Booboo,

Cela fait déjà plusieurs années que l'on ne s'est pas vus. À dire vrai, j'ai hésité à t'envoyer cette missive, vu les circonstances actuelles. Mais je n'avais pas le choix cette fois. Tu es le seul vers lequel je peux me tourner et le seul à comprendre ce qu'il en est.

J'espère qu'elle va bien, j'ai suivi un peu son ascension au ministère. Elle te ressemble beaucoup. Notre époque insouciante où l'on avait que peu de soucis et d'inquiétudes me manque par moment. Lorsque ces nuits, entre deux bouchées d'éclairs nous complotions contre le monde entier, contre eux juste parce que c'était la seule chose qui comptait.
Nous étions tellement stupides. Mais ceux sont ces moments auxquels je me rattache, ces moments si purs qui me permettent de rester encore consciente qu'il y a du bon en ce monde.

Pardonne ma nostalgie, mal placée qui plus est, tu me connais, j'aime me souvenir des jolies choses, ceux sont toujours les plus simples.

J'espère avoir de tes nouvelles, bientôt.

Gin',

Je suis on ne peut plus heureux de te savoir saine et sauve, et d'avoir de tes nouvelles. J'aimerais pouvoir t'en demander plus, mais la prudence m'oblige à simplement te dire que ces souvenirs me sont tout aussi précieux qu'à toi. J'espère que tu te portes bien, ainsi que ta fille. J'ai été horrifié d'apprendre ce qui t'es arrivé. Je croise les doigts pour avoir l'occasion de te recroiser un jour, d'ici peu. Certaines choses ont changé dans ma vie, si seulement tu acceptais de me rencontrer afin que je puisse t'en dire plus. Avoir de tes nouvelles me réchauffe le cœur, je t'embrasse. Prends soin de toi, fais attention : les temps sont durs pour nous tous.

PS: je crois qu'elle va bien. Le temps où j'espérais simplement lui demander sa main est loin maintenant, j'aimerais qu'il en soit autrement.

Boo,

Je ne m'attendais pas à une réponse aussi tôt. J'ai du prendre des mesures drastiques pour m'en sortir, tu t'en doutes. Tu sais aussi bien que moi à quel point la survie prime sur le reste par les temps qui courent. Je n'ose imaginer la tienne de position. Encore plus délicate sans doute.

Justement, je t'écris pour que l'on se voit. Où tu le souhaites, tant que cela n'est pas en public, cela risque d'être assez compliqué pour nous deux et notre situation. Je ne veux pas te mettre en danger, je le refuse catégoriquement. Ma fille va très bien, je suis contente – et cela me rassure quelque part, qu'elle ne soit pas en âge de comprendre dans le monde qui est celui qui nous entoure. Je lui envie parfois cette insouciance propre à sa petitesse naturelle.

Tiens-moi le plus vite au courant, que cela soit plus facile pour nous deux de se voir. Je suis déjà heureuse à l'idée de te serrer dans mes bras de nouveau. À comploter, comme au bon vieux temps autour d'un verre cette fois, étant donné que nous pouvons boire sans frauder.

ps ; les choses changent, les gens aussi. Il faut laisser le temps au temps. Tu verras, rien n'est figé dans l'instant présent.

Gin', pardon pour ce retard. Je ne t'avais pas oubliée. Les choses deviennent critiques pour moi, rencontrons-nous là où les Bièrraubeurres disparaissaient, la semaine prochaine, le jour précis où nous nous retrouvions dans la tour d'astronomie après les cours de Métamorphose. Il y a des choses qui ne se disent pas par écrit. Par prudence mieux vaut que tu ne me répondes pas, je t'attendrai jusqu'à minuit.