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sujet; Le client est roi [Crystal - Eithne] |
| Aífé vient se frotter contre ses jambes pour coller dans un accès de tendresse si sobre et stoïque propre aux chats quelques long poils blancs sur les collants coutures que portait la sorcière. Cette chatte avait depuis toujours des attitudes de chien ; toujours prompte à venir se lover sur les genoux de sa maîtresse, à venir se glisser contre ses jambes, à accrocher ses griffes à demi-rentrées aux tissus parfois hors de prix dans lesquels ses robes étaient confectionnées. Cela faisait plus de cinq fois en moins de dix minutes qu’elle venait se rouler contre elle, guère besoin de parler le langage des animaux pour comprendre ici le : « allez, allez, occupe-toi de moi. » pour parfaire sa démonstration elle fixa Eithne avec de grands yeux verts tout brillants de la tristesse qu’elle feignait de ressentir face à ce soudain simulacre d’abandon. Dame Ollivander leva les yeux au ciel en même temps que sa spatule qui lui servait à remuer le contenu de son chaudron : « Reste donc un peu tranquille Aífé, je pense avoir bientôt terminé… » Évidemment une chatte, tout aussi attachante et adorable soit elle ne pouvait pas comprendre l’importance de la concentration dans l’art des potions. La seule tambouille qui l’intéressait était celle qu’on lui mettait dans sa gamelle et non pas celle au dessus de laquelle sa maîtresse se penchait à raison de plusieurs heures par jour. Ces derniers temps cette occupation avait pris encore plus d’importance pour Eithne ; certains noyaient leur chagrin dans l’alcool, dans la drogue ou autres substances… la respectable sorcière qu’elle était quant à elle tentait d’oublier les travers de l’existence dans les brumes chaudes qui émanaient de son chaudron qui bouillonnait perpétuellement. Parfois les potions qui écumaient dans cette fonte étaient des grands classiques qu’Eithne confectionnait à demi les yeux fermés, pour se détendre. Et parfois, au contraire, il s’agissait là d’élixirs qu’elle tentait de mettre au point. De la détente toujours, mais qui lui permettait non pas de se vider l’esprit mais de l’occuper. Ainsi elle ne passait pas la journée à regarder l’encadrement de la porte de sa potionnerie comme l’appelait Garrick en espérant inconsciemment à chaque craquement de pas y voir apparaître la silhouette de son époux. Lorsqu’elle créait, elle oubliait tout. Les craquements de pas et la porte. Et Garrick, plus ou moins. C’était mieux. Aujourd’hui elle arrivait peut être à la fin d’une lutte de plusieurs jours qu’elle menait contre la science, contre sa propre science même, pour apporter quelques modifications au Philtre de Paix. Mais elle se trouvait en bute avec un problème d’ordre « spatulaire »… elle estimait qu’étant donner les ingrédients qu’elle avait rajouté mélanger la préparation plus longtemps qu’à l’accoutumée ne pourrait être que bénéfique et apporter une dose nouvelle de légèreté au Philtre, mais la pierre de lune supportait mal un battage prolongé. Au vue des différents essais, elle en venait à la conclusion qu’elle ferait bien mieux d’utiliser le va-tout de ce genre d’impasse : les larmes de licornes étaient rares mais permettaient d’alléger à coup sûr une mixture. « Aífé, combien de fois t’ais-je dis… arrête de traîner dans mes pieds ! » Eithne piétine un bref instant pour éviter d’écraser la queue de sa chatte qui slalome piètremement entre ses jambes. Elle s’avance jusqu’à une des nombreuses étagères qui bordent les murs de la pièce et cherche parmis des petites fioles en verre colorés le sésame attendu. Eithne est une femme organisée, mais les circonstances politico-sociales actuelles peuvent déstabiliser même les personnes les plus assurées et c’est en soulevant pour l’observer à la lumière du soleil un petit flacon bleuté : « Plus vide que la tête d’un de ces fidèles. » c’était comme ça qu’elle appelait les Mangemorts, trouvant l’appelation commune de fort mauvais goût (venant de Tom, pouvait-on espérer quelque nom subtil de toute manière ?) « Mais il devrait en avoir. » Il, c’est son apothicaire. L’homme chez qui elle va se servir et qui la plupart du temps lui fournissait les produits de premières nécessités plus quelques autres ingrédients moins courants. Fut un temps où Eithne pouvait courir à travers les continents pour aller chercher la matière première elle-même mais l’âge et surtout la fermeture des frontières rendaient cela impossible. Son apothicaire était au fait de ses demandes particulières et savait qu’elle était une cliente intéressante à garder et donc se pliait souvent en quatre pour accéder à ses demandes. Elle repose le flacon vide sur une petite table. Aífé constate que les bras de sa maîtresse était confortablement vide et plie ses quatres pattes pour bondir élégamment contre la poitrine d’Eithne qui, habituée et heureuse malgré ses haussements de sourcils de sentir cette chaude présence contre son cœur, le réceptionne et le caresse machinalement. « On va sortir ma belle. » La chatte ronronne, elle sait qu’Eithne l’emmene partout. La sorcière enfile un long manteau par-dessus sa robe sombre et met de hautes chaussures qui la grandissent de quelques centimètres, même si elle n’a guère besoin de cela pour écraser les autres du regard. Un chapeau à grand bord (le genre qui lui sied le mieux) sur la tête elle quitte la maison pour se rendre à la boutique, située sur le chemin de Traverse, pas si loin du magasin des Ollivander. Elle pourrait presque passer voir son fils, ou son petit fils… Mais passer le seuil de la boutique de baguette est parfois trop… difficile. Trop d’ancrages. Elle se contentera d’aller chez l’apothicaire. Le trajet n’est pas bien long quand on sait transplaner. Elle atterit devant le Chaudron Baveur et traverse le pub avec Aífé confortablement installée dans le creux de son bras droit sans que personne ne se lève pour venir lui parler. Ses talons claquent dans l’arrière-cour et à travers le passage que ses mains expertes dessinent sur le mur de pierre. Le Chemin lui paraît terriblement désert, mais c’est le cas depuis maintenant plusieurs années. Les gens restent chez eux et ne se risquent pas à pointer le nez dehors. Elle parcourt l’allée jusqu’à passer la porter de son apothicaire. Une brève sonnette annonce son entrée et un homme plus jeune qu’elle apparaît derrière le comptoir : « Madame Ollivander ! » il a l’air heureux de la voir. Il faut avouer qu’elle est une bonne cliente. Une bonne cliente qui a de quoi payer, ce qui en ces temps est une qualité indéniable. « Vous cherchez quelque chose de précis ? » Elle laisse Aífé s’échapper de ses bras pour se dégourdir les pattes sur les vieilles lattes de bois du sol, il n’y a qu’elle dans la boutique ce qui la met plutôt à l’aise : « De très précis oui, j’ose espérer qu’il vous en reste je voudrais… » l’ingrédient reste au fond de sa gorge alors que dans son dos la porte s’ouvre de nouveau et que la sonnette tinte derechef. Le vendeur redresse la tête pour adresser un sourire au nouvel arrivant alors qu’Eithne esquisse une élégante grimace. Ne peut-on jamais être tranquille lorsqu’on fait ses emplettes ?
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| ❝ Le client est roi ❞Crystal N. Travers & Eithne Ollivander[Soundtrack] Comme d’habitude, Crystal était dans son laboratoire. Sa mère lui avait souvent reproché de n’en sortir que très peu, d’être comme son père, toujours la tête dans ses mélanges et ses expériences. De ne pas se soucier assez de son apparence et de l’impact qu’elle pourrait avoir sur la haute société, sur l’élite sorcière à laquelle elle appartenait malgré tout. La relation entre la mère et la fille était toujours tendue depuis le fiasco de ses fiançailles arrangées. Crystal, si elle ne pensait guère au mariage, avait pour plus grande crainte de se retrouver pieds et poings liés à un homme qu’elle n’aimait pas et qui ne lui laisserait pas assez d’indépendance. Cette indépendance si chérie qu’elle se battrait bec et ongles pour la conserver. Cette indépendance qui lui serait volée si elle avait accepté l’union avec ce jeune italien qui semblait vouloir faire d’elle une jolie petite poupée qu’il aurait pu montrer à sa propre élite. C’était hors de question. La musique s’assourdissait tout autre bruit dans le laboratoire. Une manie qu’elle avait depuis toujours : écouter la musique bien trop fort lorsqu’elle travaillait. Heureusement, elle avait vite maîtriser un sort d’insonorisation, ainsi qu’un second qui permettait à ses fioles de ne pas s’entrechoquer comme des jeunes dans le public d’un groupe de rock durant un concert. Elle n’était jamais plus heureuse que lorsqu’elle créait ses cosmétiques, que lorsqu’elle réfléchissait et testait de nouvelles formules. Qu’elles soient à l’usage de ses clientes habituelles ou, plus récemment, destinées aux insurgés, sang-de-bourbes et résistants. Des mélanges légèrement agrémentés de poisons et autres potions néfastes, mais presque intraçables dans ses produits… jusqu’à ce qu’il ne soit trop tard. Crystal se dandinait au son de la musique. Elle versa le contenu d’une fiole dans une autre plus grande qui contenait un liquide d’un bleu électrique et le tout vira au rouge sombre, presque noir. Satisfaite, elle fit un tour sur elle-même, accompagnant le rythme de la chanson qui hurlait dans des hauts-parleurs dissimulés dans les hauteurs de la pièce, les yeux fermés, tout en avançant vers son étagère pour s’emparer de l’ingrédient qu’il lui faudrait ajouter après le temps de repos. Sauf que, lorsqu’elle prit le flacon, il lui sembla étrangement léger. Elle maudit à demi-mots, sous le couvert de la musique. Une flopée de jurons qui aurait fait pâlir sa mère, étouffée par le son plus que bruyant. Ces derniers jours, elle avait été tellement absorbée par la conception d’une nouvelle crème pour le visage qu’elle avait oublié de manger, de se laver, et apparemment de faire l’inventaire de ce qui lui restait. Elle poussa un soupir retentissant et d’un mouvement de sa baguette qu’elle récupéra sur un de ses établis, elle coupa la musique. Il allait falloir qu’elle sorte. Peut-être pourrait-elle s’acheter à manger par la même occasion. Elle n’aurait certainement pas la force de cuisiner, même si elle adorait ça… et son estomac cria famine à la simple idée de nourriture. Elle allait sûrement se jeter dessus comme la pauvreté sur le monde. Pinçant les lèvres et attrapant une mèche de cheveux pour la mâchouiller distraitement, Crystal sécurisa sa préparation avant de quitter son laboratoire. Elle avait à peine enfilé sa cape de sorcière par dessus ses vêtements amples, presque informes, propres seulement parce qu’ils étaient enchantés par un sort de répulsion de tâches. Capuche sur la tête, elle avait descendu les étages qui la séparaient de l’Allée des Embrumes et avait rejoint le Chemin de Traverse. Le produit dont elle avait besoin ne se trouvait pas dans l’allée sombre, ainsi, elle pouvait très bien aller voir son apothicaire habituel pour les choses moins sensibles. Les rues étaient désertes, comme d’habitude. Peut-être même encore un peu plus car il pleuvait. A sommet des quelques marches qui séparaient l’Allée des Embrumes du Chemin de Traverse, Crystal leva la tête pour offrir son visage à la pluie. Elle était fraiche, presque glacée sur sa peau trop chaude. Elle allait sûrement encore avoir l’air dépareillé face au commerçant, mais elle n’en avait cure, il l’avait déjà vu dans un état pire que celui-ci, assurément. Après un instant à profiter de l’air frais du dehors, Crystal se remit en marche dans les rues vides. Le carillon sonna quand elle poussa la porte. Son regard tomba directement une silhouette, plus grande qu’elle seulement à cause des talons vertigineux qu’elle portait. Crystal eut un doute soudain, mais non, elle-même portait bien des chaussures. Elle avait bien trop l’habitude d’évoluer pieds nus dans son appartement. Elle resta pourtant droite et digne, dans une posture qui aurait rendu sa mère fière. Elle repoussa la capuche de sa cape vers l’arrière, dévoilant ses cheveux assombris par le fait qu’il n’avait pas été ni coiffé ni nettoyé depuis quelques jours. Elle avait peut-être même une trace inidentifiable sur la joue, mais elle n’en avait cure. Elle était une Travers, elle n’avait pas à baisser les yeux. Ses prunelles glacées tombèrent dans celles de l’apothicaire qui afficha presque aussitôt une mine gênée. Son regard allait de Crystal à son autre cliente, comme s’il se demandait laquelle il devait servir en premier. Les lèvres de la jeune aspirante mangemort se plissèrent en une fine ligne face à cette hésitation de la part de l’homme. Elle avait l’habitude qu’il la serve en premier, sans se poser de question, même si d’autres clients étaient présents dans sa boutique — sauf si ces clients en question étaient plus hauts dans l’élite sorcière qu’elle, évidemment, mais là, ça ne lui semblait pas être le cas. Sans se départir de son aplomb et de son arrogance due à son éducation, à son sang et à son nom, Crystal ignora la sorcière qui était bien plus vieille qu’elle, plus vieille que sa mère même, et s’adressa à l’apothicaire. — J’ai besoin d’ailes de fées. Autant qu’il vous en reste. — Sa bourse accrochée à l’intérieur de sa cape était bien remplie. Elle se faisait pas mal d’argent grâce à la vente de ses cosmétiques et pouvait se permettre d’acheter en masse. D’autant qu’elle préférait ne pas avoir à sortir plus que de raisons. Voyant que l’apothicaire hésitait toujours, Crystal haussa un sourcil impatient et daigna enfin s’intéresser un peu plus à l’autre cliente. — Bonjour Madame… ? — Elle laissa sa phrase en suspens. Contrairement à sa mère, elle ne connaissait pas tous les visages par cœur et avait souvent tendance à oublier un nom aussi vite qu’on le lui apprenait lors des soirées mondaines où elle était conviée, sauf si la personne était un tant soit peu intéressante. Alors Crystal n’avait dû ne jamais avoir rencontré cette sorcière… ou bien elle était d’un ennui profond. |
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