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sujet; Queen of Hearts, Queen of Spades |
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Do you wish you were here Like I wish I was with you ?
Le 1er septembre 2002
Il n'aime pas la surveillance placée à Godric's Hollow. Cela ne lui dit rien de bon. Il a bien reconnu les divers gardiens placés au détour des rues et des entrées. C'est pour cela qu'il s'est décidé à transplaner à l'intérieur de la maison d'Elphaba, dans son bureau, où il a vu l'ombre de la brunette danser derrière le rideau. Elle risque d'être surprise, mais... ô, comme il a hâte de la voir. Il a attendu quelques jours à peine après son retour des États-Unis pour venir la visiter, le faciès indéniablement plus reposé qu'avant son départ. Le mois à l'étranger ne s'est pas exactement terminé comme il le désirait, mais par Helga... quel mois ça a été. Il est plus bronzé que jamais et il a même repris un peu de poids – presque imperceptible, son visage n'est pas moins découpé, mais lui l'a senti dans ses pantalons légèrement plus serrés (et ça, ça, c'est un sentiment heureux).
Ses pieds se déposent sur le plancher du bureau, dans un angle non visible par la fenêtre, et la brunette, assise à son bureau, sa Plume à Papote rédigeant furieusement, se lève d'un bond. La surprise, comme prévu. Un sourire étire les lèvres de l'Auror, qui s'avance d'un pas pour attraper Elphaba par la taille : « Vous me manquiez. » Sa main effleure à peine la taille de la jeune femme qu'elle s'écarte et sort sa baguette, un « Stupéfix ! » passant ses lèvres. Heureusement qu'il est duelliste. En une fraction de seconde, sa baguette a bloqué le sort, le renvoyant dans un mur. Et le sourire a fondu, laissant toute la place à une expression interloquée. « Mais qu'est-ce - Sort paré. - vous - Sort paré. - prend ? » La baguette est expulsée, volant derrière le canapé, et une corde vient entourer la taille de l'écrivaine pour la ramener à lui. Elle ne s'en débat pas moins, par contre, et il n'a pas franchement envie de se récolter une gifle ou un coup à un endroit stratégique. Il attrape ses deux poignets d'une seule large main, les immobilisant dans son dos pour qu'elle se débatte avec moins de vigueur, et pousse Elphaba jusqu'au mur voisin de la fenêtre, l'y appuyant de façon à immobiliser ses jambes. So long pour l'accueil chaleureux qu'il avait imaginé. Il chuchote, précipitamment, craignant que les sorts lancés aient alerté quelqu'un, n'importe qui : « Avez-vous perdu la tête ? Vous allez alerter tout le m- AU SECOURS, IL Y A- » Il plaque sa main libre sur la bouche de la Gryffondor, la baguette rangée au creux de sa manche en un mouvement encore plus rapide. Le cri est coupé en son milieu. « Elphaba, cessez. Ça ne m'amuse pas. À quoi vous jouez ? Vous saviez que je revenais à la fin du mois, vous n'imaginiez quand même pas que j'allais... je vous ai écrit. » Et elle n'a pas répondu Elle ne répond plus. Le livre n'a jamais répondu et la brunette reste également coite, ses lèvres appuyées contre la paume râpeuse. Son expression est celle de la peur, mêlée de l'incompréhension. Comme si elle le voyait pour la première fois. Une expression qui est semblable à celle de leur première rencontre, sans pourtant cet ersatz de confiance tissé entre eux. Il a peur de comprendre. De savoir. Effacez-moi. « Vous ne vous rappelez pas de... de moi ? La réponse est un souffle effrayé contre ses doigts (il lui fait peur, Merlin, il lui fait peur). N-non. »
Il relâche les poignets de la jeune femme, son visage, et s'assit, brusquement, sur la chaise du bureau. Le visage entre les mains. Un mois. Il est parti un mois. Il a été effacé. Il se refuse pourtant à se laisser aller aux larmes. Ça ne réglera rien et il a déjà bien trop pleuré pour elle. Avec elle. Il savait, il a toujours su, que ça ne pouvait pas durer. « Davius Llewellyn. » Il hoche tristement la tête. Ça a la saveur d'un souvenir. De déjà vu. « Je dois alerter les autorités. On se moque de lui. Ce sont les mêmes mots. Les mêmes paroles. Il le jurerait. Il relève des yeux méfiants. Ceux d'Elphaba sont marron. Stables. Elle a eu peur de lui, mais il n'y a eu ni cramoisi, ni pourpre, ni blanc. Pas même ce rose coquet qu'il a appris à reconnaître, à caresser. Ne me faites pas de mal. Ne faites pas de ma à ma fille.Les mêmes mots. Encore. Presque. Jamais. Sa voix est hachée, mécanique. Nous sommes... Comment annonce-t-on à quelqu'un une relation ? Elle l'a oublié une fois. Une deuxième, désormais. ... je vous ai promis de vous aider. L'aider. Elle ne répond rien et reste à distance de lui, mais ne fait pas non plus mine d'aller chercher sa baguette. Ni d'alerter les autorités, puisque nous y sommes. Qu'est-ce qui s'est passé ? Hésitation. Elphaba n'a jamais été la poupée docile et mécanique que le gouvernement a tenté d'en faire – son esprit fort a toujours lutté et même réformé, même normalisé, il ne s'est jamais complètement plié. Les pièces du casse-tête ont été remises en place, du casse-tête initial, sans que le lavage de cerveau ne soit fait à nouveau. C'est la sienne. L'Elphaba qu'il a connu par le livre. Elle croise ses bras minces contre sa poitrine – défense, méfiance. J'ai été malade. Je suis sortie il y a un peu plus d'une semaine. » Malade. Encore. Il se souvient du bain, de sa peau blafarde, translucide. Des sorts qui ont détraqué son corps, son esprit et sa magie. Davius se lève de la chaise et d'un coup de baguette, éteint les chandelles et lumières du bureau, les laissant tous les deux dans la pénombre. Dans une lumière filtrée par le rideau, qui trace à peine les contours de la silhouette de la Duchannes. Elle doit partir. C'est trop dangereux. Et il a promis de la protéger. De tout régler. C'est le moment de tenir sa promesse. Encore une fois. « Seriez-vous prête à quitter le pays ? D'ici deux semaines. Un bruit de pas : elle se recule, s'éloigne. C'est vous qui avez perdu la tête, Llewellyn. On ne quitte pas le pays si facilement et je suis surveillée, vous le savez. Ils ne vous trouveront pas. » Elle le sait tout aussi bien que lui. Lentement, prudemment, il s'approche jusqu'à se retrouver devant elle. Ses mains hésitent, se posent sur ses épaules, à tâtons, contenant la résistance de son amante. Cette peur qu'elle a éprouvé, cette confiance qu'elle désire avoir tout de même. L'insurgé voudrait l'embrasser. La rassurer. La serrer dans ses bras, encore. Elle l'a oublié. « Faites-moi confiance, Elphaba. Une dernière fois. Faites-moi confiance. »
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She's deadly man And she could really rip your world apart
Le 10 septembre 2002
Ceux qui savent chercher sauront toujours la trouver.
On l'a emmené dans un salon où ronronne déjà un feu, au cœur de cette soirée fraîche dans les landes d'Écosse. « Rook. L'élégante silhouette de Meredith Ives se rapproche de lui et son visage effleure le sien, par deux fois, une par joue, dans une esquisse d'une bise fantôme faussement ravie. Faussement séductrice – ou réellement, dans tout le rôle que joue constamment l'Écossaise. Tu es bien le seul qui me fasse roucouler à l'idée d'un rendez-vous galant. » Mais bien sûr. Davius ne bouge pas, ne se plie pas au jeu, marchant déjà sur son ego pour ce qu'il vient demander à son contact. Ce n'est pas la première fois qu'ils discutent, pas la première fois qu'ils échangent, mais leurs précédentes rencontres ont toujours été plus... générales. Certainement pas aussi personnelles. C'est quelque chose pour lui, qu'il vient demander. « Qui donc désires-tu voir ce soir ? Scam, Arachne, Nightingale. L'arnaqueuse, l'araignée, l'oiseau de nuit et de rêve. Le nom qui franchit ses lèvres est pourtant le dernier qu'on peut l'entendre prononcer. La passeuse. Charon. » Un sourcil intéressé se hausse dans le visage aux traits fins. La femme d'affaires s'éloigne pour aller s'asseoir dans un fauteuil, lui indiquant d'un signe de la main de faire de même. Ils sont seuls et il s'oblige donc, ne la quittant pas des yeux. Jamais. Un ensemble de verres tinte, se mouvant pour servir aux deux sorciers un verre d'un scotch whisky dont le fumet seul suffit à le faire saliver.
Un toast silencieux et il trempe ses lèvres dans le breuvage. Miel. Finale chocolatée. Il en mourrait. « ... Scapa ? Un hochement de la tête. L'infâme pisse que vous buvez chez les insurgés n'a pas entamé tes papilles. » Il en rirait, Merlin, et il a bien noté l'amusement dans la voix de sa vis-à-vis, qui laisse sa main courir sur le poil épais du royal félin couché sur le bras de son fauteuil, chat qui le fixe avec un dédain net. Il en rirait, mais il ne veut pas lui laisser un centimètre de manœuvre. Un centimètre pour s'approprier plus que nécessaire ce qu'il va déjà remettre entre ses blanches mains. Quelle folie. Quelle idiote. Quelle nécessité. « Tu connais mes tarifs. Exorbitants. Oui, il les connaît. Tu sais bien que je n'ai pas de quoi payer tes services. Mais bien sûr que tu as de quoi payer mes... services. Son regard sur lui est équivoque. Pas besoin qu'elle parle plus. Il s'attendait à cela. C'est tout ce qu'il possède. Lui-même. Ma parole saura-t-elle te suffire ? Un silence s'étire, suite à son questionnement. Le temps que Charon prenne une nouvelle gorgée de whisky et fasse encore glisser sa main dans le pelage de Mephistopheles, une expression pensive peinte sur ses traits. Bien que je sache que tu es un homme d'honneur... je préfère prendre mes précautions. Tu es après tout l'un des hommes les plus recherchés au Royaume-Uni et je n'aimerais pas avoir à te rechercher moi-même parce que tu aurais eu l'inconvenance de manquer à ta parole. » Bien naturellement. Davius prend une gorgée du scotch whisky, le laissant réchauffer sa bouche et sa gorge. Il n'ose pas détourner le regard. Il n'aime pas les entourloupes et avec la Serpentard, on n'est jamais à l'abri d'une arnaque d'une quelconque sorte. Même si son intérêt joue en sa faveur.
« Une amie doit quitter le pays. Le plus rapidement possible. D'ici une semaine, avant le 20 septembre. Une amie ? Curiosité non assouvie, pour le moment. Elle le saura bien assez rapidement. Un aller simple pour une personne. Une destination de préférence ? Non. Léger hochement de tête. N'importe où. Loin. Et cette... amie... a-t-elle une particularité notable qui risquerait de m'empêcher d'accomplir cet alléchant contrat en un temps si restreint ? Elle est... connue. Il remue un peu sur sa chaise, mal à l'aise. Il ose le nom avec hésitation, dans un questionnement qui espère qu'elle ne connaisse pas l'identité de la dite amie. Elphaba Duchannes ? Un sifflement (moqueur, réprobateur) accueille sa révélation, accompagné d'un commentaire doucereux dont il se serait bien passé (ce n'est pas comme s'il n'y avait jamais pensé par lui-même). Rook, par Salazar... Dire que j'avais espoir que tu t'intéresses à une femme de ton âge. » Meredith se lève de son fauteuil et sort de la pièce, pour revenir quelques minutes plus tard en compagnie d'un jeune homme qui n'ose pas lever les yeux sur elle. Et qui, dès qu'il les lève sur Davius, les abaisse aussitôt. En voilà un qui ne doit pas se sentir en sécurité, en effet, entre sa patronne intraitable et le quatrième criminel le plus recherché par le gouvernement... Cette fois, il ne peut réprimer un sourire malin. Le verre d'alcool est bu d'une traite et il se lève pour rejoindre les deux sorciers, dont il devine bien les intentions. Elles étaient claires avant même qu'il rentre dans cette maison. Seulement, il est hors de question qu'il soit le seul pigeon dans toute cette affaire. Un signe au pauvre pion, qui vient vers lui la tête baissée pour écouter ce que le Poufsouffle murmure dans son oreille, exprimant son assentiment par de légers signes du chef pour indiquer sa compréhension.
« Un Serment double ? Tu joues dur, Rook. Les deux mains se croisent, serrent la peau au-dessus du poignet. Celle de Meredith est fraîche, délicate, autant que la sienne est brûlante et rugueuse, trop bronzée contre la peau d'albâtre. Échec à la Reine. Ne me fais-tu donc pas confiance ? Non. Sourire malicieux. Quelle sagesse, pour toute cette folie. » Ô comme elle a raison. Sa poigne est trop ferme. Il voit déjà les marques rosées sur le bras nu de l'Écossaise et il ne peut s'empêcher de légèrement trembler. « Première fois ? Aucune réponse. Elle ne doit pas s'emparer de cela également. Peu importe ce qu'elle puisse conclure de son silence – en témoigne sa réponse satisfaite. J'en suis flattée. »
L'extrémité de la baguette du jeune homme appuie contre sa main. Sa voix, qu'il entend pour la première fois, est étrangement posée et ne bégaie aucunement, malgré toute la tension qui rend le corps de l'homme raide comme un arbre mort : « Jures-tu, Davius Llewellyn, de rembourser la dette contractée auprès de Meredith Joan Ives ? Je le jure. Jures-tu de te plier à ce remboursement peu importe l'extrémité à laquelle celui-ci peut te pousser, le meurtre, le vol, la torture et l'usage d'Impardonnables constituant une liste non exhaustive ? Je le jure. Jures-tu, finalement, de garder un silence complet quant à la nature du rendez-vous de ce soir et du remboursement de cette dette, qu'importe l'illégalité ou les aspects répréhensibles de ceux-ci ? Je le jure. » Les langues de feu s'impriment dans sa peau, sans pourtant s'effacer : le sort n'est pas terminé. Il sait que ce n'est pas au goût de Meredith, d'être également enchaînée à lui, mais elle sait bien qu'elle a plus à gagner qu'à perdre, dans cette histoire. La magie le fait trembler, s'infiltre dans toute ses crevasses, se lie intimement à ses pouvoirs. Fait. Pris comme un rat. Ce n'est pas fini. « Jures-tu, Meredith Joan Ives, de ne jamais révéler quoi que ce soit, à qui que ce soit, de quelque façon que ce soit, la nature de l'entente contractée ce soir ? Je le jure. Jures-tu que le remboursement de la dette contractée par Davius Llewellyn ne consistera en rien à nuire à ses alliés ? Les sourcils sombres se froncent, signe de contrariété, mais la voix – plus froide – n'en émet pas moins son assentiment solennel. Je le jure. Jures-tu, finalement, de tout faire pour que l'entente contractée connaisse le succès ? Je le jure. » Les six langues de feu s'entrelacent, s'embrassent, avant de s'embraser et de disparaître, laissant sur les mains des deux sorciers un florilège de marques éphémères, rougeâtres. L'expression de dégoût sur le visage de la sorcière le satisfait, mais il sait bien que la sienne doit être identique.
Le Poufsouffle frotte légèrement les marques, mal à l'aise, et laisse ainsi la Serpentard se rapprocher de lui, presque trop près. Assez pour qu'elle entende sa demande, une dernière demande, avant qu'ils établissent le plan nécessaire à la déportation d'Elphaba Duchannes :« Je ne veux pas savoir où elle ira. D'aucune façon. Un doigt glisse sous son menton, caresse furtive, puis vient se déposer sur ses lèvres, l'intimant au silence. Tes désirs sont un contrat. »
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I'll try to hide, hide my sorrows I wonder, can I hold them till tomorrow
Le 18 septembre 2002
Le point de rendez-vous est en banlieue de Londres, dans un quartier peu riche. Une arrivée en plusieurs étapes, le tout coordonné autant avec Davius qu'avec Charon et Elphaba. L'Auror est le premier sur les lieux, dans le gymnase d'une école primaire désaffectée, abandonnée à elle-même depuis longtemps. On a déjà vu lieu plus romantique, pour des adieux, mais ce n'est pas lui qui fait quitter le pays à la Duchannes. Ce n'est donc pas à lui de discuter sur le fait qu'il aurait nettement préféré les landes écossaises à un gymnase puant la sueur rance. Meredith est la deuxième, en temps normal – et il entend le bruit de ses talons hauts contre le plancher, jusqu'à ce que ceux-ci se rendent jusqu'à la grande pièce. En vérité, il s'attendait un peu à un pion de Meredith, pas à la femme elle-même – même s'il sait bien qu'il a joué ainsi. Que le Serment passé interdisait que quiconque s'immisce dans cette affaire et que même un simple sous-fifre ne pouvait venir ici. « Charon elle-même. Je suis flatté. » Sa légère fanfaronnade s'estompe rapidement. Meredith n'a rien de sa superbe habituelle. Si elle est élégamment habillée, comme toujours, son visage est froid. Presque triste. Il sait pourquoi. Enfin, il s'en doute. Pendant qu'ils discutaient le 10 septembre, pendant qu'ils réglaient leurs affaires, qu'ils se liaient par la magie, Morgana Ives était tuée. Dans quelques minutes seulement, Elphaba les rejoindra. Logée à un hôtel du Chemin de Traverse depuis le 10 septembre, depuis que sa maison a été incendié, en même temps que plusieurs autres de Godric's Hollow. Heureusement pour elle, elle était à une soirée mondaine. Heureusement pour Elsa, dont elle a oublié l'existence, elle est gardée chez ses grands-parents Reid (plus pour longtemps, il l'espère, peut-être plus jamais, si Vincianne a été convaincue).
La voix sombre de la Ives brise le silence : « Le savais-tu ? Non. Non. Il ne savait pas que Morgana était morte. Il n'en savait rien. Il le lui aurait dit. Il aurait été incapable de lui cacher cela. Elle est sa sœur. Un des talons de Meredith claque sur le sol, elle expire un soupir, recommence à marcher, effectuant les cent pas autour de l'Auror. Morgana était une dingue à l'éthique vacillante et je n'approuvais pas la majorité de ses idées et de ses méthodes. Les pas se ralentissent, s'arrêtent. Mais elle était une alliée de confiance. Je suis désolé de sa mort. Un signe de la main. Chassant la conversation, les excuses, l'homme qui compatit. Les sentiments. Ce n'est pas important. » Tss. Il reconnaît bien Morgana, là. Les minutes passent, encore dans le silence, jusqu'à ce qu'un autre bruit de talons le rompe. Elphaba. Vêtue simplement, un petit sac à la main, enveloppée dans un manteau sombre. Ses yeux incertains passent de la femme à l'homme, puis elle s'avance vers eux. Elle semble encore plus menue. Plus fragile. C'est la dernière fois qu'il la verra. Il a tenu sa promesse, encore une fois. Bien trop tard, il a bien trop attendu, engoncé dans son égoïsme, dans son sentimentalisme idiot, mais il l'a tenue. L'Écossaise détaille Elphaba, puis se tourne vers Davius : « Vous avez cinq minutes. » Pas de blague, pas de sarcasme, ni d'ironie. La femme d'affaires quitte la pièce. Ils sont seuls. Une dernière fois. Il est mal à l'aise, tout autant que sa vis-à-vis. Le malaise de se rappeler de tout ce qu'ils ont vécu, alors qu'elle n'en soupçonne même pas toute la profondeur. La Gryffondor se rapproche néanmoins de lui pour serrer son bras, dans un geste d'affection sincère, mais qui lui paraît néanmoins tellement peu. Tellement loin de tout ce qu'il aurait pu espérer. « Merci. Pour tout. » Le Poufsouffle n'a même pas la force de sourire, de répondre. Il hausse une épaule, tout simplement. Merci à vous. D'avoir été là. Pour tout. Dans sa bouche, un goût de cendres. Le même que celui du gâteau chez Nyssandra.
La main se lève. Caresse sa joue, doucement. La barbe râpeuse. La mâchoire découpée. Fait naître un frisson léger, sous les doigts frais. « Vous ai-je aimé, Davius ? » Il y a une telle tristesse, dans cette voix. Il ne sait que répondre. Elphaba l'a-t-elle aimé ? Il l'espère. Il y avait des sentiments, entre eux, mais jamais il n'a osé lui demander la nature de ceux-ci. Tout était trop fragile. Trop délicat. Il y a des choses dont on ne parle pas. « Je ne sais pas. M'avez-vous aimé ? Elle sourit – miroir, il ne peut retenir un léger sourire lui-même. Bref. Attristé. Oui. »
Il ne faut que quelques secondes pour s'écarter quand Meredith revient dans le gymnase, le temps s'étant écoulé rapidement. Trop rapidement. Le noble visage a repris une expression de confiance, assurée. Elle a promis, sous Serment, après tout, qu'elle ferait tout en son pouvoir pour que cette déportation réussisse. Meredith place une main sur l'épaule d'Elphaba. Elles doivent partir. Tout est prêt. Les adieux sont faits. Il se recule d'un pas, de deux pas, s'éloignant du duo féminin. « Rook. Un signe de tête. Charon. » Nous nous reverrons lorsque la dette devra être remboursée.
Plop.
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