Grand, barbu, blond, il ne manquait plus que l'embonpoint et l'âge pour faire d'Alan le parfait Père Noël. À condition que ce fameux Père Noël aie troqué son célèbre traîneau contre les bienfaits de la marche à pied tandis que de son manteau rouge il ne subsistait qu'un lambeau de tissu écarlate accroché autour de ses hanches. Les vêtements d'Alan auraient parfaitement pu le faire passer pour un sans abris moldu, si toutefois sa façon de marcher ne le trahissait pas. Un sans abris ne se déplaçait pas avec une démarche aussi féroce et méfiante, comme si n'importe quel passant habituellement indifférent pouvait d'un moment à l'autre lui sauter à la gorge pour mettre fin à ses jours.

Seul pour cette fois, Alan avait transplané à bonne distance du village, sur la colline Têtafouine pour ne pas attirer l'attention des moldus et des sorciers embusqués dans les alentours du village. Pendant son service en tant que rebut, il avait entendu dire que deux maisons de sorciers célèbres avaient été transformés en exposition permanente, en musée dénonçant la vie de résistants morts ou désormais condamnés à une mort certaine. Il ne se pensait donc pas à l'abri d'être découvert.

C'est pour cette raison qu'Alan rasait les murs, évitant les rues principales du villages et se mettant à couvert contre les maisons aux toits biscornus dès qu'il le pouvait. Il avait une adresse comportant un numéro et un nom de rue dans la tête ainsi qu'un itinéraire pour l'atteindre. Il n'était ici que pour donner une liste modifiée de ce dont ils auraient besoin pour la prochaine demi-lune, quelqu'un avait eu une brillante idée juste après le jour du ravitaillement et ils n'avaient pas tous les éléments nécessaires pour fabriquer les potions spéciales dont ils auraient besoin. Heureusement, l'éclairage de rue était inexistant et en dehors de ce ruban rouge qu'il portait, les nuances sombres le recouvraient pour plus de discrétion.

Une fois arrivé à la bonne maison, Alan s'arrêta et la contourna. Il ne voulait pas rentrer par la porte et bienheureusement cette habitation de plein pied était assez basse pour qu'il puisse monter sur le toit s'il trouvait de quoi se hisser dessus. Comme par exemple cette excroissance abritant sans doute une chaudière, atteignable par une porte en fer qui avait visiblement connu de meilleurs jours. Il s'arrêta devant et regarda aux alentours avant d'escalader le rebord avec concentration, tâchant d'être discret pour ne pas réveiller les voisins, puis grimpa sur le toit sans trop de difficulté avant de se diriger vers la cheminée qu'il avait aperçu en s'approchant.

Le conduit était assez large pour qu'il s'y glisse, heureusement et c'est d'ailleurs ce qu'il fit après après avoir reprit sa baguette en main, descendant plus ou moins doucement jusqu'en bas et remerciant qui de droit de ne pas avoir allumé cette cheminée malgré le froid qu'il faisait dehors. En revanche, une tâche de suie plus glissante que les autres le fit tomber dans un juron étouffé par les cendres qui volèrent un peu partout lorsqu'il s'étala hors du conduit, sur le dos, dans le salon. Il était désormais complètement noirci de la tête au pied et toussait comme s'il allait cracher un poumon, ne cessant qu'au bout d'une bonne minute, se laissant définitivement aller, sur le dos, les yeux fermés.

Lorsqu'il les ouvrit, ce fut pour voir une baguette pointée sur son nez, avec au bout une jeune femme aux yeux électriques et à l'air au moins aussi féroce qu'un chaton en manque d'autorité. Il leva les mains au niveau de sa tête pour montrer qu'il n'était pas menaçant, même si techniquement elle le savait déjà, puis ne pu s'empêcher de lancer un :

-Ho ! Ho ! Ho !

Ils étaient le soir du vingt-deux décembre, Noël était à leur porte, mais cette année c'était le barbu descendant d'une cheminée qui allait donner sa liste à l'enfant plus ou moins sage.

Jude n’aimait pas Décembre. Il y pleuvait beaucoup, il y neigeait encore plus et tout y perdait ses couleurs, à la morsure brûlante de la glace. Et Jude n’aimait pas les soirées en Décembre – elles étaient seules et pleines de souvenirs. Elle vivait toujours entre les mêmes murs, les mêmes portraits accrochés, elle n’avait jamais rangé les chapeaux inachevés de sa mère et parfois elle pouvait jurer sentir encore un relent de cigarette moldue ancré dans les tissus des rideaux. Toutes ces images refaisaient surface à la tombée de l’hiver et l’habillaient entière d’une blanche mélancolie.

Elle s’était surprise à chercher les vieilles photos de famille, peut-être un vieux réflexe du temps où ses parents faisaient de la photo une obsession à l’approche de Noël. Elle avait eu beaucoup de temps devant elle ce soir-là, étrangement. Elle tenait d’habitude à meubler ses heures et à saturer ses journées de tâches quotidiennes dans l’espoir qu’elles défilent plus vite ; à l’approche de l’hiver les journées se rétractaient sans doute, devenaient plus courtes et plus vite sombres, et à l’approche de l’hiver Judicael les trouvait pourtant indéniablement plus étendues. Elle passait distraitement son regard d’une photographie à une autre. Certaines bougeaient, immortalisaient les brèves secondes d’un sourire qui se répéterait en boucle mais la plupart étaient immobiles, figées dans le temps. Elle souriait parfois – la plupart de ce qu’elle voyait remontait à quand elle était encore enfant, et beaucoup des pages de son album ne contenaient que des photos d’elle, regardant fixement l’objectif, maladroite dans sa cravate vert et argent et une robe noire à la coupe extravagante.
Les transitions n’étaient pas douces car personne n’eut jamais réellement la patience d’organiser les photos et parfois elle pouvait trouver, intercalées entre les sapins de Noël, des photos de son chat roulé sur la machine à écrire de son père.

Doucement elle se sentait de plus en plus disparaitre du canapé de son salon dans une agréable torpeur sans pensées, ses yeux se refermaient lentement malgré elle et sa main qui caressait le pelage de son chat glissait de plus en plus mollement, jusqu’à s’arrêter.
Les couleurs tournèrent au blanc, le tic-tac de l’horloge en un silence imprécis – puis brusquement en un énorme boucan.
Elle ouvrit les yeux, et sans bouger elle tendit l’oreille. Elle entendait comme un bruit à l’arrière de sa maison, qui se déplaçait, remontait rapidement jusqu’au-dessus de sa tête. Elle déposa son chat par terre et se redressa pour se diriger directement vers toutes les fenêtres du salon. Dehors il n’y avait que les caresses du vent et une légère neige régulière. S’il y avait quelqu’un, ou quelque chose, il était manifestement au-dessus de sa tête, sur son toit. Elle pouvait encore l’entendre.

Bientôt le bruit se précisa et elle réussit à le localiser, et bientôt elle se retrouvait debout, figée devant sa cheminée, sa baguette serrée dans sa main.
Un lourd poids chuta du conduit de sa cheminée vers son salon dans une énorme bouffée de cendres. En une fraction de seconde la baguette de Jude se retrouva pointée contre le front de l’intrus qui leva alors les bras pour signaler qu’il ne venait pas en mal. Son incantation était coincée au fond de sa gorge et elle la ravala avant de lâcher un énorme soupir d’exaspération.
« Ho ! Ho ! Ho !
- Tu plaisantes ? »

Elle rangea sa baguette et le fixa avec une moue, sans proposer de l’aider à se relever. Elle n’avait décidément pas besoin de plus de frayeurs dans sa vie.
« Par pitié dis-moi que tu es entré comme ça par simple humour mal placé et non en croyant être discret. »

Elle se dirigea ensuite à nouveau vers la fenêtre juste pour revérifier qu’il n’y avait effectivement personne dehors. « Parce que crois-moi je suis certaine que du haut de mon toit tu as caché la Lune à la totalité du Londres magique, et j’aurais réellement préféré que tu sonnes à la porte comme une personne normale. Et par Merlin tu as foutu le bordel partout dans mon salon. »

L’inquiétude s’immisçait légèrement en elle alors qu’elle regardait l’insurgé se relever en se débarrassant de la suie qui teintait sa chevelure d’un gris de cendre. Elle savait qu’il n’aurait pas risqué de venir jusqu’à elle s’il n’y avait pas été obligé par une situation urgente.
La neige dehors s’épaississait et le regard de Jude tout autant. Sur les traces de cendres qui fardaient la barbe d’Alan elle voyait de la neige. Il devait certainement avoir froid.

« Tu es sale. Je vais te faire couler un bain, et ensuite on pourra parler. »

Elle le laissa dans son salon et s’en alla faire ce qu’elle avait dit. Elle passa sa main sous le jet d’eau un bon moment jusqu’à ce qu’elle le sente se réchauffer. Ensuite elle l’appela à vive voix, toujours assise sur le rebord de la baignoire.
Un nouveau soupir s’échappa de sa gorge, plus long et plus profond. Elle espérait réellement que tout allait bien pour eux, au-delà de la muraille de neige qui séparait la tiédeur de sa bulle de leur réalité glaciale.

Pour une raison mystérieuse, son imitation pourtant réussie du Père Noël ne fit pas rire la jeune femme qui le recevait un peu malgré elle. Il se releva donc tout seul en s'époussetant, rajoutant de la suie un peu partout autour de lui. Ce n'est pas comme si ça allait la déranger, il en avait déjà mis partout, alors un peu plus ou un peu moins... Il toussa à nouveau. Il avait respiré une grosse bouffée de cendres en atterrissant et ses poumons ne semblaient pas apprécier l'exercice.

-Je sais que j'ai le dos large, mais pas à ce point là, grogna-t-il.

Il avait effectivement le dos large. Bien plus que lorsqu'il était sortit d'Azkaban, maigre et rachitique. Il fallait bien s'occuper pendant les longs jours de calme où aucune activité n'était envisageable à part se chercher des ennuis et élaborer des plans qui ne tenait pas la route. D'ailleurs, pour une fois quelque chose d'à peu près viable avait été échafaudé et Alan avait pour mission de quémander le nécessaire à sa réalisation.

-Arrête un peu de râler, t'es pas contente ? Le père Noël est en avance cette année, je connais plein de gamins qui seraient content.

Ou sans doute pas, il avait malheureusement laissé sa hotte dans son traîneau et n'apportait en guise de cadeau qu'un bout de papier griffonné. Son regard s'illumina lorsqu'elle parla de douche. Il ne s'était pas lavé correctement depuis une éternité semblait-il. Ils n'en avaient pas vraiment l'occasion, chez les Insurgés. Parfois certains s'introduisaient dans des maisons de moldu vide pour profiter de la plomberie, mais à Noël les gens aimaient rester chez eux.

Il resta néanmoins dans le salon pour le moment, son œil attiré par les photos qu'il voyait sur le canapé, reconnaissant sur quelques unes les yeux d'un bleu lumineux de Jude. Il prit la boîte entre ses mains, chose qu'il ne se serait jamais permise avant tout ça, puis commença à les regarder. Alan reconnaissait quelques clichés moldus au milieu des photos développées par des sorciers et cherchait à reconnaître les individus qui étaient présents sur chacune d'entre elle. Visiblement, il avait dérangé Jude en pleine montée de nostalgie. Il la comprenait, en quelque sorte, mais il ne pouvait pas se le permettre. Il était parti enterrer définitivement son passé quelques mois plus tôt et tâchait de ne plus jamais y penser depuis, ou du moins, de ne plus se laisser distraire par ce genre de souvenirs futiles.

La voix de Jude l'appela à travers la maison et il grinça des dents. Il portait un prénom commun, mais aurait apprécié que personne ne l'utilise aussi fort, juste au cas où. Car oui, il trouvait cela moins discret que de s'engouffrer dans un conduit de cheminée au beau milieu de la nuit. Il posa la boîte et se laissa guider par la voix pour la rejoindre, laissant au passage son énorme manteau moldu sur un meuble. Il ne ferait que l'encombrer dans une salle de bain. La chaleur de l'eau l'atteignit au moment où il entrait dans la pièce, découvrant Jude toujours assise sur le rebord de la baignoire.

-Par Merlin. Ça fait des années que j'ai pas pris de douche chaude j'ai l'impression.

En tout cas, il était bien au chaud dans cette maison, c'était un fait. L'asile qui l'abritait, lui et les autres belliqueux de son groupe, n'était définitivement pas un endroit confortable et tombait en ruine. Il n'y avait pas de chauffage, juste des couvertures empilées sur des gens remplis de rage et de folie. Alan sortit la liste de la poche de son pantalon et la tendit à Jude entre ses doigts découverts par les mitaines effilées qu'il portait.

-Tiens, il a fallu qu'on modifie quelques trucs en urgence, tu penses que tu pourrais nous trouver ça ? Demanda-t-il avec espoir.

Ils en avaient vraiment besoin. Ils se débrouilleraient pour mettre la main dessus si elle ne pouvait pas les aider, mais elle était le moyen le plus rapide et le plus sûr d'obtenir ce qu'ils voulaient, c'est à dire des ingrédients bien spécifiques pour des potions bien spécifiques et d'autres accessoires important. Il ne commença pas à se déshabiller tout de suite, estimant qu'il avait déjà dévasté le salon de Jude et qu'il était inutile d'agresser ses yeux avec sa nudité en plus de ça.

Judicael regarda Alan s’approcher. En perdant son manteau ses épaules n’avaient pourtant pas perdu de leur largeur. Elle savait peu de choses sur lui, seulement les choses qu’on connait déjà ; il avait été un rebut, comme son père. C’était tout ce qu’elle savait. Elle récupéra en silence le bout de papier qu’il lui tendait, ses doigts étaient rugueux. Elle jeta un bref coup d’œil avant de regarder l’homme à nouveau, dans les yeux. Ils étaient de la même couleur que les siens.
La liste contenait clairement des ingrédients pour des potions spécifiques, dont elle pouvait identifier une majeure partie. Certains servaient aussi à la fabrication de quelques antidotes et pendant un cours instant l’angoisse lui prit la gorge avant qu’elle ne réussisse à nouveau à la chasser. Elle se sentait absurde de s’inquiéter du danger alors qu’il définissait visiblement le quotidien d’Alan et de tous ceux comme lui.
« Je vais regarder ça d’accord ? » Certaines des plantes listées, elle les avait déjà dans sa serre miniature. Ça la faisait légèrement sourire, au fond, que sa passion d’enfance puisse se révéler utile dans des temps aussi sombres.

Elle se redressa. L’eau remplissait rapidement la baignoire et elle se dit qu’il était temps qu’elle le laisse seul. Elle lui sourit. « Prends ton temps, à moins que tu ne sois pressé. Les serviettes sont là. Et mets tes vêtements devant la porte quand tu te seras déshabillé, je les laverai et les sécherai pour toi. J’espère que ça ne te dérange pas que je n’ai que du savon pour filles. »

Elle ferma la porte derrière elle en sortant, et regarda la liste à nouveau. Elle se dirigea ensuite vers sa chambre.
La chambre de Judicael ressemblait vaguement à un petit jardin botanique. Dans les larges pots disposés aux coins de la pièce poussaient des variétés de plantes qu’elle avait elle-même plantées avec tout l’amour que le cœur d’un enfant puisse porter. Elle en avait été très fière, pendant de longues années elle s’en était occupé, les avait vues grandir et grimper le long des rebords de ses fenêtres. Aujourd’hui la fierté se mélangeait légèrement à une tendre tristesse. Elle avait su les disposer, à l’ombre ou exposées au jour selon le type de plante dans le pot ; la plupart étaient magiques inoffensives, certaines n’étaient que des fleurs moldues dont elle aimait beaucoup les couleurs.
Elle récupéra distraitement quelque feuille, un bourgeon, un bout de racine. Elle se rendait à chaque fois compte qu’elle les manipulait avec toute la délicatesse du monde.
En sortant elle déposa les plantes sur la table basse et se dirigea vers la salle de bain pour ramasser les vêtements d’Alan et les mit dans le lave-linge et le régla pour dix-minutes, avant de regagner le salon, puis la cuisine.
Elle n’avait pas de restes ; elle cuisinait rarement plus d’un plat par repas. Elle décida qu’elle n’avait pas d’autres choix que de se remettre derrière les fourneaux, se lava les mains, et s’appliqua à la tâche. Elle n’avait pas cuisiné pour quelqu’un d’autre qu’elle-même depuis un bon moment.

Elle laissa son dîner cuir et alla récupérer les vêtements qu’elle mit dans le sèche-linge. Il fallait qu’ils soient prêts pour quand il sortirait de la salle de bain. Elle ne savait pas s’il allait réellement prendre son temps. Elle commença ensuite à nettoyer le bazar qu’il avait mis dans son salon, puis alluma la cheminée.
Lorsqu’elle l’entendit finalement sortir, elle mettait déjà la table pour lui.

« J’espère que les serviettes ne sont pas trop petites. J’ai posé tes vêtements à côté de la cheminée dans le salon. Quand tu seras habillé viens dans la cuisine. »

Elle faisait déjà du café, et mélangés aux odeurs de soupe émanait un bel arôme de café.
Ces odeurs lui rappelaient toujours sa mère qui passait ses journées dans la cuisine lorsqu’elle n’était pas dans son atelier. Elle souleva son chat qui venait quémander des câlins à ses pieds. Il était en fin de vie mais adorait toujours autant se faire porter.
Elle regarda le jeune homme qui la rejoignait dans la cuisine et lui sourit. « J'ai pensé que tu aurais faim. Dis bonsoir à Stan. »

Alan hocha la tête d'un air satisfait lorsqu'elle lui affirma qu'elle regarderait. Elle ne leur ferait pas défaut, une fois de plus. Il savait à quel point les insurgés avaient de la chance d'avoir un contact comme Jude pour les aider. Sans elle, une bonne partie de ce qu'ils possédaient ne serait pas en leur possession et l'avancée de leur groupe serait bien plus laborieuse. Elle ne faisait jamais la difficile, ne grimaçait jamais lorsqu'ils lui demandaient des choses compliquées à obtenir et s'arrangeait toujours pour obtenir le maximum de ce qu'ils demandaient.

Jude sortit de la salle de bain en lui indiquant de déposer ses affaires devant la porte, elle comptait les laver. Il la remercia et attendit qu'elle soit sortie pour se déshabiller et laisser ses affaires où elle le voulait avant de se plonger dans l'eau chaude du bain, poussant un soupir de bien être. Il ne se rappelait même plus de son dernier bain chaud. Il serait sans doute capable de s'endormir dedans. L'eau s'était troublée immédiatement lorsqu'il était entré dedans, autant à cause des cendres que de sa crasse personnelle sans doute.

Il se demanda ce que penserait sa mère de tout ça, elle qui aimait tant la propreté et lui répétait sans cesse de se laver derrière les oreilles. Alan s'immergea complètement pour que sa barbe désormais bien longue et ses cheveux puissent profiter des bienfaits de l'eau, les frotta énergiquement, puis ressortit la tête pour respirer. Il profita du bain encore un long moment, conscient qu'il n'en aurait pas d'autre avant une éternité, sans doute, puis il se savonna activement et vida la baignoire pour se rincer. Il n'avait pas sentit aussi bon depuis la veille de son premier jour à Azkaban.

Il utilisa sa baguette pour se sécher rapidement, puis enroula une serviette autour de sa taille, juste assez grande pour lui tomber un peu en dessous des genoux, avant de quitter la salle de bain pour rejoindre Jude qui semblait préparer un repas. Avant qu'il n'ai pu l'atteindre, la voix de la jeune femme lui parvint pour lui dire que ses vêtements étaient près de la cheminée. Il alla s'en emparer et retourna dans la salle de bain pour les enfiler, séchant au passage ceux qui n'étaient pas encore totalement secs et reposant sa serviette sur un étendoir.

Fin prêt, il se dirigea vers la cuisine, propre comme un sous neuf, s'apprêtant à dire à Jude qu'il allait repartir. Le camp attendait certainement de ses nouvelles. Cependant, Jude l'accueillit avec le chat dans les bras en lui proposant à demi-mot de rester, chose que Alan pouvait également difficilement refuser. Ils n'avaient pas vraiment l'occasion de cuisiner correctement au camp et les talents d'Alan en tant que chef n'étaient pas les plus reconnus. Il se mit à sourire.

-Je suis affamé, je prendrais bien un bout de Stan, puisque tu le proposes.

Il aboya un rire et s'approcha pour poser sa grosse main sur la tête du chat, lui faisant quelques gratouilles sans craindre les griffures avant de s'écarter à nouveau pour aller voir ce qu'elle préparait. Ça sentait la soupe en tout cas. Et le café.

-C'est sympa de faire tout ça alors que j'ai sali ton salon, crevette.

Jude était une crevette, pas très grande, pas très costaude et pas bien effrayante non plus, même lorsqu'elle était en colère. Il souleva un couvercle pour voir l'aspect de la soupe et résista à l'envie de mettre son doigt dedans pour la goûter. Il se serait sans doute brûlé. Il alla donc s'asseoir à table, assez sagement, attendant simplement qu'elle veuille bien partager ce repas avec lui.

-Ça ira pour la liste ? Tu penses qu'il y a des choses que tu ne pourras pas avoir ?

Il devait le savoir rapidement pour organiser des opérations de récupération en cas de soucis. Ils avaient besoin de tout le contenu de cette liste.