MARS 2003 ; HECATE & LEE

La tête fourmillante d’idées pour le prochain potterwatch je chantonnais en parcourant la foret, jetant un regard aux arbres que je croisais pour essayer de trouver celui où je serais certainement le mieux pour dormir. Depuis que les insurgés avaient commencé à se séparer j’avais préféré prendre le temps de me trouver un lit ailleurs. Moi je n’étais pas pour toutes ces scissions, tous ces combats, etc. Je savais qu’il était difficile, en temps de guerre, de faire confiance à une seule personne, surtout quand on ne savait même pas ce qu’elle faisait mais je ne pensais pas que s’être séparé en X groupes était intéressant. Et puis il y avait surtout de la place chez les belliqueux et j’avais beaucoup de mal avec leurs actions. Ils accueillaient un peu tout le monde donc c’était sympa de leur part car il était vrai que les autres groupes pouvaient être plus « sélect » mais j’avais du mal avec leurs actions. En fait ça ne rentrait juste pas dans mon esprit qu’on pouvait se battre contre des gens en faisant exactement la même chose qu’eux. Mais ça, comme le disait très gentiment les belliqueux, c’était mon esprit « naïf et débile ». Moi je ne faisais que faire une radio qui ne servait pas a grand-chose à part exprimer mes idées de camé. Oui oui je l’avais entendu même si je faisais toujours comme si rien ne m’atteignait. Je ne savais pas que garder espoir signifiait forcément être naïf et débile mais soit… Ce n’était pas bien grave et je continuerais quand même de donner tout ce que j’avais dans mes émissions car, même si cela faisait du bien a 5 ou 6 personnes, c’était déjà très bien. Fallait savoir se contenter de peu aujourd’hui mais j’espérais bien que notre prochaine mission changerait des choses plus importantes. En tout cas j’en serais. Tous les groupes en seraient et ça, ça me plaisait !

Mon regard se posant enfin sur un arbre qui me paraissait très bien et que je connaissais à vrai dire. Je m’étais bien enfoncé dans la foret sans trop d’inquiétude mais ce n’était pas pleine lune donc il n’y avait que des animaux dont je connaissais la présence et qui ne m’inquiétait pas. Tant que je ne m’amusais pas à venir les déranger j’avais peu de chance de me faire charger. Je jetais mon sac dans l’arbre avant d’y grimper d’un mouvement souple. Il était assez haut mais depuis le temps que je faisais ça j’avais mes habitudes et une musculature qui était loin de celle que j’avais à Poudlard. Ça forge son homme de devoir se cacher et de prendre l’habitude de vivre dehors ! Une fois au cœur de l’arbre je me trouvais une grosse branche un peu courbée histoire de poser mon dos contre et sortais de mon sac une sorte de mini coussin que je calais derrière mes dreads. Je me moquais de dormir à même l’arbre mais j’avais horreur d’accrocher mes cheveux à l’écorce. Ça pourrissait mes dreads. Et oui ma bonne sorcière, on peut aussi avoir ses petits tocs, même quand on vit dans les arbres ! dreadlocks, parce que je le vaux bien. J’étais bien bien bien [...] loin de penser et de savoir qu’il y avait quelqu’un d’autre tout près de moi en fait car je n’étais pas du tout formé pour ce genre de choses et ma compagne nocturne oui.

J’allumais une lumière assez faible sur le bout de ma baguette avant de prendre un livre dans mon sac. Un des deux seuls livres que j’avais gardé après avoir tout abandonné. J’ouvrais le livre à la couverture bien abîmée et clairement refaite un certain nombre de fois et sorti des lunettes qui avaient clairement autant vécu que le livre. « L’histoire sans fin » écrit en lettres d’or scintilla quelques instants dans la lumière de ma baguette avant que je me mette à lire. Je l’avais lu au moins une centaine de fois mais je l’adorais et ma mère me l’avait lu tellement souvent que c’était comme me sentir encore chez moi-même si j’étais seul au milieu des arbres. Quand j’en aurais lu un bon chapitre je me prendrais certainement une dose de navitas et je pourrais discuter un peu avec Georges avant de m’endormir. Je verrais. Je mis longtemps avant de sentir un regard sur moi et déviais mon regard de mon livre pour les poser sur une jeune femme qui se trouvait juste en face de moi. Je manquais une crise cardiaque et portais la main à mon cœur. ××× OH PTIN ! ××× Allez vas y respires vieux ce n’est rien. Enfin rien… La jeune femme n’avait pas un air ultra chaleureux quand même. ××× C’est pas bien de faire des frayeurs comme ça aux gens ! ××× Enfin sauf si c’était le but bien entendu… ××× Euhh… C’est ton arbre ? Parce que je peux bouger si tu veux hein. ××× Ouhh ce silence….

Elle guettait, en planque depuis plusieurs heures.
Hécate avait bondi sur cette mission d'astreinte, destinée à une personne appréciant le terrain et le grand air. Depuis, la jeune femme paressait, assise dans le creux d'un chêne centenaire, les frondaisons vertes devenues bleues sous la lumière de la lumière éclairant son visage par intermittence.
Elle écoutait, patiente, totalement détendue mais prête à bondir en cas d'agression. La mission n'avait pas pour but d'aller au conflit mais de surveiller les allées et venues dans ce coin de la forêt. On avait vu beaucoup de mouvement, un peu trop. Malheureusement, difficile de distinguer par ces temps difficiles le quidam moyen venu chercher des plantes médicinales ou le promeneur honnête citoyen de l'insurgé prêt à aller se réfugier dans un trou à rat.
Ils auraient pu arrêter tout ce joli monde courant la campagne et la lande, mais les moyens manquaient, les hommes également, et il n'était pas de bon ton d'arrêter une tripotée de citoyens dont certains ne manqueraient pas de faire valoir la pureté de leur sang. Le niveau deux n'avait pas besoin de ce genre de débordements.
Il aurait été possible également d'organiser de grandes battues, mais à quoi bon? les insurgés auraient déménagés en moins de temps qu'il n'en faut pour dire "Quidditch". Quant à fermer l'accès aux forêts...vaste blague.
Ils en étaient donc rendus à poster leurs guetteurs les plus aguerris dans les arbres, dans l'ombre, leurs yeux perçant la pénombre à la recherche d'un visage connu.

Et en voilà un qui arrivait. Elle avait vu défiler des dossiers, Hécate, durant ses longues heures d'examen au sein des archives du sous-département des renseignements. Des dossiers de criminels endurcis, d'insurgés de la première heures, d'apôtres de la résistance, de citoyens suspects, de personnes nageant dans les sombres eaux que constituent le soupçon. Parmi ces dernières elle avait vu le visage qui s'approchait de l'arbre doucement, d'une démarche presque chaloupée, des dreadlocks se balançant dans son sillage.

Ca c'était Lee Jordan. Un ancien ami de Potter qui avait mis un très gros point d'honneur à se faire oublier dès la prise de pouvoir du seigneur des ténèbres. Le dossier sur son compte était lacunaire, comme beaucoup, et il était gardé sous une surveillance toute relative. On racontait en effet que la mort d'un de ses plus proches ami, le "grand" George Weasley, avait tué dans l'oeuf toute vélléité de véritable rébellion chez le jeune homme, qui était devenu un amoureux des psychotropes...entre autres choses.

L'emprise de python du gouvernement s'était donc progressivement désserée autour de ce jeune homme qu'il aurait pourtant du -selon bon nombre de personnes- surveiller d'un oeil attentif. Hécate avait quant à elle refusé de prendre parti dans ce débat : son instinct paranoïaque de chef de guerre lui aurait volontiers intimé de plaquer ce quasi-adolescent au sol et de lui réclamer papier et extrait de naissance. Mais la prudence, qui l'avait quant à elle maintenue en vie jusqu'à maintenant, et qui malgré son caractère existait bel et bien, lui souffla de lui laisser le temps de se révéler. S'il venait causer des problèmes, elle le saurait bien assez vite. Agile, elle se mit en mouvement et grimpa silencieusement un peu plus haut dans l'arbre, penchée comme une panthère sur une branche à peine assez large pour elle.

Ses pupilles dilatées suivirent Jordan, qui était à présent grimpé dans l'arbre avec l'intention évidente de s'y poser un moment. Ca aussi, c'était dans son dossier : sa tendance pathologique à dormir partout et surtout là où il ne le fallait pas, quitte à s'attirer les foudres de la police magique. A croire qu'il cherchait les problèmes. Hécate pencha la tête et le vit sortir un livre avant d'allumer le bout de sa baguette. Il était parti pour une session de contes et légendes! c'était à la limite du comique!

Ajustant sa prise, Hécate le regarda faire un moment, puis perdit patience. Sa cache était compromise, autant faire ce qu'elle avait à faire tant qu'elle avait quelqu'un sous la dent. Elle n'aurait de toute manière pas pu s'eclipser sans qu'il le remarque et récolter un tir perdu ne lui faisait pas particulièrement envie.

Alors, elle se laissa tomber juste devant lui. Et la réaction qui s'ensuivit aurait presque pu être drôle.

"OH P'TAIN ! C’est pas bien de faire des frayeurs comme ça aux gens !... Euhh… C’est ton arbre ? Parce que je peux bouger si tu veux hein."

Elle se contenta de le jauger du regard, analysant la menace qu'il représentait et remarqua le manque de coordination de sa main de baguette, la lenteur de ses gestes, le manque de réflexes agressifs. Celui là n'était pas un prédateur. Une proie...peut être.
Mais pas un petit lion aux griffes assez longues pour se mesurer aux siennes.

Toujours accroupie, Hécate plongea les yeux dans les siens.

-C'est mon arbre oui. Qu'est ce que tu fais là? ce n'est pas vraiment le meilleur endroit pour passer la nuit par les temps qui courent tu ne crois pas?

Le ton était calme, à peine une once de reproche dans sa voix feutrée.

-Il y a des nerveux parmi les membres de la police magique et certains patrouillent tous les soirs. S'ils te dénichent comme une cueille une grosse poire, tu vas finir ta nuit au trou. Crois moi.

MARS 2003 ; HECATE & LEE

Franchement j’avais très rarement du partir de mon arbre une fois que j’étais installé. Certes les rafleurs tournaient mais c’était assez rare qu’ils apparaissent dans les arbres tels des panthères pour me foutre une trouille pareille !! J’avais su me faire oublier et peu de gens savaient que j’étais River donc, pour le ministère, j’étais un mec qui s’était fait oublié et qui vivait comme il pouvait : un mec pas vraiment dangereux. Et franchement je me jugeais plutôt bon combattant mais là je n’avais aucune chance d’avoir vu venir Hecate et maintenant qu’elle était aussi près je préférais jouer le mec un peu perdu que le combattant. C’était rare de voir des gens capables de se déplacer ainsi et elle n’était clairement pas de la résistance donc autant ne pas trop jouer au con. ××× C'est mon arbre oui. Qu'est ce que tu fais là ? Ce n'est pas vraiment le meilleur endroit pour passer la nuit par les temps qui courent tu ne crois pas ? ××× Bah on fait avec ce qu’on a … ××× fis je en haussant les épaules. Mon regard se porta sur mon sac qui avait toute ma vie… ××× Je n’ai pas d’endroit pour dormir donc c’est dormir par terre sur un carton ou bien dans un arbre. Je préfère les arbres perso ! ××× Je l’avais fait, de dormir sur des cartons mais c’était vraiment pas mon délire. Certes cela tenait chaud mais ça se salissait vite et on était au niveau des pots d’échappement des voitures chez les moldus ou alors on se faisait rapidement marcher dessus. Et je parlais même pas des rafles. Là c’était pire que tout et je préférais pas trop qu’on vienne m’arrêter et fouiller dans ma tête en fait. ××× Mais si c’est ton arbre je bouge hein ! Je t’ai jamais vu dans le coin, tu viens souvent ?! ××× J’y étais assez souvent pour savoir que je n’avais jamais croisé la jeune femme. Bon après vu le déplacement silencieux de prédateur qu’elle venait de faire il était possible que je l’ai simplement jamais remarqué Uu.

Je rangeais mon livre dans mon sac avant de me redresser et me mettre en tailleur, ma baguette posée sur ma cuisse. ××× Il y a des nerveux parmi les membres de la police magique et certains patrouillent tous les soirs. S'ils te dénichent comme on cueille une grosse poire, tu vas finir ta nuit au trou. Crois moi. ××× Bah ouais mais j’ai plus trop de solution. Si je dors dans une ruelle je me fais taper ou bien récupérer par la police donc au moins ici j’étais tranquille et je fais chier personne. C’est rare que la police regarde en l’air en fait. ××× Bon sauf depuis qu’il engageait des panthères noires sexy mais ça j’allais éviter de le dire. ××× J’fais rien de mal en plus. J’abime pas l’arbre, je jette rien par terre et je repars le lendemain sans rien avoir dérangé. ××× On fait comment sinon quand on n’a pas de sous ? Parce qu’aux dernières nouvelles on n’avait plus trop le droit d’exister dans cette nouvelle société sorcière mais on avait encore le droit d’être pauvre. Pauvre veut dire pas de sous pour se loger ou bien manger donc soit je volais et j’allais me faire arrêter, soit je dormais où je pouvais et j’allais me faire arrêter ? ××× Après si vous voulez me prêter des sous pour que je me paie une chambre je veux bien mais j’ai pas assez sinon. Et si je vole pour me payer ma chambre je pense que je finirais encore plus rapidement au trou. ××× Y’avait pas vraiment de solution du coup pour moi. Enfin si j’avais toujours une solution mais j’allais éviter de dire « non mais au pire je rentre au QG des belliqueux ou bien des audacieux histoire de me retrouver un bout de couverture quelque part ». Je savais pas pourquoi mais je sentais que cela allait me poser des soucis ! Je continuais donc de jouer le mec pauvre et un peu paumé. De toute façon cela m’allait tellement bien que ce n’était même pas un rôle de composition. A voir si c’était une bonne chose ou pas Uu.