sujet; What if I wanted to fight ? ~ Bonnie Rowle

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Alan avait laissé Scar au camp pour cette fois. Elle n'était pas encore prête pour un affrontement, encore moins en pleine ville. Non pas qu'il comptait affronter qui que ce soit pour cette fois, mais un accident était si vite arrivé qu'il préférait ne pas prendre de risque. Il se battrait jusqu'à la mort en cas de problème, mais c'était inutile d'impliquer la jeune fille dans une simple mission de reconnaissance, surtout aussi près du repère d'un des pires mangemorts encore en vie sur cette terre.

Il n'avait eu besoin de personne pour savoir où Mr. Rowle résidait. Il avait été son rebut pendant assez longtemps pour en garder de douloureuses séquelles, aussi bien physiques que mentales, mais aussi pour en tirer un désir de vengeance aussi terrible que malsain. Il n'était pas sûr que simplement le tuer lui suffirait. Il voulait le faire souffrir tout comme il l'avait fait souffrir. C'est pour cela qu'il était parti préparer une embuscade. Il allait le capturer, la ramener au QG des aliénés, puis lui faire subir les milles outrages qu'il méritait. Le châtiment d'Avery, son maître suivant, serait sans doute pire encore.

Pour ça cependant, il fallait qu'il trouve un moyen de l'avoir seul. Donc à un moment où il n'y aurait personne autour de lui. Ce n'était pas une chose aisée d'organiser le kidnapping quelqu'un qui avait la réputation d'être si proche de la politique de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom, mais Alan n'avait pas peur. La seule chose qu'il craignait encore en ce monde était Azkaban et il était bien trop malin pour le crier sur tous les toits.

Le revoilà donc, seul, devant le manoir qui avait été le théâtre de tant de scènes plus apocalyptiques les unes que les autres. Cet endroit puait la peur, la souffrance et la magie noire, cette dernière commençant à lui paraître assez séduisante pour qu'il l'utilise contre ses ennemis. Peut-être aurait-il dû prêter plus attention aux paroles et aux sorts de ses anciens maîtres de façon à lui faire goûter à sa propre médecine lorsqu'il l'aurait sous la main.

Il rajusta sa capuche devant son visage alors que quelqu'un passait devant lui. Le port de la capuche était redevenu quelque chose d'assez courant pour qu'on ne se méfie pas, par les temps qui couraient, ce qui l'arrangeait grandement car il ne souhaitait pas que quiconque dans cette maison ne le reconnaisse. Pas tout de suite en tout cas. Pour le moment la famille était à l'intérieur du manoir et Alan n'était là que pour noter leurs habitudes.

Alan leva machinalement une de ses mains vers son oreille dont il pinça le lobe d'un air pensif. Les habitudes de la famille Rowle ne semblait pas beaucoup avoir changé depuis le temps où Alan était leur rebut. Excepté peut-être la présence de... Un crac sonore se fit entendre, typiquement le genre de son que produisaient les transplanages. Pas loin de lui en plus. Il fit volte-face par réflexe pour voir qui était apparu aussi proche de lui et se figea.

Impossible pour lui de ne pas reconnaître la personne devant lui et impossible également que cette personne ne l'aie pas reconnu. Il y eut quelques microsecondes de battement pendant lesquelles aucun des deux ne sembla savoir quoi faire, puis Alan réagit au quart de tour, sortant sa baguette et plaquant sa main sur la bouche de Bonnie Rowle avant même qu'elle ne puisse émettre un son, l'entraînant à l'abri des regards indiscrets.

-Pas un son, pas un mot et n'essaye surtout pas de te débattre ou je n'hésiterais pas à t'envoyer rejoindre tes ancêtres, siffla-t-il en bloquant toujours sa bouche, le bout de sa baguette s'appuyant sous sa mâchoire.

Il pourrait lui faire sauter la cervelle d'un seul sort et dieu sait qu'il n'hésiterai pas à le faire. Il y avait plusieurs personne qu'il souhaitait tuer avant la fin de cette guerre et malheureusement pour elle, Bonnie en faisait partie. Mais pas tout de suite. Pas maintenant. Pas alors qu'il ferrait un poisson bien plus gros. À vrai dire, il était coincé, il ne savait pas quoi faire de cette prise aussi inattendue qu'indésirée.

-Bordel.

Fichus mangemorts. Toujours au mauvais endroit, au mauvais moment. Il pensa à lui appliquer un sortilège pour qu'elle oublie son passage, après tout c'était sa spécialité en tant qu'ex oubliator, malheureusement le sortilège risquait de lui donner un air un peu perdu et mal dosé, il pourrait lui faire oublier qu'elle était sensée aller chez ses parents, mais si son père l'apprenait, ça le rendrait suspicieux et de toute façon elle aurait un air temporairement trop perdu pour qu'il ne se doute de rien.

-Qu'est-ce que je vais faire de toi ?
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En allant rendre visite à ses parents ce jour-là, Bonnie n’aurait jamais imaginé ce qui allait se passer. Après tout, elle se rendait tous les week-ends à Herpo Creek et tout s’était toujours passé pour le mieux. Pourquoi donc ce jour-là aurait-il été différent ? Ce n’était pas son père qu’elle venait voir en réalité, mais sa mère. Elle n’entretenait pas vraiment de bonnes relations avec son paternel. Elle était passée outre son éducation stricte, mais le fait qu’il eût voulu la marier avec un sang-mêlé l’avait définitivement éloignée de lui, et son récent revirement suite à la mort de son fils n’y changeait rien. Pour elle, c’était trop tard, il l’avait humiliée, traitée comme une moins que rien, comme une fille uniquement bonne à lier à une famille riche, peu importait qu’elle fût de sang pur ou non. Durant ses visites, leurs rapports étaient donc particulièrement froids et distants. Il n’y avait qu’à sa mère qu’elle parlait, qu’avec sa mère qu’elle était avenante. Son père n’avait droit qu’à des monosyllabes et des regards glaciaux.

Comme d’habitude, elle se déplaça en transplanant et atterrit non loin de l’immense manoir que possédait sa famille. Elle était heureuse de ne plus vivre ici, pas seulement à cause de sa relation avec son père, mais parce que c’était trop grand et trop lugubre. Et puis, au moins, dans son appartement de la Bran Tower, elle avait son intimité, ce qui était indispensable au vu de ses mœurs légères. Son père, lui, la croyait encore certainement vierge, puisqu’elle était censée se préserver jusqu’au mariage. Ironie. Qu’importe, elle n’avait cure de ces histoires de mariage. Elle ferait certainement ce que bon lui semblerait au final, parce qu’elle en avait assez des caprices de son paternel. Au moment où elle arriva donc, elle remarqua immédiatement que quelqu’un se trouvait non loin d’elle. Jusque-là, ça n’avait rien de problématique, beaucoup de gens se promenaient dans les rues de Herpo Creek. Le détail qui la fit réagir, ce fut que cette personne-là se dissimulait derrière une capuche. Et quand elle posa son regard sur la silhouette pour l’étudier, elle reconnut immédiatement qui se cachait derrière.

Jamais au grand jamais elle ne se serait attendue à le voir réapparaître ici. Elle ne savait même pas qu’il était encore en vie. Elle avait souvent pensé à lui, à la fois avec nostalgie et remords. Le jour de l’extermination des rebuts elle avait commencé à prendre conscience que son frère avait peut-être eu raison, même s’il était mort pour sa cause. Elle resta tétanisée pendant une seconde, deux peut-être, ne sachant comment réagir face à ce fantôme surgi de nulle part. Il avait vieilli, plus que ce qu’il aurait dû au vu du peu d’années qui s’étaient écoulé depuis. Sans doute était-ce dû à ses conditions de vie. Son visage était marqué par le temps, mais ça lui allait bien, il était même plus beau que dans ses souvenirs. Ce fut hélas le seul constat qu’elle pût faire avant que l’homme ne se jette sur elle pour la neutraliser et la traîner dans un endroit tranquille. Elle ne chercha pas à résister. Elle l’avait mérité, après tout, elle était la fille de son ancien tortionnaire, et si elle avait pris soin de s’occuper de lui tout ce temps, cela n’avait pas été gratuit. Et puis, elle était une mangemort, elle avait la marque, et pour les insurgés c’était passible de mort. Mais il n’avait vraisemblablement pas l’intention de la tuer, pas tout de suite, en tout cas. Elle ne sut si c’était une bonne chose ou non.

En le sentant ainsi contre elle, des souvenirs refirent surface, et l’excitation vint se mêler à la peur. Voyant qu’il hésitait concernant son sort, elle pensa que c’était l’occasion de saisir sa chance. Elle se dégagea autant qu’elle le pouvait de la main qui la bâillonnait. « Attends ! » essaya-t-elle d’articuler, le cœur battant. « Attends avant de me tuer. J’ai des choses importantes à te dire, je t’en supplie. » Elle leva vers lui un regard implorant. « Je sais bien que je n’ai aucun crédit, mais laisse-moi au moins parler quelques instants, et après tu pourras faire ce que tu veux de moi. » Elle savait que c’était quasiment peine perdue, qu’elle aurait bien du mal à le convaincre. Comment pourrait-il la croire ? Bien sûr, c’était trop facile de tenter de s’en sortir avec des mensonges, surtout lorsque l'on se trouvait en plein milieu d'un village mangemort. Sauf que ce qu’elle comptait lui dire n’était que la pure vérité. « Je roule pour ton camp maintenant », annonça-t-elle en baissant subitement la voix, sachant où elle se trouvait. « Il s’est passé énormément de choses depuis ton départ », poursuivit-elle en soupirant. « Pour que tu me laisses t’expliquer tranquillement, je veux bien que tu prennes ma baguette et que tu m’emmènes dans un endroit où tu seras en sécurité. Comme ça, pas d’entourloupe. Tu n’as rien à perdre, sinon ton temps, mais je te promets que ce ne sera pas le cas. Et tu pourras me tuer après. » Elle plongea ses prunelles céruléennes dans celles tout aussi bleues de son assaillant, espérant qu’il lui accorderait un peu de répit.
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Elle avait semblé vraiment surprise de le revoir, chose qui ne le surprenait pas outre-mesure. Beaucoup de rebuts n'avaient pas eu sa chance et étaient mort dans des conditions peu enviables. Cependant, pour avoir survécu à deux Mangemort en étant leur jouet humain, Alan avait été déterminé à survivre à ce jour là, au moins pour avoir le plaisir de demeurer libre pendant une journée pleine avant de mourir, si tel était son destin. Le destin en avait cependant décidé autrement et lui avait donné les outils non seulement pour se venger, mais aussi pour bâtir un monde meilleur avec l'aider de ses compagnons, peu importe la méthode qu'il déciderait d'utiliser.

Alan remarqua qu'elle le regardait différemment des dernières fois qu'il l'avait aperçu. Désormais, il se sentait en position de force, il sentait qu'elle avait peur de lui et il sentait qu'elle avait raison de le craindre. Elle n'avait rien à marchander, contrairement à l'époque où il était au service de son père et bien qu'il n'aie aucune envie de l'écouter parler, il avait besoin de gagner du temps, donc il la laissa s'exprimer, sa main restant en suspension au dessus des lèvres de Bonnie pour la réduire au silence si jamais elle menaçait de faire du grabuge.

Alan faillit éclater de rire lorsqu'elle lui annonça être de son côté et ne se retint que par peur d'être repéré par les Mangemorts du coin. À la place, il laissa se dessiner sur ses traits un sourire des plus mauvais.

-C'est ça le truc que t'as trouvé pour me convaincre de pas te tuer ? Murmura-t-il.

Il n'était guerre impressionné. En revanche, quand elle lui proposa de lui confisquer sa propre baguette en échange de quelques minutes d'attention, Alan n'hésita pas. Il prit la main de Bonnie du bras portant la marque et la maintint au dessus de sa tête, contre le mur, avant d'enfoncer un peu plus le bout de sa baguette sous la mâchoire de la jeune femme pour lui faire remonter la tête.

-T'amuses pas à essayer d'appeler tes petits copains avec ça ou je te fais exploser la cervelle, prévint-il très sérieusement, perdant son sourire pour le coup.

Il garda sa baguette en main, mais cessa de la menacer avec pour la fouiller jusqu'à trouver sa baguette qu'il récupéra lui-même et rangea dans sa poche arrière de pantalon. Il se sentait légèrement mieux à présent, mais ne doutait pas que la jeune Mangemort ne manquait pas de ressources. Il dirigea à nouveau sa baguette contre elle, se faisant violence pour ne pas l'agresser gratuitement, sa main se serrant plus fort sur son poignet.

-Très bien maintenant je vais t'expliquer la suite du programme. On va aller dans un endroit où tous les Mangemorts du pays ne risquent pas de me tomber dessus et je vais écouter ce que tu as à dire. Mais je te préviens, t'as intérêt à être convaincante parce que j'ai des comptes à rendre à plusieurs personnes dans le coin et il se trouve que t'es pas loin d'être en tête de liste.

Elle allait vraiment avoir besoin de se montrer persuasive, car désormais Alan était certain qu'elle ne serait jamais à l'heure chez elle et que s'il la laissait partir, ses parents l'interrogeraient sur son retard. Quoi qu'il arrive désormais, Alan considérait que sa mission d'éclaireur était un échec et ne voyait aucun avantage à la relâcher pour qu'elle aille dire aux autres qu'un ancien rebut du nom d'Alan Ancrath rôdait dans le coin lorsqu'il avait trop de temps libre.

Il s'écarta d'elle mais conserva son poignet droit fermement dans sa main avant de transplaner en l'emmenant avec elle. Ils apparurent à l'écart du village, dans une ancienne carrière où Alan s'était réfugié lors de sa première tentative de fuite, juste avant de se faire rappeler brutalement par son maître via son tatouage d'esclave. Il portait toujours la cicatrice de cette marque et le léger picotement qu'il ressentait à cet endroit à ce souvenir douloureux ne l'encourageait pas à être indulgent. Il la lâcha alors et fit un pas en arrière en la menaçant à nouveau de sa baguette.

-Maintenant parle. Et dépêche toi. Ils vont finir par se mettre à ta recherche et je ne veux pas être là quand ils te trouveront.
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Sa rancœur et sa haine envers elle étaient farouches et il suffisait à Bonnie de lire dans les yeux du jeune homme pour s’en rendre compte. Elle connaissait ce regard, même si elle ne l’avait pas toujours vu ainsi. Elle y avait déjà lu de la reconnaissance et du désir fut un temps, mais cette époque était révolue. Ses mots étaient aussi durs et cruels que s’il s’était adressé à un monstre de la pire espèce. La jeune femme accusait le coup, se souvenant de ce qu’elle avait fait pour lui auparavant, le trouvant injuste d’être aussi venimeux avec elle. Et d’un autre côté, elle pouvait comprendre qu’il avait souffert à cause des siens et qu’elle prenait pour tous les autres parce qu’elle avait elle aussi un tatouage sur le bras, une preuve logique de sa fidélité à son camp. Et pourtant, elle était bien loin de lui être fidèle à présent. Elle devait également se rappeler qu’elle n’avait pas toujours été désintéressée vis-à-vis de lui, qu’elle avait profité de son pouvoir, du pouvoir qu’exerçait sa famille sur lui, pour abuser de lui. Elle était finalement bien loin d’être innocente. Mais elle n’avait plus envie de ça.

Elle se laissa faire tandis qu’il se montrait brutal avec elle. Cela ne lui déplaisait même pas. Elle l’avait toujours connu ainsi, et c’était même la raison pour laquelle il avait été l’objet de ses fantasmes et de ses désirs. Elle le laissait faire ce qu’il voulait, et il était bien loin d’être tendre, mais ce n’était évidemment pas de la tendresse qu’elle recherchait dans cette relation. Il lui confisqua donc sa baguette, comme elle le lui avait suggéré. Il voulait lui faire mal, elle le voyait, elle s’y attendait même, et sa fébrilité laissait alors place à la peur, car un doloris n’avait rien d’excitant. Elle doutait cependant qu’il fût capable de lancer un tel sort alors que c’était le propre des mangemorts, mais tout était possible. Malgré tout, il accepta le deal qu’elle lui proposa, à son grand soulagement. Elle ne répondit rien, docile, et se laissa transplaner avec lui.

Ils atterrirent dans un endroit que connaissait Bonnie, mais où, en effet, personne ne venait jamais. Le jeune homme lui ordonna alors de s’expliquer, et elle obéit, puisque c’était le but de sa présence ici. Elle voulait commencer par le début, par la trahison de sa famille par son frère, mais elle douta qu’Alan n’ait la patience d’attendre qu’elle en vienne aux faits. Autant donc débuter directement sur l’essentiel. « Alec Donovan », dit-elle, la voix légèrement tremblante. « Il vous a rejoint récemment. Nous sommes en contact. Je lui fournis des informations sur le gouvernement. » C’était peut-être maigre, mais elle espérait qu’Alec la protègerait contre les autres insurgés si besoin était, en plaidant en sa faveur. Elle reprit une grande inspiration avant de continuer. « Anita Romero. C’était une amie, une alliée du gouvernement. Elle a été tuée lors du cambriolage du musée. Tu en as évidemment entendu parler, puisqu’il est censé avoir été commis par des insurgés. » Elle ne savait pas quelles informations parvenaient aux insurgés mais elle était à peu près certaine qu’ils connaissaient celle-ci, puisqu’elle les concernait directement. « Sauf que les insurgés, c’était nous. Sur ordre du Magister. Le plan aurait dû fonctionner, sauf qu’il y a eu des imprévus. J’ai vu des mangemorts s’en prendre à leurs propres alliés, enfants et compagnes des leurs. Anita était mon amie, ce n’était pas une mangemort, elle n’aurait jamais fait de mal à une mouche, et elle est morte sous mes yeux. C’est arrivé après que j’ai conclu un pacte avec Alec, et ça m’a conforté dans mon choix. »

Elle s’arrêta quelques secondes le temps de laisser l’insurgé digérer ces quelques informations, puis reprit. « Ça fait quelques temps déjà que j’ai des doutes sur le bienfondé de ce gouvernement, depuis l’extermination des rebuts, en réalité. Je me suis inquiétée pour toi. Seulement voilà, j’avais l’instinct de conservation, et c’était du côté du gouvernement que j’étais en sécurité ainsi que les miens. Je sais, c’est lâche et égoïste », admit-elle, penaude, « mais je ne suis pas une héroïne. Je cherche uniquement à protéger les gens que j’aime, or je n’ai pas réussi à protéger mon frère, et je n’ai pas voulu suivre ses traces. » Elle ne savait pas si Alan savait que son frère avait rejoint les insurgés, mais c’était très certainement le cas. « J’ai choisi la sécurité, Alan, je suis sans doute beaucoup plus utile en infiltration qu’à combattre à vos côtés. Il n’y a que ça que je puisse vous apporter. » Elle avait conscience de ses propres faiblesses. Elle planta un regard désolé dans celui du jeune homme. « Je regrette ce que j’ai fait. Je n’aurais jamais dû te forcer à faire quoi que ce soit. Je n’aurais pas été capable de te délivrer, mais j’aurais dû me contenter de te donner à manger. J’ai agi en égoïste, comme d’habitude. J’avais envie de toi, et j’ai suivi mon instinct, mais ça n’excuse rien. » Elle n’était pas totalement sincère, parce qu’elle ne regrettait rien de tout ça en réalité, et elle espérait que c’était également le cas de l’insurgé. Sa seule véritable erreur, à son sens, était d’avoir la marque.
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Alan éprouvait un plaisir coupable et sadique à sentir Bonnie en position de faiblesse. À dire vrai, peut-être comprenait-il un peu la soif de pouvoir des Mangemorts en ce genre d'occasion où la personne en face de lui avait la voit tremblante et le regard suppliant. Sauf que lui ne ressentait ce plaisir de dominer qu'envers les personnes qui le méritaient. Les personnes mauvaises qui avait perdu le droit d'être considérées comme des égaux. C'était le cas de la Mangemort en face de lui qui aurait pu simplement s'occuper de lui de façon désintéressée au lieu d'abuser totalement de sa personne pour assouvir ses vices en échange d'un peu de bons traitements.

Aujourd'hui c'était Alan qui était en position de force et lui qui devait se retenir d'abuser de cette position pour lui faire payer de s'être montrée aussi peu généreuse avec lui. Il prenait néanmoins le temps de l'écouter, juste pour le plaisir de la voir se débattre un peu avant qu'il ne décide de la tuer ou non. Le premier nom qu'elle lui donna ne l'avança en rien. Il ne connaissait pas d'Alec Donovan. Elle aurait tout aussi bien pu l'inventer. De plus il ne pourrait pas gober qu'elle ai décidé comme sur un coup de tête de prendre le risque de trahir Vous-Savez-Qui et risquer de mourir dans d'atroce souffrances si elle était découverte. C'était trop brutal comme revirement.

-C'est ça et moi je suis aspirant Mangemort.

L'affaire du musée en revanche, il en avait entendu parlé évidemment. Tout avait été mis sur le dos des insurgés et plus particulièrement des Belliqueux qui formaient de loin le groupe le plus extrémiste des Insurgés. Il ne connaissait pas d'Anita Romero non plus, en revanche le fait que les Mangemorts se soient entre-tués avec leurs alliés le fit éclater de rire.

-Voilà ce qui arrive quand on fait parti du mauvais camp. Les gens meurent et tout le monde se demande pourquoi. Quant à nous ça nous fait moins de travail.

Cette affirmation résonnait cruellement même dans ses propres oreilles, sauf qu'il ne considérait pas avoir dit une mauvaise chose. Ils payaient le prix d'une mauvaise allégeance, la justice frappait aveuglément les bons et les mauvais, mais étant donné que les mauvais étaient les plus injustes, ils étaient frappés le plus durement. Cette tuerie était méritée après ce qu'ils leur avaient fait, à lui et à tous les autres rebuts. D'ailleurs voilà qu'elle mettait le sujet sur le tapis.

Il ne pu s'empêcher de rire de nouveau, d'un rire sans joie, dans une ironie complète.

Il voulait bien croire que Bonnie avait été choquée par le sort réservé aux rebuts, quiconque cherchait la liberté en tant qu'être humain ne devrait pas être puni pour ça. Il voulait bien croire qu'elle commençait à comprendre que tout le monde autour d'elle avait finalement aussi une vie, des sentiments, des peurs et des espoirs, et n'était pas simplement un objet utile. Merlin ! Il voulait même bien la croire quand elle disait qu'elle n'agissait que par instinct de conservation. En revanche, il ne croirait jamais qu'elle s'était réellement inquiétée pour lui. Il n'était qu'un objet dans sa maison. Un objet pratique. Un elfe de maison capable d'assouvir ses désirs en plus de servir sa famille. Il n'y avait jamais eu d'attachement entre elle et lui sans quoi elle n'aurait pas eu l'idée de lui faire du chantage. Dire qu'il aurait pu l'apprécier réellement sans ça...

-Ton frère... a prouvé qu'il était l'un des nôtres malgré sa marque. Il a prouvé malgré nos soupçons qu'il était vraiment de notre côté. Toi tu n'as rien. Tu n'as pas de preuve de ce que tu avances et tu n'as rien pour me convaincre de ta bonne foi à part un nom inconnu, des prétextes et des excuses creuses.

Il s'approcha d'elle sans la quitter des yeux et abaissa sa baguette, ce qui n'enlevait rien à la menace qu'il représentait. N'avait-il pas la réputation d'avoir tué un Mangemort à mains nues ?

-Tu ne me feras pas croire que tu ne regrettes pas ce que tu as fait. Tu l'as dit toi même, tu en avais envie. À tel point que tu as même risqué ma vie en me faisant faire... ça.

Si son père les avait découvert, sans doute aurait-elle été punie, mais lui, il serait tout bonnement mort pour avoir voulu obtenir un peu de bon traitement en échange de son corps, rien que ça. Malheureusement il ne pouvait pas nier qu'il en avait eu envie lui aussi. Des années de prison et de solitude lui avait rapidement fait rendre les armes devant une fille certes plus jeune d'une dizaine d'année, mais dont les propositions alléchantes n'engageait absolument aucune tendresse. Il s'en était voulu systématiquement d'autant apprécier alors qu'il détestait tout ce que Bonnie représentait.

-Je n'oublie pas et je ne pardonne pas. Pas comme ça en tout cas. Tu ne peux pas t'attendre à ce que je me montre clément avec toi alors que tu n'as pas levé le petit doigt sans obtenir autre chose en échange. Tu ne peux pas non plus t'attendre à ce que je te crois quand tu me dis vouloir risquer ta précieuse petite vie en aidant la résistance alors que tu es tellement égocentrique que tu ne te soucies même pas du mal que tu fais autour de toi pour la préserver.

Alan n'était pas près de lui pardonner et il n'était toujours pas convaincu qu'elle n'essayait pas tout simplement de sauver sa peau en lui débitant des énormités. Peut-être aidait-elle réellement la résistance, mais ça ne changerait rien au fait que Bonnie ne ferait pas ça par bonté, mais parce qu'elle aurait quelque chose en retour.

-Qu'est-ce que tu y gagnes ? Lâcha-t-il finalement. Ne me sort pas de connerie sur un monde meilleur ou je sais pas quoi, je te croirais pas. J'aime pas qu'on se foute de ma gueule. Dis moi ce que tu gagnes à aider les Insurgés et peut-être que je te croirais. Et que je t'épargnerais.
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La cause d’Alan était sans doute juste, mais au fur et à mesure de son échange avec lui, Bonnie se rendit compte qu’il ne valait pas beaucoup mieux, au fond, que les mangemorts qu’il dénonçait. Le fond était bon, la forme… c’était autre chose. Elle pouvait lire de la cruauté dans le regard du jeune homme autant qu’elle avait pu en lire dans celui de Bellatrix par exemple. Pourquoi tenait-il tant à la tuer alors qu’elle ne l’avait jamais véritablement maltraité ? Était-ce réellement par vengeance ou simplement par pur sadisme ? Elle ne le savait pas vraiment, mais au fond, elle pouvait difficilement lui en vouloir d’être devenu aussi féroce après tout ce qu’on lui avait fait subir dans sa vie. Il était devenu une véritable bête, et si à une époque elle avait adoré ça, à présent, cela l’effrayait quelque peu. Il ne semblait par ailleurs pas la croire une seconde pendant qu’elle parlait, prête à tout pour se racheter à ses yeux, sans grand succès. En l’entendant rire, elle commençait à se dire qu’elle était réellement perdue, et que rien de ce qu’elle pourrait dire ne pourrait jouer en sa faveur. Il avait ses propres convictions et il ne changerait pas d’avis. Même l’évocation de Diogene n’y changea rien. En effet, ce dernier avait fait ses preuves, contrairement à elle. Elle ne pouvait pas démontrer ce qu’elle avançait et il ne la croirait jamais sur parole.

Elle n’était toutefois pas prête à abandonner pour autant. Son instinct de survie était bien trop grand pour qu’elle abdiquât si facilement, elle voulait se battre jusqu’au bout. « J’étais jeune », se défendit-elle, « je n’avais pas conscience des risques encourus… » C’était vrai, mais c’était bien piètre comme excuse, elle en avait conscience. Néanmoins, elle le trouvait particulièrement injuste dans ses propos. Il parlait comme si elle l’avait torturé, comme si elle s’était montrée odieuse avec lui, alors qu’elle l’avait toujours aidé, elle lui avait donné à manger, elle avait fait des tâches à sa place, et même pendant l’acte, elle s’était toujours montrée docile, lui laissant faire d’elle ce qu’il voulait. « Moi aussi, je risquais ma vie », reprit-elle. « Tu crois franchement que mon père ne s’en serait pris qu’à toi ? Quand Diogene était encore de ce monde, je n’existais à ses yeux que comme une valeur marchande, et encore, il n’en avait pas nécessairement besoin. Il pouvait bien se débarrasser de moi sans regret aucun. Mais il n’y avait pas que mon père qui était dangereux. Toi aussi, tu l’étais. Qu’est-ce qui aurait pu t’empêcher de me tuer sous la colère alors que j’étais entièrement à ta merci ? Je me demande bien d’ailleurs pourquoi tu ne l’a pas fait. Il faut croire que tout n’était pas aussi déplaisant que tu veux bien le dire. » Elle retint un rictus narquois pour ne pas le provoquer. Les mots étaient déjà bien suffisants.

Même s’il n’était toujours pas satisfait, au moins, elle aurait essayé. Il ne pouvait pas la contredire sur ce point, après tout. Et quand il lui posa une question, quand il prétendit vouloir connaître la vérité et peut-être l’épargner, elle se sentit à nouveau pleine d’espoir. Si elle arrivait à lui exposer clairement les choses, peut-être parviendrait-elle enfin à le convaincre de sa bonne foi. « C’est plus compliqué qu’une histoire de gain, Alan. Voilà plusieurs fois que des personnes auxquelles je tiens réellement rejoignent ton camp. D’abord mon frère, puis l’homme que j’aimais, et ensuite l’un de mes meilleurs amis. Je suspecte ma cousine aussi de l’avoir fait, même si elle demeure introuvable. Et si ces personnes, qui étaient pourtant presque tous des privilégiés comme moi, ont pris le risque de tout quitter pour se battre, c’est qu’ils avaient une excellente raison de le faire. Je me suis longtemps interrogée sur la question, et depuis le cambriolage du musée, j’ai compris que moi aussi j’étais en danger. Ce gouvernement n’a rien de stable ni de sécuritaire, comme tu l’as dit, ils s’entretuent, ce n’est qu’une course permanente au pouvoir et plus rien d’autre n’a de sens. Je ne cherche pas un monde meilleur, Alan, je cherche à me protéger et à protéger les miens. Et je ne risque pas plus ma vie en aidant les insurgés que si je ne faisais rien. J’ai au moins l’impression d’être utile tout en restant dans ma zone de confort. Et j’ai des plans pour la suite par ailleurs. » Épouser par exemple le numéro 2 au pouvoir qui lui tournait autour depuis si longtemps pouvait bien s’avérer utile, elle aurait certainement accès à bien plus d’informations.

« Je ne peux pas t’empêcher de me tuer, Alan », poursuivit-elle. « Mais sache que même si j’ai été injuste avec toi, je ne t’ai jamais considéré comme un objet. Si j’avais simplement voulu m’envoyer en l’air, j’avais des prétendants pour ça. Si je l’ai fait avec toi, c’était justement parce que c’était toi. Parce que tu me plaisais depuis le début, parce que tu étais l’objet de mes fantasmes. J’ai cédé à la facilité, c’est vrai, mais je t’ai toujours traité comme un être humain, et je m’étais attachée à toi. Ça va peut-être te sembler inconcevable, mais c’est vrai. J’ai rarement connu des ébats aussi passionnés qu’avec toi. Tu étais violent, brutal, mais ça me plaisait, ça me plaisait vraiment. Je n’avais pas l’impression d’être ton bourreau, et d’ailleurs, je ne t’ai jamais fait de mal. J’avais plutôt l’impression d’entretenir une relation clandestine. Mais je vois que tu ne l’as jamais pris comme ça, et j’en suis désolée. J’en suis blessée, même, car je me rends compte à présent que tu n’as jamais rien ressenti d’autre pour moi qu’un instinct bestial. » Elle savait pourtant que c’était elle l’instigatrice de tout ça, qu’elle lui avait intimé de se soumettre à sa volonté en échange de ses bons traitements, mais elle avait osé espérer qu’il ne se forçait pas.
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Alan s'empourpra de colère. Pour un peu il en aurait bafouillé des menaces. Comment osait-il insinuer qu'il avait prit ne serait-ce qu'une seconde de plaisir dans leurs échanges alors qu'il y était forcé comme la plus pauvre des prostituées pour obtenir un peu de bons traitements ? Il ne pouvait pas accepter ça. Son poing se serra et il le leva comme pour amorcer le geste de la frapper, geste qu'il avait tant voulu exécuter lorsqu'il était au service de son père. Cependant il se contint et bien que la rage brillait encore dans ses yeux, il abaissa son poing dans un effort manifeste. Il n'était pas comme eux.

-Je ne t'ai pas tué parce que tu étais la seule à ne pas me traiter comme un chien. Puis j'ai compris que tu me traitais comme une pute et tu t'étonnes que je ne sois pas ravi de te revoir, cracha-t-il.

Il se passa une main dans les cheveux qu'il avait de plus en plus longs ces derniers temps. Il n'avait pas vraiment le temps de s'occuper de sa coiffure. Dans un même temps, il retira sa capuche qui lui était inutile et le dérangeait plus qu'autre chose. Il fit quelque pas sans la quitter des yeux, comme un lion en cage, juste parce qu'il le pouvait. Il ne saurait expliquer pourquoi, mais être en sa présence et pouvoir se permettre de faire ce qu'il voulait le rassurait, il n'avait pas l'impression d'être un esclave.

Il l'écouta attentivement, il ne fit pas semblant. Sa haine envers le gouvernement et les Mangemorts était grande, mais malgré ça il n'était pas stupide, si quelqu'un avait de réelles bonnes raisons de rejoindre leur camp, Alan avait le DEVOIR de se montrer suspicieux, à la limite de la paranoïa même, mais il avait aussi le devoir d'écouter. La rebellion avait besoin d'information et quiconque en détenait était définitivement un atout de taille pour eux. Même si l'idée que Bonnie Rowle devienne leur informatrice lui inspirait la plus grande des répulsions, il ne pouvait s'empêcher de dire qu'au fond il la connaissait. Elle était mauvaise à sa manière, mais pas assez pour adhérer totalement à la philosophie de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom malgré tout. Ça ne voulait pourtant pas dire qu'elle était digne de confiance.

-Des plans ? Quels plans ? Son regard se fit plus suspicieux que jamais.

Il écarquilla ensuite les yeux, puis éclata de rire à nouveau. Un rire nerveux et totalement en désaccord avec le moment. Elle avait un humour certain et pour cette fois Alan ne lui en voudrait même pas de le prendre pour un imbécile. Quand il eut fini de se tenir les côtes, il se redressa de toute sa taille et lui sourit pour la première fois avec une certaine franchise.

-De l'affection ? Vraiment ? Et puis quoi d'autre ? Je suis le seul homme pour qui tu auras ressenti ça ? Tu avais tellement envie que je reste quand ton père m'as cédé à Avery ? Tu es blessée que je n'ai rien ressenti pour toi ? Ne te fous pas de moi. Tu n'étais pas aussi cruelle que les autres, mais tu n'as rien d'un ange sensible rempli d'une affection sincère pour le pauvre rebut que j'étais.

Il n'avouerait jamais avoir apprécié de coucher avec elle et même s'il devait l'avouer sous la torture, il prétendrait n'avoir aimé que l'idée de se montrer brutal avec elle, de la blesser tout en prenant son pied sans se soucier de ce qu'elle ressentait. Une vengeance muette adressée à son père, son maître, celui qui le traitait véritablement comme un rebut. Il s'approcha sans perdre son sourire.

-Tu sais quoi ? Je vais t'apprendre l'honnêteté. Il croisa les bras sur son torse et se pencha comme pour lui dire un secret. Je n'ai effectivement jamais rien ressenti d'autre pour toi qu'un instinct bestial et mauvais, déclara-t-il tout bas sur un ton légèrement amusé. Ce qui prouve que tu ne faisais ressortir que le pire de moi-même.

Il se redressa ensuite et balaya les environs du regard.

-Mais peu importe. Je ne suis pas là pour t'enseigner la franchise. Quels sont tes plans ? répéta-t-il.

Alan avait l'air plus détendu, mais l'apparence était trompeuse. Il ne faisait pas confiance à Bonnie et surveillait attentivement ses moindres faits et gestes, toujours pas décidé à la laisser vivre à la fin de leur discussion. Si ses plans tenaient la route néanmoins... il y réfléchirait.
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Il allait être décidément très difficile, sinon impossible de gagner sa confiance. C’était normal, certes, elle le comprenait, elle savait que la haine avait grandi en lui à force de subir de mauvais traitements, à force d’être emprisonné, réduit en esclavage puis en cavale, mais Bonnie ne pouvait s’empêcher de trouver ça véritablement injuste. Ce n’était pas Alan qu’elle trouvait injuste en réalité, c’était la situation. Si elle n’avait pas été cette princesse pourrie gâtée auparavant, elle aurait sans doute agi autrement avec lui. Oh, bien sûr, elle lui aurait fait du charme. Mais d’une autre manière, pas en lui faisant comprendre qu’elle ne lui laissait pas le choix. Et là, il aurait certainement pris ça pour de l’affection. Tout cela ne tenait pourtant vraiment pas à grand-chose… Mais ce détail, ce simple petit détail, avait suffi à la placer sur la liste des personnes qu’il détestait le plus, pire, sur la liste de celles qu’il voulait tuer, et elle s’en voulait énormément à présent, plus que jamais. Pas parce qu’il voulait la tuer, non, parce qu’il ne la voyait pas comme il aurait dû la voir. Elle était certes bien loin d’être une sainte, mais elle n’avait jamais vraiment eu un mauvais fond, c’était juste une petite peste qui avait été éduquée ainsi.

Évidemment, il ne crut pas un mot du plaidoyer qu’elle débita pour lui expliquer comment elle avait perçu la relation de son côté. Elle reçut donc une volée de remarques désagréables et blessantes, durant lesquelles elle ne put s’empêcher de serrer les poings tant le sarcasme l’exaspérait. Jusqu’au coup fatal qu’il lui assena, véritable coup de poing dans l’estomac, qui lui fit monter des larmes de rage aux yeux. Ce n’était pas tant le fait qu’il n’ait rien ressenti pour elle qui l’offensait, mais qu’il lui affirme qu’elle ne faisait ressortir que le mal en lui. Il n’avait pas le droit de lui dire ça, pas alors que son calvaire avait été plus supportable grâce à elle, pas alors qu’elle avait été la seule à lui montrer un peu d’humanité. À ce moment-là, ce fut à son tour de sentir la haine en elle. Elle se vait en danger de mort, et pourtant, elle avait envie de lui sauter au visage et de lui hurler ses quatre vérités. Mais elle se retint, parce que ce n’était définitivement pas une bonne idée.

Néanmoins, la seule chose qui intéressait le jeune homme pour le moment, c’était les plans qu’elle avait prévus, et si quelques instants plutôt Bonnie aurait été prête à les évoquer de bons cœur – sans pour autant les divulguer cependant, question de confidentialité, car elle non plus ne savait pas si elle pouvait lui faire confiance – elle le trouvait bien culotté de lui demander ça alors même qu’il venait de totalement la discréditer. « Oh, vraiment ? » dit-elle d’un ton sec, les yeux embués, tentant de reprendre contenance malgré tout. « Tu ne me crois pas une seconde, mais tu veux quand même connaître mes plans ? C’est un peu facile. » Sachant qu’elle risquait sa vie en lui parlant ainsi, elle enfouit son visage dans ses mains pour se calmer. Puis, après un soupir de dépit, elle reprit d’un ton apathique. « Très bien, tu n’as qu’à me tuer, puisque je ne représente absolument rien à tes yeux. Si ça peut t’apporter quelque chose, si ça peut t’aider à te reconstruire, ma foi, fais-le, puisqu’il n’y a visiblement que ça que je puisse faire pour toi. »

Puisque ça n’avait pas de sens, pas de résultat, elle n’avait plus vraiment la volonté de lutter à présent. Tout cela la fatiguait. « J’en ai assez que tu ne croies pas un mot de ce que je te raconte. J’ai pourtant été sincère avec toi, mais soit, je ne suis qu’une vulgaire mangemort, alors tue-moi. La seule faveur que je pourrais te demander ce serait de m’arracher cette saleté de marque au passage, mais j’imagine bien que tu ne le feras pas non plus, tu serais bien trop fier d’avoir occis une horrible mangemort sanguinaire, un véritable monstre qui a osé te torturer. » Cette fois, le sarcasme et l’amertume reprenaient le dessus sur la mélancolie. Elle était agacée, courroucée, et elle releva les yeux sur lui pour lui planter un regard acéré. « Mon plan, c’était de détruire ce gouvernement de l’intérieur. De simplement me positionner comme il le fallait pour attiser les hostilités au sein de ce camp. Mais si je ressors de là en vie et que je fais ce que j’avais prévu, ce ne sera certainement pas pour des gens comme toi qui ne sont que haine et violence. Je peux comprendre que tu sois devenu comme ça avec ce que tu as vécu, mais tu ne te rends même pas compte que tu ne vaux pas mieux que ceux que tu combats tant tu es aveuglé par ta soif de vengeance. » Après ça, elle pourrait mourir tranquille. Au moins, elle lui aurait dit tout ce qu’elle avait sur le cœur.
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Alan ne pouvait pas se mentir en disant qu'il était indifférent aux larmes qu'il pouvait voir dans les yeux de Bonnie, fussent-elles des larmes de rage. En vérité, il aurait trouvé bien plus simple qu'elle soit un monstre insensible qui l'avait abusé juste pour le plaisir de l'avoir fait. Cependant il ne pouvait s'empêcher de la détester tout de même de l'avoir en quelque sorte forcé à faire ce qu'il avait fait. Il n'avait été qu'un objet de divertissement et ce qui le rendait aussi en colère était qu'elle lui avait fait aimer ça. Il ne pourrait sans doute pas lui pardonner cet affront.

Lorsqu'elle mit son visage entre ses mains, il éprouva à nouveau une certaine gêne qui l'agaça au plus haut point. C'était toujours énervant de s'entendre dire que l'un de ses ennemis les plus détestés n'était pas aussi diabolique qu'on se l'était dépeint. Bien évidemment elle lui avait déjà rendu de menus services, cependant rien n'avait jamais été gratuit. Elle s'était emparée de lui comme elle se serait emparée de n'importe quel esclave qu'elle aurait trouvé attirant. Elle avait des sentiments, certes, mais ça ne faisait pas d'elle quelqu'un de moins mauvais. Cette pensée le rasséréna et lui fit apprécier un peu plus le moment et le juste retour de bâton qu'elle recevait.

Il cessa d'apprécier le moment lorsqu'elle commença à se montrer sarcastique avec lui, puis complètement amère, comme si elle ne pensait pas mériter la façon dont il la traitait. La moutarde lui monta complètement au nez à nouveau lorsqu'elle le compara aux Mangemorts qu'il détestait tant. Elle semblait oublier qu'il était en possession de sa propre baguette dans sa poche arrière et qu'il était le plus menaçant des deux.

-Ma soif de vengeance ? Répéta-t-il d'une voix dangereusement basse. Tu ne sais pas ce que je ferais par vengeance. Tu ne sais pas à quel point tu as de la chance que je n'ai pas décidé de me venger de toi directement quand je t'ai vu ou même à présent que tu es à ma merci. Sauf que contrairement à toi je ne suis pas un violeur. Et contrairement à toi et plus particulièrement à ta famille et à tes petits... camarades, j'ai un certain respect pour la vie humaine.

Il n'avait menacé que de la tuer après tout. Sa mort serait rapide et propre, miséricordieuse même. Il n'aimait pas torturer les gens.

-Comment est-ce que tu crois que je l'ai ressenti lorsque la seule personne qui semblait faire preuve d'un peu d'humanité pour moi a fini par me demander des faveurs sexuelles en échange de son aide ? Est-ce que tu crois vraiment que j'avais le choix ? Est-ce que tu ne crois pas que j'ai dû mettre de côté ma fierté pour pouvoir continuer à recevoir des bons traitements d'au moins une personne dans cette foutue maison ?

Alan était persuadé qu'en cas de refus, il aurait perdu sa seule alliée parmi les habitants du manoir. Il avait été réduit à moins que rien, puis quand il avait pensé pouvoir recevoir de l'aide de l'intérieur, il s'était rendu compte que ça n'avait été que pour l'enfoncer encore plus bas dans sa propre déshumanisation.

-Tu dis que je ne vaux pas mieux que ceux que je combats ? Tu te trompes encore. Tu te trompes grandement. Notre seul point commun est de vouloir nous annihiler l'un l'autre. Il y a plus d'humanité dans un seul de mes crachats quand dans toute ta clique réunie. Tes semblables n'ont rien d'humain, rien.

Il insista bien sur le dernier mot et se rendit compte que pendant toute sa tirade il s'était rapproché de Bonnie et la surplombait à présent totalement, menace physique impressionnante du fait de sa carrure. Il pourrait la saisir à la gorge et l'étrangler proprement. Il pourrait lui briser la nuque. Il pourrait la frapper jusqu'à ce qu'elle ne soit même plus reconnaissable par ses propres parents. Au fond il en avait envie. Cependant c'était ce qui le différenciait des Mangemorts : il avait beau avoir le mal en lui, il ne le laisserait pas s'exprimer.

-Ne t'avises plus de me comparer aux tiens, acheva-t-il d'un ton sec.

Il resta devant elle et la détailla de haut en bas. Tâchant de jauger s'il pouvait lui faire confiance ou pas.

-Je vais te le prouver. Je vais passer outre ma rancœur envers toi et je vais t'accorder le... bénéfice du doute. Je ne te fais pas confiance. Je ne vois pas pourquoi j'aurais confiance alors que je sais plus que quiconque que ton aide a un prix alors que je n'ai rien à t'offrir cette fois. Discutons de ton plan. Comment t'y prendrais-tu pour te positionner ? Rapidement en tout cas. La Grande Bretagne n'a pas exactement vingt ans devant elle, il ne restera plus que des ruines ensanglantées du pays si on laisse le Magister agir pendant autant de temps.

Il avait besoin de quelque chose de concret. Il avait besoin d'information s'il voulait essayer de la croire. Il n'était pas vraiment assez subtile lui-même pour apprécier les méandres d'un plan des plus alambiqués, mais même lui pouvait apprécier la valeur de la connaissance des plans de l'ennemi et pour le moment il lui semblait que c'était ce que Bonnie pouvait lui offrir.
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Elle n’aurait peut-être pas dû s’énerver. Elle avait bien vu que l’insurgé flanchait légèrement en la voyant aussi touchée. Mais elle n’avait pas pu s’en empêcher, elle n’avait pas pu supporter ses attaques et ses suppositions mensongères alors même que ses propres méthodes étaient tout aussi discutables. De plus en plus, oui, toute mangemort qu’elle était, elle détestait l’injustice. Elle commençait à comprendre le problème de ce gouvernement. Mais il lui fallait du temps, parce qu’elle avait été éduquée différemment d’Alan, elle avait eu d’autres modèles et il était difficile d’en changer du jour au lendemain. Elle eut peur, à nouveau, quand il reprit la parole, soudain plus cruel qu’auparavant. Elle fut choquée qu’il emploie le terme « violeur » pour parler d’elle. Ce mot lui fit l’effet d’un coup de poignard. Jamais elle ne s’était vue ainsi, jamais elle n’avait considéré que leur relation s’apparentait au viol. Le mot la frappa de plein fouet de façon si violente qu’elle sentit à nouveau les larmes lui monter aux yeux. C’était donc ainsi qu’il la voyait, comme l’auteur de l’un des pires crimes qui existât, alors même qu’elle n’avait jamais tué personne et que ce n’était sans doute pas le cas du jeune homme…

Puis il retourna le couteau, insistant encore sur le fait qu’elle était inhumaine, elle autant que ses acolytes. Acolytes qui avaient torturé et tué des alliés sous ses yeux… Elle pensa à Anita, et ce fut plus ce que qu’elle ne pouvait en supporter. Les larmes coulèrent sur ses joues, et elle n’arrivait plus à les contrôler. Elle était à présent incapable de prononcer le moindre mot, sa gorge obstruée par une boule gigantesque. Puis son ennemi s’adoucit légèrement, sans qu’elle ne sût si c’était par compassion ou par stratégie. Il voulait encore qu’elle lui parle de ses plans, qu’elle s’explique, alors qu’elle voulait à tout prix éviter de devoir lui détailler ce qu’elle comptait faire, de peur qu’il ne la juge trop rapidement encore. Elle essuya ses larmes d’un revers de manche. Il devenait compliqué pour elle d’arriver à s’exprimer correctement, et elle tenta de se calmer un peu, de reprendre son souffle pour pouvoir parler posément, en pesant ses mots.

« Lazarus Carrow… » commença-t-elle, la voix tremblante, les yeux baissés. « Le sous-secrétaire d’État, numéro 2 du gouvernement… Il veut… m’épouser. Oh, sans doute pas par amour… Il veut une jeune épouse… pour remplacer sa femme dont il divorce… Il est prêt à m’offrir… n’importe quoi… pour que j’accepte. Ce serait… une excellente alliance… un moyen d’avoir accès à plus de pouvoir et d’être moins surveillée. Personne ne soupçonnerait une simple jeune fille de bonne famille… fille d’un fidèle du Magister… Personne ne sait qui je suis réellement. » Elle s’interrompit, las d’avoir autant parlé et de s’être autant confiée sur quelque chose d’aussi privé et d’un peu humiliant quelque part. Finalement, c’était une sorte de prostitution de sa part. Allait-il la juger alors que lui-même s’était adonné à ce genre de pratique avec elle ? « Je sais ce que tu vas me dire », reprit-elle d’un ton coupable. « Tu étais forcé, pas moi. Mais toi, tu le faisais pour ta survie. Moi, je le fais pour vous aider. Tu as raison, je suis égoïste, je ne regarde que mes propres intérêts. Mais mes intérêts passent par les vôtres maintenant. »

Elle se tut, sachant que ces arguments seraient sans doute insuffisants pour obtenir son pardon ni même sa compassion. Elle se tordait les mains, penaude, humiliée par leur échange, à la fois honteuse et indignée. Rage et résignation luttaient dans son esprit, mais la résignation prenait petit à petit le dessus. De toute façon, il n’y avait pas grand-chose à faire de plus. S’il avait décidé de la tuer ou de se venger de quelque façon que ce fût, il le ferait. Il n’aurait cure de son plaidoyer. Il était sans doute inutile de s’enfoncer davantage en jouant les victimes. En revanche, elle voulait tenter une dernière chose à sa décharge, parce qu’elle ne pouvait supporter cette culpabilité qui pesait sur elle. « Je ne suis pas une violeuse », se défendit-elle d’un ton ferme. « Je n’y ai pas mis les formes, c’est vrai. J’ai sous-entendu que tu n’avais pas le choix, que c’était un ordre. Mais dis-moi la vérité… » Elle leva les yeux sur lui, osant à nouveau soutenir son regard d’un bleu glacial. « Est-ce que les choses auraient été différente si j’avais juste tenté de te séduire, sans faire aucun chantage ? Si, ce soir où nous nous sommes retrouvés seuls, je m’étais rapprochée de toi sans aucun rapport de force, simplement parce que tu me plaisais ? » Elle se doutait de la réponse. Il n’allait certainement pas lui faire plaisir en admettant qu’il se serait laissé tenter aussi. Mais elle était persuadée que c’était le cas. Ne fût-ce que parce qu’il n’avait pas connu de femme depuis longtemps. Néanmoins, le résultat aurait peut-être été le même, peut-être l’aurait-il quand même accusée d’avoir abusé de sa position. Ce qui dans l’esprit de Bonnie avait été une véritable relation ne pouvait que sonner de façon négative dans l’esprit d’un homme qui haïssait les mangemorts.
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