――――――-―• Bâtarde •――――-――― Le soleil se couchait lentement en cette fin d'été, formant des reflets chauds et envoûtants dans le ciel bleu. Elle tenait fermement la main de sa mère dont les cheveux blonds vénitiens virevoltaient au gré du vent léger. Elle était belle, debout, au pied de l'immeuble, en train d'observer les alentours. Elle scrutait les visages des passants, visiblement angoissée. Elle tira tout à coup la main de sa fille en lançant un "on y va, Ysi" tout en emmenant la petite fille dans une direction. Elles marchèrent, passèrent devant plusieurs intersections, elles traversèrent un carrefour puis tournèrent au coin d'une énième rue. La petite ne reconnaissait pas vraiment l'endroit, elle n'y avait pas prêté attention son regard plein d'admiration était focalisé sur sa mère. Elle était vraiment belle même avec cet air légèrement apeuré sur le visage. Les deux blondes entrèrent dans un hôtel et Ysolde reconnu où elles étaient grâce à l'odeur qui régnait dans ce lieu. Le Chaudron baveur. Elles allaient dans le monde sorcier, sur le Chemin de Traverse. Ysolde se demanda ce qui pouvait bien effrayer sa mère de la sorte. Le monde sorcier avait toujours été un endroit qu'elle aimait, elle avait toujours le sourire en passant par l'auberge douteuse qui débouchait sur cette allée pleine de boutiques sorcières en tout genre. Ysolde offrit un sourire radieux à la dame de l'accueil tandis que sa mère ne lui accorda qu'un bref signe de tête. L'employée n'insista pas et se contenta de faire un clin d’œil à la petite fille qu'elle avait l'habitude de croiser.
Elles débouchèrent sur le magasins de chaudrons, passèrent devant la librairie Fleury et Bott avant de s'arrêter en face de Gringotts, à l'embranchement du Chemin de Traverse et de l'allée des Embrumes. Leur course folle se stoppa là et elles commencèrent alors à patienter. « Qu'est-ce qu'on attend, maman ? » Elle semblait distraite, observait à nouveau les passants et semblait chercher quelque chose ou quelqu'un du regard. Elle n'entendit même pas la question de sa fille. Celle-ci continuait de porter un regard envieux sur sa mère et commençait seulement à être inquiète de l'attitude de celle qui lui tenait la main. Elle nota que le bleu de ses yeux cachait presque entièrement ses pupilles et ses cheveux tiraient sur le roux avec les reflets du soleil. A cet instant, la poigne de sa mère se fit plus pressante, et suivant son regard, Ysolde vit arriver un homme aux cheveux blond cendré, tirés en une queue de cheval stricte. Il avait les mêmes yeux vert et noisette que la petite. Instinctivement, Ysolde se serra à la hanche de sa mère.
« Je n'ai pas beaucoup de temps à t'accorder. Que veux-tu ? » Ysolde posa ses grands yeux sur cet homme impressionnant. Il lui jeta un vague regard et la jeune fille cru voir un léger sourire se dessiner sur ses lèvres. Ou peut-être l'avait-elle imaginé. « Voici Ysolde. annonça la mère en poussant légèrement sa fille vers cet homme aux vêtements sinistres. J'aurais besoin de ton aide. elle marqua une pause. Pourrais-tu la garder l'espace d'une journée ? Je dois passer un entretien et... » Il leva la main en fermant les yeux comme si les mots qu'elle prononçait étaient insupportables. « Impossible. » Le ton était froid, sans appel. « Octavius, c'est ta fille tout de même. » Les traits de l'homme se durcirent instantanément et son regard semblait pouvoir transpercer la femme qu'il avait devant lui. « Ah oui, c'est vrai, ma fille. Je n'ai jamais voulu d'elle et tu le sais, sorcière ! C'est une erreur et le fait qu'elle porte mon nom en est une aussi. Mon patronyme est tout ce qu'elle obtiendra de moi. » La fillette de huit ans était toujours attachée aux jupes de sa mère, tétanisée par ce grand bonhomme à l'air si sévère. La terreur pouvait se lire dans les yeux de la petite qui avait parfaitement compris la situation. L'homme, son père, resserra sa queue de cheval d'un geste machinal puis posa les yeux sur la petite chose tremblante qui s'accrochait à la taille de sa mère comme un naufragé s'accrocherait à sa bouée. Il afficha un petit sourire timide, semblant changer d'attitude soudainement et s'accroupit devant Ysolde. « Écoute, ma grande, je ne voulais pas être méchant. Je sais que tu es ma fille mais je ne peux pas m'occuper de toi. Tu comprends ? » Incapable de prononcer un mot, la petite hocha la tête avant de se cacher le visage dans le dos de sa maman. L'homme, passa maladroitement une main dans les cheveux blond comme les blés de sa progéniture avant de faire à nouveau face à la mère. « Ne t'avise plus de me contacter. Je pourrais me mettre très en colère, Iphigénie. »

―――――-―• Soigneuse •―――-――― L'aube commençait à peine à pointer que déjà, Ysolde se pressait à la fenêtre de sa chambre pour profiter de l'air frais. Le ciel était légèrement nuageux mais les journées étaient relativement belles à Londres cet an-ci. Avant même qu'elle n'ait eu le temps d'ouvrir les carreaux, un pigeon arriva à vive allure et s'écrasa lourdement contre la vitre. La petite blonde laissa échapper un cri d'horreur en voyant le corps du volatile retomber sur le rebord de la fenêtre. Elle s'empressa de l'ouvrir et vit avec un certain soulagement que l'animal bougeait encore. Sa tête semblait courbée et l'une de ses ailes pliée en un angle douloureux. Elle le prit dans ses mains et posa délicatement l'une d'entre elles au dessus de son aile. Elle resta un moment comme ça, comme pour protéger le membre déjà escamoté mais rapidement, elle sentit une chaleur étrange se former entre sa peau et les plumes de l'être blessé. Lorsque la température sous sa main devint vraiment inquiétante, elle reposa l'oiseau et s'éloigna, légèrement nauséeuse. Le volatile, dont la tête s'était remise d'elle-même bougeait tranquillement son aile tout en roucoulant. Ysolde, qui se sentait de plus en plus mal, prit le temps de s'asseoir le dos contre le mur, sous la fenêtre. L'oiseau, qu'elle avait posé devant elle, s'approcha pour venir frotter sa tête contre la paume de sa main. « Maman ! Est-ce que tu peux venir ? appela la jeune fille. Vite s'il te plait ! » Elle n'avait pas crié, ne souhaitant surtout pas effrayer la créature qu'elle avait sous les yeux. Mais le pigeon n'avait pas bougé, il restait collé à la blonde, assise en tailleur et pâle comme jamais. Lorsque sa mère entra, elle vit aussitôt aux traits de sa fille qu'elle n'allait pas bien. « Viens t'allonger là, Ysi. » Elle s'agenouilla et aida la jeune fille à venir s'étendre sur son lit. Le pigeon, laissé de côté, prit son envol pour venir se poser sur l'épaule de la jolie blonde. D'un accio, Iphigénie Youngpeel fit apparaître un verre d'eau dans sa main qu'elle tendit à Ysolde. « Bois un peu et explique moi ce qu'il s'est passé. » Ysolde, obéissante, avala le verre d'une traite puis expliqua l'épisode du pigeon à sa mère qui l'écouta attentivement. Elle ne l'interrompit pas, à aucun moment et attendit qu'elle ait fini pour prendre la parole. « Est-ce que tu sais ce qu'est un soigneur, ma puce ? la jeune fille secoua la tête. C'est un sorcier ou une sorcière qui a le don de soulager les blessures des autres. » Ysolde parut perplexe un instant, allongée, la tête fermement collée à son oreiller, elle releva les sourcils. « Et comment ça marche ? Je ne sais pas du tout comment j'ai fait tout à l'heure ! » La voix de la jeune Ysolde avait pris des accents aigus de panique. La douce main de sa mère vint caresser ses cheveux blonds, légèrement bouclés. « Ca s'apprend, ça se maîtrise petit à petit. C'est avec ton esprit que ça fonctionne. elle tapota doucement le front de sa fille avec son index pour illustrer ses propos. Ta grand-mère était soigneuse elle aussi. Ça demande beaucoup de concentration. Et il ne faut pas uniquement vouloir soigner, il faut aussi garder en tête ses propres capacités vitales. Tu te sens faible ? Fatiguée ? C'est parce que soigner l'aile de ce pigeon t'a demandé un effort important. Mais tu verras, avec le temps, tu parviendras à faire des miracles. »

Et c'était vrai. Avec beaucoup d'entrainement, Ysolde s'évertuait à soigner tous les animaux qu'elle trouvait. Elle avait même eu une période durant laquelle elle sillonnait les bords des routes les plus fréquentées à proximité de Londres pour y trouver des animaux heurtés par des véhicules. Elle était parvenue à soulager quasiment toutes les créatures qu'elle trouvait, elle s'amusait également à soigner sa mère à la moindre égratignure. Elle ne parvenait pas à se guérir elle-même mais ce n'était pas très grave, tant qu'elle pouvait venir en aide aux autres. A seize ans, elle avait même accompli l'exploit de soigner un homme dont le crâne était fendu, suite à une chute dans les escaliers. Elle avait mis deux jours à se remettre complètement mais elle y était parvenue.

Le Chemin de Traverse, Ysolde s'y rendait souvent avec sa mère. Elles aimaient se balader toutes les deux lorsque le temps le permettait. Cela faisait quelques temps, alors que la situation gouvernementale magique gronde, qu'Iphigénie Youngpeel était inquiète, visiblement travaillée par quelque chose. Elle écrivait des lettres en secret de sa fille, qui l'avait pourtant surprise à plusieurs occasions. Parfois, elle laissait Ysolde dans une boutique du Chemin pour se rendre dans l'Allée des Embrumes. Ysolde était loin d'être dupe, elle savait que sa mère préparait quelque chose, qu'elle était inquiète pour une bonne raison. Assises toutes les deux à la terrasse de Florian Fortarôme, elles dégustaient tranquillement leurs glaces italiennes aux parfums feu de démon et verveine de gnome, lorsqu'il arriva. Il avait le même visage, la même queue de cheval tirée en arrière, le même regard froid. Il avait même la tenue dont se souvenait Ysolde lorsqu'elle l'avait vue la première et dernière fois. Il attrapa Iphigénie par le bras avec violence pour l'emmener à l'écart. Ysolde se leva d'un geste affolé. « Ne te mêle pas de ça, ma grande ! » avait assené Octavius Yaxley en pointant un doigt accusateur vers elle. Sauf que bien entendu, il était hors de question qu'elle reste assise, les bras croisés. Ils furent rapidement tous les trois dans l'Allée des Embrumes, à l'abri des regards. « Lâche moi, Octavius. » Ce qu'il fit. « Je t'ai prévenue, Iphigénie ! Je te l'avais dis devant cette enfant mais tu n'as pas pu t'empêcher de venir me pourrir la vie. Tes lettres étaient supportables mais tes visites... » Il ferma les yeux comme si les mots étaient douloureux. « Laisse moi t'expliquer, il faut que tu m'aides... » « Je me fous de ta détresse ! J'ai perdu patience Iphigénie. » Le mangemort, dont la Marque tatouée était visible sur son avant-bras, leva sa baguette, prêt à l'utiliser. Ysolde ne put s'empêcher de demander d'une voix paniquée : « Maman, que se passe-t-il ? » Les deux adultes semblèrent remarquer la présence de l'adolescente. Yaxley sembla perdre ses moyen en voyant sa fille au regard apeuré. « Ce n'est rien Ysi, nous ne faisons que parler. elle tourna la tête vers l'homme tout de noir vêtu. Octavius, aide moi. J'ai besoin de quitter le pays, Tu-sais-qui sera bientôt au pouvoir et je serai condamnée à mort... Le regard toujours fixé sur sa fille, Yaxley fit signe à Iphigénie de se taire. « Pourquoi viens-tu encore trainer dans mes pattes ? Je ne ferai rien pour toi, même si j'en avais les moyens. J'espère que ta mort sera douloureuse, sorcière. » Sa voix pleine de haine fit frissonner Ysolde. Mais Iphigénie avait déjà attrapé sa baguette pour lancer un sort sur le mangemort qu'elle avait en face d'elle. Mais avant qu'elle n'ait pu prononcer le début de son sortilège, Yaxley avait déjà reporté son attention sur elle et lancé un Avada Kedavra plein de colère en voyant qu'une sang-mêlée avait osé lever sa baguette contre lui.
Le corps d'Iphigénie tomba en silence sur les pavés tandis qu'Ysolde ne mit qu'une seconde pour accourir auprès de sa mère. Elle ne prit pas le temps de verser de larmes, elle posa aussitôt ses mains de part et d'autre du corps inanimé de sa maman. Elle se concentra, encore et encore, laissant Octavius Yaxley partir impunément. Elle usa ses forces, se vida de son énergie et commença, sans s'en rendre compte, à perdre la tête. Il fallut une bonne demie heure avant qu'une femme rondouillarde ne tombe sur les deux femmes aux cheveux blond comme les blés. L'une morte, les yeux grands ouverts, fixés vers le néant, l'autre pleurant des larmes sèches en répétant inlassablement : « Je vais te sauver. Je sais que tu n'es pas morte, tes yeux sont ouverts, tu vis encore. Je vais te sauver. Je vais te sauver. »

―――-―• Diplomée •――-―― Juin 1998, elle avait un sourire accroché aux lèvres bien que la bonne humeur ne fut pas vraiment là. Poudlard détruite, une bataille sanglante y avait eu lieu tandis qu'Ysolde s'était terrée dans la Grande Salle. D'abord dans l'optique de se cacher, la Serdaigle avait rapidement changé ses plans et avait commencé à soigner les blessés qui entraient au fur et à mesure qu'ils étaient amenés. Certains étaient au bord de l'agonie, alors elle se posait à côté d'eux, tentant de les rassurer tant bien que mal, puis elle faisait son truc de soigneuse. Elle avait réussi à sauver les cinq personnes qu'elle avait approchées ce soir là mais dès le sixième blessé, elle avait déjà épuisé toutes ses forces et fut ainsi inutile pour le restant de cette soirée sanglante.

Pourtant le mois suivant, Ysolde Yaxley recevait cette lettre, dont elle avait presque oublié l'existence.


Elle reposa la lettre lentement, ne sachant comment réagir. Elle avait imaginé ce moment tant de fois, se voyant fêter cet évènement avec sa mère, autour d'une glace de Florian Fortârome. Sauf qu'elle était là, seule dans cet appartement où elle avait également grandi. La lettre posée sur ses genoux, elle ne sut s'il fallait se réjouir ou en pleurer. Elle resta là un moment, ne sachant comment réagir. Finalement, elle serra la lettre contre son cœur, tout en murmurant : « J'espère que tu es fière de moi, de là où tu es. »

La semaine suivante, elle était assise dans un fauteuil inconfortable, dans une pièce aux murs blancs et à l'aspect incroyablement impersonnel. La porte s'ouvrit et Ysolde prit sur elle pour ne pas se retourner d'impatience. « Me voilà, miss Yaxley. Commençons. » La jeune femme hocha la tête avec précipitation. Les deux femmes s'entretinrent pendant de longues minutes, la vie d'Ysolde fut passée au peigne fin. Son enfance, sa capacité à soigner les autres, son éducation à Poudlard. Et soudain, la recruteuse, une femme relativement jeune avec les cheveux châtains noué en un chignon maladroit. Elle retira ses lunettes et prit le temps de les replier avant de reprendre la parole. « Très bien Ysolde, je pense que nous en avons terminé. Je vous retrouve lundi, dans le service des empoisonnements par plantes et potions ? » La jolie blonde fut prise au dépourvu, elle se contenta à nouveau de hocher la tête en ajoutant précipitamment : « Oui madame. »

――――――-―• Hors-la-loi •――――-――― Plus l'hiver progressait, plus la nuit tombait rapidement. Le matin, lorsqu'Ysolde partait de chez elle, elle pouvait voir de légères volutes de buée se former depuis sa bouche, ce qui se produisait également le soir. La neige n'avait pas encore fait son apparition et la jeune Yaxley commençait à désespérer de ne voir aucun flocon tomber, elle qui n'appréciait l'hiver que pour le grand manteau blanc qu'il apportait d'ordinaire. En cette froide soirée de novembre, Ysolde prenait le chemin habituel pour rentrer chez elle après une journée passée à Sainte Mangouste. Elle n'avait pu se résoudre à laisser l'appartement dans lequel elle avait grandi. Depuis le décès de sa mère, elle en était devenue la seule et unique propriétaire. Alors tous les soirs, elle retrouvait ses murs qui l'avaient vu grandir, elle s'enfermait dans une solitude pesante. Elle empruntait toujours le même chemin, passait par les mêmes trottoirs, tournait aux mêmes angles.
Elle ne s'attendit absolument pas à tomber sur un jeune homme à l'intersection d'une petite ruelle et de la route principale qu'elle prenait d'ordinaire. « S'il vous plait, j'ai besoin d'aide. » Il était assis, adossé au mur, se tenant fermement le ventre. Sans hésiter, Ysolde s'engouffra dans la petite allée mal éclairée. « Je sais qui vous êtes, Spencer m'a parlé de vous. Il faut que vous m'aidiez, je suis blessé... » Elle le regarda incrédule avant de faire le rapprochement. Spencer. Insurgé. Blessé. Est-ce qu'elle allait vraiment venir en aide à cet homme ? La question ne resta pas longtemps en suspend dans son esprit. Elle avait déjà relevé ses cheveux en une queue de cheval maladroite et retroussé les manches de son manteau. « Je vais vous soigner mais je ne veux absolument rien savoir sur qui vous êtes, ni sur ce qui a causé votre blessure. Ne parlez pas et essayez de rester tranquille. Maintenant, montrez moi. » Il releva son pull puis son tee-shirt pour la laisser voir ce qui lui causait tant de souffrances. C'était une sale blessure, assez profonde mais elle semblait relativement propre. Ysolde ferma les yeux en suspendant ses mains glacées au dessus du ventre du jeune homme. Après plusieurs minutes, Ysolde sentit que la blessure s'était réduite. Elle sentit également ses forces la quitter et bientôt, elle eut la tête lourde et des étourdissements. Le jeune homme resta bouche bée devant ce que la jolie blonde venait d'accomplir. Il remit son tee-shirt puis son pull tandis qu'Ysolde prenait place à côté de lui, contre le mur, pour reprendre ses esprits. « Merci, je vous en dois une. » Elle ne répondit pas, afficha un faible sourire tandis que la pâleur envahissait son visage. « Est-ce que ça va ? » demanda l'insurgé. Elle se contenta de hocher la tête. « Ne vous en faites pas pour moi, ça va aller. Vous feriez surement mieux de filer. » Il hésita un moment mais Ysolde insista, lui faisant signe de la main de déguerpir. Il avait fini par entendre raison et se dirigeait vers la sortie de la ruelle lorsqu'ils apparurent. Ils étaient trois et bouchaient complètement l'intersection. Vêtus de leurs habituelles capes noirs, baguettes en main prêtes à être utilisées. Le jeune insurgé eut le temps de transplaner en laissant Ysolde assise par terre. Lorsqu'elle les vit approcher, elle fit de même et se retrouva directement dans la salle d'attente de Sainte-Mangouste. Aussitôt, elle se mit à courir entre les patients, les soignants et le matériel stationné dans les couloirs. Les mangemorts avaient réussi à suivre sa trace de transplanage et lui couraient désormais après.

Les mots se bousculaient dans la tête de la jeune Yaxley qui continuait, malgré sa faiblesse, de courir. Hors-la-loi, criminelle, voilà ce qu'elle était devenue en soignant ce jeune homme tout à l'heure. Le seul réconfort qu'elle trouvait à la situation était de savoir qu'il était parvenu à s'échapper malgré tout. Elle continua de zigzaguer dans les longs couloirs de l'hôpital. Elle eut le malheur de heurter un chariot rempli de potions et perdit l'équilibre. Elle tomba au sol et ne tenta même pas de se relever, trop faible pour cela. Elle plongea rapidement dans un noir total tandis que des bras commencèrent à l'emmener.

――――――-―• Rebut •――――-――― La pièce était froide et elle sentait l'humidité. Octavius Yaxley avait pourtant assuré à sa fille que cette solution était bien meilleure que la prison d'Azkaban mais Ysolde commençait à en douter. Elle attendait son tour depuis des heures, voyant les condamnés quitter la pièce un à un. Yaxley, forcément dans l'ordre alphabétique ça n'était pas arrangeant. Ces dernières semaines avaient été les plus dures, physiquement et moralement, que Ysolde avait connu. Un entrainement intensif pour tester les capacités de chacun des futurs rebuts, des quantités de nourriture et de boisson restreintes, peu d'hygiène corporelle et ce répertoire infernal qu'elle avait dû passer. Relevé des empruntes, des cheveux, des ongles, photographies couleurs, noir et blanc, suppression de la baguette et de tout objet magique, mesure des mensurations... Un passage au crible de la personne qu'était Ysolde Yaxley. Son père l'avait vue avant qu'elle ne soit enfermée mais il n'était pas revenu depuis, il lui avait fait l'immense faveur de lui éviter Azkaban, il ne pouvait décemment pas faire plus.

« Ysolde Romilda Yaxley ? » La blonde approuva d'un signe de tête tandis que la femme en uniforme la prenait par le bras pour l'emmener vers la salle des ventes. Lorsqu'elle y entra, Ysolde fut éblouie par la lumière qui régnait dans la pièce, elle mit un temps à s'habituer et vit flou pendant plusieurs minutes. Un bâton vint s'abattre dans le dos de la jeune femme à laquelle on demandait de décliner son identité depuis un moment. Le cri résonna dans toute la pièce sous le regard inexpressif des sorciers venus faire leurs achats. « Ysolde Yaxley. Fille d'Iphigénie Youngpeel et d'Octavius Yaxley. » un murmure se fit entendre depuis l'élite conviée à cette vente. La jeune femme continua malgré tout sa déclinaison, imperturbable. Elle énuméra son niveau scolaire, ses crimes contre le gouvernement. Et vint alors l'annonce de son utilité potentielle. « Dons de soigneur maîtrisés. » Un nouveau chuchotement s'éleva de cette foule de sorciers distingués tandis que les enchères furent lancées. Le prix augmenta rapidement si bien que Ysolde ne parvint pas à suivre qui enchérissait. Soudain, alors que le prix était arrivé à 800 gallions, une voix féminine coupa toutes les autres et mit fin au vacarme qui envahissait alors la pièce. « J'en propose 1000 gallions. » Quelques têtes se tournèrent, étonnées, vers cette femme, qu'Ysolde reconnut aussitôt. Siwan Ollivander. Elle était en train de l'acheter pour 1000 gallions. C'était une somme folle qu'Ysolde n'avais jamais eu en sa possession. Les enchères se terminèrent là, plus aucun sorcier n'osa renchérir. 1000 gallions c'était énorme pour un rebut, même pour la fille de Yaxley.

Ysolde eut droit au tatouage, douloureux, sur le dos de la main mais tout ce à quoi elle pensait, c'était le soulagement qu'elle éprouvait de se retrouver chez les Ollivander. Siwan, devenue son amie après avoir été sa marraine chez les Serdaigle, elle avait eu la bonté de dépenser de l'argent pour l'acheter. Son soulagement fut toutefois de courte durée. L'arrivée chez les Ollivander fut mouvementée, teintée de reproches envers Siwan qui avait commis là une erreur, selon sa famille. Ysolde fit ce qu'elle put pour ne pas écouter aux portes mais les cris de la maîtresse de foyer furent trop bruyants pour qu'elle puisse les ignorer. Lorsque Siwan se montra à nouveau, elle avait un air grave, sans compassion ni aucune trace de tendresse. Certes, elle n'avait jamais été très démonstrative mais Ysolde commença à comprendre que devenir la rebut de Siwan n'était pas tout à fait dû à un acte de bonne foi. Les mots résonnèrent longtemps dans la tête de la jeune Yaxley après que sa propriétaire les ait prononcés. « Je ne t'ai pas achetée par amitié. (...) Ne crois pas que nous soyons amies. » La déception fit l'effet d'une claque à la blondinette. Prendre les repas dans la cuisine, dormir dans une chambre isolée du monde. Pourtant, si Ysolde fut attristée par l'attitude de Siwan, la gratitude est là. Elle aurait pu se retrouver dans une famille bien moins agréable, ne pas avoir de repas du tout, ni même de chambre. Lorsque la descendante des Ollivander eut terminé d'énoncer règle après règle, elle se contenta de tourner les talons pour partir. Malgré tout, Ysolde s'empressa de lui dire : « Bien madame. Et merci, je ferai tout pour ne pas vous décevoir. » Siwan s'arrêta, sembla sur le point de se retourner mais finalement, elle reprit sa route d'un pas déterminé, laissant sa rebut dégoulinante de reconnaissance sur place.