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sujet; (i) before the storm ❉ Bill |
| Que le vent qui gémit, le roseau qui respire, que les parfums légers de ton air embaumé, que tout ce qu'on entend, l'on voit ou l'on respire, tout dise : "Ils ont aimé !" ❝ before the storm ... ❞
Plus que quelques heures avant une bataille décisive. Les minutes se confondaient, trop rapides, alors que Fleur écrivait hâtivement une lettre à Gabrielle, professant des mots d'amour et de regret. À côté du parchemin gisaient les paroles écrites et scellées dans une enveloppe quelques instants plus tôt à l'intention d'Espérance. Elle la lirait dans une dizaine d'années, s'il advenait que Fleur meurt durant la guerre. Autrement, elle irait rejoindre la pile déjà épaisse de lettres d'au revoir, enfermée au fond de l'armoire de leur chambre, pleines de tendresse et chagrin à l'idée de ne pas la voir grandir. Ces dernières n'avaient heureusement pas été nécessaires. Pour le moment. Interrompant un instant sa rédaction, Fleur rejeta une mèche blonde en arrière en soufflant. Elle en avait assez des adieux, assez de vivre dans l'angoisse du jour nouveau et des mauvaises surprises qu'apportait chaque lever de soleil. Doucement, pour ne pas réveiller sa fille qui dormait dans son berceau quelques mètres plus loin, elle se redressa et rajusta d'un revers de main sa chemise. Sa baguette, encore posée sur le bureau en bois massif, la narguait de sa simple présence. Elle répugnait presque l'idée de la toucher, à nouveau, et se sentait toute petite, face à l'énormité du conflit. Insignifiante. Un sentiment que Fleur avait peu connu, elle, toujours persuadée de sa propre importance. Un regard vers la pendule lui confirma que le décompte avait commencé. Dans cinq heures et vingt-deux minutes exactement, Bill et elle prendraient la direction de Poudlard. Ah ! Poudlard – Fleur se rappellerait toujours de sa première visite de l'établissement. Quoi qu'elle fut critique – ou franchement réprobatrice, il eut fallu être aveugle pour échapper à l'enchantement d'un tel lieu. Loin du château à la française et de l'élégance contrôlée de Beauxbâtons, le charme de cette école ne lui avait cependant échappé.
Tirée momentanément de ses rêveries par le babillage d'Espérance, manifestement réveillée, Fleur s'approcha du landau. En français – sa langue maternelle, qui, par sa familiarité sans doute, avait toujours eu le don pour l'apaiser, surtout en de pareilles circonstances – elle s'enquit, sa voix tendre et attentionnée : « Quelque chose ne va pas ma puce ? ». Elle la souleva de son lit pour la serrer contre elle, inhalant son odeur pour mieux s'en imprégner. Plus jeune, plus naïve aussi, Fleur n'aurait jamais imaginé pouvoir aimer quelqu'un à ce point. Et pourtant, à voir Espérance blottie contre elle, ses grands yeux verts (ils avaient longtemps été bleus mais ces derniers temps leur couleur avait commencé à changer) encore à moitié endormis posés sur elle, il lui semblait ne jamais trouver de limite à son adoration. Qui deviendrait-elle, ce petit bout de femme ? Tant de possibilités, la beauté de la jeunesse. Plus que tout, Fleur espérait que Bill et elle seraient présents pour les étapes importantes de sa vie. La berçant quelques instants, elle sortit de la nursery. « On va aller voir papa, d'accord ? » continua-t'elle, les menant vers le salon, où elle suspectait la présence de William. Ne le trouvant pas, la jeune femme installa Espérance parmi ses jouets, lui donnant la miniature du vert gallois qu'elle avait dû affronter lors du Tournoi des Trois sorciers et que sa fille pour une raison obscure affectionnait particulièrement. Assise sur le canapé, elle l'observa en souriant. Mais ce sourire cachait bien des choses, en vérité. Malgré un printemps plus que clément, la jeune femme se sentait gelée, pétrifiée jusqu'à la moelle, l'effet sans doute de l'appréhension, de la crainte, non pas qu'elle avoue jamais avoir eu peur (question d'orgueil). Elle attrapa un plaid pour le placer sur ses épaules, sans grand effet. Déjà, des images de violence et de mort s'imposaient à ses yeux. Bien entendu, cette mission pouvait se passer sans effusion de sang, mais quand avaient-ils eu de la chance ? La mort d'Arthur et celle de George n'étaient-elles pas la preuve même d'un acharnement du sort contre sa famille ?
« Fleur ? » elle sursauta, se tournant vers la personne qui venait de s'adresser à elle. Il s'agissait de Molly, probablement dans l'une de ses rares périodes de lucidité où elle la reconnaissait. « Oui, Molly ? » répondit-elle avec affection « J'ai fait de la tarte à la mélasse, et une soupe au potiron. Tu dois avoir faim. Viens t'installer à table, je m'occuperai d'Espérance. ». Il y avait comme une bienveillante ironie dans cette accès de clarté, mais Fleur n'était pas du genre à s'attarder sur l'humour des circonstances quand ces dernières se révélaient heureuses. « J'arrive, tu sais à quel point j'adore ta cuisine. Est-ce que tu as vu Bill ? » l'interrogea-t'elle, désireuse de voir son mari, lui qui avait toujours su la rassurer. « Oui, je crois qu'il est sur la plage. » déjà, Mme Weasley l'avait oubliée, s'affairant sur Espérance qui gazouillait joyeusement dans les bras de sa grand mère. Fleur laissa échapper un sourire indulgent et sortit de la chaumière. En ouvrant la porte, elle sentit tout de suite les embruns du rivage lui caresser la peau et elle inspira profondément. Il y avait un je-ne-sais-quoi de relaxant de se trouver ainsi face à l'océan. L'étendue d'eau, agitée, turbulente, venait déposer des empreintes éphémères sur le sable mouillé. Le vent sifflait, impardonnable, et les herbes hautes qui entouraient leur coin de paradis se pliaient, conciliantes, à la colère des éléments. Et devant ce tableau de nature indomptée se tenait Bill, droit comme un i, les yeux tournés vers le lointain.
« À quoi est-ce que tu penses ? » demanda Fleur avec un fort accent français, en se positionnant à côté de lui. Il regardait la mer, mais elle le regardait lui. Avec ses longs cheveux et son air grave, il semblait aussi inquiet qu'elle. « Il est toujours temps de s'enfuir en France, si tu as changé d'avis. » rajouta-t'elle en plaisantant. Ni lui ni elle ne se soustrairaient à ce qu'ils envisageaient comme un devoir. Mais le rêve était tentant.
Dernière édition par Fleur I. Weasley le Dim 3 Avr 2016 - 22:36, édité 5 fois |
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| Les mains s’agitent pour occuper l’esprit. Ranger des affaires dans ce sac, des affaires de ma fille et de ma mère. Préparer leur départ de Shell Cottage vers la maison de la grand-tante Muriel. Aucune ne connait réellement les tenants et les aboutissants de la mission. Inutile de les inquiéter plus que de raison, nous allons, tous, rentrer à la maison. J’ai l’impression de faire ces gestes sans y réfléchir, mécaniquement. Ça n’est pas la première fois et ça ne sera pas la dernière. Je dois me montrer optimiste, ma mère ne comprendrait pas que mon sourire coutumier n’illumine pas mon visage. Je ne ferme pas le sac, Fleur y ajoutera les lettres habituelles. C’est étrange, presque déplacé de trouver ces petits rituels habituels mais il le faut. Nous avons fait le choix de nous battre contre le régime totalitaire mis en place par Voldemort et cela implique ce genre de chose. En règle générale nous tentons d’alterner les missions avec Fleur, pour ne pas reproduire la tragédie de Tonks et de Remus, pour ne pas laisser Espérance, si petite devenir déjà une orpheline. Elle mérite ce qu’il y a de mieux sur cette terre et c’est un de mes souhaits les plus profonds que de la voir grandir sous le regard bienveillant de toute sa famille. Une main se pose sur mon épaule. Ma mère me fait face en souriant. Que fais tu ? Elle a déjà oublié… Tu te souviens, je t’en ai déjà parlé, vous allez passer la nuit et la journée de demain chez la grand-tante Muriel. Voilà plus de trois semaines qu’elle n’a pas vu la petite. Elle hoche la tête et pose sa main sur ma joue. Bien sûr que je m’en souviens Arthur mais tu ne viens pas avec nous ? Arthur. Le prénom est toujours aussi douloureux, difficile à avaler, difficile à porter. Mais il est et restera sa bouée, son port d’attache quand tout va mal. Mon père était cet homme sur qui elle pouvait pleinement se reposer alors, je ne relève même plus. Ma main caresse ses cheveux avec tendresse et je serre ma mère contre moi. Par Merlin qu’elle semble si petite, si fragile dans mes bras. Non, je rejoins les garçons, ils veulent parler quidditch. Un sujet qui l’intéressait peu, un sujet d’homme. Fait bien attention à eux et ne mangez pas n’importe quoi, je vous connais ! Je laisse échapper un rire et dépose un baiser sur son front. Promis. La promesse n’est pas simple à tenir, elle ne l’est jamais. C’est mon rôle de les protéger, parfois contre eux-mêmes. Je m’écarte légèrement d’elle, l’observant avec attention. Je vais prendre un peu l’air sur la plage. Ne rentre pas trop tard si tu veux un bout de tarte si Ron Fred et George arrivent tu n’en verras pas la couleur ! Une seconde d’arrêt et un simple signe de tête. Je ne serai pas long. Je quitte la demeure rassurante et avance vers l’océan. Le bruit des vagues m’apaisent, les embruns me vivifient. Depuis toujours je viens marcher ici. Petit déjà ma mère savait ou me trouver lorsqu’à l’intérieur de la chaumière résonnait les cris et les rires de mes frères et sœur. Ce besoin d’un moment de calme, de silence brisé uniquement par le roulis des vagues. La plage s’étend à perte de vue bordée de dunes ou se cache notre maison. Notre repère. Notre abri. Le regard perdu dans le lointain je prenais conscience du spectacle magnifique que nous offrait chaque jour la nature. On le remarquait rarement, nous étions tous bien trop préoccupés par nos petites vies fragiles. Les yeux fermés, je respire, éloigne de moi toutes les pensées négatives qui m’ont assaillies quelques instants plus tôt. Papa, George… Et tous les autres qui seront ce soir entre des murs bien connus. Inspirer… Expirer… Un bruit de pas, presque imperceptible et un parfum délicieux que je reconnaitrais entre mille. Mes yeux s’ouvrent sur la plus belle créature que la terre puisse porter. Fleur, ma femme, la mère de ma fille, Ma Fleur. Un sourire sincère naissait sur mes lèvres. Rapidement ma main vient se loger sur ses hanches, la rapprochant de moi, lui offrant la chaleur et la protection de mon corps. A toi. Mes pensées sont immanquablement tournées vers toi. Dans chaque geste, chaque pensée, chaque action, elle intervenait dans le processus. Peut-être était-ce, un peu pour camoufler mon inquiétude. Par habitude, mais réaction futile en présence de ma femme. Fleur savait, elle savait toujours. Un rire qui s’envole avec le vent. Je n’ai pas besoin de répondre. J’aurai pu emmener Espérance chez ses grands-parents maternels lors de ma mission en France, nous en avions parler avec Fleur, longuement avant de faire un trait sur ce choix. L’avenir de notre fille était avec nous. Tout le monde faisait en sorte que son enfance soit la plus joyeuse possible, la plus normale aussi. Depuis sa naissance des rires résonnait dans la chaumière, les sourire illuminait le visage de nos invités à peine avaient ils croisés son regard. Espérance portait fièrement son prénom. Dans quelques mois, elle va faire ses premiers pas. J’ai hâte de la voir courir sur le sable. Je recule d’un pas puis d’un second avant de me placer derrière Fleur que j’entoure de mes bras. Je dépose un baiser dans son cou. Tout va bien se passer. Nous reviendrons ici et nous ferons le plus beau et le plus grand château de sable qu’Espérance n’ait jamais vu. Et pourtant Merlin seul sait combien tout le monde s’est amusé à créer des chefs d’œuvre en sable pour amuser la petite. Ne sois pas inquiète, tes lettres rejoindront les autres dans notre armoire. Signe que nous serions tous sains et sauf après cette mission. |
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| Que le vent qui gémit, le roseau qui respire, que les parfums légers de ton air embaumé, que tout ce qu'on entend, l'on voit ou l'on respire, tout dise : "Ils ont aimé !" ❝ before the storm ... ❞
« A toi. Mes pensées sont immanquablement tournées vers toi. » lui répond Bill, lui arrachant au passage un rougissement. Fleur n'est pas étrangère à l'attention des hommes, dès son plus jeune âge elle avait attiré compliments appréciateurs et regards libidineux, souvent contre sa volonté. Mais Bill avait une manière particulière de la regarder, comme si elle n'était pas seulement une jolie poupée et qu'elle était le centre de son monde. Il avait toujours vu plus loin que ses prédispositions génétiques, n'avait jamais été trompé par un sourire forcé. Il l'attire vers lui, et c'est avec plaisir qu'elle se réfugie dans son étreinte, toujours chaleureuse et protectrice. Il la trouvait belle, elle le savait, comment l'ignorer ? Et elle – au delà des cicatrices venus orner son visage, qu'elle adorait, qu'elle aimait à caresser, embrasser, retracer du bout de ses doigts – elles faisaient partie de lui - il était le plus bel homme qu'elle ait jamais rencontré. Quoi qu'il en pense, quoi qu'il en dise. « Menteur » rit-elle, après un silence « Je sais que tu penses à la tarte de Molly. Elle est délicieuse. ». Tous deux, les yeux tournés vers l'océan, les cheveux secoués par le vent chamailleur. Comment on dit, déjà ? Aimer, c'est regarder ensemble dans la même direction ? Fleur, l'estomac noué, le cœur glacé malgré elle, prie silencieusement qu'il ne lui soit pas enlevé. Que jamais cet instant, ces souvenirs, ne résonnent comme l'écho amer d'une réminiscence trop lointaine, comme le son effacé d'une musique disparue. Elle a envie de se recroqueviller, de se faire toute petite, de les cacher tous les deux. L'injustice est terrible, retentit dans son corps comme le bruit d'une vague qui s'écrase sur un rocher, la remplit de tremblements, d'angoisse. Ils sont jeunes, si jeunes, pour se battre, pour être de braves petits soldats sans peur et sans reproche. Et pourtant, n'est-ce pas ce qu'on leur demande ? De se sacrifier ? Ou d'être près à le faire ? Elle pose sa tête contre son bras et ferme les yeux. La voix de son époux la berce, adoucit ses craintes, sa panique, l'indicible sentiment de vivre physiquement chaque minute qui passait comme une souffrance. « Dans quelques mois, elle va faire ses premiers pas. J’ai hâte de la voir courir sur le sable. » commente-t'il. Le tableau qu'il dépeint est si clair – elle peut voir Espérance, sa fille, braver la mer, ses rires qui s'élèvent, enlacée tendrement par la houle, ses petits pieds bien ancrés dans le sable. « Je me demande surtout quels seront ses premiers mots. Je parie sur papa. Ou peut-être dragon, Charlie a une mauvaise influence sur elle. » ses derniers mots sont dits sans malice. Malgré ses différents avec Charlie, elle ne rêverait pas meilleur oncle pour leur fille. Quoi qu'elle n'ait aucune difficulté à imaginer un meilleur colocataire. Elle sent Bill s'éloigner pour mieux l'enlacer. Il l'embrasse dans le cou, juste sous l'oreille, lui arrache un frisson. Il sait pertinemment l'effet que ce genre de baiser a sur elle. En d'autres jours plus cléments, cette caresse aurait été porte ouverte à d'autres étreintes. Aujourd'hui, pourtant, cette proximité est tout sauf érotique. Douce, tranquille, la chaleur de sa peau, l'aplomb de sa silhouette, le velours de ses lèvres ne font que réaffirmer l'évidence, la permanence rassurante de l'autre. Il serait toujours là, elle serait toujours là. « Tout va bien se passer. Nous reviendrons ici et nous ferons le plus beau et le plus grand château de sable qu’Espérance n’ait jamais vu. » continue William. Elle rit. « Un château de sable ? Je suis déçue, j'avais imaginé une pyramide. Non, mieux, un temple. Ou un sphinx ! Pourquoi s'en tenir à un simple château ? » elle plaisante bien sûr, mais par Merlin ! que ne donnerait-elle pas pour avoir l'assurance d'un jour voir ce château de sable. Il semble lire dans ses pensées, il l'a toujours fait, et s'empresse de venir guérir les blessures qu'elle s'inflige inconsciemment en concevant l'inconcevable « Ne sois pas inquiète, tes lettres rejoindront les autres dans notre armoire. ». À ces mots, elle tremble et se retourne dans son étreinte, leurs yeux se croisent. Ses iris, vertes, vibrantes, son sourire qu'il lui réserve malgré les circonstances. Fleur est reconnaissante, à bien des égards. Redevable à la lune de ne pas lui dérober son mari une fois par mois. Redevable de pouvoir dormir dans ses bras chaque nuit. De ne pas devoir vivre dans l'appréhension du jour où ce sourire ne serait plus présent sur ces lèvres bien-aimées et signerait son arrêt de mort. Aurait-il été mordu, défiguré jusque dans son être, elle serait restée bien entendu. Elle aurait adoré en lui même le monstre qui se terrerait. N'aimait-il pas le monstre en elle, après tout ? La vélane jalouse, cruelle, violente, caractérielle, celle dont les ancêtres attiraient les voyageurs au plus profond des bois pour mieux les dévorer. Mais, était-il bon de s'attarder sur ce genre d'interrogations ? Bill aurait pu mourir. Bill aurait pu être capturé, torturé. Mais il était bien vivant, à ses côtés. Le père de sa fille. Alors, c'est reconnaissante qu'elle se met sur la pointe des pieds pour l'embrasser. Sa main qui se faufile sur sa mâchoire carrée, puissante, puis jusque dans ses cheveux fauves. La tension est presque palpable, et quand elle se détache de lui Fleur trouve bon de changer de sujet pour quelque chose de plus léger. « Charlie est avec Angelina » dit-elle « Tu penses que ces deux là s'avoueront un jour qu'ils se plaisent ? ». Ses doigts se déposent au creux des siens. |
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| Elle fait partie de cette poignée de personne pour qui je donnerai ma vie sans même une seconde d’hésitation. Elle est devenue celle pour qui respirer sur cette terre est un vrai bonheur, malgré tout. Elle est devenue ma femme et la mère de ma fille sans jamais quitter son image de princesse, non de reine, elle est la reine d’un territoire conquis depuis une poignée d’années maintenant, elle est ma reine. Elle ignore sans doute combien chacun de ses sourires, chaque rire rend ma vie plus belle, mes journée plus douces et que c’est pour ces égoïstes raisons que je lui décrocherais la lune si elle désirait en faire une veilleuse pour notre enfant. Et une fois encore son rire fait merveille, mes lèvres s’étirent en un sourire bien plus large. Elle sait, je ne parviens pas à lui mentir frontalement. Il y a des choses que nous taisons, pour le bien l’un de l’autre mais aucun mensonge d’importance n’entache notre confiance. Pas autant que toi. Un commentaire amusé quitte mes lèvres. Parce que je l’aime et qu’elle est une des plus belles choses qui me soit arrivé dans la vie, qu’elle m’offre chaque jour plus de bonheur encore. Alors oui elle est délicieuse parce qu’elle est unique et qu’un jour elle me fera devenir fou. Rien de comparable donc à une tarte préparée avec amour par ma mère quand bien même je suis un digne représentant des gourmandes ou des Weasley, comme vous préférez. Je n’ai qu’une envie, la serrer dans mes bras, l’étreindre jusqu’à ce que cette guerre soit terminée. La conserver à l’abri du vent et des tempêtes dans tous les sens du terme. Mais je n’en ai pas le droit, nous avions fait notre choix. Pour ma part cela avait été une évidence depuis mon retour d’Egypte et Fleur avait elle aussi fait ce choix, de combattre, de survivre, d’éduquer notre fille dans un monde dangereux ou l’avenir restait incertain et je restais persuadé que la victoire ne pouvait nous échapper même si elle aurait toujours un goût amer. La tête de Fleur se pose contre mon bras. Je respire son parfum, m’en imprégnant, c’est un peu bête mais elle me manque déjà. Elle n’est pas encore partie de son côté que la chaleur de son corps semble s’éloigner mais il e faut pas penser à cela. Juste prendre les moments de bonheur là où ils sont et en cet instant précis nous ne risquons rien, ni l’un ni l’autre. J’ai une petite préférence pour papa. Ou maman. Avouais-je simplement. Espérance était notre enfant, notre bébé et même si elle semblait beaucoup aimé les dragons ils n’avaient rien à voir avec l’amour qu’elle pouvait ressentir pour nous. Du moins je préférais voir cela comme ça même si j’aimais profondément mes frères et sœur, Espérance restait notre enfant, notre sang, le sourire de sa mère, notre merveille tout simplement une partie de nous. Parce qu’au fond le château c’est ce qui nous a tous rassemblé. Après tout serait-elle revenue en Angleterre si elle n’avait jamais participé au tournoi des trois, quatre sorciers? Et Poudlard était une seconde maison pour n’importe quel sorcier anglais. Bons ou mauvais nous avions tous des souvenirs reliés à ce bâtiment, presque un monument. Mais elle aura, bien sûr, toutes les créations qu’elle désire ! Pyramide, sphinx, dragon, balai volant, peu importait. Il y aurait assez de mains pour qu’elle gambade joyeusement autour de toutes les constructions qu’elle souhaiterait. Elle se retourne et je me perds dans son regard, contrairement à ce que beaucoup imagine c’est la première chose que j’ai vu chez elle, son regard. Ouvert sur le monde, pétillant d’une certaine malice, d’une intelligence incontestable, ses yeux étaient ce que je préférais chez elle ça et ses lèvres que je dégustais avec autant de gourmandise qu’avidité alors qu’elle les déposait sur les miennes. Une main posée sur ses hanches pour la maintenir et la seconde qui se glisse sous ses cheveux pour caresser sa nuque jusqu’à ce nous nous éloignons naturellement d’un pas. Je ri un peu… légèrement surpris du changement de conversation. Je croyais qu’Angelina était ton amie. Commençais-je sur le ton de la plaisanterie. Tu lui souhaites de rencontrer les caleçons enchantés de mon frère un jour ? Si ça n’était pas déjà fait, après tout Charlie laissait trainer ses sous-vêtements un peu partout. Je plaisantais bien sûr, je n’espérais que de voir un jour ma famille heureuse, peu importe avec qui. Il faudrait déjà que Charlie puisse mettre le doigt sur ses sentiments, mettre des mots dessus, ça a toujours été très… compliqué pour lui mais il ferait un parfait petit ami pour Angelina et inversement. Quand on les voyait tous les deux on avait déjà l’impression de voir un vieux couple avec leurs habitudes, leurs manies. Aurais-tu une âme de marieuse ? Ou une envie pressante qu’Espérance ait un cousin ou une cousine ? Même si la petite n’avait pas vraiment besoin de compagnie, elle n’était en réalité JAMAIS seule, rarement au sol, toujours entre des bras qui la câlinaient, la chatouillait… Cette enfant ne manquait vraiment pas de vie sociale. Vois-tu Fred avec Harper ? Et pour les autres, une idée ? Ma main rejoignait la première au niveau de ses hanches, je la rapprochais de moi. J’avais ce besoin, avant de partir, de la sentir contre moi, d’entendre les battements réguliers de son cœur. |
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| aout 1995 « Monsieur Weasley, je vous présente Mademoiselle Fleur Delacour. Elle nous vient tout droit de France et sera votre assistante dans les mois à venir » l'avait introduite Griphook, exceptionnellement courtois. De ses petites jambes velues, il se tenait raide et fier, son nez en l'air et ses fines lèvres ornées d'un rare sourire bienveillant. Il ne cessait de tapoter le bras de Fleur, ce que la jeune femme trouvait très désagréable, et manipulait de sa main libre une montre à gousset pour y vérifier constamment l'heure. Concentrée sur son pénible accompagnateur, ce n'est qu'après réflexion que son regard se posa sur son nouveau responsable. C'était un grand homme aux longs cheveux roux, une boucle d'oreille avec un croc, un air décontracté et un sourire en coin qui lui avait arraché un battement de coeur. Il était très séduisant, et elle avait la nette impression de l'avoir déjà vu quelque part. « Enchantée, Monsieur Weasley » avait-elle dit avec un accent français délibérément accentué, moitié minaudante. Il lui avait offert une poignée de main, poli, avec un air presque ennuyé. « Madame Delacour, enchanté, appelez moi Bill. » répondit-il, à peine intéressé. Il était rare qu'un homme soit insensible à son charme, aussi la curiosité de Fleur fut-elle piquée au vif. « Je serai ravie de travailler avec vous, je suis sûre que vous aurez beaucoup de choses à m'apprendre, on me dit que vous avez travaillé en Égypte. » elle papillonna des yeux mais ne parvint à lui tirer qu'un soupir « Oui, oui. On dit beaucoup de choses. Griphook, c'est tout ce dont vous aviez besoin ? Je dois retourner travailler, le coffre 422 s'est encore bloqué. ». Le gobelin hocha la tête et partit, affairé, sans plus se retourner. L'appel de ses livres de compte, sans doute. « Je vous accompagne » s'empressa d'annoncer Fleur à son supérieur « J'ai toujours été très bonne en sortilège. À Beauxbâtons, j'étais même première. ». Il ne répondit rien et continua d'avancer, la démarche énergique « Bien entendu, je suis persuadée que vos talents sont nombreux et que vous n'avez pas besoin de moi pour une tâche aussi simpliste. Mais on n'a jamais trop d'une main en plus. » Il s'arrêta brusquement et la jeune femme, qui ne s'y attendait pas, lui rentra dans le torse à pleine vitesse, les parchemins qu'elle tenait dans ses mains s'envolèrent. Sans se préoccuper de la paperasse fuyante, il lui dit d'un ton amusé, en ramassant la pile de papier d'un coup de baguette « Vous parlez toujours autant ? ». Fleur rit, gênée. À vrai dire, elle parlait rarement ainsi, était plus réservée qu'extravertie, mais il la rendait nerveuse. « Seulement quand c'est mon premier jour de travail » avoua-t'elle, ses joues rosissant sous son regard inquisiteur. « Dans ce cas là, vous apprendrez rapidement à ne pas me craindre. Promis, je n'ai jamais mordu personne. » la taquina William d'un air canaille. Si c'est possible, elle rougit plus encore. Elle n'était pourtant plus une vierge effarouchée, et encore moins timide, mais elle se trouvait démunie face à lui et son stupide sourire charmeur. Essayant de récupérer un peu de sa superbe, elle jeta sa longue chevelure argentée en arrière et constata avec plaisir qu'il avait suivi le geste des yeux « C'est dommage. Je suis persuadée que certaines personnes ne seraient pas contre une morsure, au moment opportun ». Ce fut son tour à lui de s'empourprer, et elle le dépassa en paradant. Cette année en Angleterre promettait d'être intéressante. mars 2003 Ici, blottie contre lui, elle réalisait le chemin parcouru. Oh oui, cette année, et les années suivantes, avaient été intéressantes. « Je croyais qu’Angelina était ton amie. Tu lui souhaites de rencontrer les caleçons enchantés de mon frère un jour ? » plaisante-t'il. Perdue dans ces pensées, elle mit un moment avant de se souvenir du sujet de conversation, qu'elle avait pourtant lancé elle-même. Comme à retardement, elle laisse échapper un rire amusé « Si tu penses qu'elle n'a pas déjà vu pire venant de lui, tu sous-estimes sérieusement Charlie », oh oui, Angelina lui en avait raconté des vertes et des pas mûres quant à son beau frère, dont une histoire qui incluait un soutien gorge en peau de dragon et un paresseux rose. Elle n'en dirait pas plus. Elle ressentait presque de la peine pour son amie, mais, l'amour est aveugle n'est-ce pas ? Et n'a pas d'odorat. Ou du moins faudrait-il que l'amour n'ait pas d'odorat pour que Charlie trouve quelqu'un. « Il faudrait déjà que Charlie puisse mettre le doigt sur ses sentiments, mettre des mots dessus, ça a toujours été très… compliqué pour lui mais il ferait un parfait petit ami pour Angelina et inversement. » dit Bill avec indulgence et euphémisme, ce qu'elle ne manqua pas de lui faire remarquer. « Très compliqué ? Le mot que tu cherches est 'impossible', mon amour » elle en profita pour dérober à nouveau un baiser. Parler de la vie sentimentale des autres quand la leur était si stable avait quelque chose de rassurant, savoir qu'il serait toujours à ses côtés. « Aurais-tu une âme de marieuse ? Ou une envie pressante qu’Espérance ait un cousin ou une cousine ? » demanda Bill, à moitié riant. Elle adorait son rire, rauque et profond « Tu dis ça comme tu n'étais pas déjà au courant. Espérance aurait bien besoin de compagnie, à force de ne fréquenter que des adultes j'ai peur qu'elle ne grandisse trop vite.». Voir leur enfant grandir trop vite, la crainte de tout parent, en particulier en temps de guerre.Elle se retourne dans ses bras, un peu à regret, pour faire à nouveau face à la mer. « Vois-tu Fred avec Harper ? Et pour les autres, une idée ? » elle lève les yeux au ciel « Maintenant, qui joue les entremetteurs ici ? ». Elle tire la langue, quoi qu'il ne puisse pas la voir. Enfin, elle prend une inspiration profonde. Il est temps de retourner à la réalité, et puis, pour leurs dernières heures en famille elle a besoin de sa fille dans ses bras. « Molly nous a fait à manger, je ne voudrais pas la faire attendre trop longtemps » murmure-t'elle, sa voix se perd avec le vent. Fleur attrape sa main et le tire vers la chaumière, cette ravissante maison couverte de coquillages qu'ils appelaient « chez-eux ». Ils sont dehors, mais elle peut déjà sentir les effluves tentants de la cuisine de sa belle mère. |
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| Il fallait profiter de chaque instant, conserver précieusement chaque souvenirs. Chaque moment que je partageais avec Fleur avait toujours été un réel plaisir. Depuis notre première rencontre et jusqu’à ma mort, j’en étais certain. Son parfum, son rire, la douceur de sa peau tout était ancré dans mon inconscient. J’étais parfaitement capable de la voir à tout moment ou qu’elle soit, même les yeux fermés, de tracer du bout de mes doigts la moindre de ses courbes. Tout comme Espérance, elle fait tout simplement partie de moi aussi essentielles que peut l’être mon cœur ou mes poumons. Les yeux mi-clos, le nez enfoui dans sa chevelure, je profite outrageusement de ces quelques secondes de répit parce que même si nous avons la chance de pouvoir être ensemble, les moments simples sont trop rares. Elle semble ailleurs, alors doucement, je resserre mon étreinte sur elle, comme si mes bras suffirait à la sauver des démons qui pouvaient peuplés ses songes. Jamais, je ne sais que trop bien ce dont il est capable. Charlie est mon petit frère, le tout premier, celui avec qui j’avais appris le partage, avec qui j’avais passé le plus de temps. Nous nous étions bien battus, nous avions eu des montagnes de disputes et plus encore de fou-rire, il était simplement mon petit frère et je le connaissais très bien et il était évident que je serai toujours son plus fervent défenseur. Impossible n’est pas Weasley. Pas une boutade, juste un fait énoncé avec le sourire alors que mes doigts trouvent le chemin de sa nuque. Je suis un homme gourmand, et me contente rarement de fugace échanges surtout quand ceux-ci incluent les lèvres de la plus belle femme qu’ait porté cette terre. Alors je prolonge le baiser, refusant qu’elle ne s’éloigne trop rapidement. N’oublie pas que beaucoup, s’ils sont adultes physiquement ne le sont justement que physiquement… En sous-entendant bien sûr que beaucoup des adultes qui pénétrait dans notre chaumière se révélait être de parfaits gamins, pire encore lorsque notre petit soleil était présent. Il n’y avait qu’à regarder mes frères, tous gaga devant son sourire et ses grands yeux ouverts sur un monde qu’on tentait de rendre meilleur, pour elle. Je ne minimisais pas la situation et Fleur savait parfaitement que je partageais cette crainte mais nous faisions tout notre possible aussi tentais-je simplement de retrouver sur ses lèvres le sourire que j’aimais tant. Je ne suis pas vraiment doué pour cela… les femmes, elles, sont expertes. Soufflais-je toujours aussi amusé par l’idée de trouver une femme ou un mari à chacun de mes frères et à ma sœur, je pouvais même continuer en ajoutant un potentiel prétendant à Gabrielle. Allons-y. Dis-je de mauvaise grâce. Alors que mes doigts s’entrelacent aux siens et que nous nous dirigeons vers l’entrée de la maison. Avant d’ouvrir celle-ci je l’attrape par la taille, lui murmure à l’oreille Je t’aime Fleur Delacour Weasley avant de déposer un baiser dans son cou. C’est d’elle dont j’avais faim mais nous n’avions pas le temps pour ce genre d’activité. J’ouvrais la porte et laissais entrer ma femme avant de courir en direction de ma petite fille qui trônait sur une chaise haute qui tenait plus d’un fauteuil royal avec ses nombreux coussins chatoyant que d’une simple chaise pour enfant. Je m’approchais d’elle et la dévorais de baiser. Papa va te mangerrrrrrr !!! Immédiatement son rire retentit dans toute la maison éclairant le regard de tous les habitants moi y compris. Attention, regarde elle n’a pas fini de manger, elle en a partout ! Gémit Molly qui était installée sur le banc à côté, cuillère en main et qui visiblement nous offrait quelques instants de lucidité. J’observais ma fille qui m’observait en retour, c’est vrai elle avait de la purée jusqu’au bout du nez, les joies de la diversification alimentaire ! Elle adorait mettre ses mimines dans les purées et ne perdait pas une seconde pour en barbouiller tout son visage et celui de ceux se trouvant à portée. Mais avant que l’idée n’ait pu lui traverser l’esprit je goutais la purée de ce soir en la volant de son petit nez. Hmm potiron, pomme de terre, ma préférée! Te voilà toute propre mon ange ! Le geste l’amusa et elle posa sa petite main sur mon visage, mes lèvres, je dégustais ses doigts couverts de purée avant d’embrasser sa paume. Je vais te servir maman, Fleur va finir de donner sa purée à Espérance. Je me doutais que Fleur souhaiterait profiter de ces instants avec notre fille. Aussi, après un dernier baiser sur le haut de la tête du petit ange, je prenais la louche afin de remplir les assiettes creuses de soupe. Dis-moi stop. Une fois fait je lui donnais une part de tarte à la mélasse et je recommençais le service pour Fleur et moi. Je les couvais toutes du regard avant de prendre une profonde inspiration et de tenter d’éloigner tout sentiments négatif. Un excellent appétit aux femmes de ma vie. Annonçais-je avec le sourire camouflant parfaitement mon coeur lourd de cette sournoise anxiété qui demeurait bien trop présente. Elles étaient, sont et resteraient à jamais les femmes de ma vie, mère, femme et fille, toutes réunis autour de cette table, voilà l’image que je devais conserver et à laquelle je devais croire, me raccrocher, tout allait bien se passer. |
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| Ne pas s'attarder sur la peur surtout, mais plutôt sur le positif, sur son odeur, sa voix, sur sa respiration profonde et régulière, Fleur se concentrait comme elle le pouvait sur son mari, sur l'océan, sur la brise, les relents de mer et de sel, et d'algue qui pénétraient l'atmosphère et ses narines et la remplissait d'une quiétude superficielle mais rassurante. Peut-être serait-ce sa dernière journée, vivait-elle ses dernières heures ? Qu'importe, puisqu'il était là, puisqu'elle était là, puisque la terre ne cesserait de tourner et le soleil de se lever à l'Est et de se coucher à l'Ouest, puisque vents et marais à jamais infinis et répétitifs viendraient bercer hommes et rivages. Fleur ne croyait pas en Dieu, cette invention moldue grotesque qui veut l'existence d'un être omniprésent et tout puissant. Mais elle n'était pas non plus sans foi, sans rêve. Elle souhaitait par dessus tout un monde qui, après leur trépas, les accueillerait. Un endroit ou le conflit, la mort et la guerre n'étaient que les légendes oubliées d'un univers différent. Quelle naïveté, songeait-elle en guidant Bill vers la maison. Il l'arrêta et l'enlaça à la taille, chuchotant à son oreille un je t'aime, déposant dans son cou un baiser. Elle ne put retenir un sourire. Même en des temps sinistres, il savait toujours accélérer son cœur. « Moi aussi, je t'aime » répondit-elle sans hésitation, puis tous les deux entrèrent dans la chaumière. Ils furent accueillis par la vision d'une Espérance royalement installée, sa petite tête blonde dressée droite telle la petite fille que tout le monde s'obstinait à choyer comme une princesse. Bill la couvrit aussitôt de baisers et laissa le rire de leur fille s'envoler comme un grelot dans la pièce. Fleur leva les yeux au ciel, amusée par leur comportement à tous les deux. Molly, qui avait interrompu le déjeuner d'Espérance à leur arrivée l'avait rejointe et observait à côté d'elle leurs bouffonneries. « Quelqu'un devrait dire à Beel que ma fille n'est pas comestible » commenta Fleur sans malice. Molly pouffa, posant une main potelée sur son épaule. « C'est peine perdu, Arthur était exactement comme ça avec Bill » elle s'interrompit, le nom de son défunt mari lui serrant probablement la gorge. Fleur ne pouvait s'imaginer la douleur de la perte d'un époux après tant d'années de vie commune et elle attrapa les doigts de sa belle-mère pour les serrer tendrement, signe silencieux de soutien. Molly, qui avait retrouvé la parole, continua avec ce qui ressemblait à un sanglot dans sa voix « Pauvre Bill, traumatisé. Et regarde ce qu'il inflige maintenant à ma petite fille. ». Fleur rit franchement, de ce rire de gorge profond et bruyant qu'elle n'avait jamais su masquer complètement et qui tranchait tant avec son physique de poupée blonde et délicate. Voir Molly ainsi, si consciente, comportait à la fois des avantages comme des inconvénients. Car une Molly consciente se rappelait de la perte de son mari et de son fils, était bien moins joyeuse que ce portrait de femme indolente, cordiale et un peu fade qu'elle présentait d'ordinaire.
« Je vais te servir maman. Fleur va finir de donner sa purée à Espérance » lança Bill, qui comme toujours lisait dans ses pensées. Fleur lui adressa un sourire reconnaissant et prit place à côté de sa fille, caressant sa joue dodue du bout du doigt. William les servit chacune à leur tour, ce pour quoi elle le remercia d'un « Merci » français et machinal, avant d'avancer une cuillère généreuse vers la petite bouche d'Espérance qui l'accepta goulûment, étalant au passage la purée orange sur sa petite bouille malicieuse et levant les bras comme pour montrer son enthousiasme. Elle tendit les doigts de sa main droite pour attraper le couvert, que Fleur lui refusa. « Un excellent appétit aux femmes de ma vie » déclara Bill qui avait fini de se servir. Fleur lui envoya un baiser aérien, avec un clin d'oeil, l'estomac noué quoiqu'elle n'en montra rien à Molly et Espérance. Elle se tourna à nouveau vers leur fille et la dévora du regard. Ses yeux étaient verts, exactement comme ceux de son père (quoi que Bill s'obstine à les prétendre bleus.). Elle avait déjà une fossette qui se creusait quand elle souriait ou riait, ce qui semblait chez elle être un état permanent. Pour une enfant de guerre, c'était un bambin joyeux et insouciant et Fleur était reconnaissante à la chance de leur permettre d'élever ainsi leur fille dans un contexte si éloigné du conflit.
« Beel, as-tu sorti les poubelles ? » s'enquit-elle, se délectant d'un sujet aussi trivial que celui des ordures. Elle sortit sa baguette et fit apparaître quelques papillons pour distraire Espérance qui rechignait à avaler la deuxième cuillère tendue par sa mère. La fillette ouvrit la bouche, ses grands yeux qui suivaient fascinés le vol des Monarques, et Fleur en profita pour y glisser la purée. « Molly, il faudra ab-so-lu-ment que tu m'apprennes ta recette » annonça Fleur, qui avait d'habitude bien du mal à donner du potiron à une Espérance boudeuse. « Bien entendu, Hermione » répondit Molly, arrachant une grimace peinée à la blonde. Elle jeta un coup d'oeil à Bill et passa sa main au travers de la table pour lui caresser le bras affectueusement. « Fleur, Molly. Mon nom est Fleur » dit-elle doucement à la matriarche dont les yeux se troublèrent un instant « Bien sûr. Fleur, un simple lapsus. Excuse moi ». Mais ce n'était pas un simple lapsus ; Fleur le savait, Bill le savait, et Molly le savait. Elle le voyait bien, sa belle-mère luttait comme elle le pouvait pour se rattacher à la réalité, mais bientôt elle replongerait dans ses fantaisies, c'était toujours ainsi. Il était douloureux de la voir ainsi si triste. La scène familiale et chaleureuse de quelques secondes auparavant semblait enfin montrer ses zones d'ombre. |
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| Quelques mots du bout des lèvres mais quelques mots au pouvoir absolu. Le dire est, semble-t-il très compliqué pour certaine personne, ça n’a jamais été mon cas. Sans doute parce que mes parents ne se sont jamais retenu de me le dire lorsque l’envie leur en prenait ou que ces 5 petites lettres pouvait sécher mes larmes d’enfant ou mes peines de cœur d’adolescent. Nos parents nous avaient enseigné que l’amour n’avait rien de criminel, ne nécessitait en aucun cas d’être caché et j’avais dans mon cœur et au fond de mes yeux un amour infini pour la femme que j’étreignais avant de rentrer dans la demeure que nous partagions depuis notre mariage. Ma famille, ma vie, un amour inconditionnel. Peu m’importait qu’on me prenne pour un fou, ils avaient raison, j’étais fou de ma fille, fou du moindre de ses sourires, du moindre de ses regards, de sa respiration quand elle dort, de ses grosses larmes de crocodile quand un jouet disparait de sa vue. Simplement fou d’elle. Voilà pourquoi je régressais joyeusement en sa présence pour l’entendre rire, encore et encore. Je n’écoutais pas ce que racontais Fleur à Molly et inversement mais le rire de Fleur ne voulait dire qu’une chose, toutes deux se moquaient de moi ou de nous. Ne les écoute pas mon ange, papa continuera de te dévorer tant que ça t’amusera. Peut-être même encore un peu après, le temps que je conçoive que mon bébé avait grandi… quand elle aurait trente ans, pas avant. Une fois à table je dégustais le repas préparé par ma mère. Malgré ses « absences » Molly avait toujours été une parfaite femme d’intérieur et ne manquait jamais d’aider à la cuisine. Ses réflexes étaient moins aiguisés, elle était parfois perdue dans les pièces mais dès qu’elle se mettait au travail il y avait comme une habitude qu’elle ne pouvait pas perdre. C’était comme avec Espérance, je lui faisais une entière confiance pour veiller sur elle, malgré les doutes des premières semaines. Ma mère restait cette femme d’une douceur et d’une patience infinie avec les enfants, elle savait s’y prendre. Je fus surpris de la question en pleine dégustation de ma soupe préférée. Non, je m’en occuperai après le diner. Elles n’allaient, malheureusement, pas disparaitre toutes seules aussi pouvaient elles bien attendre encore quelques minutes. Je fermais les yeux quelques seconde en entendant ma mère appelé ma femme Hermione. De tous les prénoms il avait fallu qu’elle choisisse celui-là. Je ne devais pas me mettre en colère, elle ne comprendrait pas mais voilà bien un prénom que je préférais ne pas, trop, entendre actuellement. J’esquissais un sourire en direction de Fleur pour la rassurer, tout allait bien, nous étions habitués n’est-ce pas ? J’entrelaçais mes doigts aux siens et caressait de mon pouce sa paume. J’aimais tous ces contacts que nous avions, juste entre nous, des instants volés de tendresse. Je vais reprendre de la tarte, elle est délicieuse! Annonçais-je pour clore le malaise qui s’était légèrement installé. Mon amour… je crois qu’elle aura besoin d’être débarbouillée. Annonçais-je non sans un large sourire en désignant notre petit ange de la main. La petite fille avait profité de ce moment de flottement pour nourrir ses cheveux, son visage, ses vêtements et peindre à la purée sur la table. Je vais préparer mes affaires, tu débarrasseras la table Arthur. Le nom tombe comme un poids beaucoup trop lourd pour mes épaules. Je ne dis rien, bien sûr, me contente d’hocher la tête pour lui signifier que je le ferai mais je suis las. Las d’être et ne pas être Arthur. J’attends qu’elle monte les escaliers pour laisser ma tête se poser sur l’épaule de Fleur comme un enfant le ferait, le nez chatouillant son cou. Je ferme les yeux et profite simplement d’une seconde de calme. Son parfum m’envoute toujours autant. Ça n’a jamais été son sang de vélane qui m’a attiré. Oh, bien sur ses longs cheveux, ses yeux magnifiques, sa poitrine parfaite, ses fesses épousant parfaitement mes mains étaient tant de détails que j’aimais chez ma femme mais il y avait aussi tout ce qui n’appartenait qu’à nous. Des regards en coin, un sourire, des silences lourds de sens. Je me reposais sur elle comme jamais je ne l’avais fait sur personne. Je savais qu’avec elle je pouvais déposer mon fardeau à ses pieds, faire une pause, ne plus être simplement l’aîné de la fratrie, celui sur qui on se repose, sur qui on prend exemple e de qui on attend beaucoup. Elle était ma bulle de réconfort et j’en profitais quelques minutes. Et puis ça me prend… je l’embrasse, la mordille, lui laisse une trace dans le cou et taquin de lui dire. Pour que personne à Poudlard ne puisse imaginer une seule seconde que tu sois libre. Un petit souvenir qui réapparaitrait quand le polynectar ne ferait plus effet. Pour que tu penses à moi en croisant un miroir… Parce que nous allions être séparé et que je ne pourrais pas la protéger, veiller sur elle comme j’en mourrais d’envie. Ma main caresse son visage, retrace ses traits fins. C’est coutumier de graver ainsi son visage dans ma mémoire et une fois fait je l’embrasse tentant de partager avec elle tout l’amour que je lui porte avant de me reculer, lentement, à regret. Je me lève du banc et embrasse ma fille une fois encore. Je te laisse débarbouiller notre petit démon et je m’occupe de la table et des poubelles. Trivial. Nécessaire. Le temps n’étant pas une variable que nous maîtrisions nous devions avancer, nous préparer même si nous en avions de moins en moins envie. |
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| | | | | (i) before the storm ❉ Bill | |
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