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sujet; BANG BANG, she shots me down — feat Rodolphus Lestrange

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❝He didn't even say goodbye
He didn't take the time to lie❞ Nancy Sinatra.
21h & Lestrange Residence

  Il était certainement parti pour vaquer à ses occupations extraconjugales. Quoiqu’il en soit, leur luxueux manoir n’avait pas changé depuis le départ de Bellatrix, en quête de son indigne sœur. Jusque là, elle restait bredouille et avait plus besoin de repos que d’autres choses. Quelques moldus avaient péris lors de son petit périple. A vrai dire, l’éclat diminué de leurs yeux éteints ne l’avaient émoustillée que sur le moment. Là, c’est à peine si elle aurait reconnu leurs visages défaits. Une détonation résonna dans le village d’Herpo Creek. La douce odeur familière qui signifiait un retour à la maison demeurait totalement étrangère à l’ainée des Black. Seule la proximité du Maitre lui aurait donné ce sentiment de confort et de soulagement. Elle reluqua la bâtisse de bas en haut, reconnaissant les toutes nouvelles armoiries des Lestrange apposées à la large grille. Le couple qu’elle formait avec Rodolphus ne constituait pas vraiment un mariage stable et cela se voyait aux herbes indomptées du jardin, comme le signe avant coureur que quelque chose clochait. Cette sauvage élégance les caractérisait sans doute à nouveau lorsqu’ils se contraignaient aux exercices mondains – ce qui entre nous était des événements assez rares. Traversant le majestueux portique comme on traverse de la fumée, Bellatrix s’avança de son pas dégingandé vers sa demeure. Un étrange silence régnait sur la verdure. Le soir était tombé depuis peu si bien que la rosée n’avait pas entamée sa conquête nocturne. Ce décor lui donna une impression d’éternel ennui. Elle sifflota sur le mauvais tempo une chanson de Celestina Moldubec qu’elle avait naguère captée. La longue main de la sorcière effleura un buisson épineux avec indifférence, elle qui pourtant y tendait le bras. Son corps avait depuis longtemps cessé de répondre à des ordres pragmatiques. Quant à son esprit, il s’était égaré quelque part dans de lointains souvenirs concernant Andromeda, cette femme ignoble qu’elle traquait depuis trop longtemps sans jamais se débarrasser du goût amer que lui laissait sa sœur au plus profond de son gosier râpeux. Le coffre à jouet d’ébène et d’argent que partageaient les deux sœurs, peu après la naissance de Cissy, s’agita dans sa tête à un rythme effréné, se bousculant lui même dans un désordre de pensées, habités par des images aussi brutales que des Cognards enfermés. Elle écarquilla les yeux, en bonne démente qu’elle était. Ce meuble ouvragé avait été légué jadis à l’Andromeda Black adolescente, une fois les caprices infantiles de Narcissa exaucés, et elle, l’ainée, en avait hérité à la mort de Cygnus et Druella. Tapis dans le grenier, la malle ouvragée était tombée dans l’oubli jusqu’à ce souvenir inopportun. Se hâtant de rentrer dans le manoir, Bellatrix Lestrange glapissait en remontant l’allée comme une fillette victorienne. Les échos qu’elle produisait malgré elle auraient fait froid dans le dos à n’importe quel animal traînant dans les parages.

Le robuste coffre reposait ouvert sur le sol du grand salon. Dans la cheminée, une légère fumée comblait l’antre sombre. Le foyer venait de s’éteindre violemment au regard des projections de cendres qui tachetaient de noirceur sol et mur.  L’œil grossi de Bellatrix Lestrange se refléta pathétiquement dans un coin de miroir. Il avait trôné depuis leur emménagement aux côtés des tableaux d’ancêtres plutôt sympathiques (à la place de ne jamais être dans leurs cadres, ils se contentaient de tourner le dos à leurs descendants avec cette arrogance caractéristique des grandes familles). Tandis qu’elle observait les subtilités de son iris, l’ainée de la noble et très ancienne famille Black aperçu les reflets d’une silhouette dans l’entrée. Sans même y réfléchir, elle balança le morceau de verre qu’elle tenait dans la main, et qui s’était suffisamment enfoncé dans sa chair pour lui rougir la paume, en visant le sommet de cette ombre. Le spectacle se présentant au miroir qui tournoyait dans les airs aurait fait faire demi-tour à bon nombre de représentants de la bonne société. Les bocaux étranges entretenus dans les vaisseliers avaient été projetés partout dans la longue pièce en répandant des liquides aussi visqueux qu’odorant sur les tapisseries. Les longues fenêtres gisaient maintenant en mille morceaux sur le sol, se mêlant aux centaines de pages de grimoires déchiquetés. C’était sans parler d’une prestigieuse table basse, aux pieds de serpents taillés, brisée en deux. Quelques traces de suies témoignaient de l’explosion qui résonnait encore entre ces murs de salon. Seules des jouets restés intactes jaillissaient encore du coffre d’enfant. Il toussotait ces reliques l’une après l’autre. Ce décor chaotique n’avait rien a envié à un village en guerre. Portant le bout de sa baguette à sa langue tirée, cette expression maudite qui réprimait un rire exalté, Bellatrix fixait à présent son « invité » avec provocation. On comprenait très bien ce qui était arrivé à son intérieur de privilégié : le coffre refusant de s’ouvrir, l’épouse Lestrange avait donc tout fait imploser en y prenant un plaisir manifeste, passant de sa haine des Tonks à ses reproches envers Rodolphus. Démente, la différence ne faisait aucune importance. Le souffle qu’avait dû subir le verre des fenêtres avait étouffé subitement le feu de cheminée. Bien évidemment, la malle n’avait pas résisté au maléfice destructeur et crachotait maintenant son contenu sans intérêt. Au moment où elle fit un pas vers son mari, Bella rejeta une mèche bouclée derrière son oreille en lui souriant. Suffisamment proche de lui, elle lui rit au visage en se tordant presque sur elle-même et se retenant d’une main ferme à son épaule. Coupée dans son élan par le lustre qui s’écrasa au sol dans un grand fracas, la sorcière profita un instant du silence, releva la tête et cracha une glaire tiède au visage de Rodolphus Lestrange. « Je n’ai pas trouvé de clé sous le paillasson. » Elle avait pris cette voix insupportable d’enfant retardée, accentuée par sa moue malsaine.
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    Rodolphus revenait d’un après midi passé avec Scorpius. Il avait été cherché l’héritier des Malfoy plus tôt dans la journée. L’enfant s’amusait dans le jardin et Rodolphus eu l’envie de l’emmener se promener. On n’avait pas idée de laisser un enfant s’ennuyer – même si Scorpius ne s’amusait en réalité, Lestrange ne voyait pas la situation de la même façon. Il avait embarqué le gamin sans même prévenir un Elfe de maison. A quoi bon ? Il était en sécurité avec son ‘tonton Rod’. Il la gave de sucreries, lui offrit le dernier modèle de balai disponible – l’enfant était trop jeune pour monter sur un balai, n’importe quel adulte saint d’esprit l’aurai tout de suite compris, mais pas Rodolphus. Il lui avait même acheté un chat que Scorpius avait regardé avec tendresse. Un peu de cadeaux ne faisaient pas de mal ! Il ne pensait pas que Draco serait complètement fou en les retrouvant. Il hurla sur Rodolphus parce qu’il était parti avec le petit sans rien dire, parce qu’il lui avait acheté un balai que, lui, allait devoir lui interdire d’utiliser et donc passer pour le méchant de l’histoire et ne parlons pas du chat. A tout cela, Lestrange répondit par un haussement d’épaule. Le gamin était content, n’était-ce pas le plus important ? Draco le traita d’irresponsable et lui rappela sèchement qu’il n’était pas son père. Cette réflexion lui fit plus de mal qui ne l’aurait pensé. Effectivement, il n’avait jamais eu d’enfant, probablement à cause de son incarcération qui lui avait volé une bonne partie de sa vie, ou peut-être parce qu’abordait le sujet avec Bellatrix relevait du suicide. En fait, il n’avait jamais ressenti le besoin d’être père, mais à présent il regrettait de ne pas avoir d’enfants, alors il projetait tout ce u’il aurait fait pour son fils à lui, sur Scorpius. Sauf qu’il ne savait pas vraiment s’y prendre, et même s’il pensait bien faire, il était souvent à côté de la plaque.

    Il était tout de même content de cette après midi et il voulait simplement rentré chez lui, prendre un bain et lire un bon livre près du feu de la cheminée. Il su que ses plans n’aboutiraient jamais dès qu’il eu passé l’entrée. Son regard ne passa même pas sur le chao qui régnait, il tomba aussitôt sur Bellatrix, du moins son dos, comme hypnotisé. Il cligna plusieurs fois des yeux afin de s’assurer qu’il ne rêvait pas, mais non, elle était bien là. A peine eu-t-il fait cette constatation qu’elle jeta un morceau de verre dans sa direction. Il l’esquiva sans mal. Après tant d’années auprès de Bellatrix, ont apprends à éviter les objets volants non identifiés.

    Elle vint jusqu’à lui et se mise à rire. Rodolphus garda un visage neutre, sans expression. Les rires de Bellatrix n’étaient pas à prendre à la légère. Il ne savait pas ce que son épouse faisait là, ni quelle idée elle avait en tête. Le majestueux lustre qui ornait le plafond céda et s’écrsa par terre, ce qui ne fit pas ciller Rodolphus. Ne jamais lâcher Bellatrix des yeux. C’était la base. Le bruit la fit cesser de rire de son côté, un léger silence plana avant qu’elle ne lui crache littéralement à la figure. « Je n’ai pas trouvé de clé sous le paillasson. » D’un revers de manche, il essuya la glaire de sa joue et lui répondit comme si rien ne venait de se passer : « Je pensais que tu ne reviendrais pas vu la manière dont tu es partie. » Il planta un regard perçant dans ses prunelles avant de la contourner afin d ‘avancer dans le chantier qu’elle avait provoqué. « La patience ne fais toujours pas partie de tes qualités… Quel dommage… enfin ça donnera au moins du travail à Sarya. » Une voix neutre, sans aucun sous entendu, sans provocation, sans amertume. Rodolphus gardait son sang froid, il avait appris à le faire en face d’elle.

    Il se baissa, ramassa un débris non identifiable et le jeta au milieu des cendres de la cheminée avant de se tourner vers son épouse. « Que fais-tu là Bellatrix ? Je croyais que tu voulais te racheter à ses yeux ? Ne me dis pas que tu as réussi à tuer Andromeda, la nouvelle se serait déjà répandu. » Il s’avança vers sa femme d’un pas assuré et une fois assez proche d’elle, il lui agrippa la nuque d’un geste un peu brutal, rapprochant leur visage, suffisamment pour que leur front se touche presque et plantant son regard dans le sien. « D’ailleurs, dis-moi : n’est-ce pas rageant de se faire balader durant plusieurs mois et de n’avoir aucun résultat ? Dire que tu n’arrives pas à mettre la main sur une sorcière assez stupide pour épouser un moldu. C’est à se demander qui est la moins intelligente des deux. » Un sourire carnassier trônait sur ses lèvres. Fou ? Suicidaire ? Non. Rodolphus savait quand il devait passer à Bellatrix se crises et quand il devait s’opposer à elle. Il ne la craignait pas, il ne l’avait jamais craint, mais il l’aimait et c’était peut-être pire encore.

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« La manière dont je suis partie, Rodolphus ? La manière dont tu as refusé - par faiblesse - de me soutenir. » Son ton était aussi tranchant que la première lueur du jour, oeuvrant un crescendo rythmique qui se finissait en chuchotement. Heureusement, la pièce ravagée produisait le silence nécessaire pour n’entendre qu’elle. Elle regarda son époux avec cet air féroce d’une femme dragon prétentieuse. Bellatrix s’était redressée de toute sa hauteur et relevait le menton. Elle ressemblait tant à son père, Cygnus, lorsqu’elle prenait cette tenue aristocratique. Manifestement, la sorcière n’avait pas la même vision de la réalité que son mari. L’ainée de la très noble et très ancienne maison des Black aurait naguère eu un peu de respect pour l’homme qui avançait dans le désordre qu’elle avait mis. Leurs faits de guerre faisaient encore trembler les sorciers et les sorcières assez vieux pour se souvenir des affaires funestes dans lesquelles le couple Lestrange était impliqué. Aujourd’hui, la donne avait changé et l’homme s’était ramollit inexorablement dans l’indifférence de sa fanatique épouse au sortir de la prison pour sorciers d’Azkaban. « La patience ne fais toujours pas partie de tes qualités… Quel dommage… enfin ça donnera au moins du travail à Sarya. ». Elle sourit en relevant les gencives. Se moquait-il d’elle ? En tout cas, Bellatrix était bien décidée à le faire sentir étranger, comme exclut d’une destinée commune. Elle prenait cela comme un affront. On parlait du couple Lestrange, mais si elle le rejetait y compris de son ombre, qu’adviendrait-il de Rodolphus ? Parlerait-on des frères Lestrange ? De la famille Lestrange ? Ce qui était sûr, c’est que l’épouse serait enfin débarrassée de ce qui était devenu au fil du temps un poids. « La patience. La patience. M’as-tu épousée pour ma patience Rodolphus ? Tu pensais sans doute que je changerais, que je deviendrais une femme docile, contrôlable et faible. Tu pensais que je finirais comme toi. ». La provocation était sans doute ce qui convenait le mieux pour qualifier le comportement de Bellatrix Black envers son époux. Elle le voyait comme un garçon perdu, pas un enfant, mais un adolescent en perdition. Il ne trahirait jamais la cause, oh non, mais il tatillonnait dans son existence et ne semblait agir que par obligation, comme si la marque l’enchainait depuis trop longtemps. Une sorte de lassitude se ressentait à ce piètre maitre de maison. On n’aurait su dire si la sorcière y donnait de l’importance. Sans doute n’y voyait-elle que des caprices et beaucoup de jalousie. La perspicacité de Bellatrix n’était pas un artefact perdu, il était juste utilisé pour nourrir ses crises de démence et ses insultes venimeuses. Quand il parla de son échec à retrouver Andromeda et du Maitre, l’esprit de l’ancienne détenue s’embruma en un seul instant. « Que fais-tu là Bellatrix ? Je croyais que tu voulais te racheter à ses yeux ? Ne me dis pas que tu as réussi à tuer Andromeda, la nouvelle se serait déjà répandu ». L'emphase ne la fit pas sourciller mais intérieurement, la température montait.« D’ailleurs, dis-moi : n’est-ce pas rageant de se faire balader durant plusieurs mois et de n’avoir aucun résultat ? Dire que tu n’arrives pas à mettre la main sur une sorcière assez stupide pour épouser un moldu. C’est à se demander qui est la moins intelligente des deux ». Ces refrains stériles sur le Seigneur des Ténèbres jonchaient la bouche de Rodolphus de toute part à chaque fois qu’ils avaient une conversation. Tenter de rabaisser sa femme est ce qu'il faisait de plus mal. Cela agissait comme de la moisissure sur le bois trop humide - sauf que la sorcière n'était pas de bois faite. L’esprit vermoulu de Bellatrix gagnait en instabilité lorsqu’on lui parlait du Magister. L’événement était mécanique, son fanatisme remontait à la surface comme un champagne tiède auquel on venait de faire sauter le bouchon. Ses yeux plongèrent dans le regard de Rodolphus qui l’avait saisie d’une façon bien trop autoritaire. D’abord, elle déglutit, plus par appétit que par crainte. Elle arborait le même sourire carnassier, dévoilant sa dentition encore souffrante du mal de la geôle. Sans répondre à l’appel de la fureur, il en serait trop content, elle le laissa parler en sentant son égo souffrir en silence. « Mon tendre Rodolphus ». Son regard s’était fais plus doux alors qu’elle fixait d’un air serein. « Tu ne sais pas ce que tu dis et la jalousie t’aveugle... » Sa main droite, déployant de longs doigts fins, se posa sur le torse de son mari avec une rare légèreté. Sans fermer les yeux, elle se risqua à un seul petit baiser sur les lèvres du sorcier, contact qui relevait plus de la légende que de faits quotidiens. Il s’opposait à elle certainement mais il restait si manipulable. Elle renifla soudain comme un animal. « Le sens-tu ? » Faussement surprise, elle baissa le regard vers sa main gauche. Sa poigne se refermait sur un poignard au manche ouvragé. Profitant de ce moment d’intimité insincère, Bellatrix était parvenue à faire glisser la lame jusqu’au creux de l’aine, proche de l’attirail de Rodolphus. « N’est ce pas rageant de n’être plus que l’ombre pitoyable de ce que tu étais jadis ? Dire que tu n’arrives même plus à trouver de repos dans les profondes et tendres chairs des jouvencelles ni dans tes infâmes substances qui ne te laissent que le goût de l’échec et de la solitude. Le plus grand mystère, Rodolphus, c’est de ne pas comprendre pourquoi je ne t’aime pas. ». Elle l’agrippait désormais de sa serre droite, par le col, le forçant à ce que leurs fronts s’entrechoquent rageusement alors que la main armée résidait toujours trop près de ses reins. S’il bougeait, il pouvait dire adieu aux derniers espoirs de se reproduire un jour.
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    Elle n’était pas apeurée, il le savait, même si elle n’arborait ce sourire dangereusement sauvage. Il connaissait suffisamment sa femme pour ne pas la sous-estimer.
    « Mon tendre Rodolphus. » Ne pas baisser sa garde face à son regard adoucis. Bellatrix ne connaissait pas ce genre de sentiment. « Tu ne sais pas ce que tu dis et la jalousie t’aveugle... » Elle ne l’aveuglait pas, bien au contraire, elle lui ouvrait en grand les yeux. Sans la jalousie, il n’aurait pas remarqué les sentiments bien trop forts que Bellatrix nourrissait pour le Maître. Lui être dévouée et fidèle était une chose – les mangemorts étaient cessés tous l’être – l’admirer pour sa force et ses exploits étaient compréhensible, chercher à le satisfaire pour rentrer dans ses petits papiers étaient normal… mais sacrifier sa vie, n’être guidée que part ce qu’il pouvait penser, ce qu’il aimerait… là c’était plus… personnel, et cela, Rodolphus avait bien du mal à l’accepter. Il aurait pu continuer ce jeu, faisant comme si de rien n’était mais le désire de Bellatrix de partir à la recherche de sa sœur pour une histoire de vengeance inventée de toute pièce, là ç’en était trop ! Si encore l’aînée de Black avait décidé de traquer sa traîtresse de sœur lorsqu’elle avait quitté la maison pour s’enfuir avec un moldu, là il aurait compris. Mais maintenant ? Des années s’étant écoulées ? Prenant comme prétexte qu’elle élevait l’enfant de sa sang-mêlé de fille et de son lycan de beau-fils ? C’était ridicule. A l’heure actuelle, le Magister avait d’autres préoccupations qu’un mioche au sang souillé. La réalité, c’était qu’elle n’avait pas accepté d’avoir failli perdre la vie durant la bataille de Poudlard. C’était un affront de s’être retrouvée toucher par la mère Weasley, il pouvait le comprendre, mais Bellatrix semblait penser qu’elle était descendue dans l’estime du Magister à cause de cet incident. Franchement, Rodolphus avait du mal à y croire. Le Maître devait bien se moquer de cette petite histoire, sachant toutes les erreurs qui avaient été commises durant cette bataille.

    Bellatrix posa sa main fine avec une douceur dangereuse sur son torse. Cela ne lui ressemblait pas et obligeait Rodolphus à se méfier. Cependant, au lieu d’une gifle ou d’un sortilège, elle osa un geste doux et simple : un baiser. Ses lèvres se posèrent sur les siennes avec légèreté. Il avait envie d’attraper son visage et de dévorer cette bouche avec passion et fougue. Il resista cependant à ce désir ardent, restant stoïque, ne répondant pas à ce faux baiser, ne fermant pas les yeux, tout comme elle. « Le sens-tu ? » Son regard suivi celui de son épouse et il découvrit avec stupeur le poignard qu’elle tenait avec un peu trop proche de ce qui faisait de lui un homme. Prit par son combat intérieur pour se forcer à ne pas succomber aux lèvres de sa femme et se forcer à garder un air totalement détaché, il ne l’avait pas vu venir. Pourtant il savait que Bellatrix était d’une fourberie sans commune mesure. Il avait fait une erreur… pas celle de la sous-estimer mais celle d’avoir laissé une brèche dans laquelle elle avait pu se glisser. « N’est ce pas rageant de n’être plus que l’ombre pitoyable de ce que tu étais jadis ? Dire que tu n’arrives même plus à trouver de repos dans les profondes et tendres chairs des jouvencelles ni dans tes infâmes substances qui ne te laissent que le goût de l’échec et de la solitude. Le plus grand mystère, Rodolphus, c’est de ne pas comprendre pourquoi je ne t’aime pas. » C’était comme si elle venait de planter son poignard en plein dans son cœur et qu’elle le tournait et retournait dans la plaie. Bellatrix ne lui avait jamais parlé d’amour. Lui-même ne lui avait jamais avoué l’aimer, mais cela paraissait évident ? Alors il s’était peut-être bercé d’illusions durant toutes ces années et aujourd’hui, entendre de sa bouche ce qu’il refoulé depuis si longtemps lui faisait un mal bien pire que de recevoir le Doloris.

    Elle le tenait fermement par le col et leur front se rencontraient brutalement tandis qu’elle avait toujours sa lame à sa place stratégique. Rodolphus choisit de ne pas laisser paraître le mal qu’elle venait de lui faire. Il leva une main prudente et de son revers, caressa la joue de son épouse tendit qu’un sourire fin étirait ses lèvres. « Ma chère Bellatrix… je trouve le repos sans difficulté, merci de t’en inquiéter. » Sa main remonta jusqu’à ses cheveux, dans lesquels il laissa ses doigts se perdrent, posant sur elle un regard tendre. « Et toi Bellatrix, tu es si forte, si rusée, si dévouée, rien ne t’arrête. Tu es probablement la meilleure Mangemort qui existe. De ce fait, le plus grand mystère selon moi, c’est de comprendre pourquoi il ne t’aime pas. » Sur ses mots ses doigts se refermèrent sur la crinière de sa femme et il tira brusquement dessus. Son sourire était devenu sadique. Il avait reprit ses propres mots pour donner plus d’impact. Il savait qu’elle n’apprécierait pas ses propos mais elle venait de le blesser au plus profond de son âme, elle méritait de souffrir à son tour, et la douleur physique ne signifiant que très peu pour Bellatrix, il s’attaquait donc à ce qu’elle pensait avoir de plus cher.


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Son visage s’effondra lorsqu’il la toucha droit au cœur. Rodolphus Lestrange avait osé effleurer ses sentiments pour Lord Voldemort avec autant d’indélicatesse qu’un Scroutt en furie. Le sang-pur avait eu raison d’attaquer sa femme avec autant d’efficacité. Elle ne s’était pas gênée pour lui mener une vie insupportable pendant une trentaine d’années. Néanmoins, on ne pouvait compter sur un résultat en demi-teinte en considérant la teneur rude de la discussion. Un geste sec avait suffit. L’ainée des Black versait désormais une larme, si rare sur ses puissantes paupières, tandis qu’elle avait planté son poignard dans la cuisse de son époux. Une simple sursaut avait suffit. La lame froidement aiguisée s’était enfoncée dans la viande ferme sans toucher quoique ce soit de vital ou d’irréparable. Du dictame suffirait à guérir cette profonde entaille. Cela n’empêchait pas le sang de couler sur le manche ouvragé. « Tu n’as pas le droit, Rodolphus… » La rage la fit serrer sa mâchoire en regardant le mari qui était si indigne d’elle désormais. Comment pouvait-il seulement oser l’accabler de cette dure réalité ? Bellatrix vivait depuis longtemps dans son monde intérieure, aussi démentiel que désorganisée ; un monde où le Seigneur des Ténèbres montrait envers elle des signes subtils d’attachement. Cela suffisait à cultiver sa passion sans la frustrer. La ramener sur Terre était une entreprise malaisée et seul Rodolphus pouvait y arriver, après autant de temps passé ensemble. Jadis, leur couple correspondait à une entité, tout au moins pour les autres, qui observait le nom de Lestrange avec cette crainte jouissive. Le réel s’immisça suffisamment dans l’esprit de la sorcière pour la faire songer à Narcissa Malfoy, à son état actuel, à ce que le Maitre avait décidé en dépits de l’attachement qu’elle portait à sa sœur. Pour la seconde fois dans leur vie conjugale, elle regarda avec une sincère attention l’homme qu’elle avait épousé. D’une main ferme, Bellatrix captura la gorge de sa proie avec une rare intention de ne pas aller jusqu’au bout de son geste. Elle serrait juste, sans conviction, pas suffisamment pour le faire suffoquer mais juste assez pour lui donner l’impression qu’il s’étouffait. En plus de la douleur de sa cuisse, Rodolphus serait obligé de l’écouter. Elle haletait pour lutter contre elle même, pour tenter pour la première fois depuis son procès de se contrôler totalement. Sa voix reprit étonnamment des saveurs d’antan, résonnant entre ses dents comme l’arrogance oubliée d’une héritière, l’héritière des Black, l’héritière de la plus pure des traditions. Sans doute Rodolphus reverrait dans son visage assuré les reflets de l’ainée des filles de Cygnus et Druella dont il était tombé éperdu avant qu’Azkaban ne ruine l’image de ce couple, cette complicité qui les faisait paraître proche à l’oeil de la bonne société. « J’ai négligé ce que nous devions être tout les deux ». La phrase était mystérieuse mais elle portait les indices d’un sentiment de culpabilité que Bellatrix Lestrange ressentait sans doute pour la première fois  de son existence et le seul qui était digne de l’entendre avait toujours un poignard fermement planté dans les chairs, le préservant d’une hémorragie ouverte. « Je t’ordonne d’arrêter de prendre tes substances, Rodolphus. Nous avons raté le coche. Nous nous encroutons pendant que d’autres se pourlèche d’une indigne réussite. Rappelle-toi ce que nous étions naguère ! Deux aristocrates aussi craints que prestigieux, et c’est avec toi que nous sommes devenus les premiers parmi les premiers… » Ses doigts se refermaient toujours sur le cou de son époux, le retenant contre son corps comme s’ils s’apprêtaient à danser une valse. « Aujourd’hui, nous sommes deux idiots, la démente et le drogué, et tout le monde pense que nous sommes trop stupides pour le voir, trop sûr de nous, trop perdus dans notre folie. Tu m’entends, tout le monde ! » Son cerveau allait à toute vitesse. Bellatrix avait l’air d’une femme censée, toujours aussi cruelle et sadique, mais un peu plus en ordre qu’auparavant. « Il y a trop de choses à faire pour négliger de reprendre notre place. Lucius est à genoux ; il n’a jamais été aussi proche du gouffre. Ton frère se préoccupe de ses enfants et de ses affaires davantage que de toute autre chose. » Elle soupira mélancoliquement, sans en percevoir la raison. « Nous devons nous occuper de Draco, pour Cissy. Il ne pourra s’élever suffisamment sans notre concours. Il est temps de redevenir les piliers de nos familles et des généraux du Maitre. ». Elle eut un sourire tendre qu’elle adressa à Rodolphus Lestrange en déverrouillant sa poigne. Il était surprenant de voir ses traits aussi adoucis, à cet instant, ce qui renforçait sa ressemblance avec sa sœur Andromeda. Elles n’étaient pas capables du même genre de vie mais leurs engagements maritaux avaient autant d’intensité qu’ils se distinguaient par des sentiments contraires. Les Tonks s’animaient par la sincérité. Les Lestrange avaient fonctionné autour d’intérêts familiaux. Le regard de Bellatrix brillaient d’une ambition non-réprimée et se mélangeait avec un espoir encore inconnu, celui certainement de redorer un blason empoussiéré par la détention et l’oubli de soi. « Non, je ne fais pas ça uniquement pour me faire aimer du Seigneur des Ténèbres comme tu vas le prétendre. » Il y avait un semi-mensonge dans cette affirmation. Bien-sûr qu’elle souhaitait toujours attirer l’attention du Magister. Elle lui avait voué sa vie quoiqu’il lui en coute en sachant que cette dévotion n’existerait qu’à sens unique. Un désir nouveau avait néanmoins fleurit à l’endroit où se trouverait un cœur si elle en était pourvue. Après tout, ne pouvions nous pas aimer plusieurs personnes, différemment mais tout aussi intensément ? Rodolphus avait si bien identifié la faiblesse de Bellatrix qu’il méritait sans doute qu’elle lui accorde enfin un peu de crédit. C’était sans doute la condition pour qu’ils arrêtent de se battre et que l’époux puisse oublier la jalousie maladive qui végétait depuis si longtemps en son for intérieur. « Lâche moi que je regarde ta cuisse. » Son air conservait une grande arrogance et une indéfectible confiance en soi. Blesser était dans ses cordes, soigner était sans doute le premier pas fait en direction de Rodolphus, un pas qui allait emmener bien plus loin cette femme qui retrouvait avec angoisse les territoires de la réalité.
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    Il l’avait touché. Il le voyait à sa mine défaite, si rare sur les traits de son épouse. C’était l’effet recherché, bien entendu : la blesser autant qu’elle venait de le faire et pourtant… pourtant la larme qu’il eu à peine de voir s’échapper de ses cils lui causa plus de souffrances encore. Était-ce parce qu’il ne voulait pas la voir pleurer, et encore moins par sa faute, ou parce que cette larme ne lui était pas destinée ? Peut-être était-ce un mélange de tout cela à la fois. Il n’eut guère le temps de réellement s’interroger sur la question : une douleur vive, physique cette fois, l’étreignit. Dans sa peine, Bellatrix avait répondu par ce qu’elle connaissait le mieux : la violence. Il se retrouvait donc avec la lame de son poignard planté dans la cuisse. « Tu n’as pas le droit, Rodolphus… » Il cligna plusieurs fois des yeux. Elle osait lui reprocher ses paroles alors que les siennes n’étaient pas plus tendres ? et de plus, qu’elle venait de lui enfoncer un couteau dans la jambe ? Il n’y avait pas de demi mesure chez sa femme et il l’aimait aussi pour cela, mais parfois, il devait avouer qu’elle était un peu trop intense. D’ailleurs ce fut de cette manière qu’elle regarda Rodolphus. Il fut surpris par le semblant d’intérêt qu’elle paraissait lui porter, juste assez pour en oublier quelques secondes la douleur à sa jambe. Mais comme si cette dernière n’était pas suffisante, Bellatrix lui serra la gorge. L’aîné des Lestrange n’était pas assez fou pour se débattre. Il connaissait sa femme. Il savait qu’elle ne cherchait pas réellement à l’étrangler même si elle mettait assez de pression sur son cou pour laisser penser à n’importe qui d’autre que c’était le cas. Elle avait besoin de ces gestes, de cette prise de pouvoir, d’assurer sa position et il avait surtout conscience que Bellatrix avait quelque chose en tête, des choses à lui dire et il y prêterait une oreille plus qu’attentive, même s’il y avait de grandes chances pour qu’elle ne saigne un peu plus son cœur. Il la sentait lutter contre elle-même, cherchant à retrouver son calme. Alors il osa penser que ce qui sortirait de sa bouche ne serait pas aussi brutal que le poignard qui lui avait ouvert la cuisse.

    « J’ai négligé ce que nous devions être tout les deux. » Il se permit d’arquer un sourcil. Ce qu’ils devaient être ? Un couple ? Oui, certes, cela lui avait échappé depuis pas mal de temps mais Rodolphus se garda bien de le lui préciser, la lame de Bellatrix était toujours plantée dans sa chair. Il n’avait pas vraiment envie qu’elle agrandisse la plaie ou qu’elle la plante autre part. « Je t’ordonne d’arrêter de prendre tes substances, Rodolphus. Nous avons raté le coche. Nous nous encroûtons pendant que d’autres se pourlèche d’une indigne réussite. Rappelle-toi ce que nous étions naguère ! Deux aristocrates aussi craints que prestigieux, et c’est avec toi que nous sommes devenus les premiers parmi les premiers… Aujourd’hui, nous sommes deux idiots, la démente et le drogué, et tout le monde pense que nous sommes trop stupides pour le voir, trop sûr de nous, trop perdus dans notre folie. Tu m’entends, tout le monde ! Il y a trop de choses à faire pour négliger de reprendre notre place. Lucius est à genoux ; il n’a jamais été aussi proche du gouffre. Ton frère se préoccupe de ses enfants et de ses affaires davantage que de toute autre chose. Nous devons nous occuper de Draco, pour Cissy. Il ne pourra s’élever suffisamment sans notre concours. Il est temps de redevenir les piliers de nos familles et des généraux du Maitre. » Un beau discours en somme. Il voulait y croire, l’accepter les yeux fermer et sauter la tête la première dans ce qu’elle semblait lui offrir : un nouveau départ pour leur mariage. Sauf que Rodolphus n’était pas dupe. Même si ce qu’elle disait était vrai, il savait qu’elle n’agissait que pour le Lord. Le servir était une chose : il adhérait à ses principes, il avait fait de ce monde, un monde bien meilleur selon lui, mais lui dévouer totalement sa vie… voilà qui n’était plus vraiment dans les projets de Rodolphus. Bellatrix ne jurait que par lui et si elle cessait sa folle entreprise de vengeance – plus par échec que par raison – c’était seulement pour se retrouver près de lui, comme avant.

    « Non, je ne fais pas ça uniquement pour me faire aimer du Seigneur des Ténèbres comme tu vas le prétendre. » Il ferma la bouche qu’il venait à peine d’ouvrir. Merde : Il avait manqué une occasion ou alors, elle lui avait épargné d’exposer sa jalousie qui était – semblait-il – inutile à ce moment précis. « Lâche moi que je regarde ta cuisse. » Il se rendit alors compte qu’il tenait toujours fermement sa crinière entre ses doigts et la relâcha, surpris qu’elle propose ainsi d’inspecter les dégâts qu’elle avait causé.

    « Tu es plus du genre à infliger des blessures qu’à les soigner. Lui répondit-il d’un ton égal. Il alla tant bien que mal jusqu’à un fauteuil qui avait tenu debout malgré le carnage que son épouse avait fait dans la pièce et s’y installa afin de ne plus faire subir son poids à sa jambe. Il soupira tout en rejetant la tête en arrière et fixa la plafond alors qu’il répondit enfin aux propos de sa femme : « Je m’occupe déjà de Draco… à ma façon. Je ne laisserai pas tomber ce gamin. » Murmura-t-il presque de façon absente. Il redressa la tête planta son retard dans les prunelles excises de sa femme. « Lucius à toujours était un bon à rien et mon frère fait ce qu’il a à faire… quant à moi, je n’ai pas perdu ma place de ‘général’ auprès du Maître. C’est l’un des avantages d’être resté. » Premier coup bas. Cela la ferait probablement grincer des dents mais il ne pouvait la laisser croire qu’il avait abandonné ses idéaux. « Si je suis devenu un dreameur c’est par ta faute Bellatrix. Tu étais ce qui me permettait de garder les pieds sur Terre, de ne pas sombrer après Azkaban, mais tu es partie… te perdre était le coup de grâce. » Il se garda bien de lui dire qu’il allait arrêter de prendre des substances. C’était par sa faute qu’il avait plongé dedans et il n’avait pas la force de s’en séparer, la dépendance était bien trop forte pour qu’il lui promette de ne plus y toucher d’un claquement de doigt. « Je suis peut-être un droguer aux yeux de tous c’est la vérité après tout, mais toi tu n’es pas démente… tu es entière voilà tout. » Il la couva d’un regard tendre. Après ce qu’il venait de se passer, après tour ce qu’elle lui avait fait subir par le passé, il ne pouvait pas la voir autrement qu’avec les yeux d’un homme amoureux.

    Il garda le silence quelques instants, profitant pour contempler ce visage qui lui avait tant manqué. « Ce n’est pas parce que j’ai gardé ma place au gouvernement que je ne veux plus de toi dans ma vie. Tu es ma femme et l’amour que je te porte et bien plus grand que ce que tu peux imaginer. » Certains hommes pensaient que se dévoiler était une marque de faiblesse. Rodolphus n’était pas de ce genre. Avouer à son épouse l’amour qu’il lui portait malgré toute la souffrance dont elle avait était consciemment la cause n’était pas un signe de faiblesse. Cependant, même si le retour de Bellatrix à ses côtés lui plaisait tant il l’avait secrètement espéré, il ne pouvait pas la laisser s’en tirer ainsi. Plus encore, une question lui brûlait les lèvres. Une question qu’il ne se gêna pas de poser. « Mais dis-moi… que penses-tu de l’enlèvement de Cissy ? Elle n’a rien fait de répréhensible et pourtant elle doit subir les tortures que l’on réserve aux sangs de bourbe à l’heure actuelle… » Qu’allait-elle répondre à ça ? Y avait-elle seulement songé ? « Lucius et Draco en veulent à Rabastan mais il n’a fait qu’exécuter les ordres. Je suis certain que si tu avais été présente, c’est toi que le Maître aurait envoyé enlever Cissy. Il connaît ta loyauté. Il sait que tu es sa plus fidèle partisane mais il aurait sûrement chercher à voir comment tu réagirai face à une telle situation. Car on ne parle pas d’une sœur que tu as renié depuis des années, mais de celle dont tu es proches et que tu aimes. » Rodolphus était curieux de connaître les sentiments de Bellatrix sur le sujet. Il ne s’agissait pas d’une inconnue ou d’une connaissance dont Bellatrix se fichait complètement, mais de la seule personne qu’elle n’ait peut-être jamais réellement aimé.

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Elle l’avait écouté avec attention sans même lui adresser un seul regard. Son silence contrastait avec les expressions qui jaillissaient sur sa face têtue. L’entaille dans la cuisse de Rodolphus était profonde et pas très jolie à regarder. Pourtant, la sanguinolence du paysage ne lui arracha même pas un haut-le-cœur. Il en fallait davantage pour émoustiller une femme chargée d’un tel passif que Bellatrix. Ses narines vibrèrent aux reniflements incessants qui ponctuaient le monologue de l’époux. Tantôt appréciant les paroles de l’homme, tantôt s’en distançant sans un mot, elle tenait à finir ce qu’elle avait à faire avant de l’ouvrir de nouveau, prenant le soin de ravaler le venin qui inondait sa salive abondante. Le regard tendre qu’on lui adressa eu un effet simpliste sur la favorite du Magister. Les lèvres sanguinaires s’étirèrent en un rictus gêné d’adolescente. De mémoire d’homme, lui faire la cour n’avait eu pour résultat qu’un rire pincé et une impression d’inconfort. Revenue de sa chasse infructueuse, première vraie séparation de son mari depuis de nombreuses années, cela l’avait rendue sensible aux intentions jusqu’ici passées inaperçues. Elle s’appuya délicatement sur la cuisse valide pour se relever. « Maintenant je suis là. » La sentence tombait en lame de guillotine tandis qu’elle jeta au blessé - maintenant hors de danger – ce regard qui avait fait la réputation de la maison Black. Le dédain savamment mêlé d’intransigeance ne laissait que rarement de place à la discussion, ordre annoncé comme le faisait jadis son propre père. Se droguer n’avait jamais été une porte de sortie convenable et pourtant tant de partisans du Seigneur des Ténèbres s’y jetaient avec délectation. Son âme de traditionnaliste ne s’habituait toujours pas aux nouvelles tendances de son milieu. La société pour laquelle elle se battait comportait son lot de pénalités, notamment l’emprise que possédait la jeunesse sur le cours redoutable du quotidien. Bellatrix Lestrange déposa son index sur les lèvres de son époux pour qu’il se taise, après qu’il se soit livré sur son amour. Un frisson l’avait parcourue et elle ne souhaitait pas renouveler cette expérience insoupçonnée. Enfin, Rodolphus mentionna Narcissa, la sœur cadette bien aimée de la cruelle Mangemort. Cherchait-il vraiment à casser cette complicité à peine effleurée pour la première fois depuis leur procès d’antan ? La sorcière ferma les yeux en inspirant gravement. Son subconscient au déficit de quelconques filtres tapotaient à la grille de sa bouche pour exprimer son désarroi, sa fureur et pourtant sa docilité. On ne pouvait pas s’empêcher de lui poser la question, question qui la hantait sincèrement. Elle savait pertinemment ce qu’elle aurait fait. Bella aurait obéi au Lord sans hésiter, s’enfonçant sur une voie de non-retour. Toucher sa famille, devenir presque fratricide aurait déchiré son esprit si profondément que son destin l’aurait amenée dans les tréfonds des services psychiatriques de Sainte-Mangouste. Elle était consciente de jouer sur le fil, cela lui plaisait, mais kidnapper sa propre chair et son propre sang pour la livrer aux lions… Sa main accoutumée à l’assurance du mal aurait trembler un petit instant avant de se soumettre aux ordres. « Nous n’aurions pas réagit différemment, Rodolphus » minauda-t-elle en venant se mettre à cheval sur les genoux de son mari. « Le Maitre ordonne, nous exécutons. Cela aurait-il retenu notre main ? Surement pas. » La nécessité d’employer des formules englobant tout Mangemort digne de sa Marque participait à sa justification. Personne, par crainte ou par fanatisme, ne se serait éloigné du chemin décidé par Voldemort. Il en était ainsi, à moins de finir en cadavre, ou pire en traitre à son sang. De la même manière qu’il y a trente ans, ses longs doigts parcoururent la chevelure du sorcier avec un détachement presque mignon. Elle entourait son index de tourbillons capillaires, en douceur. « Tu sais je lui rend visite » asséna-t-elle avec l’insouciance de l’enfant parlant d’un parent malade. Ses lèvres formèrent une moue juvénile en soutenant par des yeux rouges le regard amoureux de son mari. « Tu veux vraiment en parler ? » Elle lui maintenait le visage entre deux paumes expertes, l’obligeant à la fixer, et déformant sa bouche en vraie fillette pour lui donner l'air d'un poisson burlesque. Ce sujet de conversation lui faisait connaître remords et culpabilité, en la trainant loin dans des réactions de marmot coupable. Ses joues de cadavre rougeoyaient d’inconfort, chose encore une fois inédite, réchauffant son teint de cinquantenaire. Tout ceci faisait flancher un cœur de marbre, l’initiant à la souplesse sentimentale. Ce nouveau monde la mettait à l’épreuve, dans son cercle proche, mais rien ne l’aurait éloignée du Lord et de son action, même pas la détention de sa sœur.

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