❝ Kidulthood to Adulthood ❞Vie adulte
  Survenue dans la continuité du mariage, la naissance d'Adonis fut une bénédiction. Clyde détenait l'avantage sur son frère d'avoir engendré l'unique héritier des Avery. De son avis, Owen était de toute façon incapable de donner naissance à un enfant viable à cause de sa folie. Il était par ailleurs bien mieux pour tout le monde qu'il ne devienne jamais père. La paternité du cadet arriva alors qu'il était encore à Poudlard, ce qui semblait bien tôt. Mais qu'importe, le jeune homme ne comptait pas pour autant se détourner de ses activités habituelles. C'était à sa femme de s'occuper de leur enfant, qui n'était pour lui qu'un trophée et n'avait pas d'autre importance à ses yeux. À 17 ans, il n'avait absolument pas la fibre paternelle, ni celle du mariage par ailleurs. Il ne pouvait hélas plus se permettre de séduire des filles – pas de façon ostentatoire en tout cas – mais avait d'autres ambitions. Cette arrivée soudaine dans la vie adulte l'avait poussé à travailler pour obtenir ses ASPIC. Même s'il se savait assuré d'avoir un travail, sa fierté était suffisamment forte pour ne pas accepter le moindre échec.

Diplôme en poche, il fut, grâce à son nom et aux relations de sa famille, aisément pistonné pour intégrer un poste au Ministère de la Magie. De fil en aiguille, il gravit assez rapidement les échelons pour devenir enfin langue de plomb à l'âge de 22 ans. L'âge où l'on devient mangemort. Mais Clyde, contrairement à la destinée de sa famille, ne voulait pas porter la marque. Cette décision semblait malvenue dans la mesure où Owen le battait sur ce tableau, mais son dessein n'était pas d'être aux ordres de quelqu'un. Il refusait d'être le chien de Voldemort, ce qu'il voulait, c'était prendre sa place.

À la maison, Clyde n'était pas un père des plus aimants. Il lui arrivait parfois de lever la main, ou plutôt la baguette sur son fils durant ses accès de colère. Admiré à l'extérieur, il devenait cruel au sein du foyer. Seules les apparences comptaient à ses yeux : il fallait que tout ait l'air parfait, qu'il s'agît de son travail ou de sa famille. Sa réputation était primordiale. Alors, il s'efforçait d'être en public un homme avenant, souriant, charmeur. Mais toutes les tensions qu'il accumulait à ce moment et qu'il refusait de laisser transparaître ressortaient une fois dans l'intimité de son foyer. C'était à ce moment critique qu'il se transformait en monstre. S'il n'osait toucher Felicia, trop forte et caractérielle pour se laisser faire, il se défoulait sur son innocent fils à la place, malgré les protestations de sa femme. Il n'était pas rare que les sorts fusent entre les deux mariés, mais Clyde était un bon duelliste. Un jour toutefois, il alla trop loin en lançant un doloris sur Adonis. L'enfant tomba dans le coma, et ce fut après une longue et douloureuse attente qu'il rouvrit enfin les yeux… avec une partie de sa mémoire effacée. Depuis ce jour, son père n'osa plus jamais le toucher. Il restait colérique, mais se défoulait sur autre chose. Sur son elfe de maison par exemple, puis plus tard, sur sa rebut. En revanche, Felicia et lui se montraient extrêmement stricts dans l'éducation de leur enfant. Il devait être parfait, comme eux l'était également, du moins en public.

Les relations entre Clyde et sa femme étaient houleuses, les deux étant aussi têtus et déterminés l'un que l'autre. Toutefois, au fil des années, ils avaient fini par s'habituer l'un à l'autre. Felicia n'était pas sans savoir que son mari était un séducteur, car s'il s'efforçait d'être l'époux idéal en public, il ne se cachait pas devant sa femme, sachant très bien qu'elle serait trop digne pour en parler à quiconque. Mais la jeune femme ne mit pas longtemps à le faire payer pour ses frasques, ce qui n'était finalement pas pour déplaire à son mari. Le fait qu'elle lui échappât ne la rendait que plus attirante à ses yeux, et quand elle portait son attention sur lui, même si c'était pour le punir, il adorait ça. Ces pratiques devinrent par la suite une sorte de jeu entre eux, Felicia allant même jusqu'à lui présenter des jeunes femmes uniquement pour le voir céder à la tentation. Malgré ses infidélités, Clyde était amoureux de sa femme, sans aucun doute. Elle était la seule qui trouvait véritablement grâce à ses yeux, la seule qu'il respectait.

Après des années passées au département du Mystères, dans lequel il s'épanouissait, le jeune homme obtint enfin une promotion et fut nommé directeur adjoint du département. Il accueillit cette montée en grade avec une certaine fierté. Il était à présent devenu un homme des plus respectables, avec une femme magnifique, un fils intelligent marchant sur ses traces et une place prisée. Il coiffait ainsi au poteau son frère tant haï. Hélas, il ne se sentait pas complètement satisfait pour autant. La simple vision d'Owen lui donnait la nausée. Il rêvait de le voir interné, ou mort. Mais il était bien trop lâche pour lever la main sur lui, et n'avait par ailleurs aucune envie de terminer à Azkaban avec un frère mort en héros. C'était une équation impossible à résoudre, et son seul moyen de prendre sa revanche était de faire continuellement mieux que lui. Après quelques années dans son poste, Clyde espérait prendre la direction du département. Malheureusement, Augustus Rookwood semble lui aussi increvable, et notre héros n'est aujourd'hui qu'un monument de frustration.