en cet instant. L'autre était peut-être la solution. Arrivé au neuvième niveau, il déboula de l'ascenceur et se pointa dans le service des Exprimentations Magiques, fébrile et instable. Une bombe au bord de l'implosion. Une paire d'yeux se leva à son encontre, interrogeant silencieusement l'intrus. « Imbécile... » « Ferme-la ! » Le sorcier haussa les sourcils, interloqué, ouvrit la bouche sans savoir quoi répliquer. Etait-ce à lui que l'on s'adressait ? Sans s'excuser, Avery formula sa demande d'un ton urgent et qui ne souffrait aucune attente, criant presque. « Qu'on m'amène Moltchaline, immédiatement. Et je me fiche bien de savoir s'il se trouve dans ces bâtiments ou à l'autre bout de la planète, qu'on le demande expressément pour une affaire urgente, maintenant ! »
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Contrairement à ce que l'on pourrait penser, Kirill aime dormir. S'il y a bien un domaine à propos duquel il fait une entorse à sa réputation de "savant acharné, c'est celui ci: le sommeil. Si Kirill est alerte comme un faucon une fois parfaitement éveillé, il devient paresseux comme un lion à la seconde où il décide de se déconnecter du monde, ne serait-ce que pour une vingtaines de minutes.
Son absence de morale lui a toujours garanti un sommeil profond et réparateur, ses rêves un exutoire pour son trop plein de réflexion.
Alors depuis tout petit, il dort. Même quand Sergueï venait le réveiller, même quand il vient aujourd'hui encore le déranger de bon matin, quand il a un moment, quand il se trouve agacé, irrité, contrarié. Kirill dort.

Et c'est précisément ce qu'il est en train de faire au moment où les coups retentissent à la porte du laboratoire. Le noeud de chemise défait, quelques mèches blanches tombant sur son front, il est allongé sur le divan installé au fond de la pièce et profites d'une pause qu'il s'est certes octroyé lui même, mais qu'il considère mériter au vu de ses derniers résultats. Sa poitrine se soulève régulièrement et ses paupières s'agitent alors qu'il nage dans son océan personnel de songes.

Les coups le réveillent pourtant. Rien dans son attitude n'indique qu'il a pris conscience du raffut, à part ses yeux qui viennent de s'ouvrir en une fraction de seconde, comme s'il n'avait jamais été endormi du tout. Il inspire, expire et se lève avant de marcher de son pas altier vers la porte devant laquelle attends sans le moindre doute un employé de basse classe, ces derniers n'étant pas autorisés à pénétrer dans ce lieu hautement confidentiel. Ouvrant la porte, il affiche son air le plus détaché, le plus ennuyé, ce qui équivaut chez lui à faire comprendre à son interlocuteur à quel point il ferait mieux de se trouver ailleurs.

-Oui? demande-t-il de sa voix traînante.

L'employé devant lui hésite avant de répondre et Kirill lâch un soupir, fermant brièvement les yeux, ce qui suffit à faire débiter au pauvre homme la raison de sa visite à la vitesse d'une arme d'assaut:

-Monsieur Moltchaline! Je suis navré de vous déranger mais Monsieur Avery se trouve à l'accueil du département et il exige de vous voir immédiatement! L'affaire est urgente, c'est ce qu'il a dit!
-Averrry?

Le ton ne laisse percer tout au plus qu'une très légère pointe de curiosité quand le cerveau s'active pourtant avec rapidité. Bien entendu, Kirill connaît Owen Avery de réputation mais il n'a jamais eu l'occasion de ne serait-ce que le rencontrer en personne et la requête de son collègue mangemort l'intrigue. Dans un coin de son esprit, une voix lui rappelle qu'Avery, tout membre de l'Elite des ténèbres, serait selon toutes les rumeurs, complètement "fou à lier". Kirill se moque bien des réputations que construisent et détruisent les membres de la haute société anglaise, ces babouins vains et drapés dans leurs dorures autant que dans leur imbécilité, mais pourtant, il s'interroge: qu'on vienne le trouver, lui le médicomage à l'image sulfureuse et teintée d'ombre laisse toujours présager que quelque chose ne va pas. Physiquement ou psychologiquement.

Avery traîne derrière lui une impressionnante collection de casseroles dans le domaine et Kirill pressent que leur entrevue ne sera pas des plus banales. Il ne se presse toutefois pas alors qu'il congédie l'employé, recoiffe ses cheveux diaphanes et refait son noeud de cravate afin que rien ne dépasse, que tout soit parfait. Il est après tout un Moltchaline, et l'aîné de sa dynastie. Il a l'habitude de faire attendre les gens au gré de ses envies et de ses ennuis. Il n'est jamais pressé et les gens nerveux l'agacent au plus haut point. Dans ses traits nobles, ses yeux d'un bleu polaire et sa silhouette élancée, il n'y qu'une élégance froide, qu'un dédain aristocratique, qu'une intelligence désintéressée.
Alors pourquoi se presser?
Une affaire urgente pour les autres n'est jamais qu'une simple affaire pour lui.

Quand il parvient à l'accueil du département, il repère facilement Avery, même sans l'avoir jamais vu. C'est le seul fauve en cage qui tourne et vire comme une girouette. Ca en donnerait presque le tournis. Kirill s'approche de son pas alerte et sort de son costume un paquet de cigarettes avant d'en porter une à ses lèvres et de l'allumer d'un tapotement de baguette. Si la secrétaire lui jette au début un regard presque réprobateur, elle retourne presque aussitôt après à ses papiers.
On ne contrarie pas Moltchaline sur ce sujet. Il est aussi intraitable que Rookwood sur nombre de sujets et aussi cruel que tout mangemort qui se respecte avec ceux qui le gênent.
Avery se tourne vers lui et Kirill, s'il n'en montre rien, remarque immédiatement quelque chose: dans la silhouette sombre d'Avery, au milieu de sa peau tannée, de ses cheveux noirs et de sa barbe brune, au milieu de toutes ces couleurs terreuses, quelque chose tranche.
La moitié inférieure d'une des iris du mangemort détonne, aussi bleue qu'un orbe magique.
Kirill plisse imperceptiblement les yeux.

Hétérochromie partielle. Étrange. Personne ne lui avait jamais dit qu'Avery possédait une telle particularité physique, pourtant rare sous cette forme.

-Monsieur Averrry. Kirrrill Moltchaline, vous avez demandé à me voirrr, pour une affairrre...urrrgente.

Leurs regards se croisent et l'oeil bicolore tique régulièrement comme s'il démangeait son propriétaire. Kirill tire sur sa cigarette et lâche:

-Venez dans mon laboratoirrre. Nous y serrrons plus à l'aise.

Il passe devant bien entendu, empereur en son royaume, et ouvre l'entrée de son repaire avant d'y inviter Avery et de refermer la lourde porte de métal derrière eux. Le gramophone passe une musique classique et les éclairages tamisés donnent à la pièce une atmosphère intimiste. Kirill y passe tant de temps qu'il a obtenu le droit de la décorer à son goût, à l'exception bien entendu de la salle de chirurghie, qui se doit de respécter de scrupuleuses règles d'hygiène. Le reste de son lieu de travail est quant à lui décoré avec soin et goût, tout y invite à la méditation, à la réflexion, à la création et au savoir: les livres, les dessins, les peintures, le feu dans la cheminée, la musique...tout.

Kirill invite d'un geste son visiteur à s'asseoir et sans attendre qu'il le fasse, prend place dans son fauteuil favori, celui qui jouxte l'âtre. S'asseoir à son bureau mettrait entre lui et Avery une distance qui découragerait peut être le mangemort de lui expliquer la raison de sa venue. Nombreuses sont les personnes qui exècrent le sentiment d'être chez le médecin.

-J'imagine la grrravité de la situation si un membrrre du gouverrrnement tel que vous a prrris la peine de descendrrre me trrrouver...je vous écoute. Et n'ayez aucune crrrainte: je ne juge perrrsonne. les crrritiques morrrales entrrravent la rrréflexion. Un thé?

Le ton est cordial mais toujours un peu froid. Kirill sait être aimable, jamais affable. Il n'a pas de temps à consacrer aux politesses superflues. Seule compte son efficacité.
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Owen Avery
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‹ particularité : fou.
‹ faits : ma soeur jumelle vit dans mon esprit dérangé, secret dont seuls quelques chanceux ont connaissance, que je suis aussi dérangé que peut l'être un sbire de Voldemort, que je n'hésite jamais à user de violences quand bien même elles ne seraient pas nécessaires, car la souffrance et les hurlements me font vibrer comme aucune autre drogue au monde. Mais qu'elles me sont infligées souvent par la main du Magister elle-même, car dieu sait combien de fois je l'ai déçu au cours de mes années de bons et loyaux (haha) services.
‹ résidence : Herpo Creek, dans la maison de mes parents, vide et délabrée; ruines.
‹ patronus : irréalisable, autrefois une hyène bien qu'elle ne soit apparue qu'une seule et unique fois sous forme reconnaissable.
‹ épouvantard : le baiser du détraqueur.
‹ risèd : la fin de cette insurrection qui amène autant de satisfaction que de souffrance.
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Il n’est qu’un esprit lézardé
pour avoir des ouvertures sur l’au-delà.


Quelque chose dans l'apparition de ce sorcier hors norme aurait pu susciter un semblant d'admiration chez Owen, s'il ne s'était pas trouvé dans un tel état de confusion mentale et physique. Il dégageait un calme profond que rien ne semblait pouvoir perturber, pas même ce Mangemort aux manières rustres qui faisait les cents pas devant les yeux ahuris de ses employés. Moltchaline était aux antipodes de sa personne. Froid, distant, faciès glacial qui ne trahissait aucune expression, traits taillés à la serpe, dos droit et gestes calculés au millimètre près. Frappant par sa capacité toute naturelle à se faire remarquer sans effort. Il aurait pu, si on lui avait laissé l'occasion de le remarquer, d'analyser une telle prestance et d'en penser quelque chose. Mais, même Selma n'y prêtait que peu d'attention, continuant à le noyer sous une foule d'imprécations et d'insultes toutes plus blessantes les unes que les autres. Si le reste du monde pouvait bien essayer d'y arriver, Selma elle, connaissait la moindre de ses faiblesses, les recoins les plus retors de son esprit, les souvenirs les plus douloureux terrés dans sa mémoire, et pouvait s'en servir sans qu'il ne puisse rien y faire. Et cela le plongeait dans un état proche du désespoir, chose qu'il n'admettait que chez ses victimes et à face à laquelle il ne savait réellement pas quoi faire. « Monsieur Averrry. Kirrrill Moltchaline, vous avez demandé à me voirrr, pour une affairrre...urrrgente. » fit le Mangemort, accent prononcé qui laissait traîner les consonnes en longueur. Moltchaline exhala une bouffée de fumée grise, affronta son regard sans une once d'hésitation. C'est comme s'il savait, lui qui n'avait jamais encore croisé son chemin. Incapable de tenir en place, il se contenta de hocher la tête, désireux de tailler dans le vif du sujet au plus vite. Moltchaline lui fit signe de le suivre. « Venez dans mon laboratoirrre. Nous y serrrons plus à l'aise. »

Le laboratoire en question ressemblait plus à une garçonnière venue d'un autre temps qu'à un véritable lieu d'expérimentation. En même temps, qu'en savait-il lui, qui évoluait si loin de ce milieu austère où l'ordre et la rigueur étaient de mise, et où le chaos n'avait certainement pas sa place. Avery se laissait guider par le sang plus que par le désir de connaissances, par l'adrénaline que lui procurait une bonne chasse, par l'extase profonde qu'il ressentait lorsqu'une de ses victimes hurlait à la mort. Il se sentait à la place d'une d'entre elles, en cet instant, lorsque le Mangemort lui indiqua le fauteuil d'un geste de la main alors que lui même prenait place près du feu. Les notes délicates de classique lui agressaient les oreilles, ne faisait qu'ajouter à la cacophonie dans laquelle il était plongé. Il refusa de s'asseoir, préférant tourner lentement autour de la pièce avec le plus de calme dont il était capable de faire preuve. « Je ne peux pas rester assis. » Expliquer clairement ses difficultés allait exiger toute sa concentration, toute la clarté possible, afin que le Médicomage puisse y trouver une solution. Une maigre issue à son problème, n'importe quoi qui pourrait le soulager, la faire taire, l'évincer. « Je serai toujours là Owen, tu te souviens, je te l'avais promis il y a si longtemps... Ne crois pas que je suis prête à briser mon serment, ne crois pas que cet homme là va être capable d'y faire quelque chose. Et dans le fond, tu ne le souhaites pas réellement, n'est-ce pas ? » Le souhaitait-il ? Oui. Que son désir d'être enfin libéré d'elle soit mêlé à celui de trouver la paix et la tranquillité, ou qu'il soit réel et définitif. « J'imagine la grrravité de la situation si un membrrre du gouverrrnement tel que vous a prrris la peine de descendrrre me trrrouver...je vous écoute. Et n'ayez aucune crrrainte: je ne juge perrrsonne. les crrritiques morrrales entrrravent la rrréflexion. Un thé? » Nouveau refus formulé du bout des lèvres alors qu'il caressa du regard la décoration de la pièce sans réellement la voir. Les tremblement agitaient toujours ses mains, qu'il fourra dans sa poche dans une faible tentative pour les contrôler. C'était à croire que Selma s'infiltrait même jusqu'à ses membres, désireuse d'en prendre le contrôle tout comme elle mourrait d'envie de vivre sa vie à sa place, méprisante et hautaine.

« J'ai entendu une foule de choses à votre propos et j'espère que la plupart d'entre elles sont véridiques, dans la mesure où je ne suis pas ici pour quelque chose de... courant, disons. » « Tu es là parce que tu refuses d'affronter la vérité en face, voilà tout ! Ta solution à ton problème serait de m'écouter, tout simplement... » Nouvelle douleur fulgurante. Avery cligna des yeux, gêné par la faible lueur des lampes et des flammes léchant les parois de la cheminée. Il s'approcha du Mangemort confortablement installé, débita un flot de paroles continu, comme pressé de se libérer de ces vérités contenues en lui depuis si longtemps. Kirill allait être honoré d'un nouveau savoir, d'un secret qui le définissait jusque dans les moindres replis de sa personnalité. Il allait, sans le soupçonner, être le détenteur de l'origine de sa folie et Avery la lui remettait entre les mains en espérant naïvement -ou non- qu'il allait pouvoir l'en libérer. « Je ne sais pas ce que vous savez de moi, Moltchaline. Mais il est fort possible que vous n'ayez jamais eu connaissance de ce que je suis sur le point de vous dire, aussi serait-il fort raisonnable de garder tout cela pour vous, que ce soit bien clair. » Son ton autoritaire ne devait sûrement pas plaire à son interlocuteur qui, néanmoins, resta de marbre et lui enjoint d'un regard de poursuivre. « Tu regretteras amèrement l'erreur que tu es sur le point de commettre » gronda Selma, furieuse de se savoir trahie à ce point. Elle était le démon caché d'Avery, elle était cette part de lui qu'il ne montrait jamais à personne, dont il ne parlait jamais et qu'il gardait jalousement depuis toujours. Ceci était sur le point de prendre fin, et sa fureur dépassait tout entendement. « Il se trouve que j'ai une sœur, Selma. Elle n'est jamais née, n'a jamais vu le jour. Et pourtant, elle vit encore, croyez-le ou non. Depuis le jour où je suis né, elle est présente, dans ma tête, et si jusqu'à aujourd'hui elle était... disons, un atout, elle... » il s'interrompit. Secoua la tête, choqué par ses propres propos. Lui qui ne se souciait que peu de paraître fou craignait aujourd'hui d'être jugé ainsi, d'être laissé à ce profond malaise qui l'enveloppait sans avoir la possibilité d'y échapper. La fois où il avait évoqué à voix haute cette jumelle intangible remontait à si longtemps qu'il ne savait comment trouver les mots avec précision. Il affronta de nouveau le regard pâle et intéressé de Moltchaline, prenant le parti de lui montrer plutôt que de lui expliquer avec des mots qui ne trahiraient jamais suffisamment l'angoisse qui l’opprimait. Il se pencha vers lui, exposant à son regard la conséquence de sa propre faiblesse et de la puissance grandissante de Selma. L'oeil bleuté brilla à la lumière des flammes. « Vous voyez ? Ça, ce n'est pas moi. C'est apparu ces derniers jours, de nulle part, et je la soupçonne d'empiéter sur mon territoire, d'en être l'entière responsable, vous comprenez ? » dit-il d'un ton dur, hargneux. Il se redressa. « Alors, pensez-vous être en capacité de m'aider, Moltchaline ? Êtes vous aussi talentueux et savant qu'on le prétend, ou ai-je frappé à la mauvaise porte ? » Sinon, Avery serait dans l'obligation de l'éliminer, lui ou les révélations qu'il venait de lui faire.
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Kirill écoute.
Il écoute très attentivement et dans le palace que représente son esprit, les différents "services" s'agitent, ressortant souvenirs, références, expériences, théories, infirmant, confirmant, questionnant et théorisant alors qu'Avery lui expose la raison de sa venue de son ton hargneux. Il ne peut pas s'asseoir, ne le veut pas non plus et ressemble à une sorte de guêpe furieuse que rien ne paraît pouvoir arrêter. Face à sa nervosité, Kirill reste pourtant de marbre: lorsque l'on se trouve en contact avec de la nitroglycérine, la dernière chose à faire est de commettre un mouvement brusque, et Avery semble être plus volatile encore que n'importe quelle potion.

Il parle donc.
Et Kirill écoute.

Selma. Selma. Il répète le nom mentalement pour en apprécier les sonorités et enregistre tout ce que lui dit son collègue mangemort, ne prenant cependant pas même la peine de hocher la tête pour montrer qu'il comprend. Lorsqu'Avery se penche vers lui et lui montre son oeil bicolore, Kirill ne cille même pas. Mais les mots qu'il entend achèvent de l'envoyer tournoyer dans une spirale de questionnements. Les symptômes correspondent, qu'ils soient physiques ou mentaux, l'état se dégrade et l'hétérochromie partielle ne vient que renforcer des certitudes qui sont chez Kirill des évidences mais pour beaucoup de ses collègues, des théories farfelues et absurdes. Lorsque le mangemort cesse de parler, concluant son discours par une menace à peine voilée, à peine déguisée, Kirill se contente de tapoter le bout de sa cigarette sur le rebord du cendrier et de la finir tranquillement alors qu'il poursuit son raisonnement et prend le temps de le perfectionner. Il voit bien que son interlocuteur est à deux doigts de lui sauter à la gorge d'impatience, mais il n'est partisan ni de la panique, ni du pathos, ni du travail bâclé et ce n'est donc que lorsque ses pensées se sont fixées, précisées et détaillées qu'il consent à éteindre sa cigarette et à se lever, avant de s'asseoir à demi sur le bois de son bureau. Il ne fera pas l'honneur à son visiteur de répondre à ses questions réthoriques pour le moins insultantes. Il n'a pas de temps pour les joutes verbales, pas plus que pour défendre sa réputation, son talent. On ne défend pas ce que l'on sait être sans reproche et sans failles.

- Monsieur Averrry...vous avez défini Selma comme étant "votre soeurr"....mais elle n'est pas seulement votrrrre soeurrr. pas seulement une soeurr. Elle aurait du êtrrrre votrrre jumelle, je me trrrompe?

La question est purement rethorique là aussi. Chacun son tour. Kirill inspire, expire, puis continue de son ton traînant, presque paresseux:

-Peu de médicomages veulent se rrrisquer à trrravailler sur la gémellité magique et ses conséquences. Beaucoup jugent ces derrrnièrres inexistantes. D'autrrres considèrrrent qu'elles sont trrrop...mystiques, pourrr que nous puissions ou devions nous y intérrresser. Je ne suis pas de cet avis.

Kirill contourne son bureau, ouvre un tiroir d'un geste précis et en sort un carnet de cuir noir, le fameux carnet "sans fin" offert par son père, dont l'apparence reste toujours mince mais dont la magie permet d'écrire des millions de mots et de pages sans que jamais on ne parvienne à la fin de l'objet. Un outil bien pratique dont le jeune sorcier ne se sépare jamais et auquel il confie ses idées, ses travaux. Il y a des thèses là dedans. L'équivalent de romans, d'essais entier sur la psychologie, la médicomagie, la psychomagie et la chirurgie magique. Il y a dedans un monde de possibles. Et au creux de ses pages, l'écriture déliée de Kirill a un jour tracé ces mots.

Jumeaux et magie: corps physiques et astraux

Un chapitre long de plus de deux cent pages, sur un sujet brûlant que lui seul à l'école de Koldo avait voulu aborder durant le cours de "Recherche fondamentale sur les origines de la magie", un thème que si peu d'entre eux savants et intellectuels, veulent toucher du doigt. A toutes les époques, les jumeaux ont fasciné, terrifié. Kirill leur voue un intérêt particulier. qu'y a-t-il au fond de plus fascinant que ces êtres miroirs qui même séparés parfois par leur différence physique manifestent une étrange proximité de coeur et de magie?

-Nombrrre d'entrrre nous auraient du naîtrrre avec un jumeau ou une jumelle mais la naturrre est une mèrrre crruelle...nous consommons la pluparrt du temps ce qui aurrrait du êtrrre un frrère ou une soeurr in uterro. Nous l'absorrrbons. Cerrtains totalement et d'autrres...parrtiellement.

Il reste debout, feuillette son livre d'un air pensif en parlant, toujours de cette voix neutre et aussi précise, tranchante, que les lames et les armes dont il se sert contre ses victimes ou patients.

-Il arrrive parrrfois qu'au courrs de la grrrossesse, lorrs de la séparration des cellules menant à l'apparrition de deux êtrrres distincts, qu'une une parrrtie de l'adn..de..."l'âme", si vous prréférrez, d'un des jumeaux trransite vers l'autrrre et que celui ci la garrrde en lui. Ce bout d'âme, ce bout de l'autrrre, demeurre par la suite ancrrée dans le corps du jumeau "hôte" comme...une fausse note dans une symphonie. Comme une tâche sur une toile de maîtrrre. Petite, discrrrète, prresque invisible dans l'immense majorrité des cas. Et puis il y a....les gens comme vous.

Le "vous" est prononcé sans emphase particulière. Kirill ne juge pas, il n'a pas de temps à consacrer à cet exercice fastidieux que représente le jugement critique. Sous la lumière tamisée de son bureau, Avery n'est ni un mangemort ni un monstre: il est un homme. Un patient. Un patient qui souffre d'un mal si rare et si tabou que toute son expertise et sa pédagogie vont être nécéssaires. Alors pourquoi, de quel droit, le juger? Si le jeune homme a allègrement envoyé promener la majorité des principes éthiques de la profession par dessus les moulins, il a du moins retenu celui là: neutralité.

-Avez vous entendu parrrler de la notion de corrps astrrral, monsieur Averry?

Un silence.

-Il serrait stupide de penser que notrrre identité en tant qu'etrrre vivant se rrrésume à l'existence d'un corrps physique. Carrrr dans ce cas, quel effet pourrraient avoirr surrr nous des crréaturres telles que les détrraqueurs? les vélanes? nous possédons en fait, selon mes trrravaux et ceux de collègues éminents mais mal rrreconnus, plusieurrs corps dont les deux plus imporrtants sont le corrps physique et un corrps astral. La matièrre et l'essence si vous prréférrez. Ils peuvent surrvivrre l'un sans l'autrrre mais séparrés ils ne sont d'habitude bons à rien, sauf dans un cas bien prrrécis: quand un corrps astrral, prrivé de corrps physique, trrrouve un hôte.

Kirill tourne une page. Sous ses orbes sibériens s'étalent un croquis dessiné au fusain, représentant une silhouette. Des annotations en russe la jouxtent et Kirill les parcourt rapidement avant de plisser les yeux. Puis, il redirige son attention sur Avery.

-Ces cas sont rarrrissimes. Le corrrps astrrral étrrranger doit êtrrre exceptionellement forrt pourrr cohabiter avec celui de son hôte sans se faire détrrruirre par lui, ou l'hôte doit êtrre...exceptionnellement conciliant et éprrrouver pourr son "parrasite" une forrme d'amourr. Amourreux. Frrraternel. En outrre, il faut qu'une parrrt physique de l'un passe chez l'autrre et avouez que cela est encorre une fois, assez peu commun.

Plus les minutes passent, plus l'air s'alourdit et Kirill voit presque les rouages du cerveau de son interlocuteur tourner, puis bloquer, s'enrayer et repartir. Il ferme le carnet et en caresse la couverture de ses longs doigts fins, la chevalière des Moltchaline brillant à son index, puis déclare:

-Je vais tenter de me fairrre bien comprrendrrre, Monsieur Averrry. Ce dont vous souffrrrez n'est pas de la folie. Ce phénomène porrrte le nom de "parrasitage parr développement spontané d'entité astrrrale". Un terrrme barrbarre pour un concept complexe, que je vais tenter de vous expliquer: lorrrsque vous et votrrre soeurr...Selma...étiez encorrre des embrryons, avez échangé des parts de vous. Des cellules. Cela n'aurrrait jamais du porrter à conséquence mais Selma n'est pas venue au monde et pourrr une rraison que nous ne comprrendrrons sans doute jamais, vous l'avez gardée en vie. En vous. Votrre géméllité, votrre lien magique, devait êtrrre si forrrt que votrrre esprrrit a perrrmis a son corrps asstral de surrvivrre au trraverrrs de vous. De devenirr une entité immatérrielle mais bien rréelle.

Kirill s'approche d'Avery et se penche vers lui pour examiner son oeil.

-Votrre iris subit une hétérrrochrromie parrtielle. Cela peut se prroduirre lorsqu'une séquence d'ADN étrrranger est activée suite à...un choc violent, un accident ou une maladie. Cette couleurr n'est pas la votrrre, c'est celle de Selma. Et je crrrois que cette activation n'est pas un hasarrd.

Ils se fixent à présent et Kirill ne cille pas face au regard désormais clairement perturbant d'Avery. Il sait que ce n'était pas seulement ce dernier qui le foudroie du regard.

-Elle devient de plus en plus agrrressive n'est ce pas? elle vous maltrrraite,elle vous épuise, elle joue la guerrrre d'usurre. Ne crrroyez pas qu'elle le fait parr hasarrrd. Votrrre oeil est la prrreuve du contrrairrre. Si je me rrrisquais à trrracer une conjecture, je dirrrais que Selma devient un peu trrop ambitieuse et qu'elle a décidé de rrremplacer votre cohabitation parr une occupation. Vous n'êtes pas fou, Monsieur Averry. Mais votrrre soeur elle...c'est une tout autrrre histoire. Aucun corrrrps. Une empathie limitée, une gamme de sentiments étrroite. Elle n'est que la moitié de vous. Et j'ai le sentiment qu'elle veut que le rrrapport de forrrce s'inverrrse.

L'oeil à demi bleu en face de Kirill tique, comme agacé, comme indigné, comme furibond et le médecin a un rictus.

-Je suis prrêt à parrrrier qu'elle me trraite de menteurr. Qu'elle estime êtrrre la seule à vous comprrendrrre. Librrre à vous de la crrroire mais perrmettez moi de vous dirrre ceci: je n'ai aucun doute quant à votrrre santé mentale et aucun doute quant à la malfaisance de cette chose qui se dit votrrre soeur. Vous n'êtes son frrère que dans la mesurrre où vous serrvez de garrde manger à son corps astrrral. Une mutinerrrie, et elle tenterra de prrrrendrrre votrrre place.

Il marque une pause et accorde un dernier regard à l'oeil bleu avant de lâcher en l'air une bouffée de fumée et de se rasseoir dans son fauteuil.

-Elle a déjà commencé.
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HUNTED • running man
Owen Avery
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‹ âge : 43
‹ occupation : dans l'ombre du Magister.
‹ maison : serpentard
‹ scolarité : 1971 et 1978
‹ baguette : est en bois d'acacia rigide, possède un cœur en ventricule de dragon et mesure vingt-neuf centimètres.
‹ gallions (ʛ) : 5522
‹ réputation : la magie noire a rongé mon âme, dilué toute conscience, accru ma folie.
‹ particularité : fou.
‹ faits : ma soeur jumelle vit dans mon esprit dérangé, secret dont seuls quelques chanceux ont connaissance, que je suis aussi dérangé que peut l'être un sbire de Voldemort, que je n'hésite jamais à user de violences quand bien même elles ne seraient pas nécessaires, car la souffrance et les hurlements me font vibrer comme aucune autre drogue au monde. Mais qu'elles me sont infligées souvent par la main du Magister elle-même, car dieu sait combien de fois je l'ai déçu au cours de mes années de bons et loyaux (haha) services.
‹ résidence : Herpo Creek, dans la maison de mes parents, vide et délabrée; ruines.
‹ patronus : irréalisable, autrefois une hyène bien qu'elle ne soit apparue qu'une seule et unique fois sous forme reconnaissable.
‹ épouvantard : le baiser du détraqueur.
‹ risèd : la fin de cette insurrection qui amène autant de satisfaction que de souffrance.
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Il n’est qu’un esprit lézardé
pour avoir des ouvertures sur l’au-delà.


« Peu de médicomages veulent se rrrisquer à trrravailler sur la gémellité magique et ses conséquences. Beaucoup jugent ces derrrnièrres inexistantes. D'autrrres considèrrrent qu'elles sont trrrop...mystiques, pourrr que nous puissions ou devions nous y intérrresser. Je ne suis pas de cet avis. » Entrée en matière confirmant les doutes et craintes du Mangemort. Une pointe de soulagement vint ourler les pensées traîtresses émanant de sa jumelle. Entité miroir et cruelle aux remarques incisives, cauchemar vivant dans son esprit à toute heure de la journée. Cauchemar ? La violence de la révolution qui s'opérait en lui depuis quelques jours l'assaillit une nouvelle fois, creusant un peu plus la distance qu'il était seul en train de créer entre elle et lui. Ainsi donc, il ne s'était pas trompé. Son intuition l'avait mené droit dans l'antre du seul sorcier du Royaume Uni, certainement, à être en capacité de le comprendre. Et ce, sans l'intervention de Selma, qui faisait réellement tout son possible pour polluer sa certitude : non, il ne les aiderait pas. Ce n'était qu'un charlatan, un beau parleur, un scientifique plus fou encore que ses patients, attiré par les mystères de la magie comme un charognard par le sang putréfié des cadavres en décomposition. La force seule de sa conviction et de son désespoir le retinrent de remettre en doute ses espérances ; qu'avait-il d'autre comme option ? Il était seul face à un monstre intérieur, mante religieuse prête à le bouffer au moindre faux pas, s'emparant déjà de quelques parcelles ignorées de son être. Bientôt, il ne serait plus qu'une réminiscence d'esprit reléguée au second plan, quand Selma aurait trouvé la clef lui permettant de prendre pleinement le contrôle. Et de vivre. Elle n'était là que pour ça ; avec horreur, il constata qu'elle avait simplement attendu son heure, se satisfaisant assez de simplement le guider dans ses choix et faits au quotidien, influence qu'il avait jusqu'alors encouragée et pris en compte. Leur rencontre explosive avec Rabastan avait été l'élément déclencheur. Depuis sa fuite, elle ne l'avait pas laissé en paix une seule seconde. Et aujourd'hui, elle voulait plus. Elle voulait passer outre cette barrière physique qui l'empêchait de se mouvoir pour agir selon ses propres désirs.

Cacophonie enveloppant ses sens ; murmures intérieurs se mêlant aux explications du Mage, son carnet entre les mains, pages et pages se succédant jusqu'à ce qu'il trouve ce qu'il cherche. Avery cligna des yeux, de l'oeil, gêne psychologique qu'il ne parvenait pas à oublier, même quand Kirill commença à proférer ses suppositions, explications. Ton détaché, distance précise de mise entre le médecin et son patient. Owen se trouva emporté par les vérités proférées par le sorcier. Vérités pures, il le savait, le sentait dans sa chair. Horreur muette, terreur invalidante qui s'emparaient de leur corps commun. Selma écoutait, elle aussi, attentivement, décortiquait les mots à la manière d'un thanatopracteur délitant un corps ouvert sur la table, prête à se jeter sur la moindre hésitation venant de lui. Mais d'hésitation aucune. « Il ment, Owen. Ecoutes le, il invente, il te fait peur, il t'incite à le croire mais il n'a aucune preuve. » « Avez vous entendu parrrler de la notion de corrps astrrral, monsieur Averry? » Silence. Reprise, pas de danse verbal que Moltchaline imposait à sa compréhension, choisissant les mots avec soin, méticuleux dans son désir d'être clair. Lui trouvait que cela avait tout sauf l'air d'être un mensonge, et c'était à vous glacer le sang. « Corps astral ? Qu'est-ce que c'est encore que cette connerie ? » Boucle la Selma, c'est fini, rien de ce que tu pourras encore dire ne me fera partir d'ici, tu m'entends ? Tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même, tu es envahissante, constamment sur mon dos, laisse moi en paix une minute et je songerai peut-être à te laisser encore une chance. Continues et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour te sortir de ma tête ! MA TETE ! « Essaye seulement, je sais tout de toi Owen, la moindre de tes faiblesses et Dieu sait que tu en traînes un paquet, tu n'as aucune chance et quand bien même, tu ne survivrais pas longtemps sans ma présence, tu as toujours été si faible et malléable, tu ne sauras rien faire sans mon aval ignoble lâche... » « ...doit êtrrre exceptionellement forrt pourrr cohabiter avec celui de son hôte sans se faire détrrruirre par lui, ou l'hôte doit êtrre...exceptionnellement conciliant et éprrrouver pourr son "parrasite" une forrme d'amourr. Amourreux. Frrraternel. En outrre, il faut qu'une parrrt physique de l'un passe chez l'autrre et avouez que cela est encorre une fois, assez peu commun. » Précisément. Ce temps là était fini, et Selma était prête à se battre pour conserver sa place, dut-elle se débarrasser de son propre frère pour cela.

« Qu'entendez-vous par là, qu'elle a survécu grâce à moi, qu'elle ne serait pas là si je ne lui avais pas volontairement laissé une place ? » « Je vais tenter de me fairrre bien comprrendrrre, Monsieur Averrry. Ce dont vous souffrrrez n'est pas de la folie. » « On le savait depuis longtemps misérable cafard russe... » et les mots coulèrent avec une clarté limpide des lèvres diaphanes du Mangemort qui lui faisait face, monument de glace et d'assurance qu'il fixait de son regard hétérochrome. L'autre se pencha d'ailleurs vers lui, observa les deux couleurs tranchées qui se battaient en duel sur son iris. Une douleur frontale lui empala le crâne en réaction à la pique de fureur émanant de Selma. Elle sortit comme un diable de sa boite, attaquant vilement. Vipère hargneuse. Le diagnostique fut posé, implacable. Vous n'êtes pas fou, disait-il, de cette voix qui ne souffrait aucun doute à la sentence qu'il lui assénait. Vous n'êtes pas fou. Des années que l'on murmurait sur son compte ce genre d'ignominies sans que cela ne le touche une seule seconde. Vous n'êtes pas. Fou. Voilà qu'on lui annonçait que ce n'était même pas un état de fait. Que ce n'était rien d'autre qu'une mascarade, maquillant une vérité bien plus laide : Selma était un parasite que lui seul entretenait. Pas une folie non. Pire. Une entité intangible mais réelle. Plus qu'il n'avait jamais accepté de penser qu'elle l'était. Oh bien sûr, Selma avait toujours été réelle pour Owen. Mais secrètement, jalousement gardée en lui, avec toujours cette idée latente qu'elle était un engramme de son esprit perturbé. Après tout, le père n'était pas l'homme le plus sain que le monde ait connu non plus, et que dire de sa mère. Une étrange sensation de vide se propagea à mesure que Moltchaline poursuivait, appuyait là ou ça faisait mal, et mettait le doigt sur le berceau de son problème. Ce type était fort.

Et Kirill d'expliquer l'origine de la bichromie de son œil, de ses tremblements importuns, violents et incontrôlables, résonance profonde de l'emprise de Selma sur son corps. Et Selma de vagir des insultes à la face de ce démon à l'accent marqué, qui la regardait elle à travers leurs yeux, rebuffade douloureuse, mots mêlés qu'il n'essayait plus de déchiffrer. « Je suis prrêt à parrrrier qu'elle me trraite de menteurr. Qu'elle estime êtrrre la seule à vous comprrendrrre... » « Je SUIS la seule a le comprendre! » Les traits déformés par la douleur, Owen crispa les mâchoires, pressa ses tempes entre ses paumes et se détourna. Il essaya trier la tonne d'informations qui se jetaient pêle mêle dans un chaos innommable dans ses pensées. « Arrêtez !! » Décompensation mentale, trop plein sensoriel. Le son nasillard du classique au loin cessa immédiatement. Le gramophone venait d'exploser dans une gerbe d'étincelles bleues, parsemant le sol impeccable de résidus métalliques. Réduction de l’influx sonore bienvenue, bienfaiteur. Les paumes des mains moites, le dos glacé, Avery fit de nouveau volte face. « Je. J'entends. Ce que vous me dites. » Les doigts agrippèrent le dossier de l'élégant fauteui. A s'en blanchir les jointures. L'autre se rassit, exhalant une nouvelle bouffée grisâtre nauséabonde. Elle a déjà commencé. « Il te monte contre moi, il veut s'amuser avec toi, faire de toi son cobaye, combien de temps encore vas-tu accepter d'être traité de la sorte ! Que l'on m'ait laissé vivre, et rien ne se serait passé comme ça, c'est... » « Elle n'approuve pas. C'est. Assez difficile de parler lorsqu'elle ne m'en laisse pas l'occasion. » Il triturait sa baguette nerveusement, cents pas retracés sur les tapis persans. « Vous dites que personne n'a eu l'audace de se pencher sur le sujet, hors, vous avez l'air d'en connaître un paquet. Comment ça se fait ? Que proposez-vous ? Est-ce que... » Est-ce que tout pourrait redevenir comme avant ? Pourrait-elle rester là, conscience discrète à l'arrière de la sienne ? Enjôleuse amie à consulter en cas de besoin ? Owen sentait poindre la réponse, le non murmuré du bout des lèvres, ce regret teintant le regard de Moltchaline. « Seriez vous capable de faire quelque chose ou êtes-vous juste à même d'en parler ? » Frisson glissant sur le derme de sa nuque, hérissant les cheveux au passage. « Ecoutez. J'avoue avoir du mal à accepter tout ce que vous me débitez là, Moltchaline. » Que les doutes persistants viennent de lui, ou d'elle... « Cette histoire d'entités astrales... D'hétérchromie, de... tout ça semble assez fumeux si vous voulez mon avis. Et ça ne me dis pas si vous allez pouvoir y faire quelque chose, mais dans la mesure ou une simple potion pour le mal de crâne ne suffira pas, manifestement, et ou la situation n'est plus gérable telle qu'elle est.... Je suis prêt à tout tenter. Si vous avez quoi que ce soit de cohérent à proposer. » Tout tenter.

Accord à peine voilé, portes ouvertes à toute la créativité macabre du Mangemort blond.

« Tenez, commencez par faire cesser ces putains de tremblements par Merlin, c'est insupportable. Ca au moins vous devez savoir le faire ! »
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Première règle face à un patient agité: ne pas jouer la carte de la provocation, aussi tentante que cette dernière puisse-t-être. Avery est alors dans un état de nervosité peu commun et il doit probablement livrer à sa soeur un combat particulièrement acharné. Kirill, s'il aurait volontiers énoncé à son collègue mangemort toutes les raisons pour lesquelles il aurait mieux fait de la mettre en veilleuse, ne le fait pas.
Parce qu'il ne vaut mieux pas gaspiller son énergie et casser la confiance possible du patient avec des traits d'esprits.

« Vous dites que personne n'a eu l'audace de se pencher sur le sujet, hors, vous avez l'air d'en connaître un paquet. Comment ça se fait ? Que proposez-vous ? Est-ce que... Seriez vous capable de faire quelque chose ou êtes-vous juste à même d'en parler

Kirill tire sur la cigarette qu'il tient entre ses longs doigts fins sans pour autant se donner la peine de répondre. Autant le laisser parler, le monsieur a l'air d'avoir un avis sur la question. Et plutôt que de se faire interrompre cinq cent fois, autant le laisser vomir son scepticisme, peut être se sentira-t-il mieux un fois le tout déversé hors de son cerveau.

"Ecoutez. J'avoue avoir du mal à accepter tout ce que vous me débitez là, Moltchaline... Cette histoire d'entités astrales... D'hétérchromie, de... tout ça semble assez fumeux si vous voulez mon avis. Et ça ne me dis pas si vous allez pouvoir y faire quelque chose, mais dans la mesure ou une simple potion pour le mal de crâne ne suffira pas, manifestement, et ou la situation n'est plus gérable telle qu'elle est.... Je suis prêt à tout tenter. Si vous avez quoi que ce soit de cohérent à proposer. Tenez, commencez par faire cesser ces putains de tremblements par Merlin, c'est insupportable. Ca au moins vous devez savoir le faire !"

Kirill écrase sa cigarette dans le cendrier pour de bon et rajuste sa cravate, avant de décroiser les jambes et de se lever tranquillement. Puisque l'ouragan semble passé, autant se mettre au travail.

-Je comprrrends votre scepticisme, Monsieur Averry, il aurrait été surrprrenant que vous acceptiez mes théorries sans vous rrebiffer quelque peu. Pourr rrépondrre à vos questions dans l'orrrdre, sachez que j'ai dit que perrrsonne dans votrre pays n'avait osé s'attaquer au prrroblème. Mais en Rrussie nous avons depuis longtemps commencé à nous intérresser à la question...j'ai longtemps trrravaillé sous la dirrection du prrrofesseurr Dimitrrievitch, il fut mon enseignant dans le domaine de la rrrecherrche magique et des expérrimentations médicales...c'est sous sa dirrrection que j'ai intégrrré l'Hopital de Moscou à l'âge de 18 ans. Et crrroyez moi, j'ai vu des cas tels que le votrrre...rrrarres, je vous le concède...mais toujourrrs terrribles. Et toujourrs rrreconnaissables.

Tout en disant cela, Kirill ouvre les portes d'un de ses cabinets d'apothicaire. Se trouvent à l'intérieur nombre de fioles, de remèdes concoctés soit par ses soins, soit par ceux du département des potions. Retirant une éprouvette emplie d'un liquide violacé, il la soupese, jette un regard rapide à Avery:

-Ceci va calmer vos convulsions momentanément. Mais elles rreviendrrront...Selma est en trrrain de s'habituer à prrendrre le contrrrôle de vos muscles et bien qu'elle soit encorrre peu habile en la matièrrre elle apprrrendrra trrrès vite à se perrfectionner. Si nous ne faison rrrien bientôt vos mains ne trrremblerront plus...mais ne vous obéirrront plus non plus.

D'un coup souple de baguette, Kirill envoie la fiole flotter à côté d'une seringue, laquelle se met elle aussi à léviter, se remplissant peu à peu de potion.

-Je suis capable d'y "fairre quelque chose" comme vous dites, mais cela ne serra pas sans rrrisque. La seule manièrrre de forrrcer votrre soeurrr à...déménager, est de la forrcer à le fairrre...de vous confrrronter à elle, de la rrejeter de toutes vos forrrces puis de l'enferrrmer dans un nouvel hote afin de la détrrruirrre...ce n'est pas une tâche aisée, d'autant que Selma semble avoirrr une trrrès forrrte influence surrr vous.

Kirill le fixe un moment, pensif, réflechissant à la bonne manière d'amener les choses.

-Vous devez avant toute chose me fairre confiance, et cela serra impossible tant que vous n'aurrrez pas obtenu la prrreuve que je dis la vérrité. Alorrrs je vous prrropose un test. Si vous l'acceptez, je vous donne ma parrrole de vous aider à rrepousser cette chose qui vous parrasite. Si vous rrrefusez...vous connaissez la porrrte d'entrrrée et parrr conséquent, celle de sorrrtie.

Kirill prend la seringue qui flotte désormais à côté de lui et s'approche d'Avery.

-Pourrr les trrremblements.


Le médecin russe se penche en avant, mais à la seconde où ses mains désormais gantées effleurent la peau d'Avery, le bras de ce dernier se met en mouvement, si vite que Kirill, malgré son rigoureux entraînement au combat, n'a pas le temps de contrer, trop occupé qu'il est à ne pas briser la seringue. Un poing percute sa machoire avec violence et il sent sa lèvre inférieure s'ouvrir sous l'impact, le gout du sang envahissant sa bouche.
Il recule, très brièvement désorienté. Le coup a été brutal, mauvais...haineux.Et alors que les yeux glacés de Kirill se posent sur Avery, il voit la confusion dans ceux de son interlocuteur. Les liens se font rapidement dans son esprit, il avale son sang, essuie le trop plein sur la manche de sa veste.

-Bien...Selma n'a visiblement pas trrrès envie que je pénètrrre dans son espace vital. Nous allons nous passer de tranquillisants pourr le moment...tant que vous serrez sceptique vous serrez à sa merrrci et tant que vous serrez à sa merrrci elle ferrra tout ce qui est en son pouvoirrr pourrr m'empêcher de vous aider...alorrrs avant toute chose...nous allons avoirrr une petite discussion avec elle.

Il repart vers son armoire, sentant sa lèvre bruler et gonfler tandis qu'il écarte les produits de première nécessité pour sortir une toute petite fiole remplie d'une potion noire et épaisse.

-...Ceci, Monsieur Averrry est une potion de dissociation..elle va vous calmer et apaiser les trrremblements que vous subissez mais surrrtout elle va vous plonger dans un état second. Un état où chaque parrrtie de vous serrra librrre de s'exprrrimer...Selma n'aurrra d'autrrre choix que de parrrler parrr votrrre bouche, mais rassurrrer vous vous saurrrez fairrre la différrrence et moi aussi...

Il s'approche, désigne, un siège incliné dans une partie plus tamisée de la pièce.

-Vous serrrez trop faible pourrr vous serrvirrr de votrrre baguette mais dans le doute, je vais vous demander de la laisser sur la table avant de prrrendrre la potion. Si Selma vous supplante momentanément et s'arrache à sa torrrpeurr il y a des chances qu'elle ne veuille pas discuter pacifiquement avec nous.

Il remonte ses manches, tend un bras vers le fauteuil.

-Aprrrrès vous.

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Il n’est qu’un esprit lézardé
pour avoir des ouvertures sur l’au-delà.


Moltchaline était imperturbable. Un monument de savoir et de concentration, inébranlable malgré les révélations, celles là mêmes qui avaient su, trente ans plus tôt, arracher un semblant de méfiance incrédule à Rabastan Lestrange. Le Mangemort ne paraissait pas surpris de ce qu'il entendait, semblait même en détenir la solution -évidente- au bout de ses longs doigts, pâles comme des os. Dans le chaos qui régnait dans sa tête demeurait palpable un agacement profond pour l'assurance de son collègue, ses intonations propres aux gens intelligents et conscients de l'être. Il détestait devoir s'en remettre à quelqu'un, demander de l'aide. Selma repoussait ses -maigres- barrières de toutes ses forces, sapant ses efforts pour la contrôler, annihilant toute concentration. Le calme du sorcier ne faisait que renforcer sa propre agitation, son impatience, et la crainte de se laisser emporter par ses émotions. Violentes et contradictoires, elles s'opposaient bruyamment, le faisant tantôt passer de la répulsion pure envers le russe, à ce besoin désespérant de s'en remettre à lui.

Les explications se frayaient péniblement un chemin jusqu'à lui, mêlées aux récriminations houleuses de sa jumelle, peu décidée à coopérer. Fermement opposée, en fait, à ce qu'ils restent une minute de plus dans cette pièce avec ce malade de l'est.
« Ceci va calmer vos convulsions momentanément. Mais elles rreviendrrront...Selma est en trrrain de s'habituer à prrendrre le contrrrôle de vos muscles et bien qu'elle soit encorrre peu habile en la matièrrre elle apprrrendrra trrrès vite à se perrfectionner. Si nous ne faisons rrrien bientôt vos mains ne trrremblerront plus...mais ne vous obéirrront plus non plus. » Martela-t-il, remplissant une seringue d'un liquide aux reflets violets sombres tout en parlant. L'assurance dans ses gestes avec quelque chose de macabre et de peu rassurant. Et cela n'avait rien à voir avec son aversion naturelle pour les aiguilles et tout ce qui cherchait à se frayer un passage à travers sa peau. Selma capta malgré elle le sens profond des paroles de Moltchaline et y perçut la vérité qu'elle voulait entendre. Elle était proche, si proche de prendre le contrôle. « Notre réputation sera lavée, plus aucun impair ne sera commis... » Elle exultait, touchait presque la victoire du bout des doigts. « Je suis capable d'y "fairre quelque chose" comme vous dites, mais cela ne serra pas sans rrrisque. La seule manièrrre de forrrcer votrre soeurrr à...déménager, est de la forrcer à le fairrre...de vous confrrronter à elle, de la rrejeter de toutes vos forrrces puis de l'enferrrmer dans un nouvel hote afin de la détrrruirrre...ce n'est pas une tâche aisée, d'autant que Selma semble avoirrr une trrrès forrrte influence surrr vous. »

Il releva vivement la tête vers le Médicomage. « Pardon ? » Sa voix trahissait sa surprise, le soudain relan d'espoir, aussi puéril qu'infâme, qui éclaircit l'espace d'un instant son esprit enfumé. Sortir Selma de son corps, la placer dans un autre... la suite n'était qu'un détail. La détruire n'était qu'une futilité, dans la mesure où il n'était pas encore certain à cent pour cent de vouloir l’éradiquer. Ce doute, Selma le percevait en lui et c'était la raison pour laquelle son attitude l'énervait plus qu'elle ne l'inquiétait. Néanmoins, pendant une seconde qui lui parut durer une éternité, ils se rejoignirent dans cet élan qui sembla solutionner en un instant tous leurs problèmes. Si Moltchaline était capable de transférer sa sœur dans un corps autre que le sien, pourquoi ne pas l'y laisser ? Pourquoi ne pas tenter de les dissocier, une bonne fois pour toutes, sans que rien ne soit perdu ? « Pourrr les trrremblements » L'explication précéda brièvement le geste intrusif, avorté avant d'avoir pu piquer pour de bon. Le coup partit à la volée, avec la détermination et la hargne propres à Selma, qui usa de sa force à lui avec délectation pour éloigner la menace. « Garde à toi insecte ! Qu'il ne s'avise plus d'injecter quoi que ce soit en moi ! » En moi, c'était comme si le corps lui appartenait déjà. Et leurs esprits se séparèrent de nouveau ; oubliée, pour l'heure, la solution miraculeuse qui aurait pu les (ré)unir. Avery recula, la surprise passa sur son visage comme une ombre alors qu'il serrait le poing dans l'illusion de récupérer sa main. Par Salazar ce n'était pas prévu. Ça ne le mena pas à s'excuser pour autant, goûtant à la satisfaction cruelle de voir le Mangemort essuyer son propre sang et faire bonne mesure en ne différant pas d'expression malgré l'affront. « Bien...Selma n'a visiblement pas trrrès envie que je pénètrrre dans son espace vital. Nous allons nous passer de tranquillisants pourr le moment...tant que vous serrez sceptique vous serrez à sa merrrci et tant que vous serrez à sa merrrci elle ferrra tout ce qui est en son pouvoirrr pourrr m'empêcher de vous aider...alorrrs avant toute chose...nous allons avoirrr une petite discussion avec elle. » Le ton était implacable, sentait le défi. La méfiance fila dans ses veines comme un poison. Avec elle ? « Avec moi ? » Scepticisme et moquerie suintant dans l'intonation haut perchée de sa jumelle, faisant échos aux siens. Avery se mit à rire, mais cela n'avait rien d'une blague dans le regard de Molchtaline et il s'obligea à suivre les instructions. Le russe menait la danse et il n'avait d'autre choix que de se laisser guider. Il plissa les yeux, serra les poings, furieux de subir encore ces tremblements insupportables, furieux de se laisser empoisonner, furieux contre Selma, Kirill, lui-même. Et s'assit, les doigts bien serrés autour de sa baguette, refusant l'idée de s'en séparer sous quelque prétexte. Tout ça n'était déjà qu'un bourbier duquel il était impossible de sortir sans s'étouffer avant, il était hors de question qu'il laisse de côté sa seule défense. Il y avait une part de défi dans cette tentation de refus buté, comme si Avery essayait encore de se persuader qu'il gardait un certain contrôle sur la situation (ce qui n'était clairement pas le cas). Selma ricana ; « Regardez-moi ça, quel bel incapable. Tu arrives à avoir peur de ta propre sœur, pas étonnant que tu sois si faible face aux autres. Ta baguette ne te sauveras pas. » Avery siffla entre ses dents, ferma un instant les yeux et jeta sa baguette sur la table désignée par son collègue. « Aprrrrès vous » « Qu'on en finisse » gronda-t-il pour lui-même en prenant place sur le fauteuil, où il se sentit comme un prisonnier aux portes d'Azkaban ; ne manquaient plus que les chaînes enserrant ses poignets aux accoudoirs. « Peut-être était-ce une bonne idée, cette petite visite à ton ami Mangemort. En voilà un qui s'apprête à ouvrir les portes de l'enfer avec ton autorisation, il est malin. Peut-être va-t-on commencer à s'amuser pour de bon. » les railleries furent ponctuées de rire franchement amusés. « J'espère que vous savez réellement ce que vous faites. Si d'une quelconque manière je garde des séquelles de l'expérience, vous le payerez cher. » Le ton assurait de sa sincérité, mais aussi de sa reddition. Avery se livrait sans plus tarder à la manie de Kirill Moltchaline.

Cette potion là ne lui inspirait pas confiance. Pire encore, les possibilités qu'elle ouvrait à eux le glaçaient de l'intérieur. Il tendit toutefois la main et s’empara de la fiole que Moltchaline lui tendait, impassible. Après un dernier flottement hésitant, Avery porta la minuscule fiole à sa bouche et en vida le contenu, certain d'être en train de signer son arrêt de mort -ou quelque chose qui s'en rapprochait. Rien ne se passa, dans un premier temps. Avery leva les yeux, accusant presque le Médicomage de s'être payé sa tête. Il ouvrit la bouche pour parler, mais s'en trouva incapable. L'air s'était comme figé dans ses voies aériennes, les muscles toniques bloquaient tout mouvement volontaire. Au même moment, Selma inspira profondément dans ses pensées, comme aspirée par quelque force invisible qui la crocheta de l'intérieur et la ramena aux portes de la liberté. Avery se trouva acculé en arrière plan. Les places s'échangèrent alors même qu'il regrettait son geste, tentant de retenir les effets de la potion, en vain. La puissance de la magie noire le cloua à son siège. Ses membres se détendirent, en total paradoxe avec les battements de son cœur, animal furieux lancé à pleine course contre la cage thoracique. Plus rien en lui ne répondait à aucun ordre ; les spasmes avaient certes cessé mais il n'était pas certain de préférer ce manque de contrôle tétanique à quelques tremblements. Mais la plus transportée par l'expérience fut Selma, qui laissa -par sa bouche, quelle sensation désagréable- échapper une exclamation choquée. La confusion qui régnait sous leur crâne approchait du néant tant ni l'un ni l'autre ne s'était préparé à un tel changement. Elle découvrait, après quarante ans de coulisses, l'euphorie d'avoir -presque- les commandes d'un corps à elle. Pas un orteil ne bougea à son ordre, elle pouvait seulement parler. Ce qui, en soit, constituait déjà un exploit sans limite. Elle éprouva pour Moltchaline une gratitude malvenue, qu'elle s'empressa de dézinguer en tentant de l'insulter. N'en sortirent que des bribes de mots inachevés, le temps qu'elle comprenne comment tout ça fonctionnait dans la réalité. Et Owen observait, ressentait, de loin, ce qui se passait, avec la crainte viscérale de rester bloqué dans cette état pour l'éternité.

« Vous... » Inspiration. Expiration. Elle prit son temps. Recommença. « Vous n'avez aucune emprise sur moi, impotent. » Un sourire étira ses lèvres, elle rit, d'un rire singulier -définitivement pas le sien. Extatique, quand son frère sentait son sang se glacer et son dos se couvrir d'une fine pellicule de sueur froide. « Peut-être pensez-vous m'impressionner avec vos petites tisanes russes, vous vous trompez. Tout ça n'est qu’une esbroufe bien ficelée, une distraction comme une autre, pour vous, n'est-ce pas ? Vous n'avez aucune idée de la manière dont vous allez me sortir de là. La vérité, cafard, c'est que vous n'êtes rien face à moi. Vous ne pourrez pas me tuer puisque je ne suis rien de plus que quelques gênes disséminés dans le code génétique de mon frère. Owen n'est pas possédé, je vis en lui, aussi vrai qu'il ne pourrait pas vivre si vous tentiez quoi que ce soit. » La moquerie et la mesquinerie dans sa voix grinçaient désagréablement, se démarquaient de l'intonation traînante ou autoritaire qu'il avait lorsqu'il prenait la parole. Selma se satisfaisait d'avoir la parole, pour la première fois de sa vie, et comptait en profiter le plus possible pour déverser sa bile sur cet agaçant sorcier, pâle et statique. « Tout n'est qu'affaire de compromis, vous auriez mieux fait de le convaincre de me laisser un peu plus de place... Voilà qui aurait été productif. Plus utile. » Elle étira le sourire. « Laissez-moi marcher, bouger mes bras, Mangemort. Je suis sûre qu'à nous deux, nous pourrons tenter de nouvelles expériences très enrichissantes pour l'un comme pour l'autre. » Elle voulait se pencher en avant. Elle voulait mouvoir ses bras, ses jambes, calomnier ceux qui avaient bafoué l'honneur de sa famille. Elle voulait plus de liberté. « Je ne tenterai rien à votre encontre, je n'oublierai pas à qui je dois cette sensation délicieuse d'être enfin quelqu'un. Je vous pardonnerai d'avoir été aussi ambitieux, vous qui ne saviez pas où vous alliez en proposant un tel jeu à ce pauvre Owen. L'imbécile s'est encore laissé berné. Il ne faut pas lui en vouloir, il a toujours été comme ça. » Et le rire éclata dans l'air.

Les yeux sombres avaient disparu, laissant la place à deux iris céruléens et lumineux, qui témoignaient de la présence d'un nouvel hôte derrière ce regard incisif posé sur l'interlocuteur, attendant patiemment qu'il accepte.
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La voilà. Elle est là, tout aussi mauvaise, malfaisante et vicieuse qu'il l'a imaginée. Kirill a déjà vu des cas comme celui d'Avery. Un cas pour être précis. Il en garde d'ailleurs une vilaine cicatrice sous le poumon gauche, souvenir d'une perforation qui aurait pu lui coûter la vie.
Mais même l'adversaire qu'il a affronté des années auparavant aux côtés de son premier mentor n'égalait pas Selma. Elle a eu des décennies pour parfaire ses techniques de manipulation. Les mots sont sa meilleure arme et elle les manie comme un virtuose manie son violon. Kirill n'est pas surpris de sa véhémence doucereuse, il s'y attendait, pour ainsi dire. La vérité est qu'elle n'avait aucun pouvoir qu'il ne veuille bien lui octroyer, qu'elle ne peut rien faire, sans son autorisation expresse à lui, l'impotent, le cafard russe.

Elle a cependant raison sur un point, un tout petit point qui ne manque visiblement pas de la ravir et de l'emplir d'un sentiment implacable de supériorité: elle n'est qu'une infime partie de son frère, qu'un grain de sable dans un désert. La trouver, la saisir et l'extraire releverait du chemin de croix. Kirill peut voir dans les yeux de Selma que l'ennemi est ici à sa hauteur. Que tout génie qu'il est, il a en face de lui du répondant. Mais comme la plupart des génies, Kirill n'est que rarement en proie au doute. Il se juge supérieur, n'éprouve pas la moindre incertitude quant à sa capacité à dominer le duel et à l'emporter. Folie ou intelligence extrême: chacun peut en décider.

-Je vois que la liberrrrté vous donne des ailes...dit-il poliment, être surrr le devant de la scène aprrès tant d'années doit vous sembler on ne peut plus jouissif...mais vous me parrdonerrez de ne pas vous trrrouver à moitié aussi intérrressante pour mes expérrriences que vous pensez l'êtrrre. J'ai déjà eu l'occasion de me pencher surrr le sujet qui nous occupe et vous n'êtes pas un sujet de choix dans l'état où vous êtes...j'ai une prrréférrrence pourrr les analyses post morrtem.

Le médecin se lève et sans broncher, allume une nouvelle cigarette avant de cracher une volute de fumée vers Selma. Son odorat aussi délicat que celui d'un nouveau né ne va surement pas apprécier.

-Quant à votrrrre frrrère il n'a cerrrtes pas inventé l'eau chaude et peut êtrrre même est il un naïf de la prrremièrre catégorrrie mais comment lui en vouloirrr? il vit sous votrrre emprrise depuis si longtemps. Il est compliqué pourrr une plante de se développer lorsqu'une autrrre plus vivace lui prrrend l'eau et le soleil dont elle a besoin. pour une morte née je vous trrrrouve trrrès déterrrminée à vivrrrre. J'admirrre cela...

Un sourire et il se laisse aller dans son fauteuil, ses yeux plus pâles encore que ceux de Selma, sa voix plus douce, plus froide.

-...et pourrtant vous mettrre en liberrrté m'inspirrre autant d'enthousiasme que la perrrspective de me jeter dans la Volga. De vous et votrrre frrrère vous êtes la seule mentalement déficiente. J'ai comme l'imprrression que la perrrspective de tuer ou de mettrrre au supplice vos semblables vous rrremplirrait de joie et je ne peux pas le perrrmettrre...non pas que le sorrrt de mes camarrades me concerrrne parrrticulièrrrement mais je n'apprrrécie pas de laisser vagabonder un modèle déficient d'être humain....quand un êtrrre ne vient pas au monde...il y a souvent une rrraison.


Le sourire s'étend, incontestable défi, et il la nargue de plus belle.

-Vous me haïssez n'est ce pas? pirrre: vous me méprrrisez. Vous voulez m'arrracher la tête...à ce stade c'est un sentiment prrresque animal...moi je ne ressens rrrrien à votrrrre égarrrrd...vous n'êtes qu'un virrrus et c'est votrrrre frrrère qui me sollicite pas vous. Je ne vous prrrend pas en compte carrr vous et moi savons parrrfaitement que vous n'êtes qu'une entité emplie de malfaisance. Vous vous prrélassez dans votre crrruauté pathologique comme une trrruie dans sa fange...je pourrrai vous séquestrrrer et vous découper jusqu'à trrrouver prrécisément où vous vous cacher et vous amputer comme on brrrûle une verrue...mais je suis bon joueur.

Il se lève et approche son visage, assez pour que Selma puisse le voir en détail, pas assez pour qu'elle puisse le mordre ou tenter quoi que ce soit.

-Je vais vous donner une chance de prrrouver votrre supérrriorrité. Parrrce que l'égo est peut êtrrre le défaut qui nous rrrapprrroche et que je ne rrésisterrai pas à l'envie de vous montrrrer à quel point votrrre carrractèrrre est limité. Je vais vous libérrrrer. Sans baguette. Sans arrrme. Je vais vous laisser vous déplacer, rrrentrrrer chez vous même et constater parrr vous même à quel point vous manquez de science dans l'arrrt de la vie. Au bout d'une semaine je vous assurrre que vous me supplierez de vous rrrenvoyer d'où vous venez.

Et d'un geste de sa propre baguette, il la détache. Kirill a au préalable saisit la baguette d'Avery et la faisait tourner entre ses doigts fins, prêt à la briser au moindre problème. Champion d'escrime, meilleur entre tous, il embrocherait son patient -ou sa patiente- à la moindre attaque. Il s'en sait capable. Il ne broncherait même pas.
Il espère toutefois que Selma ne sera pas aussi stupide et gobera tout rond l'appat qu'il vient de lui tendre. Il lui offre sur un plateau d'argent ce qu'elle voulait le plus au monde et tisse sa toile. Ou plutôt, il épie depuis les profondeurs comme une murène. Silencieuse, rapide dans l'attaque.

Selma a après tout raison: la situation est un cul de sac dans l'état actuel des choses. Elle n'est qu'un goutte dans l'océan de pensées, de gênes et de magie que représente Avery. Comme une tumeur minuscule mais puissante, elle se cache. Il n'y a donc qu'une solution pour la rendre vulnérable... la laisser grossir. La laisser se répandre telle de l'encre sur un buvard jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus se cacher, plus se dissimuler. Alors il l'éradiquera.
Il s'écarte doucement et laisse Selma faire ses premiers pas dans le monde des vivants.

L'espace d'une toute petite seconde, Kirill se prend à penser que c'était peut-être le pari qu'il aura le plus à regretter...
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HUNTED • running man
Owen Avery
Owen Avery
‹ inscription : 21/07/2015
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‹ âge : 43
‹ occupation : dans l'ombre du Magister.
‹ maison : serpentard
‹ scolarité : 1971 et 1978
‹ baguette : est en bois d'acacia rigide, possède un cœur en ventricule de dragon et mesure vingt-neuf centimètres.
‹ gallions (ʛ) : 5522
‹ réputation : la magie noire a rongé mon âme, dilué toute conscience, accru ma folie.
‹ particularité : fou.
‹ faits : ma soeur jumelle vit dans mon esprit dérangé, secret dont seuls quelques chanceux ont connaissance, que je suis aussi dérangé que peut l'être un sbire de Voldemort, que je n'hésite jamais à user de violences quand bien même elles ne seraient pas nécessaires, car la souffrance et les hurlements me font vibrer comme aucune autre drogue au monde. Mais qu'elles me sont infligées souvent par la main du Magister elle-même, car dieu sait combien de fois je l'ai déçu au cours de mes années de bons et loyaux (haha) services.
‹ résidence : Herpo Creek, dans la maison de mes parents, vide et délabrée; ruines.
‹ patronus : irréalisable, autrefois une hyène bien qu'elle ne soit apparue qu'une seule et unique fois sous forme reconnaissable.
‹ épouvantard : le baiser du détraqueur.
‹ risèd : la fin de cette insurrection qui amène autant de satisfaction que de souffrance.
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Il n’est qu’un esprit lézardé
pour avoir des ouvertures sur l’au-delà.

« Quant à votrrrre frrrère il n'a cerrrtes pas inventé l'eau chaude et peut êtrrre même est il un naïf de la prrremièrre catégorrrie mais comment lui en vouloirrr? il vit sous votrrre emprrise depuis si longtemps. » Un rire sardonique s'échappa des lèvres d'Avery. Selma trouvait ce petit jeu vraiment amusant, et se souciait bien peu de la rage écumante de son jumeau. Un naïf de première catégorie, par Salazar, ce maudit russe allait bouffer la poussière dès qu'il retrouverait ses quatre membres. Dans quel foutu merdier avait-il mis les pieds, en toute conscience. Dire que personne ne l'y avait forcé – pas même Selma, c'était à en crever de rire, vraiment. Il ne parvenait pas à savoir si l'explosion des sens provenait de Selma ou de lui, il ne parvenait même plus à déterminer les limites entre le réel et le fantasme. Selma avait tant rêvé de tout ça que l'exaltation du moment le rendait fébrile, contaminé par les émotions crues de sa jumelle. « pour une morte née je vous trrrrouve trrrès déterrrminée à vivrrrre. J'admirrre cela... » « Je ne suis pas morte, simplement pas vraiment née, nuance. » Et de la détermination, elle en avait à revendre, aucun doute là dessus. « ...et pourrtant vous mettrre en liberrrté m'inspirrre autant d'enthousiasme que la perrrspective de me jeter dans la Volga. De vous et votrrre frrrère vous êtes la seule mentalement déficiente. » « Sans doute est-ce en cela que je lui suis supérieure. » « J'ai comme l'imprrression que la perrrspective de tuer ou de mettrrre au supplice vos semblables vous rrremplirrait de joie et je ne peux pas le perrrmettrre... » Le sourire carnassier de Selma s'évanouit à l'entente des paroles. Owen était fatigué, fatigué de tout ça. Il avait cru en finir mais tout ne faisait que commencer. La perspective de la laisser tuer, disait Kirill, ne l’enchantait guère. Selma secoua la tête, incrédule. « Comment croyez-vous que mon frère passe son temps, il compte les pâquerettes qui fleurissent le long des routes ? » « Vous vous prrélassez dans votre crrruauté pathologique comme une trrruie dans sa fange... » « Venant d'un insecte russe dans votre genre, ça ne m'impressionne que peu, Moltchaline, oui, je vous méprise, vous et votre prétendu savoir. » Parler en même temps que son interlocuteur était loin de la gêner. S'exprimer à voix haute était si grisant, si nouveau, et lui procurait un tel sentiment de puissance qu'elle était prête à noyer le cafard russe sous une logorrhée de parole ininterrompue au risque de louper la moitié de ce qu'il disait. Moltchaline l'assassinait à grands coups de mots cruels et terrifiants de vérité. Elle ne voulait pas entendre la raison de sa survie dans l'esprit de son frère, la raison de sa mort dans le monde réel. Elle ne voulait pas savoir tout ça, elle voulait juste vivre. Et tout l'amour qu'elle portait à son frère (existait-il ?) était évincé par le désir fulgurant de s'emparer de ce qu'il avait, à son détriment. Gourmande, jalouse, envieuse. Telle était Selma, et les limites n'avaient aucune réalité à ses yeux, pour elle qui n'était même qu'une sombre idée dans l'esprit d'un fou. « Essayez-donc de me brûler, si vous avez le moindre espoir de sauver mon frère – ou quelles que soient vos motivations réelles dans l'affaire, allez-y, et priez pour qu'il ne meure pas avec moi. »[/color] Le dos se raidit lorsqu'elle essaya de se pencher en avant – en vain. Une céphalée martelait ses tempes et Avery devait faire des efforts inconsidérés pour rester calme. La crainte de voir cette situation perdurer le paralysait de peur. Il n'avait aucune marge d'action dans la conversation, et pour la première fois de sa vie, il comprit réellement le calvaire que vivait sa jumelle au quotidien. Il n'avait, littéralement, pas son mot à dire. Il était incapable, en parallèle, d'éprouver la moindre compassion. De la compassion, il lui en avait donné pendant quarante ans. De quelle manière était-il récompensé.

« Mais je suis bon joueur. » Selma se tut, les orbes glacées posées sur le russe avec attention. Leur cœur battait la chamade et tapait contre la cage thoracique qui le retenait d'exploser. Moltchaline posait ses conditions, ouvrait des portes jusqu'ici fermées à Selma. Les relents de Magie Noire qui circulaient dans la pièce glaçait l'atmosphère, et l'eau se condensait sur les surfaces lisses. Avery sentait sa peau se refroidir sensiblement, à mesure que son sang circulait plus vite dans ses veines. La respiration courte, Selma attendait. Elle attendait qu'il lui offre cette libération promise. Et lui était à peu près certain de voir venir sa fin. « Faites-le, Moltchaline. Vous mourrez d'envie de voir si vous avez vu juste. » Ce chien galeux t’utilise comme un foutu pantin Owen, encore un qui réussit à te manipuler à sa guise, à faire de toi sa chose, une vulgaire catin... Tu n'apprends rien avec le temps... L'acide se répandit en lui. Selma perdait la tête, et il n'était plus que spectateur de cette expansion vertigineuse. Elle se propageait dans ses membres, s'essayait à bouger leurs muscles. « Tu ne sais pas ce que tu fais. Il se joue de toi, Selma. » Je vais le faire payer, pour nous deux, Owen. Il nous a offert la liberté, un pouvoir qu'il n'ose même pas imaginer en pensant pouvoir nous arrêter. Aies confiance.

Et soudain, elle fut libre. Des liens invisibles disparurent et elle put enfin bouger, pleinement maîtresse de ses mouvements. Elle bougea d'abord les doigts, puis les mains, étira leurs bras avec la délectation d'un enfant sortant du sommeil. Elle prit son temps, calcula calmement la distance qui la séparait du cafard russe. Avery discernait clairement la scission entre leurs deux mondes, désormais. L'expectative doucereuse dans laquelle se trouvait sa jumelle, face à l'appréhension furibonde qui l'animait, dans les profondeurs. Il savait d'avance qu'elle ne comptait pas rentrer chez eux sans un regard en arrière, après un simple merci. Selma n'avait aucune retenue, aucun sens pratique et ses ambitions se faisaient dévorer tout rond par sa soif de vengeance maladive. Moltchaline allait payer pour une vie entière de secret et de silence. Avery savait. Il se mit à chercher une issue, n'importe laquelle, pour inverser le processus. C'était tout ce qu'il souhaitait, à présent : revenir en arrière, hurler à ce crétin de russe que tout ça n'était que diablerie inutile, qu'il s'amusait à son détriment, oublieux des véritables conséquences qui leur pendait au nez à tous. Jamais il n'aurait du céder à la pression imposée par Selma. Jamais il n'aurait du s'en remettre à cet inconnu aux manières peu conventionnelles. Et jamais, par Salazar, il aurait du le laisser prendre ce genre d'initiative sans poser ses conditions au préalable. Personne n'avait plus le contrôle de rien. Selma n'écoutait rien de cette raison qui guidait l'esprit du frère. Au diable la vie qu'on lui tendait du bout des doigts, certes appétissante, mais cela ne valait rien aux yeux de la furie : elle se jeta sur lui.

Les ongles s'enfoncèrent dans la gorge du grand Mangemort blond alors qu'elle se mettait à rire à mi-voix. Un rire jubilatoire, malfaisant. Ils basculèrent tous deux au sol, renversant un fragile petit meuble d'où dégringolèrent des fioles a demi vides. Combien de fois avait-elle senti cela, à travers Owen. Les muscles qui s'écrasent sous vos doigts, le souffle qui s'amenuise dans la trachée comprimée de la victime. Le sang qui pulse violemment dans la trachée, à la recherche de sa voie au travers des artères. La peau, qui souffre, qui bleuit, qui meurt un peu, asphyxiée. Oh oui, elle en avait l'expérience Selma. Mais jamais la sienne propre. Et Merlin qu'elle aimait ça.

Un violent coup les cueillit en plein dans l'abdomen. Moltchaline n'était pas une jeune recrue mal entraînée, mal préparée. Il avait parfaitement anticipé cette réaction, Avery en était certain, et il ne l'en haïssait que plus. La folie des grandeurs était bien une expression pour cet homme là, au même titre que pour sa sœur. Neutralisé en moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire, Selma cracha ses poumons, le torse douloureux. Un mal diffus se propageait depuis l'estomac et des étoiles explosaient derrière ses paupières. « Arrêtes cette folie Selma, si tu espères vivre ! » Peu t'importe que je vive Owen ! Ne me mens pas. Tu fais machine arrière, comme a l'accoutumée.

Assez, c'était assez.

Au prix d'un effort exceptionnel, Avery s'immiscea aux côtés de sa sœur au contrôle de son corps. Son corps, pas celui de Selma. Cette idiotie allait prendre fin, maintenant. Un courroux orageux joint à son désir de cesser ce cirque lui redonna brièvement l'ascendant – « Ça suffit, laissez-la repartir ! J'en ai vu suffisamment. » rugit-il, bataillant avec l'autre entité qui refusait de céder une once de terrain. Et il se rendit compte à quel point il était facile en temps normal de parler, quand chaque mot, à cet instant, demandait une lutte plus qu'acharnée.
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Kirill la sent le percuter, il sent sa tête heurter le sol à la seconde où Selma se trouve libre, et la seconde qui suit, il a les yeux fixés sur le regard fou de cette soeur dont la vie avait été stoppée net par le destin, pour une raison visiblement judicieuse.
Il sent qu'elle serre de toutes ses forces et use au mieux de la musculature d'Avery pour tenter de lui broyer la trachée. Kirill sert les dents et bloque sa respiration, pour éviter de lutter, pour éviter de perdre inutilement l'énergie dont il va avoir un grand besoin dans les secondes qui suivent s'il veut reprendre l'avantage.
Il avait prévu cette réaction, mais prévoir et ressentir sont deux choses différentes, aussi apprécie-t-il assez peu de se faire malmener sans arrêt depuis le début de son entretien.
Pourtant il faut bien ça.
Il faut bien le supporter, pour vérifier ses théories, pour voir si oui ou non, il a eu raison.

Jusque là, malgré la douleur qui lui brûle la gorge, sa lèvre éclatée et les lumières devant ses yeux, il est dans un état d'excitation impalpable mais bien réel. Il le savait. Il le savait. La jemellité magique pouvait entraîner le développement d'une entité astrale indépendante.
Les âmes survivaient lorsqu'on les retenait.
Elles n'étaient pas de simples fantômes, de simples résidus de ce qui aurait pu être ou avait été. Elles existaient, existaient dans une entièreté incroyable. Les spectres, les tableaux magiques...rien n'était comparable à ce qu'était Selma. Comment pourrait on jamais égaler ce qu'elle était? une morte encore vivante?
Kirill aurait voulu qu'elle ne soit pas folle. Il aurait voulu pouvoir l'étudier dès sa jeunesse, comprendre, trouver un moyen de lui donner une enveloppe charnelle afin qu'enfin, il puisse montrer qu'il était possible de retenir des âmes. D'abord celles qui naviguaient dans un entre deux, puis ensuite, sans le moindre doute, les autres.
L'immortalité au bout des doigts.

Mais alors que des doigts tout aussi humains que les siens lui serrent la gorge, Kirill a déjà abandonné ce plan depuis longtemps. Il a compris que Selma est à Avery ce qu'une sangsue est à l'homme : un parasite suceur de sang et d'énergie, une immonde masse sombre greffée à son corps avec dans le cas de Selma, la folie en plus. Alors il lui faut décoller cette sangsue, vite et bien, la brûler à la racine pour qu'elle retombe dans la fange à laquelle elle appartient et y reste pour de bon. Il y aura d'autres occasions pour la science. D'autres occasions de chercher. Selma est perdue. Peut-être peut-il au moins sauver le frère.

Alors il le cogne en plein dans l'estomac, à cet endroit précis qui vous donne envie de vomir tripes et boyaux. Il le frappe avec la partie dure de ses phalanges et sent immédiatement son adversaire lâcher prise.Puis il le repousse, et se redresse. Ses cheveux lui tombent devant les yeux et il a cet éclat dans le regard qui dit exactement ce qu'il fera subir à Selma, et à Avery -ô douce perspective que celle de punir ce mangemort arrogant sous couvert d'auto-défense- si elle se risque à bouger un doigt vers lui de nouveau.

Il a cette drôle d'expression sur le visage, entre celle du fauve enfin éveillé et celle du serpent prêt à mordre, lorsqu'Avery -les yeux toujours céruléens - tente de le raisonner.

« Ça suffit, laissez-la repartir ! J'en ai vu suffisamment. »

Vu suffisamment? Mais qu'espère-t-il donc ce macaque? qu'esperait-il en venant frapper à sa porte ce matin là? qu'il suffirait d'une discussion de famille pour que les choses rentrent dans l'ordre et qu'après une poignée de chaleureuses effusions, Selma accepterait de "repartir"? Il est stupide. Stupide, aveugle, naïf et la combinaison de ces trois adjectifs pousse Kirill à se départir de son légendaire flegme, avant de croasser d'une voix rendue rauque par la strangulation:

-Etes vous donc ignorrrant à ce point? Ne voyiez vous donc pas que cette situation prrrécise est celle qui vous attends si les choses rrestent dans l'état où elles sont? la fairrre rrreparrrtirr...mais elle rrreviendrrra mon bon ami, je n'ai fait que vous donner un avant goût de ce qui vous attends.

Lame lancée vers l'esprit d'Avery par méchanceté, par dédain suintant. Kirill ne supporte pas qu'on débite des âneries et il se prend même à regretter d'avoir laissé ce guignol entrer dans l'enceinte sacrée de son bureau. L'ignorance de ce mangemort est une vexation pour l'esprit et il se sent perdre patience. Selma continue de le fixer, il le voit bien dans ces pupilles, dans ces iris d'une couleur proprement irréelle, trop saturée d'un bleu douloureux. Il voit qu'elle se gausse de la situation, de la détresse de son frère et de sa supériorité, persuadée qu'elle est de mener le jeu.

Là où le bat blesse, c'est que Kirill possède un défaut, un défaut assez monumental pour être étudié durant 500 pages dans n'importe quel manuel de psychiatrie : un insupportable complexe de supériorité. Une tare entraînant une conséquence logique, qui est celle de ne pas supporter la défaite.

Alors pendant que Selma le regarde, faisant craquer ses doigts en crispant et décrispant les mains, il la guette, la regarde, prêt à bondir. Sa peau pâle est déjà en train de marquer, il sent les dégats commis par la prise de la créature sur sa gorge, et sait qu'il faudra un moment pour que sa voix retrouve sa pleine puissance. Peu importe. Il n'a pas besoin de formuler le moindre sort pour lui donner un aperçu de l'enfer et la faire souffrir jusqu'à lui faire souhaiter d'être vraiment née et d'être morte de chair et de sang.

Selma cligne des yeux. Il bondit vers l'armoire à pharmacie et attrape une seringue au moment ou des bras puissants se referment autour de sa taille. Il s'écroule sur le chariot près de lui, cogne dans la première chose qu'il peut atteindre, c'est à dire le nez son patient -et adversaire- avant de se redresser et d'attirer à lui une fiole de son apothicairerie d'un informulé. Que Raspoutine bénisse le sorcier ayant définit la théorie des sorts imprononcés, elle va probablement lui sauver la vie. Car alors qu'Avery se relève et que les yeux de Selma hurlent au carnage, Kirill brandit la seringue, dont l'aiguille plus massive que la moyenne montre bien où elle est sensée s'enfoncer.

Le coup pataud de Selma part, manque sa cible. Elle n'a pas la maîtrise de son corps, d'autant que son jumeau la sangle mentalement, tant bien que mal. Kirill pivote sur lui même, escrimeur qu'il et passe dans dos d'Avery.
Un rapide calcul.
.
Puis la seringue s'abat sur le bas du crâne du mangemort, à la jonction entre sa nuque et son crâne. Le liquide couleur de pétrole, aux iridescenses étranges, contenu dans la seringue, se déverse et le hurlement de Selma est presque impossible à supporter tant la voix qui sort de la gorge d'Avery mêle féminin et masculin au point de sembler être un cri de banshee.
Kirill appuie de toutes ses forces, puis retire la seringue, laissant une blessure dont le sang coule bientôt.

Il recule, hors d'haleine et regarde Avery vaciller, trembler, puis tomber à genoux, des tremblements irréguliers agitant ses épaules. Kirill ferme les yeux, avale le sang qu'il a dans la bouche et dont le goût le révulse, supportant avec difficulté la douleur que sa gorge lui fait ressentir. Inspirer est dur, déglutir plus encore et lorsqu'il parle, c'est un filet de voix qui sort de sa bouche, un filet froid mais cassé et rauque:

-Cela doit vous fairrre un mal de chien et sachez que j'en suis sincèrrrement navrrré. Vous subissez les contrrrecoups d'un inhibiteur cérébral magique. Une potion orrrrdinairrrement utilisée pourrr les lobotomies chimiques...

Il pause, se force à déglutir de nouveau reprend, alors que devant lui, le dos d'Avery continue de frissonner, l'homme restant paralysé tel un pantin:

-Aurrriez vous été dans votrrre état norrrmal..votrrre conscience aurrrrait été anéantie...mais Selma étant l'êtrrre aux commandes de votrrre corrrps au moment de l'injection...elle en a été la victime...pas vous.

Du moins, selon ses prévisions.
Qu'on le traite de fou si on le désire, mais jamais ses prévisions n'avaient été dans le faux, et son plan avait fonctionné, le fait qu'Avery soit encore conscient après une injection directement dans la base du coup, si près du liquide céphalo-rachidien, le prouvait. Kirill avait réussi. Il avait mené à bien les étapes enseignées il y a si longtemps par son mentor de Koldo, le professeur au regard sévère dont il tenait ses premières cicatrices et réalisations : La pousser à se montrer. La laisser grossir. L'attraper. La détruire. Le médecin ferme les yeux et conclut:

-Votrrrre soeurrr n'aurrra plus jamais la forrrce nécéssairrre pour tenter de reprrroduirre ce qui vient de se passer. Elle demeurrerrra dans le coin de votre esprrrit...là où est sa place. Vous ne pouvez vivrrrre sans elle...mais au moins vivrrra-t-elle jamais à votrrre place.


Il a trop parlé, il le sent. Mais il se force une dernière fois:

-Vous allez ressentir des nausées...des convulsions occasionnelles et des migrrraines...un...désorrrdrre de la coorrrdination...les symptomes s'effacerront prrogressivement dans les semaines qui viennet. Si vous avez entendu mes mots, agitez la tête.


Kirill se déplace et pose le genoux à terre, se mettant face et au niveau d'Avery -cette dernière chose étant bien évidemment à prendre au sens littéral et non figuré, pour l'amour du ciel. Les yeux de l'homme ont retrouvé leur teinte terreuse et il semble perdu, abasourdi. Kirill soupire. Pourquoi les pires cas lui tombent-ils toujours dessus.

Parce qu'il est le meilleur

Une bouffée d'arrogance vient arracher au médecin un rictus d'orgueil. Ce genre de situation vaut toutes les conséquences du monde. La folie qui est la sienne, le génie qui est le sien, vaut l'adrénaline et le sang, la sueur et le tissus déchiré ainsi que l'ignoble fatras gisant sur le sol. Un petit pas pour l'homme, un pas de distance raisonnable pour la science et une belle gamelle pour Owen Avery. Kirill éprouve une vive satisfaction à voir les plus grands heurter le plancher des vaches et a un plaisir presque sadique à opérer et soigner les puissants pour leur rappeler leur mortalité.
Peut être est-ce pour ça que malgré tout ce qui vient de se passer et les insultes venimeuses de Selma, ainsi que la rage à venir de son collègue, la situation l'amuse beaucoup.

Jouer à Dieu ne perdra définitivement jamais rien de son charme...

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