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sujet; Ce chemin que l'on emprunte à deux

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Il regarda les yeux de sa bien aimée s'emplir de larmes, mais il ne s'interrompit pas dans son discours malgré son envie de la serrer dans ses bras pour se consoler. Il avait imaginé qu'elle pourrait fondre en larmes pendant sa demande et s'y était préparé pour ne pas être tenté de s'arrêter. Il alla jusqu'au bout et lorsqu'il fut enfin arrivé à terme de son discours, il posa son genou à terre pour demander sa main de la manière la plus classique et traditionnelle qui soit. Il venait de mettre son cœur à nu devant elle, désormais il n'attendait qu'une chose, une réponse, un geste qui éclairerait sa vie ou le forcerait à se reconstruire en l'effaçant de l'équation.

La réponse mit du temps à arriver. Une éternité même, comme si chaque seconde était devenu une minute, comme si chaque minute était devenue une heure. Il resta là, figé dans l'attente douloureuse de la réponse à la question la plus importante qu'il ai posé à quelqu'un. Elle ne semblait pas en état de parler, aussi pour abréger ses souffrances sans doute visible, elle leva la main gauche comme pour le laisser lui passer cette bague. Cependant, avant qu'il n'aie pu esquisser un geste, sa réponse orale tant attendu survint et elle lui saisit la main avant de s'étaler sur lui. C'était un oui, un oui détonnant, un oui physique, un oui qui en cachait des milliers d'autres derrière.

La bague coincée entre leur deux mains, entre leur deux corps, Caleb resta étendu par terre et répéta, interrogatif.

-Oui ?

Un grand sourire éclairait ses lèvres désormais lorsqu'elle répéta ce mot, qu'elle l'étira en une phrase qui était la preuve même de son acceptation pleine et entière de la personne qu'il était. Même son second prénom, si détesté, si dégradant à ses yeux, sonnait comme la confirmation que c'était bien lui qu'elle voulait, qu'elle le choisissait lui parmi tant d'autres, qu'elle voulait partager sa vie peu importe les épreuves que celle-ci leur apporterait, peu importe les obstacles qu'ils devraient franchir.

Alors, tandis que Gwen gisait toujours dans ses bras, les larmes coulant sur son torse, Caleb éclata de rire et la serra contre lui de son bras libre. Il ne riait pas à une plaisanterie, ni à quoi que ce soit d'amusant. Il riait du pur bonheur qui le traversait à l'idée d'avoir pour épouse une femme qu'il aurait choisi de lui même et qui l'acceptait quoi qu'il en coûtait. Il remonta sa main libre dans les cheveux de Gwen et en inspira le parfum, pas du tout dérangé à l'idée d'être allongé dans l'herbe humide pour le moment. Il avait rarement été aussi heureux dans sa vie, ou en tout cas, rarement aussi entièrement et pleinement. Il se redressa tant bien que mal mais garda Gwen contre lui avant de libérer la bague de sa main et de la lui tendre. Une fois qu'elle eu placé la sienne correctement, Caleb enfila la bague à son annulaire, ravi de constater que la bague lui allait parfaitement.

Enfin ils étaient fiancés. Enfin leur relation prenait officiellement les voies du mariage. Ils avaient beau ne pas encore avoir passé la longue cérémonie de fiançailles traditionnelle des sang-pur, Caleb sentait qu'ils étaient enfin en train de s'engager sur ce chemin que l'on emprunte à deux, qui leur promettait non seulement une vie pleine de bonheur, mais aussi qui contribuerait à transmettre la pureté de leur sang à la postérité.

-Gwen Selwyn, tu trouves que ça sonne bien ? Demanda-t-il alors.

Il la laissa admirer la bague, puis il ne pu se retenir plus longtemps et lui prit le menton pour l'embrasser à nouveau, la renversant à nouveau sous l'enthousiasme qu'il mit dans ce baiser bien vite approfondi. En vérité il aurait bien poussé le vice plus loin s'ils avaient été à l'abri des regards, dans sa chambre. Lui demander sa main à l'extérieur lui apparu soudainement comme idée dénuée de tout bon sens.
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Le pauvre, je ne cesse de vouloir aller plus vite, lui faire comprendre d’une manière ou d’une autre que la réponse est positive. Bien sûr qu’elle l’est. Elle l’est depuis le jour ou Rabastan m’en a parlé, depuis l’instant ou je l’ai confirmé à Caleb lorsqu’il est venu se faire soigner à Sainte Mangouste. Comment diable peut-il imaginer une seule seconde que mes sentiments aient pu changer entre temps ? Je ne voulais pas faire marche arrière malgré tout ce que l’officialisation de notre relation avait entrainé. Alors oui, bien sûr que c’était oui. J’aurai pu le hurler, le chanter, le danser mais mon corps refusait obstinément de m’obéir, ma main tremblante, incapable de passer une bague, mes lèvres si sèches qu’elles étaient scellées l’une contre l’autre. Mon cœur avait eu le temps de cesser de battre puis de repartir de plus belle, le temps s’était soudainement allongé comme pour mieux me montrer mes faiblesses. Pourquoi hésiter ? Pourquoi alors qu’il est devant moi, comme le prince charmant des contes de fée, un genoux à terre me tendant une bague magnifique. C’est sans doute la peur qui m’a retenue quelque secondes, la peur de dire oui et de voir tout disparaitre, de le voir partir en fumée. Comme toucher du bout du doigt un rêve qui s’envole aussitôt. Mais Caleb n’est pas un rêve et sa demande est bien réelle. Alors ce tout petit mot fini par quitter mes lèvres et mon corps bascule vers le sien comme pour faire taire à jamais cette crainte idiote. Il ri et un sourire s’étale sur mes lèvres. J’aime l’entendre rire, mes yeux fermés, mon visage reposant sur son torse, je l’entends rire, je l’entends respirer, son angoisse vient de s’enfuir avec la mienne. Il ri et je l’aime encore plus, chose que je pensais impossible. Il ri et j’aimerai que cet instant ne s’arrêtent jamais. Je sens sa main dans mes cheveux et sa respiration s’apaise, la mienne se calque doucement sur ce rythme régulier et je tente de faire cesser les larmes. Je ne suis plus une petite fille, plus une enfant qu’il doit sans cesse consoler. Pourtant je suis parfaitement consciente que je ne suis jamais mieux que dans ses bras. Il se redresse, s’assoit et mon corps suit le mouvement. J’essuie mes joues, ne me rendant pas une seconde que je viens d’apposer sur l’une d’elle une trace de terre semblable à une marque sioux. Je maîtrise mieux ma main, assez pour enfin passer l’anneau. La bague est ancienne et elle s’adapte rapidement à mon doigt. Elle est magnifique… Je ne pouvais détacher mes yeux d’elle et de sa symbolique. Nulle doute qu’il s’agisse d’un bijou de famille que son père avait dû lui donner, acceptant par ce « cadeau » notre union. Un sourire un peu béat ne quitte pas mes lèvres alors qu’il me pose une question qui paraitrait simple à n’importe qui. Il ne se rend pas compte de sa signification pour moi. Il aurait dit Cedrella Selwyn mes dents auraient grincés mais non, il avait eu la parfaite idée de m’appeler Gwen. Ni Jeanne, nom de ma naissance, ni Cedrella le nom d’une défunte. Non, juste Gwen… Gwen Selwyn, juste moi. J’allais changer de nom pour la troisième fois de ma vie. Une exception faite femme. Gwen Selwyn… c’est juste parfait. Je ne reniais en aucun cas ni ma famille de sang ni celle auprès de qui j’avais grandi. Gwen appartenait aux Lestrange autant qu’à moi. Gwen c’était la demoiselle qui tentait de s’épanouir même dans l’ombre d’un passé sanglant et d’un avenir incertain. Gwen était la sœur d’Arsenius et Aramis, la fille de Rabastan, la fiancée de Caleb. Gwen, c’était moi, juste moi et à mes yeux c’était beaucoup, l’essentiel même. Il relève mon visage, pose sa main sur mon menton et dépose ses lèvres sur les miennes. Cette fois-ci c’est à moi de me retrouver dos contre le sol mais qu’importe. Le froid de l’hiver ne traverse pas la carapace qui nous entoure et mes mains trouvent tout naturellement le chemin de sa nuque, de ses cheveux alors que j’exprime par ce baiser fougueux tout l’amour que j’ai pour lui. Les secondes passent, les minutes s’égrainent alors que nous laissons l’amour nous transporter, découvrir la douceur d’un baiser, la tendresse d’une langue, la fureur d’une morsure comme pour mieux posséder l’autre. Et quand l’air vient à manquer je plonge mon regard dans le sien, me noie littéralement dans des larmes de bonheur qui n’ont de cesse de couler malgré moi. Et mes cheveux à moitié défaits qui trempent dans l’herbe ne parviennent même pas à refroidir mes ardeurs, j’en veux toujours plus, gourmande, insatiable, j’en redemande, je le bouscule, obtient qu’il retrouve à son tour le sol alors que je prends de nouveau possession de ses lèvres avec avidité. Oui, à un moment donné mon cœur laissera filtrer un murmure provenant de mon cerveau, un souffle me disant que nous sommes dans un jardin, que, potentiellement, quelqu’un nous observe. Mais pas maintenant. Pas tout de suite.
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Le baiser se prolongea autant de temps qu'ils le pouvaient humainement et lorsqu'il cessa, Caleb maudit leurs poumons d'avoir besoin d'autant d'oxygène. Il aurait voulu faire durer cet échange encore et encore, profiter de la douceur de ses lèvres et lui faire oublier ses larmes. Car elle pleurait encore lorsqu'ils cessèrent et Caleb essuya délicatement ses joues du bout des doigts. Il pouvait accepter des larmes de bonheur, surtout si elles venaient avec un sourire, mais il ne voulait pas qu'elles s'attardent.

Puis, le surprenant, elle le renversa et prit sa place au dessus pour l'embrasser, allongés dans l'herbe comme ils l'étaient. Sans hésitation, il répondit à son baiser et l'encercla de ses bras pour la serrer contre lui. Il voulait devenir le piège dont elle ne pourrait plus s'échapper, celui dont elle ne voudrait pas s'échapper. Pour autant qu'il puisse en juger, c'était d'ailleurs déjà le cas. Il ne sentait plus le froid du mois de mars, ni le mordant de l'herbe mouillée dans ses cheveux, seulement les lèvres brûlante de sa fiancée sur les siennes, seulement son corps enfiévré contre le sien. L'envie se réveilla d'un seul coup en lui, comme si ce moment d'intense tension, de bonheur et de tendresse avait été la digue qui retenait un désir sous-jacent qui s'était ensuite répandu en rugissant dans son corps dès la première stimulation de sa Gwen.

Sa Gwen. Elle était à lui désormais. Elle lui appartenait, elle l'avait accepté. Peut-être l'avait-il toujours voulu. Ou peut-être que l'euphorie du moment lui faisait revoir ses souvenirs sous un jour nouveau. Il n'en savait rien, il s'en fichait. Il savait juste ce qu'il voulait présentement, et c'était elle, sans contestation, sans possibilité de marchander, sans « mais ». Elle et lui et c'était tout. Dans leur baiser, Caleb réussit à laisser échapper un gémissement, comme une plainte dont il profita pour lui glisser quelques mots.

-Gwen, je t'en prie, je ne veux plus attendre, il faut... la chambre.

Pas dans le jardin. Il était prêt à transplaner directement devant la Bran Tower si elle le lui demandait. Prêt à lui faire l'amour dans l'ascenseur, puis dans sa chambre à nouveau. Il la repoussa alors pour pouvoir se redresser et se relever en l'attirant avec lui. Il en avait la tête qui lui tournait, il n'était pas à habitué à ressentir autant de choses en même temps, ou plutôt, pas ce genre de choses. Il l'embrassa à nouveau avec passion, puis la prit par la main pour la ramener vers l'intérieur, se concentrant de toutes ses forces sur le trajet pour ne pas abandonner en route et simplement se jeter sur elle sur le chemin. Une fois à l'intérieur, il jeta sa cape sur le porte manteau et attendit que Gwen en fasse de même avant de reprendre sa main pour courir jusque dans sa chambre avec elle à sa suite, ne pouvant s'empêcher de rire sur le chemin. Encore une fois, il n'y avait rien de drôle, simplement du bonheur à l'état pur, presque enfantin, jusqu'à ce qu'il ferme la porte derrière eux et lance un sort pour que ce qui se passe à l'intérieur reste uniquement entre eux.

Alors seulement il l'attira à lui de nouveau pour l'embrasser avec plus de passion que jamais, bien décidé à fêter sa réponse positive à sa demande en mariage. Pour l'instant il se fichait pas mal des énormes cérémonies qui auraient lieu dans l'avenir. Pour ce qui le concernait, il était déjà fiancé avec elle. Il était à elle et il comptait bien le lui prouver en se donnant entièrement.

-Aucun homme ne t'aimera jamais plus que moi, Gwen, murmura-t-il entre deux baisers.

C'était prétentieux, mais il le pensait jusqu'au plus profond de son être. Il ferait sans doute tout pour elle, pour Gwen, pour la futur Selwyn qu'elle était. Il était intimement persuadé d'être le seul qui pourrait lui convenir. Qui lui convenait depuis le début sans qu'elle ne s'en soit rendu compte. Quant à lui, n'était-il pas celui qui n'avait jamais abandonné ?
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C’est vrai, je l’aime, sincèrement, mais j’ai toujours cette impression tenace, vissée au cœur de ne pas savoir le lui dire correctement, de ne jamais faire assez bien, assez tout court. La confiance en soi n’a rien d’inné, elle s’instaure avec la confiance des parents, la prise de responsabilité et j’en ai été privé trop tôt. L’excuse est facile, mais j’ai toujours eu besoin de stabilité, de sentiments exprimés, tout le contraire de ce que je sais faire. Comment faire quand les mots ne suffisent pas et que vos gestes sont timides, gauches, maladroits et inappropriés ? C’est ainsi que je me vois, que j’ai l’impression d’agir avec lui, tout le temps. De ne pas être assez ou d’être trop et de craindre sans cesse qu’il ne finisse par en avoir assez de mes hésitations, de mes progrès et mes régressions. Peur de le perdre, lui aussi. Il parvient à faire mouche dans le moindre de ses geste, dans chacune de ses paroles, certains pourront dire que c’est son travail, qu’il a toujours été doué pour discourir, pour tromper son monde, mentir mais c’est bien différent. Ils ne savent pas. Ce que j’aime c’est son regard parfois lointain, parfois perdu lorsqu’il observe Londres du haut de sa tour et que son esprit vagabonde vers un avenir incertain. Ou celui qu’il pose sur moi, qu’importe le moment de la journée avec la promesse silencieuse d’un nous. C’est son rire qui secoue son torse lorsqu’il est lui-même, simplement Caleb, simplement heureux. C’est ses mimiques presque imperceptibles lorsqu’il fait mine que tout est normal alors qu’il y a eu une catastrophe ou autre chose et qu’il ne veut pas m’inquiéter. C’est ses yeux encore endormi avant qu’une tasse de thé bien chaude ne caresse ses lèvres. C’est sa façon de respirer, de grogner la nuit quand dans un mouvement une mèche de mes cheveux lui arrive sur le visage. Ce sont ses lèvres brulantes qui parcourent ma peau. C’est mon prénom soufflé dans un râle de plaisir lorsque nous nous consumons. Ce que j’aime chez lui c’est un tout, de sa façon de tenir sa plume à celle qu’il a de porter des costumes un peu désuet ou de batailler avec un chaton, c’est simplement lui que j’aime. Lui, dans tous ses états. Et c’est ce sentiment que j’essaie de transmettre au travers de mes lèvres, dans mes baisers fiévreux. Alors quand l’oxygène vient à manquer je ne peux détacher mon regard de ses yeux, je ne parviens pas à m’éloigner assez pour reprendre un souffle normal, une respiration régulière. Parce que mon cœur, mon corps, tout mon être réclame le sien, sa peau, son souffle chaud qui m’électrise. Il a cet étrange pouvoir sur moi, d’en vouloir plus, toujours plus. Le simple fait qu’il effleure mes joues du bout de ses doigts me fait vaciller, je ferme les yeux, mords ma lèvre inférieur comme s’il m’incitait à oublier toutes les convenances qu’on avait pu m’enseigner durant toute mon enfance. Et ce n’est qu’à ses quelques paroles soufflées que l’environnement extérieur m’apparut soudain comme une évidence, nous étions tout simplement en train de nous rouler dans l’herbe tel des animaux incapable de se retenir et pire encore j’avais plus que participer à ce spectacle, je l’avais poussé au sol, à deux reprises. J’hochais simplement la tête pour confirmer ses désirs qui étaient semblables aux miens. Une chambre… un lit… peu importe que cela soit conventionnel ou pas, je n’avais plus qu’une idée en tête, plus aucune envie de réfléchir au pourquoi du comment, juste ce besoin d’être pleinement à lui, de ne former qu’une seule entité. C’est sans doute la raison pour laquelle je comprends qu’il faille que nous quittions ce parc, cette herbe fraiche et ce sans esquisser la moindre moue boudeuse même si l’envie est grande. Quitter ses bras n’a jamais été une partie de plaisir, surtout pas à ce moment précis. Le chemin menant des jardins au manoir semble me durer une éternité, mais il fallait voir le bon côté des choses, j’avais utilisé ce temps pour tenter de redonner à mes cheveux un aspect moins… enfin plus… Bref j’avais du mal à retirer tous les brins d’herbes de ma chevelure maintenant relâchée aussi j’espérais sincèrement que nous ne croiserions personne en chemin. Une fois les capes ôtées nous courions vers sa chambre, laissant nos rires résonnés dans les couloirs. J’avais déjà retiré (envoyer valser serait plus exact) mes chaussures que nous retrouvions le gout de nos lèvres respectives. Sur la pointe des pieds je l’embrassais mais mes mains, elles, étaient affairé à lui ôter sa veste, chaque bouton était un calvaire tant et si bien que si la première couche fut ôté correctement puis jeté au sol la seconde, elle, n’eut pas cette chance. Dans le feu de l’action, dans la précipitation, l’envie qui m’étouffais j’avais tout simplement tiré sur les deux pans de la chemise et les boutons avaient sauté un à un, parfois arraché, parfois non. Je ne m’excuserais pas. Je me fichais éperdument de ce morceau de tissus, ainsi que de l’image bien moins douce que mon geste venait de donner. J’avais juste un besoin irrépressible de sentir sa peau sous mes doigts, sous mes lèvres. Je me collais à lui tout en reculant en direction de son lit, trop parfait, fait trop au carré et qui serait la scène parfaite de nos ébats si et seulement si nous y parvenions. Pour toujours et à jamais… ensemble.  La voix un peu rauque, le manque de souffle évident alors que je parviens à répondre à ses quelques mots qui ne font qu’ajouter à mon envie grandissante. Et mes mains qui tentent de retirer sa ceinture alors que déjà mes lèvres s’égarent dans son cou, mes dents qui le marquent légèrement comme pour exprimer ma faim, mon besoin de me repaitre de sa personne comme du meilleur plat qui m’ait été donné d’avoir. Avais-je l’impression de mener la danse ? D’être celle qui ne pouvait plus attendre ? C’était possible mais cela ne semblait pas déplaire à Caleb… Ou alors mettons ça sur le compte de la nouveauté, peut-être était-ce cette bague qui avait quelques effets sur ma personne… déclenchant une envie insoutenable presque bestiale qui m’obligeait à l’avoir immédiatement, entièrement. En voilà une bonne excuse. Quand l’amour fait naître en vous une facette que vous ignoriez vous-même vous n’avez plus qu’à… profiter.
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Jamais Caleb n'avait vu Gwen aussi directe et sauvage avec lui. La passion avait remplacé la retenue qu'elle affichait et la timidité dont elle faisait preuve en tout instant sur certains sujets malgré le temps que durait leur relation. Sa veste lui fut confisquée précipitamment et sa chemise, arrachée sans le moindre scrupule. Comme s'il s'en inquiétait, il en avait des dizaines, des chemises. Non, Caleb était tout entier dévoué à répondre à la passion de Gwen sans s'embarrasser de détails. Il ne pesta même pas contre la robe qu'elle portait, comme toujours lacée dans tous les sens, le mettant au défi d'obtenir l'objet de sa convoitise. Un coup de baguette magique et s'en fut fini, le tissu glissa sur le sol avec un peu d'aide juste avant que Gwen ne commence à s'attaquer à sa ceinture.

La sauvagerie de sa compagne aurait pu lui donner envie de rire s'il n'avait pas autant eu envie d'elle. Il semblerait qu'à la longue il ait enfin réussi à la dévergonder, comme si cette demande en mariage et cette bague avait achevé de briser les digues de contenance que Gwen affichait habituellement. Il aimait cette nouvelle Gwen, il aimait toutes les Gwen qu'elle pouvait être, c'était la seule condition à laquelle il avait voulu l'épouser et elle la remplissait parfaitement. Il n'y avait plus qu'à prier pour que personne ne vienne les interrompre, qu'ils puissent profiter de leur première fois en tant que fiancés officieux avec toute la passion qu'il le désirait.

Quelque part, Merlin entendit ses prières et rien ni personne ne vint les déranger jusqu'à ce qu'ils ne s'effondre tous les deux, pantelant, dans son lit désormais défait pour la meilleure des causes. Jamais il n'avait vu Gwen ainsi. Depuis qu'ils sortaient ensemble, elle avait toujours su lui montrer qu'elle le voulait, qu'elle l'aimait plus que tout, plus que n'importe qui d'autre. Cependant jamais elle n'avait mis autant d'énergie à le convaincre. Cette pensée le fit rire, au milieu d'une tentative pour reprendre son souffle et il se tourna vers elle.

-Je devrais te demander en mariage tous les jours, murmura-t-il.

Les sorts étant toujours actifs, il aurait pu se permettre de parler à voix haute, mais le silence qui s'était installé depuis la fin de leurs ébats lui semblait étrangement trop fragile et trop précieux pour qu'il ne le brise d'un coup en s'exprimant trop fort. Un chuchotement lui semblait mieux convenir à l'atmosphère tranquille et feutrée qui régnait désormais dans la pièce. Il n'avait aucune envie de se relever, pourtant il savait que ça n'était ni le lieu ni le moment de rester traîner nu dans son lit. Il s'étonnait déjà qu'on ne les ai pas fait chercher par l'elfe de maison familial.

Un profond soupir lui échappa et il s'arracha aux bras de sa fiancée pour retrouver ses habits et sa contenance. Tous les retrouver ne fut pas une partie de plaisir, il lui semblait que la moitié des choses dont il avait besoin avait décidé de se cacher dans les recoins de sa chambre les plus incongrus, témoins de la tempête Gwen qui était passée par ici. Il sourit en posant les yeux sur certains de ses bibelots en songeant qu'il n'aurait jamais imaginé faire l'amour à une femme dans cette chambre.

-Tu sais, j'étais en train de me dire que j'avais un bon instinct, lança-t-il soudainement. J'ai toujours su que tu deviendrais une femme superbe.

Que leur famille ait voulu leur union aurait pu paraître logique pour d'autres, aucun d'eux n'était l'aîné de sa fratrie et de plus ils avaient presque grandi ensemble. Cependant Caleb n'avait jamais soupçonné que la chose se ferait réellement un jour à cause de la mésentente qui régnait entre leurs pères. Caleb aimait voir ça comme un geste de réconciliation, cependant il y avait plus de chance que l'accord ne fut donné que parce que les enfants le voulaient, sans considération pour ce que pensait leurs aînés. Il ramassa sa chemise avec un grognement neutre.

-Je vais devoir faire attention à ma garde robe on dirait...

Comme s'il avait fait preuve de plus de douceur avec la robe de Gwen. Un coup de baguette magique pourrait remettre les boutons en place à condition de retrouver ceux qui avaient sauté, quoi qu'il arrive.

-Ne prend pas ça comme un reproche, cette chemise n'a que peu d'importance comparé à ce que toi tu m'as offert...

Il lui adressa un sourire taquin accompagné d'un clin d’œil pour souligner la véracité de ses propos. Elle avait pu se rendre elle-même compte de l'enthousiasme avec lequel il répondait à ses désirs, épousant les siens, mais une confirmation orale intelligible était toujours bien reçue, de manière générale.
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Etrange impression que de se découvrir soi-même, se surprendre soi-même, par des gestes, des sons, des baisers, des mouvements… J’ignorais s’il s’agissait d’un enchantement lié à cette bague que je portais à présent au doigt ou simplement à ce qu’elle représentait mais j’avais ardemment désiré n’appartenir qu’à lui et le lui avait prouvé d’une façon qui me surprenait moi-même. Mais il n‘était pas déplaisant de le faire dans ces conditions, sans penser à quoi que ce soit d’autre qu’à nous. Simplement ensemble, simplement heureux. Il était rare que je m’abandonne de la sorte, que j’oublie mes démons, mes travers, mes mensonges mais je me sentais entière entre ses bras, je me sentais belle sous ses baisers, désirable dans ses étreintes et je ne m’en étais pas privé. Alors, là, tentant de reprendre une respiration normale, j’observais le plafond un doux sourire aux lèvres alors que mes doigts traçaient d’étranges symboles sur le dos de la main de Caleb, j’étais juste… bien. Son commentaire m’amuse autant qu’il me gêne, je sais que j’ai laissé mes instincts et mon cœur agir, je sais que je suis allée contre moi, contre cette jeune femme sans doute un peu coincée et peu sûre d’elle qui a peur de mal faire, d’en faire trop ou pas assez. Etais-je cette fois dans le trop ? La marque sur sa clavicule tendait à confirmer mes craintes et mes joues s’empourprent de façon incontrôlable. Je..euh… je… Voilà ça c’est de l’éloquence, ça c’est un monologue qui vont se pesant de patacitrouilles ! Bredouille encore et il va croire que t’as avalé un truc de travers Pauvre fille… jesuisdésolée… Voilà ce que je fini par murmurer avec une rapidité inutile, il a compris et il va se moquer. Parce que le manque de confiance me bouffe la vie, qu’il use mon cœur, ronge mon être petit à petit et qu’une fois encore j’ai l’impression d’avoir trébuché. Je sais pourtant que les paroles de Caleb étaient emplis d’humour, j’ai ressenti tout l’amour et la passion qu’il m’a lui aussi transmise et pourtant. Pourtant je suis incapable de croire que j’ai pu juste agir de la bonne façon au bon moment, incapable de voir que j’ai pu simplement faire, dire ce qu’il fallait. Faire le bien, ça n’est pas pour moi. Alors, pour me faire pardonner de mes hésitations mes lèvres se posent dans son cou avant que le bout de mon nez le caresse et que j’enfouisse mon visage contre sa peau. Rester juste là encore quelques minutes qui se transforment en seconde alors qu’il soupire et s’écarte de moi. Je grimace, frissonne et attrape le drap que je remonte contre moi le froid venant soudainement engourdir tout mon corps. Je me redressais posant mon dos contre la tête de lit, cachant ma nudité avec le drap. Je l’observais partir à la recherche de ses vêtements, amusée de découvrir qu’il y en avait partout. J’haussais les sourcils, surprise de ses paroles. Ah bon ? Tu envisageais le joli cygne sous le plumage du vilain petit canard ? Je n’étais pas la plus repoussante des demoiselles, d’accord mais il y avait beaucoup, beaucoup de jeune femme plus jolie, aux formes plus généreuses, à la peau parfaite, au regard pétillant…. Etc. le compliment était néanmoins fort agréable à entendre et mon sourire le lui prouvait. Je lui offre une petite mou concernant ses vêtement et glisse un je t’en rachèterai une…   avant qu’il n’ait eu le temps de préciser qu’au contraire il avait apprécié mon… « Enthousiasme ». Je remonte le drap jusqu’à mon menton et souffle amusée. Je refuse de bouger… Enfant capricieuse, je peux devenir cette petite princesse que tout le monde s’imagine, c’est après tout l’image que je véhicule depuis de longues années… il va falloir me déloger de ce lit fort confortable, monsieur mon futur époux. Je l’invite à jouer encore un peu, encore quelques minutes, encore un instant juste à nous. Mon regard pétille de malice et mon sourire, même camouflé par ce drap se lit sur mon visage. Mais alors que tout allait bien la surprise fut totale et trois coups furent frappés à la porte de la chambre. Je sursautais et chutais de la hauteur du lit m’empêtrant dans le drap qui m’avait suivi dans la chute. Par Merlin la situation était complétement ridicule et j’imaginais déjà la tête de la mère de Caleb si elle entrait immédiatement dans cette chambre. Je n’avais plus qu’à creuser un trou dans le parquet et m’y enterrer!
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Caleb avait remis la main sur chacun de ses effets et s'appliquait à les défroisser d'un coup de baguette. Il se souciait surtout de la désapprobation de ses parents s'ils le croisaient au sortir de sa chambre avec ses habits tout froissés et sa fiancée décoiffée. Malheureusement, il ne pouvait pas grand chose pour ce deuxième point. Il fit un sourire rayonnant à Gwen en enfilant son caleçon.

-Quel vilain petit canard ? J'avais sous les yeux une fleur qui n'a fait que s'épanouir avec le temps, déclara-t-il.

Il avait énoncé cette phrase en articulant chaque mot comme s'il pouvait en décupler la valeur de cette façon. Caleb avait l'impression que ses mots avaient du mal à atteindre correctement Gwen depuis le début de leur relation. Sans doute avait-elle des difficultés à prendre au sérieux tout ce qu'il lui disait et il ne pouvait pas lui en vouloir, sa réputation de beau parleur n'était plus à faire. Cependant il s'évertuait à lui prouver par les gestes également que ses mots n'étaient pas que des paroles en l'air, qu'il pensait chaque compliment qu'il lui faisait, chaque déclaration et chaque « je t'aime » sans condition.

Elle remonta la couverture plus haut sur sa personne après une moue adorable qui réveilla les papillons endormis dans son ventre, puis déclara qu'elle ne voulait pas bouger de son lit. Caleb termina d'enfiler son pantalon sans la quitter des yeux et son sourire s'élargit. Il allait devoir la déloger, vraiment ? À peine avait-il bondi sur le lit pour jouer avec elle encore un peu que trois coups retentirent dans la chambre, frappé à la porte bien trop haut pour être leur elfe de maison. Petite catastrophe suivie d'une deuxième lorsque Gwen tomba de son lit. Aussitôt, Caleb lui fit signe de rester par terre et enfila ses chaussures en une seconde avant d'aller ouvrir la porte, torse nu.

Sa mère se tenait dans l'encadrement et le détailla avec hauteur, ce qui était assez impressionnant sachant qu'elle était plus petite que son fils. Caleb sourit à sa mère comme si rien n'était, avec toute la sérénité d'un commerçant certain de pouvoir arnaquer son client.

-Mère, avez-vous besoin de quelque chose ?

Sa mère le regarda avec soupçon, cherchant le piège ou la moquerie, mais l'expression angélique de son fils qui essayait de faire passer cette situation comme parfaitement normale ne laisser transparaître aucune faille.

-Caleb, pourrais-tu m'expliquer pourquoi tu es à moitié nu et me dire où se trouve Miss Lestrange ?

Le sourire de Caleb ne fit que s'élargir et il ne bougea pas de devant la porte, bloquant le vue à sa mère, l'empêchant de voir plus loin que le cadrant.

-J'ai fais visiter le manoir à Cedrella et j'ai taché ma chemise en lui montrant les cuisines, je suis monter la changer, en attendant je lui ai indiqué l'emplacement du cabinet d'aisance. Elle m'attendra dans le hall après ça.

Les yeux de Mrs Selwyn s’étrécirent, mais elle sembla accepter cette explication. Pour le moment. Elle fit demi-tour pour le laisser se changer en paix, lui faisant un signe de tête au passage et Caleb pu fermer la porte et souffler un bon coup. Il se retint d'éclater de rire en se retournant pour voir Gwen toujours allongée par terre et lui dit de se relever.

-Elle a du s'inquiéter de voir qu'on avait disparu, ou bien elle voulait savoir comment s'était passé la demande. Elle nous laissera tranquille maintenant mais il va falloir se dépêcher de se rhabiller.

Il déposa donc sa chemise sur le lit et en chercha une autre dans son armoire pour finir de s'habiller tandis que Gwen en faisait de même, puis il l'attendit devant la porte, la main sur la poignée, prêt à retourner à la bienséance requise pour la vie publique.
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Ce chemin que l'on emprunte à deux

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