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sujet; Hold on to me [Victoria]
MessageSujet: Hold on to me [Victoria]   Hold on to me [Victoria] EmptyVen 26 Fév 2016 - 13:41

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Keziah avait fini par arrêter d'essayer de tenir le compte du temps qui passe. Celui des minutes puis des heures transformant les jours en semaines. Il lui coulait inexorablement entre les doigts et il éprouvait une certaine satisfaction à le laisser faire. Le temps ne s'écoulait pas de la même manière ici. Il s'étirait, comme du beurre étalé sur une tartine trop grande, jusqu'à disparaître. C'était une sensation apaisante. Quand il était arrivé au repaire des Loups sous la contrainte de Davius et qu'il l'avait jeté dans l'un de ses bunkers, Keziah s'était débattu comme un diable. Il avait martelé la lourde porte métallique de ses poings, hurlé qu'il le laisse partir, qu'il n'avait pas le droit de l'enfermer ici. Ses entrailles n'étaient alors plus que de l'eau et de la lave. Il avait dans la gorge et dans les os un animal qui ne voulait pas crever comme ça. Un animal rongé par toute cette colère dont il ne savait plus quoi faire, usé par toute cette peur qui avait bien failli l'engloutir et lui faire perdre la raison. Mais ça n'avait pas été le cas. À force de tourner en rond dans sa cage, le fauve avait fini par ralentir la cadence. Il avait peu à peu arrêté de gronder et de claquer des mâchoires dès que Davius osait pénétrer dans son antre. Alors il s'était mis à regarder autour de lui, à écouter, puis à parler lui aussi. Enfin. Le calme et le silence qui régnaient entre les quatre murs de sa prison étaient parvenus à venir à bout de cette fièvre qui s'était emparée de lui, comme une voix parfumée de feutre et de velours se serait glissée dans ses mains pour desserrer ses poings.

Keziah n'avait pas vu grand monde depuis qu'il était arrivé ici. Davius, bien sûr. Au début, l'ancien auror était le seul être humain à le raccrocher un tant soit peu au monde extérieur. Il venait jour après jour lui porter à manger et à boire, se contentant d'accomplir sa tâche avant de disparaître à nouveau ou s'attardant dans les parages. Il s'asseyait alors dans un coin et y restait un moment, parfois sans même dire un mot. Et puis Davius s'était fait plus rare, appelé par d'autres responsabilités. Keziah avait alors commencé à voir apparaître les visages d'inconnus, ceux d'insurgés dont les regards ne cherchaient même pas à masquer l'antipathie qu'ils éprouvaient à son égard. Ils lui apportaient sa pitance comme ils auraient jeté leurs restes à un chien, mais aucun d'entre eux ne lui cracha jamais sa bile au visage. Keziah ignorait ce que son vieil ami avait bien pu dire à ses hommes pour qu'ils acceptent ça... Et, pour être honnête, il préférait. Il s'en fichait même. Tout ce qui lui importait pour le moment, c'était la tranquillité relative qu'il était enfin parvenu à retrouver. Davius lui avait apporté de vieux grimoires qu'il lui avait demandé d'essayer de traduire – d'ici que l'un d'eux renferme quelque chose d'intéressant – et depuis quelques temps c'était la seule chose qui puisse accaparer son esprit. Il trouvait un réconfort certain à se plonger ainsi dans des pages et des pages noircies de symboles anciens, de runes nordiques, de formules alchimiques et d'obscures citations en grec ou en latin.

Les sourcils légèrement froncés, l'ancien aiglon était justement penché sur l'un de ces manuscrits. Attablé au petit bureau qui formait avec le vieux lit-banquette repoussé dans un coin l'unique mobilier de la pièce, il était plongé dans sa lecture. Les seuls instants où il relevait la tête étaient pour plonger la pointe de sa plume dans l'encrier et griffonner une annotation dans la marge. Il était tellement absorbé par son travail qu'il entendit à peine la lourde porte du couloir s'ouvrir dans un affreux grincement métallique. Il n'y prêta même pas attention au début, persuadé qu'il devait s'agir de l'un de ses chaperons. Ce fut seulement lorsque la porte se referma et qu'il continua à percevoir une présence dans son dos que sa main se suspendit au-dessus du parchemin et qu'il sentit sa nuque se raidir. Car il connaissait cette personne... mais que ce n'était pas Davius. Keziah ferma alors les yeux. Il prit une profonde inspiration tandis qu'un nœud douloureux assaisonné de rancœur et épicé de regrets commençait déjà à se former dans sa gorge. Un poids terrible lui écrasait la poitrine de l'intérieur, et l'espace d'un instant il crut qu'il n'arriverait jamais à lui faire face. N'était-ce pourtant pas ce qu'il avait si ardemment désiré ? Il s'était tellement imaginé ce moment. Maintenant qu'il était venu,  il n'avait aucune idée de ce qu'il devait faire.

Keziah finit par soupirer. Il n'y avait pas de recette magique dans ce genre de situation. Avec des gestes lents et précautionneux, il reposa délicatement sa plume et referma son grimoire avant de poser son avant-bras sur le dossier de sa chaise et de pivoter sur lui-même. Pendant une poignée de secondes, le temps sembla alors suspendre son cours. Après un an, deux mois et seize jours, elle était enfin là, aussi belle, aussi forte et fragile à la fois que dans son souvenir. Victoria.

_ Hi, gorgeous.

Le sourire qui vint ourler ses lèvres était emprunt d'une tendresse infinie. Il avait maigri, et les cernes soulignant ses yeux donnaient à son visage un air las qui lui avait été étranger par le passé. Malgré ça, Keziah n'avait pas beaucoup changé. Sa barbe et ses cheveux étaient soigneusement coupés, ses vêtements  propres et dans ses yeux luisait la même lueur malicieuse qu'autrefois.

_ Alors, comment s'est passée ton année ? Demanda-t-il sur un ton complètement détaché, comme s'ils s'étaient quittés la veille, avant de pouffer discrètement de rire et de se récrier : Je plaisante, je plaisante !

Prenant appui sur son genoux, le blondin se remit debout et avança doucement vers la sorcière jusqu'à ce qu'il ne soit plus qu'à un pas d'elle et qu'il doive baisser la tête pour continuer à la regarder dans les yeux. Ceux-là même dont il était tombé amoureux dès le premier jour, il y a bien des années de ça. Il sembla alors hésité un court instant. Un an, deux mois et seize jours ne put-il s'empêcher de repenser, et autant de raisons de garder ses distances. Mais il n'avait jamais pu, n'est-ce pas ? Il ne savait pas comment. Pas avec elle. Alors il la prit dans ses bras. Son étreinte se referma soudain autour d'elle et il l'emmena contre son torse.

_ Tu m'as tellement manqué...


Dernière édition par Keziah Campbell le Dim 3 Avr 2016 - 18:43, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Hold on to me [Victoria]   Hold on to me [Victoria] EmptyVen 1 Avr 2016 - 23:01

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Peut être qu'un jour, elle se souviendrait de cette journée dans ses moindres détails. Elle se souviendrait de ses sempiternelles récriminations envers Davius alors qu'elle parcourait la forêt pour rejoindre son repère suite à sa convocation. Elle se souviendrait aussi de s'être fait jurer de lui faire perdre cette mauvaise habitude qu'il semblait prendre de la convoquer, parce qu'il n'était absolument pas en position de le faire - et, le connaissant, il ne devait attendre que ça, qu'elle se rebelle un peu, le bougre. Elle se souviendrait même peut être du choc, de lui avoir hurler de s'expliquer, d'avoir tremblé, un peu, pleurer, peut être, avant de se calmer - et du temps bien trop long et affreusement court qui s'était écoulé. Elle se souviendrait même peut-être du visage du Loup que Davius avait envoyé cherché, qu'elle avait suivit dans les couloirs et du chemin emprunté. Et du grincement de la porte qui s'ouvre enfin. Et des battements de son coeurs si fort qu'ils en sont douloureux. Si forts qu'ils lui en donnent la nausée.

Peut être. Peut être qu'elle se souviendrait de tout cela. Un jour. Mais, pour l'heure, cela semble largement compromis vu qu'elle est bien incapable de se souvenir ne serait-ce que de son prénom. Parce qu'il est là. Parce qu'il lui tourne le dos encore quand elle entre sans même s'en rendre compte, mais quelle reconnaitrait ce dos et ces cheveux et cette posture n'importe où. Et parce que sa voix s'élève et quelle se demande une seconde comment elle n'a pas encore éclaté d'un rire hystérique. Comment elle a pu se passer si longtemps de ses piques et de ce ton presque amusé. De cette voix.

Est-ce qu'elle écoute seulement ? Elle n'en est même pas vraiment sûr, ou alors c'est lui qui ne parle peut-être plus la même langue. C'est seulement possible ? Qu'il soit là, en face d'elle puis plus proche, trop proche et que ses bras soient autour d'elle. Que ses bras soient autour d'elle, par Merlin, Morgane et autres sorciers légendaires !
C'est possible. C'est possible et elle le sent et elle le sait, et la petite, toute petite partie de son cerveau qui est encore consciente de ce qui l'entoure hurle pour qu'elle se réveille et que d'un coup elle l'entend. Et elle l'entend, lui, vraiment. Les mots qui semblaient dénués de sens affluent soudain à sa compréhension et elle ne sait si elle doit l'envoyer voir chez les Scrouts si elle y est ou rire ou pleurer. Alors elle se contente d'un "Idiot..." dans un hoquet douloureux qui semble être le seul son qu'elle puisse réellement émettre en cet instant. Et s'accompagne d'un coup de poing qui ne ferait pas de mal à une mouche. Et qui sert surtout de prétexte pour s'accrocher à lui, les doigts soudain serrés sur son haut comme si sa vie en dépendait.

Et c'est peut être un peu faux, ou peut être un peu vrai, elle ne sait pas. Mais c'est comme si d'un coup, toutes forces venait de la quitter, laissant ses jambes tremblantes et incapables de la porter alors qu'elle ne sait même pas comment elle a fait jusqu'alors pour avancer ou même tenir debout. Mais ce n'est pas grave. Ce n'est pas grave, parce que c'est Keziah. C'est Keziah et il ne la laissera pas tomber. Jamais ! Pas comme toi, ma belle...

Elle voudrait la faire taire, la petite voix de la culpabilité qui vient lui susurrer ces mots à l'oreille. Elle voudrait l'étouffer, la faire crever dans sa propre rage. Mais elle ne peut pas, elle ne peut pas, parce qu'elle sait, elle sait que c'est vrai et qu'elle a raison, et à la place de la faire taire ses entrailles se tordent et se tordent encore, jusqu'à faire des nœuds qu'elle n'est pas certaine de pouvoir défaire un jour. Et ça fait mal. Et ça fait si mal qu'elle se raccroche un peu plus. Qu'elle se tord un peu, contre lui. Un peu plus fort. Qu'elle sent le souffle se faire trop rare dans ses poumons.

Elle voudrait lui demander. Lui poser mille questions et savoir tout ce qu'il a fait pendant tout ce temps. Savoir où est Louise et pourquoi on l'a piégé. Savoir s'il va bien, bien sûr, surtout, en premier, et savoir les mille et une choses du quotidien qu'elle a manqué. Savoir s'il utilise toujours les mêmes lotions et s'il a toujours ses petites habitudes et... Et lui dire à quel point lui aussi, il lui a manqué.

Un instant, une seconde, elle se demande si elle va simplement pouvoir continuer à respirer. Une seconde, juste une seconde, le souffle se bloque totalement dans ses poumons et ses doigts se resserrent un peu plus fort sur le tissus qu'elle enferme entre ses poings.

Et ces mots. Ces mots qu'elle a cru ne jamais pouvoir lui dire. C'est mots qui râpent sa gorge et qui sont plus douloureux encore que son souffle erratique. "Je suis..." Et cette phrase qui ne se termine pas, parce qu'elle n'y arrive pas. Ce n'est pas grand chose, pourtant, trois petites syllabes, sept petites lettres, et des excuses qu'il mérite d'entendre, un pardon qu'il pourrait lui accorder... Mais est-ce qu'elle veut être réellement pardonné ? Pour avoir détruit sa vie, leur vie, peut être. Mais est-ce réellement plus important que le combat qu'elle mène depuis tous ces jours et tous ces mois et toutes ces semaines ?...

Une inspiration, plus forte que les autres. Pas de sanglots ou de cris. Juste lui et elle et son souffle trop puissant. Juste lui et elle et le silence. Juste lui et elle...
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MessageSujet: Re: Hold on to me [Victoria]   Hold on to me [Victoria] EmptySam 2 Avr 2016 - 15:40

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Le sourire qui fendit ses lèvres illumina son visage sans qu'il n'ait pu le retenir, sans qu'il n'ait eu aucune envie de le retenir, et son étreinte se resserra alors encore un peu plus autour du petit bout de femme blotti entre ses bras. Ils n'étaient pas réunis depuis deux minutes qu'elle le frappait déjà ! Et elle ne pouvait pas savoir, elle n'avait aucune idée, à quel point ce simple geste dénoua soudain le nœud qui lui comprimait la poitrine. Ce qu'elle avait pu lui manquer, par Merlin ! Pas seulement la femme ni l'amante, mais la meilleure amie aussi. Surtout. Il avait eu tellement peur de la perdre. Dans les heures les plus sombres, il avait cru ne plus jamais entendre le son de sa voix, ne plus jamais la toucher ou ne serait-ce que poser les yeux sur elle. Et aujourd'hui elle était là. Elle était bel et bien là. Ce n'était pas l'un de ses cauchemars. Il pouvait sentir la chaleur de son corps à travers la fabrique de ses vêtements, se glisser puis louvoyer sous sa peau avant d’aller se lover contre son cœur. Elle l'enveloppait de douceur, d'un bien-être irréel jurant sévèrement avec la violence des sentiments qu'il avait éprouvés ces derniers mois. C'était une sensation inouïe.

Keziah n'aurait pas su dire combien de temps ils restèrent comme cela, enlacés l'un à l'autre comme des noyés à leur bouée. Il aurait pu demeurer ainsi des jours durant, à savourer l'instant tant qu'il le pouvait. Il s'en fichait. Là, serré contre elle, il lui semblait que rien ne pouvait plus l'ébranler, qu'en fin de compte ce monde avait encore du sens malgré les horreurs dont il était devenu le théâtre. Juste lui et elle, oui. Rien d'autre ne comptait. Il avait levé une main pour caresser ses cheveux lorsqu'il l'avait senti se tordre entre ses bras et entendu sa respiration siffler. Il l'avait bercé doucement, comme il l'avait si souvent fait avec leur fille, avant d'enfouir son visage dans sa chevelure sombre et de humer profondément son parfum. Il savait à quoi elle pensait et ce qu'elle essayait de lui dire, mais il l'arrêta avant qu'elle ne s'y résigne. Ses mains glissèrent sur ses épaules et il la força à se reculer légèrement avant de les poser de part et d'autre de son visage.

_ Ne dis rien, s'il te plaît. Ne dis pas ça surtout.

Elle n'en avait pas besoin. Il comprenait. Lorsqu'elle avait disparu du jour au lendemain, il lui en avait tellement voulu, c'est vrai. Il s'était senti tellement perdu. Il était en colère qu'elle ait pu les abandonner, lui et Louise, au nom d'une Cause. Il avait toujours su que ce jour finirait par arriver cependant. Il connaissait Victoria, son abnégation de soi, son empathie et sa bonté. La pureté de ses sentiments était l'une des raisons pour lesquelles il était tombé follement amoureux d'elle. Comment aurait-il pu le renier et la dénigrer pour cela ? Alors elle n'avait pas intérêt à s'en excuser. Pas devant lui en tout cas.

Keziah lui sourit tendrement. Il réduisit les derniers centimètres qui les séparaient encore et vint poser un baiser sur son front, puis au coin de son œil, puis dans le creux de son cou. Quand il se redressa, il hésita une seconde. Son regard s'attarda sur ses lèvres, comme s'il craignait de franchir ce pas, mais il finit par venir y déposer doucement les siennes. Enfin. C'était un baiser délicat, si chaste. Quand il la sentit y répondre, un grondement de contentement roula dans sa gorge et ses mains se resserrèrent sur ses vêtements, au niveau de ses hanches. Il la ramena un peu plus contre lui, contre son envie d'elle qui commençait déjà à irradier son bas-ventre de chaleur.  Il ne se rappelait pas l'avoir jamais autant désirée qu'en cet instant, pourtant, lorsqu'il se rendit compte de ce qu'il était en train de faire, Keziah la repoussa brusquement, et sans un regard en arrière il se retrancha alors le plus loin d'elle possible. Il alla s'asseoir sur le bord de son lit-banquette, où il se passa la main sur le visage. Pauvre cinglé amoureux, pensa-t-il. Ce n'était pas le moment de perdre la tête ! Ils y avaient tellement de choses à dire avant même qu'ils ne considèrent la possibilité de pouvoir en retourner là. Et la première n'était pas des moindres...

_ Louise va bien. Contrairement à ce qu'a laissé sous-entendre la Gazette, je ne l'ai pas enterré six pieds sous terre quelque part dans une forêt obscure, réfuta-t-il avec le mordant d'une colère sourde parfaitement audible malgré ses efforts évidents pour garder un ton égal. Elle est en sécurité, même si tu ne vas probablement pas aimer ça...

Pour la première fois depuis qu'il s'était éloigné d'elle, il osa enfin relever les yeux vers son visage. L'expression qu'il y lu fut d'abord celle de l'incompréhension, un sourcil interrogateur l'invitant à aller plus loin, mais très vite elle comprit.

_ Louise fait partie de leur famille, leur sang. Ils mourront avant de permettre que qui que ce soit lui fasse du mal, je te le promets ! s'empressa alors d'ajouter Keziah avant que sa femme ne monte sur ses grands cheveux et ne lui reproche une quelconque inconscience. Je n'avais pas vraiment d'autre choix... Ce sont les seuls qui peuvent s'en charger maintenant.

Ni toi. Ni moi. Plus maintenant.
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MessageSujet: Re: Hold on to me [Victoria]   Hold on to me [Victoria] EmptyJeu 25 Aoû 2016 - 22:35

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Keziah sentit son cœur se serrer alors que l'indignation farouche faisant flamboyer le regard de sa femme se métamorphosa en un savant mélange de tristesse et de culpabilité. L'espace d'une seconde, elle avait pourtant semblé sur le point de s'insurger contre son manque évident de discernement. Il avait entendu l'inspiration soudaine qu'elle avait prise en ouvrant la bouche, mais les mots étaient restés bloqués au fond de sa gorge tandis que les siens la frappaient de plein fouet. Ils n'étaient plus ceux qui pouvaient veiller sur Louise dorénavant. Ils avaient fait la promesse silencieuse de la protéger envers et contre tout en la mettant au monde, mais ils n'avaient jamais pensé qu'ils auraient un jour à la protéger d'eux-même. Keziah s'en voulu de lui en avoir fait prendre conscience  aussi brusquement alors qu'il la regarda baisser les yeux et transférer maladroitement son poids d'une jambe sur l'autre. Il aurait préféré qu'elle lui hurle dessus, qu'elle le traite de sombre idiot ou traverse la pièce à grandes enjambés pour venir le gifler en plein visage même, pourquoi pas. N'importe quoi plutôt que ce silence gênant, lourd de leurs erreurs respectives, qui s'abattit entre eux.

Il n'avait jamais voulu lui faire de mal. Ou bien si ? Good. Your turn to chew on it. Une vague de panique le submergea soudain alors qu'il tentait de faire taire la petite voix dans sa tête lui susurrant qu'elle n'avait que ce qu'elle méritait. Qu'elle avait raison de se sentir coupable et de se sentir minable pour cela. Il pouvait être un tel salopard par moment. Même avec elle il ne pouvait pas s'en empêcher. Même maintenant. Keziah détourna alors le regard à son tour, la honte et le dégoût de soi se lisant aisément sur son visage. Ses yeux tombèrent vers le bout de ses chaussures et il déglutit avec difficulté en tentant de faire refluer le nœud qui lui comprimait la gorge. Pauvre, pauvre petit prince, si loin de chez lui, continue à garder tes sourires pour masquer tes grimaces. Tu ne sais vivre que dans la peur. Tu n'es qu'un lâche, tu es faible et, bientôt, tu détruira toi-même ce que tu as de plus beau. La voix caverneuse des Manzazuu roula entre les parois de son crâne. L'espace d'un  instant ce fut soudain comme s'il était de retour dans l'Outre-Monde et il sentit tous les muscles de son corps se raidirent. Ses paupières se crispèrent l'une contre l'autre, fort, seulement pour qu'il les rouvre brusquement la seconde d'après alors que le matelas s'affaissait à ses côtés et qu'une douce chaleur venait se poser sur son bras. Victoria. Pas déconcerté par le caractère inattendu de son geste mais presque, il regarda sa main glisser le long de la manche de sa chemise et se forcer un chemin entre ses doigts jusqu'à ce que les siens s'y entremêlent.

_ Hey. It's okay. We will figure something out. You did the right thing for the time being. Don't beat yourself up for it, souffla-t-elle doucement, d'une voix si tendre qu'il sentit ses larmes sur le point de poindre à nouveau aux coins de ses yeux.

Il serra sa main autour de la sienne. Il la serra si fort qu'il eut peur de lui faire mal l'espace d'un instant, mais quand il releva les yeux vers elle il ne vit que son sourire. C'était un sourire timide, un sourire si fragile que la moindre brise de vent aurait suffit à l'emporter, mais Keziah eut le souffle coupé par sa beauté. Le temps sembla alors suspendre son cours, leur regard plongeant l'un dans l'autre avec une rare intensité. La réalité présente les rattrapa malheureusement plus vite qu'ils ne l'auraient voulu et le cocon qu'ils étaient parvenus à tisser autour d'eux se délita rapidement lorsque Victoria pencha la tête sur le côté, son sourire glissant de ses lèvres alors qu'une ombre venait ternir l'éclat de ses yeux verts.

_ I know you don't want me to say it but... I need to. I'm sorry. I'm sorry that I left you and Louise the way I did. I couldn't take it anymore. I couldn't stand by and do nothing while they were spreading so much pain and misery. I needed to do something. Anything. I didn't think about it. I... I was stupid and reckless and I'm so sorry for that. I'm sorry I hurt you. It was never what I intended to do.
_ Don't...

Don't what ? Keziah se raidit et soupira brusquement, la frustration et la colère qu'il avait éprouvé ces derniers mois se ruant à travers ses veines comme si l'on venait à nouveau de lui apprendre que sa femme l'avait abandonné pour aller défendre la cause perdue des Insurgés. Il savait pourquoi elle avait fait ce qu'elle avait fait. Il n'avait pas besoin de l'entendre dire. Il ne voulait pas l'entendre, et tant pis si elle avait besoin de ça pour apaiser ses états d'âme. Il s'en fichait éperdument. Keziah se releva alors brutalement. Pour le seconde fois depuis que Victoria avait mis les pieds dans la pièce, il chercha à mettre le plus de distance possible entre elle et lui. Il se passa la main sur le visage et commença à arpenter le bunker nerveusement.

_ Did you speak to Davius ?

Il avait parlé sans oser la regarder. C'était injuste de sa part, il en avait conscience, mais il était trop lâche pour agir différemment. Il n'était pas sûr de pouvoir supporter l'expression à la fois blessée et désemparée de son visage suite à la réaction qu'il venait d'avoir. Du coin de l'œil, il l'aperçut pourtant baisser la tête et il dut tendre l'oreille pour entendre sa réponse.

_ Yes...
_ Good. Then what are you playing at ? lâcha-t-il froidement en se plantant enfin sur ses jambes.
_ I beg your pardon ?
_ Please, don't. You've done enough of that sorry attitude. Spare me. I said : what are you playing at ? I heard you're hanging with the Daring ones now ? Seriously ? Like that's gonna achieve anything ! At least I thought you were with Davius all this time, doing what it takes to bring You-Know-Who down, but instead I learn that you've been playing around with a bunch of kids ? That's ridiculous. I thought you were a fighter but I guess your courage stops at leaving your family behind.

Il avait fini par se retourner pour pouvoir lui faire face. Son cœur avait bien failli cessé de battre en la voyant si abasourdie face à son attitude, mais il n'arriva pas à s'arrêter. Il aurait voulu pouvoir s'arracher lui-même la langue avec les dents, mais c'était sans fin. Plus il en disait et plus il lui en venait. Fait-moi taire, s’il te plaît. Je sais que ces trois mots je ne les prononcerai jamais, mais est-ce que tu ne pourrais pas les lire au fond de mon regard ? Derrière toute cette colère, toute cette noirceur et toute cette rancœur dont je ne sais plus quoi faire… Keziah n'aurait pas su dire si elle avait fini par entendre sa supplique silencieuse, mais un étrange sentiment de soulagement l'envahit en voyant le regard choqué de Victoria prendre soudain une lueur féroce.

_ You pompous son of a bitch. How dare you ? explosa-t-elle en se levant à son tour. You're the one to speak ! You're just a damn coward yourself, but you're even worse than the lot of us ! You're so twisted up in your own dishonesty you have no idea how to act like a decent human being ! No idea ! Is that what you have wanted me to say since I've walked in ? Fine ! 'Cause maybe then you'll stop feeling sorry for your pity ass. Or did you really think I was that stupid ?

Sa voix se brisa tout d'un coup et elle fut incapable de retenir plus longtemps les larmes baignant ses grands yeux verts. Elles dégringolèrent le long de ses joues tandis que ses mains vinrent agripper le veston de son costume trois pièces.

_ Don't do that. Please. Don't push me away because you think you're unworthy. I know what you did. Davius told me, yes. I'm not saying it doesn't matter or that I don't care, but... I love you. It's always been you Keziah, and always will.

Keziah prit une grande inspiration saccadée comme Victoria s'accrochait encore un peu plus fermement à lui. L'émotion qu'il ressentait en cet instant était telle qu'il ne pouvait s'empêcher de trembler de tout son être. Elle avait tort. Il n'avait jamais mérité l'amour inconditionnel qu'elle lui portait. Que ce soit aujourd'hui ou il y a vingt ans de cela, il aurait du avoir le courage ou l'abnégation de se tenir à distance. Peut-être qu'alors elle aurait fini par tourner la page et par trouver un homme qui aurait pu la combler plus qu'il n'en serait jamais capable. Mais il n'avait jamais pu. Il était tombé amoureux d'elle comme on tombe d'une chaise, comme ça, d'un coup d'un seul, et son égoïsme ne lui apparu jamais aussi clairement que lorsque ses bras se refermèrent autour d'elle et qu'il la serra contre lui.

_ Davius is our best chance. You know I won't be able to stay beside him, right ? Not after... everything. But I need you to. You're the only one who can remember him the man he used to be, and only then will he be able to defeat the Dark Lord.
_ Hush. We'll talk about that later. Just shut up and kiss me now.

Qui était-il pour lui refuser une chose pareille ? Un grognement appréciateur, lourd de désir, lui échappa alors tandis que ses mains glissaient déjà sous son t-shirt.
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