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sujet; Come on, vogue - Eris & Ardal |
| ❝ Come on, vogue ❞ On the cover of a magazine Ça n’avait pas été simple, dès le départ et ça n’allait encore pas l’être. Ardal avait tenté de se persuader, en composant son message, que la demande serait le passage le plus épineux. Aussi avait-il pris son temps pour le rédiger. Si elle refusait, ce serait une catastrophe. Sans doute exagérait-il, mais depuis qu’il savait que ses fiançailles pouvaient attendre, il se sentait soulagé. Alors il fallait stopper la machine tant qu’il était encore temps. Sa mère avait trouvé qu’il serait de bon ton de médiatiser leur démarche, étant donné que le but premier était qu’on les laisse tranquille. En diffusant la nouvelle que son fils cherchait chaussure à son pied (au sens littéral du conte, pour les amateurs du genre), elle garantissait une quiétude totale et immédiate aux Ollivander. Pour une fois donc, la meilleure amie de sa fille, Eris Burke, qu’elle jugeait d’ordinaire « légère » avait trouvé grâce à ses yeux. Et le fils parfait qu’il était s’était plié au jeu sans ciller, sans broncher et sans rougir en exposant froidement à celle qui faisait battre son cœur un peu plus vite depuis des années la façon dont ils allaient sélectionner le meilleur parti possible. Car pour aussi impressionnant et à part qu’il pouvait paraître, Ardal n’était malheureusement qu’un jeune homme comme les autres qui trouvait la ravissante journaliste absolument délicieuse. Et c’était une torture de la croiser (ce qui n’arrivait pas si souvent au final) car il était hors de question de lui montrer un quelconque signe d’intérêt. Après tout, elle était proche de Nyssandra, et elle n’était pas ce qu’on attendait de la future femme de l’héritier de cette longue lignée des Ollivander. Mais elle était différente. Rayonnante. Charmante. Enfin tout cela pour dire qu’il avait fini par lui écrire pour lui proposer de se voir, précisant qu’il avait une faveur à lui demander. Et il s’attendait à un refus pur et simple (cet article allait faire du bruit, à n’en point douter). Sauf qu’elle avait répondu qu’elle acceptait de le voir pour en discuter. Mais pas autour d’un café comme il l’avait proposé. A une soirée qu’elle devait couvrir. Une soirée mondaine. Autour de la mode. Absolument pas l’élément naturel du jeune homme, et encore, ce n’était rien de le dire. Surpris qu’elle ait accepté, il n’allait cependant pas refuser sous prétexte que cela le sortait de sa zone de confort. Il ne voulait pas que cet article paraisse, et si cela voulait dire devoir bien s’habiller (jean sombre et chemise de circonstance) et passer la soirée avec cette (plus que charmante) jeune femme, qu’il en soit ainsi. Mais ça n’allait pas être simple du tout, du tout. Et il en eut la confirmation lorsqu’il arriva à l’entrée du Centuries et se trouva devant une sorcière maquillée à outrance, et habillée … il n’avait jamais vu une robe pareille. Mais qu’était-il venu faire là ? Elle le détailla des pieds à la tête et de la tête aux pieds. Quelque chose dans son attitude le força à relever le menton. Il n’allait certainement pas se laisser rabaisser même mentalement par une sorcière sans manières. Ardal Ollivander. Je suis avec Eris Burke. Et le plus beau dans l’histoire était qu’il était arrivé à prononcer ces mots sans rougir et sans balbutier. Oh ! L’attitude de la blonde changea du tout au tout et elle fit signe à une demoiselle plus jeune et vêtue de manière moins extravagante (une stagiaire, sans doute) tout en s’excusant à un débit intenable : Monsieur Ollivander, bien sûr, bonsoir, désolée pour l’attente, j’espère que ça n’a pas été trop long. Jane va s’occuper de vous, vous amener jusqu’à la salle et veiller à ce que vous ne manquiez de rien. S’il vous faut quoi que ce soit, surtout, n’hésitez pas, d’accord ? Il acquiesça de la manière la plus digne possible, se rendant bien compte que pour une fois, ce n’était pas son nom qui avait imposé le respect. Encore une preuve qu’il n’était pas sur son terrain et qu’il n’aurait pas le dessus ce soir. Il fallait espérer qu’elle veuille bien l’aider … Avoir son but en tête et rien d’autre. Il suivit la sorcière qui paraissait un poil impressionnée et ne parlait donc pas beaucoup à travers plusieurs salles. Ignorant chacune d’entre elles (il n’avait jamais été un grand amateur de ce genre de soirées, où tout le monde manquait, à l’évidence, cruellement de manières), il garda le regard rivé sur la tresse rousse qui finit par se décaler pour lui tenir une porte. Quand celle-ci fut refermée, Ardal se sentit un peu plus à son aise. Particulièrement bien insonorisée, cette salle était à l’écart de la musique qui était déjà forte, dehors, et, à l’évidence, les personnes qui étaient là savaient bien se tenir. Il put donc se détendre un peu, prendre le verre que la demoiselle lui tendait et passer les personnes présentes en revue. Il n’avait pas demandé si Eris était déjà là ou non mais il le découvrirait bien assez tôt. Il fallait qu’il la trouve mais quelques minutes pour s’acclimater ne semblaient pas superflues. Il allait rester là, quelques instants et il la chercherait après, plein d’assurance. C’était un plan parfait. |
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| « Non, pour cet hiver, nous parlons réellement de perlage. L'élite a besoin de retrouver un sentiment de noblesse, de richesse, le tout sans tomber dans les atours tape-à-l'oeil qui sont chers à certaines sorcières plus âgées. On oublie les sequins, mais on met tout dans les broderies dorées et les perles. Et les dorures, qu'en pensez-vous ? Uniquement si on parle de réelles dorures et non pas de lamelles vulgaires – on se rappelle toutes de nos jupes lamées qui nous sciaient les jambes, il y a cinq ans (rires) Les motifs végétaux prennent réellement une allure di-vine, lorsqu'on les souligne de dorures. J'ai repéré un faux corset qui semblait entièrement fait de fougères d'argent, chez Barbara Fairfield. Et la robe à haut transparent, chez The Johns ? J'ai crû mourir devant tant de beauté [...] »
Rires, coupes qui tintent les unes contre les autres, approbations de la tête. Elle est dans son élément. Elle est presque chez soi. La mode, les réceptions, l'élite. Eris est un animal social, un animal de foule, une petite reine parmi une cour féminine et masculine qui se pâme devant ses choix, ses goûts, qui boit ce qu'elle boit et mange ce qu'elle mange. L'inauguration de l'Atelier A, un nouvel atelier de mode collaboratif entre deux jeunes créateurs, s'est déroulée en deux temps : une présentation des créateurs et des premières pièces issues de leur collaboration, à l'atelier même, puis cette soirée dans une salle privée au Centuries, en compagnie de journalistes, de personnalités connues, des créateurs et de mannequins évoluant au milieu des invités, portant les précédentes pièces. Rien qui révolutionne le monde, de l'avis de la Burke, mais la collection est charmante et elle entre tout à fait dans ses prédictions pour l'hiver 2003. Soit, si vous avez suivi, des perles, des broderies délicates au fil d'or et des motifs végétaux soulignés d'argent et de bronze. La brunette quitte le petit groupe réuni, qui diverge sur une discussion à propos du jeu de transparence (probablement ce qu'elle maîtrise le plus, avec les décolletés plongeants et les mini longueurs), retournant au petit buffet pour attraper une nouvelle coupe de champagne et quelques fruits. C'est par réflexe qu'elle tourne la tête vers l'entrée de la pièce... pour mieux y voir un visage bien connu. Un visage auquel elle ne s'attend pas, en fait, même si le propriétaire dudit visage lui a dit qu'il viendrait, ayant une demande particulière à lui faire. Ardal Ollivander. Tiens tiens. Elle doit l'avouer... elle ne pensait pas qu'il viendrait. Ce n'est certainement pas un endroit où quiconque peut s'attendre à voir le Grand et Digne Héritier de la Noble Lignée Ollivander (elle a la voix d'Ascleus en tête, qui scande ces mots avec des majuscules ridicules).
Ses hauts talons la font aussitôt dévier vers Ardal, dont la mine quelque peu décontenancée laisse deviner son peu d'aise dans un tel endroit. Sans savoir si c'est le Centuries, la mode, ou l'alliance des deux. « Ardaaaaaaal ! Je ne savais pas si tu allais venir, finalement. Smack, smack, elle plante d'autorité un baiser sur chaque joue du jeune homme. Tu n'as pas eu de difficulté à entrer ? J'ai prévenu Lily que tu étais avec moi, mais on ne sait jamais... enfin, peu importe, tu es ici. Tu as déjà un verre, c'est bien – si tu veux mon avis, ce n'est pas le meilleur champagne, mais il est convenable. » Ses yeux sombres analysent rapidement le Ollivander (haut bas, bas haut). Pantalon sombre, chemise – classique, convenable, rien de très folichon. Elle-même est habillée simplement, très courte robe blanche, qui semble faite de voile, ses cheveux élégamment remontés. Elle passe son bras autour de celui de son cavalier de la soirée, sans se soucier de son avis sur la question, l'entraînant d'un pas lent à travers la pièce. « Nyssandra devait venir avec moi, mais je crois qu'elle passe la soirée avec Aramis. Ugh, une soirée avec Aramis. Bo-ring. Un petit roulement des yeux est même de mise. Sa main libre attrape une nouvelle coupe de champagne (son précédent objectif). Je parle, je parle : comment vas-tu ? » Ils ne se sont jamais réellement entendus. Ce n'est pas une raison pour ne pas être polie, ni intéressée. Les potins frais viennent parfois des bouches les plus inattendues. |
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| Il y avait beaucoup de sons, beaucoup de couleurs, beaucoup de rires. Non, de gloussements, corrigea-t-il machinalement. Il y était habitué, lors des soirées mondaines, mais un événement consacré à la mode était forcément un condensé de tout ce qu’il y avait de plus suraigu, de plus flashy et le plus tape-à-l’œil dans le monde des sorciers. Et on était bien loin de son atelier et de ses livres de runes avec lesquels il se sentait parfaitement en sécurité. Il savait comment survivre, bien sûr : afficher son plus beau sourire. Après tout, il était l’un des célibataires les plus en vue de Londres, malgré son jeune âge. Il risquait donc plus d’impressionner que d’être impressionné. Le champagne allait également l’aider, le temps qu’il n’en abusait pas trop. Flûte à la main, menton légèrement relevé, il salua d’un hochement de tête une amie de sa mère qui passait par là. Elle s’était figée en l’apercevant et changea de trajectoire rapidement. Sans doute pour aller chercher sa fille et revenir, ce qui le fit pivoter sur ses talons. Il fallait que cela cesse et pour ça, il fallait qu’il réussisse. Qu’il atteigne son objectif, celui qui faisait qu’il était là. Et pour cela il fallait trouver …
Ardaaaaaaal ! Je ne savais pas si tu allais venir, finalement. Son malaise ne se voyait plus, pas vrai ? Il n’en était pas persuadé, mais en tous cas, il retint le rouge qui aurait pu lui monter aux joues après la bise impromptue de la jeune femme. Tout. Était. Sous. Contrôle. Tu n'as pas eu de difficulté à entrer ? J'ai prévenu Lily que tu étais avec moi, mais on ne sait jamais... enfin, peu importe, tu es ici. Tu as déjà un verre, c'est bien – si tu veux mon avis, ce n'est pas le meilleur champagne, mais il est convenable. Elle allait beaucoup trop vite, mais cela le fit sourire. Il avait un peu de mal avec les demoiselles qui voulaient absolument tout caser dans une phrase pour l’impressionner, mais il savait pertinemment qu’avec elle, ce n’était pas le cas. Elle parlait comme elle pensait, simplement. Et c’était rafraîchissant : C’est vrai que j’ai bu meilleur … mais également pire. Mais je ne citerai pas de nom, cloturera-t-il, non sans malice. Ils avaient assisté à quelques soirées en commun, elle n’aurait pas de mal à retrouver. Il ne buvait jamais à l’excès mais savait apprécier les bonnes choses, et cela rendait parfois plus acceptable une conversation insipide que vous deviez tout de même tenir, en parfait héritier/gentleman/autre mention de bon goût. Et ils m’ont accompagné rapidement quand j’ai dit ton nom, merci beaucoup.
Elle était particulièrement éblouissante ce soir, il fallait bien le reconnaître. Cependant il avait l’impression de ne pas s’en tirer trop mal, aux vues des circonstances. Il choisit pour s’aider de détailler quelques modèles exposés plutôt qu’Eris, qui venait de lui prendre le bras. Tout allait bien. Nyssandra devait venir avec moi, mais je crois qu'elle passe la soirée avec Aramis. Ils ont l’air de beaucoup passer de temps ensemble, c’est une bonne chose. Cela la change de Travers. La fin de la phrase avait eu une teinte différente de façon à peine perceptible. Il n’en revenait pas, de l’attitude de cette fripouille, qui ne l’étonnait qu’à moitié. Et il s’en voulait, il fallait bien le dire, d’avoir soutenu cette union, même si à l’époque, cela était nécessaire. Je parle, je parle : comment vas-tu ? Là, tout de suite … il ne pouvait lui répondre honnêtement, ce qu’elle ignorait totalement, et c’était d’ailleurs tant mieux. Ecoute, plutôt bien, les choses s’arrangent pour la famille, ce qui me permet de me concentrer sur mon apprentissage. Il devait lui sembler d’un ennui mortel. Pourtant il savait se comporter parfaitement en toutes circonstances, ce n’était pas le souci. Ce n’était simplement pas ce qu’il préférait. Nous avons d’ailleurs décidé de repousser la question de fiançailles en ce qui me concerne. Ce qui me permettra de profiter pleinement des soirées de ce type, au lieu de chercher la perle rare, finit-il dans un sourire. Ce qui n’était pas totalement faux. Il pouvait se promener au bras d’Eris tranquillement au lieu de se chercher la femme parfaite qui comblerait sa famille. Et rêver sagement au lieu de planifier un avenir sans amour, sans étincelle qui ne le tentait pas le moins du monde, même s’il se soumettrait à la nécessité sans broncher. Surtout en cet instant précis. |
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| Elle a concédé un soupir d'assentiment au commentaire d'Ardal, au « Ils ont l’air de beaucoup passer de temps ensemble, c’est une bonne chose. Cela la change de Travers » auquel elle peut uniquement être en accord. Malgré tous ses commentaires et toute sa mauvaise foi, elle est heureuse pour sa meilleure amie. Ils s'aiment, ils sont amoureux, ils ne sont pas obligés de se fiancer, de se marier, de rien de tout cela. Ce n'est rien comme ses fiançailles avec Travers, qui avaient tout d'une condamnation à mort. Fort heureusement, la condamnation n'est pas venue pour Nyssandra, mais bien pour Roman. Et Eris a bien de la difficulté à s'apitoyer sur la chose.
Une gorgée de champagne (pas le meilleur, mais pas le pire, son compagnon l'a bien souligné), un regard circulaire sur la pièce, où des visages curieux se sont tournés vers son cavalier de la soirée. Pas un visage connu des mondains : ça va faire jaser, elle s'en doute bien, et un sourire amusé vient étirer ses lèvres. « Ecoute, plutôt bien, les choses s’arrangent pour la famille, ce qui me permet de me concentrer sur mon apprentissage. » Les choses s'arrangent pour la famille, évidemment, vu les fiançailles de Nyssandra avec Aramis. Sa moue se fronce légèrement, le temps d'une seconde. Elle ne peut s'empêcher de regarder quelque peu de haut l'opportunisme d'Ardal et des Ollivander en général, bien qu'elle n'ait évidemment rien à redire de ce côté – elle est une Burke, après tout, les maîtres de l'opportunisme, s'il en est. La famille de Nyssandra a toujours tout reposé sur leur fille, leurs malheurs comme les opportunités pour se racheter, pour s'acheter la paix, et elle trouve cela si... triste. Elle fait ce qu'elle peut pour soutenir son amie, mais ce n'est pas assez, elle en a bien l'impression. « Nous avons d’ailleurs décidé de repousser la question de fiançailles en ce qui me concerne. Ce qui me permettra de profiter pleinement des soirées de ce type, au lieu de chercher la perle rare. Sa gorgée est avalée légèrement de travers. Vraiment ? » Elle hausse un sourcil sceptique. Déjà, elle ne voit pas pourquoi qui que ce soit voudrait même de côté la question des fiançailles, ou de la recherche de la perle rare. Tout le monde cherche l'amour, n'est-ce pas ? Ça ne sert à rien d'abandonner avant même d'avoir commencé ! Elle convient bien que ce n'est pas tout le monde qui s'applique autant qu'elle à trouver le grand amour, mais tout de même, ne soyons pas ridicules. Et certes, les choses s'arrangent pour la famille, mais... c'est ridicule de penser que les fiançailles de Nyssandra régleront quoi que ce soit, à long terme. Il est temps qu'ils cessent de tout faire reposer sur elle.
Sa voix se fait interrogative, sincèrement curieuse, désireuse de pousser Ardal dans ses réflexions, qu'il crache le morceau seul : « Je sais que tes recherches étaient... accélérées, au vu des circonstances, mais pourquoi laisser tomber l'idée des fiançailles ? D'une jeune femme à aimer ? Vraiment, elle ne comprend pas ce qui peut pousser n'importe qui à vouloir repousser la rencontre du grand amour. Elle tourne la tête pour détailler un mannequin qui passe près d'elle, sa robe à l'imprimé végétal subtil captant son œil. Elle va devoir se réserver quelques pièces, avant de quitter la soirée... elle s'imagine déjà dans plusieurs morceaux et il est hors de question qu'ils lui passent sous le nez. Ou qu'on les porte avant elle. Scandale. Le sourire revient sur ses lèvres, rêveur. Ça ne sert à rien de fuir l'amour, Ardal. » |
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| Il était bien conscient de la position d’Eris et du fait qu’elle désapprouve totalement l’attitude de la famille à l’égard de Nyssandra. Malheureusement, telle était la dure loi des Ollivander et il ne s’excuserait pas pour cela (sauf pour Travers. Mais même toutes les excuses du monde ne rattraperaient jamais cet outrage qui avait été fait à sa sœur). Il y était lui-même soumis et le sursis qu’on lui accordait ne serait que de courte durée, il en était bien conscient. Même si sa mère voudrait attendre le plus longtemps possible pour trouver la perle rare à mettre au bras de son héritier, il n’en restait pas moins que la plupart des fiançailles étaient contractées à son âge, voire avant. Alors maintenant que l’idée avait germé, il n’y avait plus de retour en arrière possible. Vraiment ? Il cilla légèrement, juste le temps de se reprendre. Il était plus facile d’être naturel avec elle en public, il avait tellement l’habitude de s’y comporter convenablement que cela ne changeait pas grand-chose. Il ne s’attendait pas réellement à cet étonnement, plutôt à la limite à la tristesse de cette belle histoire perdue pour la pièce. Aussi s’arrêta-t-il pour lui faire face, cherchant son angle d’approche.
Je sais que tes recherches étaient... accélérées, au vu des circonstances, mais pourquoi laisser tomber l'idée des fiançailles ? D'une jeune femme à aimer ? Son cœur avait raté un battement, mais fort heureusement, la jeune femme s’intéressait à ce qui se passait autour, et non pas au visage de son cavalier d’un soir. Peut-être y aurait-elle autrement vu passer le fantôme de ce qui ressemblait à un sincère regret. Ça ne sert à rien de fuir l'amour, Ardal. Un léger rire lui échappa, sous la forme d’un soupir. A moitié désabusé, il admira une fois de plus la légèreté et l’optimisme dont faisait preuve la jeune femme. Elle était si entière et si … déconnecté de toutes les responsabilités qui pesaient sur ses épaules, à lui. Me retirer de cette quête aux fiançailles n’est aucunement renoncer à l’amour. Bien au contraire. Cela me donne l’occasion d’y rêver encore un peu. Il se détourna et posa sa flûte, déjà vide, sur un plateau et allait en attraper une pour se donner le courage de continuer … et se la fit dérober par un long et fin monsieur qu’il avait déjà vu auparavant, sans parvenir à… Mais si ce n’est pas l’hériter Ollivander en personne ! Il ouvrit la bouche pour s’enquérir avec politesse de l’identité de son interlocuteur mais n’en eut aucunement le temps. Le sorcier venait de bousculer le malheureux serveur et lui serrait la main avec emphase : Merveilleux, fantastique, moi qui tenais absolument vous rencontrer. Nous nous sommes croisés à la réception donnée par … mais quelle importance ?! Toujours est-il que vous m’avez inspiré pour une partie de ma ligne et j’espérais que vous accepteriez de la porter … Oh, mais vous êtes avec miss Burke !
Ardal dut faire appel à toutes ses manières de gentleman pour ne pas écarquiller les yeux devant cet ouragan de paroles, de motifs, et de couleurs. Il lui semblait effectivement avoir vu ce personnage auparavant – un des créateurs qui exposaient à la soirée, vraisemblablement – mais le monde de la mode lui était tellement étranger qu’il trouvait extrêmement étrange, voire même ridicule que sa personne ait pu inspirer des vêtements. En tous cas, quel que soit le nom de cette personne, il lui devait au moins d’avoir brisé ce moment qui s’annonçait pour le moins gênant. Il sentit une main sur son épaule et leva les yeux vers le sorcier qui parlait de lui comme s’il n’était pas là : Permettez que je l’emprunte ? Ou venez avec nous, je serais ra-vi d’avoir votre avis sur ces pièces, surtout avec le mannequin idéal pour les porter. Mannequin idéal ? On parlait de lui, là ? Il lança un regard profondément perplexe à Eris. Et ne donna pas son avis étant donné que visiblement, on ne le lui demandait pas. |
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| « Me retirer de cette quête aux fiançailles n’est aucunement renoncer à l’amour. Bien au contraire. Cela me donne l’occasion d’y rêver encore un peu. » Ah, à la bonne heure ! Puis, c'est évident que prendre un peu plus de temps pour réfléchir à la jeune femme idéale et pour créer les opportunités de tomber en amour, c'est toujours gagnant. Après tout, elle-même s'est toujours refusée à un mariage imposé -et jamais ses parents n'ont parlé de la lier de force à un héritier d'une autre famille, ni elle, ni ses frères- et elle comprend bien qu'Ardal soit soulagé. Elle s'apprête à renchérir sur les beautés de l'amour romantique, mais rien de moins qu'un des deux créateurs vedettes de la soirée interrompt la conversation pour se pâmer sur Ardal : « Mais si ce n’est pas l’héritier Ollivander en personne ! »
Ah, la surprise ! Il faut s'y attendre, après tout, et ce n'était qu'une question de minutes, avant que l'on vienne les aborder. Un sourire amusé étire les lèvres d'Eris, qui observe le petit manège du créateur de mode, qui s'extasie littéralement sur son compagnon de la soirée : « Merveilleux, fantastique, moi qui tenais absolument vous rencontrer. Nous nous sommes croisés à la réception donnée par … mais quelle importance ?! Toujours est-il que vous m’avez inspiré pour une partie de ma ligne et j’espérais que vous accepteriez de la porter … Oh, mais vous êtes avec miss Burke ! Un sourire plus large, encore, les deux coupes de champagne tintent l'une contre l'autre en une salutation bien habituelle pour les habitués de ces soirées alcoolisées. Permettez que je l’emprunte ? Ou venez avec nous, je serais ra-vi d’avoir votre avis sur ces pièces, surtout avec le mannequin idéal pour les porter. Mais bien sûûûûûr, Daniel ! Ardal est très heureux d'essayer ces pièces, c'est sa première fois dans une soirée de ce genre, et je suis certaine qu'elles lui iront toutes à merveille. » Un rire, partagé, et Ardal est entraîné plus loin dans la pièce jusqu'à un rideau maladroitement accroché qui ne cache rien du tout des mannequins qui se changent sans pudeur, seins et fesses à l'air sous les yeux désintéressés des invités, et un ensemble de vêtements prêts à essayer. Daniel, puisque tel est son nom, confie sa coupe à son assistant avant de se planter devant la sélection de vêtements pour hommes, tournant son visage vers Eris: « Une préférence, pour un premier essai ? La veste Susan in the garden a été un de mes coups de cœur, je serais curieuse de la voir ! La veste est tendue sans douceur à Ardal, sans un regard, évidemment pour qu'il l'enfile. Gardez votre chemise, elle ira très bien avec ça. Et peut-être une ceinture ? J'en ai une ici, en cuir de dragon... Trop chargé, avec le motif végétal et les broderies d'argent. Peut-être du serpent? Plus discret, en effet. » La ceinture est également donnée au Ollivander.
Il ne lui reste qu'à s'habiller et à parader un brin, sous les yeux d'une bonne partie de la diaspora hype du Londres sorcier. Eris retient un fou rire, en voyant l'air interdit d'Ardal. Oh, qu'il n'est pas à l'aise, le jeune héritier ! Et comme c'est hilarant ! « J'espère que tu n'es pas trop pudique. J'ai prévu un pantalon, pour le prochain essai. » Taquinerie, vérité ? Son sourire refuse d'en dire plus. |
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| Ardal savait très bien qu’il ne serait pas dans son monde habituel en acceptant cette invitation. Mais jamais il n’aurait imaginé cette sensation de surréalisme total. Dans quel monde exactement inspirait-il des créateurs qui lui demandaient ensuite de porter ses vêtements ? ça n’avait pas le moindre sens. Et si cela le déconcertait énormément, Eris en revanche semblait être aux anges. Mais bien sûûûûûr, Daniel ! Ardal est très heureux d'essayer ces pièces, c'est sa première fois dans une soirée de ce genre, et je suis certaine qu'elles lui iront toutes à merveille. Donc, effectivement, on ne lui demandait absolument pas son avis. Entraîné backstage, il rassemblait toutes ses manières de gentleman pour devenir la poupée dont ils avaient besoin. Il n’était absolument pas du genre à faire des vagues, bien au contraire. Cependant d’ordinaire on lui demandait de briller par sa conversation, pas par son style, quelle drôle d’idée. Il se retrouva donc au milieu d’une dizaine de personnes en petite tenue. Ne pas rougir, ne pas se ridiculiser. Cela n’avait pas le moindre sens. Une préférence, pour un premier essai ? La veste Susan in the garden a été un de mes coups de cœur, je serais curieuse de la voir ! Encore une fois il n’existait pas et se prit soudainement d’affection pour les mannequins. Les pauvres, leur existence n’avait vraiment rien d’enviable. Finalement, peut-être aurait-il mieux fait de passer sa soirée en tête à tête avec un livre de runes …
Il enfila donc la veste (comment avait-il pu, lui, inspirer une chose pareille à qui que ce soit ? ça n’avait vraiment aucun rapport avec lui, ou il faudrait le lui expliquer). Gardez votre chemise, elle ira très bien avec ça. Et peut-être une ceinture ? J'en ai une ici, en cuir de dragon... Trop chargé, avec le motif végétal et les broderies d'argent. Peut-être du serpent? Plus discret, en effet. Toujours sans un mot, il s’empara de la ceinture, faisant glisser la sienne (simple, sans fioritures) pour la mettre à la place. Il y avait un miroir, un peu plus loin et il manqua de ne pas se reconnaître. Ce n’était pas moche, contrairement à ce qu’il craignait c’était juste … différent, dirons-nous. Il finit par ciller pour reporter son attention sur les deux gourous de la mode qui lui faisaient face : J'espère que tu n'es pas trop pudique. J'ai prévu un pantalon, pour le prochain essai. Tout à fait à l’aise, prononça-t-il de l’air le plus décontracté qu’il avait en réserve. Ne pas bafouiller ni laisser transparaître quoi que ce soit à l’idée qu’Eris, LA Eris le voit en sous-vêtements ? Merci les conseils de Grand-Mère pour rester digne en toutes circonstances … même s’il était vrai qu’ils n’étaient pas allés jusque là dans les scénarii possibles. Paaaaarfait ! Vous êtes magnifiiiiiique ! Et le créateur avait réellement l’air fier de lui. Le poussant vers la salle et vers Eris, il récupéra sa flûte : Allons montrer à tout le monde à quel point vous êtes su-perbe. Grâce à moi, évidemment. Ce devait être un rêve, parce que cela ne pouvait pas vraiment avoir lieu. Alors, pris d’une impulsion, il prit le bras d’Eris avant de se pencher vers elle : Tu crois vraiment que c’est ma couleur ? Certaines nuances de la veste étaient un peu criardes (et en même temps, après tout, il ne portait pas vraiment de couleurs). Allant même plus loin : Peut-être aurais-je une chance de trouver la femme de ma vie, avec le bon relooking ? En tous cas, elle l’avait détaillé, enfin, plutôt sa tenue et il n’était pas sûr qu’elle ait déjà fait ça avant. |
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