and two for tea Avec un sourire de gosse, Jem regarda l'horloge de son bureau. La vieille mécanique, usée mais entretenue avec soin, indiquait avec précision qu'il était seize heures trente. Elle émettait pour cela un délicat tintinnabulement. Il repoussa sa chaise en arrière et s'étira longuement. Un vendredi après-midi sur deux, avec une régularité mathématique qu'il affectionnait, il retrouvait Guenièvre Lestrange autour d'une tasse de thé. Ils en avaient pris l'habitude presque aussitôt après que celle-ci soit sortie de Poudlard, et Jeremiah appréciait ces rituels. Gwen était une compagnie charmante, et la perspective de retrouver quelqu'un qui lui était aussi agréable et partageait certains de ses goûts - et certaines de ses névroses - était une perspective agréable pour sa fin de semaine.
Depuis qu'il avait pris ce travail de collaborateur avec un autre avocat - un vieux grigou qui passait plus de temps sur des plages ensoleillées qu'à préparer ses dossiers et les plaider, Jem s'estimait plus ou moins satisfait de son sort. Il gagnait des peccadilles à côté de sa soeur, ne finirait pas sa thèse tant que le désaccord franco-anglais ne serait pas résorbé et gérait toujours mal ses relations et l'image qu'il voulait donner à cette ancienne petite-amie qui occupait une bonne partie de ses pensées aujourd'hui encore ... Mais ça aurait pu être pire. Ok, il fallait juste éviter de penser aux personnes comme Aramis Lestrange ou à ses crises d'angoisses ou au fait qu'Âqen mangeait son chocolat et laissait l'emballage vide, et ... Et il ferait mieux d'y aller, voilà tout. Il replia soigneusement ses papiers, les brouillons de ses plaidoiries et les épais volumes de droit qui recouvraient son bureau. Il désinfecta la surface lisse du bois et y frotta un peu de cire d'abeille, avant de se laver consciencieusement les mains. Deux fois. Un petit coup de parfum, et il attrapait son manteau en se mettant en route.
L'air de décembre était frais, et Jem savoura le soleil timide qui perçait derrière les nuages. C'était l'aspect qui l'avait déprimé lorsqu'il était revenu de ces mois enchanteurs passés en France : il faisait un temps abominable très régulièrement en Angleterre. Trop à son goût. Et s'il ne prévoyait pas des petits rituels lors de l'hiver, des stratagèmes pour mettre le nez dehors, Jem se connaissait. Il allait passer tout son temps calfeutré dans la douceur de son appartement - Le Nid pour les intimes - et cuisiner autant que possible. Alors même qu'il avait déjà jeté un sort d'agrandissement à son réfrigérateur et que sa mère lui interdisait de stocker ses petits plats dans celui qu'ils possédaient pour ne pas tenter Lilith et risquer qu'elle grossisse. Tout au plus, il serait sorti danser un peu et acheter bien trop d'oeufs, de crème et de beurre pour réaliser des recettes françaises qu'il n'aurait jamais proposé à un diabétique. Non, c'était une très bonne chose de voir Gwen et il se sentait réjoui à cette idée, illuminé par une petite chandelle intérieure qui lui procurait chaleur, expectations et réconfort.
Il y a quelque chose de rassurant, apaisant même dans les petits rituels que nous instaurons avec nos proches. Comme le fait de retrouver Aramis, toujours à sa table de travail juste avant d’aller me coucher. Ou de savoir que l’appareil photo d’Arsenius se trouvera toujours dans sa poche gauche ou encore savoir qu’à n’importe quelle heure Eris aura un mojito sous la main pour nous accueillir... ça et les petites sorties “habituelles” comme notre soirée dégustation (ou alcool et sucreries à volonté, appelez ça comme vous voulez) avec Nyssandra. Et aujourd’hui nous étions vendredi et comme un vendredi sur deux à 17h précise, c’était le jour thé et pâtisseries ou je profitais de la présence de Jeremiah Moriarty, Jem pour la quasi totalité des sorciers de moins de 35 ans. Un ami de longue date qui me connaissait aussi bien que je le lui permettais. Je profitais de mon dernier mois de “chômage” afin de préparer au mieux ma rentrée au sein de Sainte Mangouste en me documentant, en m’exerçant en potion et divers sorts de soin que je tentais de maîtriser au mieux afin de faire bonne impression auprès des médicomages chevronnés. Mais je surveillais d’un coin de l’oeil l’heure sur la pendule. A l’heure précise, une fois le laboratoire de potion parfaitement rangé et nettoyé, je transplanais en direction de Londres et faisais le reste du chemin à pied. Il avait choisi pour aujourd’hui un salon de thé que je savais délicieux et ou je ne doutais pas une seule seconde passer un moment agréable en sa compagnie. Je tendais la main pour ouvrir la porte mais celle-ci fut plus rapide que moi et un sorcier me laissa entrer. Je le remerciais d’un sourire et faisais le tour de l’endroit du regard pour découvrir mon ami installé à une table plus vers le fond du salon, moins bruyante sans doute. J’accrochais ma cape sur le porte manteau enchanté qui s’était approché de moi et m’avançais en direction de Jem en silence. Je refusais d’un signe de la main l’aide d’un serveur qui allait m’offrir une table et déposais un furtif baiser sur la jour de mon ami. Je savais qu’il n’était guère friand de ce genre de geste mais avec moi il devait en avoir l’habitude non? De toute façon je n’allais pas camoufler mon côté taquin en sa présence, il m’avait vu grandir après tout. Bonjour Jem. Parfaitement à l’heure comme toujours. Mon sourire était large, j’étais sincèrement heureuse de pouvoir passer un peu de temps avec lui. Le serveur tira ma chaise afin que je m’y installe et ne me fis pas prier pour m’exécuter. Je vous remercie. Il nous confia rapidement les cartes, carte que je posais pour ma part sur la table, certaine que Jem aurait une proposition à me faire concernant notre commande. Comment vas tu? Tu sais j’ai croisé le sorcier avec qui tu travailles lors d’une soirée il n’y a pas une semaine. Je crois que le maître des lieux était en affaire avec lui, il baillait à s’en décrocher la mâchoire, c’était... aussi drôle qu’affligeant. J’aurai été l’hôte de la soirée, je me serais sentie gênée de voir cette homme un verre à la main s’endormant presque en plein milieu de la soirée. Mais d’un point de vue extérieur et connaissant le bonhomme comme Jem me l’avait décrit, cela m’avait fait sourire et la simple évocation de ce souvenir me faisait sourire également. Une idée pour notre commande? Question parfaitement réthorique puisque Jem avait toujours de merveilleuses idées dès qu’il s’agissait de cuisine! Je te fais confiance, fais nous saliver! Il connaissait mon unique allergie aux Billywig, le reste était un véritable terrain de découverte pour moi et ma gourmandise qui n’avait rien d’une légende.
Gwen déposa un baiser sur sa joue et les pommettes de Jem retrouvèrent de la couleur. Pourquoi toutes les relations humaines n'étaient pas aussi simples ? Bien sûr, il n'aimait pas spécialement les contacts. Sa famille ne l'y avait pas habitué : Apolline était une mère étouffante, son père pouvait à peine donner l'âge de ses enfants sous prétexte que cette information changeait très vite ... Et Cersei ... Eh bien ils n'avaient pas été assez proches pour partager ce genre de contact. Merlin, il aurait adoré avoir une soeur comme Gwen, à condition de ne pas se retrouver par les Lestrange.
A la vue de Gwen, un sourire illumina le visage de l'avocat. Il l'aimait, Gwen. Pas dans un sens romantique, qui aurait impliqué des entrevues secrètes ou d'affronter les Lestrange avec qui il ne voulait rien avoir à faire. Jem éprouvait pour elle une affection sincère, douce, patiente. A bien des égards, Guenièvre lui faisait penser à sa propre sœur. Une Lilith qu'il pouvait aider, protéger, conseiller, dont il savait qu'elle avait de l'affection pour lui et prendrait en compte un avis qu'il espérait aussi bienveillant que possible. Avec qui il était possible de confronter son point de vue car ils ne s'arrêteraient pas à ça. Il eut conscience de l'éloignement grandissant avec sa sœur. Lui reprochait-il sa carrière ? Ou son don d'empathie ? Par chance, Gwen était normale, pensa-t-il. Par ignorance, bien sûr.
Il apprécia d'un sourire leurs retrouvailles. Une autre chose qu'il aimait chez Guenièvre : elle ne cherchait pas à en faire des tonnes. « Oh, on gagne à le connaître » annonça-t-il en souriant. Bien sûr qu'il ne le pensait pas spécialement. L'avocat qui avait fondé le cabinet où il travaillait était un vieux grigou, raciste, flemmard, adepte du népotisme autant que lui l'était de la cuisine française – ce qui n'était pas peu dire. Mais au moins il pouvait travailler sur des dossiers qui l'intéressaient, dans l'attente de finir sa thèse dont il ne voyait pas le bout. Il n'était pas dépendant économiquement de sa famille, Merlin sait s'il l'aurait mal vécu.
Bon, et il savait qu'il ne fallait jamais dire du mal de quelqu'un dans des circonstances capables de fournir une preuve de cette diffamation.
Il porta son regard sur la carte, même s'il savait exactement ce qu'il avait envie de commander et de conseiller à Guenièvre. « Si tu n'en as jamais mangé, je pense que tu devrais essayer les meringues. La texture est très intéressante. C'est craquant, assez aérien. Pas mal du tout. Dans le même genre, ils font des macarons, mais je crois qu'on en a mangé ensemble. En juin dernier ? Quelque part dans ces eaux-là. Sinon, la crème brûlée. C'est un … flan un peu sucré flambé avec de l'alcool. Il s'évapore mais laisse une couche croustillante. »
Il lui laissa quelques instants pour réfléchir. Le serveur les regardait du coin de l'oeil, mais Jem garda sa carte ouverte. Après quelques instants, on vint prendre leur commande et il put à nouveau consacrer toute son attention à Gwen et au besoin de communiquer avec elle sur tout ce qui avait pu se passer en quinze jours. Il se passait toujours beaucoup de choses pendant une quinzaine, n'est-ce pas ? S'il s'écoutait, il noterait tout cela sur des listes. Elle le savait sans doute. Jem se recula sur sa chaise.
« Tout se passe bien dans ta préparation ? Les cours, tout ça, tu t'en sors ? Je peux t'offrir de venir à la maison réviser dans une ambiance studieuse et manger un bon repas. Ca me fera avancer ma thèse. Le tout, ce sera de trouver comment occuper Aqen et qu'il ne s'ennuie pas, j'ai pas l'impression qu'il ait trop envie d'en savoir plus sur la médicomagie ou les preuves dans le procès sorcier. Il reprit un peu de sérieux. C'était bien agréable de faire l'imbécile, mais Gwen devait faire partie des quelques personnes de son entourage avec qui il se montrait sincère. Encore qu'il ne lui aurait pas dit les mêmes choses qu'à Aqen. Il avait un petit standard à tenir : bien sûr que la fille des Lestrange ne l'aurait pas jugé trop vite - du moins espérait-il - mais il n'avait aucune envie de lui confier ses petites habitudes honteuses ou ses sentiments déraisonnables sur certaines situations. Sa vie amoureuse tumultueuse, son mépris pour Aramis ... Au moins partageaient-ils l'affection de certains de leurs proches.
« Les fiançailles de Nyss' approchent à grand pas. Ca ne te rend pas nerveuse, toi ? J'ai un peu peur ...» Il s'arrêta. Il ne pouvait pas continuer sa phrase par que ton frère soit une espèce de psychopathe macho qui la rendra malheureuse alors que je l'ai déjà vue raisonnablement heureuse en couple quand bien même elle choisit des types étranges. « Que les préparatifs ne lui montent à la tête. Ca se passe comment, pour Aramis ? »
Je répondais d’un sourire lorsqu’il me précisa que son « patron » était un homme qui méritait d’être connu. Je n’avais aucunement l’intention de le faire et pour cause cet homme me paraissait… dérangeant. J’avais rejoint une seule et unique fois Jem sur son lieu de travail et le regard de cet homme était bien trop bas, son sourire bien trop pervers, oui il me mettait sérieusement mal à l’aise même s’il ne s’était jamais rien passé entre lui et moi. Je n’en avais pas parlé avec mon ami mais depuis je préférais que nous nous retrouvions en dehors, c’était à mon sens bien plus sûr et puis je ne voulais pas déranger Jem dans son travail. Deux bonnes raisons de mettre le plus de pieds possible entre l’avocat et moi. Mes doigts caressaient paresseusement la carte observant Jem qui me conseillait diverses sucreries. Les meringues ? Est-ce différent de celle que tu prépares avec ta tarte au citron ? Sa tarte au citron meringuée, un vrai délice mais peut-être existait-il d’autres sortes de meringues auquel cas je voulais, bien sûr les découvrir. J’hochais la tête concernant les macarons. Tu sais j’ai trouvé un pâtissier qui les fait divinement bien et à des goûts aussi particuliers qu’intéressant. Il a une boutique aussi grande qu’un placard à balais mais le petit plus, ils livrent ! Autant dire que je ne me faisais jamais prier lorsqu’une envie me prenais, je passais commande et l’affaire était réglée. Je vais suivre tes conseils, ce sera une crème brûlée pour moi, avec une bieurraubeurre. Vous ajouterez un doigt de cannelle dans ma boisson, merci. Je rendais la carte au serveur retournant toute mon attention sur Jem. Oui, tout va bien, j’ai fini par choisir le service que j’intégrerai en septembre. Je serai donc aux urgences, je pense y apprendre beaucoup en peu de temps, il doit y avoir pas mal de cas « particuliers » dirons-nous. J’avais choisi ce service pour élargir au maximum mes connaissances dans un laps de temps très court. J’ajoutais avec un sourire mutin. Mais promis, lors de nos rencontres je prendrais deux douches et je me désinfecterai complétement ! Je savais qu’il avait « légèrement » de mal avec tout ce qui était germes et microbes aussi je préférais prévenir que guérir. Avec plaisir, allier travail et plaisir, tu sais bien que je ne peux pas refuser. Je lisais tout ce que je trouvais sur le sujet mais la pratique était plus ardue, il allait falloir que j’attende Sainte Mangouste et ses vrais patients. Pourtant lorsqu’il parla de son « colocataire » une idée me vint et c’est amusée que je lui demandais. Il pourra me servir de cobaye, tu penses qu’il accepterait ? L’idée que le jeune homme puisse être coopératif était assez risible mais avec quelques sourires….non ? Où en es-tu avec ta thèse ? Ton travail te permet tout de même d’avancer ? Je savais que tout cela était bien plus compliqué et qu’il cherchait des financements mais je savais aussi que ce sujet de conversation l’atteignait plus que de raison aussi n’avais-je pas l’intention de m’étendre sur le sujet si ça ne lui plaisait pas. Si… un peu. Bien sûr il y avait eu les visites des divers lieux, les tests des différents traiteurs, les fleurs, la liste d’invités, les faire-part… Mais ils ont l’air plutôt détendu tous les deux… en fait à partir du moment où ils sont ensemble je dirai qu’ils vont bien. Pris séparément c’était une autre histoire mais ensemble ils avaient l’air vraiment d’un couple solide que rien ne pourrait ébranler. Tu t’inquiètes pour Nyss n’est-ce pas ? Je savais que les relations entre mon frère et Jem n’étaient pas au beau fixe mais je tenais à le rassurer. Il l’aime sincèrement. Je sais qu’il fera tout pour la rendre heureuse. Et au fond c’était bien mon problème. Ma gorge s’était serrée sans que je ne m’en rende compte. J’étais jalouse, je l’avais toujours été et voir mon frère s’éloigner de la sorte était réellement douloureux même si je tentais de le cacher en préparant avec entrain ses fiançailles, son départ.
« C'est tout à fait différent. » commence Jem en retrouvant sa voix de pédagogue. Qu'il vulgarise de la cuisine ou un concept de droit magique, le sorcier a déjà pu remarquer qu'il opte pour un ton particulier. Des intonations spéciales, une manière d'espacer les mots différemment pour se faire comprendre. Quand il en a l'occasion, il rajoute un croquis ou une démonstration. Le genre de choses qu'il ne pourra absolument pas faire ici. De peur de passer pour quelqu'un d'étrange. En quelques minutes, Jem se lance dans un tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les meringues sans savoir que vous vouliez le savoir. Cuisson, tenue, conservation, intérêts culinaires. Que la conversation se poursuive sur le pâtissier découvert par Guenièvre lui donne une incroyable sensation d'être compris, de se sentir à sa place. Guenièvre ne le jugera pas s'il s'emporte pour la cuisine moléculaire ou l'utilisation du cumin sorcier. Un petit poids s'ôte de son esprit, il retrouve fugitivement son sourire. Fugitivement car une partie de lui se sent dépossédée de cette amitié maintenant qu'ils vont être liés par des liens familiaux. S'il pouvait commander la vie de sa cousine, Jem lui aurait sans aucun doute trouvé un autre homme à épouser : quelqu'un qui ne lui ferait pas des sueurs froides. N'importe qui sauf Aramis.
La conversation se poursuit tranquillement. Ils commandent, parlent des cours que suivra Guenièvre. Jem manque d'avaler de travers une gorgée de thé à l'idée qu'Aqen serve de cobaye. Ce serait possible, il en est sûr. Après tout, il ramasse bien Aqen à la petite cuiller quand il a une peine de coeur : qu'est-ce qui s'opposerait à ce que Guenièvre le soigne ? Jem pourrait s'occuper de la partie sentimentale, Guenièvre soignerait les blessures physiques d'Aqen - sauf si elles se trouvent à des endroits que la décence interdit de montrer ou sont trop graves. Là, Shafiq ira à l'hôpital sans se plaindre.
La thèse est un sujet pénible à évoquer, et Jem sent une raideur se former dans ses épaules. Lui qui se sentait si léger il y a quelques instants perçoit très nettement l'horrible petite voix dans sa tête. La bonne vieille voix de l'autocritique. Une partie de lui rêve de crier qu'il ne s'en sort pas. Que c'est mauvais. Pas assez approfondi. Pas assez juridique. Pas assez intéressant. Que son plan ne tient plus la route. Il aimerait crier ses angoisses, obtenir une critique bienveillante et constructive. La raison reprend le dessus : il ne veut pas avoir l'air ridicule et Gwen ne connaît pas son domaine. Elle pourra lui apporter un avis éclairé mais il ne pourra pas s'empêcher de le trouver insuffisant, pas assez approfondi, de se dire qu'elle trouve le travail bon parce qu'elle ne s'y connaît pas. « Ca avance lentement. Tant que les relations avec la France seront aussi tendues ce sera dur de faire plus rapide. Je mets ... je mets beaucoup de temps à obtenir les décisions. Ca retarde tout. » Ca me démotive, je ne sais pas si je vais réussir à faire quelque chose d'intéressant. « J'avance sur la partie anglaise, au moins. C'est déjà ça. » ajoute-t-il avec un sourire qui se veut rassurant. Guenièvre doit comprendre qu'il est crispé mais elle sera trop polie pour lui faire remarquer.
Evoquer Aramis lui cause une légère sueur froide. Il voudrait partager ses craintes, rationnelles ou non, avec quelqu'un. Guenièvre n'est pas la bonne personne pour cela, elle prendra forcément la défense de son frère. Tout comme il prendrait celle de Lilith alors qu'il ne manque pas une occasion de la critiquer. « Tu as raison, je m'inquiète un peu trop. » Il ne se sentait pas capable d'être plus consensuel. Ajouter qu'il connaissait peut-être mal Aramis et le jugeait trop tôt n'aurait rimé à rien. Il n'y croyait pas vraiment. Ils revinrent sur des sujets légers, laissèrent la conversation dériver petit à petit.
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