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sujet; You tricked me on shaky ground (ADEN #2)

HUNTED • running man
Owen Avery
Owen Avery
‹ inscription : 21/07/2015
‹ messages : 1765
‹ crédits : whorecrux <3.
‹ dialogues : #006666 (owen) #A0A0A0 (selma)
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‹ âge : 43
‹ occupation : dans l'ombre du Magister.
‹ maison : serpentard
‹ scolarité : 1971 et 1978
‹ baguette : est en bois d'acacia rigide, possède un cœur en ventricule de dragon et mesure vingt-neuf centimètres.
‹ gallions (ʛ) : 5709
‹ réputation : la magie noire a rongé mon âme, dilué toute conscience, accru ma folie.
‹ particularité : fou.
‹ faits : ma soeur jumelle vit dans mon esprit dérangé, secret dont seuls quelques chanceux ont connaissance, que je suis aussi dérangé que peut l'être un sbire de Voldemort, que je n'hésite jamais à user de violences quand bien même elles ne seraient pas nécessaires, car la souffrance et les hurlements me font vibrer comme aucune autre drogue au monde. Mais qu'elles me sont infligées souvent par la main du Magister elle-même, car dieu sait combien de fois je l'ai déçu au cours de mes années de bons et loyaux (haha) services.
‹ résidence : Herpo Creek, dans la maison de mes parents, vide et délabrée; ruines.
‹ patronus : irréalisable, autrefois une hyène bien qu'elle ne soit apparue qu'une seule et unique fois sous forme reconnaissable.
‹ épouvantard : le baiser du détraqueur.
‹ risèd : la fin de cette insurrection qui amène autant de satisfaction que de souffrance.
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Frasques haineuses jetées aux oubliettes. Avery ne conservait qu'un vague souvenir de l'issue de leur dernier face à face enragé, tête à tête entaché de ressentiments sanguins. La rancœur avait vieilli comme un bon vin, n'en était devenue que plus savoureuse lorsqu'elle s'était déversée comme de la bile hors de la bouche d'Adele Bones. Elle avait envenimé des cœurs meurtris. Noirci des mémoires et des souvenirs chéris. Avery frotta sa paume gauche de sa main droite, caressant le bandage rougi sous lequel se planquait la morsure douloureuse infligée lors de la dernière mission. Atteinte écopée d'une Méduse des temps modernes. Cette Burke avait du mordant, il ne pouvait le nier. Des jours après, la plaie restait ouverte, pulsant sous sa peau comme un cœur à part entière. Malgré les chairs boursouflées, les doigts virant à un bleu soutenu marbré de violet sombre, le Mangemort n'avait pas jugé bon d'aller consulter, laissant le venin filer dans ses veines pour aller pourrir quelque parcelle de son corps déjà altéré par la magie noire. Ce n'était qu'une escarre de plus à ajouter à ses cicatrices déjà existantes. À ses tares psychiques et morales. Une tâche de plus sur le décors déjà loqueteux. Il avait des choses bien plus importantes à considérer. Le calme revenu dans son esprit tourmenté, ce dernier délaissé par son unique alliée en ce monde, perdu par ce silence nouveau et angoissant, il s'était rendu directement chez elle après quelques nuits agitées passées à ressasser l'insubordination subie de la main de Bones. Il était rentré impunément et sans aucune difficulté dans le bâtiment qui abritait ses appartements délicieusement aménagés ; bon goût et style propres à l'hybride, et qu'il connaissait si bien pour les avoir foulés à maintes reprises. À croire que c'était devenu une habitude : s'infiltrer dans tous les recoins de sa vie privée à la manière d'un poison, au détriment de son intimité, concept qu'il balayait d'un revers mental dédaigneux. Surpris quoi qu'amusé par la constatation qu'aucune protections magiques particulières n'avaient été dressées à son encontre, Owen avait passé une à une les portes menant au salon de chez Bones, promenant son regard inquisiteur sur chaque moulure qui caractérisait à leur manière le penchant fantasque et vaniteux de la sorcière. Chaque meuble en lui-même était une œuvre d'art, chaque recoin de chaque pièce qu'il violait de son regard hétérochrome le faisait sourire intérieurement. Tant de prétentions pour masquer une misère déguisée, honte existentielle qu'elle s'efforçait de cacher sous de jolies décorations sorcières ad hoc. La cape fut larguée sur un fauteuil trônant aux côtés d'une bibliothèque garnie jusqu'à la lie. Il cligna de l’œil, gêné par la conscience de la bichromie persistante de son iris droit. Pichenette mentale, incommodité reléguée au second plan. Il était venu traiter de choses bien plus inquiétantes. Il ne pouvait le nier, outre la fureur primitive, la révélation de Bones l'avait surtout plongé dans une confusion si grande que dans un premier temps, il avait de prime abord refusé d'y croire (passé le premier élan meurtrier, lorsqu'il avait purement et simplement essayé de la tuer, tout éclopé qu'il était). Ce n'était sans doute rien de plus qu'un caprice de l'hybride, une invention montée de toute pièce dans le seul et unique but de le détruire. Sa haine lui avait sauté aux yeux. Son trouble également. L'évocation des larmes avait entamé un autre cheminement de sa pensée : Adele mentait certes à merveille. Mais elle n'avait pas feint la souffrance qu'elle avait laissé voir la dernière fois. Cela plus que tout le reste avait perturbé le Mangemort qui, désormais, ne souhaitait plus qu'une chose : tirer les choses au clair. L'idée de s'être vu écarté d'un secret si énorme l'assommait. C'était impensable. Et pourtant.

La propriétaire des lieux semblait absente. Il ne s'était une fois de plus pas donné la peine de s'annoncer, et ne se donnerait pas la peine de s'assurer qu'il était seul. Peut lui importait. Prévenir de sa présence ? Encore moins. Un elfe de maison qui s'affairait par là couina de terreur en apercevant l'intru, qui s'affala sans aucune gêne sur la causeuse savamment orientée vers l'âtre vide. D'un coup de baguette, il vint y créer un feu salvateur pour ses mains gelées. « Tiens donc, Fizzy. Ça faisait longtemps. » L'elfe s'inclina, terreur muette brillant au coin de ses yeux protubérants. Merlin, il trouvait les elfes de maison d'une laideur insultante. Il n'avait jamais été aussi heureux de se tenir face à Fizzy, cependant, d'autant que sa maîtresse n'était pas la pour brider sa langue. L'elfe bredouilla des monsieurs mille fois répétés, assortis à d'autres paroles conciliantes et soumises, souhaitez vous que je vous apporte ceci, boire cela, que je prévienne Miss Bones de votre arrivée... « Pas besoin elfe, elle apprendra bien assez vite que je suis ici. Viens plus près, parlons un peu. » Il lui fit signe de s'approcher. La bestiole hésita, ce qui agaça instantanément le Mangemort qui n'avait pas de temps à perdre avec des esclaves réticents. Il massa de nouveau sa paume ; réflexe tout nouveau, diffusion passive de la douleur, geste machinal qui accompagnait une réflexion muette. Owen toisa du regard Fizzy. « Tu es un serviteur fidèle, mh ? » Hochement de tête servile. « Parle moi de sa fille. » Question balancée sans aucune pudeur, sans aucune prévenance. Test ultime venant confirmer ses doutes et ses questionnements internes. L'elfe émit un nouveau couinement et secoua vivement sa grosse tête de droite à gauche, sans s'arrêter, luttant manifestement contre une promesse le liant à sa maîtresse. « Quelle fille monsieur Avery ? De qui parlez vous ? » Il savait quelque chose, et il devait avoir reçu l'ordre de ne rien dire. Owen s'en serait douté. Ça aurait été trop facile, bien sûr. Quiconque cherchait à cacher un mystère d'une importance capitale de quelque nature soit-il, ne pouvait oublier une prudence fondamentale, celle de faire taire son propre esclave -surtout que celui ci avait toutes les chances de s'être trouvé en première ligne. Leste et rapide, il attrapa le bras frêle de l'elfe, qui gémit de nouveau, son pathétique qui lui donna envie de lui tordre le cou. Combien de fois avait-il menacé la pauvre bête dans le dos de Bones... S'il serrait un peu les doigts, il avait l'impression de pouvoir lui briser le bras comme une brindille. « Parle elfe, je sais que tu caches quelque chose. » siffla-t-il entre ses dents, menaçant.

L'entrée résonna de l'arrivée de la propriétaire des lieux, suivi du claquement sonore et familier de ses talons sur le parquet ciré. Avery lâcha la bestiole qui se recula vivement et s'inclina profondément devant l'hybride lorsque celle-ci pénétra dans la pièce, frémissant encore de s'être fait brutaliser de cette façon. Le Mangemort se réappropria un faciès lisse de toute expression, se radossa tranquillement au dossier du canapé, qu'il squattait comme un parasite, visiblement dénué du moindre sentiment de honte ou de malaise. Le fait d'occuper l'appartement d'Adele avant même qu'elle ne soit là ne le dérangeait pas plus que ça, bien au contraire, à en croire la désinvolture qu'il portait comme un étendard. Bones se confronta à sa présence inopportune dans un silence glacial. Lui-même ne manifesta pas la moindre émotion lorsqu'il affronta son regard. Que ne l'avait-il pas étranglée dans son bureau quand il en avait eu l'occasion... Imperturbable, visage clos, paroles inexistantes. Attente et tension palpable. Pour une fois, Owen exerçait un contrôle total sur sa personne. « Fizzy et moi discutions gentiment avant que tu n'arrives. - non Madame Bones ce n'est pas vrai Fizzy n'a rien dit...- J'espère que ça ne te dérange pas. »  Le ton de sa voix était régulier et ne laissait nullement filtrer l'animosité éprouvée. Il avait donné assez la dernière fois, et le temps passant avait emporté avec lui la frénésie de la fureur primitive. N'en demeurait qu'une rancœur sibérienne, aux atours froissés des derniers vestiges colériques. Il leva sa main gauche, ouvrit les doigts et exposa la paume blessée (bien qu'encore bandée) au regard expert de la Guérisseuse. « Tu as peut-être un remède pour ça, au passage. »

Non. Vraiment. Avery se contrôlait à merveille.
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HUNTED • running man
Adele Bones
Adele Bones
‹ inscription : 03/08/2015
‹ messages : 2056
‹ crédits : LUX AETERNA, astra, sia, tumblr, simon/mathydabest.
‹ dialogues : #336699
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‹ âge : 38
‹ occupation : en fuite, déchue de tout type de privilèges.
‹ maison : Serpentard
‹ scolarité : 1976 et 1983.
‹ baguette : est en bois d'if, mesure 23,7 centimètres et possède un ventricule de dragon en son cœur.
‹ gallions (ʛ) : 5965
‹ réputation : je suis sans aucun scrupule.
‹ particularité : semi-Vélane.
‹ résidence : ici et là, clamant comme miens les différents cottages investis durant notre cavale.
‹ patronus : inexistant
‹ épouvantard : une vie silencieuse, ponctuée par des râles de douleur, et non plus par les rires des rares personnes auxquelles je tiens.
‹ risèd : une journée d'été, Artur m'aidant au jardin ; Owen Avery se moquant de l'activité sans chercher à dérober son regard attendri.
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Son parfum l'avait aussi sûrement averti de sa présence que le cliquetis de ses talons hauts ne lui avait signalé la sienne. Pressant le pas, Bones s'était dirigée vers le salon en se jurant de faire venir un enchanteur dés le lendemain matin. Puisqu'elle n'y arrivait pas seule, autant payer un professionnel pour modifier les propriétés des sortilèges de protection levés chez elle et ainsi empêcher, définitivement, Avery d'investir ses appartements comme il l'entendait, n'importe quand, n'importe comment, à sa propre guise. Elle le détestait lorsqu'il considérait que tout ce qui lui appartenait lui revenait de droit. Adele ne tenterait même pas de comprendre pourquoi elle n'y avait pas pensé avant. Peut-être était-ce par un trop plein d'assurance (elle savait à quoi s'en tenir, il lui avait clairement fait comprendre qu'il voulait la tuer, en juillet dernier ; main armée et tout serait réglé) ; ou peut-être par faiblesse (elle ne se reconnaissait absolument pas, qui était-elle, cette femme qui pleurait sans la moindre raison, cette femme qui s'abrutissait de potions parce qu'elle n'était pas certaine de pouvoir se contrôler totalement ?) ; certainement parce qu'elle savait qu'il était temps de rendre les armes (s'était-il réellement écoulé des semaines sans qu'il ne vienne lui réclamer la moindre explication? Abandonnant la révélation de Bones comme si elle n'avait été qu'un mensonge de plus, se moquant éperdument de la détresse dans laquelle elle s'était elle-même emmurée). Voir la silhouette du Mangemort la figea totalement au beau milieu de la pièce, ignorante de l'excès de servitude que déployait son elfe de maison pour masquer les secousses qui la faisaient trembler comme une feuille. Attention focalisée sur les contours parfaitement ciselés de cet homme qu'elle haïssait plus que tout (liar), admirant les flammes qui ondulaient paresseusement dans l'âtre immense juste derrière lui.

Les sensations de brûlures de ses jambes vinrent renforcer son masque d'impassibilité et la sortit de son observation glaciale et méfiante. Après tout, la sorcière attendait toujours le retour de flammes de son patriarche, le comportement défiant qu'elle avait eu lors de la mission du musée quelques jours auparavant avait déclenché de nouvelles hostilités entre eux deux. Angus Bones lui avait adressé une missive des plus menaçantes, incendiaire quant à l'irrespect flagrant avec lequel elle avait traité l'un des Mangemorts du Cercle, refusant catégoriquement de laisser passer l’irrévérence avec laquelle elle avait ridiculisé Avery durant la prise d'otage (il n'accepterait certainement pas l'excuse de leur couverture d'insurgés, elle ne devait même pas y penser!). Peut-être était-ce cela, sa punition. C'était à celui à qui elle avait fait du tort qui déterminerait la sentence. Laissez-la rire une dernière fois. Ce serait finalement la vieille amitié des deux anciens camarades, Bones et Avery senior, qui viendrait stopper toute la machine ? Voilà qu'elle recommençait. À extrapoler, à dérailler, à imaginer et à oublier qu'Owen avait plus en commun avec elle qu'avec son père. Peut-être préférerait-elle une telle tournure aux événements plutôt que l'autre,  celle qu'elle savait incontournable, celle qu'elle savait bien plus désagréable. Les lèvres scellées, Adele hésitait sur la conduite qu'elle se devait de tenir cette nuit : avait-elle le Mangemort ou Owen Avery face à elle ? « Fizzy et moi discutions gentiment avant que tu n'arrives... », les bras d'Adele resserrèrent jalousement leur emprise autour du paquet cacheté qu'elle avait ramené de Mangouste, détournant son attention vers l'Elfe en sentant ses doigts recroquevillés venir tirer le bas de ses robes de Guérisseuse. « Non madame Bones ce n'est pas vrai Fizzy n'a rien dit », Sybil. « … j'espère que ça ne te dérange pas ». Sa logique et son instinct n'étaient finalement pas complètement détraqués par les philtres de paix qu'elle avalait aussi souvent que Vayk n'ingurgitait ses compositions personnelles de la Tue-Loup. Owen Avery était venu pour Sybil. « Comme si tu te préoccupais de mon avis. », lâcha-t-elle froidement dans sa direction, confiant à l'Elfe de Maison le colis que lui avait fait parvenir le Musée (qu'elle avait elle-même pillé, what a shame, really) quelques heures plus tôt, son sac en cuir de dragon et sa cape couleur émeraude. Dans l'unique but de la faire taire, de la calmer. Bones avait beau détester les elfes de maison, Fizzy trouvait grâce à ses yeux puisqu'elle, elle l'avait élevé ; elle, elle avait partagé ses plus sombres et intimes moments : voilà pourquoi Adele détestait la voir paniquée, apeurée par les autres sorciers et le monde, quoiqu'elle puisse laisser entrevoir aux yeux de la société. Aux yeux critique d'Avery. « Va me préparer mes potions Fizzy et apporte du thé ». Le regard de la sorcière fut soudainement happé par la main bandée que venait de lever Avery dans les airs, alors plus obnubilée par son attitude indéchiffrable que par la teinte anormale arborée par ses phalanges.  « Tu as peut-être un remède pour ça, au passage. » Dans un dernier souffle, elle commanda de nouveau à l'Elfe. « Et le nécessaire anti-venimeux. » « Madame... » « C'est un ordre, Fizzy ». Dans un plop distinctif, l'Elfe s'évapora dans les airs en emportant avec elle les affaires de sa maîtresse, l'abandonnant avec l'héritier Avery.

Pour la première fois depuis cinq jours et quatre nuits, elle retrouvait enfin les murs de son appartement ; jusqu'alors bloquée par l'afflux important de patients que les insurgés avaient provoqués lors des récentes attaques, retenue à Sainte-Mangouste par les dégâts qu'ils avaient répandus tout autour d'eux sous les ordres officieux du Lord, complétant un dessein dont lui seul avait la clef ; et sincèrement, Adele n'avait pas envie de discuter de cette mission désordonnée, de Sybil, ou de quoique ce soit d'autre avec Avery ce soir ! Elle voulait pouvoir fermer les yeux plus d'une vingtaine de minutes consécutives. Elle voulait dormir, dormir, dormir. Tout ce qu'elle désirait, c'était se débarrasser de lui au plus vite. « Tu n'es pas interdit de séjour à Mangouste. », déclara-t-elle en s'approchant avec prudence de la causeuse, assez directe pour lui rappeler l'esclandre qu'il avait provoqué dans son service des mois plus tôt, assez éclairée pour ne pas mettre d'emblée sur le tapis un sujet qu'elle ne voulait pas véritablement aborder aujourd'hui. Lui rappelant que même de bien médiocres Médicomages auraient pu le soigner à Sainte Mangouste,  s'il n'avait pas eu cette morbide passion de l'étrange. Les mots corrosifs pour ne pas lui faire entrevoir l'inquiétude qui s'emparait d'elle en détaillant la très distinctive variation de violets qui lui teintait les chairs : infection magique, magie noire acide et pernicieuse qui n'attendait que le bon moment pour porter son coup ultime. Abrupte, elle alla manier la main du Mangemort avec une dextérité professionnelle, évaluant l'état et l'entendue de la blessure sans se préoccuper de l'identité du patient inopiné qui se trouvait chez elle. Ce n'était pas lui, ce n'était pas lui, se répétait-elle pour garder en place son professionnalisme détonnant. Qui aurait crû que des gamines de l’Élite pouvaient faire autant de dégâts qu'une équipe de la BPM ? En le voyant à peine sourciller et continuer de considérer l'hypothétique gangrène comme une simple coupure, Adele se demanda si Avery avait ressenti, un jour, ne serait-ce qu'une once de douleur physique de toute sa vie... pour finalement se targuer de l'avoir elle-même fait plier, d'avoir su lui arraché plus qu'une simple mimique condescendante la dernière fois qu'ils s'étaient retrouvés seuls. Oublie ça, vite.

Bones ne put empêcher une grimace venir distordre la ligne pulpeuse de ses lèvres lorsqu'elle prit à son tour place sur son siège de fortune, le repose-pieds du fauteuil dans lequel siégeait l'impertinent Mangemort. Maudissant une fois encore la créativité dont avait fait preuve Aramis Lestrange en la gratifiant d'un sortilège personnel et qui lui défigurait les jambes depuis près d'une semaine. Bones souffrait plus du reflet humiliant que lui renvoyait son miroir que des véritables effets douloureux du coup qu'il lui avait porté lors de son échappée de la bataille. Fils de Rabastan ou pas, qu'elle chérissait de loin depuis le jour où il était venu au monde, Adele n'aurait plus répondu de rien si les effets de cette magie noire là avaient été irréversibles. « Qu'est-ce que tu as à l’œil ? ». Le visage tourné vers le bandage souillé qu'elle déroulait prudemment, Bones se laissait presque bercer par les crépitements des flammes ; à croire que son corps accusait un nouveau coup, la fatigue lui faisait presque oublier qu'il n'était pas normal de voir Owen aussi pondéré qu'en cet instant, qu'il n'était pas normal d'entamer une vulgaire discussion alors que des cadavres se planquaient toujours dans leurs placards. Même lorsqu'il dormait, il n'avait jamais été aussi serein... alors ? Qu'est-ce qui lui prenait ? Quand se déciderait-il finalement à laisser le couperet tombé  ? « Voici, Madame Bones. Votre traitement vous attend sur votre table de chevet et les essences sont déjà incorporées à votre bain... ». Acquiesçant d'un mouvement vague de la tête, Adele laissa son index frôler les quatre points sombres qui venaient marquer les deux faces de la main d'Avery avant de poser un regard absent sur l'Elfe de Maison.  « Je termine ici et j'arrive. Tu peux te retirer Fizzy. A demain. ». Les deux billes de l'Elfe s'écarquillèrent en grand avant que le visage de Mangemort ne retrouve place dans son champ de vision. Peut-être la peur, ou peut-être bien l'angoisse, certainement ces deux sentiments à la fois, décida Fizzy à quitter définitivement la pièce et à se retirer dans la mansarde qui lui avait été aménagée sous les combles de l'immeuble. Abandonnant définitivement sa maîtresse à Owen Avery.

Déposant la main blessée par-dessus de ses jambes, Adele s'empara de la baguette en bois d'If et lui jeta un sortilège d'insensibilisation, anesthésiant ainsi son avant-bras pour les minutes à venir. Le geste presque attentionné, elle déroula la manche sombre d'Avery jusqu'à son coude, dévoilant la marque des Ténèbres et quelques veinules infectées à son regard indiscret. Bones prit un instant pour mélanger le Philtre de Paix à son thé et avant d'en boire une gorgée, elle lui déclara. « Je m'occupe de ta main et ensuite, tu t'en vas. Si tu as quelque chose à dire, c'est maintenant Avery. » Une gorgée brûlante, puis une deuxième, alla rendormir les nerfs de l'hybride qui sentait se profiler une nouvelle crise, la menace flottante au-dessus d'elle comme une épée de Damoclès depuis qu'elle l'avait trouvé ici. Adele n'avait pas peur d'Avery, ce soir. En revanche, elle avait peur de ses souvenirs qui, emmagasinés depuis des années dans les tréfonds les plus reculés de sa mémoire, mettaient de plus en plus en péril son esprit. Refusant toujours l'inacceptable, le laissant seulement s'insinuer dans les brèches qu'il avait révélé lors de leur dernier face-à-face. Le laissant la détruire sous les litres de potions qu'elle buvait, les grammes d'Orviétan qu'elle prenait et la quantité phénoménale de travail sous laquelle elle croulait pour s'empêcher de penser à cette gamine qui n'avait jamais expiré le moindre souffle. Plantant un regard vide de toute émotion, Bones détailla la moitié d'iris scandaleusement cérulescente d'Avery avant d'ajouter. « Maintenant ou jamais. »
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HUNTED • running man
Owen Avery
Owen Avery
‹ inscription : 21/07/2015
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‹ occupation : dans l'ombre du Magister.
‹ maison : serpentard
‹ scolarité : 1971 et 1978
‹ baguette : est en bois d'acacia rigide, possède un cœur en ventricule de dragon et mesure vingt-neuf centimètres.
‹ gallions (ʛ) : 5709
‹ réputation : la magie noire a rongé mon âme, dilué toute conscience, accru ma folie.
‹ particularité : fou.
‹ faits : ma soeur jumelle vit dans mon esprit dérangé, secret dont seuls quelques chanceux ont connaissance, que je suis aussi dérangé que peut l'être un sbire de Voldemort, que je n'hésite jamais à user de violences quand bien même elles ne seraient pas nécessaires, car la souffrance et les hurlements me font vibrer comme aucune autre drogue au monde. Mais qu'elles me sont infligées souvent par la main du Magister elle-même, car dieu sait combien de fois je l'ai déçu au cours de mes années de bons et loyaux (haha) services.
‹ résidence : Herpo Creek, dans la maison de mes parents, vide et délabrée; ruines.
‹ patronus : irréalisable, autrefois une hyène bien qu'elle ne soit apparue qu'une seule et unique fois sous forme reconnaissable.
‹ épouvantard : le baiser du détraqueur.
‹ risèd : la fin de cette insurrection qui amène autant de satisfaction que de souffrance.
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L'homme qui se tenait au centre de la pièce en toute clandestinité n'était pas lui. Cet homme était froid et implacable. Ça ne lui ressemblait pas. Lui était capricieux et emporté, vile et exigeant. Avery se tenait là, bombe à retardement derrière la façade de ce Mangemort étranger. « Comme si tu te préoccupais de mon avis. » répliqua-t-elle. Bien sûr que non, il se fichait royalement de son opinion. Question purement rhétorique. Il leva les yeux au ciel, s'abstint de toute réponse, attendit qu'elle termine de donner ses petites directives machinales à son elfe de maison. Ses potions. Que pouvaient-elles bien être, il se le demandait, mais la question passa à la trappe lorsqu'elle daigna porter attention à sa morsure. « Tu n'es pas interdit de séjour à Mangouste. » Rire sardonique. Merlin qu'il en doutait. « Je demande à voir. » C'est que sa dernière visite était loin d'avoir plu à certains des Guérisseurs qui y travaillaient. Il n'irait pas mettre sa vie entre les mains de tels incompétents, bien que sa présence chez Bones soit tout aussi risquée, d'un certain point de vue. Il n'avait aucune garantie qu'elle allait s’évertuer à le maintenir en vie après ces dernières semaines. Bones pourrait simplement, ne rien faire. Elle n'aurait même pas à se salir les mains puisque le mal était déjà fait, elle n'avait plus qu'à observer, l'expression altière peinte sur ses traits, le regarder mourir de sa stupide blessure. Et qu'y pourrait-il, les sortilèges n'en étaient pas venus à bout. Seuls les talents d'une potioniste telle qu'Adele était en mesure de sortir ce venin de sa chair. Terrible responsabilité que voilà, et il était certain qu'elle le savait. Il prenait le parti dangereux de lui laisser une chance, et se promit par la même occasion de ne pas boire de son fichu thé. Sa bonne éducation aurait presque pu le faire sourire. Proposer des boissons dans de telles circonstances... remarquablement poli. Avery observa ses gestes précis, professionnels, le regard aguerri de l'hybride qui détaillait la plaie d'un œil expert. Nul doute que la réponse avait déjà trouvé sa place dans son esprit, quant à savoir si elle allait... Bones prit place face à lui, grimaçant à chaque geste. Gardait-elle elle aussi quelques séquelles de leur petite ballade de santé au Musée de la semaine dernière ? Que cachait-elle sous ses robes taillées à la perfection ?  « Qu'est-ce que tu as à l’œil ? » demanda-t-elle distraitement en déroulant centimètre par centimètre les bandages serrés qui compressaient sa paume. Sa bouche se tordit en une expression agacée lorsqu'il sentit le sang affluer en masse dans sa main, titillant les nerfs mis à mal qui gisaient sous sa peau à cet endroit là, meurtris et en bonne voie vers la nécrose pure et simple. Il n'allait tout de même pas perdre sa main. Qu'elle ait remarqué l'iris teinté de bleu ne l'étonnait qu'à moitié. Il lui avait offert le tableau de son regard sombre des années durant, elle ne pouvait pas ne pas remarquer un tel détail. Précision lumineuse que lui renvoyait son reflet en ricanant, ce maudit miroir que sa mère consultait toujours avec plaisir s'amusant de son malaise à la vue de cette manifestation visuelle du pouvoir de Selma. Tout relatif aujourd'hui, elle n'était plus reparue depuis la veille du musée, le laissant dans des limbes silencieuses et particulièrement hostiles puisqu'il y était seul. Pour la première fois depuis qu'il était venu au monde. Il y avait de quoi se préoccuper de cette anomalie, vraiment. Mais pas aujourd'hui. Qu'elle se concentre donc sur son travail. Selma était un prénom qui n'avait jamais été prononcé en sa présence. Il aurait fallu se fendre d'un tas d'explications, de questions qui demanderaient des réponses, évidemment, et ce serait une perte de temps intolérable. Il n'y avait, en outre, aucune utilité à ce qu'elle sache pour ces choses là. Si Selma avait été présente, elle se serait certainement fendu d'une exclamation outrée. Mais elle n'était pas là. Il poussa un soupir, s'abstint de répondre à l'interrogation. « Qu'est-ce que tu as aux jambes ? » lui demanda-t-il plutôt en retour.

Nouveau craquement, signifiant le retour de Fizzy. L'elfe déposa près d'eux un service à thé, et Avery eut un mouvement de recul et siffla entre ses dents lorsqu'elle toucha les points d'impact des crocs. Plaies sombres et profondes, qui battaient en rythme avec son cœur, étonnement calme et régulier. « Je termine ici et j'arrive. Tu peux te retirer Fizzy. A demain. » Je termine ici. On eut dit un simple entretient de médecin à patient. Owen fixa du regard l'elfe qui semblait hésiter sur la marche à suivre : obéir ou assurer la sécurité de sa maîtresse ? « Allons, pars, il ne lui arrivera rien. » lança-t-il alors que la bête traînait un peu trop à son goût. Et quand bien même, qu'il (elle?) s'en aille. La manche remonta sur son bras, mettant à nu la marque sombre et palpitante de vie qui serpentait sous sa peau. Trait distinctif et payé cher, honneur dont elle ne serait jamais gratifiée. Il savait à quel point elle l'avait désirée, cette marque, qu'elle n'aurait jamais en raison de son sang impur et de son statut de sang médiocre. N'en déplaise à ses nombreuses autres qualités. Avery l'arborait orgueilleusement, attendant un verdict, un tu vas mourir susurré avec délice du bout de ses lèvres délicates. Agrémenté d'un sourire de satisfaction grinçant. Il pouvait s'y attendre. Quelque part même, il le méritait. Quelle naïveté de venir chercher le salut chez son Diable personnifié. Quelle douce ironie de venir mourir ici. Au moins il se trouvait face à quelqu'un qui saurait apprécier pleinement le spectacle, n'est-ce pas ? Mais enfin. Personne n'allait mourir. Ce n'était plus le moment. Il avait des choses à savoir.
Aucun verdict apparemment. Bones fit couler une potion dans son thé avant d'y tremper les lèvres. « Qu'est-ce que tu bois ? Tu te drogues ? » Rictus moqueur. L'anesthésie engourdit son bras et soulagea cette gêne qui le titillait, au point qu'il se rendit en fin compte de la douleur, seulement une fois qu'elle eut disparu. Comme c'était confortable, soudain. « Je m'occupe de ta main et ensuite, tu t'en vas. Si tu as quelque chose à dire, c'est maintenant Avery. » La sorcière eut la grâce de rester impassible, ne s'abaissa pas à répondre à sa provocation. Et ensuite, tu t'en vas. Ça, il ne pouvait pas le promettre, et il ne se laisserait pas mettre à la porte avant d'avoir eu toutes les explications, toutes les pièces manquantes à son puzzle défectueux, formé de doutes et de vagues souvenirs qui tâchaient son passé sans qu'ils n'aient trouvé la moindre résonance particulière avant cette fameuse entrevue, à Sainte Mangouste. Des faits qui prenaient, peut-être, aujourd'hui un sens tout nouveau. Bones semblait agitée lorsqu'elle but deux autres gorgées du thé amélioré. Elle leva le yeux vers lui. Regard morne, vide, désertique. Ou était passée la lueur provocante qui l'habitait en temps normal ? Ou était cette verve piquante dont elle le gratifiait si souvent ? Cet éclair meurtrier qu'il avait le don d'y faire naître ? Cette vie, palpitante et abrutissante, dont il voulait s'abreuver afin de survivre à son propre néant ? Voilà qui était passablement plus perturbant que tous les accès de colère et de larmes dont elle pouvait faire montre. « Maintenant ou jamais. » Inexpressif, amorphe, engourdi jusqu'aux ongles. Il demeura ainsi à la regarder en retour, interdit. À se demander ce qu'ils avaient bien pu lui faire dans ce Musée, sans se douter un instant qu'il était responsable de ces changements pour le moins perturbants. Ça ne lui plaisait pas. Ce n'était pas normal.

« Quelque chose à dire... » répéta-t-il en écho. Ce n'était pas à lui de l'ouvrir. Elle avait sans doute un tas de choses à dire, de ça il était pour le moins certain et il allait la faire parler. Restait à savoir comment. Le calme olympien dont ils faisaient preuve n'augurait rien de bon. Les moyens habituels seraient insuffisants. On les aurait dit lessivés, vidés de la hargne habituelle. Comme... morts. Deux cadavres ambulants se dévisageant, deux enveloppes charnelles animées par un quelconque sort de magie noire, sans rien pour agiter ce qui se trouvait à l'intérieur. Son regard courut de ses lèvres pâles aux vestiges d'une fatigue grandissante qui s'étalait sous ses yeux en deux marques sombres. De son regard d'ambre aux mèches de cheveux égarées qui venaient chatouiller sa gorge. Elle l'avait utilisé, berné jusqu'à lui faire oublier de quoi elle était capable, la dernière fois. Elle l'avait humilié, à deux reprises, brisant sa rotule et s'opposant à lui lors de la mission dans laquelle elle n'avait qu'une place de vulgaire soldat tout juste bon à fournir de grandes quantités de Polynectar. Elle avait oublié de maintenir l'équilibre qui les liait l'un et l'autre, et voilà qu'elle brisait tout, avec une simple parole. Un simple mot, laissé échappé à dessein pour le déséquilibrer. Remuer de vains espoirs enfouis dans des recoins inavoués de son inconscient. Bones avait joué de ses charmes pour l'amadouer et le punir. Il n'y avait pas de raison pour qu'il n'en fasse pas de même, lui qui s'amusait si rarement à user de tels moyens pour arriver à ses fins. La subtilité n'était pas son fort mais il espérait bien avoir appris certaines choses d'elle, l'experte en la matière. La main blessée gisait, inerte, entre les doigts de la sorcière. L'autre se leva à hauteur de sa joue. Frôla la peau diaphane dans une caresse énigmatique à laquelle il ne voulait trouver aucun autre sens que la simple duperie. Foutaises. Merlin, il avait tellement rêvé de lui faire payer l'affront. Lui faire regretter sa rouste verbale devant les autres Mangemorts. Serrer ses doigts autour de son cou jusqu'à la voir suffoquer et craindre réellement pour sa vie. Mais ce n'était pas le moment. Chaque chose en son temps. La main continua sa route, traçant les contours de sa mâchoire avec délice, contourna l'oreille et descendit dans la nuque, ou gisaient là aussi quelques mèches folles. « Tu as laissé entendre certaines choses... que je ne peux pas accepter telles quelles. Il me faut plus. » glissa-t-il d'un ton bas et caressant. Nul reproche dans le son de sa voix. Simple constatation, menace voilée qu'il exposait à la compréhension de l'hybride. Et elle comprendrait. Elle comprenait toujours. Avery se redressa sur son siège, amoindrit la distance entre leurs deux visages. Plongea dans l'ambre, prit le risque de s'y noyer mais garda le contrôle. Le contrôle. Maître mot de cette journée placée sous le signe des règlements de compte, des coups bas et des vérités qui refusaient d'être entendues.

« Je t'en ai voulu, Adele. » Et je t'en veux encore, tu payeras pour tout ça. « Je te connais, rien ne me surprend plus venant de toi, depuis le temps. Je t'ai apprise par cœur depuis que tu es entrée dans ma vie à la manière d'un ouragan. » D'une putain de gangrène qui ne voulait pas guérir, plutôt. Et je t'en veux, je t'en veux terriblement d'avoir su m'enfermer de la sorte. Les mains liées, comme un animal. La distance s’amenuisait encore jusqu'à disparaître totalement à l'impact précis et aérien de ses lèvres sur les siennes. Il volait une attention toute particulière, un baiser qu'il imprima sur sa bouche avec toute la retenue dont il était capable. Toujours terrassé par le calme sidérant qui occupait son esprit. Était-ce l'absence de sa sœur, ou la rage froide qui l'habitait et qui ne trouvait encore aucune issue acceptable pour exploser ? « Mais je ne t'aurais jamais crue capable d'une telle bassesse. » Il se recula. « Tu as frappé fort, j'avoue. Tu as marqué un point. J'ai failli te tuer en t'entendant dire une chose pareille. » Tu m'as rendu fou. « Et puis j'ai réfléchi et, j'ai su que c'était un mensonge. » D'une ingéniosité terrifiante... elle avait su trouver le point faible, la faille dans laquelle s'engouffrer. Elle était maligne. Vraiment. Il pouvait au moins lui reconnaître ça. Mais ces larmes alors ? Elles aussi mentaient ? Elles aussi jouaient la comédie, bernant l'imbécile, portant le coup fatal ? Peut-être, mais... Il enveloppa sa joue de sa main valide, ne lâchant pas un instant son regard. « Après tout, quelle preuve ai-je de ce que tu avances ? Comment pourrais-je être sûr qu'elle était ma fille et pas celle d'un des nombreux autres sorciers qui te sont passés dessus, Bones ? » Et pourquoi cela aurait-il la moindre importance pour lui ? Sa fille. On touchait là à des espoirs si purs et si glaçants qu'il craignait même de les voir affleurer à son esprit, et les réprimait durement dans les endroits les plus reculés de sa conscience. Qu'elle puisse les connaître, les prendre pour cible, attaquer à cet endroit précis le paralysait. Mason l'avait trahi. Et elle les avait surveillés, lui et son rebut en cloque jusqu'aux yeux. Voilà ce qui lui avait mis la puce à l'oreille. Il n'y avait pas d'autre possibilité, hormis celle de la pure et simple vérité balancée malencontreusement dans la folie qui les avait enveloppés ce jour là, dans son bureau. Il voulait croire à la première hypothèse, craignait la seconde. Avery ota sa main de sa joue. Non. Il ne savait pas faire dans la subtilité, il ne saurait pas l'amadouer en douceur. Il n'en était pas capable. Obscure impatience.
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HUNTED • running man
Adele Bones
Adele Bones
‹ inscription : 03/08/2015
‹ messages : 2056
‹ crédits : LUX AETERNA, astra, sia, tumblr, simon/mathydabest.
‹ dialogues : #336699
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‹ âge : 38
‹ occupation : en fuite, déchue de tout type de privilèges.
‹ maison : Serpentard
‹ scolarité : 1976 et 1983.
‹ baguette : est en bois d'if, mesure 23,7 centimètres et possède un ventricule de dragon en son cœur.
‹ gallions (ʛ) : 5965
‹ réputation : je suis sans aucun scrupule.
‹ particularité : semi-Vélane.
‹ résidence : ici et là, clamant comme miens les différents cottages investis durant notre cavale.
‹ patronus : inexistant
‹ épouvantard : une vie silencieuse, ponctuée par des râles de douleur, et non plus par les rires des rares personnes auxquelles je tiens.
‹ risèd : une journée d'été, Artur m'aidant au jardin ; Owen Avery se moquant de l'activité sans chercher à dérober son regard attendri.
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Le simple fait de boire sa propre version du philtre de paix était suffisant pour elle. Pour ne pas réagir à l'expression figée d'Avery, emprisonné par le reflet fade et terne qu'elle devait lui renvoyer. Féroce, sauvage, fière, Adele ne lui avait que très rarement montré ses instants de faiblesses, les dissimulant dans les recoins les plus obscurs de sa réalité. Ceux qu'elle ne se permettait pas d'exprimer en public, jamais en public. Tout ça, c'est de ta faute, Avery scandait son esprit. Tout ce que tu vois, enchaînait-elle au-travers de son regard ambré, c'est à toi et à toi seul que tu le dois. « Quelque chose à dire... » Mais rien ne filtrait, rien ne transparaissait des iris ternies par le Philtre. Avery avait été le seul à la voir grandir, à la voir mûrir : il avait été témoin des débuts balbutiants de l'hybride, de la sorcière qui puisait ses forces dans ses origines pour charmer, pour séduire, pour vivre. Pour détruire. Ce qu'il en avait retenu, Bones ne le savait guère – puisque la moindre incartade revêtait toujours une nouvelle forme d'inconnu, malgré les années passées. Ce dont elle était sûre, en revanche, c'était qu'Avery était le seul à pouvoir comprendre instinctivement ses initiatives puisqu'il en avait vu les premiers rouages. Il était le seul à pouvoir imaginer la véritable étendue de ses succès puisqu'il avait été le témoin (l'instigateur parfois) de ses plus cuisants échecs. Il portait des offensives clinquantes là où ça faisait le plus mal, là où les émotions de l'hybride réussissaient à déjouer les plans de la sorcière. Adele voyait le regard sombre détailler son visage, chercher la faille par laquelle il pourrait s'infiltrer afin la faire sortir de son mutisme. Le simple fait d'ingérer son Philtre de Paix ôtait tout pouvoir au Mangemort. Il l'analysait pour la faire parler. Le fait de boire le Philtre de Paix rendait l'acier des armes d'Avery aussi inoffensif que de vulgaires épées de bois. Mimétisme parfait. Les traits qui d'ordinaire s'animaient en sa présence restaient quasiment inertes ce soir.  

Peut-être que si la potion n'avait pas encore fait effet, ses yeux se seraient mis à scintiller d'une lueur honteuse (« Qu'est-ce que tu as aux jambes? » ; rien que je ne te laisserais entrevoir), d'une lueur orgueilleuse (« Qu'est-ce que tu bois ? Tu te drogues ? » ; Je t'en prie, ne t'aventures pas sur ce terrain-là avec moi). Peut-être aurait-elle haussé un sourcil. Peut-être même qu'elle se serait laissée aller contre la paume attentionnée, sa peau toujours avide de la tendresse pure dont il pouvait parfois faire preuve. Peut-être se serait-elle laissée apprivoiser s'il n'avait pas eu cet air stoïque. La glace remplaçait les flammes qui résidait habituellement dans ses iris lorsqu'il était avec elle. Peut-être.

La sorcière laissa les doigts d'Owen emprunter un chemin qu'ils avaient déjà mille fois effectués sans sourciller. Bones pouvait imaginer ce qui se tramait sous la caboche de son amant mais pas l'affirmer : âme oscillant entre l'envie de lui faire avouer – par tous les moyens – et de lui faire payer l'opprobre avec laquelle elle l'avait insulté quelques jours plus tôt. Seuls quelques Mangemorts connaissaient les pans farouches de son tempérament férocement maîtrisé. Les autres connaissaient l'obéissance odieusement exemplaire dont elle faisait preuve devant l'autorité du Magister, de son père, des autres Mangemorts. Lui, le membre du Cercle, royalement ignoré par une impure alors qu'il était aux commandes d'une mission capitale pour le Lord. Déshonneur cuisant dont elle l'avait marqué dans un pur excès d'humeur personnelle, colère et rancœur galvanisées par leur dernière rencontre, et qu'elle n'avait pas su dissimuler au reste du monde. Événement plus fracassant encore que sa soudaine amitié avec Nyssandra Ollivander ; haches de guerre enterrées pour le plus grand plaisir des lecteurs des rubriques mondaines de La Gazette du Sorcier. « Tu as laissé entendre certaines choses... que je ne peux pas accepter telles quelles. Il me faut plus. » Elle le laissa lui susurrer des mots vides de toute passion, emplis d'une admonestation perfide et redoutable. Les pouces de Bones imprimèrent leur emprunte contre la veine du poignet d'Avery tandis qu'il s'avançait vers elle, plongeant en elle d'un regard qu'elle aurait pu lui envier si ils n'étaient pas dans cette situation à couteaux tirés. « Il t'en faut toujours plus, Avery. C'est bien ça le problème. », rétorqua-t-elle fatiguée, le timbre usé par le manque de sommeil et l'usure avec laquelle ils s'étaient l'un et l'autre érodés. Réguliers, lents, à peine perturbés par les soubresauts étonnants qui pouvaient parfois pulser sous sa peau limpide,  Adele essayait de savoir s'il y avait encore quelque chose à sauver de cette main (bien sûr, idiote, réveille-toi!). Savoir s'il ressentait autre chose que l'impassibilité qu'il lui présentait tout en continuant de s'approcher d'elle, tandis que certains réflexes hybrides n'étaient toujours pas assommés par son Philtre. « Je t'en ai voulu, Adele. » Peut-être qu'il disait la vérité ? Non, par pitié ! Ne commence pas, Adele. Avery n'était pas qu'un simple lunatique. La manipulation étrangement ancrée en lui, cette dernière était toujours sous-estimée par ses congénères, complètement occultée par la lâcheté dont il se paraît toujours pour assurer sa propre sauvegarde (son cœur ne se serrait plus à présent mais dans sa mémoire s'imprimerait toujours le visage dément d'Elisheva, mère à l'âme fragile, qu'Avery avait tout bonnement abandonné à Mangouste pour ne pas être confronté quotidiennement à ses faiblesses), complètement dissimulée par le peu de retenue qui l'animait lorsqu'il faisait souffrir les autres. Avery était un tricheur, ni plus ni moins « Je te connais, rien ne me surprend plus venant de toi, depuis le temps. » Tu ne me connais pas Avery. Tu n'as jamais véritablement eu envie de me connaître. « Je t'ai apprise par cœur depuis que tu es entrée dans ma vie à la manière d'un ouragan. » Sans le philtre de paix, elle se serait certainement laisser amadouer, esprit déglingué par les nombreuses sautes d'humeur qu'il lui avait déjà servi par le passé. Chaud, froid. Désir, dégoût. Curiosité à peine voilée ou désintérêt total. La folie dont l'avait étiqueté le monde sorcier revêtait juste une dichotomie caractérielle aux côtés de la sorcière, pacificatrice des nombreux mondes que le Mangemort abritait jalousement en lui. Sans le philtre, elle aurait tamisé les traits tendus qui lui marquait le visage ; elle aurait su insuffler un soupçon de vie à ce baiser automatique et froid. Stérile. Sans le philtre de paix, elle se serait sentie acculée, prise au piège par les menaces sourdes qu'il lui servait. Bones se serait sentie démunie en remarquant que ni l'un ni l'autre n'avait fermé les yeux lorsque leurs lèvres se scellèrent. Acculée, abandonnée. L'Ambre contre les Ténèbres. 

Ni l'Un ni l'Autre ne se leurrait plus désormais. 

« Mais je ne t'aurais jamais crue capable d'une telle bassesse. » C'était étrange, de le voir bouger, se reculer loin d'elle ; c'était étrange de l'entendre la juger, elle. Inquiétant était le vent qui venait changer de nouveau la direction empruntée par leur navire. De tels revirements, il n'en avait existé que deux par le passé, bouleversements drastiques qui étaient venus modifier la nature profonde de leur relation. Obscur contre Ambre, il ne lui permettrait pas de supporter autre chose son regard. « Tu as frappé fort, j'avoue. Tu as marqué un point. J'ai failli te tuer en t'entendant dire une chose pareille. » Le visage d'Adele s'abaissa tout de même vers les deux points sombres de la paume – le soin, sa sauvegarde, comme seule excuse pour maintenir un bouclier d'acier face à l'avanie qu'il lui faisait subir. Comme si elle avait besoin qu'il lui rappelle la folie meurtrière dont il avait fait preuve durant l'été. Philtre de paix, philtre de paix. Suivant les différentes aspérités de la main d'Owen, la sorcière alla compresser l'origine du mal qui lui rongeait les chairs d'un mouvement spécialiste. Là, juste là, sous ses pouces, elle pouvait les sentir. Le Mangemort prenait tout son temps pour parler, dévoilant le fil de sa pensée d'une voix obsédante et nonchalante. « Et puis j'ai réfléchi et, j'ai su que c'était un mensonge. » La réaction de Bones ne se fit pas attendre. Simultanément, elle releva son regard dans sa direction et appuya plus que de raison dans le creux de la main d'Avery, la vexation à peine voilée par la pression inutile qu'elle exerçait sur la main endormie. Seuls les sourcils froncés auraient pu lui faire deviner le regard foudroyant qu'elle lui envoyait véritablement alors. « Vraiment, Avery ? Un mensonge ? » La baguette en bois d'If retrouva la main de la sorcière qui, d'un sortilège informulé que seuls les soigneurs étaient autorisés à utiliser, fit apparaître deux petites entailles en lieu et place des traces que les crochets de la Méduse Burke avaient réussi à imprimer. De son autre main, d'un simple geste, il l'obligea à lui faire face. Le mépris et la supériorité transparaissaient clairement au-travers de son expression moqueuse, dédaigneuse, lui rappelant l'attitude lascivement volage qu'elle n'avait jamais nié, jamais clamé non plus. Dans l'histoire d'Adele Bones s'inscrivaient mille et une raisons pouvant réfuter la théorie d'Avery... « Après tout, quelle preuve ai-je de ce que tu avances ? Comment pourrais-je être sûr qu'elle était ma fille et pas celle d'un des nombreux autres sorciers qui te sont passés dessus, Bones ? » Un rictus corrompu souleva le coin des lèvres d'Adele, sentant derrière l'apaisement de la potion de paix s'élever le sentiment le plus abominable qu'elle ne lui ait jamais réservé : elle pouvait le terrasser d'une simple parole, lui énoncer des vérités qu'elle lui avait toujours refuser. Cette fois-là, oui juste celle-là, il avait été indigne d'elle. Du quart de Vélane qui sommeillait en elle. De l'hybride. Owen Avery et la lueur troublée, confuse, apeurée, qui sommeillait dans ses prunelles n'avait pas été assez digne d'elle lorsqu'Adele avait prit la décision de partir. (menteuse). Lorsqu'elle avait prit la décision de garder secrète la pièce qu'il attendait pour finalement mettre en ordre le puzzle qui le composait (menteuse – elle était juste partie sous l'impulsion irrépressible de son Quart, la vérité était bien plus abominable que ce mensonge sur lequel elle avait basé sa réalité). Oui, derrière les barrières d'un simple filtre liquide grondait un maelstrom de ressentiments qui n'attendaient qu'un signe pour donner la charge. S'il n'y avait que ça pour empêcher ces émotions là de réapparaître, de réactiver l'orgueil de la sorcière... L'algarade sous-entendue du Mangemort s'effaça de sa conscience embrumée au profit d'un élément sur lequel Adele érigea toute sa défense. « Le simple fait que tu ne mettes pas en doute la grossesse en elle-même est une raison suffisante, tu ne crois pas  ? » L'ambre toisa le clair-obscur déformant l'iris du Mangemort, le défiant une dernière fois avant qu'elle ne soit totalement mise hors-course. Philtre de paix, Bones. Fatigue, Bones. Désolation, Bones. Here we go.

Adele ne réussirait pas faire comme si de rien n'était, une fois de plus. Elle ne pourrait pas accepter, comme l'Adolescente avant elle, l'empreinte délétère qu'Avery avait apposé sur elle. Elle ne pourrait pas accepter, comme la Femme éprise avant elle, la marque incandescente qu'il avait placé en elle. Elle ne pourrait pas accepter, comme la Mère qu'elle s'était un jour apprêtée à être, le regard outrageant et offensant dont il la gratifiait à ce moment même. Ils allaient entamer le quatrième acte tragique de cette pièce qu'était leur relation. 

Blessé par les propos de la sorcière ou par simple dégoût (Impatience, Bones. Misérable, Bones. Misérable impatience, Bones), il défit l'étreinte et se recula à nouveau, s'enfonçant loin dans la causeuse et surtout, loin d'elle. Hors de portée. Du coin de l’œil, la guérisseuse observa une dernière fois Avery avec méfiance. Jamais il ne l'avait regardé de façon aussi… indifférente par le passé. Dédaigneux, suffisant, amusé, transporté, curieux, irrité, décalé, énervé, lubrique, fatigué : avec le temps, il lui avait dévoilé toute une palette de réactions qu'il, elle en était certaine, ne devait pas souvent offrir au reste de la société. Mais jamais, ô grand jamais, ne lui avait-il servi la froideur impassible qu'il lui présentait ce soir. Adele ne réussissait plus à discerner le bout du tunnel, à imaginer le chemin que prendrait l'entrevue actuelle. Le Philtre faisait totalement effet désormais. C'était tant mieux. L'hybride n'aurait pas supporté longtemps le regard inquisiteur, malin, avec lequel il la jaugeait : elle ne voyait pas en lui la proie facilement irritable que ses lubies enfantines adorait mettre en péril. Elle ne voyait pas le confident brut qui lui disait en toute franchise ce qu'il pensait d'elle, de ce qu'elle faisait, de ce qu'elle pensait, être peu soucieux de ce que la bienséance lui aurait ordonné de faire. Elle n'arrivait pas à trouver l'autre moitié qui l'avait aidé à façonner Sybil… Philtre de paix, Bones. Obéis, Bones. Oublies, Bones. Adele devait remettre sous scellé l'essence même de sa fille pour effacer cette femme faible qui évoluait à sa place depuis plusieurs semaines. Et vite. Près du plateau qu'avait apporté Fizzy reposait un coffret en bois sculptée qu'elle ouvrit avec dextérité. A l'intérieur reposait différente fiole, kaléidoscope hypnotique de potions qui ne pouvaient être clairement définies par leurs couleurs : elles étaient toutes transparentes. Philtre de paix, Bones. Spécificité propre aux contre-poisons utilisés lors des empoisonnements de magie noire. Seuls les yeux aguerris des plus expérimentés pouvaient discerner les infimes variations pigmentaires contenues dans ces fioles. Obéissance, Bones. A la lueur de l'âtre, la sorcière imprima l'image de la main blessée d'Avery avant d'attraper une minuscule pince métallique et de replonger son regard dans celui du Mangemort, à l'affût du moindre tressaillement expressif, à l'affût du moindre changement comportemental signalant le début de la tempête. Les blessures parcourant ses jambes avaient au moins un avantage : le poids de sa baguette magique posée contre ses cuisses, à quelques centimètres de la main meurtrie d'Avery, était plus que rassurante pour elle. Vengeance, Bones. Nul besoin de regarder le théâtre dans lequel allaient prendre vie les soins mécaniques qu'elle allait opérer. Adele Bones connaissait les différents monts, les brusques canyons, les moindres lignes de vie et d'amour qui venaient composer les mains du Mangemort. Le métal s'enfonça dans la première ouverture, lentement, efficacement. Elle n'avait pas besoin de regarder des mains maintes fois observées, maintes fois touchées, maintes fois adorées, pour les parcourir comme si elles faisaient partie intégrante de son propre système. Mêmes mutilées, Bones pouvait les dépeindre sans grande difficulté.

Cette dernière capacité était sans doute ce que les plus sceptiques appelleraient de la déformation professionnelle. Peut-être.  « Tu étais toujours fourré avec moi à l'époque. Alors, dis-moi : comment d'autres sorciers auraient pu me passer dessus alors que tu concurrençais mon ombre elle-même ? ». Les doigts de la sorcière se refermèrent fermement autour de la pince. Deuxième acte, Bones. Oublies, Bones. Ère révolue, Bones. « Qu'est-ce que tu veux de plus ? Que je te rappelle la nuit où elle a été conçue ? Que je te dise où je me suis enfuie ? Comment je l'ai sentie grandir en moi ? » La pince retira des chairs une minuscule épine, dard inopportun, continuité naturelle de crocs malsains qui étaient venus infecter le bras Marqué. Purification oblige, elle alla jeter l'élément étranger dans le feu qui continuait de brûler juste derrière elle avant de réitérer l'opération. Visage fermé en direction d'Avery, pince dans la seconde entaille manuelle, continuant d'observer les mimiques du Mangemort comme une hyène qui se languissait devant un repas qui mettait un temps fou pour refroidir. Philtre de paix, Bones. Vengeance, Bones. Terrasses-le avant que lui ne le fasse, Adele« Je ne la sentais bouger que lorsque je pensais à toi, Avery », lâcha-t-elle finalement d'une voix monocorde. Bouger, vraiment bouger, pas le genre de mouvement automatique que la vie se permettait de façon sporadique. Une fois le second corps étranger sorti des chairs, la sorcière s'activa et efficacement, elle prépara la première injection qui irait combattre rageusement les dégâts produits par le venin pernicieux qu'il avait récolté lors de leur descente au musée. Avant d'aller planter l'aiguille stérile dans le creux du bras d'Avery, elle l'observa une dernière fois tout en lui déclarant. « Je me fous complètement de ce que tu penses être la vérité ou pas. Si ça peut t'aider à mieux dormir, dis-toi qu'elle n'a jamais existé mais ne viens pas la remettre sur le tapis dés que l'envie te prendra. C'est fini. » L'aiguille s'enfonça et d'une pression contrôlée, la potion fut directement injecter dans les veines du Mangemort, illuminant faiblement les vaisseaux sains, faisant scintiller d'une coloration dorée ceux qui se trouvaient viciés par le poison reptilien. « Ses yeux étaient aussi perçants que ça... », l'informa-t-elle en faisant référence à la drôle de teinte qui s'était emparée d'une moitié d'iris seulement du regard d'Avery, après avoir retiré la seringue et lancé un sortilège de cautérisation sur les entailles scintillantes de sa paume.  « J'essayais juste de comprendre ce qu'il t'arrivait, savoir si ton mal aurait pu expliquer sa mort. ». Cesse d'y penser, Bones. Oublie, Bones. Va dormir, Bones. D'un mouvement du poignet, elle envoya valser dans les flammes bandage souillé, seringue utilisée, fiole vidée avant de reposer la main d'Avery sur l'accoudoir qu'elle frôlait de son bras droit. D'une prudence excessive qui ne l'empêcha pas de grimacer encore une fois, Adele se releva et ferma le coffret en bois d'un geste leste, le claquement sourd s'imprégnant en elle bien plus efficacement que les dernières paroles qu'elle avait confié à Avery de façon tout à fait anodine (philtre de paix, philtre de paix, philtre de paix). Comme si elle lui avait parlé de la pluie et du beau temps. Détails émotionnels virulents, parfaitement étouffés par l'état second qui la faisait évoluer sans la moindre gêne devant le Mangemort. « Mais après tout, je me fiche complètement de savoir si ce mal là risque aussi de te tuer. Il reste cinq potions. », même indifférence vocale lorsqu'Adele énonça la prescription à Avery, aussi peu transportée en lui détaillant la marche à suivre que lorsqu'elle avait commencé à parler de Sybil. « Bois-en une dans une heure, avant d'aller te coucher. Puis une par jour. Ne les injecte pas directement Avery, ces potions peuvent causer plus de dégâts qu'elles ne peuvent en réparer. » Et comme ça, sans un mot de plus, sans lui dire bonne nuit, elle se retourna et passa sous le seuil du salon, déterminée à s'occuper de son propre traitement plutôt que de lui tenir compagnie. Ou même d'attendre qu'il ne réagisse finalement au trop peu (ou trop plein) d'informations avec lequel elle venait de l'abreuver ces dernières minutes. Quelles informations, Bones ? Tu crois vraiment qu'il va filer avec l'os que tu viens de lui jeter ? Non. Mais Adele voulait dormir. Noyer le poisson était ce qu'elle savait faire de mieux depuis juillet dernier. Éviter et non plus affronter. 

Panse tes plaies, Bones. Oublie-la définitivement, Bones. Oublie-les tous les deux, Adele... C'était ce qu'il y avait de mieux à faire, de toute manière. Éviter la souffrance avant qu'elle ne se réveille de nouveau. Laisse-la mourir pour de bon et tu vivras à nouveau, Bones...


Dernière édition par Adele Bones le Dim 7 Fév 2016 - 2:12, édité 1 fois
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HUNTED • running man
Owen Avery
Owen Avery
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‹ âge : 43
‹ occupation : dans l'ombre du Magister.
‹ maison : serpentard
‹ scolarité : 1971 et 1978
‹ baguette : est en bois d'acacia rigide, possède un cœur en ventricule de dragon et mesure vingt-neuf centimètres.
‹ gallions (ʛ) : 5709
‹ réputation : la magie noire a rongé mon âme, dilué toute conscience, accru ma folie.
‹ particularité : fou.
‹ faits : ma soeur jumelle vit dans mon esprit dérangé, secret dont seuls quelques chanceux ont connaissance, que je suis aussi dérangé que peut l'être un sbire de Voldemort, que je n'hésite jamais à user de violences quand bien même elles ne seraient pas nécessaires, car la souffrance et les hurlements me font vibrer comme aucune autre drogue au monde. Mais qu'elles me sont infligées souvent par la main du Magister elle-même, car dieu sait combien de fois je l'ai déçu au cours de mes années de bons et loyaux (haha) services.
‹ résidence : Herpo Creek, dans la maison de mes parents, vide et délabrée; ruines.
‹ patronus : irréalisable, autrefois une hyène bien qu'elle ne soit apparue qu'une seule et unique fois sous forme reconnaissable.
‹ épouvantard : le baiser du détraqueur.
‹ risèd : la fin de cette insurrection qui amène autant de satisfaction que de souffrance.
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Toujours plus. Non. Juste le minimum syndical. Par Salazar, sa mauvaise foi lui filait la nausée. Comment pouvait-elle oser dire une chose pareille. Qu'il lui en fallait toujours plus, quand elle se pavanait devant lui depuis le jour où elle avait posé le pied à Poudlard, lui imposant ses caprices sans fin ; depuis le jour où Rabastan avait décidé de la protéger, elle la gamine insupportable et orgueilleuse, mais si facile à briser. Elle avait toujours voulu grappiller plus que ce qu'on lui donnait. Oh, comme il avait vite trouvé la faille, si vite que c'en était même ridicule. Laisser ses plaies à découvert, à la vue de tous, sans même essayer de s'en faire une armure, quelle faiblesse. Avec le temps, elle avait fini par apprivoiser son métissage, par se l'approprier pour en faire un atout. Mais ça lui avait pris des années. Et à partir de là, elle avait été celle qui en demandait toujours trop, et qu'il avait malgré lui cherché à satisfaire, jusqu'à ce qu'elle s'impose comme pièce maîtresse de son existence, qu'il souhaitait libre et débridée de toute autorité. Il se donnait l'illusion de l'être, mais il n'était rien d'autre que cet esclave enchaîné à ses désirs impurs, victimes de ses propres fantasmes. Alors lui en vouloir pour demander de si petites précisions, c'était au delà de ce qu'il pouvait entendre. Adele, si elle disait vrai, n'avait rien fait de moins que cacher l'existence d'une descendance précieuse, d'une fille qu'elle (ils) aurait eue. Mais là était toute la nuance de sa révélation. Owen n'était pas certain qu'il s'agissait d'un fait, et non d'un pur mensonge inventé dans le feu de l'instant, balancé au travers de la pièce pour le déstabiliser, prendre le dessus, puisque c'était toujours ce qu'elle semblait essayer de faire. Occuper la position dominante, asseoir son influence sur lui, repoussante mais certaine, indéniable. Et lui, en misérable homme qu'il était, n'avait jamais été foutu d'échapper à ses charmes. Il avait été aussi faible que tous ses congénères, tous ces sorciers qui se seraient damnés pour avoir accès aux promesses qu'elle semblait faire rien qu'en existant au vu et au su de tous, hybride ensorcelante, objet de tous les désirs. Il ne valait pas mieux qu'eux. Il pouvait tout juste se targuer d'avoir eu plus d'attention que les autres, et il avait si peu de mérite, quand on savait que les concurrents ne vivaient jamais très longtemps. Et ils vivaient toujours trop, à son goût. Assez pour voler ce qui lui appartenait : le précieux temps de la sorcière face à lui, à qui il assénait ses doutes et ses incriminations. Menteuse, menteuse, menteuse.

Adele releva la tête, sans manifester plus de surprise qu'attendu. Elle lui fit savoir sa réprobation d'un appui de ses doigts sur sa paume blessée, n’entraînant aucune réaction chez son vis à vis, qui poursuivait sa diatribe assassine, enfonçant le clou un peu plus loin, dédaigneux de la piqûre que provoquait le tâtonnement des chairs blessées. « Vraiment, Avery ? Un mensonge ? » Foutue menteuse. Il n'avait aucune preuve, non. Hormis les évidences qui sautaient aux yeux, la colère qu'il aurait pu voir dans son regard s'il n'avait pas été aussi centré sur son propre cheminement de pensée, sur ses propres raisonnements instables. Il érigeait autour de lui des protections bancales forgées d'illusions et d'auto-conviction à vous en retourner l'estomac. C'était pitoyable, de voir à quel point il tentait de se leurrer lui-même alors que... « Ouch. » émit-il malgré lui, lorsque la sorcière frappa sa main de deux entailles aux endroits précis des points d'impact des crocs venimeux d'un coup de baguette expert. Il baissa les yeux sur les nouvelles blessures, qui ne saignaient plus. C'était comme si le sang s'était figé, sur cette main là, qu'il n'y avait plus rien à dévitaliser, englué dans le venin instillé par la morsure. Il se détourna finalement, oublieux, déconnecté de la réalité, emporté par les tourments qui vomissaient leur indignation sous son crâne, et qui prenaient forme sur sa langue. « Le simple fait que tu ne mettes pas en doute la grossesse en elle-même est une raison suffisante, tu ne crois pas  ? » répondit-elle. Il sembla réfléchir une seconde, stoïque. Même sa prétendue grossesse n'avait jamais été un fait vérifiable. Il semblait impensable qu'Adele Bones ait laissé son corps se déformer assez pour mettre en forme un bébé, abriter au sein de son être parfait un organisme étranger à son système, qui aurait pompé toute son énergie, mis à mal les lignes et les courbes de son physique délicat. La Bones qu'il croyait connaître jusqu'au bout des ongles aurait avorté cette menace lancée envers son intégrité avant même qu'elle ait pu prendre forme. Hors, un pan entier de l'existence de cette Bones là lui restait inconnu. Cet aspect de sa vie qu'elle gardait jalousement caché, qu'elle couvrait de mensonges qu'il prenait pour des vérités, quand les vérités prenaient un air de mensonge. Il n'envisageait même pas la possibilité qu'Adele ait pu simplement vouloir être mère, porter cet enfant et l'élever. De la même manière, ses propres espoirs, caressés brièvement devant la situation de Mason avaient vite été évincés après sa disparition pure et simple, sa mort abrupte mais si prévisible ; trop effrayants. Trop attrayants. Dangereux.

Tant de détails fondamentaux lui étaient encore refusés. Tant de facettes encore dissimulées à son regard.
Il ne la connaissait pas aussi bien qu'il voulait le croire. Qu'il aimait le penser.

« Ça ne prouve pas qu'elle était de moi. » répliqua-t-il, avec un temps de retard, la voix lasse. Non, effectivement, ça ne prouvait toujours rien, et il s'en trouva rassuré, conforté dans sa propre désillusion, comme si ça réglait la question. Il observait le balais aérien de ses mains à l’œuvre, qui soutiraient de sous sa peau un crochet, puis un deuxième, et les jetait au feu, tandis qu'elle parlait, d'une voix basse, posée. Pleine de promesse. Et ses yeux parfois revenaient à ce visage, toujours le même, celui d'une femme qui avait su parmi les autres retenir son attention et briser son affection envers les concurrentes. « Tu étais toujours fourré avec moi à l'époque. Alors, dis-moi, Avery : comment d'autres sorciers auraient pu me passer dessus alors que tu concurrençais mon ombre elle-même ? » Il poussa un profond soupir, embrassa du regard les moulures du plafond avant d'en revenir à elle. Menteuse. Des amants, elle en avait eu tant qu'il n'avait jamais eu le courage de les compter, hommes et femmes. Ces dernières n'avaient jamais dérangé Avery, qui les considérait alors comme rien de plus que de jolies parures qui servaient de faire-valoir à Adele. Elles n'étaient, alors, pas une menace à ses yeux. Les sorciers en revanche avaient, pour certain, payé durement leur erreur, celle d'avoir cru un instant pouvoir empiéter sur son terrain de chasse. « A toi de me le dire. Ne joue pas l'innocente, je sais qu'il y en a eu, et plus d'un. Alors ne fais pas semblant. Cesse donc ton petit jeu et réponds. » Réponds et cesse de poser des questions. Elle n'avait pas de réelles questions pour lui, elles lui servaient de défense, de porte de sortie à ces interrogations auxquelles elle refusait de donner satisfaction. « Qu'est-ce que tu veux de plus ? Que je te rappelle la nuit où elle a été conçue ? Que je te dise où je me suis enfuie ? Comment je l'ai sentie grandir en moi ? » Il voulait tout. La vérité dans toute son horreur. Mais il se fichait bien des détails de cette nuit fameuse nuit où ils l'avaient conçue. Les nuits passées avec Adele finissaient par toutes se ressembler au bout du compte. Dire que la petite avait été un accident était aussi dramatique qu'ironique, quand on s'apercevait des années plus tard comme la douleur était vive en évoquant sa disparition.

Adele Bones avait disparu de son paysage pendant une année entière. Elle était partie un jour et il ne l'avait plus revue, et pourtant, il l'avait cherchée, l'hybride, quand il avait tourné le dos à son propre maître, acceptant sa disparition sans discuter. Il voulait savoir où elle était allée, certes. Il se souvenait de son retour, de ce changement dans son regard, de son inconstance. Il se souvenait du moment où leurs brèves années de communion avaient pris fin, en un clin d'oeil, quand il s'était aperçu qu'elle n'était plus là, terrassé par les souvenirs. Hanté par sa culpabilité. Rongé par la honte. Il avait eu besoin de quelqu'un pour entendre ses maux, et il était allé la trouver elle. Sans repères, il avait perdu ce jour là la seule constante de sa vie et elle l'avait dédaigné, oublié. Comme il lui en avait voulu, comme il lui en avait voulu... sans jamais oser lui poser cette simple question : ou étais-tu passée ? Ç'aurait été comme crier reddition, avouer cette fêlure ignoble qui le faisait se sentir si seul quand elle n'était pas là. Ils auraient frôlé la vérité alors. Elle aurait effleuré du bout des doigts ce qu'il s'évertuait à ne pas montrer. Inacceptable. À vomir. Alors, cette année là, avait-elle ?... Il voulait savoir quand, comment, où, il voulait entendre le moindre détail de sa courte vie. Malgré lui, il se faisait à l'idée d'une enfant morte née. Elle n'aurait pas été la première dans l'arbre généalogique de sa famille. Ses entrailles se tordaient, et le monde se rapetissait autour de lui. La réalité l'enserra comme un étau. Violente, sans pitié. L'ambre comme point de mire principal, accent lumineux dans toute cette noirceur. Amour cendré, au goût de mort, au goût de haine, qui coulait en vague, jusqu'à la noyer elle. Tu te perdras dans tes mensonges. Dans ton silence. Et je te hais. « Elle ne bougeait que lorsque que je pensais à toi, Avery » Et je te hais. Et je te...

Quelque chose mourut à ses paroles. S'il y avait encore quelque chose à piétiner, à détruire, elle venait de le faire. Quelle était cette froideur qu'elle lui offrait, en réponse à sa propre distance, calculée, voulue. C'était tout ce qui le retenait d'exploser. Il sentait maintenant, le bouillon de culture qui grondait, prêt à éclater. Avery ne savait pas se contrôler. Il avait su y croire un bref instant, mais sa nature profonde démentait encore une fois sa volonté. Tout allait partir en fumée. Deux marionnettes prêtes à tirer sur leurs fils respectifs. Ces fils qui manipulaient leurs songes et leurs actes, leur faisait dire des atrocités sans nom, proférer des boniments tous plus enchanteurs les uns que les autres, capables de les détourner de l'abominable réalité dans laquelle ils évoluaient, à la manière de poissons tirés hors de l'eau. Et il suffoquait. De l'intérieur. Délaissé de toute aide. Selma, ou es-tu quand j'ai besoin de toi. « Ou es-tu, putain. » murmura-t-il, soudain cruellement conscient qu'elle manquait à l'appel, lui qui avait été si heureux de ne pas l'avoir pendant tout ce temps. Un corps étranger piqua sa peau, pénétra la veine, et il ne ressentit rien. Il n'était qu'une forme vague et palpitante qui n'était plus en capacité d'encaisser quoi que ce soit, pas même une sensation aussi minime. Aussi insignifiante.  « Je me fous complètement de ce que tu penses être la vérité ou pas. Si ça peut t'aider à mieux dormir, dis-toi qu'elle n'a jamais existé mais ne viens pas la remettre sur le tapis dés que l'envie te prendra. C'est fini. » poursuivit-elle, implacable. Dans sa voix raisonnaient des accents de tristesse qui ne se paraient plus d'aucun faux semblants. Adele était lasse, et elle ne se donnait même plus la peine de lui faire croire quoi que ce soit. Il était le seul a s'être menti. Là était la vérité. Elle traçait sa route, insidieuse. « A mieux dormir ? Est-ce que tu te fous de moi ? Tu t'efforces de me coller des insomnies carabinées depuis l'été dernier, avec tes mensonges et tes foutus sous-entendus ! » gronda-t-il. Le beau contrôle de soi commençait à s'émietter. Non, ça n'allait pas l'aider à mieux dormir. Avery avait la sensation qu'il ne dormirait plus jamais. « Ses yeux étaient aussi perçants que ça... » L'aiguille quitta son corps. « Que quoi ? » atonie vocale. Oh, que... la teinte bleutée de son œil droit. La teinte bleutée des yeux de Selma. Moltchaline avait distillé cette prise de conscience en lui, concrétisant cette jumelle cachée, jalousement conservée dans ses pensées. Owen avait nié cette possibilité, que des gênes de sa sœur cherchent à se manifester dans ses instants de faiblesse, qui se multipliaient ces temps-ci. L'instabilité du Mangemort atteignait des sommets, et quelque part, la muraille se fissurait, offrant des ouvertures béantes à l'avidité de son âme sœur. Ce bleu n'en était qu'un avant-goût, d'après les dires du Médicomage. Néanmoins, ces gênes existaient, et semblaient vouloir donner raison à Bones, à ses fabulations douteuses.

 « J'essayais juste de comprendre ce qu'il t'arrivait, savoir si ton mal aurait pu expliquer sa mort. » Poison Bones. Avery fronça les sourcils. Son mal avait un nom, un visage, et il se trouvait bien en face de lui. Nul doute que ce mal là pouvait aisément expliquer sa mort. Mesquinerie sans nom qu'il s'apprêtait à lui cracher au visage, avant qu'elle ne reprenne la parole. « Mais après tout, elle n'a jamais existé. Je me fiche complètement de savoir que ce mal là risque aussi de te tuer. Il reste cinq potions. » Poison Bones. Il n'existait aucun remède à celui-là. Maintenant, elle n'existait plus, disait-elle. Ce fut ce volte-face brut et inattendu qui acheva de convaincre le Mangemort de la véracité de l'aveu. L'enfant avait été réelle. Et Adele la lui avait cachée. En équilibre sur un fil de soie, Avery oscillait entre la peur de se casser la gueule et l'envie de plonger une fois pour toutes. Pire encore, il eut l'élan de tendre une main vers elle, sur le point, presque, de l'effleurer à nouveau, avant de se ressaisir. Il risquait de lui faire mal, comme elle s'évertuait à le briser. Comme si de rien n'était, la vile sorcière poursuivit ses explications, destinées à le guérir de sa blessure. Tout ça ne revêtait plus aucune forme d'importance à ses yeux, focalisé sur les mots qui dansaient derrière ses yeux, les images sans visages précis qui torturaient son imagination soudain fantasque. Une montagne de possibilités s'était offerte à eux et elle avait décidé de la tuer dans l’œuf, le privant de toute marge de manœuvre. La haine grandit, repoussa le bon sens. « ... Avery, ces potions peuvent causer plus de dégâts qu'elles ne peuvent en guérir. » Il n'avait rien entendu. Rien écouté. Oublié son infortune initiale au profit d'une autre. Il se releva d'un bond, quand la muse s'enfuit. Il balaya de la main les potions posées devant lui ; les flacons ouvragés se brisèrent au sol et répandirent leur précieux contenu sur les tapis Axminster (hors de prix, et ruinés, donc) qui ornaient le sol. La maille fuma au contact des produits, qui rongeaient les tissus et creusaient des trous dans la décoration soignée. « Ne me tourne pas le dos, tu n'as pas fini de t'expliquer ! » La voix s'élevait, montait en intensité. Balayait finalement le calme suspect qui l'habitait. Il était temps. « Tout ça n'est que du vent, Adele, reviens ici ! » Une porte la dissimula à son regard. Elle en avait fini avec lui et le lui faisait savoir. Elle n'avait plus rien à lui dire, à cet homme qui hantait sa vie depuis bien trop longtemps. Il n'acceptait pas ça, tout comme il rejetait chaque tentative de l'hybride de couper les ponts. Il retrouvait toujours cette énergie clinquante lorsqu'il s'agissait de la ramener à lui. « BONES ! » La porte claque derrière elle, coupant court à toute discussion. Un élan meurtrier l'incita à la suivre, au début. Puis il s'abstint, retenu par de vagues incriminations de ses voix intérieures (toujours aucune qui ne ressemblait à celle de sa sœur. La sienne surpassait habituellement toutes les autres.) Avery se prit la tête entre les mains, lâcha un juron coloré et fit volte-face. S'il restait ici, il allait en finir. Ne le souhaitait-il pas, quelque part ? Les choses ne seraient-elles pas plus simples ? Peut-être bien... Imagines cette vie sans elle, comme ce serait facile... Comme tu serais libre... Il n'en aurait jamais le courage. Il n'avait plus qu'à espérer qu'elle crèverait de ce chagrin dont elle était seule à l'origine. Sa main attrapa sa cape au vol alors qu'il se dirigeait vers l'entrée avec la ferme intention de mettre le plus de distance entre elle et lui. « Monsieur Avery souhaite-t-il... » « Dégages de ma route minable ! » Le coup de pied partit à la volée et faucha l'elfe de maison qui s'écrasa au sol dans un glapissement, avant de disparaître dans un craquement sonore. La porte d'entrée se rapprochait, pas à pas. Et à chaque avancée son désir meurtrier grandissait en lui, le faisant osciller entre raison et colère. « Selma, tu pourrais le faire, reviens, tu aurais toute la marge de manœuvre que tu le souhaites. » Il lui laisserait les rennes, elle pourrait l'achever à sa place. Elle y parviendrait. « Ne me laisses pas maintenant, reviens. » murmurait-il, une main sur la poignée.

La porte resta close.

Il la voulait morte. Refroidie comme l'avait été sa fille. Les choses seraient si faciles, penses à... Non, il ne voulait pas y penser. La quête de vérité était loin d'être achevée. Elle avait jeté des indices épars, comme si ça allait lui suffire. Et rien qui ne ressemblât à des explications concises. Nouveau revirement. Le Mangemort fit demi-tour, reposa sa cape comme en arrivant, suivit la trace de la sorcière jusqu'à une pièce impeccablement rangée dont l'utilité ne lui sauta pas aux yeux. Si elle était déçue de ne pas le savoir parti, elle n'en montra rien et l'ignora de nouveau. Qu'espérait-elle, qu'il se contenterait des maigres informations balancées à la va-vite ? Il ne voulait même pas appeler ça des indices, et il n'avait pas du tout envie de jouer aux devinettes. Avery avait exigé de savoir plus, elle s'était contentée de jeter des miettes pour l’appâter.  Était-ce un nouveau jeu, le trouvait-elle amusant ? Lui non. Owen n'était pas reconnu pour sa patience, elle le savait. Et Adele ne semblait même plus craindre sa colère. Son enveloppe charnelle était bien là, avec lui, mais où était-elle, Bones ? Il ne la reconnaissait plus. Avery garda une certaine distance entre eux, pas certain de se contrôler malgré la retenue et les hésitations que lui soufflaient ses petites voix. Il la menaçait toutefois de sa baguette, prêt à lui faire payer l'insolence dont elle savait faire preuve, prêt à couper court à ses éclats. « Je ne m'en irai pas. Je n'en ai pas fini avec toi. Maintenant parles, Adele. C'est le moment de tout déballer. Si tout ça n'est pas qu'un tissus de mensonges expliques toi, et fais le bien. Je suis à deux doigts de te refroidir, ce que j'aurais du faire il y a des années, en passant, alors ne me fais pas perdre patience plus que de raison. » Menteur. Il fit un pas en avant, le regard fou accentué par les cernes et les vestiges du manque de repos. Et surtout, surtout, par l'avidité sans mesure d'entendre enfin le fin mot de cette putain d'histoire. « Puisque tu le proposes si gentiment, parles-moi donc de ton fameux petit voyage, de jolies vacances sans doute, hein ? Tu cachais ta grossesse, alors, c'était ça ? Qu'est-ce qui t'as retenu de me le dire ? Qu'as-tu cru, que j'allais te le voler ? De quoi avais-tu peur putain ! Comment as-tu pu oser me faire ça ! » A cette époque, il n'avait rien fait pour constituer une menace pour elle. Si elle était honnête avec elle-même, avec lui, elle reconnaîtrait qu'ils s'étaient même parfaitement entendus, coopérant pour un tas de chose en dehors de leur petit histoire à deux mornilles. Ils avaient coopéré pour des raisons professionnelles, et elle n'avait eu aucune raison de se cacher de lui. Aucune. Pas même celle là. Nouveau pas en avant. Il voulait voir la terreur teinter ses iris, dilater ses pupilles, accélérer son souffle. Il voulait qu'elle le craigne. Qu'elle se souvienne de qui il était : un Mangemort, et pas son petit toutou, ni un jouet qu'elle pouvait se permettre de manipuler à sa guise pour un malheureux caprice d'hybride. C'était assez. Il lui avait permis trop de liberté. « Dis moi donc comment elle est morte, si ce n'est pas par ta faute, de ton propre chef. Car pour une fois, tu ne pourras pas dire que j'y suis pour quelque chose, puisque je n'étais pas là pour la voir grandir en toi. Quelle douce vision ça a du être, ta si jolie silhouette arrondie par la maternité. » Regard moqueur, allumé d'une lueur haineuse, ton acide, dénué de bons sentiments. « Ça t'a plu Bones ? C'était agréable ? Le partager avec son maudit père t'aurait coûté trop cher, c'est ça ? » Et la distance s’amenuisait un peu plus jusqu'à ce que la menace devienne palpable. « Expliques-toi, Bones. Je n'hésiterai pas, tu m'entends. » Menteur. Il la fixa du regard, une veine saillant sous sa tempe.
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HUNTED • running man
Adele Bones
Adele Bones
‹ inscription : 03/08/2015
‹ messages : 2056
‹ crédits : LUX AETERNA, astra, sia, tumblr, simon/mathydabest.
‹ dialogues : #336699
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‹ âge : 38
‹ occupation : en fuite, déchue de tout type de privilèges.
‹ maison : Serpentard
‹ scolarité : 1976 et 1983.
‹ baguette : est en bois d'if, mesure 23,7 centimètres et possède un ventricule de dragon en son cœur.
‹ gallions (ʛ) : 5965
‹ réputation : je suis sans aucun scrupule.
‹ particularité : semi-Vélane.
‹ résidence : ici et là, clamant comme miens les différents cottages investis durant notre cavale.
‹ patronus : inexistant
‹ épouvantard : une vie silencieuse, ponctuée par des râles de douleur, et non plus par les rires des rares personnes auxquelles je tiens.
‹ risèd : une journée d'été, Artur m'aidant au jardin ; Owen Avery se moquant de l'activité sans chercher à dérober son regard attendri.
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Une pointe d'inquiétude malvenue et ses pas s'étaient faits plus lent au beau milieu du couloir, réticence absurde qui l'empêchait de retrouver le plus rapidement possible la sûreté de sa chambre. Et si le venin avait infecté Avery plus qu'elle ne le pensait ? Et si la magie noire qui lui rongeait les chairs était plus insidieuse qu'elle n'en avait l'air ? Et si l'apathie forcée dans laquelle elle s'était volontairement plongée détraquait ses brillants diagnostiques de guérisseuse en chef, détraquait sa brillante logique ? Le doute manqua de lui faire faire machine arrière, retourner dans le salon pour faire interner Avery de force à Mangouste et l'obliger à se faire soigner par quelqu'un d'autre qu'elle. Vayk, peut-être ? Non, la médi-expérimage en avait assez fait en ce qui concernait la relation de l'hybride et du Mangemort. Le son du verre cassé et étouffé, fioles fragiles que l'on venait de briser, terrassa instantanément l'odieux trouble ressenti par l'hybride. Soulagement brusque (qu'elle ne voulait pas comprendre...), quiétude incompréhensible (comme elle détestait ces montagnes russes émotionnelles que lui seul pouvait provoquer en elle...). Bones reconnaissait enfin le véritable Avery : son tempérament excentrique, ses coups de sang volcaniques et son caractère monstrueux. Les nerfs anesthésiés avaient été piqués à vif et éraflés par le stoïcisme d'Avery : Owen ne connaissait pas la sérénité, Owen n'avait jamais connu la paix. Même lorsqu'il dormait, son visage était secoué de spasmes que même ses caresses les plus délicates n'avaient jamais réussi à effacer complètement. Son masque de Mangemort était le seul exemplaire limpide, immobile, du faciès d'Avery. Sa normalité était chaotique, le tumulte un synonyme de pérennité  : Bones savait à quoi s'en tenir lorsqu'elle pouvait lire les lignes et les pages d'Avery ; elle ne se sentait en sécurité que lorsqu'elle le voyait venir. Les secondes s'étaient étirées en longueur, cristallisant définitivement l'instant de doute comme l'un de ses pires souvenirs – faiblesse, faiblesse, faiblesse – avant de reprendre brusquement leur cours naturel. « Ne me tourne pas le dos, tu n'as pas fini de t'expliquer ! » Regarde-moi bien. Vois comme je me détourne de toi sans hésiter une seule seconde. Menteuse.

Ne l'avait-elle pas prévenu ? C'était lorsqu'elle le lui avait intimé qu'il aurait dû réclamer la vérité, les infimes détails d'une âme qui n'avait pas eu le temps de s'implanter. Adele Bones décidait de ce qui devait, ou ne devait pas, avoir lieu dans sa vie. Planificatrice. Manipulatrice. Insensible. Il n'avait plus le droit de s'imposer dans sa vie : telle était la sentence qu'Adele voulait lui faire subir pour avoir manqué de la tuer l'été dernier. Deux gouttes et demies d'Ellébore étaient définitivement suffisantes pour la vie de tous les jours, assez abrutissantes pour les couloirs de Sainte-Mangouste et la reconquête de son fonctionnement insensible. Mais en compagnie d'Owen, objet de toutes les craintes et de tous ses espoirs sinistres, le dosage se révélait être d'une insuffisance déconcertante. Quoi ? Devait-elle encore augmenter la dose pour se garantir le contrôle total d'elle-même ? Celui-là même qui lui faisait subtilement – cruellement – défaut depuis plusieurs semaines ? Réalisez-le n'importe comment et le philtre de Paix vous endormira juste éternellement. Elle avait passé deux jours entiers à veiller sur Spinnet lorsqu'elle avait testé les différents dosages acceptables sur le corps humain du Philtre de Paix. Non, elle n'était pas désespérée au point de monter à trois gouttes : elle faisait partie du passé. Adele pouvait l'oublier encore une fois. Juste celle-là : le temps de l'effacer, lui aussi, de sa mémoire. Une énième fois. Sors de chez moi, sors de ma vie. Crève donc de ta foutue morsure ailleurs que sur mon tapis ! Aussi vite que ses jambes le lui permirent, elle accéléra l'allure en entendant résonner les pas d'Avery quelques mètres derrière elle. « Tout ça n'est que du vent, Adele, reviens ici ! » D'un mouvement du poignet, la baguette en bois d'If ferma la porte de son dressing dans un claquement assourdissant, rendant à peine audible la voix rugissante du sorcier derrière le battant fermé. Va-t-en, va-t-en! Cœur battant, l'expression fulminante, la sorcière tendit l'oreille pour essayer de deviner l'instant où il pénétrerait la pièce, le moment qu'il choisirait pour la faire chuter de ce piédestal sur lequel elle se hissait toujours pour lui échapper. Chorégraphie parfaitement orchestrée. Représentation mille fois donnée. Il revenait toujours pour lui rappeler que, d'une façon ou d'une autre, elle ne pouvait pas l'évincer complètement de sa vie. Cette fois, il avait tort, Bones était déterminée à l'envoyer valser à l'autre bout du couloir pour le rayer une bonne fois pour toute de son existence...

Pourquoi n'ouvrait-il pas la porte ? Pourquoi n'était-il pas déjà dans la pièce ? La gorge serrée et le regard perdu en direction des rainures boisées, Bones l'entendit proférer une insulte avant de tourner les talons sèchement, définitivement. Il avait toujours raison. La sorcière abaissa la baguette magique et la laissa reposer entre les pans de la robe médicale. L'hybride resta silencieuse. Aucune ressource émotionnelle n'était disponible pour réagir d'une quelconque manière à ce départ qu'elle désirait tant. Fini.  Et qu'elle n'acceptait pas, finalement. Immonde hypocrite. D'un automatisme parfait, Adele retira les pans de sa chemise enfermés à l'intérieur de son ceinturon avant de défaire les boutons de cette dernière. Le panneau droit de la pièce alla s'encastrer dans le mur voisin au seul commandement de sa baguette, dévoilant devant son regard terni la dizaine d'étagères coulissantes qui se trouvaient dans la pièce. C'était bel et bien fini. Nouveau mouvement du poignet et la ceinture fut défaite, libérant sa taille gracile de l'entrave professionnelle. Elle eut l'horrible impression que les jupons sorciers lui lacérèrent les jambes tout du long de leur descente. Bones ne savait pas ce qui était le plus intolérable pour le moment : les abominables protubérances infectées qui lui parcouraient le derme ou bien le constat désolant de savoir qu'Avery s'en allait vraiment ? Philtre de paix, Bones. Un bras puis le deuxième, Adele rangea dans la large poche de sa robe de chambre la baguette en bois d'If avant d'aller nouer le ceinturon en soie dans son dos, contre la chute de ses reins. Vision abominable à bannir, à supprimer, que celle renvoyée par ses nombreuses psychés : au lieu de la flatter, les miroirs ne faisaient qu'alourdir ses sombres pensées. Des doublons abjectes ne faisant qu'accentuer l'étonnante symbiose du corps et de l'esprit d'Adele : tout était chaotique. État lamentable qu'elle ne parviendrait pas à réprimer puisqu'Avery était parti. Tu l'as voulu, non? Oui, non ; non, oui...

Le bois n'émit aucun son lorsque Owen pénétra dans la pièce. Lui, en revanche… le moindre de ses muscles, le moindre de ses mouvements, provoquait une telle cacophonie que Bones se tourna vers lui pour lui servir une nouvelle expression figée, l'agacement bien planqué sous les expressions marbrées qu'elle continuait de lui servir malgré l'état limite dans lequel il se trouvait. La silhouette toute entière d'Avery semblait hurler comparé au mutisme de l'hybride. Non. Définitivement non. Adele ne voulait pas qu'il s'en aille. Elle ne l'avait jamais voulu. Ne le souhaiterait jamais sincèrement. Constat amer qui la fit se détourner une nouvelle fois du Mangemort, à demi consciente que l'arme d'Avery s'élevait dans les airs pour la menacer elle. Idiote, tu n'es qu'une idiote, s'insulterait-elle le lendemain au réveil. On ne tournait jamais le dos à Owen Avery lorsqu'il se laissait emporter dans des ires infernales, celles-là même qui avaient provoqué plus d'un carnage par le passé, tant à Poudlard que lors de ses jeunes années en tant que disciple d'un mage noir. Tant pour les affaires que dans ce qu'il considérait être sa vie personnelle. Adele ne lui avait jamais tourné le dos dans ce genre de moments déchaînés, mer démontée dans une tempête vaguement nommée. Jamais. Ses doigts glissèrent contre les rangements, trouvant dans le choix de sa tenue de nuit une bonne excuse pour ne pas lui faire face. Elle ne supporterait pas de le regarder tandis que sa voix grondante s'abattait dans le vide pour la faire sortir de ses limbes inaccessibles. Informations dormantes dans les souvenirs de l'hybride. « Je ne m'en irai pas. Je n'en ai pas fini avec toi... » Moi non plus. « Maintenant parles, Adele. C'est le moment de tout déballer. » Bones ouvrit un premier tiroir de la main gauche. « Si tout ça n'est pas qu'un tissu de mensonges expliques toi, et fais le bien. » Second tiroir, de la main droite, les ongles griffant le bois pour se retenir de jeter à la figure la première chose qui lui viendrait sous la main. Ne rien dire ne relevait pas du domaine mensonge : l'abnégation était un luxe qu'elle avait bien crû ne jamais pouvoir s'offrir lors de son retour en Angleterre, plus de dix ans auparavant. Owen le lui avait offert, ce présent-là, simplement et bien inconsciemment. En ignorant simplement son absence, en ne lui demandant pas où elle s'était terrée une année durant. C'était à se demander s'il avait remarqué sa disparition. C'était à se demander si elle avait seulement compté – ne serait-ce qu'un instant – pour lui. « Je suis à deux doigts de te refroidir, ce que j'aurais du faire il y a des années, en passant, alors ne me fais pas perdre patience plus que de raison. » Malgré tout, Bones pivota vers Avery après avoir attrapé à l'aveugle de quoi se changer pour la nuit. La refroi… la refroidir ? Le cœur de l'hybride sembla finalement retrouver le puits de ses emportements, source intarissable de la haine qu'elle cultivait à son encontre depuis des mois, depuis Mason, depuis qu'elle était revenu de ce putain d'échec qu'avait été sa grossesse. Sérieusement ? Adele était à deux doigts de lui lancer son ultime provocation, un 'Vas-y, qu'est-ce que tu attends' sombrement formulé, pour finalement le noyer sous une tonne d'insultes et une flopée de maléfices informulés lorsque les lèvres d'Avery se mirent en mouvement en même temps que lui. « Puisque tu le proposes si gentiment, parles-moi donc de ton fameux petit voyage, de jolies vacances sans doute, hein ? » Les meilleures de ma vie. « Tu cachais ta grossesse, alors, c'était ça ? » Tu n'es pas plus idiot qu'un autre, Owen, arrêtes de jouer les imbéciles! « Qu'est-ce qui t'as retenu de me le dire ? » Il existe une bonne centaine de raisons à ça, par Salazar ! Par où veux-tu que je commence ? « Qu'as-tu cru, que j'allais te le voler ? » Avec ce que tu comptais faire à l'autre raclure, je vais ajouter cette raison à la liste. « De quoi avais-tu peur putain ! » « Regardes-toi ! », lança-t-elle d'une voix choquée, paume tendue, muscles bandés, pointant Avery d'un mouvement vague qui ne savait même plus quoi désigner tant la moindre parcelle de ses chairs était animée par la rage. Tant la moindre syllabe prononcée lui était crachée au visage comme de l'acide. Qui voudrait de lui, de son comportement désordonné, pour seulement songer fonder une famille ? « Comment as-tu pu oser me faire ça ! » Hypocrite. La gorge d'Adele se serra dangereusement, à l'instar des vêtements qu'elle rabattait contre la soie de sa robe de chambre pour retenir au mieux les soubresauts nerveux que la potion ne réussissait pas à intercepter, à tamiser, à empêcher. 

Une lourde pierre lui broyait les entrailles à mesure qu'Avery continuait d'avancer, la baguette toujours pointée vers elle. La détermination enflammait son regard, comme un étendard arboré de façon macabre, et si Adele avait l'impression d'étouffer sous le poids électrique de l'iris étrange, ce n'était certainement pas à cause du sentiment de peur qu'il voulait distiller en elle – elle l'avait assez vu torturer de pauvres quidams pour reconnaître l'éclat sadique qui lui faisait luire les pupilles. « Dis moi donc comment elle est morte, si ce n'est pas de ta faute, de ton propre chef. Car pour une fois, tu ne pourras pas dire que j'y suis pour quelque chose, puisque je n'étais pas là... ». Les doigts de la sorcière s'agrippaient férocement au tissu qu'elle avait jeté par-dessus son avant-bras, écorchant les mailles pour retenir un peu plus, juste un peu, des émotions assagies qui ne supportaient plus d'être maintenues en laisse. « … pour la voir grandir en toi. Quelle douce vision ça a du être, ta jolie silhouette arrondie par la maternité.  ». Pour se protéger de l'ironie déplacée d'Avery, la main de l'hybride se décrocha de la robe de nuit pour frôler… du vide. L'enfant qui avait élu domicile en elle avait bien tendu sa peau laiteuse jusque-là, non ? Les doigts se mirent à trembler légèrement mais Bones eut bien vite fait de les reporter de nouveau contre ses flancs pour en effacer le geste. La lourde pierre remontait vers l'estomac, accentuant les paroles assassines du Mangemort. Non, ça ne pouvait pas être ça. Adele ! Réveilles-toi, dis-lui que tu as aimé cette grossesse. Dis-lui que tu n'aurais jamais pu la vivre comme tu l'as vécue si tu l'avais eu dans les pattes! « Ça t'a plus Bones ? C'était agréable ? » Un sourire dénué de toute joie étira ses lèvres malgré la pierre qui continuait son ascension extrême, bloquant désormais ses cordes vocales. Le brouillard devenait brume, amenuisant les réflexes de la sorcière, mais il lui permettait tout de même de retrouver un peu de verve. Elle avait juste besoin du déclic pour se déchaîner, malgré la fatigue, malgré le philtre. Souillée. Juste un mot d'Avery pour qu'elle puisse lui vomir tout ce qu'il désirait entendre avec cruauté. Une cruauté dont elle avait besoin pour ne pas rendre tangible la véritable raison qui l'avait poussé à le fuir. « Le partager avec son maudit père t'aurait coûté trop cher, c'est ça ? » L'acacia avait envahi son espace. L'acacia se tenait pile là où sa peau avait un jour été tendue pour abriter la vie. Il ne lui en fallut pas plus pour réagir. Elle s'avança aussi d'un pas, flirtant dangereusement avec le spectre ombrageux d'Avery. « Expliques-toi, Bones. Je n'hésiterai pas, tu m'entends. »Parfaitement, Owen. Tu as été aussi clair que de l'eau de roche. La baguette magique était certes une menace. Inconsciente, Bones. En cet instant, le bois venait plutôt éveiller avec férocité l'instinct maternel qu'Adele n'avait jamais pu développer correctement. Femme, sorcière, hybride, Vélane, qu'importait l'angle par lequel vous le considériez, cet instinct-là déjouait malicieusement les barrières que lui imposait le calmant sorcier. Juste parce qu'il avait été ignoré pendant des années.

Qu'elle soit à un mètre ou à bout portant de l'arme d'Avery, dans le fond, est-ce que cela faisait une grande différence ? 

Adele enferma le poignet du Mangemort entre ses doigts, serres graciles, aussi subtiles que fermes sous la pression de l'hybride. Elle mettait bien plus de volonté à enfoncer le bois dans son estomac qu'à le fusiller du regard. « Tu étais là... », les ongles s'enfonçaient dans l'articulation du Mangemort, l'ambre ne quittait pas l'éclat électrique qui scindait l'iris d'Owen en deux, « … juste là. », le bois opprimait le calice féminin, irritant assez le Mangemort pour qu'il tente de dégager sa prise, obligeant l'hybride à user de sa seconde main pour continuer d'entraver les mouvements de son opposant. Mêmes les informulés nécessitaient d'être dessinés dans les airs pour pouvoir être jetés. « Tu n'as pas besoin d'être physiquement là pour quand même tout foutre en l'air Avery ! ». La réponse persiflée paraissait bien silencieuse comparée aux rugissements d'Owen. Une grande première, elle qui ne supportait pas qu'on la surpasse dans un quelconque domaine, elle qui ne supportait pas qu'il asseye sa domination dans leur relation d'une quelque manière que ce soit. Bones détruisait encore l'une de leurs plus anciennes coutumes  : rendre leurs disputes aussi mémorables que les instants – rares – où ils s'étaient retrouvés sur la même longueur d'onde. De couple, seules leurs querelles en avaient l'allure : les reproches toujours criés, toujours hurlés, dans l'intimité de leurs demeures respectives. Bones en faisait l'inventaire parfois, lorsque son esprit ne se trouvait pas préoccupé par les tracas administratifs de Mangouste et les formules des potions qu'elle modifiait constamment dans le silence de son esprit. Et grotesques en étaient les raisons. C'est ça, concentres-toi plus là-dessus. Le ridicule plutôt que les pensées infâmes, impardonnables, plutôt que la lourde pierre qui tentait toujours de se frayer un chemin jusqu'à la conscience de l'hybride. Tout pourrait être si simple, Adele... « Ne joues pas la carte du père éploré alors que tu t'évertues à me repousser dès l'instant où tout devient trop compliqué ! » Qu'est-ce que tu fais ici, Adele? « Ne viens pas me dire que tu aurais voulu savoir qu'elle existait... » Qu'est-ce que tu fous ici ? « … alors que tu me dénigres moi comme une vulgaire née-moldue ! Tu l'aurais traité comment, elle ? » Je me sentais seule ! « Ne joues pas cette carte-là avec moi, Avery... » J'avais besoin de toi... « … alors que tu m'ignores complètement dès l'instant où tu trouves une meilleure distraction que l'hybride ! » Ne m'abandonne pas. Je ne veux pas te perdre, toi aussi... Quelque part au milieu de ses récriminations, Adele avait relâché Avery, abandonnant les battements frénétiques qui lui martelaient le bout des doigts ; lui ne semblait pas vouloir en faire de même, n'écoutant que la rage sourde qui l'animait encore plus mais que l'hybride ne considérait toujours pas comme une menace sérieuse. L'acacia, lui, continuait de s'enfoncer dans ses chairs, agressant le diaphragme. « Et puis à bien y réfléchir, oui. Ce furent les meilleures 'vacances' de toute mon existence puisque tu n'y étais pas ! Mes vacances, ma montagne, ma grossesse... » J'ai besoin de toi... « … ma vie. » Peut-être avait-elle été trop loin. Ou peut-être qu'elle n'aurait pas du relever la tête : la sombre expression d'Avery la fit reculer d'un pas vacillant. Ils étaient chez elle, cette fois-ci. Aucune secrétaire pour le stopper au beau milieu d'un élan meurtrier, aucune Vayk pour l'immobiliser in extremis s'il voulait la tailler en pièce… Et ce poids qui continuait de l'opprimer. Bones n'attendit pas le lendemain pour s'insulter mentalement : elle prit enfin compte de la gravité de la situation à cet instant. 

Le silence n'augurait jamais rien de bon lorsque Owen se trouvait dans ce genre d'état second. Le silence n'augurait jamais rien de bon lorsqu'il tenait à bout de bras sa plus fidèle compagne magique… Bones trouva le moment opportun pour fuir, tout simplement. 

A peine eut-elle passé l'arche boisée qu'un bruit fracassant retentit, l'informant de la destruction pure et simple de l'une des psychés de son dressing. Mille morceaux éparpillés sur le parquet, à l'instar d'émotions qu'Avery avait mille fois saccagé par le passé. Elle n'avait jamais gagné. Jamais. Croyante inconsciente qui continuait d'espérer qu'un jour, elle verrait cette chimère dont elle avait mille fois rêvé. Bones grimaça en imaginant seulement toute la volonté (ou son absence totale) dont avait du fait preuve Owen pour ne pas la briser elle en l'entendant vociférer des vérités mille fois pensées, mille fois tues, en plein visage plutôt que de se laisser étouffée par le poids de la culpabilité. Lourde pierre qui roulait toujours une fois les cimes atteintes. Obligeant ses porteurs à courber l'échine jusqu'à ce qu'ils trouvent le moyen de la faire tenir seule, jusqu'à ce qu'ils trouvent le moyen de pouvoir l'abandonner définitivement derrière eux. Tout ce que Bones réussit à abandonner sans la moindre difficulté se composait de soie bleuté, robe vulgairement jetée contre la faïence du double évier, afin de pouvoir dérouler les panneaux d'un paravent finement tissé juste devant la baignoire baroque qui trônait au beau milieu de la pièce.

Ce n'était pas son instinct hybride qui l'avait poussé à partir une fois la grossesse déclarée.
Adele n'était pas une hybride.
Adele n'était pas une Vélane.
Adele n'était pas comme sa mère, jamais elle ne le serait.

Elle avait été assez inconsciente pour le menacer sans se préoccuper des conséquences. Elle ne l'était pas assez pour oublier que, comme ses réactions à demies éveillées, son corps était marqué par la honte. Coupable. Elle entendait déjà les perfidies que pourrait lui lancer Owen s'il les voyait. Oubliant qu'en presque trente ans, il avait eu l'occasion d'être témoin de l'infinie déclinaison qu'elle pouvait offrir au monde, aussi déplorable que la sorcière s'autorisait parfois d'être, aussi fabuleuse que l'hybride s'évertuait de toujours paraître. Coupable. Il n'avait jamais vu son teint uniquement illuminé par les bienfaits d'une grossesse. Il ne saurait jamais à quel point ses traits pouvaient véritablement se tordre sous les effets de la perte. Coupable. En entendant crisser le verre de l'autre côté de l'arcade sculptée, Adele termina de se dévêtir avant d'entrer brusquement à l'intérieur du bain remplit d'eau et de décoctions curatives incorporées. Bien mal lui avait prit : Bones dut mordre l'intérieur de ses joues pour s'empêcher de crier, tant le choc thermique ressemblait à de la torture pure. Au moins pouvait-elle dorénavant affirmer que l'éllébore, même ingérée, ne supportait pas les températures glaciales. Main droite agrippée au rebord du bain, la gauche partant à la recherche de la baguette en bois d'If perdue entre les plis textiles du peignoir qu'elle avait laissé choir au sol, Adele eut le temps d'un battement de cils avant que la silhouette d'Avery n'apparaisse au-travers des arabesques du paravent. « N'approche pas. » Pour toute réponse, le Mangemort scinda d'un sortilège le double-évier en son milieu, l'un des deux bassins en porcelaine assez fragilisé pour qu'il aille s'écrouler au sol. Nouveau bruit assourdissant. C'était à croire qu'il tentait de palier au calme que lui servait la sorcière depuis son arrivée. Laissant la magie vociférer puisqu'elle ne répondait pas assez vite à ses attentes. Elle ne savait plus à quoi ressemblait le pouvoir lorsque c'était elle qui portait l'étendard de la soumission. Elle était faiblesse. Il était force. Adele n'entrevoyait plus les frontières entre Abandon et Reddition lorsque c'était lui qui menait la danse. 

Un nouveau sortilège informulé allait s'abattre lorsqu'elle abandonna définitivement sa fierté au doute. Aux hypothèses. A la chimère« J'ai très vite su qu'elle était là, Avery. Je… ne trouvais simplement pas les bons mots pour te le dire. » Ne m'abandonnes pas... « Et tu t'es juste défilé, comme toutes les autres fois, quand je t'ai suggéré de t'installer avec moi. Vu le temps qu'on passait ensemble, ça me semblait plus pratique pour…  » Les affaires, les moments intimes, les planifications, les instants de vide. Le tout et le rien qu'ils brassaient loin des yeux indiscrets de la foule. Sous l'effet des potions incorporées au bain, elle sentait la morsure de l'eau vaseuse lui ronger le derme abîmé de ses jambes ; elle sentait la glace bienfaitrice secouer le feu destructeur de la magie noire. Il était temps d'activer le Tempus recommandé : cinq minutes d'immersion lorsque les lames du froid se seraient enfoncées dans les chairs, lui avait dit Dorian Selwyn. Pas une seconde de plus, pas une seconde de moins. « Tu t'es défilé une fois de trop. Je ne voulais plus t'attendre alors que là, j'étais certaine que quelqu'un m'attendrait toujours... ». Ce n'était pas l'hybride qui était partie. Ce n'était pas elle... « Tout s'est passé le plus normalement du monde. Magie défectueuse à partir du quatrième mois, inexistante au huitième, je te passe les détails : les derniers jours que nous avons passé ensemble, tu ne trouvais même pas étrange de me voir rendre le moindre de mes repas. » Une minute. Pourquoi le temps passait-il toujours aussi lentement lorsque vous étiez contraint de déballer l'un des moments les plus importants de votre vie ? Le silence à peine agrémenté par leurs deux respirations entremêlées. « Les douleurs intolérables ont commencé en début de soirée. Fizzy m'a aidé toute la nuit. Et à l'aube, c'était fini. » Elle ne pouvait pas lui avouer que c'était l'hybride tant décriée, tant annihilée, qui l'avait fait s'envoler le plus loin possible de lui. Hypocrite...
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HUNTED • running man
Owen Avery
Owen Avery
‹ inscription : 21/07/2015
‹ messages : 1765
‹ crédits : whorecrux <3.
‹ dialogues : #006666 (owen) #A0A0A0 (selma)
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‹ âge : 43
‹ occupation : dans l'ombre du Magister.
‹ maison : serpentard
‹ scolarité : 1971 et 1978
‹ baguette : est en bois d'acacia rigide, possède un cœur en ventricule de dragon et mesure vingt-neuf centimètres.
‹ gallions (ʛ) : 5709
‹ réputation : la magie noire a rongé mon âme, dilué toute conscience, accru ma folie.
‹ particularité : fou.
‹ faits : ma soeur jumelle vit dans mon esprit dérangé, secret dont seuls quelques chanceux ont connaissance, que je suis aussi dérangé que peut l'être un sbire de Voldemort, que je n'hésite jamais à user de violences quand bien même elles ne seraient pas nécessaires, car la souffrance et les hurlements me font vibrer comme aucune autre drogue au monde. Mais qu'elles me sont infligées souvent par la main du Magister elle-même, car dieu sait combien de fois je l'ai déçu au cours de mes années de bons et loyaux (haha) services.
‹ résidence : Herpo Creek, dans la maison de mes parents, vide et délabrée; ruines.
‹ patronus : irréalisable, autrefois une hyène bien qu'elle ne soit apparue qu'une seule et unique fois sous forme reconnaissable.
‹ épouvantard : le baiser du détraqueur.
‹ risèd : la fin de cette insurrection qui amène autant de satisfaction que de souffrance.
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Si proches de la mort. Partout, tout le temps. Adele côtoyait les malades et les mourants, ceux pour qui le temps s'amenuisait chaque heure un peu plus jusqu'à ce qu'ils sentent le souffle de la mort elle-même caresser leurs visages. Elle avait décimé une famille entière pour l'honneur de sa propre lignée, lavé les méfaits de quelques traîtres à leur sang pour s'élever aux yeux de ceux qui importaient. Elle évoluait toujours à quelques pas des sbires de Voldemort, à quelques pas de lui, Avery, qui avait ôté la vie à tant de personnes. Sans aucun regret, sans qu'aucun fantôme ne revienne le hanter, lui faire payer ses crimes, protégé par son absence de moralité criante. Son existence se pavait se cadavres et de disparus depuis son enfance. Ils étaient si proches de la mort. Tout, autour d'eux, sentait le vide et la désolation. Et ils n'arrivaient même pas à faire face à cette mort là, si petite, si négligeable, lorsqu'on se donnait la peine de la comparer à bien d'autre. Leur égoïsme serait le seul à leur avoir fait ressentir l'amertume de la perte. Leur avoir fait éprouver autre chose que de la satisfaction pure à l'annonce d'un trépas. Ils étaient désolants. Ridicules. Sans doute s'en rendait-il compte, quelque part entre la rage et le dégoût de la sorcière à laquelle il faisait face, les traits déformés par l'explosion de ressentiments qu'il lui imposait. La sorcière, l'hybride, la traîtresse. La pire menteuse qu'il lui ait été donné de rencontré. Elle était bien des choses mais elle n'était plus Adele Bones, ni cette femme à qui il avait tenu un jour. Elle n'était plus grand chose en dehors de l'objet de sa fureur et de ses accusations. Elle était cette femme apathique, inexpressive, dont la nature des potions ingurgitées un peu plus tôt se dévoilait à mesure que le temps passait et agissait sur le système de Bones, la rapprochant d'un pantin délicat aux allures figées des poupées de porcelaine. Les potions sapaient sa verve et son énergie piquante qui étaient sa marque de fabrique, ce qui avait su le charmer lui, l'amadouer. Elle n'était plus elle-même et elle n'était donc plus rien pour lui, se persuadait-il du fin fond de ses pensées brouillées, emmêlées, décimées. Conséquence torturée des vérités révélées. Immonde tentatrice aux desseins biaisés. Ses doigts se refermèrent autour de son poignet, celui qui la menaçait sans laisser la place au doute. L'inconscience continuait de parler, d'agir pour elle, contrôlait sa prudence naturelle, son instinct de survie, qui à l'évidence, ne cherchait plus à la sauver. Bones baissait les bras, provoquait sa perte de ses paroles sanglantes et de son contact électrisant, dont jamais il ne se déferait. Jusqu'à son lit de mort, Owen Avery serait sensible à ce toucher tantôt délicat, tantôt mordant, féroce. Il ne maîtriserait jamais cette part de lui qui tombait pour elle à chaque fois qu'elle le touchait du regard ou du bout des phalanges. Et malgré tout, la litanie rassurante tournait toujours en mélodie convaincante, accompagnant sa colère et sa confusion : elle n'est plus rien pour moi, elle n'est plus rien.  « Tu étais là... » La baguette s'enfonça dans la chair ferme, imprima un instant la tension forcée sur la peau de son bas ventre. Et il soutenait son regard. Plus rien, plus rien pour moi. Il tenta une esquive, comme brûlé par ses mains, hypnotisé par le mouvement de ses lèvres. L'envie de lui faire mal le tirailla de nouveau. « Tu n'as pas besoin d'être physiquement là pour quand même tout foutre en l'air, Avery ! » Une autre fois, cela l'aurait peut-être fait sourire, ironiser sur la beauté de cette phrase, de cette simple idée, si séduisante : parvenir à semer la discorde sans même être présent. Il connaissait ce genre de personne, ces sorciers capables de placer un mot, une parole, un acte au nom de quelqu'un, qui saurait par la suite déliter des relations qu'on croyait pérennes. Rien que ça. Ces gens là étaient des manipulateurs, et il n'en faisait pas partie. La subtilité et la délicatesse que cela demandaient n'avaient jamais fait partie de ses attributions. Aussi ces paroles, dans sa bouche, ne trouvaient aucun écho en lui. Il n'avait rien fait pour foutre sa grossesse en l'air. Il n'avait rien mené pour faire tourner court des plans dont il n'avait pas même eu la connaissance. Elle avait tout foutu en l'air, d'elle-même, et c'était simplement plus facile aujourd'hui de le lui reprocher que de voir la vérité en face. Là était la vérité selon Owen, qui se sentait approcher de ses limites acceptables à grands pas. « Ne joues pas la carte du père éploré alors que tu t'évertues à me repousser dès l'instant où tout devient trop compliqué ! »  Le cœur frappait les côtes sans ménagement ; imbécile, imbécile, imbécile, soufflait-t-il à chaque battement, à chaque afflux de sang. Ses yeux trahissaient sans doute une part de l'horreur qu'il ressentait sans vraiment en être conscient ; cette part de son être qui se recroquevillait sous la force de ses mots, quand ses mâchoires se contractaient sporadiquement sans parvenir à masquer sa fureur grandissante. Sans doute était-ce elle qui se voyait le plus. Adele ne devait pas voir au delà, il s'y refusait. La belle fureur, qui grondait et grandissait à flux tendu, saillait à l'orée de son esprit, prête à se déverser telle de la bile sur cette femme qui le terrassait au delà de ce qu'il pouvait accepter.  Tu mens, voulut-il souffler. Mentait-elle réellement ? Ne se leurrait-il pas encore une fois, confortablement installé sur ses certitudes et ses habitudes vieilles comme le monde ? Les vieux imbéciles agissaient comme ça : dédaignant la réalité, refusant le changement, craignant les retournements de situation comme la peste ; trop dangereux pour leurs petits trains de vie. C'était minable. Lamentable. Il avait toujours fui Bones quand les choses perdaient de leur futilité, de leur légèreté si ce mot avait un jour eu un sens pour eux deux. Il avait toujours tourné le dos au sérieux d'une relation, jonglant entre l'attachement et l'oubli, le dédain et l'hyper-présence. « Ne viens pas me dire que tu aurais voulu savoir qu'elle existait... » Et pourtant, et pourtant... aurait-il fait autrement s'il avait su pour cette enfant ? Aurait-il changé d'attitude, opté pour la responsabilité, si elle avait osé le lui dire, il y avait treize ans de ça ? Aurait-il été un père présent et non pas ce fou irresponsable et paranoïaque ? Peut-être pas. « … alors que tu me dénigres, moi, comme une vulgaire née-moldue ! Tu l'aurais traité comment, elle ? Ne joues pas cette carte-là avec moi, Avery... alors que tu m'ignores complètement dès l'instant où tu trouves une meilleure distraction que l'hybride ! » Le carcan de velours s'était défait, mais l'arme opprimait toujours le thorax de Bones, qui ne reculait pas, qui le brisait toujours de ce regard mort. Une meilleure distraction ? Folie, mensonge. Avery recula, accueillit l'ironie d'un rire bref et sans joie. Ça ne l'amusait pas du tout. Ne savait-elle pas ? Ne savait-elle pas qu'aucune distraction n'avait jamais été de taille à l'évincer elle ? Oh, peut-être y avait-il eu Mason, et son enfant, et toutes les possibilités qui s'étaient offertes à lui quand il avait appris l'état de sa vulgaire et non moins insignifiante Rebut. Elle avait été une distraction, oui. C'était vrai. Il ne pouvait le nier après tout, ces quelques mois où il l'avait possédée s'étaient avérés aussi amusants qu'obsédants : il n'avait eu conscience de la réalité extérieure, le monde avait tourné dehors sans qu'il ne se soit intéressé à rien d'autre qu'à elle. Mais avant ça ? Elle faisait d'un cas une généralité. Aucune femme n'avait su le détourner réellement de ce qu'il attendait d'elle, d'eux. Jamais pour de vrai. Jamais au point d'en devenir un danger. Et dire qu'à présent il n'en attendait plus rien. Bones avait su trouver de l'amusement ailleurs qu'avec lui, le contraire n'était pas aussi vrai qu'elle semblait le penser. C'est ce qui le fit rire de nouveau, comme un dément : se rendre compte de ces illusions dont elle s'entourait, consciemment ou pas, et réaliser qu'il était bien meilleur (d'un certain point de vue) que ce qu'elle croyait. Comment cela avait-il pu arriver ? « Et puis à bien y réfléchir, oui. Ce furent les meilleures 'vacances' de ma vie puisque tu n'y étais pas ! Mes vacances, ma montagne, ma grossesse...ma vie. » Avery perdit tout sourire, une expression mauvaise reprenant la place sur son visage.

Je n'hésiterai pas, avait-il dit. Mensonge confortable, pure bravade, de la poudre aux yeux. Il la regarda passer dans la salle de bain attenante. Sans réagir. Avery dut prendre sur lui pour ne pas laisser couler sa haine sur elle, le sortilège partit s'écraser par dépit sur un des miroirs qui ornaient la penderie ingénieusement aménagée pour accueillir la garde-robe infinie de Bones. Cette dernière semblait finalement mettre fin à la folie, optant pour une fuite toute désignée au vu des circonstances. L'imprudente ouvrait enfin les yeux. Elle comprenait enfin dans quels conflans haineux elle l'avait expédié en parlant de la sorte, en sous entendant que pendant trente ans, elle avait supporté sa présence sans jamais la désirer. Elle lui hurlait presque à la face qu'elle avait détesté chaque instant passé à ses côtés. Owen n'était pas un enfant de cœur, encore moins un sorcier recommandable et recommandé. Il était ce salaud sadique aux mœurs étranges, au passé trouble et tâché de sang, aux pratiques douteuses. La réputation crasse et indigeste qu'il se traînait comme un boulet aux pieds lui convenait, sans qu'il cherche à la démentir, se complaisant même dans cette image noire que l'on donnait, que l'on avait de lui. Mais s'entendre dire qu'il avait abusé de son temps comme on abuserait d'une femme le rendait malade. Toutes ces années, elle les lui rejetait au visage, en crachant dessus. Ils n'avaient rien partagé. Ils n'avaient rien vécu, et tout n'était qu'illusion. Qu'avait-elle eu à gagner alors, si la seule chose qu'elle avait voulu, c'était vivre une vie simple et délestée de son poids ? Pourquoi avoir sans cesse accepté son retour, ses humeurs changeantes ? Elle s'en était accommodée. Elle avait fait avec. Et tout cela n'était, en vérité, que l'image de sa propre perversion prédatrice ; il l'aurait, quoi, forcée ? Tout ce temps ? Il piétina les bris de verre, comprima ses yeux de ses poings, expira brusquement en s'apercevant qu'il avait retenu sa respiration depuis bien trop longtemps déjà. La baguette toujours serrée dans ses doigts meurtris. Et il la suivit, parce que c'était tout ce qu'il savait faire, ne jamais la laisser partir, tout juste lui donner l'illusion de s'enfuir. « N'approches pas. » le prévint-elle d'une voix acerbe alors qu'il pénétrait dans la pièce et éclatait le lavabo pour passer ses nerfs, comme un gamin capricieux casserait son balais-jouet en n'ayant pas eu le kit d'entretien miniature assorti. La robe de chambre négligemment posée là s'enflamma, et il regarda le tissus brûler en n'y voyant rien d'autre qu'un reflet de leur propre histoire. Un désastre sans nom, pour lequel il ne voulait plus réellement se battre. Le Mangemort tournait dans la salle sans se préoccuper de son avertissement. Il se fichait bien de ce qu'elle lui cachait, physiquement, en cet instant. Il ne se préoccupait plus que de ses paroles, ses révélations, qui les touchaient bien plus que ce à quoi ils s'étaient attendu, lui comme elle. Ils n'avaient rien vu venir. « Si ta vie était si merveilleuse lorsque je n'étais pas là, pourquoi être revenue ? Pourquoi m'avoir supporté toutes les années qui ont suivi si c'était si horrible ? » gronda-t-il, encore assommé de s'être entendu dire ce genre d'inepties. La mauvaise foi qui en découlait était évidente mais ne parvenait pas à évincer tout à fait le sentiment malaisé, l'idée (inconcevable) qu'il avait été plus que l'ombre d'un attachement bafoué. Il avait été, pour elle, un bourreau, un geôlier. Il visa la torche qui flambait au dessus des lavabos, lorsqu'elle reprit la parole, d'un ton bas, posé, qui eut le mérite de le détourner de sa cible, un bref instant. « J'ai très vite su qu'elle était là, Avery. Je… ne trouvais simplement pas les bons mots pour te le dire. Et tu t'es juste défilé, comme toutes les autres fois, quand je t'ai suggéré de t'installer avec moi. Vu le temps qu'on passait ensemble, ça me semblait plus pratique pour…  » Ainsi donc, là était l'objet de ses regrets : qu'il ait décliné l'offre aussi surprenante qu'irréaliste de partager le même toit ? Il lui tourna le dos, repensa à cette proposition qu'elle lui avait faite. Avait-ce été la même année que celle où elle était partie ? Il n'arrivait plus à se souvenir. C'était un détail si insignifiant qu'il l'avait relégué au second plan aussi vite qu'il avait refusé l'offre avant de passer à autre chose. Ce qu'elle n'avait jamais fait, elle, à l'évidence. Avery secoua la tête de droite à gauche, partagé entre incrédulité et exaspération, et la fureur chuta d'un cran. « Tu t'es défilé une fois de trop. Je ne voulais plus t'attendre alors que quelqu'un m'attendrait toujours... » Avery ferma les yeux, inspira. S'adossa au mur près de la porte et glissa le long jusqu'à chuter au sol, depuis lequel il observa le plafond aux moulures travaillées. « Je ne peux pas croire que tu m'en veuilles encore pour ça. C'est tellement ridicule. » souffla-t-il sans qu'elle ne l'entende. « Tout s'est passé le plus normalement du monde. Magie défectueuse à partir du quatrième mois, inexistante au huitième, je te passe les détails : les derniers jours que nous avons passé ensemble, tu ne trouvais même pas étrange de me voir rendre le moindre de mes repas. » Avery ne répondit rien, le cœur gelé, silencieux. La crainte d'entendre la suite se mêlait à la surprise de la voir en parler, alors qu'il pensait qu'elle se braquerait, refusant encore la moindre explication pour le simple plaisir de le rendre chèvre, comme il leur était coutume de le faire. Les barrières avaient sauté. Et il n'en revenait pas. Tout comme il essayait de se rappeler de ces dernières journées. Pourquoi n'arrivait-il pas à s'en rappeler ? Avait-il été si négligeant qu'il n'avait pas remarqué un tel détail, pourtant criant ? Il se souvenait surtout des cauchemars qui l'avaient hanté, poursuivis jusqu'à lui ôter le sommeil, jusqu'à ce qu'il n'en puisse plus, et parte frapper à sa porte pour s'apercevoir qu'elle n'était plus là. Alors qu'il avait eu tant besoin d'elle. Non. Avery n'avait rien remarqué de ces signes, il avait survécu à grand peine, centré sur sa propre douleur, oublieux de Bones. De ce qui se jouait sous ses yeux aveugles et égocentriques. « Les douleurs intolérables ont commencé en début de soirée. Fizzy m'a aidé toute la nuit. Et à l'aube, c'était fini. » Il tourna la tête, contempla le visage d'Adele. Ses épaules qui dépassaient tout juste de la baignoire ciselée avec goût. Elle ne le regardait pas, semblait voir au delà de l'eau dans laquelle elle trempait, au delà de cet appartement. « Je me doutais que ton elfe savait. » fut la seule chose qu'il trouva à répondre à mi-voix, d'un ton cassant. Avant de retomber dans un silence contemplatif, au cours duquel il plongea dans les méandres de ses souvenirs charcutés par le temps et l'oubli. L'humeur se désagrégeait, il n'était plus que fatigue désespérée. Lassitude. Effroi pour tout ce qu'il avait raté.

Mais elle ne compte plus pour toi, tu te souviens ? Elle n'est plus rien. Oublies la. Oublies les.

La chaleur le gagnait, puis s'échappait aussi vite qu'elle était venue. Palpitante, sa main souffrante subissait le manque de soin et, quelque part sous sa peau, se propageait insidieusement la maladie. Comment reconnaître, en vérité, l'infection d'un esprit déjà malade, déjà malsain ? « Je n'en reviens pas que tu m'en ait voulu pour cette stupide histoire de... d'appartement commun... » il grimaça comme si l'idée seule le dégoûtait. Certainement était-ce déjà la tête qu'il avait fait la première fois qu'elle l'avait évoquée. « ...au point de ne rien me dire sur ce qui se passait. » La colère enflait encore, se dissipant puis grandissant de nouveau sans qu'il n'ait aucune emprise dessus. Le débit s'accélérait et il ponctuait chaque mot d'un mouvement de baguette enragé qui périclitait des morceaux de faïence un peu partout. « Comment peux-tu croire que je n'aurais pas voulu savoir une telle chose ? Que s'est-il passé dans ton esprit malade ce jour là pour en venir à la conclusion qu'il fallait que tu partes en emportant avec toi le secret ? Qu'aurais-tu fait si elle n'était pas morte ? Tu te serais simplement... évanouie dans la nature avec elle pour ne plus jamais revenir ? C'est ça ? » Son pied tapa dans un morceau d'évier qui s'explosa contre le pied de la baignoire. « Oh mais, pardon. C'était si agréable loin de moi. Je ne comprends pas pourquoi tu es revenue, vraiment. Mais peut-être qu'après tout, il aurait mieux valu que tu restes loin, il est vrai que ma vie aurait été bien plus simple. Tu es une véritable sangsue, Adele, un vampire de la pire espèce. Tu as toujours été là d'aussi loin que je m'en souvienne, à exercer ton influence malsaine sur moi, avec tes talents de foutue hybride et tu n'as pas été en reste lorsqu'il s'est agi de trouver de la distraction ailleurs quand tu t'ennuyais ou que tu étais juste... contrariée. J'ai fait le meilleur choix de mon existence en refusant de m'installer avec toi, ça n'aurait mené qu'à notre perte mais regarde, regarde ! tu t'es efforcée de trouver un autre moyen de tout ruiner en t'enfuyant pendant un an, pour un prétexte merdique ! Tu ne me faisais pas confiance depuis le début, admets-le. Tu te servais de moi. Je ne t'en veux pas, c'était réciproque. » Vile menteur, il lançait sa petite bravade alors que le sentiment de trahison intense en s'apercevant de son absence n'avait pu signifier qu'une chose, qu'il avait compté sur elle, fut un temps. Plus qu'il ne voulait l'admettre. Comme s'il avait été question de confiance un jour entre eux. La baguette brisa le deuxième lavabo, tandis que le tas de cendre (autrefois la belle robe de chambre) volait à ses pieds. « Alors elle est morte. Tu lui as donné un nom au fait ? N'est-ce pas ce que l'on fait, en général ? » Ses aînées s'étaient appelées Iole et Malania, et pourtant elles n'avaient jamais vraiment vécu. Il ne lui laissa pas le temps de répondre, laissant libre court à ses mots cruels. Avait-il autant parlé par le passé ? Jamais. Il avait une quantité infinie de reproches à lui faire ; ils sortaient tous maintenant, et il n'avait aucune raison de les retenir. Puisqu'après ça, ce serait fini. Adele l'avait soutenu et lui y croyait de plus en plus. C'était fini. « Elle est morte, et comme il n'y allait plus y avoir personne pour t'attendre, tu es revenue, vers le seul imbécile encore en vie. Quel con j'ai été. » Quel con je suis. « Elle me l'a dit. Combien de fois a-t-elle essayé de me le faire comprendre, quand tu es partie. » s'insurgea-t-il, choqué par son propre entêtement. Elle, Selma, qui avait vu juste, bien avant lui. Qui avait soupçonné cette fourberie au glaçage verni. Il croyait avoir mené la danse, il s'était juste laissé berner. Et il ne s'en rendait compte que trente ans après. Ses doigts frottaient la plaie encore ouverte de sa main gauche, machinalement. La fièvre allait finir par l'emporter si ce n'était pas les vagues de haine qui s'abattaient sur elle et rongeaient sa conscience. « Ça n'a pas du être très difficile pas vrai. J'étais venu te voir quand je me suis rendue compte que tu avais plié bagages sans un mot. Et elle continuait de me harceler pour t'oublier, elle soutenait que tu ne serais d'aucune aide, comme elle avait raison. J'aurai du l'écouter, depuis le début. » Exsangue, Avery omettait que Selma n'était pas une réalité pour Bones, que son existence ne lui avait, jusqu'alors, pas été révélée du tout. Les joues pâles, les mains tremblantes, la vision étrécie à un champ centré sur le carrelage géométrique et la silhouette d'Adele, son allure laissait penser qu'elle avait affaire à un fou. Rien n'aurait su être plus proche de la vérité en cet instant. « Voilà, tu as la preuve d'à quel point j'ai cru à... à quoi ai-je cru d'ailleurs ? J'ai compté sur toi. Je ne sais même pas pourquoi quand j'y repense. J'ai cru que tu pouvais... » Il secoua la tête, incrédule. Quelle connerie ! Par Salazar ! La température lui faisait dire des choses qui, jamais auparavant, n'auraient été dites de cette voix claire et puissante. « Et dire que je t'aurais attendue. Que je t'ai attendue. Bravo Bones. Bravo. » souffla-t-il. La chaleur se diffusait en lui, intense au niveau de sa paume, comme si l'énergie venait de la blessure. Peut-être délirait-il complètement à cause de cette maudite morsure. Mais il en doutait. C'était le poids qui tombait et qui menaçait de l'ensevelir, qui était la cause de ce lâcher-prise. Angoissant, mais grisant. Avery se releva brusquement, frappa du poing dans la porte qui s'écrasa contre le mur. Quitta la pièce, et s'assit sur le lit de Bones, la confusion pour seule repère, le sol instable sous ses pieds. Comme tout un monde qui s'écroule et se détache de la réalité, la sienne propre s’émiettait au point de ne plus la distinguer du faux. Et quelle importance cela pouvait-il avoir aujourd'hui, après tout ça.
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HUNTED • running man
Adele Bones
Adele Bones
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‹ occupation : en fuite, déchue de tout type de privilèges.
‹ maison : Serpentard
‹ scolarité : 1976 et 1983.
‹ baguette : est en bois d'if, mesure 23,7 centimètres et possède un ventricule de dragon en son cœur.
‹ gallions (ʛ) : 5965
‹ réputation : je suis sans aucun scrupule.
‹ particularité : semi-Vélane.
‹ résidence : ici et là, clamant comme miens les différents cottages investis durant notre cavale.
‹ patronus : inexistant
‹ épouvantard : une vie silencieuse, ponctuée par des râles de douleur, et non plus par les rires des rares personnes auxquelles je tiens.
‹ risèd : une journée d'été, Artur m'aidant au jardin ; Owen Avery se moquant de l'activité sans chercher à dérober son regard attendri.
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(play) Elle l'avait vaguement entendu parler, offensé, scandalisé. Elle l'ignorait complètement, cet homme qui faisait montre d'une blessure qui commençait à peine à saigner. Elle ne l'avait pas vu s'effondrer le long de son mur, dépossédé de toute énergie, happé à son tour par une abîme qui l'avait déjà engloutie toute entière, qui ne souhaitait pas la délivrer depuis des semaines (elle s'y était déjà bien trop aventurée, dans ces eaux troubles et profondes, pour espérer en réchapper si facilement). Elle ne voyait rien, Bones, elle ne voulait plus rien voir, toute absorbée qu'elle était par des réminiscences qu'elle s'était imaginé envolées. Qu'elle regrettait de ne pas avoir scellé avec plus de fermeté. Comme elle regrettait soudainement l'un de ses plus beaux atours, l'une de ses plus belles qualités : la glorieuse mémoire perdit alors toute sa majesté, abjecte excellence, puisqu'elle ne cessait de lui recracher le moindre détail, la moindre image, la moindre odeur, de cette funeste journée. Cette mémoire la possédait en plein jour, la transportait au beau milieu de la nuit, pour l'ensevelir sous des sensations qu'elle ne voulait plus jamais ressentir. Elle lui vomissait des tonnes et des tonnes d'impressions intolérables dès lors que l'hybride avait le malheur de laisser la moindre brèche s'ouvrir. Bones avait juste voulu recommencer, à oublier, à faire comme si de rien était. C'est comme ça que ça a commencé. Alors elle s'était anesthésiée. Alors elle l'avait étouffé, cette petite voix qui ne cessait de se soulever depuis cet été. Qui avait voulu démolir les murs en acier trempé érigés tout autour de son cœur depuis qu'elle lui avait dit. « Je me doutais que ton elfe savait. » Parce qu'il avait fauté en voulant l'évincer de son existence. Et pour quoi ? Pour une Rebut, pour son fils, pour un rêve qu'elle aurait été à même de lui offrir s'il lui en avait donné le pouvoir, les clefs, l'autorisation. Pour un futur qu'elle aurait pu lui assurer si seulement il avait accepté de la laisser entrer dans sa vie. « Je n'en reviens pas que tu m'en ait voulu pour cette stupide histoire de... d'appartement commun... » Le regard ambré se détacha de la minuterie enchantée pour se lever vers le plafond, toute atterrée qu'elle était pas cette constatation réductrice. « ...au point de ne rien me dire sur ce qui se passait. » She can't believe him, too. Elle voulut lui répondre, rétorquer quelque chose à ce stupide état des lieux qu'il était en train d'ébaucher dans l'un des coins les plus pourris de son esprit. Mais tout ce qu'elle réussit à laisser échapper de sa gorge fut une émotion complètement avortée, un cri à demi-étranglé, tant elle ne pouvait pas s'empêcher de trembler. Dans sa contemplation sordide du passé, elle avait oublié qu'elle se trouvait dans ce bain gelé. Oublié aussi qu'Avery n'était pas homme à ignorer les demandes, les besoins, de sa personnalité colérique. Chaque morceau de faïence éclaté, réduit en poussière, la faisait sursauté, l'hybride alors peu rassurée de se retrouver bloquée, piégée, dans  cette baignoire tandis qu'il faisait pleuvoir sortilèges et magie sur tout son mobilier.

Et puis « Comment peux-tu croire que je n'aurais pas voulu savoir une telle chose ? ... ». C'était étrange, la vie. Certains phénomènes apparaissaient sans que vous puissiez clairement les prédire. En une seule seconde, des savoirs jusqu'alors immuables disparaissaient dans les airs pour ne laisser à leur propriétaire que la désagréable impression de ne plus rien contrôler. « Que s'est-il passé dans ton esprit malade ce jour là pour en venir à la conclusion qu'il fallait que tu partes en emportant avec toi le secret ? » Elle perdait le contrôle, de plus en plus vite. « Qu'aurais-tu fait si elle n'était pas morte ? Tu te serais simplement... évanouie dans la nature avec elle pour ne plus jamais revenir ? C'est ça ? » Et elle détestait ça. N'être rien de plus que la cible de sa fureur, être pieds et poings liés, aussi littéralement que métaphoriquement, la faisait frémir et trembler. Nouveau sursaut : l'un des morceaux de l'évier fit onduler l'eau visqueuse en éclatant contre l'appui de la baignoire, marquant un peu plus l'esprit de la sorcière qui ne supportait pas d'entendre la vérité éclatée dans la bouche d'Avery. Il lui avait tout bonnement refusé la place qui lui était toute destinée dans son foyer, dans sa vie – alors que lui s'était imposé à elle, il avait prit cette place si unique et si précieuse à l'hybride sans même s'en rendre compte... sans même qu'elle ne s'en rende compte. Il lui avait tout prit et il s'offusquait qu'elle, elle se soit enfuie ? Oui, elle était partie dans l'idée de le garder, cet accidenté de la vie, cette suite logique, ce précieux rêve qu'il lui avait dénié en gardant le silence. Oui, elle était partie lorsque la Vélane le lui avait soufflé au creux de l'oreille, lorsqu'elle lui avait fait prendre conscience que jamais il n'investirait complètement ce rôle, cette place, qu'il avait dans sa vie. Elle perdait pied, de plus en plus vite, de plus en plus violemment, « Arrête... », le murmure, l'ordre, la supplication, s'échappa de ses lèvres glacées sans qu'il ne l'entende. Sans qu'il ne l'accepte. Sans se laisser envahir par la moindre pitié. C'était étrange, la vie. En une seule seconde, celui qu'elle pensait connaître tout aussi bien qu'elle-même redevenait cet étranger à la parole facile. Aux reproches perfides. « Sangsue, vampire, foutue hybride. » De ses lèvres s'écoulait un nouveau poison, plus acide encore que celui qui l'avait aidé à se forger. Plus blessant et toxique que celui qui s'était écoulé en même temps que son sang l'été dernier. Le regard blessé, elle l'observa se déverser depuis le sol, possédé d'une verve enflammée qui ne se tarirait qu'une fois qu'il aurait porté le coup dont, elle en était certaine, elle ne se relèverait pas (comme lorsqu'il lui avait dit pour la Rebut, comme lorsqu'il lui avait dépeint ses plans décalqués). Adele se racla la gorge et entoura de ses bras tremblotants sa forme prostrée. Position de retrait, dernière sécurité contre l'homme qui se laissait envahir de plus en plus par la colère, avec de plus en plus de dégoût, avec de plus en plus de haine. « Tu ne me faisais pas confiance depuis le début, admets-le. Tu te servais de moi. Je ne t'en veux pas, c'était réciproque. » Le voilà, le coup fatal. Adele ne sursauta pas lorsqu'il brisa le second baquet faïencé. Le choc d'une telle révélation avait été suffisant pour la rendre complètement muette, stoïque, outrée. Suffisant pour la briser. Comme en transe, elle le quitta du regard pour se focaliser de nouveau sur la surface liquide colorée. Pourtant, en sentant son cœur battre à tout rompre dans sa poitrine, Adele savait que les paroles du Mangemort aurait du l'anéantir et la foudroyer sur place. Elle sentait que si elle ne s'était pas rapidement accoutumée à son insensibilisation forcée, elle... quoi ? Elle ne savait pas ce qu'elle aurait fait. Elle ne savait même plus ce que c'était que d'être elle-même. Voilà qu'il se délestait lui-même de ce poids qu'elle lui avait confié à grand renfort de patience, de moments partagés : il ne conservait pas cette constance précaire qu'elle lui connaissait et qui lui servait de point de repère puisqu'elle-même avait brisé la sienne. Trop peu, trop loin ; trop sauvage, trop domestiquée ; c'était par rapport à lui et ses foutus principes qu'elle s'était construite, une fois hors de portée du joug de son père. C'était encore par rapport à lui qu'elle déambulait aujourd'hui. Elle se détestait de s'être ainsi laissée aller. De s'être elle-même bernée. Elle n'appartenait à personne, Bones. Tu parles. Elle perdait le contrôle, de façon vertigineuse. Alors elle commença aussi à se détester elle-même, Adele. « Alors elle est morte. Tu lui as donné un nom au fait ? N'est-ce pas ce que l'on fait, en général ? »

01:28:26. Le prénom lui resta en travers de la gorge. Finalement, elle n'avait peut-être pas tout perdu, de son odieux besoin de contrôle. Pourquoi essayait-elle encore de le contrôler lui. Control yourself. Consigne poussiéreuse du paternel qui restait toujours d'actualité. Elle ne lui donnerait pas cette information-là. C'était finalement la dernière chose qu'elle pourrait se permettre de manipuler, ce soir. Ces cinq lettres étaient la dernière chose qu'elle pouvait encore avoir. 01:25:16. Et les octaves aggravées d'Owen se remirent à flotter dans les airs, retranchant un peu plus cette excuse de sorcière, cet animal hybridé, jusqu'à ses derniers retranchements. En une seule seconde, il avait ouvert les valves. Elle qui avait tant voulu qu'il communique plus par le passé, qu'il ne la laisse pas uniquement avec quelques indices parsemés ça et là pour pouvoir le décoder, elle se demanda s'il ne valait mieux pas ravaler ses souhaits pour qu'il se taise immédiatement. En une seule seconde, il avait brisé cette assurance tacite que jamais il ne l'abandonnerait. Elle faisait pitié à voir, Bones, dans ses onguents curatifs et ses tremblements réactifs. Elle faisait pitié à voir, cette femme qui avait l'impression que tout son univers devenait bancal sous la seule force des mots d'Avery. 01:20:33. Où es-tu partie? Loin. Où t'es-tu enfuie? Aussi loin que possible de lui. Pourquoi te laisses-tu faire ainsi? Parce qu'il ne l'avait jamais considérée comme elle le considérait, le pensait, se le représentait, et elle en souffrait. A-t-il seulement jamais été ton égal, Adele? Oui. 01:19:01. « Quel con j'ai été. Elle me l'a dit. Combien de fois a-t-elle essayé de me le faire comprendre, quand tu es partie. » Si les paupières s'étaient abaissées inconsciemment, espérant bien naïvement qu'Avery ne disparaisse de là par la seule force de sa pensée, de ses suppliques intériorisées, Adele les rouvrit bien vite lorsque l'allégorie féminine s'insinua dans les paroles du Mangemort. Bones avait été, quoi ? jugée par une parfaite inconnue qui avait assez (plus) de pouvoir (qu'elle) pour le conseiller, le guider, l'entraîner, à chaque pas qu'il faisait, lors de chaque respiration qu'il prenait ? Décidait de qui avait (ou non) le droit d'entrer dans sa vie ? Les sourcils bien dessinés se froncèrent dangereusement tandis que du coin de l’œil, elle se observait les mouvements d'Owen, toutes les expressions qui se succédaient sur ce visage qu'elle détestait (aimait) viscéralement. « Ça n'a pas du être très difficile pas vrai. J'étais venu te voir quand je me suis rendue compte que tu avais plié bagages sans un mot. Et elle continuait de me harceler pour t'oublier, elle soutenait que tu ne serais d'aucune aide, comme elle avait raison. J'aurai du l'écouter, depuis le début. » Elle voulut le secouer comme un prunier alors, le faire sortir de cette foutue léthargie animée qui le paralysait tout entier. Lui arracher l'identité de cette roulure pour pouvoir elle-même aller lui tordre le cou, lui arracher les tripes, et la réduire à néant avant même qu'elle ne se rende compte de ce qui lui arrivait. Les amants, qu'il décriait tant, n'étaient apparus dans le quotidien d'Adele qu'à son retour en Angleterre, seule contre-attaque effective à laquelle elle s'était adonnée devant l'entêtement d'Avery, à faire comme si de rien n'était ; comme si, durant une année entière, rien d'important ne s'était produit. Comme si elle n'avait laissé aucun vide. Il avait été (était) l'unique et voilà qu'il venait tout juste confirmer des craintes qu'elle avait bien vite appris à enfouir pour ne pas le faire fuir : elle n'était pas assez spéciale pour lui.

Adele voulait tout lui reprendre. Comme le tout premier qui avait une importance tangible, Adele voulait lui arracher le moindre souvenir qui la liait à elle. Elle voulait paver sa mémoire altérée de milliers d'instants de vides. Elle voulait frapper là où elle était certaine de pouvoir le blesser. « Qu... » « Voilà, tu as la preuve d'à quel point j'ai cru à... à quoi ai-je cru d'ailleurs ? » La question jetée à la volée, ponctuée par une tonalité effarée. « J'ai compté sur toi. Je ne sais même pas pourquoi quand j'y repense. J'ai cru que tu pouvais... Et dire que je t'aurais attendue. Que je t'ai attendue. Bravo Bones. Bravo. » Nouvelle claque verbale, nouveau doute. Sur le fil du rasoir, l'air hagard et perdu, elle n'arrivait pas à faire taire toutes les récriminations mentales qu'elle s'infligeait simultanément de façon faiblarde. Tu n'es rien. Tu n'as jamais rien été. Il t'a toujours berné. Il y avait cette Autre avant toi, avec toi, après toi. Mais pourtant... Tu étais là. Tu y as toujours été. Il t'a toujours... Mais il se releva alors, Owen, défonçant au passage la porte boisée qui menait jusqu'à sa chambre, éparpillant ça et là l'écorce vernie qui n'avait pas résisté à la force de son poing valide. « Owen, att... », l'élan avorté, par des milliers de piques glacées qui lui lacérèrent les jambes et lui firent monter les larmes aux yeux, Adele n'eut rien d'autre à faire que de scruter férocement les chiffres moqueurs qui continuaient de tourner contre le rebord de sa baignoire. Sur Merlin, elle jurait que si Owen fichait le camp de son appartement avant qu'elle n'ait terminé de bâcler ses soins, elle les tuerait tous les deux, lui et Aramis Lestrange. Les Mangemorts étaient pire qu'une épidémie létale. C'était sa foi contre celle d'Owen, elle ne laisserait pas (plus) s'échapper, se défiler comme il savait si bien le faire.

A défaut d'avoir pu apaiser les élancements de ses blessures, Adele avait réussi à imposer un semblant de logique sereine à son esprit déglingué. Et si elle craignait le départ du Mangemort, elle redoutait encore plus la suite de leur confrontation. Comment avait-elle réussi à s'extirper du piège mortel qu'était devenue sa salle de bain, c'était un mystère. Bien trop honteux et risible pour s'aventurer à l'exposer à sa hongroise d'amie, Vayk Esterházy. Elle resserrait autour de sa taille le ceinturon d'une énième robe de chambre lorsque, dans la pénombre, son regard ambré capta la silhouette d'Avery, prostré sur son lit. Avec bien des difficultés, et surtout l'assurance précaire d'avoir effectivement réussi, Bones retint un soupir de soulagement avant de commander aux chandeliers de s'allumer, d'un sortilège balancé d'une voix éraillée, illuminant ainsi légèrement sa chambre à coucher. Elle ne cessait de mordiller la pulpe de ses lèvres, espérant ainsi faire disparaître la lueur bleutée qui irradiait sur tout son visage, le froid faisant encore vibrer la moindre fibre de son corps. Il leva la tête, ne cessant de masser cette foutue main qu'il avait laissé à l'abandon ces jours derniers. Elle noya le poisson, observant les lignes des meubles, la composition des murs, plutôt que lui et son regard transperçant, plutôt que lui et ses foutus aveux. Lui et son ambiguïté. En une seule seconde, il était redevenu ce mystère que le monde sorcier ne souhaitait pas approcher. Un pas dans sa direction, puis un second à l'opposée. Elle préféra finalement se jeter sur les fioles que Fizzy avait aligné sur sa table de chevet plutôt que de lui montrer la nouvelle faiblesse dans laquelle il l'avait honteusement jetée. Une à une, elle les déboucha. Une à une, elle les reposa contre le bois. Après s'être assise à son tour sur le rebord du lit, avec grande peine au vu de la momification par laquelle elle avait paralysé ses jambes, elle laissa son index frôler les potions avec délicatesse (une deux, trois, quatre, cinq) avant d'opter définitivement pour la seule (et unique) solution viable pour la suite de leur échange, qui débloquerait ses doutes, ses angoisses, ses craintes aliénantes : l'attaque frontale était la seule à toujours faire parvenir Adele à ses fins, le faire réagir. Elle en avait assez de jouer à ce jeu avec lui. Elle en avait assez de toujours devoir se justifier, elle et ses compétences, elle et sa valeur, elle et sa vie, à cet homme qui s'entêtait à toujours la repousser pour lui dire que, décidément, elle n'était pas juste une  moins que rien à ses yeux. Elle en avait assez de le voir prendre autant de place autour d'elle, en elle, pour s'échapper au dernier moment, lui laissant à peine l'illusion d'avoir finalement réussi à filtrer assez de ses secrets et le retenir définitivement. « Peut-on savoir qui est cette muse ? » Prise de la fiole effectuée, potion ingurgitée, contenant vide redisposé contre la surface plane boisée. « Vraiment, dis-le moi, que je puisse l'envoyer six pieds sous terre, ta garce. » Prendre, boire, déposer, et recommencer. « Mes distractions doivent certainement s'ennuyer ferme, là-dessous. Ils n'étaient pas du genre à visiter les deux côtés de la rivière, donne-moi au moins de quoi les divertir. ». Prendre, boire, déposer,  recommencer. Prendre, boire, déposer, puis recommencer. « Je sais que tu les traques et franchement, je ne vois pas l'intérêt puisque comme tu le dis si bien, Je ne suis rien pour toi. J'ai... » Silence, nouvelle inspiration irritée. « Tu n'es qu'un putain de salaud, Owen, voilà ce que tu es... », l'insulte avait finalement dépassé la barrière de ses lèvres, d'une voix toujours aussi monocorde, les calmants noyant encore son système. Prendre, boire, déposer. Elle délaissa la cinquième puisque cette dernière, si elle la prenait, l'enverrait directement au pays du sommeil. Avec l'assurance de ne pas être agressée par le moindre rêve, par ses pires cauchemars. Adele voulait continuer de le haïr avant d'aller dormir. Un lourd soupir puis, sans le moindre préavis, elle se traîna vers lui, grimaçant à chaque fois que ses jambes pansées n'effleuraient la matrice du lit, pour passer ses bras tout autour de son torse et l'attirer contre elle. Pour l'enfermer dans une étreinte qui se voulait forte et étouffante mais qui, en réalité, ne dépassa pas le stade de sa simple volonté. Ce fut alors elle, Bones, qui alla se blottir tout contre lui,  plantant sa joue entre les deux omoplates saillantes du Mangemort. « Tu ne me renvoies que de la fumée, Avery. Tu me nourris d'illusions et puis tu t'enfuies. Tu pars sans jamais te retourner, sans jamais vérifier si je te suis. Ce n'était pas un appartement que je voulais, c'était... », lui. Juste lui. « J'ai tout fait pour te le faire comprendre. Je t'ai tout donné. Et toi, tu... » Le regard se perdit sur une toile accrochée au mur, hypnotisant l'ambre à l'instar des respirations du sorcier. Elles battaient un rythme que l'hybride ne réussissait qu'à percevoir, sans jamais pouvoir le capter dans son intégralité, sans jamais pouvoir entendre sa mélodie désynchronisée. « Tu ne bouges pas, tu ne fais rien, tu n'as même pas été foutu de me dire toutes ces choses avant. Quand il était encore temps. Je ne suis pas Legilimens, je ne suis pas dans ta tête. J'ai toujours fait avec ce que tu m'as donné. Ne viens pas me blâmer pour avoir récolté ce que tu as juste semé. » La main d'Adele relâcha alors celle d'Owen, celle viciée par la morsure de la jeune Burke. La peau d'Avery retrouvait des teintes moins violacées, plus rosées. Les veinules autour de sa Marque n'étaient plus assombries et éclatées, le tissu effrité ayant retrouvé de son élasticité. Les deux faces de sa poigne étaient de nouveau scellées. Le don de l'hybride qu'ils détestaient tous les deux lui offrait un sursis : la potion injectée un peu plus tôt pouvait enfin prendre effet, travailler les chairs et entamer ce processus de guérison qui n'aurait de succès que s'il acceptait enfin de s'en occuper. Lentement, Adele se détacha du Mangemort et recula avec difficulté, les mouvements saccadés stoppés lorsque son dos rencontre enfin la tête de lit sculptée, les nombreux édredons éparpillés. « Sybil », souffla-t-elle, ne lâchant pas les lignes d'Avery du regard. « Notre fille s'est appelée Sybil. » Maintenant, elle lui avait tout donné. Maintenant, elle pouvait le laisser partir. Des idées plein la tête, le vague à l'âme, l'espoir de pouvoir un jour réussir à le chasser de son esprit, Adele s'allongea, lui tournant ostensiblement le dos tandis qu'elle passait avec une précaution certaine ces béquilles abominables qui lui servaient de jambes sous les draps. Maintenant, elle pouvait aller dormir.
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HUNTED • running man
Owen Avery
Owen Avery
‹ inscription : 21/07/2015
‹ messages : 1765
‹ crédits : whorecrux <3.
‹ dialogues : #006666 (owen) #A0A0A0 (selma)
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‹ âge : 43
‹ occupation : dans l'ombre du Magister.
‹ maison : serpentard
‹ scolarité : 1971 et 1978
‹ baguette : est en bois d'acacia rigide, possède un cœur en ventricule de dragon et mesure vingt-neuf centimètres.
‹ gallions (ʛ) : 5709
‹ réputation : la magie noire a rongé mon âme, dilué toute conscience, accru ma folie.
‹ particularité : fou.
‹ faits : ma soeur jumelle vit dans mon esprit dérangé, secret dont seuls quelques chanceux ont connaissance, que je suis aussi dérangé que peut l'être un sbire de Voldemort, que je n'hésite jamais à user de violences quand bien même elles ne seraient pas nécessaires, car la souffrance et les hurlements me font vibrer comme aucune autre drogue au monde. Mais qu'elles me sont infligées souvent par la main du Magister elle-même, car dieu sait combien de fois je l'ai déçu au cours de mes années de bons et loyaux (haha) services.
‹ résidence : Herpo Creek, dans la maison de mes parents, vide et délabrée; ruines.
‹ patronus : irréalisable, autrefois une hyène bien qu'elle ne soit apparue qu'une seule et unique fois sous forme reconnaissable.
‹ épouvantard : le baiser du détraqueur.
‹ risèd : la fin de cette insurrection qui amène autant de satisfaction que de souffrance.
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Welcome to the inner workings of my mind
So dark and foul I can't disguise
Can't disguise, Nights like this
I become afraid
Of the darkness in my heart


01:40:39 – (play)Ladite muse persistait dans son absence et en lui se débattaient des voix bien différentes de la sienne. Des voix qui l'incriminaient, l'admonestaient pour cet élan de sincérité. Jamais encore Avery n'avait fait part à Bones de son attachement sincère. Il lui avait toujours offert son dédain, puis son désir pour elle, puis le rejet. Pas une fois, elle n'avait eu la preuve des émotions réelles qui se cachaient derrière, qui guidaient ce besoin viscéral de l'avoir constamment dans sa vie.  Avery n'avait, dans le même temps, jamais accepté d'y faire face non plus. N'était-ce pas dangereux, ce genre d'aveu ? Ne risquait-elle pas, de cette façon, de s'imposer encore un peu plus dans cette existence qu'il partageait avec elle depuis tant d'années ? Ne s'était-il pas lui-même convaincu de son désintérêt profond pour l'hybride au point de se voiler la face ? « Peut-on savoir qui est cette muse ? » Il ne releva pas la tête, et refusa de répondre une fois qu'il eut compris ce qu'elle entendait par là. Selma n'avait aucune substance pour le monde extérieur. Seuls Byron et Rabastan – et ce maudit Moltchaline, désormais – en connaissaient l'existence. Adele, malgré la place qu'elle s'était efforcée d'occuper pendant sa vie, n'en avait aucune idée. Aucune. Et il y avait ces voix qui, songeuses, sifflaient leur désapprobation ; il avait trahi Selma. Sa folie ne devait pas avoir de nom. Sa folie devait rester ce qu'elle était pour autrui : une tare inhérente à la famille. Une plaie héréditaire. Mais Selma n'était pas là pour protester ni le pousser à se taire davantage. « Vraiment, dis-le moi, que je puisse l'envoyer six pieds sous terre, ta garce. Mes distractions doivent certainement s'ennuyer ferme, là-dessous. Ils n'étaient pas du genre à visiter les deux côtés de la rivière, donne-moi au moins de quoi les divertir.  » Que ses distractions aillent se faire foutre. Il les avait envoyées là dessous lui-même et ne regrettait en rien ses actes. Chaque éclair vert ayant frappé leurs corps était une fierté ancrée en lui avec jalousie et possessivité. Et bien qu'aucun de ses amants n'ait eu le temps de recevoir sa colère d'une autre manière, ni même l'occasion de promettre de disparaître des horizons de Bones, ils étaient très bien où ils étaient. En prime, ils avaient eu ce qu'ils méritaient. Il serra les dents, le cœur gonflé de colère, le sang battant méchamment à ses oreilles. Bourdonnement sourd et diffus qui l'empêchait de mener des raisonnements distincts et construits. « Je sais que tu les traques et franchement, je ne vois pas l'intérêt puisque comme tu le dis si bien, Je ne suis rien pour toi. J'ai... »  Il leur tombait dessus comme la misère s'abattait sur le monde, et les liquidait sans plus de cérémonie, oui. Cela ne traduisait-il pas à quel point elle était tout ? Il émit un rire bref. « Tu n'es qu'un putain de salaud, Owen, voilà ce que tu es... » Voilà longtemps qu'elle ne le lui avait pas fait remarquer. L'insulte glissa sur lui sans l'atteindre, et – « Dis-tu cela parce que j'ai liquidé les seuls hommes que tu parvenais à manipuler à ta guise ? » Comme si de tels pantins avaient pu un jour avoir une quelconque place dans la vie de Bones. L'idée l'avait trop terrifié pour qu'il attende de voir jusqu'où Adele pouvait les portait dans son cœur. Avery observa du coin de l’œil les gestes mesurés de Bones, qui avalait, une à une, des potions déposées auprès de son lit avec l'assurance que confère l'habitude. Et s'il se demanda vaguement, une fois de plus, de quoi – et pour quoi – étaient faits ces breuvages, il ne posa aucune question. Les maladies qu'ils s'infligeaient mutuellement étaient autrement plus importantes que les affections communes dont elle pouvait être victime. S'il savait seulement, s'il se doutait que sa froideur, sa distance inexpliquée venaient toutes deux de ces maudites potions. Les mots de l'hybride reprenaient l'accent défiant qu'elle savait toujours adopter dans de telles situations.

Elle disparut de son champ de vision ; et périclita de nouveau vers lui sans préavis. Son contact l'atteint de plein fouet, aiguillonna ses sens altérés par le venin. Un instant, il ferma les yeux et réprima le manque qu'il ressentait. Comment pouvait-on haïr autant à une seule personne, lui en vouloir autant, la prendre pour responsable de la plupart de ses torts, et se languir autant de sa présence. Partout, tout le temps. La moindre tonalité de sa voix était une ondulation sonore ancrée en lui. Elle remuait des vestiges émotionnels qui le touchaient en plein cœur. « Tu ne me renvoies que de la fumée, Avery. Tu me nourris d'illusions et puis tu t'enfuies. Tu pars sans jamais te retourner, sans jamais vérifier si je te suis. Ce n'était pas un appartement que je voulais, c'était... » Il rouvrit les yeux. Les mots se suspendirent pendant ce qui lui sembla durer une éternité. Il voulait savoir ce que c'était. Il voulait entendre ce qu'il savait déjà éclore au bord de ses lèvres. Il voulait qu'elle éclaire cette part d'ombre jetée sur leur relation, cette noirceur qu'aucun n'avait jamais cherché à écarter. Et pourtant, la vérité était bien là, quelque part, et c'était elle qui les avait maintenu si longtemps à flot. A leur manière. Peut-être cela réglerait-il tout. « J'ai tout fait pour te le faire comprendre. Je t'ai tout donné. Et toi, tu... » Et que lui avait-elle donné en dehors des maux de tête, en dehors des cris, non, des hurlements furieux de la harpie lorsqu'elle se trouvait contrariée, en dehors des reproches et des éclats de jalousie. La mauvaise foi oubliait le temps et les sacrifices jetés à son encontre, toujours pour lui, pour eux. Elle effaçait par la colère les moments passés côte à côte, union symbiotique mais éphémère. Il oubliait tout ça, aveuglé par le désir de la rendre responsable de tous leurs maux. « Tu ne bouges pas, tu ne fais rien, tu n'as même pas été foutu de me dire toutes ces choses avant. Quand il était encore temps. Je ne suis pas Legilimens, je ne suis pas dans ta tête. J'ai toujours fait avec ce que tu m'as donné. Ne viens pas me blâmer pour avoir récolté ce que tu as juste semé. » Il secoua la tête. Chercha à porter une main à son visage pour effacer les traces de fatigue, les jalonnements éreintés creusés par le délire trop incisif. Il réalisa que la main gauche était immobilisée entre celles de Bones. Délicate, elle avait saisi sa paume sans qu'il ne s'en aperçoive, pendant qu'elle parlait. Et avant qu'il ne cherche à la retirer, dans un mouvement guidé par le rejet habituel, il commença à ressentir les picotements singuliers sous sa peau. Un élan de panique éclata en lui ; qu'était-elle en train de faire ? Owen avait toujours détesté, adoré, la part inhumaine de cette femme. Elle était la plaie sur laquelle appuyer lorsqu'il cherchait à la blesser. L'obsession découlait d'elle, le désir y trouvait une source intarissable de satisfaction. Mais il avait choisi de la considérer comme une tare, malgré tout. Bones avait gardé pour elle des talents jusqu'ici inconnus au Mangemort. Elle s'en servait aujourd'hui pour panser ses blessures, guérir les séquelles de son métier. Et ce, même si entre eux les choses semblaient bel et bien terminées. Telles étaient ses paroles. C'est fini. Il arrivait lorsqu'il n'était plus l'heure de donner des explications. Tout arrivait toujours trop tard dans l'histoire de ce couple qui ne se revendiquait pas comme tel. Avery demeura silencieux. Les accusations portées d'une voix douce le blessaient plus que n'importe quel hurlement. Et elle s'obstinait encore à absorber son mal.

Adele se recula, libéra sa main et il plongea à nouveau dans un vide glacial, dans cet entre-deux parallèle où ses émotions étaient figées ; inaccessibles. Seul le désarroi persistait, et cette vaine violence. « Sybil » Le froid s'intensifia. Le cœur gela dans la poitrine. « Notre fille s'est appelée Sybil. » Puis le silence. Puis, plus rien. La solitude, l'amertume. Une brusque et soudaine envie de plonger dans son cou, respirer son parfum intemporel, s'y noyer pour oublier. Oublier tout le mal qu'ils se faisaient, tous ces actes manqués qui pavaient leur histoire, comme une multitude de cadavres malodorants. Ils trébuchaient dessus avec des années de retard. Le retour de flamme était violent, terriblement incommodant. Plus qu'il ne l'aurait cru. Lui qui se préoccupait si peu de ses erreurs, tout certain qu'il était de ne jamais voir la couleur des conséquences, réalisait combien il était douloureux d'y faire face. Le froissement des couvertures résonna à ses oreilles sans qu'il n'ose se retourner. Il ne supporterait pas un autre de ses regards agonisants. Il ne le supporterait pas. Avery continua de lui tourner le dos, statufié.



05:15:29 – Les heures passaient, noires et silencieuses. Elles étiraient le temps et l'enveloppaient dans une transe confuse. Avery avait quitté la chambre, une sensation nauséeuse comprimant sa poitrine. Il tournait en rond dans l'appartement depuis des heures, et aucune accalmie n'était à déclarer. Il déplorait la saine explosion de fureur qui l'avait animé : l'apathie troublée n'était pas préférable. Sybil. Sybil. Elle hantait ses pensées, colorait des souvenirs factices, traçait un futur oublié, renié. D'elle, il ne connaîtrait jamais que son prénom, et les rares instants qu'Adele avait exprimés. Avery retournait les mots d'Adele dans tous les sens, la pulpe de ses doigts massant sa paume rosie dont la douleur s'était ravivée. Les chairs roses et boursouflées demandaient des soins qu'il ne voulait pas leur accorder. Ses pas le ramenèrent lentement jusqu'à la chambre de Bones. Ses yeux mirent un certain temps à s'habituer à l'obscurité dont la sorcière s'était certainement entourée après qu'il ait déserté la pièce. La respiration régulière d'Adele égrenait l'immobilité temporelle. Il l'avait laissée s'endormir sans ajouter un mot de plus, surpris de voir qu'elle était, elle, capable de plonger dans l'oubli avec autant de facilité. Lui-même ne rêvait que de ça, tout en étant parfaitement conscient de son incapacité à dormir. Et quant bien même, ses songes seraient peuplés de cauchemars et de réminiscences amères de leur dernière conversation. Avery s'approcha du lit, et rejoint la muse assoupie. Le sommet de la tête de lit accueillit sa nuque endolorie. L'inconfort le maintenait conscient et lucide. Bones remua. La faible lumière provenant du couloir éclaira son profil lorsqu'elle changea de position. Avery quitta la sienne et s'allongea à ses côtés, le visage tourné vers elle. Un léger soupir agita avec grâce une de ses mèches de cheveux ; ses paupières battirent doucement. Venait-il de la réveiller, où avait-elle attendu que Morphée l'emporte tout ce temps ? Avery ne se détourna pas. Le masque était tombé, et il était difficile de dire ce qui s'y trouvait à la place. Juste lui, dans son entièreté la plus désolante. « Tu ne m'as jamais fait comprendre de telles choses, Adele. » Il reprenait la conversation arrêtée des heures plus tôt, conversation qu'il n'avait pas réellement cessé en son fort intérieur. Le temps passé avait juste été une pause nécessaire pour que son esprit remette à leur place chaque élément. « Tu as toujours fait avec ce que je t'ai donné, oui. Peut-être parce que j'avais l'impression que ça te suffisait. On avait trouvé notre équilibre, pourquoi voulais-tu que je le mette en danger. » Et quel équilibre... cette fausse harmonie avait toujours été de son fait. Il avait choisi quand leur histoire valait quelque chose. Il décidait quand il était temps de cesser tout contact. Sans lui laisser voix au chapitre, pas une fois. Il avait fait taire ses protestations en se bouchant les oreilles, en menant son existence loin d'elle comme si elle n'existait pas. Et dans ces moments là, il avait fermé les yeux de toutes ses forces pour ne pas voir ce qu'elle avait cherché à lui montrer : ils auraient pu avoir plus, stabiliser une relation chaotique et inharmonieuse. Avery le savait, maintenant. Il se rendait compte de l'allure hypocrite qu'avaient ses paroles. Mais il demeurait incapable de parler autrement. Incapable de prendre pour lui les fautes commises. Car derrière tout ça se cachait un autre genre de vérité autrement plus difficile à enjamber : Owen n'accepterait pas de rendre le tandem officiel. Cette foutue réputation dont il prétendait n'avoir rien à faire en prendrait un sacré coup. Que dirait-on ? Quelles conséquences découleraient d'une telle ignominie, pour lui, pour sa place auprès du Lord ? Dans la hiérarchie de ses priorités, l'opinion du Magister était en première place. Adele passait après. Elle était toujours passée après.

Il bascula sur un côté et se tourna vers elle, la main saine venant trouver la sienne, près de sa joue. « Tu n'es pas dans ma tête – et heureusement – mais je ne suis pas non plus dans la tienne. Cette histoire d'appartement commun m’apparaissait plus comme une lubie que comme un réel désir de... » De quoi ? « Tu m'échappais, Adele. Tous ces hommes qui passaient dans ta vie, toutes ces muses. Tu ne m'as jamais donné l'exclusivité que tu as eue avec moi. Alors je l'ai cherchée par moi-même. » Tu as été la seule. Le regard qu'il fixait dans le sien appuyait l'aveu voilé. Avery éprouva une sensation bizarre. Une curieuse impression d'être libéré d'un étau, mêlé à de l'embarras. « Quand tu es revenue, je ne t'ai pas reconnue. Ça a été comme de rencontrer une nouvelle femme, une inconnue qui allait et venait comme une invitée. Tu aurais du comprendre, toi aussi. Tu n'as pas été la seule à laisser certaines évidences. » Mais ni l'un ni l'autre n'avait eu le courage – ou le bon sens – de les laisser avec la traduction, malheureusement. « Si j'avais su à ce moment là, si tu m'avais parlé d'elle, peut-être aurais-tu entendu ces choses plus tôt. » Un pouce s'attarda sur la joue de Bones. « Cela aurait-il changé quelque chose si ça avait été le cas ? En aurait-il été autrement ? » Le calme découlant de l'épuisement était propice à l'acceptation ; aux explications. Il lui permettait d'envisager la situation sous un nouveau jour. Peut-être.
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HUNTED • running man
Adele Bones
Adele Bones
‹ inscription : 03/08/2015
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‹ crédits : LUX AETERNA, astra, sia, tumblr, simon/mathydabest.
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‹ âge : 38
‹ occupation : en fuite, déchue de tout type de privilèges.
‹ maison : Serpentard
‹ scolarité : 1976 et 1983.
‹ baguette : est en bois d'if, mesure 23,7 centimètres et possède un ventricule de dragon en son cœur.
‹ gallions (ʛ) : 5965
‹ réputation : je suis sans aucun scrupule.
‹ particularité : semi-Vélane.
‹ résidence : ici et là, clamant comme miens les différents cottages investis durant notre cavale.
‹ patronus : inexistant
‹ épouvantard : une vie silencieuse, ponctuée par des râles de douleur, et non plus par les rires des rares personnes auxquelles je tiens.
‹ risèd : une journée d'été, Artur m'aidant au jardin ; Owen Avery se moquant de l'activité sans chercher à dérober son regard attendri.
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what's wrong with me
why not understand and see
i never saw what you saw in me

Veille. Sommeil. Tout ce qu'Adele avait réussi à emmagasiner, comme faits réels, c'était qu'Owen ne s'était pas retourné. Ne l'avait pas rejointe une fois le nom de leur fille prononcé. Chimère étrangère ou vérité trop acérée, le Mangemort avait décidé de ne pas affronter la vérité, de ne pas faire face à la réalité. Elle ne sut pas combien de temps s'était écoulé mais au bout du compte, cela changeait-il quelque chose ? Vraiment, cela lui importait peu : il s'était levé et était sorti de la chambre, sans plus de cérémonie. Ritournelle habituelle, il avait fait ce qu'il savait faire de mieux : il s'était envolé loin, hors de sa portée, sans prononcer la moindre parole, sans lui jeter un dernier regard. Elle ne pouvait même pas dire qu'elle était étonnée. L'essence d'Avery s'évaporait toujours dans les airs lorsqu'elle essayait de l'atteindre, main tendue dans l'espoir de pouvoir le rattraper. Main rendue avec le désespoir de n'avoir finalement réussi qu'à emprisonner du vent. Du néant, du rien, du vide ; de l'inutile, du futile et du versatile. Avery restait ce qu'il était, une chimère intemporelle, tout aussi éphémère qu'une éclipse. Non Adele ne pouvait pas véritablement s'avouer déçue de le voir passer le seuil de sa chambrée. Ni maintenant, ni jamais. Ce soir ne différait pas des autres, d'ailleurs... Pourtant, ce fut exactement l'état dans lequel elle se retrouva. Déçue, hébétée, attristée, perdue. Même sans les potions, sans les philtres curatifs de Selwyn, elle pouvait sentir que sa sempiternelle colère n'aurait pas réussi à la rattraper à temps. Elle n'aurait pas été rapide pour la parer de nouvelles œillères, la réconforter dans de nouveaux mensonges. Aucun filet ne se serait déroulé pour amortir la chute d'Adele Bones ce soir. Il l'avait abandonnée ; il n'avait pas tenu la promesse tacite qu'il lui avait faite, il y a bien des années. Il l'avait réduite en miette, cette parole. Il l'avait aussi sûrement brisée qu'elle. La porte se referma silencieusement et l'isola du reste du monde. La désagréable impression de n'être qu'une enfant que l'on enfermait dans le noir lui tirailla un instant les entrailles avant de se souvenir que ce temps- était révolu, qu'elle était une adulte. Endurcie par le temps, capable d'affronter ses craintes et ses pires cauchemars seule, sans l'aide de qui que ce soit. Bones empoigna alors sa baguette magique et murmura cette même formule qu'elle chantait tous les soirs, amorçant ainsi le rituel final qui la mènerait dans les affres de la nuit. Emmitouflée sous les draps, une odeur de souffre saturant l'air une fois les chandeliers éteints, Adele s'efforça de chasser Avery de son esprit pour pouvoir s'endormir, profiter de ce repos qui lui faisait cruellement défaut depuis des semaines. Avant que l'hybride ne s'éveille et ne lui rende au centuple tous les coups qu'elle lui avait porté, en lui refusant toute once de liberté.

Sommeil. Veille. Dans le réel ou dans l'illusoire, Adele se savait voguer dans un entre-deux monde vertigineux. Elle ignorait les mesures temporelles, si chères à son cœur. Était-ce des minutes ou bien des heures qui s'étaient écoulées depuis le départ d'Avery ? Elle n'arrivait pas à se décider. Son seul point d'ancrage dans cette réalité brumeuse avait été sa respiration, qu'elle s'était efforcée de garder régulière malgré les circonstances, malgré les différentes pensées angoissées, malgré les différentes douleurs qui n'attendaient que la fin des effets protecteurs de ses breuvages pour lui faire subir mille et une horreurs. C'était le seul moyen qu'elle avait trouvé pour réussir à ménager sa peine. Limiter les incommodités d'un violent retour de flamme qui n'attendait que le bon moment pour frapper. Elle n'utilisait pas souvent son don hybridé, Adele. Bien moins puissant que celui de ses demi-sœurs mais assez maîtrisé pour pouvoir réparer ce qui pouvait l'être sans grande difficulté difficulté, il avait la fâcheuse habitude de lui faire payer cher ses utilisations impromptues. Migraines, désorientation, perdition : elle mettait des jours entiers à se relever complètement des forces qu'elle avait tirées de l'hybride. Et pourquoi cette fois allait-elle avoir envie de mourir tant la douleur serait insupportable ? Pour rattraper ce qui était curable sur une main rongée, pour sauver la main rongée d'Avery. Pour sauver de lui ce qui pouvait encore l'être. Puisque ç'avait été la seule chose à faire. Puisque mis à part ça, elle n'avait rien vu d'autre dans la pièce qui avait eu assez d'importance pour la faire s'échiner, rien d'assez vital pour qu'elle se fatigue à rattraper, à ranimer, des pans relationnels qui ne voulaient plus  s'accrocher ensemble (elle avait donné des années entières pour maintenir sa relation avec Owen à flot. Et ce soir,  elle avait l'impression d'avoir assez donné).

La tête maintenue dans un étau protecteur, Adele se demanda encore une fois l'heure qu'il pouvait bien être pour que Fizzy vienne déjà la réveiller. Rêve ou réalité, elle regretta soudainement les effets psychédéliques des drogues sorcières : Bones avait tout juste l'impression de subir les effets néfastes du manque maintenant qu'elle était éveillée. Mouvement, bruissement soyeux. Un corps s'installa à ses côtés sans qu'elle ne parvienne à en reconnaître l'identité. Les membres alourdis par la fatigue, elle se retourna pour faire face à n'importe quel délire que la Vélane lui réservait, qu'elle lui préparait et lui servait toujours après qu'Adele ne se soit servie d'elle. Tentative avortée, Adele papillonna plus des paupières qu'elle ne réussit à les ouvrir complètement. La lumière du couloir l'aveuglait, si bien, qu'elle ne distingua rien de plus qu'un simulacre de silhouette allongé à ses côtés. Premier coup punitif, symptôme significatif : elle se savait déjà condamnée à passer l'une des journées les plus infernales de sa vie. « Tu ne m'as jamais fait comprendre de telles choses, Adele. » Bones s'obligea à ouvrir les yeux alors, finalement apeurée de savoir Avery dans la même pièce qu'elle. L'hybride lui renvoyait cette fois un mirage inespéré. Elle rappelait déjà à Adele toutes ces choses qu'elle venait de perdre, en lui faisant simplement regretter l'insolence et l'intolérance qu'elle dédiait à sa nature véritable. « Tu as toujours fait avec ce que je t'ai donné, oui. Peut-être parce que j'avais l'impression que ça te suffisait. On avait trouvé notre équilibre, pourquoi voulais-tu que je le mette en danger. » Elle était féroce, l'hybride, à jongler ainsi  avec les souvenirs et les sens pour lui offrir un fantasme souvent espéré, jamais réalisé. Elle le voyait, elle l'entendait, elle le sentait. Si elle le voulait, elle savait qu'elle pouvait le toucher. Adele était certaine de trouver une tangibilité assez matérielle pour  perdre définitivement l'esprit. Tête-à-tête improbable, elle se savait vouée à vivre un drôle d'échec, cette nuit. Elle lui parlerait, à cette image d'Avery, juste pour voir jusqu'où son imaginaire était capable d'aller avant d'atteindre ses limites, de s'étioler face au reliquat perfide de l'absence d'Avery. « Et cet équilibre... il te rendait heureux ? », la voix lancinante de la sorcière ne se pare d'aucune animosité, d'aucune attente ; juste une sincérité assez étrange pour lui faire froncer les sourcils, étonnée de pouvoir s'offrir ainsi – authentique – au vide. À une simple hallucination que l'hybride (elle) venait de créer. « Être perpétuellement en conflit avec moi, ça te plaisait ? » De ses foudres et de ses colères, Avery avait été la principale – la seule – cible perpétuelle de la vie d'Adele, le seul être à être assez fêlé – fort – pour supporter une vie entièrement rythmée par l'incapacité de Bones à se choisir une simple identité : Adele ou Léthé ? « Parce qu'à moi, non. Ton équilibre, il ne m'a jamais rendue heureuse... Tu ne peux pas savoir à quel point c'est épuisant de toujours devoir nier l'évidence, Owen » Le regard ambré se mit à observer le visage du Mangemort pour capter l'instant précis de sa disparition, qu'elle savait de plus en plus imminente. Adele possédait assez d'arguments pour faire littéralement exploser sa logique, pour court-circuiter l'hybride sur le champ. C'était épuisant de devoir faire comme si leur relation n'était pas une aberration. Éreintant de toujours devoir garder la tête haute après avoir essuyé ses insultes les plus clinquantes. Abrutissant de toujours devoir relever ses défis personnels, de combler ses attentes silencieuses, de faire de plus en plus preuve d'ingéniosité pour seulement correspondre aux espérances qu'il plaçait en elle. Exténuant de toujours devoir le punir en lui faisant vivre un véritable enfer. Assommant de n'être rien d'autre qu'un paradoxe vivant, tiraillée entre la fierté originelle et celle construite sous l'égide sorcière. C'était épuisant d'aimer Owen Avery. L'évidence, elle était là et elle l'avait toujours été. Le quart de Vélane avait jeté son dévolu sur un homme qui ne lui appartiendrait jamais entièrement et qui lui resterait toujours inaccessible. Erreur de la nature pour âme sœur inhumaine. C'était épuisant, vraiment, de le voir même lorsqu'il n'était pas censé être là, à côté d'elle, dans la même pièce. Elle attendait encore qu'Owen ne s'évapore dans les airs, plongée dans cet étrange regard qu'il lui jetait de biais. Le doute s'immisça dans son esprit lorsqu'elle le vit se mouvoir par-dessus les draps. Pouvait-elle vraiment se leurrer à ce point-là, Adele, et l'imaginer, lui, tendre la main vers elle ? Son esprit était-il à ce point-là envahi par Avery pour qu'il vienne lui-même lui apporter cette tangibilité qu'elle s'était pourtant interdite de  vérifier, quelques instants plus tôt ?

Destination rapprochée, la chaleur émise par la main d'Avery frôla avec une délicatesse infinie le visage de Bones. Point d'impact atteint et son esprit se retrouva bien violemment rejeté sur l'asphalte de la réalité. Il était là, vraiment là. Instinctivement, ses doigts s'étaient entrelacés avec ceux d'Owen et ses ongles, enfoncés ses chairs tant le choc l'avait stupéfiée. Il était là et elle avait réussi à faire sautée sa logique. Elle s'était avoué une vérité qu'elle ne pourrait plus ignorer désormais. Pressentie, suspectée, silencieuse, enfouie. Elle ne parviendrait plus à se mentir. S'il fut choqué pas sa réaction, il ne le montra aucunement ; à la place, elle le sentit assurer sa prise, intensifier l'étreinte à mesure qu'il laissait une flopée de ressentiments s'écouler de ses lèvres. « Tu n'es pas dans ma tête – et heureusement – mais je ne suis pas non plus dans la tienne. Cette histoire d'appartement commun m’apparaissait plus comme une lubie que comme un réel désir de... », timbre grave, octaves rabaissés. L'obscurité environnante alourdissait l’atmosphère appesantie par la vérité de la chambre. Rajoutait une pointe d'amertume à leur discussion décousue, discontinue. Saccadée. De quoi?, voulut-elle ajouter, pour l'obliger à offrir un peu plus de consistance à l'instant présent. Le regard qu'il plongea en elle alors et ce qu'il lui annonça  : « Tu m'échappais, Adele. Tous ces hommes qui passaient dans ta vie, toutes ces muses. Tu ne m'as jamais donné l'exclusivité que tu as eue avec moi. Alors je l'ai cherchée par moi-même. » termina de l'achever. La main libre se délivra des drapés pour atteindre le visage d'Avery. L'ambre en balayait toute l'étendue des traits tandis que du bout des doigts, elle les redessinait d'un pinceau tendre, d'un attachement terni par le temps. Souillé par ces dernières années, où ils n'avaient rien fait d'autre que de se renvoyer mutuellement une balle fragile, aussi délicate que redoutable : leur équilibre précaire. Adele ne pipait mot, ne chercha pas non plus à démêler la situation. Elle ne parvenait pas non plus à lui communiquer tout ce qu'elle ressentait d'un simple regard. Alors elle continua d'effleurer son visage du bout des doigts, de parcourir encore et encore cette géographie instable, effervescente, pour l’exhorter à parler, à continuer la profession de ses confessions, qu'un trop plein de fierté avait maintenu scellées jusqu'à aujourd'hui. « Quand tu es revenue, je ne t'ai pas reconnue. Ça a été comme de rencontrer une nouvelle femme, une inconnue qui allait et venait comme une invitée. Tu aurais du comprendre, toi aussi. Tu n'as pas été la seule à laisser certaines évidences. », elle était désolée, Adele, mais elle ne parvenait ni à le reconnaître, ni même à l'admettre. Certes, elle l'avait vu se braquer et ne plus s'adoucir aussi facilement, qu'importent les mots, qu'importent les sourires. Mais de là à comprendre la réelle importance qu'il lui avait accordée fut un temps ? De reconnaître un statut hautement plus spécifique que celui de simple invitée avec lequel il l'aurait graciée ? Non, impossible de réunir les indices d'Avery pour en déduire une quelconque conclusion. Impossible (hypocrite ; tu l'as vu s'endurcir, tu as entendu la violence nouvelle, réactionnelle, qu'il utilisait pour te faire réagir ; tu le savais et tu n'as rien fait). Et les questions naturelles s'en suivirent : et si elle lui avait dit. Et si elle n'était pas partie. Et s'ils avaient seulement été honnêtes avec eux-même. Et si Sybil avait survécu à sa nassance. Et si. Et si. Et si. Combien de personnes avaient bien pu foutre en l'air toute leur vie à cause d'hypothèses incertaines et douteuses ? Combien ? « Cela aurait-il changé quelque chose si ça avait été le cas ? En aurait-il été autrement ? » Adele ne répondit rien. A la place, elle amena leurs mains scellées contre son cœur à l'instant où il se mit à tracer de nouvelles volutes invisibles contre sa peau de pêche. Bones les maintenait de telle sorte qu'ils pouvaient tous les deux, ensemble, ressentir le rythme désorganisé et incontrôlable qui battait sous cette cage friable, faite de chair, d'os et de sang. Les regards, les caresses, la redécouverte irrationnelle qui avait pourtant bien lieu entre eux deux ne semblaient pas suffisants pour elle. Difficilement, elle glissa sous les couvertures pour se rapprocher le plus possible de lui, l'invita à dérouler le bras pour qu'elle puisse s'y réfugier, s'y réconforter, totalement. Il hésita. Quelques secondes, un court instant, réaction naturelle pour quiconque se serait trouvé dans la même situation. Ils s'étaient détruits, semblaient à peine amorcer l'ultime réparation de ces émotions insolites qui les liaient ; éparpillées, piétinés, parce qu'ils avaient préférés les laisser choir au sol pour ne pas trop s'encombrer. Un seul instant mais ce fut assez pour que dans le regard d'Adele vienne se dessiner une nouvelle réaction alarmée, blessée. Les nerfs, à l'instar de sa céphalée, reprenaient vie sous l'épiderme de l'hybride. C'était douloureux, ce sentiment ; bien plus que les blessures physiques qui lui parcouraient encore les jambes. C'était douloureux l'inconnu, de ne plus savoir sur quel pied danser pour seulement lui parler. Faire preuve de la même sincérité bancale dont il avait usé pour se dédouaner du passé, et ainsi expier bien maladroitement ses fautes, lui faire remarquer ses attentes. Adele resta sur ses gardes lorsqu'il céda enfin, préférant s'installer au creux de son bras marqué plutôt que de trop le couver. Avery avait fait preuve de bien plus de courage ces cinq dernières minutes qu'au cours de la décennie passée. Il avait fait montre d'un courage qu'elle, elle ne sentait pas vraiment capable d'invoquer. Un souvenir auquel se raccrocher la poussa finalement à se confier, à son tour. Un souvenir certes un peu ignoré, mais il était assez fort et puissant, important, pour surgir des limbes de sa conscience embrumée. Il était assez important pour lui démontrer qu'elle n'avait pas toujours été cette infidèle de corps et d'esprit qu'il déplorait, sans en ressortir la moindre gêne – malgré tous les travers dont il se paraît lui-même.

La voix se fit beaucoup plus douce que celle d'Owen alors, basse et murmurée, prête à lui révéler un secret si lointain qu'il lui paraissait séculaire. Elle n'écorcha aucune syllabe, aucune parole, toujours protégée derrière les rassurantes décoctions ingurgitées un plus tôt dans la nuit. « Je ne peux pas nier les femmes, Owen. Mais avant Sybil... il n'y a eu que toi. Il n'y a jamais eu que toi, personne d'autre, jamais » L'Obliviate avait effacé cette partie-là de leur histoire de la mémoire d'Avery. Jeune, impulsive et bien moins forte qu'elle ne l'était aujourd'hui, Adele avait tout simplement décrété que ce souvenir ne devait pas être épargné. Avery n'avait pas le mérite nécessaire pour le garder. Jeune et impulsive, elle avait décidé de la place qu'il devait tenir dans l'esprit détraqué d'Owen. Une remarque et elle ne l'avait pas jugé assez digne d'elle. Quand, au juste, lui avait-elle seulement accordé assez de marge de manœuvre pour le laisser décider ce qui était nécessaire pour eux ? avait-elle au moins réussi, Adele ? À apprendre dans son entièreté la plus complète Avery sans que lui n'ait jamais eu accès à ces mêmes privilèges ? Il avait peut-être raison. Lui avait-elle seulement accordé sa confiance un jour ? Pas de ce genre de confiance futile, banale ou conventionnelle, pas celle que l'on échange entre de simples collègues, entre de simples ennemis, entre de simples amants. Elle parlait ici d'une confiance assez féroce et assez puissante pour qu'elle puisse lui remettre aveuglément sa vie en gage. La confiance qu'elle plaçait en Owen était-elle assez forte pour qu'elle puisse lui avouer tout ce qu'il représentait à ses yeux ?

Devant la mine illisible et sombre d'Avery, elle se demanda si les choix qu'elle avait faits seule étaient les  plus judicieux de toute son existence. Elle ne les regrettait pas, non. Adele Bones ne regrettait jamais rien. Mais... Si les instants les plus précieux de leur vie à deux n'avaient pas été mis hors de sa portée, le Mangemort se serait-il prêté au jeu ? « Mais toi, est-ce que tu dis vrai ? », commença-t-elle, toujours douteuse, toujours peu rassurée du phénomène qui prenait place devant ses yeux. « Tu as toujours baigné dans le mystère, Avery. Quand je t'ai rencontré, tu avais déjà bien assez de secrets pour empêcher qui que ce soit de t'atteindre. Je ne voyais même pas comment faire pour seulement te faire comprendre ce que je ressentais : comment aurais-je pu t'annoncer une grossesse sans te voir prendre définitivement la fuite ? » Les yeux se détournèrent du regard impérieux d'Owen, Bones cherchant la façon la plus judicieuse pour aborder ces failles relationnelles qui lui filaient le vertige. « Et tu me parles de cette... », elle ravala l'insulte pour en venir directement aux faits, « … femme, en qui tu avais assez confiance pour lui parler de moi, assez confiance pour l'écouter sans l'envoyer paître lorsqu'elle se mettait à juger tes choix. Comment veux-tu que... que je n'ai pas peur de te perdre, alors que tu en considérais déjà une autre assez spéciale pour seulement envisager ses requêtes ? Écouter les solutions qu'elle te proposait pour des problèmes qui me concernaient. ». Elle ne savait plus si c'était la jalousie ou les angoisses habituelles, éternelles, qui la faisaient parler à ce moment là. De cette voix trop sereine – craintive – pour qu'Owen ne  le comprenne pas. Elle se rapprocha un peu plus de lui, alors, atteignit les dernières limites physiques imposés par ses draps. Les bras d'Adele allèrent entourer le sorcier, assez fortement pour lui communiquer ses insécurités, assez prudemment pour ne pas lui donner cette impression d'emprisonnement qu'il redoutait tant. Le visage alla se dissimuler dans le cou d'Avery, pour s'imprégner de la vie qui pulsait sous sa peau, au cœur de ses veines. Elle ne voulait pas le perdre maintenant. Pas quand elle pouvait enfin l'attraper, capter cette essence qu'elle pourchassait depuis toujours sans jamais réussir ne serait-ce qu'à l'effleurer. Elle l'entrevoyait finalement aujourd'hui, et ne voulait pas décidément pas quitter des yeux cette chimère. Elle ne voulait surtout pas le perdre. « Tu me l'as promis, Owen. Peut-être pas avec des mots mais tu m'as promis de ne jamais m'abandonner. C'était ça mon équilibre, c'est ça qui m'a toujours poussée à revenir. Si c'est elle qui régit ta vie, je ne vois pas comment... », on pourrait encore continuer, comment ne pas se perdre. Elle avait l'air d'une enfant capricieuse, Adele. Mais il n'y a rien de plus douloureux que de perdre un être cher. Elle le savait, elle en avait perdu une dizaine. Mais toujours avant qu'elle ait réussi à les considérer, pleinement, comme tel. C'était vrai. On pouvait souffrir de ne pas posséder ce que l'on s'était toujours fait promettre.
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