☇ Avis sur la situation actuelle ; Peur. Terreur. Effroi. Horreur. Rolf a peur et n'a (presque) pas honte de le dire. Il a peur pour sa peau, il a peur pour sa vie, il a peur pour tout ce qu'il était destiné à construire et à prouver dans ce monde. Rolf a juste peur et il s'est enfui sans aucune forme de pitié pour les autres; rien ne le retenait, rien ne l'a empêché de partir sauf peut-être l'impression étrange de trahir une part de lui-même, et l'impression d'abandonner derrière soi un confort idéal. Mais maintenant... avec tout ce qu'il s'est passé, quand il voit les conséquences des actes de ces idiots d'insurgés, il se félicite de ne pas être resté. Avec sa chance, il aurait été vu comme un complice de cette résistance de gamin et il aurait été exécuté... Enfin. Il a fui. Maintenant, il est plus ou moins dans le même bateau que les autres même si son objectif n'est pas de se battre, mais de s'enfuir là où personne ne le trouvera jamais: dans les bras de sa famille en Allemagne, si Dieu veut. Ce qui se passe autrement ne l'importe guère. Le monde pourrait bien s'écrouler qu'il s'en ficherait, du moment que lui serait en vie. C'est d'aillleurs ce qui est en train d'arriver, non?

Malgré tout, Rolf n'est pas le garçon le plus neutre qui soit. Pour peu qu'on lui graisse la patte ou qu'on l'aide, d'une quelconque manière que ce soit, il est prêt à vendre ses bras et sa tête aux insurgés tout comme au Gouvernement, du moment qu'on ne met pas en péril sa sécurité, sa liberté, son intégrité et sa santé. Des règles simples. Il est prêt à se sâlir les mains pour un camp comme pour l'autre, tant que la chose lui est bénéfique. Il est prêt à tout.

☇ Infos complémentaires ;Il aurait été beau, si ses yeux derrière les lunettes qu'il porte parfois n'avaient pas été si vides, si indescriptiblement et artistiquement indifférents. • Non, soyons sérieux: il est charmant. Son sourire a quelque chose de timide et de tendre. Il est un peu difficile à cerner, tantôt sympathique et avenant, tantôt bourru et brusque. Un ourson et un grizzli à la fois, disait gentiment sa grand-mère. • Des maux de tête à se scinder la tête en deux. Des grimaces de douleur gênantes. Des moments d'absence trop longs. Même s'il le maîtrise d'une main de fer, son don fait parfois (souvent) des siennes. • Il connait un monde le monde moldu, même s'il a évolué dans la sphère très élitiste et très détachée du monde des sang-purs. Il a travaillé, pendant un temps, au Département des Catastrophes Magiques en tant qu'apprenti Oubliator, donc le monde des cracmols et leurs confrères ne lui fait pas peur et il a fini par s'y habituer. A dire vrai, ils le passionnent. • On le voit rarement sans son pygurey, un hybride sorcier d'un augurey et d'un pygargue à queue blanche. Oiseau imposant (envergure de deux mètre vingt, haut de quatre-vingt centimètres) et toujours grognon, il ne semble s'entendre qu'avec Rolf. Les augurey sont les phénix irlandais de mauvais augure, d'apparence lugubre, ressemblant à des vautour vert foncé. Jadis considérés comme présages de mort, leurs cris révèlent en fait l'approche de la pluie. Erlkönig est donc un gros messager un peu inutile et désagréable mais Rolf l'adore. • Même s'il prétend qu'il ne l'a utilisé que pour parfaire sa maîtrise de son don, à la vérité, Rolf a surtout utilisé son retourneur de temps pour... faire tout un tas de trucs plus ou moins illégaux. Embrasser des filles, tuer des gens, casser des gueules; bref. Un jeune dieu lâché dans la nature. • Même s'il prétend le contraire juste pour déranger son grand-père, il est passionné par les animaux sauvages, les oiseaux de proie tout particulièrement. • Il n'est en fuite que depuis très peu de temps, deux mois tout au plus: il a pris la route peu avant l'exécution publique quand il a été approché par le Ministère pour collaborer à cause de son don. • Il a été soumis une fois au sortilège Doloris, lorsqu'il avait quatre ans, et c'est ça qui a déclenché son don. C'est aussi ça qui a provoqué un coma chez lui, suite à un traumatisme crânien, qui a duré trois jours. Il prétend qu'il ne s'en souvient pas. • Rolf est secrètement très supersitieux. • Autour de son cou, il porte sur le même collier les alliances de ses parents ainsi qu'une petite montre à gousset qui ne fonctionne plus. Par mécanisme, il lui arrive de les caresser du pouce. • Il a un jour fait partie de l'équipe des Serpentard à Poudlard, à la surprise générale. Il était très bon mais aussi très violent: ses Cognards étaient souvent hors-jeu et injustes. Il a été viré de l'équipe le jour où il s'est tellement énervé contre un adversaire qu'il n'a pas pris la peine de taper dans le Cognard donner un coup à la tête de son adversaire — avec la batte bien entendu. C'est l'influence de son grand-père qui est parvenue à le garder à Poudlard. • C'était un étudiant renfermé, nerveux, absent et désagréable. Il n'avait pas beaucoup d'amis — ils se comptaient sur les doigts d'une main, à peine. Ses BUSEs ont eu des résultats catastrophiques mais ses ASPICs étaient juste... excellents. Il a utilisé le Retourneur de Temps pour tricher. • Sa répartition à Poudlard en a étonné plus d'un, les Scamander étant réputés pour toujours se retrouver à Poufsouffle... et puis ses camarades ont appris à le connaître. Un peu. • D'apparence calme et sereine, Rolf est une bombe à retardement frustré par de nombreuses choses dans sa vie, à commencer par sa lâcheté et sa relation impossible avec son grand-père. • Il ne se souvient presque pas de ses parents. Il n'en parle jamais. • Il a les mains calleuses, recouvertes de cicatrices plus ou moins récentes, dues aux coups de bec d'Erlkönig mais c'est une douleur famillière, réconfortante. • Étonnament, vu son caractère et sa manière d'agir, il s'intéresse beaucoup aux autres et peut les écouter parler pendant des heures tant qu'ils ne le noient pas d'émotions terribles. Ceci dit, il perd vite patience quand la personne en face ne l'intéresse pas. • C'EST UN BÉBÉ AU FOND.

❝ Nothing compares to you ❞Deux mots sur l'IRL
Appelez-moi lola. J'ai 18, je viens de paris, mais je suis en écosse et j'ai connu le forum via wohlala je sais plus mais on m'a gentiment redonné le chemin pour revenir . Si tout va bien vous me verrez connecté(e) 4 jours sur 7. Je veux bénéficier de l'aide d'un parrain ou d'une marraine : [X] oui SIVOUPLÉ.   / [] non. Pour les scénarii uniquement : j'ai l'aval du créateur concernant ma fiche [[CRI DE PTÉRODACTYLE] ] oui / [] non. Un dernier mot ? VIII.  

there was a new voice which you slowly recognized as your own, that kept you company as you strode deeper and deeper into the world, determined to do the only thing you could do -- determined to save the only life you could save

OURS IS THE FURYTHE ARK — 10 YEARS OLD

The Ark était une belle maison. C'était la première chose que l'on disait en la voyant: c'était une très belle, très charmante, très mignonne maison. Elle était cachée aux yeux de tous, timidement dissimulée par des charmes autant destinés aux moldus qu'aux sorciers: les Scamander ne voulaient qu'une chose, la paix. Maison secondaire bien entretenue, une serre dépassait de la terasse du premier étage, un tapis de lierre s'accrochait au mur est, un petit jardin faisait pousser des plantes extravagantes et un enclos gardait des animaux... indescriptibles, mais qui semblaient heureux.

The Ark, indiquait la panneau à l'orée du bois qui entourait le chemin de terre menant jusqu'à la maison. The Ark, disait fièrement Newt en montrant sa résidence d'un ample mouvement de bras. The Ark, s'amusait Porpentina en roulant des yeux, en désignant le petit vivarium de quelques mètres carrés qui leur tenait lieu de cave. The Ark, grognait Rolf, qui n'avait jamais connu que ça et qui rêvait d'ailleurs.

Les hauteurs lui plaisaient. La solitude le rassurait. Il aurait mieux aimé être un rapace qu'un garçon. Bird-boned boy, riait Ma en lui ébouriffant les cheveux. Il ne disait rien. Il ne parlait pas beaucoup. Parler lui faisait du mal. Là, à la gorge, et aussi là, juste derrière les yeux. Il préférait la regarder sans rien dire, ce démon de garçon, jusqu'à ce que sa main se détache de son crâne et jusqu'à ce qu'on le laisse seul.

“ Rolf? Roooolf? ” Rolf leva les yeux de son livre pour regarder le sol, en bas, si loin et encore trop proche. Son grand-père, avec ses grosses bottes et sa casquette, le cherchait dans les fourrés comme on aurait cherché un animal sauvage: avec retenue et peur, curiosité et appréhension. De petits coups de baguette magique, il faisait se plier broussailles et hautes herbes en espérant l'y trouver, sans lever le nez vers le nid de Rolf. Celui-ci glissa lentement son livre dans son dos, le faisant tenir par l'élastique de son pantalon, pour mieux se pencher en avant en se tenant à la branche sur laquelle il était perché.

“ Allons, mon garçon! ” Rolf reconnut aussitôt tous les symptômes... et les émotions qui agitaient son grand-père. Il y avait une sorte de honte dans son aura, quelque chose comme de la curiosité et de la lassitude. Rolf se sentit lui-même très mélancolique et se surprit à soupirer légèrement en regardant son grand-père se détourner, comme toujours, pour mener ses recherches plus loin. À tous les coups, Porpentina lui avait dit de passer du temps avec son petit-fils et il s'exécutait par obligation et non par intérêt. Soupirant de nouveau, l'humeur nostalgique incompréhensible de Newt devenant lentement la sienne, Rolf se redressa pour se remettre confortablement dans son petit nid... mais la branche craqua sous la tension et il tomba lourdement de son perchoir.

La douleur était terrible et il hurla.

La panique s'y mêla — celle de Newt ou la sienne, il ne savait pas très bien. Son bras tordu lui faisait atrocement mal. L'impression de n'être qu'un fardeau pour son grand-père aussi. “ Oh, Rolf, par Merlin, mais qu'est-ce que tu- - ” Newt s'interrompit pour prendre son petit-fils dans ses bras. “ On n'a pas idée de se percher si haut comme un oiseau! ” grogna-t-il et Rolf ne sut jamais si c'était de colère contre lui ou envers lui-même, et il sombra dans l'inconscience avant d'avoir pu analyser l'émotion.

__

Il se réveille des heures plus tard — trois éternités, à ses yeux — et sa tête lui fait mal, son bras encore plus. Il y a Newt qui dort sur la fauteuil à côté de son lit, un livre sur les genoux. Rolf a envie de le jeter parterre et de le brûler. “ Newt? ” appelle-t-il doucement et son grand-père ne bouge pas alors il n'insiste pas. Avec une grimace, Rolf se redresse. Le soleil se couche derrière l'horizon. La pluie a laissé des patterns incompréhensibles sur la fenêtre. Il y a un verre de lait sur la table de nuit mais Rolf déteste le lait. Porpentina a fait des cookies et il sent le chocolat jusqu'ici. Le livre que Newt lit est celui qu'il avait dans son pantalon en tombant. Rolf tend le bras pour l'attraper et en déchirer chaque page. Il n'aime pas quand on touche ses affaires.

Le livre s'enflamme.

Newt sursaute en se redressant, jure, jette le livre parterre, sort sa baguette, le feu s'éteint. “ C'est toi qui a fait ça? ” rage-t-il, en secouant ses mains brûlées. “ Rolf. ROLF! RÉPONDS MOI, MON GARÇON, C'EST TOI QUI AS FAIT ÇA? ” Il l'a empoigné par le col, maintenant, et son visage est à deux centimètres du sien.

Rolf le regarde avec la même sauvagerie rebelle que son père avant lui: une sauvagerie affable, agaçante, terrible. Deux prunelles bleu acier dénuées de tout, prétend-t-il. Dans son coeur, quelque chose comme de la colère explose.

“ Non. ”

Le visage de Newt se déforme d'une grimace mais Ma entre avant qu'il n'ait le temps de dire quoique ce soit. Elle se précipite vers eux. “ Par Merlin, Newt, qu'est-ce que tu es en train de faire? ”

Newt se détache brusquement, se redresse, époussète son pantalon. Ma prend le visage de Rolf dans ses mains pour vérifier qu'il n'a rien. Rolf regarde toujours son grand-père, impressionnant dans son costume en tweed, l'air de sortir d'un autre siècle, d'un autre temps, d'une autre dimension. Il est grand et impressionnant malgré son âge, ses yeux trop clair le transperçant de part et d'autre et pendant un instant, Rolf regrette de ne pas plus lui ressembler: il est blond aux yeux bleus et poupin et angélique là où Newt a la peau olivâtre et les yeux verts, des yeux d'un vert si étincelant qu'on dirait qu'ils sont sauvages, ceux d'une panthère plutôt que d'un homme. Il est petit mais trapu, froid mais respectable et il y a quelque chose comme une guerre dans son regard.

“ Tu le couves trop, Porpentina, ” crache-t-il en sortant de la pièce.

TEN THOUSAND HOURSST MUNGO'S — 24 YEARS OLD

Il joue à la radio une chanson que Rolf a déjà entendu quelque part. Il ferme les yeux en se laissant bercer. C'est un vieux morceau, pense-t-il, avec une voix grave et rocailleuse et quelque chose comme un instrument à vent derrière. C'est beau. C'est juste beau et les notes l'enveloppent et le bercent mieux que tous les mots du monde.

“ Monsieur Scamander? ” Ses yeux s'ouvrent pour se braquer sur l'infirmière qui, gênée, reste sur le pas de la porte. Lentement, comme s'il était un ancêtre, un être immortel accablé de soucis de et de souvenirs, il déplie tous ses membres pour s'asseoir au bout de son lit. “ Oui? ” sa voix est différente d'avant. Plus grave. Plus gutturale. Il ne l'a pas utilisée depuis longtemps, lui semble-t-il. Rolf aime le silence; il l'utilise autant comme une armure que comme une arme. “ Madame Scamander voudrait vous voir. Peut-elle- - — Introduisez-la, ” soupire Rolf en se levant, s'étirant lentement tandis que la petite femme réplette disparaît derrière la porte.

Il fait le tour du lit toujours en s'étirant, avant d'aller s'installer près de la fenêtre par laquelle il regarde la Londres moldue qui s'agite et qui se réveille et qui vit. La radio n'a pas fini de jouer et il sifflote avec, pensivement, machinalement. Il n'a pas besoin de se retourner pour sentir Ma rentrer dans la chambre — soulagement, impatience, amour, amour, amour, ressent-elle. Trop d'amour, peut-être. “ Oh, Rolf, tu as maigri, ” est la première chose qu'elle dit en s'approchant pour le serrer brièvement dans ses bras quand il se retourne enfin. Elle est plus ridée que dans son souvenir. La dernière fois qu'il l'a vue, il y a quatre mois, elle essayait de ne pas pleurer et il décide qu'elle est plus jolie quand elle sourit.

Alors il sourit aussi.

Il dépose un baiser sur sa joue. “ Tu m'as manqué, Ma ” et tout d'un coup, lui-même se retrouve au bord des larmes et il ne l'explique pas. Il la serre contre son corps, un géant étreignant sa marraine la fée, avec force et désespoir. Porpentina ne sait pas quoi faire de tout cet amour.

__

Ils discutent pendant des heures. Porpentina ne l'a jamais entendu parler autant, avec autant de bonne humeur. Elle ne l'a jamais vu aussi fatigué aussi, et aussi vieux. Oh, son pauvre garçon — vingt-quatre ans et il en paraît presque trente, avec ses tempes un peu grises et les poches ridées sous ses yeux. Oh, son pauvre garçon — il était si beau, si beau, si beau. Elle a envie de le serrer contre lui jusqu'à ce qu'il oublie toute la misère du monde.

Le soleil commence à se coucher et bientôt, elle devra partir.

“ Rolf? ” murmure-t-elle finalement, quand le silence s'installe, leurs tasses de thé vides et abandonnés, leurs biscuits que des miettes sur la petite table. Il lève les yeux vers elle. “ Quelque chose ne va pas, Ma? ” demande-t-il doucement et elle comprend ce qui est véritablement différent: il n'a pas l'air perturbé, ou vide. Il a juste l'air serein et ça, plus que tout, ça la dérange. Rolf n'est jamais serein. Elle le sait mieux que personne. “ Pourquoi? ” Il sourit tristement et en cet instant précis, il lui rappelle tant Newt que son coeur fait un bond dans sa poitrine. “ Je le devais, ” répond-t-il, énigmatique. “ Mais... pourquoi. Tu savais les risques, n'est-ce pas? ” Il reste silencieux. “ Rolf... Rolf! Pourquoi? ” elle crie, maintenant, et ne sait pas s'arrêter. “ Je me suis fait un sang d'encre pour toi! Newt s'est fait un sang d'encre pour toi! Comment... comment as-tu pu nous faire ça? ”

Rolf reste silencieux et la regarde d'un air interdit. Il n'y a ni colère (étonnant), ni tristesse (rassurant), ni excuse (enrageant) sur son visage. Il n'y a qu'un calme affable effarant. “ Oh, mon petit Rolf, qu'as-tu fait? ”

Il s'autorise un sourire. “ J'ai retourné le temps et je serai allé plus loin si vous ne m'aviez pas arrêté. ”

BAM.

Les infirmières arrivent avant qu'elle ne parvienne à lui lancer un autre livre au visage.

WHO IS IN CONTROL?THE ARK — 16 YEARS OLD

Et qu'est-ce qu'il en sait? Hein? Qu'est-ce qu'il en sait? Rien. Il sait rien. RIEN! R I E N! Il est rien, il pense rien, il ressent rien, il comprend rien, il sait rien il sait rien il sait rien alors comment ose-t-il le toucher le regarder essayer de le rassurer faire semblant de l'aimer? Hein? Comment ose-t-il? Il n'a pas le droit, il n'est pas son père, il n'est rien mais le pire, oh le pire, c'est que lui n'est rien dans ses yeux — alors dans ce cas, et c'est là la véritable source de la colère de Rolf, pourquoi est-ce que ça compte tant pour lui que d'y avoir une place, dans ces prunelles qui ont tout vu? Newton Scamander darde le monde du même regard vide et indifférent qu'un vieux sage, qu'un vieux fou; il l'est, peut-être. Aux yeux de Rolf, il l'est. Aux yeux de Rolf, il est rien — du moins il aime le prétendre — et aux yeux de Rolf, il n'y a pas plus ignoble personnage. Et pourtant, et pourtant c'est comme de la fierté qui l'étreint quand Newt lui accorde un sourire; c'est comme du soulagement quand son grand-père n'a rien à redire sur une chose qu'il fait; c'est comme de l'amour quand il lui ébouriffe maladroitement les cheveux.

Mais en cet instant précis?

En cet instant précis il a envie de lui arracher les yeux. Il a envie de lui griffer le visage jusqu'à l'irreconnaissable; il a envie de le plonger dans l'oubli, lui et ce nom dégueulasse qu'il arbore et qu'il abhorre; il a envie de le détruire, pièce par pièce, lentement, sûrement, insidieusement. Ce serait si simple. Si simple. “ Careful, boy, ” siffle Newt, les sourcils froncés au-dessus de ses yeux noirs. Un mur de colère se dresse entre eux, et il frappe violemment Rolf. Oh, parfait, parfait, un feu pour aller avec sa rage, rien de tel, rien de tel, il va tellement le tuer. Il ouvre la bouche pour parler mais Newt lui coupe l'herbe sous les pieds. “ Ne dis pas quelque chose que tu vas regretter, mon garçon, ” le prévient-il et sa voix est douce et c'est encore pire. Il est condescendant, il le prend de haut et Rolf le déteste.

Il ne sait pas, il ne peut pas comprendre, comment pourrait-il? C'est comme avoir les yeux qui piquent tout le temps, comme si quelques chose se précipitait derrière ses prunelles constamment, comme si il y avait quelqu'un d'autre, quelque chose dans son corps et sa peau le gratte parfois et il a envie de la déchirer et de la frotter jusqu'à ce qu'il ne soit plus que os et poussières.

Il ne sait pas, il ne peut pas comprendre, comment pourrait-il? C'est comme pleurer constamment ou rire pour toujours, c'est une malédiction et pourtant c'est tellement pur, c'est tellement beau; c'est des longues après-midi à siroter des jus d'orange en compagnie de Ma et juste sentir la sérénité et l'amour et l'adoration et toutes ces petites choses imperceptibles vous picoter la peau — personne ne pourrait comprendre, personne personne personne, c'est comme des voix dans sa tête, des intrus, des horreurs, des peurs. C'est très beau et c'est très laid à la fois, les traces que ça laisse sur Rolf.

IL NE SAIT PAS, IL NE PEUT PAS COMPRENDRE, COMMENT POURRAIT-IL? C'EST DES RAGES AVEUGLES, DES COLÈRES SOURDES, DES COUPS DE SANG MUETS; C'EST L'ENVIE DE SE BATTRE SE HAÏR D'AIMER DE SE HAÏR DE S'AIMER D'AVOIR PEUR DE COURIR DE NE PAS S'ARRÊTER DE TOUTE FAIRE DE RESTER AU LIT DE FRAPPER LE MUR DE FRAPPER LA VIE.

Sa voix est sourde quand il arrive à se collecter suffisamment, tous ces petits morceaux de lui éparpillés un peu partout, toutes ces pièces de puzzle répandues aux quatre coins du globe: “ ne m'appelez pas mon garçon. ” Quelque chose d'indescriptible s'anime sur  le visage de Newton Scamander. “ J'arrêterai de t'appeler mon garçon quand tu cesseras d'agir comme tel. ” Un instant, Rolf oublie que Newt est fait de détermination, de force et d'un lourd passé; quand il se jette sur lui, son grand-père l'esquive et le fait même tomber parterre avec une facilité déconcertante. Rolf s'empêtre avec la nappe de la table dans sa chute, et tombent autour de lui verres, assiettes, couverts. Il écume. Il rage. Il a envie de se battre avec le monde. Newt semble penser à quelque chose de désagréable car son expression change sur son visage quand il se penche vers Rolf, étalé sur le sol, sa main allant se porter à son épaule... “ NE ME TOUCHEZ PAS! ” hurle Rolf, tant parce que les émotions sont pires à travers le contact, que parce que l'idée le dégoûte que Newt le touche. “ LAISSEZ MOI TRANQUILLE! LAISSEZ MOI TRANQUILLE! ” hurle-t-il en se démenant et en se défaisant, bousculant brusquement son grand-père en tempêtant en dehors de la pièce.

Newt soupire et ferme les yeux.

Rolf monte les marches quatre à quatre. Il en sait pas où il va. Il ne sait pas ce qu'il veut. Tout ce qu'il sait c'est que des fois — tout le temps —, c'est trop. Tout ce qu'il sait c'est qu'il veut courir, mourir, s'offrir au soleil, souffrir, oublier, oublier, oublier. Comme d'habitude, il trouve refuge dans le grenier, où vit Erlkönig, l'oiseau que lui a offert son grand-père pour son onzième anniversaire. Il n'a pas le droit de l'emmener à Poudlard donc il le garde précieusement ici, hors de portée de tous, sauf quand il pleut et que Erl préfère aller s'envoler ailleurs. Mais aujourd'hui il fait chaud à en fondre le coeur et Erl volète vers lui difficilemment en poussant un cri suraigu de surprise et de bonheur.

Il ferme les yeux en se laissant tomber parterre, Erl venant se nicher tout contre lui en lui mordillant la peau sensible de son épaule pour attirer son attention mais Rolf... Rolf est juste fatigué. Il ferme les yeux et soupire, en s'appuyant contre le meuble dans son dos. Il doit s'endormir car quand il ouvre les yeux, le soleil s'est couché et Erl est parti. Il essaie de se relever, prenant appui sur le buffet dans son dos.

Qui tremble et manque de s'effondrer, avec sa chance. Le contenu d'une boîte qui se trouvait sur le petit buffet s'ouvre en tombant et roulent sur le sol poussiérieux des bagues, des billes étranges, des coquillages, des petits flacons remplis de substance bizarre et quelque chose qui ressemble à un vif d'or sans aile.

Rolf le prend entre ses doigts.

Il tourne la petite molette.

Le soleil se lève à travers la petite fenêtre. Il finit sa course haut dans le ciel. En bas, il y a un bruit de vaisselle cassée.

“ NE ME TOUCHEZ PAS! ”

Rolf se cache et puis... le voilà.

GOLDEN BABYLONDON — 20 YEARS OLD

“ Oh, Rolf. Rolf! ROLF SCAMANDER POUR L'AMOUR DE MERLIN! ” Le rugissement s'élève au-dessus du brouhaha de la foule et Rolf relève la tête machinalement. Il ne reconnait pas celui qui l'interpelle et reste de marbre quand le jeune homme — à peu près de son âge, si ce n'est que plus frais et dispo, yeux bleus, cheveux roux, un sourire lui déchirant le visage: Charles Weasley l'a toujours mis mal à l'aise, avec son charme facile et sa sympathie un peu intéressée. “ Charles. Tu as changé. Comment va la Romanie? ” demande poliment Rolf en lui serrant la main, et Charles l'écrase dans la sienne. “ Excellemment bien! Il faudrait absolument que tu viennes, un jour, j'ai un milliard de personnes à te faire rencontrer! J'ai entendu dire que tu avais eu un boulot au Ministère, Régulation des Créatures Magiques? ” Rolf laisse échapper un petit rire de convenance. “ Je plaide coupable. — Excellent, Rolf, excellent. ” Et... là. Là, juste là. Avant qu'elle ne s'efface, Rolf voit la lueur dans son regard — dégoût, amertume, jalousie, complaisance.

Ils savent tous les deux pourquoi Rolf a eu ce poste et pas Charles.

Weasley lâche sa main hâtivement en détournant les yeux, son rire jaune mourrant sur ses lèvres avec des accents déraillants de jalousie. “ Comment se porte ton grand-père? — Merveilleusement bien. Il a commencé une nouvelle thèse sur les limaces de feu d'Amazonie. — Je n'ai entendu que des bonnes choses des chercheurs là-bas. — Oui. ”

Tout compte fait, Charles pense que ce n'était pas une si bonne idée d'aller le voir. Rolf a l'air mal à l'aise. On dirait qu'il va vomir d'un instant à un autre. “ Eh, Rolf, Rolfy-boy, ça va? ” demande-t-il, soudainement inquiet. Même si quelque chose comme du ressentiment et de la jalousie le lie à Rolf, il y a aussi un souci chevaleresque que Charles ressent pour tout le monde; et au fond, même s'ils n'ont jamais été dans la même année, l'un et l'autre incapables de se faire des amis et plus le nez plongés dans leurs livres qu'autre chose, ils n'ont réussi qu'à se lier et à devenir... oserait-il dire amis? “ Je... je crois que je vais prendre un peu l'air, ” lui répond l'ancien serpentard, et avant que Charles n'ait rien pu faire, il est sorti.

Oui. Amis. Il lui emboîte le pas.

Rolf s'accroche au rebord du balcon comme si il a peur de tomber dans le vide. Oh, ce serait un soulagement, peut-être. Enfin... enfin le crâne brisé, loin de tout, près de rien. Loin d'eux. D'eux tous. Tous des visages connus, des visages qu'il déteste: ceux qui ont peuplé Poudlard quand il y était ne lui ont pas laissé une bonne impression. Il se souvient des longues heures de cours passées à écouter les élèves s'ennuyer et se concentrer; il se souvient des longues après-midi passées à essayer de dormir pour pallier aux nuits sans sommeil; il se souvient des examens foireux, impossibles à réaliser; il se souvient de l'angoisse, de l'angoisse, de l'angoisse qui l'étreint encore quand il y pense.

Sa main se lève pour s'accrocher au Retourneur de Temps qu'il garde autour du cou, caché dans le col de sa chemise. Il aimerait juste... “ Rolf? ” La voix dans son dos le fait sursauter — coupable — et se retourner. Charles. Encore. Il a sans doute une question à lui poser à propos de Newt, à moins qu'il ne désire simplement se faire pistonner — pas la première, ni la dernière fois que ça arrivera. “ Ça va? T'es tout pâle. — Oui... oui, ça va. Un peu angoissé, c'est tout, ” marmonne Rolf en faisant retomber sa main pour enfoncer son poing dans la poche de son pantalon. “ Pas que des bons souvenirs, hein? ” sourit Charles en se penchant sur le rebord du balcon à côté de lui. Des fois, Rolf oublie qu'il a été brimé comme lui mais d'une manière plus violente, plus publique. La fascination morbide des adolescents pour la différence. “ Dis moi, Rolf? ” Celui-ci retient un soupir. “ Shoot. ” Charles semble hésiter. “ Si tu le pouvais... est-ce que tu retournerais dans le temps pour tout faire différemment? ”

Silence.

Il a un peu bu et Charles aussi. Il regarde le vide d'un air sombre, comme s'il était prêt à s'y jeter. Rolf essaie de regarder le ciel et croise le fer avec la lune, silencieuse, sentencieuse autour d'eux; elle les nimbe de son halo généreux et on dirait deux anges déchus, deux incompris romantiques isolés sur un balcon. “ Non, ” dit-il finalement, sa main ayant retrouvé sans qu'il s'en rende compte l'objet magique autour de son cou. Avec un peu de culpabilité, il ignore l'alliance de ses parents qui sont elles aussi enfilées sur la chaîne qu'il porte. “ J'essaie de profiter du temps que j'ai. ”

(Plus tard dans la soirée, Anna Aplin refuse une de ses avances un peu imbibée.)

(Plus tôt dans la soirée, il ne va jamais sur le balcon.)

(Plus tard dans la soirée, il embrasse Anna Aplin et il ne peut pas s'empêcher de se dire que c'est mal.)

MY DAD DOES IT SOMETIMESTHE ARK — 4 YEARS OLD
THE ARK — 27 YEARS OLD

Oh, il se souvient. Il ferme les yeux, juste pour mieux attraper le souvenir, la mémoire, l'instant; là, juste là, oui, c'est bon, il l'a; il referme son poing dessus, l'attrape et l'avale. Il ne se souvenait pas que les murs étaient si froids. Ses mains glissent dessus lentement, juste le bout du doigt, et on dirait une armée en marche alors qu'il avance, les bras en croix, dans l'étroit couloir; un seigneur revenu en son fief, possédant l'endroit, foulant son sol et son héritage d'un pas assuré et héroïque. Chaque aspérité du mur, chaque angle des meubles qu'il croise, chaque cadre des tableaux accrochés; tout ça, il connait, il connait, il se souvient.

Il voit Ma par la fenêtre de la cuisine, dans le jardin, en train de faire Merlin sait quoi. Elle a l'air heureuse, d'une façon simple et adorable, avec son grand sourire sur les lèvres et son regard bleu, si bleu que parfois, il a l'impression de regarder directement dans les nuages. En débottant une plante dont le nom échappe au jeune homme, elle caresse affectueusement son fidèle Mordy, l'un des trois Fléreurs des Scamander. Elle est juste heureuse et sa joie soulève Rolf et le touche. C'est une joie simple, vert clair, jolie et sensible. Il a envie pour toujours d'être enveloppé dans cette émotion et ne jamais la laisser s'envoler ou se fâner.

“ R-Randolf? ” Puis tout se précipite: les deux silhouettes sombres sur le pas de la porte de la cuisine, papa qui fait bouclier de son propre corps pour protéger sa mère et son fils, Dana qui hurle à l'étage, Ma qui prend doucement la main de Rolf dans la sienne. “ Papa? ”

“ Ma? Ma! Est-ce que tout va bien? ” En sursautant, elle se retourne et adresse à son petit-fils un large sourire. Rolf sent l'amour et le soulagement. Il ne sait pas ce qu'il va faire de tout cet amour. “ Oh, Rolf, tu aurais dû m'appeler avant! Reste là que j'arrive, ” lui dit gentiment Ma en se hâtant de faire le tour de la maison pour le rejoindre. En l'attendant, le jeune homme se laisse tomber en arrière jusqu'à percuter le plan de travail, s'y appuyant en croisant les bras sur sa poitrine. Quelque chose ne va pas. Ses dents entament ses lèvres rageusement.

“ Papa, qu'est-ce qu'i's'passe? C'qui? ” Mais tout le monde l'ignore, car on ignore les garçons de quatre ans quand soudainement des hommes en noir se glissent dans votre maison au milieu de la nuit. Il est encore en pyjama, son verre de lait à la main; Ma tient l'autre main, et a la bouteille de lait dans l'autre; papa a lentement sorti la baguette de sa poche. À l'étage, maman crie encore une fois. “ Qu'est' qu'elle a, maman? ” Nouveau silence, pesant. “ Maman... — Non, Artémis- - ” Mais elle n'a pas le temps de finir, car papa jette un sortilège sur les deux silhouettes encapuchonnées et pendant un instant, le monde est lumière et douleur.

Rolf ne sait pas trop pourquoi mais ils se mettent à courir, le sort murmuré par Ma amortissant le bruit de leurs pas sur le plancher. Il renverse son verre de lait et ça le contrarie un peu mais comme Ma ne dit rien, alors ça ne doit pas être si grave. Ils se faufilent, malgré la lumière aveuglante, vers l'autre porte de la cuisine et atterissent dans le salon mais Ma ne s'arrête pas, Rolf ne comprend pas. “ Ma! Ma, qu'est-ce qu'i'se passe? — Rolf, Rolf! Chhht... c'est un jeu. Un jeu, d'accord? Comme le roi du silence, en plus grand. — Je déteste le roi du silence. — Mais tu détestes perdre encore plus, ” lui rappelle gentiment Ma et elle a un petit sourire alors tout doit bien aller, alors Rolf se tait. Ils se cachent derrière les murs et font le moins de bruit possible en ouvrant les portes. Maman crie toujours à l'étage, peut-être qu'elle n'a pas compris les règles. Papa, lui, ne fait pas de bruit. Et Rolf n'a pas revu les hommes de la cuisine.

Dans son souvenir, ils se retrouvent à l'étage en moins de deux et les cris de sa mère lui glacent le sang. Dans son souvenir, le sang tâche le tapis et la maison retient son souffle mais c'est impossible, ça n'existe pas les maisons qui respirent ni les sortilèges impardonnables qui laissent des traces.
Dans son souvenir, la mort est héroïque et ils s'enfuient avec Ma sans problème, et il croit encore que tout est un jeu.

“ Oh, Rolf, mon petit Rolf, comme tu es grand! — Pas plus qu'il y a une semaine. — Tsk. Penses-tu! non, tu as grandi: nous ne cessons jamais de grandir, souviens-toi. ” Sa main parcheminée de rides est douce sur sa peau. Elle prend son visage entre ses deux mains comme s'il était encore un petit garçon, elle se met sur la pointe des pieds pour mieux le voir. “ Qu'y-a-t-il? Il y a du souci dans tes yeux. — Non, ça va. ” Il articule un sourire pour elle, et elle sourit à son tour. Soulagée. “ Bien, ” dit-elle simplement. Elle lui tapote la joue et se détache, mettant de l'eau à chauffer et préparant deux tasses.

“ Ma? ” le ton de sa voix doit vouloir dire quelque chose de surprenant car Porpentina sursaute en se tournant vers lui, l'air surpris. “ Oui, mon petit Rolf? — Est-ce qu'ils ont souffert? ” Elle sait de qui il parle. Elle s'assombrit un peu et détourne les yeux pour s'occuper du thé. “ Je ne crois pas. Pourquoi? ” Rolf reste silencieux. “ Est-ce que tu as des cauchemars? — Non. C'est juste que des fois, quand je viens ici, je me souviens de cette nuit. Mais... mais je sais que mes souvenirs sont faux. — Ah bon? ” Rolf se tourne vers lui, un sourcil arqué sur son front. Elle est si vieille, elle est si belle. Elle ressent de l'appréhension et quelque chose comme de la tristesse ou de la frustration. “ Je me souviens d'avoir renversé le verre de lait que j'étais descendu chercher et je me souviens que ça m'avait beaucoup agacé. ” Porpentina reste silencieuse. “ Pourquoi Newt ne m'a jamais tant aimé que papa? ”

Ma prend un air choqué en s'approchant, le visage en coupe de son garçon dans ses mains. Les yeux de Rolf restent vissés au sol. “ Ton grand-père a énormément aimé ton père, autant qu'il t'aime toi. Tu le sais ça. — Oui. Je sais aussi que papa m'aimait plus que Newt. ” Silence. Elle n'a pas la décence de mentir. Elle retourne vers la théière, accélère le processus d'un coup de baguette impatient. À ses pieds, Mordy, qui les a rejoint, couine et gémit et elle se baisse pour le caresser avec un sourire obligeant. “ Ma, je- -” commence Rolf mais les mots restent coincés dans sa gorge.

Je pars.

C'est pourtant tout bête.

Tellement simple.

Porpentina a entendu ces mots des centaines de fois dans la bouche de son mari. Elle l'a entendu des milliers de fois, même, et elle ne s'est jamais battue avec cette phrase. Mais là... c'est un départ définitif, n'est-ce pas? “ Rolf? Rolf, qu'y a-t-il? ” Les murs de la cuisine se resserrent.

“ Tout va bien, Rolf, ne t'inquiète pas, ” murmure Ma en ouvrant la porte secrète du bureau de Newt. “ On va... on va prendre le Po- - — CRUCIO, ” Le sort semble fuser de nulle part, et de partout à la fois. Il est juste là: énorme, l'éléphant dans la pièce, le non-dit, pesant, terrible, horrible, effrayant. Rolf ignore ce qu'est ce sortilège, il n'en a jamais entendu parler. Tout ce qu'il sait, c'est que Ma lâche sa main et tombe parterre en hurlant et son hurlement est quelque chose qu'il n'a plus jamais envie d'entendre.
Dans son souvenir, Newt arrive et sauve tout le monde de deux sortilèges mais dans la réalité, Newt est à l'autre bout du monde.
Dans son souvenir, le crucio que le Mangemort lance à son encontre dure des heures et des heures et des éternités mais dans la réalité, il se passe à peine deux secondes avant que les Aurors ne débarquent.
Dans son souvenir, il y a des cris et des pleurs, il y a la lumière glauque du bureau des Aurors et la main tremblante de Ma dans la sienne, dans la réalité, il s'endort et ne se réveille que le lendemain, yeux bouffis et coeur au bord des lèvres.

Dans son souvenir, la maison est un havre de paix, les plaies ne se font pas si facilement sur son corps et Ma n'essaie pas de passer le plus de temps possible loin de la maison.

“ Rolf? ” La voix de Ma le ramène sur Terre. “ Rolf, quelque chose ne va pas, n'est-ce pas? ” Tout va mal. Le monde meure. Le monde meure et tu t'en fiches. Le monde meure et tout le monde s'en fiche. Le monde meure et je vais mourir si on me demande de mettre mes doigts dans la tête, dans le coeur des gens, pour révéler leurs émotions leurs mensonges leurs envies leurs vies. Le monde meure et je dois partir. Les rats sont les premiers à quitter le navire. Viens avec moi. Viens avec moi. “ Non, ” et il sourit, “ tout va bien, Ma. Ne t'inquiète pas. ”

Plus tard ce soir-là, Rolf s'en va et n'ose pas regarder par-dessus son épaule: The Ark disparaît parmi les collines et les forêts, et ne devient qu'un souvenir dans un coin de son crâne.