On ne pouvait voir autre chose dans le regard de Misaki Tokugawa que cet éclat brillant d’une saveur exotique. Son haut à moitié transparent attirait les regards vers elle, les photographes aussi. Jerald Macmillan, son grand ami britannique, se tenait un peu en retrait après avoir annoncé sa récente nomination. « L’Angleterre du Magister comptera désormais le talent d’une Nation amie parmi son administration. » De quoi rassurer les sceptiques concernant les contrats économiques.
Le Japon sorcier s’octroyait par là même des contrats nécessaires au Ministère de la Magie depuis les coupures diplomatiques. Voilà la nature de l'arrangement qui avait conduit Misaki Tokugawa à prendre un poste au niveau 1 du Ministère, alors qu'elle apparaissait comme un prêt bureaucratique scellant l'amitié Anglo-japonaise. Lorsqu'on savait que le crime organisé de Tokyo avait la main mise sur le gouvernement du Mage-Empereur, on devinait que la désignée n'était pas étrangère à sa prise de fonction. C'est ainsi qu'elle se présentait avec tout ce qui faisait l'attrait pour l'extrême-orient et ces sorciers si disciplinés. La sorcière portait ses cheveux raides en un carré austère mais très couture, empruntés aux exemples moldus d'Asie.
Les codes de la communication propagandiste se lisaient sur son accoutrement endimanché, bientôt dissimulés derrière une voix ferme mais volontaire. La transparence de son chemisier porterait le scandale, tandis que la petite jupe noire digne des écolières de son pays lui donnait cet air austère mais sympathique. « La joie de ma nomination est la deuxième chose qui vient à mon esprit, juste après l’envie d’échanger avec vous, journalistes, et par vous, avec le peuple d’Angleterre ». Un sourire et puis rien. Plus un mot devant les questions pressantes des journalistes. Il fallait se faire un peu muette pour que l’on donne envie de vous écouter. L’astuce résistait à une nouvelle pratique pour elle : son auditoire avait plutôt été quelques négociateurs économiques et financiers ou carrément des chefs de clans subordonnés.
Aujourd’hui, elle se retrouvait devant la masse, coup de projecteur qui donnait envie de jouer davantage sur les mots et de manipuler encore plus de gens. A vrai dire, derrière sa mine neutre, se cachait une joie enfantine. L’Acromentule – car tel restait son surnom – allait épanouir son influence dans les draps de la pucelle Angleterre, cette vierge déployée dans la mer n’attendant qu’une étincelle pour se fondre en catin. Le coton ferait place à la soie, le saule pleureur se ferait cerisier en fleur. Voilà qui était clair, la vie alternative des sorciers, rythmé de trafics, de meurtres sordides et de marché noir, voyait arriver une compétitrice de haut niveau prête à collaborer à la décadence du prolétariat.
La maitrise des émotions propre à son peuple faisait de Misaki une femme emplie de mystère et d’exotisme, une magicienne d’affaires envoûtante. Tout le monde savait que la bridée cachait des secrets mais personne ne voulait vraiment savoir lesquels. Les Occidentaux se faisaient une joie de ne jamais chercher à comprendre, préférant la mélodie charmante de l’inconnu au tempo rigoureux de la vérité. Cette dernière leur était d’ailleurs douloureuse. Cette anesthésie générale de la soif de savoir profitait bien au clan Tokugawa. Un pied dedans, un pied dehors, et à la moindre odeur de sapin, une fuite par les moyens moldus. Intraçable et tellement propice lorsque l’on voyageait en première classe… « Merci pour votre présence. Je donnerais très bientôt une longue interview à la suite de ma prise de fonction. J’aurais l’occasion de m’adresser directement aux anglais. En attendant, mesdames et messieurs les journalistes, je vous souhaite une bonne fin de journée. » Et elle disparut dans l’ombre du monumental Atrium accompagné du sous-secrétaire d’Etat qui lui chuchotait déjà quelques conseils à l’oreille.
Le changement de ton entre la verve de Macmillan et la douceur de Tokugawa n’était pas si choquant. Il correspondait au changement de politique. Les parutions plus frivoles allaient sans doute parler longuement de la tenue tendance de la porte-parole tandis que les gazettes vanteraient son sourire lisse et ses qualités d’oratrice. Quel bonheur de retrouver les vieilles habitudes des Etats soumis, là où les fonctionnaires étaient des bourreaux et les alliés de véritables intéressés.
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